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DÉTAILS
TECHNIQUES
N°2 Septembre 2003
durables et non opérables. La com-
préhension des mécanismes physio-
pathologiques et notamment le rôle
clé du TGFbeta1 et peut-être aussi
des NOS pourrait permettre d’envi-
sager une nouvelle voie thérapeu-
tique comme semble le montrer des
travaux préliminaires sur le rat.
Il est réservé aux formes sévère s
empêchant ou rendant difficiles les
rapports sexuels. Il ne doit pas être
entrepris avant 12 à 18 mois après le
début de la maladie et avec au moins
6 mois à déformation stable.
BILAN PRÉOPÉRATOIRE :L’importance
de la coudure sera un élément essen-
tiel, apprécié par des photos en érec-
tion, un éventuel pharmacoechodop-
pler (taille et localisation des
plaques). La dysfonction érectile sera
également appréciée, notamment en
cas de non réponse au traitement
pharmacologique, avec alors un
pharmacodoppler systématique pour
apprécier le facteur vasculaire (arté-
riel et/ou veno-occlusif). Le consen-
tement éclairé sera primordial, précis
et complet, notamment sur les atten-
tes et risques de cette chirurgie par-
fois complexe.
ANESTHÉSIE :tout type d’anesthésie
est possible, y compris le bloc pénien.
Néanmoins, l’anesthésie locorégio-
nale ou générale est préférée, notam-
ment pour les procédures longues.
INCISION :L’incision coronale éven-
tuellement associée à une posthecto-
mie (pour éviter le paraphimosis
secondaire) sera le plus souvent choi-
sie. En cas de procédure simple type
Nesbit ou Yachia, une incision ven-
trale et longitudinale pourra être
choisie , et une incision penoscrotale
en cas d’implant pénien.
INDICATION :Il existe 2 types de pro-
cédures : les techniques de réaligne-
ment et les implants péniens.
Les techniques de réalignement sim-
ple ne doivent être envisagées qu’en
l’absence de dysfonction ére c t i l e
o rganique ; la pre m i è re solution
consiste à raccourcir le côté convexe.
Nesbit a décrit en premier la tech-
nique, ensuite popularisée par Pryor
et Fitzpatrick (Figure 2).
Elle consiste dans l’excision d’une
ellipse de tunique albuginéale du
côté opposé à la coudure avec suture
à points non résorbables. Les résul-
tats sont très satisfaisants avec un
taux de succès de 82%. Les complica-
tions rapportées sont la dysfonction
érectile, l’hématome, la récidive ou
correction insuffisante, le granulome
sur fil, la dysesthésie du gland, le
phimosis et la plaie urethrale…
Quant au raccourcissement, il semble
quasi systématique et le patient doit
en être prévenu.
D’autres techniques modifiées ont vu
le jour avec notamment la technique
de YACHIA (Figure 3). consistant en
une ou plusieurs incisions longitudi-
nales du côté opposé à la coudure
avec fermeture transversale à points
non résorbables. La simple plicature
controlatérale, popularisée par Essed
et Schro e d e r, semble présenter un
fort taux de rechute même en cas de
fil non résorbable ; une éventuelle
alternative est la plicature sans ten-
sion, dite technique des 16 nœuds,
popularisée par Lue et Gholami
(Figure 4).
Ces techniques de réalignement sim-
ple nécessitent, outre l’absence de
dysfonction érectile organique, une
verge de longueur suffisante et/ou
une coudure en général inférieure à
60°.
Les techniques de réalignement par
incision et/ou excision de la plaque
nécessitent un patch pour couvrir le
defect. Elles sont réservées en cas de
coudure sévère (>60°), déformation
complexe ou longueur de verg e
insuffisante. De plus, elle nécessite
un chiru rgien expérimenté.
Initialement avec une greffe de peau
libre, elle fût ensuite testée avec diffé-
rents biomatériaux autologues ou
h é t é rologues (fascia temporalis,
dure-mère, tunique vaginale, péricar-
de, albuginée, veine saphène et sous-
muqueuse intestinale porcine, colla-
gene porcin…) mais aussi synthé-
tiques (polyester, polytetrafluoro e-
thylene…) avec des résultats variés.
L’incision simple de la plaque semble
être préférable à l’excision complète
pour faciliter le geste et diminuer les
risques de complications.
Montorsi et Lue (Figure 5) décrivent
une incision en H avec patch veineux
saphène interne et des résultats
encourageants (75 à 95%) (Figure 6)
ainsi que des taux de complications
faibles , notamment la dysfonction
érectile de 5 à 13%.
Les autres matériaux utilisés avec des
résultats intéressants sont la sous-
muqueuse intestinale porcine et le
pericarde humain. Le suivi post-opé-
r a t o i re semble particulière m e n t
important, avec la recommandation
selon certains auteurs d’effectuer des
injections intracaverneuses précoces,
d’utiliser de façon quotidienne un
vacuum et de prendre un traitement
médical à base d’Héparine de bas
poids moléculaire puis d’antiaggré-
gants plaquettaires pendant une
période de 3 mois, surtout en l’ab-
sence de récupération rapide d’érec-
tions spontanées ou reflexes, et dans
le but d’éviter une rétraction secon-
daire du patch avec récidive.
Quant à l’implant pénien, il est à
réserver aux formes sévères avec
dysfonction érectile organique ne
répondant pas à un traitement médi-
cal, ou aux formes récidivées com-
plexes. Les implants péniens gonfla-
bles seront préférés (type A M S
700CX) éventuellement associés à
une corporoplastie.
Wilson a décrit et popularisé le
«modeling » consistant dans le réali-
gnement manuel peropératoire après
implantation prothétique, pour évi-
ter la corporoplastie et diminuer les
risques notamment infectieux.
VIII.
TRAITEMENT
CHIRURGICAL
Prise en Char
ge Moder
ne de la Maladie
de Lapeyronie