Traitement de la dysfonction érectile par les inhibiteurs

publicité
◆ MISE AU POINT
Progrès en Urologie (2007), 17, 920-927
Traitement de la dysfonction érectile par les inhibiteurs de la
phosphodiestérase-5 et troubles oculaires par neuropathie optique
ischémique antérieure non artéritique (NOIAN)
Cyril CALVET (1), Karin MARTIN (2), Grégoire ROBERT (1), Nicholas MOORE (2), Pirayeh EFTEKHARI (4),
Houssam FARGHAL (3), Mathieu MOLIMARD (2), Philippe BALLANGER (1)
(1) Service d'urologie, CHU de Bordeaux Pellegrin, 33076 Bordeaux cedex, France ; (2) Université Victor Segalen Bordeaux 2, Département de
Pharmacologie, 33076 Bordeaux cedex, France ; Inserm U 657, IFR 99, 33076 Bordeaux cedex, France ; CHU Bordeaux, Hôpital Pellegrin, 33076
Bordeaux cedex, France ; (3) Service d'ophtalmologie, CHU Pellegrin, 33076 Bordeaux cedex, France ; (4) Centre Régional de Pharmacovigilance,
Hôpital Fernand Widal (AP-HP), Paris, France.
RESUME
Introduction : A la suite de la notification de quarante cas de perte de la vision à des degrés divers chez des utilisateurs d'inhibiteur de la phosphodiesterase-5 (PDE-5), la FDA (Food Drug Administration) a examiné le lien
possible entre ces traitements de la dysfonction érectile et la NOIAN (Neuropathie optique ischémique antérieure non-artéritique). Au terme de cette investigation, la FDA a demandé la modification du résumé des caractéristiques du produit (RCP) de cette classe thérapeutique. Nous avons réalisé un état des lieux de cette problématique, notamment en France.
Méthodes : Nous avons effectué une recherche bibliographique dans la base de données “Pubmed” ainsi que dans
la base de données de la Pharmacovigilance Française.
Résultats : Depuis Septembre 2006, 11 publications concernant 19 cas (14 avec le sildénafil et 2 avec le tadalafil)
ont été publiées. L'âge moyen des patients était de 59.5 ans (rang : 42 à 69). Les doses variaient de 50 à 100 mg
pour le sildénafil et 20 mg pour le tadalafil. Les effets indésirables (baisse de l'acuité visuelle et diminution du
champ de vision) sont survenus entre 30 min et 36 h après la prise orale du traitement. Dans 5 cas, le traitement
était pris depuis plus d'un an. L'examen clinique au fond d'œil a montré un œdème papillaire associé à quelques
hémorragies. Trois patients ont eu une réintroduction positive. Plusieurs patients avaient un facteur de risque
connu de survenue de NOIAN. Un cas a été également rapporté à la Pharmacovigilance Française.
Discussion : La population souffrant de dysfonction érectile est souvent atteinte d'une maladie endothéliale généralisée. Cette atteinte de l'endothélium constitue également un facteur de risque de NOIAN. Bien qu'aucune
NOIAN n'ait été rapportée durant les essais cliniques initiaux, le début rapide de la NOIAN après la prise d'inhibiteurs de la PDE-5 et quelques observations de réintroductions positives suggèrent une possible responsabilité des médicaments. L'action oculaire des inhibiteurs de la PDE-5 pourrait être expliquée par une modification
du flux sanguin rétinien due à leurs effets pharmacologiques.
Conclusion : Le lien entre inhibiteurs de la PDE-5 et NOIAN n'est pas établi formellement. Avant que de nouvelles études ne soient effectuées pour clarifier cette situation, les praticiens doivent être conscients des potentiels effets indésirables oculaires liés à la prise d'inhibiteurs de la PDE-5 pour pouvoir en informer les patients
et déclarer d'éventuels nouveaux cas. Le RCP des inhibiteurs de la PDE-5 a été modifié en ce sens à la demande
de la FDA le 8 juillet 2005.
Mots clés : dysfonction érectile, neuropathie optique, effets secondaires, sildenafil, tadalafil, vardenafil, inhibiteurs de la 5phosphodiesterase, perte de la vision, neuropathie optique ischémique non artéritique (NAION).
Niveau de preuve : NA
ont été commercialisés pour le traitement de cette maladie. En effet,
la PDE-5 est située de manière prédominante dans les corps caverneux de la verge. Elle joue un rôle important dans la régulation du
La dysfonction érectile est définie par “l'incapacité persistante d'un
homme à obtenir ou à maintenir une érection pénienne suffisante
pour permettre une relation sexuelle satisfaisante” (Conférence de
consensus du National Institutes of Health en 1992). C'est un
important problème de par le monde touchant les hommes préférentiellement âgés de plus de quarante ans. Les études réalisées permettent d'estimer qu'environ 150 millions d'hommes sont concernés. L'incidence de la dysfonction érectile dans la population générale varie de 11 à 39% [1-5]. Depuis 1998, une nouvelle classe de
médicament “les inhibiteurs de la phosphodiesterase-5 (PDE-5)”
Manuscrit reçu : décembre 2006, accepté : mars 2007
Adresse pour correspondance : Dr. C. Calvet, Service d'Urologie, CHU de Bordeaux
(Pellegrin), Place Amélie Raba Léon, 33 076 Bordeaux cedex, France.
e-mail : [email protected]
Ref : LACKMICHI M.A., NIANG L., LABOU I., THIBAULT F., RAVERY V.,
GATTEGNO B., THIBAULT P., TRAXER O. Prog. Urol., 2007, 17, 920-927
920
C. Calvet et coll., Progrès en Urologie (2007), 17, 920-927
identifiées [14-24]. Certaines sont très peu informatives et plusieurs
données pertinentes pour l'évaluation de ces observations sont manquantes. En France, un cas a été notifié. Ces observations sont résumées dans le Tableau I.
tonus vasculaire des muscles lisses des corps caverneux [6]. A ce
jour, trois inhibiteurs de la PDE-5 sont commercialisés : le sildénafil, le tadalafil et le vardénafil.
