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le épaissie, sans adénopathie suspecte, sans fibrose
rétropéritonéale et sans obstacle extrinsèque. Une uré-
térectomie sur 5 cm a alors été réalisée en septembre
1996 avec anastomose directe sur sonde double J. Lors
de l’intervention, la portion urétérale tumorale était très
facilement individualisée. L’uretère à ce niveau était
épaissi, cartonné et inflammatoire, l’uretère sous jacent
était sain.
L’examen anatomo-pathologique extemporané et défi-
nitif concluait à une infiltration de l’adventice urétéral
et de l’interstitium des couches externes de la muscu-
leuse urétérale par un adénocarcinome. Celui-ci était
également présent dans la graisse péri-urétérale. La
muqueuse était respectée et un stroma de type réac-
tionnel (fibrose squirrheuse) observé (Figure 3). Le
marquage aux anti-corps anti-PSA était positif. Le dié-
thylsilbestrol a alors été poursuivi et le patient a subi
une irradiation complémentaire sur les voies excré-
trices gauches de 45 grays en 5 séances de 1,8 grays par
semaine avec un complément de 9 grays.
En juin 1998, le patient est toujours sous le même trai-
tement hormonal, son état général est satisfaisant, il ne
présente pas de symptômes fonctionnels urinaires, ni
de douleurs. Le taux de PSA est actuellement de 0,4
ng/ml. L’urographie intraveineuse est normale malgré
une discrète altération de la fonction rénale (130
mmol/l).
DISCUSSION
L’atteinte urétérale maligne par voie lymphatique ou
hématogène, à partir d’une lésion cancéreuse primiti-
ve (en excluant les atteintes par extension directe),
est rare [6, 8]. Les lésions primitives les plus souvent
responsables de ces métastases urétérales ont été
décrites comme étant des carcinomes du poumon, de
l’estomac, du pancréas, du colon, de la prostate, de la
vessie et du col utérin [7]. Dans une série historique,
P
R E S M A N
a constaté que les métastases urétérales ne
provenaient pas plus souvent de tumeur primitive
d ’ o rganes pelviens que d’organes extra-pelviens [9].
La preuve histologique de l’origine du primitif est
parfois difficile. Dans notre cas, le marquage positif
au PSA sur un adénocarcinome histologique a permis
d ’ a ffirmer l’origine prostatique. D’un point de vue
anatomo-pathologique, la métastase urétérale se défi-
nit par la présence de cellules malignes dans une por-
tion de la paroi urétérale sans aucune lésion maligne
dans les tissus adjacents, et/ou par la présence de cel-
lules malignes dans les lymphatiques ou les vais-
seaux urétéraux [2, 3, 9]. Le premier cas de méta-
stases urétérales a été décrit par S
TO W
en 1909. En
1989, H
U L S E
dans sa revue de littérature en dénom-
brait 341 dont seulement 11% avaient une origine
prostatique [5].
Dans 15 à 50% des cas, il existe des symptômes cli-
niques, essentiellement à type de douleurs lom-
baires. L’hématurie est peu fréquente (16%) en rai-
son de la rareté de l’atteinte de la muqueuse urétéra-
le. Les lésions sont le plus souvent localisées (62%),
mais peuvent être également étagées ou diff u s e s ,
pouvant aller jusqu’à envahir plus de la moitié de la
longueur de l’uretère [5, 9]. Elles sont bilatérales
dans 25 à 60% des cas suivant les séries et peuvent
atteindre l’uretère à tous ses niveaux, sans prédomi-
nance [1, 2, 9]. Dans les séries d’autopsies il a pu
être montré que seulement 10% de ces métastases
urétérales étaient le seul site métastatique [5, 9] de la
lésion primitive.
Des trois constituants de la paroi urétérale (muqueuse,
musculeuse et adventice), l’adventice est la couche la
plus pourvue en lymphatiques et vaisseaux. C’est pro-
bablement de par cette propriété que les métastases
hématogènes et lymphatiques sont plus fréquentes au
niveau de cette tunique [7]. Quatre types d’atteintes
métastatiques ont été décrites :
- métastases par voie hématogène au niveau de la
muqueuse ou de la sous muqueuse,
- métastases par voie hématogène au niveau de l’ad-
ventice essaimant le long des vaisseaux péri-urétéraux,
- essaimage métastatique sous forme d’un squirrhe le
long des vaisseaux péri-urétéraux,
- essaimage métastatique au niveau de ganglions lym-
phatiques avec réaction péri-ganglionnaire desmoplas-
tique (tissu fibreux réactionnel tout autour des cellules
malignes).
Sur le plan de l’imagerie, il est possible de visualiser
soit une lacune soit une sténose localisée ou étendue
entraînant un hydro-uretère ou une hydro-néphrose [4].
Les diagnostics différentiels en fonction de l’aspect
radiologique et du type d’atteinte métastatique com-
prennent le calcul, le caillot sanguin, la nécrose papil-
laire ou la tumeur primitive de l’uretère en cas de lacu-
ne. En cas de sténose sur les clichés radiologiques, il
faut éliminer une autre étiologie : séquelle d’une lithia-
se, sténose tuberculeuse, amiloïdose, endométriose ou
tumeur urétérale primitive. Enfin une fibrose rétro-
péritonéale maligne post-radique ou idiopathique doit
être discutée en cas de formes métastatiques squir-
rheuses.
L’anamnèse, la tomodensitométrie, l’IRM (fibrose
rétro-péritonéale) et l’urétéroscopie permettent
généralement d’évoquer le diagnostic de métastases
urétérales avant la confirmation histologique. Dans
notre observation le type d’atteinte était adventiciel-
le avec réaction fibreuse sous forme de squirrhe.
L’aspect radiologique (UIV et UPR) était celui d’une
L. Yonneau et coll., Progrès en Urologie (1999), 9, 118-121
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