la culture sur Löwenstein est systématique. Le plus
souvent, on se retrouve donc devant une méningite lym-
phocytaire hypoglycorachique, sans germe au direct.
L’attitude consiste à répéter la ponction lombaire 3 jours
de suite pour rechercher les bacilles de Koch au direct et
en culture, mettre en route un traitement spécifique anti-
tuberculeux sans attendre le résultat des cultures.
• La méningite listérienne : elle est à redouter sur cer-
tains terrains : immunodéprimés, nouveau-né, femme
enceinte, personnes âgées.
La présence de signes basilaires, de l’altération du
niveau de vigilance, témoignant de la fréquence de
l’atteinte encéphalique, a une valeur d’orientation.
L’étude du liquide céphalo-rachidien montre une protéino-
rachie souvent supérieure à 1 g/L, une hypoglycorachie
habituelle mais inconstante. La formule du liquide est
variable avec prédominance lymphocytaire, prédomi-
nance de polynucléaires ou liquide panaché. La présen-
ce de cellules monocytoïdes est inconstante.
La recherche du germe est rarement positive au direct.
La culture est systématique.
Le traitement doit être débuté en urgence, dès le résultat
du direct si le terrain et le liquide céphalo-rachidien sont
compatibles avec le diagnostic.
• Méningites mycosiques : la méningite à Cryptococcus
neoformans est la plus fréquente. Le tableau clinique est
caractérisé par son caractère subaigu, le syndrome
méningé est peu marqué ou absent. La méningite à crypto-
coque survient habituellement sur un terrain immuno-
déprimé : hémopathie, lymphomes, immunodépression
thérapeutique (corticoïdes), sida.
Le liquide céphalo-rachidien montre des anomalies peu
spécifiques : une hypercytose souvent très modérée, à
prédominance lymphocytaire, une hypoglycorachie
inconstante, mais la cytologie et la biochimie peuvent
être normales.
La recherche du champignon dans le liquide céphalo-
rachidien quand le contexte oriente vers ce diagnostic
est importante : à l’examen direct, après coloration à
l’encre de Chine, par la recherche d’antigènes solubles
capsulaires, à la culture du liquide céphalo-rachidien sur
milieu de Sabouraud.
Des localisations extraméningées sont possibles : pulmo-
naire, cutanée, hématopoïétique, osseuse. Un traitement
fongicide s’impose d’urgence.
Les autres méningites mycosiques sont beaucoup plus
rares : candidose, histoplasmose…
• La méningite ourlienne peut s’accompagner d’une
hypoglycorachie.
3. Méningites lymphocytaires
normoglycorachiques
Les méningites virales sont les plus fréquentes.
• La méningo-encéphalite herpétique est la seule étio-
logie imposant un diagnostic et un traitement urgents.
Elle survient surtout chez le grand enfant et l’adulte.
Elle est due essentiellement à l’herpesvirus simplex
de type 1. Anatomiquement, elle réalise une nécrose
hémorragique prédominant dans les lobes frontaux et
temporaux associée à un œdème cérébral. Le pronostic
de cette encéphalite est gravissime. Cliniquement, le
diagnostic doit être suspecté devant l’association d’un
syndrome infectieux, de signes méningés, de signes
pouvant faire suspecter une atteinte temporale ou fronto-
temporale : anosmie, hallucination olfactive, auditive,
gustative, aphasie, troubles du comportement ; de
convulsions. Rapidement s’installe un tableau d’hyper-
tension intracrânienne liée à l’œdème cérébral. Les exa-
mens complémentaires pratiqués en urgence montrent,
dans le liquide céphalo-rachidien, une lymphocytose
avec protéinorachie variable, glycorachie normale et
présence d’hématies (nécrose cérébrale hémorragique).
L’électroencéphalogramme montre précocement des
signes diffus de souffrance cérébrale. Le scanner céré-
bral recherche des zones hypodenses fronto-temporales
d’apparition tardive. La suspicion du diagnostic sur
l’ensemble des données cliniques, cytologiques et tomo-
densitométriques doit faire entreprendre un traitement
antiviral en urgence. Le diagnostic peut être confirmé
ultérieurement par les examens sérologiques, en cas de
séroconversion (sérum, liquide céphalo-rachidien) ;
dans le liquide céphalo-rachidien, par la positivité de
la PCR de l’herpesvirus simplex, la culture du virus,
l’inconstance de l’élévation de l’interféron.
• La primo-infection liée au virus de l’immuno-
déficience humaine peut se révéler par une méningite
aiguë virale. Le tableau est comparable à celui d’une
méningite virale aiguë banale. L’évolution spontanée de
la méningite est favorable. Il est donc essentiel de faire
le diagnostic de l’infection liée au virus de l’immuno-
déficience humaine dès la primo-infection.
La notion de conduite à risque, la positivité de l’anti-
génémie p24, celle de la charge virale, puis la séro-
conversion permettent le diagnostic.
• Les autres méningites virales représentent l’étiologie
la plus fréquente de méningite à liquide clair. Elles sont
caractérisées par leur évolution aiguë, bénigne, sponta-
nément favorable sans traitement : il doit donc s’agir
d’un diagnostic d’élimination, afin de ne pas mécon-
naître les autres causes de méningite à liquide clair
imposant un traitement urgent.
Les arguments cliniques du diagnostic sont : un début
rapide, chez un sujet en pleine santé, un syndrome
méningé franc, un contexte viral (syndrome pseudo-
grippal), aucun signe de gravité ou de mauvaise tolérance.
Les arguments biologiques, fournis par l’étude du liquide
céphalo-rachidien, sont une pléiocytose importante, une
formule lymphocytaire, une glycorachie normale, une
protéinorachie modérément élevée habituellement < 1 g/L.
Les arguments virologiques sont une mise en évidence
du virus dans la gorge, les selles, le liquide céphalo-
rachidien et l’élévation du taux des anticorps à 2 semaines
d’intervalle.
Les étiologies sont très nombreuses, souvent non iden-
tifiées. Les méningites à entérovirus sont les plus
fréquentes telles que le virus coxsackie (myalgies
intenses) ; le virus ECHO (enteric cytopathogenic
human orphan) (exanthème maculo-papuleux) ; le
MÉNINGITES INFECTIEUSES À LIQUIDE CLAIR
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LA REVUE DU PRATICIEN 2000, 50