Courant 2005, la Food and Drug administration (FDA) aux Etats
Unis d'Amérique a déclaré avoir reçu une quarantaine d'observations (38 avec le sildénafil, 4 avec le tadalafil et 1 avec le vardénafil) faisant état de baisse ou de perte totale de la vision, à des degrés
divers, chez des patients utilisateurs d'inhibiteurs de la PDE-5 (Wall
Street Journal May 31, 2005 ; D.6). Les investigations réalisées ont
amené la FDA à modifier le résumé des caractéristiques du produit
(RCP) des médicaments de cette classe le 8 juillet 2005. De nombreux effets secondaires oculaires réversibles avaient été mis en évidence lors des essais cliniques concernant les inhibiteurs de la PDE5, et sont mentionnés dans les RCP : mydriase, conjonctivite,
photophobie, douleurs oculaires, hémorragies conjonctivales,
diplopie [7]. En revanche, la survenue d'effets potentiellement irréversibles tels que la NOIAN n'avait jamais été rapportée.
Caractéristiques des patients et des traitements
L'âge médian des patients était de 60 ans (42-69). La dose variait de
50 à 200 mg pour le sildénafil, et était de 20 mg pour le tadalafil
(dose inconnue pour 4 patients). Pour les 13 patients pour lesquels
l'antériorité du traitement était connue, le traitement était pris
depuis plus d'un an avant le début des troubles visuels dans 5 observations (38,5%).
Délai de survenue
Les symptômes oculaires sont survenus entre 30 minutes et 45 heures
après l'ingestion du médicament (médiane : 15 heures). Le délai n'est
pas précisé pour 3 observations et est approximatif dans 4 autres cas.
Bien que les inhibiteurs de la PDE-5 soient considérés comme
sélectifs de l'enzyme PDE-5, ils agissent également sur l'enzyme
PDE-6. Dès les premiers essais cliniques, l'action inhibitrice du sildénafil sur la PDE-6 a été mise en évidence. Or la concentration
intra-rétinienne de la PDE-6 est importante [8, 9] et l'inhibition ou
la déplétion de cette enzyme induit des effets secondaires rétiniens
tel que la survenue d'une vision bleue. La PDE-6 est responsable du
processus de photo-transduction lors de la transformation de l'énergie lumineuse en signal neurologique [10]. Les hommes porteurs
d'une anomalie génétique de la PDE-6 (approximativement 3-4%)
[11] ont été exclus des essais cliniques et les inhibiteurs de la PDE5 et sont contre-indiqués chez ces patients [11, 12]. Les effets
secondaires oculaires observés lors de la prise d'inhibiteurs de la
PDE-5 sont considérés comme réversibles et ce n'est que très
récemment qu'ont été rapportés des effets irréversibles comme la
NOIAN, chez certains utilisateurs. Dans la survenue de NOIAN la
PDE-6 ne semble pas être en cause mais l'action toxique semble se
faire par modification de la micro-vascularisation rétinienne.
Symptômes
Les symptômes associaient une baisse de la vision avec une perte
totale ou partielle du champ visuel. L'examen ophtalmologique a
révélé un œdème de la papille avec parfois présence d'hémorragies
papillaires.
Biopsie de l'artère temporale
Une biopsie de l'artère temporale qui permet de faire la diagnostic
différentiel avec la NOIA artéritique a été réalisée dans quatre cas :
elle était négative, sans signes d'artérite. Aucune biopsie d'artère
temporale n'a été faite dans quatre autres cas. Dans les 11 autres
observations, cette information était inconnue.
Réintroduction positive
Dans trois observations, il y a eu une réintroduction positive : une
nouvelle prise du médicament dans les mêmes conditions a provoqué les mêmes effets indésirables. Un patient (n°17) a présenté 4
réintroductions positives avec le tadalafil et deux patients (n°1 et
n°8) ont présenté une réintroduction positive avec le sildénafil.
L'objectif de ce travail a été de réaliser un état des lieux de l'alerte
de pharmacovigilance émise courant mai 2005 par la FDA, et d'analyser le lien possible entre inhibiteurs de la PDE-5 et NOIAN.
Nous avons également réalisé un état des lieux des déclarations de
pharmacovigilance en France.
Evolution
Dans toutes les observations où l'information était rapportée
(n=14), la vision n'était pas améliorée après plusieurs mois.
Facteurs de risques
METHODE
Plusieurs patients avaient un facteur de risque vasculaire de survenue de NOIAN : 5 patients étaient hyper-cholestérolémiques (patient
n°3, 9, 13, 15 et 17), 3 étaient hypertendus (patients n° 10, 12 et 13)
et 2 étaient diabétiques (patients n°5 et 13). Sept patients avaient un
petit rapport “cup-to-disk” (patients n°1, 2, 5, 7, 11, 13, 17 et 18).
Dans un premier temps, nous avons interrogé la base de données
“Pubmed” [13] en employant les mots clefs suivants : “phosphodiesterase inhibitors” AND “nonarteritic anterior ischemic optic
neuropathy (NAION), Ischemic/chemically induced” afin de recenser le nombre de cas publiés.
Antécédents de NOIAN
Les observations des cas ont été identifiées et collectées. Les références dans d'autres articles ont été examinées afin d'identifier de
possibles nouvelles observations.
Le patient n°4 présentait un antécédent de NOIAN sur l'œil controlatéral. Les hommes porteurs d'une anomalie génétique de la PDE6 (approximativement 3-4%) [11] ont été exclus des essais cliniques et les inhibiteurs de la PDE-5 et sont contre-indiqués chez
ces patients [11, 12].
Dans un second temps, nous avons interrogé la base de données de la
Pharmacovigilance Française (par l'intermédiaire du service de Pharmacologie de Bordeaux) afin d'identifier si des cas avaient été notifiés.
Rapports sexuels
RESULTATS
Trois patients ont eu un rapport sexuel qui a précédé l'apparition des
troubles visuels et un n'en a pas eu. Chez quinze patients, l'information est inconnue.
Jusqu'au mois de septembre 2007, onze publications concernant 19
observations (16 avec le sildénafil et 3 avec le tadalafil) ont été
921
C. Calvet et coll., Progrès en Urologie (2007), 17, 920-927
Co-prescriptions médicamenteuses
secondaire à une ischémie aiguë de la tête du nerf optique et cette
atteinte de la vision peut potentiellement se bi-latéraliser. Elle est
due à une interruption du flux sanguin dans les artères ciliaires courtes postérieures qui vascularisent la tête du nerf optique [25]. Il en
résulte, une atteinte sévère de la vision et une perte du champ visuel
altitudinal. L'examen au fond d'œil retrouve une papille pâle et œdémateuse avec quelques hémorragies péri-papillaires au fond d'œil.
La co-prescription d'inhibiteurs calciques ou de béta-bloquants était
de 21,1% (n=4), celle de diurétiques ou d'inhibiteurs de l'enzyme de
conversion de 26,3% (n=5). Un traitement par antidépresseurs était
retrouvé dans 15,8% (n=3) des cas. On ne connaît pas l'antériorité
de prise de ces co-prescriptions médicamenteuses par rapport à
celle des inhibiteurs de PDE-5.
Cliniquement il existe deux types de NOIA :
Cas déclarés en France
- La NOIA Artéritique est une artérite à cellules géantes appelée
artérite inflammatoire temporale (ou maladie de Horton). C'est
une urgence ophtalmologique car son évolution rapide peut bilatéraliser l'atteinte et entraîner une cécité complète en l'absence de
traitement. Cette évolution défavorable peut être évitée par la
mise en place d'une corticothérapie systémique à forte dose. Le
diagnostic de NOIA artéritique est un diagnostic clinique par
l'examen ophtalmologique, une vitesse de sédimentation accélérée et un taux de protéine C-réactive augmenté. Ce diagnostic est
confirmé par la biopsie de l'artère temporale[26].
Plusieurs cas de troubles visuels régressifs ont été déclarés à la
pharmacovigilance française et imputés à la prise d'inhibiteurs de la
PDE-5. Un seul cas (Tableau I) concerne une NOIAN, mais son
imputabilité à la prise d'inhibiteur de la PDE-5 a été jugée comme
douteuse par la pharmacovigilance française. En effet, le patient
présentait des antécédents de vascularite auto-immune, la prise de
médicament remontait à 3 semaines.
Il s'agit d'un homme âgé de 70 ans traité pour un syndrome de
CREST depuis plus de 20 ans et avec antécédents de sclérodermie,
hypertension artérielle, accident ischémique transitoire en 2000
(épisode d'amaurose transitoire de l'oeil droit en 2001 bilan vasculaire sans particularité) qui a présenté, après la prise de sildénafil
(délai non précisé), une baisse brutale de l'acuité visuelle à l'oeil
droit. Cet homme prenait de façon épisodique du sildénafil (dosage
non précisé) et la dernière prise de Viagra remontait à 3 semaines.
La notion de rapport sexuel est inconnue. Les autres traitements en
cours étaient : Colchicine, valsartan, et aspirine 100mg.
- La NOIA non-artéritique (NOIAN) est due à d'autres causes
secondaires, l'occlusion ou la lésion de vaisseaux sanguins sans
atteintes inflammatoires. La NOIAN est l'atteinte la plus commune du nerf optique chez les sujets âgés de plus de 50 ans [27]. L'incidence est de 2,3 à 10,2 pour 100 000 personnes [28]. l'incidence annuelle est de 6 pour 100 000.
Facteurs de risque de la NOIAN
Lors d'un premier examen ophtalmologique on retrouvait un
œdème papillaire qui fut traité par vasodilatateur (Iskédil®) puis par
corticoïdes (Célestène® de 2mg/jour). Lors de l'examen réalisé une
huitaine de jours plus tard, on retrouvait un tonus oculaire normal
(12 mm Hg). Un déficit du champ visuel altitudinal inférieur était
constaté. L'acuité visuelle était mesurée à 3/10 Parinaud 2. Le
réflexe pupillaire était présent et l'oculomotricité normale. Le segment antérieur était normal. Le fond d'œil retrouvait un œdème
papillaire blanc droit. L'angiographie retrouvait un retard de l'injection choroïdienne du nerf optique prédominant au pôle supérieur
avec hyper fluorescence tardive. L'oeil gauche était normal. Le diagnostic retenu fut une NOIAN d'allure vasculaire. La biopsie temporale réalisée a permis d'éliminer une maladie de Horton. De plus
il n'existait pas d'argument clinique : absence de céphalée véritable,
de signes superficiels, absence de claudication à la mâchoire, de
signe de pseudo polyarthrite rhizomélique. Les artères temporales
étaient battantes et symétriques. La tension artérielle était à 13/7. Le
bilan biologique était normal hormis une VS à 18 mm à la première heure. Il fut prescrit 3 bolus de Solumédrol® par voie intraveineuse, un antiglaucomateux en collyre, le travoprost (Travatan®) et
une statine.
Les facteurs de risque cardio-vasculaires comme le diabète [26-29],
l'hypercholestérolémie [30], l'hypertension artérielle et le tabagisme [31, 32] sont des facteurs de risque de NOIAN.
L'hypotension artérielle nocturne a été évoquée comme facteur de
risque de NOIAN, spécialement si le patient y associe d'autres facteurs de risque [33].
La seule étude comparative publiée de Mc Gwin portant sur cette
problématique est une étude cas témoin, mais qui n'a pas assez de
puissance pour être statistiquement significative (odds ratio sildénafil ou tadalafil versus aucune prise = 1,38, IC 95%[0,51-6,37])
[34]. L'auteur semble indiquer que l'hypertension artérielle et des
antécédents d'infarctus du myocarde pourraient augmenter le risque
de NOIAN.
Les hémorragies massives avec baisse de la pression artérielle brutale et prolongée favorisent la survenue d'une NOIAN [25, 35].
Certaines atteintes oculaires peuvent également favoriser la survenue d'une NOIAN. L'augmentation de la pression intraoculaire
réduit la pression de perfusion dans les vaisseaux de la tête du nerf
optique. Les patients dont la pression augmente par exemple lors
d'un glaucome à angle fermé pendant la période post opératoire de
la chirurgie de la cataracte sont plus exposés à l'apparition d'une
NOIAN [36].
Evolution 2 ans après :
L'acuité visuelle était remontée à 8/10, Parinaud 2 à droite. La tension oculaire était normale à 18 mmHg, la papille était décolorée
dans sa partie supérieure et au champ visuel on retrouvait un scotome inféro-nasal plus réduit en surface et en profondeur.
Un petit rapport cup-to-disk est également un facteur de risque de
NOIAN [37, 38]. Ce rapport, également appelé “disk at risk” décrit
une anomalie anatomique de la structure de l'émergence du nerf
optique dans laquelle la tête du nerf optique est toute petite et punctiforme ce qui aboutit à un entassement des fibres nerveuses dans le
canal du nerf optique. On peut mesurer au fond d'œil le rapport
“cup-to-disk” qui est bas. Ceci aboutit à une compression des vaisseaux par manque de place et à une ischémie de la tête du nerf
optique par compression des capillaires.
L'imputabilité a été considérée comme douteuse.
DISCUSSION
Chez des patients d'âge moyen, la neuropathie optique ischémique
aiguë est la plus répandue des atteintes du nerf optique. Elle est
922
1
48
S
S
6[21]
60
69
S
S
S
S
12[17]
13[17]
14[17]
15[18]
923
59
T
S
19[24]
Cas
Français
S: sildénafil, T: tadalafil
70
?
7 jours
1 jour
?
67
59
T
?
1 an
?
3 mois
?
?
2 heures
45 heures
quelques heures
18 heures
12 heures
36 heures
1 jour
30 heures
immédiatement
quelques heures
?
90 minutes
3 jours
18[14]
s
?
plusieurs heures
1 jour
54 quelques mois
17[19]
16[23]
12 heures
45 minutes
1 heure
Délai de survenue
5 semaines
?
18 mois
1 an
?
2 ans
15 mois
?
1 semaine
1 jour
Durée du
traitement
S
66
69
50
S
11[17]
58
67
S
9[17]
59
S
S
8[17]
10[17]
S
7[15]
61
59
S
5[16]
4[16]
62
69
42
S
3[16]
2[22]
52
S
S
Traitement1 Age
1[16, 20]
[références]
Numérot
Patient
?
20
20
20
200
50/intermittent
intermittent
?
50/semaine
50-100
(intermittent)
50
50
25
100
?
50
50/semaine
?
50/semaine
50
Dose (mg)
non
4(+)
non
non
1(+)
1(+)
dépression
flutter auriculaire, hypertension artérielle,
cancer de la prostate
hypertrophie bénigne prostatique, lithiase
rénale, arthrose
hypertension artérielle, amblyopie
hypercholestérolémie, amblyopie
dépression, céphalée, reflux gastrique,
cancer de la peau
tabac, infarctus myocarde, hypertension
artérielle
-
diabète, tabac, coronaropathie
NOIAN
hypercholestérolémie
crohn, cancer de la prostate
Histoire médicale
sclérodermie, hypertension
artérielle
?
hypercholestérolémie, petit
rapport “cup-to-disc”
anémie
petit rapport “cup-to-disc”
-
arythmie cardiaque,
hypercholestérolémie
sclérodermie, hypertension artérielle,
accident ischémique transitoire
?
hypercholestérolémie
dépression, cancer de la prostate
-
-
hypercholestérolémie, obésité, arythmie
cardiaque
diabète, hypercholestérolémie, hypercholestérolémie, diabète, hypertension
hypertension artérielle
artérielle
flutter auriculaire, hypertension
artérielle
-
hypercholestérolémie
hypertension artérielle
-
infarctus du myocarde,
hypertension artérielle, tabac
-
diabète, petit rapport “cup-todisc”, tabac
NOIAN
hypercholestérolémie
petit rapport “cup-to-disc”
petit rapport “cup-to-disc”
Réintroduction Facteur de risque concomitant
Tableau I. Description des observations d'association NOIA-inhibiteurs de PDE-5
antidépresseurs
aucun
26
colchicine, valsartan, aspirine
?
aspirine, hypolipémiants
antidépresseurs, apomorphine
-
aspirine, hypolipémiants, béta-bloquant
inhibiteurs des canaux calciques, diurétiques,
hypolipémiants, 2 antidiabétiques
inhibiteurs des canaux calciques, diurétiques,
anticoagulants, digoxine
myorelaxant, antiépileptiques
aspirine, hypolipémiants
inhibiteurs des canaux calciques, béta-bloquant,
antidépresseurs, AINS, myorelaxant, antiépileptiques,
inhibiteurs de l’enzyme de conversion
antidépresseurs, prazoles
inhibiteurs des canaux calciques, prazoles, aspirine,
androgènes, diurétiques, hypolipémiants, béta-bloquants
aucun
béta-bloquant, 2 antidiabétiques
aspirine
hypolipémiants
diurétique, psychotrope
Traitements médicamenteux concomitants
C. Calvet et coll., Progrès en Urologie (2007), 17, 920-927
C. Calvet et coll., Progrès en Urologie (2007), 17, 920-927
Parmi les observations rapportées pour lesquelles le rapport “cupto-disk” a été mesuré, 8 cas (42%) ont un petit rapport.
de PDE-5 pourrait être un facteur précipitant [42]. Comme le sildénafil et son métabolite actif sont présents dans le sang pour 8 à 12
heures après l'ingestion, une concentration vasculo-active de médicaments peut persister le matin suivant la nuit de l'ingestion [17].
Par ailleurs dans les cas rapportés, un patient traité pour une hypertension artérielle systémique a présenté un événement oculaire
défavorable le matin. La conclusion est que l'hypotension artérielle
en particulier nocturne, en présence d'autres facteurs de risques vasculaires et une détérioration du système capillaire, peut réduire le
flux sanguin de la tête du nerf optique au-dessous d'un seuil critique
et jouer ainsi un rôle dans la pathogenèse de la NOIAN.
Prise en charge thérapeutique des NOIAN
La prise en charge est difficile car l'étiologie et son origine sont
multiples et complexes. Il n'existe pas aujourd'hui de traitement
efficace de la NOIAN. L'objectif est de traiter les facteurs de risque
pour réduire le risque d'atteinte de l'œil controlatéral. Salomon et al
ont suggéré un effet protecteur de l'aspirine [39]. Au contraire pour
BECK il n'y a aucun effet protecteur [40]. De façon générale le traitement des facteurs de risque et en particulier du terrain athéromateux par des antiagrégants semble plutôt bénéfique mais ceci n'est
pas formellement tranché par les auteurs.
Action de la vasodilatation sur le réseau capillaire rétinien.
Les études publiées sont contradictoires. PACHE a démontré que le
Sildénafil peut causer une dilatation significative des artères rétiniennes et des veines chez les sujets sains [44], ce qui est en faveur
d'un rôle des inhibiteurs de la PDE-5 dans la régulation du flux sanguin rétinien. Il a été également démontré que le sildénafil entraîne
une augmentation du flux sanguin dans les artères oculaires [45], et
induit un flux sanguin oculaire pulsatile [46]. Cependant, la dilatation excessive peut aboutir à un ralentissement du débit sanguin au
niveau des artères terminales avant que les artérioles ne deviennent
capillaires. Si les vaisseaux sont de mauvaise qualité la tension artérielle ne peut s'adapter et le flux de sang systémique chute, voire
s'arrête. Ceci pourrait être le cas chez les patients souffrant de dysfonction érectile, ce qui aboutirait à une hypoperfusion et entraînerait des dégâts rétiniens hypoxiques.
Imputabilité
Les cas rapportés depuis la commercialisation évoquent la possibilité d'un rapport de cause à effets entre l'utilisation des inhibiteurs
de PDE-5 et la survenue de NOIAN (méthode d'imputabilité de
pharmacovigilance). Le délai d'apparition de la NOIAN après la
prise médicamenteuse et les cas de réintroduction positive suggèrent un certain degré de responsabilité des inhibiteurs de la PDE-5
[41]. Le délai d'apparition de la maladie, en moyenne de un jour
pour le sildénafil et sept jours pour le tadalafil, est tout à fait compatible.
En effet, en raison de la pharmacocinétique, les médicaments sont
en général présents dans l'organisme jusqu'à 5 à 7 demi-vies après
l'ingestion (correspondant à 1 jour au sildénafil et entre 9 à 13 jours
pour le tadalafil). L'existence de plusieurs cas de réintroduction
positive est également un critère en faveur de l'imputabilité.
Les autres critères d'imputabilité
En revanche, GRUNWALD n'a pas trouvé de changement significatif
dans le flux sanguin choroïdal et fovéaire lors de la prise de sildénafil [47]. Sur la base de simples hypothèses, il est impossible de
conclure.
Les relations sexuelles pourraient également être mises en cause
indifféremment de la prise du médicament. Dans les observations
rapportées l'existence d'une relation sexuelle est trop peu souvent
rapportée. Seules des études épidémiologiques spécifiques pourraient établir ce lien.
Des facteurs circulatoires systémiques peuvent être impliqués dans
le développement d'ischémie critique au niveau de la tête de nerf
optique [48]. La perte massive de sang ou un état de choc peuvent
être impliqués dans la survenue d'une NOIAN [25]. Les inhibiteurs
de la PDE-5 pourraient causer une hypotension brutale identique
[49] et entraîner ainsi le même résultat. En effet, les inhibiteurs de
la PDE-5 sont des vasodilatateurs relativement puissants. Par exemple, ils augmentent les effets des dérivés nitrés, et leur co-prescription est contre-indiquée car pouvant entraîner une chute brutale et
irréversible de la pression artérielle.
Vasodilatation systémique
Délai de régression des symptômes après l'arrêt du médicament et
relation dose/effet, sont difficilement analysables. La NOIAN est
une pathologie irréversible et les posologies sont trop variables
pour être interprétables. Néanmoins, dans 7 cas, il pourrait exister
un effet cumulatif par prise prolongée du traitement pendant plusieurs mois.
Effet sur l'autorégulation vasculaire
Baisse de la pression artérielle :
Dans les cas rapportés, plusieurs explications ont été avancées.
POMERANZ suggère que le sildénafil peut contribuer à la survenue
d'une NOIAN par vasodilatation de la circulation du disque optique
et en interférant sur l'autorégulation des vaisseaux de la tête du nerf
optique [17]. La circulation sanguine dans la tête du nerf optique est
d'une grande complexité [48].
Hypotension artérielle nocturne
Le risque de vasodilatation induite et la diminution de la pression
artérielle systémique après le traitement avec des inhibiteurs de
PDE-5 peuvent être mis en parallèle à la survenue plus fréquente de
NOIAN la nuit corrélée à la diminution physiologique de tension
artérielle [35, 42]. Il a été montré que l'hypotension artérielle nocturne est un facteur de risque de NAION particulièrement quand
d'autres facteurs de risque cardiovasculaires sont présents. HAYREH
a démontré que les patients atteints d'hypertension artérielle prenant
un traitement comme des béta-bloquants, des inhibiteurs calciques,
des inhibiteurs de l'enzyme de conversion présentent des épisodes
d'hypotension nocturne et ont montré une détérioration significative progressive des champs visuels [33, 35, 43].
En général, les artères terminales régulent le flux sanguin au niveau
capillaire en changeant leur calibre. L'autorégulation joue un rôle très
important dans cette circulation constante. Elle maintient la pression
capillaire et l'apport nutritif des cellules malgré les changements de
la pression de perfusion. Ce phénomène est surtout présent dans les
petites artères du cerveau, les reins, la rétine et le nerf optique. Cette
autorégulation intervient seulement sur une gamme de pression de
perfusion (entre une valeur minimale et maximale). Lorsqu'une hausse ou une baisse de la pression de perfusion est en dessous de la
gamme critique, l'autorégulation devient inefficace et s'effondre [48].
Les IPDE-5 pourraient produire le même phénomène ou l'amplifier.
Dans les cas que nous examinons, le traitement avec des inhibiteurs
924
C. Calvet et coll., Progrès en Urologie (2007), 17, 920-927
L'hypertension artérielle augmente de façon importante les valeurs
de seuil de la gamme de pression de l'autorégulation [36].
Décision de la FDA : modification des RCP :
Les ministères de la santé de plusieurs pays (USA, Canada) ont prévenu les usagers de consulter un médecin s'ils constatent une perte
de la vision [67, 68].
Cette augmentation du seuil entraîne une plus grande sensibilité
aux basses pressions. Le sildénafil pourrait interférer avec l'autorégulation de la vascularisation du nerf optique [16, 17].
Une liste de facteurs de risques a été élaborée :
Atteintes par obstruction des vaisseaux de la tête de nerf
optique :
- L'âge supérieur à 50 ans
- Les maladies cardiaques
Enfin, même si cela parait contradictoire, un autre mécanisme qui
pourrait entraîner l'hypoperfusion de la tête du nerf optique serait
l'obstruction des vaisseaux [50, 51]. Néanmoins, pendant les essais
cliniques, l'incidence des désordres cardiovasculaires sévères et
d'infarctus du myocarde n'était pas significativement différente
entre le bras traité par sildénafil et celui par placebo. Ce mécanisme ne semble pas être en cause.
- L'hypertension artérielle systémique
- L'hypercholestérolémie
- Le diabète
- Le tabagisme
- Certains troubles oculaires préexistants
Dysfonctionnement endothélial : la dysfonction érectile et la
NOIAN ont le même terrain :
Dans la mesure où la plupart des patients traités par inhibiteurs de
la PDE-5 ont un, voire plusieurs de ces co-facteurs, la mise en garde
parait illusoire. Toutefois, il est nécessaire d'informer les médecins
et les utilisateurs afin de permettre une surveillance efficace.
La dysfonction érectile et la NOIAN ont les mêmes facteurs prédisposant et de nombreux facteurs de risques communs. Les facteurs de risques vasculaires comme l'hypertension artérielle systémique, l'hypercholestérolémie, le tabagisme et le diabète ont été
décrits pour être associés à la survenue d'une dysfonction érectile
[52-55].
Pour le moment, aucune modification n'a été apportée en France.
Recommandations à faire :
Dans l'état actuel des choses, 4 recommandations peuvent être faites :
Il est donc difficile d'établir si la survenue de NOIAN chez les utilisateurs d'inhibiteurs de PDE-5 est due à une coïncidence, si les
médicaments sont une cause ou si simplement ils y contribuent. Il a
été aussi démontré que la dysfonction érectile pourrait être la partie
visible d'une maladie généralisée vasculaire. En effet il existe une
liaison très proche entre la dysfonction érectile et les maladies cardiovasculaires [52, 56-65].
- Apprécier la nécessité de la prescription d'un inhibiteur de la PDE5 chez les patients présentant les facteurs de risque de NOIAN
actuellement reconnus.
- Sensibiliser les professionnels de santé et les patients afin qu'ils
puissent reconnaître les symptômes.
- Que les professionnels de santé notifient au système de pharmacovigilance de leur pays afin d'alimenter le système d'alerte de
pharmacovigilance qui a bien souvent permis de faire évoluer les
connaissances sur les médicaments et d'en optimiser l'utilisation.
Il a de plus été démontré que le dysfonctionnement endothélial augmente le risque de NOIAN [42, 66].
Ainsi, la dysfonction érectile sélectionne des sujets ayant une
maladie endothéliale et donc soumet ces sujets à un plus haut risque
de faire une NOIAN.
- En cas de trouble visuel après la prise d'inhibiteurs de la PDE-5,
les patients doivent arrêter le traitement et consulter en urgence un
spécialiste avant de pouvoir intervenir rapidement et prévenir l'altération de l'autre œil.
Par conséquent, la prise d'un traitement par inhibiteur de PDE-5
présente un double risque :
CONCLUSION
- choisir des sujets à haut risque parce que déjà porteurs d'une maladie endothéliale et dont la probabilité de déclarer une NOIAN
pendant le traitement est plus forte ;
Plusieurs cas de NOIAN ont été rapportés après l'utilisation d'inhibiteurs de la PDE-5. A ce jour, le lien entre ces médicaments et la
survenue de NOIAN n'est pas formellement établi.
- que la maladie endothéliale soit impliquée ou pas, le simple fait
de prendre un traitement pour la dysfonction érectile, est un facteur de risque en soit, sans que cela soit lié à l'utilisation réelle des
inhibiteurs de PDE-5.
L'âge supérieur à 50 ans, les facteurs de risque cardiovasculaires et
le dyfonctionnement endothélial à l'origine de nombreuses dysfonctions érectiles sont également des facteurs de risque de
NOIAN. La plupart des patients traités par inhibiteurs de la PDE-5
présentent donc également certains de ces facteurs de risque. Néanmoins, certaines observations publiées font état de plusieurs cas
pour lesquels l'imputabilité a été jugée suffisamment probable pour
pousser la FDA à modifier le résumé des caractéristiques du produit. Dans ces observations, même si l'origine de la NOIAN est probablement multifactorielle il est possible que les inhibiteurs de la
PDE-5 aient précipité la dégradation de l'acuité visuelle des
patients.
Sous notification possible :
Une sous-notification est possible. En effet, la publication de ces
effets secondaires suppose :
- que les praticiens soient conscients de l'existence d'un rapport
éventuel entre la NOIAN et la prise d'inhibiteurs de la PDE-5,
- que les patients signalent qu'il utilisent des inhibiteurs de la PDE5,
- que les ophtalmologistes identifient l'évènement comme en relation avec la prise d'inhibiteurs de la PDE-5.
A ce jour seulement 19 cas de pharmacovigilance ont été publiés.
C'est très peu si l'on considère les millions de prescriptions d'inhi925
C. Calvet et coll., Progrès en Urologie (2007), 17, 920-927
biteurs de la PDE-5 de par le monde. Néanmoins, une sous notification des cas reste possible car elle dépend uniquement des médecins. Pour que la notification se fasse, il est nécessaire que les
patients déclarent l'utilisation du médicament, et que le praticien
soit averti d'un lien potentiel entre la prise d'inhibiteurs de la PDE5 et la survenue de NOIAN.
22. CUNNINGHAM A.V., SMITH K.H. : Anterior ischemic optic neuropathy
associated with viagra. J. Neuroophthalmol., 2001 ; 21 : 22-25.
23. AKASH R., ET AL. : Case report : association of combined nonarteritic
anterior ischemic optic neuropathy (NAION) and obstruction of cilioretinal
artery with overdose of Viagra. J. Ocul. Pharmacol. Ther., 2005 ; 21 : 315317.
24. PETER N.M., SINGH M.V., FOX P.D. : Tadalafil-associated anterior
ischaemic optic neuropathy. Eye, 2005 ; 19 : 715-717.
Considérant l'augmentation très importante des ventes sans prescription de ces médicaments, des avertissements publics, comme le
communiqué de presse de la FDA en 2005 dans le Wall Street Journal sont probablement nécessaires jusqu'à ce que toute la lumière
soit faite sur cette affaire.
25. HAYREH S. : Anterior ischemic optic neuropathy. VIII. Clinical features
and pathogenesis of post-hemorrhagic amaurosis. Ophthalmology, 1987 ;
94: 1488-1502.
26. HAYREH S. : Anterior ischemic optic neuropathy. Arch. Neurol., 1981 ;
182 : 29-41.
27. JOHNSON L.N., ARNOLD A.C. : Incidence of nonarteritic and arteritic
anterior ischemic optic neuropathy. Population-based study in state of missouri and los angeles county, California. J. Neuroophthalmol., 1994 ; 14 :
38-44.
REFERENCES
1. DE BOER B.J., ET AL. : Erectile dysfunction in primary care : prevalence
and patient characteristics. The ENIGMA study. Int. J. Impot Res., 2004 ;
16: 358-364.
28. HATTENHAUER M.G., ET AL. : Incidence of nonarteritic anterior ischemic optic neuropathy. Am. J. Ophthalmol., 1997 ; 123 : 103-107.
2. MOREIRA E.D. JR., ET AL. : Prevalence and correlates of erectile dysfunction
: results of the Brazilian study of sexual behavior. Urology, 2001 ; 58 : 583-588.
29. BERI M., ET AL. : Anterior ischemic optic neuropathy. VII. Incidence of
bilaterality and various influencing factors. Ophthalmology, 1987 ; 94 :
1020-1028.
3. GIULIANO F., ET AL. : Prevalence of erectile dysfunction in France :
results of an epidemiological survey of a representative sample of 1004
men. Eur. Urol., 2002 ; 42 : 382-389.
30. DERAMO V., ET AL. : Ischemic optic neuropathy as the first manifestation
of elevated cholesterol levels in young patients. Ophthalmology, 2003 ; 110:
1041-1046.
4. GIULIANO F., ET AL. : Prevalence of erectile dysfunction in France:
results of an epidemiological survey conducted on a representative sample
of 1004 men. Prog. Urol., 2002 ; 12 : 260-267.
31. ELLENBERGER C. : Ischemic optic neuropathy as a possible early complication of vascular hypertension. Am. J. Ophthalmol., 1979 ; 88 : 10451051.
5. COSTA P., AVANCES C., WAGNER L. : Erectile dysfunction : knowledge,
wishes and attitudes. Results of a French study of 5.099 men. Prog. Urol.,
2003 ; 13 : 85-91.
32. HAYREH S., SERVAIS G., VIRDI P. : Fundus lesions in malignant hypertension. V. Hypertensive optic neuropathy. Ophthalmology, 1986 ; 93 : 74-87.
6. BOOLELL M., ET AL. : Sildenafil: an orally active type 5 cyclic GMP-specific phosphodiesterase inhibitor for the treatment of penile erectile dysfunction. Int. J. Impot Res., 1996 ; 8 : 47-52.
33. HAYREH S.S. : Effect of nocturnal blood pressure reduction on retrobulbar
hemodynamics in glaucoma. Graefes Arch. Clin. Exp. Ophthalmol., 2002 ;
240 : 867-868.
7. http://www.emea.europa.eu/htms/human/epar/eparintro.htm
34. MCGWIN G.J., ET AL. : Non-arteritic anterior ischaemic optic neuropathy
and the treatment of erectile dysfunction. Br. J. Ophthalmol., 2006 ; 90 :
154-157.
8. BEAVO J.A. : Cyclic nucleotide phosphodiesterases : functional implications of multiple isoforms. Physiol. Rev., 1995 ; 75 : 725-748.
9. BISCHOFF E. : Potency, selectivity, and consequences of nonselectivity of
PDE inhibition. Int. J. Impot Res., 2004 ; 16 : 11-14.
35. HAYREH S., ET AL. : Systemic diseases associated with nonarteritic anterior ischemic optic neuropathy. Am. J. Ophthalmol., 1994 ; 118 : 766-780.
10. MARMOR M.F., KESSLER R. : Sildenafil (Viagra) and ophthalmology.
Surv. Ophthalmol., 1999 ; 44 : 153-162.
36. HAYREH S. : Anterior ischemic optic neuropathy. IV. Occurrence after
cataract extraction. Arch. Ophthalmol., 1980 ; 98 : 1410-1416.
11. DE ROSE A.F., GALLO F., CARMIGNANI G. : Evaluation of sexual activity in patients treated with tadalafil : a randomized prospective placebocontrolled trial. Int. J. Impot Res., 2005 ; 17 : 76-79.
37. BECK R.W., SERVAIS G.E., HAYREH S.S. : Anterior ischemic optic
neuropathy. IX. Cup-to-disc ratio and its role in pathogenesis. Ophthalmology, 1987 ; 94 : 1503-1508.
12. DRYJA T.P., ET AL. : Frequency of mutations in the gene encoding the
alpha subunit rod cGMP-phosphodiesterase in autosomal recessive retinitis
pigmentosa. Invest. Ophthalmol., Vis. Sci., 1999 ; 40 : 859-865.
38. BURDE R.M. : Optic disk risk factors for nonarteritic anterior ischemic
optic neuropathy. Am. J. Ophthalmol., 1993 ; 116 : 759-764.
39. SALOMON O., ET AL. : Role of aspirin in reducing the frequency of
second eye involvement in patients with non-arteritic anterior ischaemic
optic neuropathy. Eye, 1999. 13 : 357-359.
13. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed.
14. BOLLINGER K., LEE M.S. : Recurrent visual field defect and ischemic
optic neuropathy associated with tadalafil rechallenge. Arch. Ophthalmol.,
2005 ; 123 : 400-401.
40. BECK R.W., ET AL. : Aspirin therapy in nonarteritic anterior ischemic optic
neuropathy. Am. J. Ophthalmol., 1997 ; 123 : 212-217.
15. BOSHIER A., PAMBAKIAN N., SHAKIR S.A. : A case of nonarteritic
ischemic optic neuropathy (NAION) in a male patient taking sildenafil. Int.
J. Clin. Pharmacol. Ther., 2002 ; 40 : 422-423.
41. MOORE N., ET AL. : Adverse drug reaction monitoring : doing it the
French way. Lancet, 1985 ; 2 : 1056-1058.
42. HAYREH S.S. : Erectile dysfunction drugs and non-arteritic anterior ischemic optic neuropathy : is there a cause and effect relationship ? J. Neuroophthalmol., 2005 ; 25 : 295-298.
16. POMERANZ H.D., ET AL. : Sildenafil-associated nonarteritic anterior
ischemic optic neuropathy. Ophthalmology, 2002 ; 109 : 584-587.
17. POMERANZ, H.D., BHAVSAR A.R. : Nonarteritic ischemic optic neuropathy developing soon after use of sildenafil (viagra) : a report of seven new
cases. J. Neuroophthalmol., 2005 ; 25 : 9-13.
43. HAYREH S.S., ET AL. : Nocturnal arterial hypotension and its role in optic
nerve head and ocular ischemic disorders. Am. J. Ophthalmol., 1994 ; 117 :
603-624.
18. GRUHN N., FLEDELIUS H.C. : Unilateral optic neuropathy associated
with sildenafil intake. Acta Ophthalmol. Scand., 2005 ; 83 : 131-132.
44. PACHE M., ET AL. : Sildenafil induces retinal vasodilatation in healthy
subjects. Br. J. Ophthalmol., 2002 ; 86 : 156-158.
19. ESCARAVAGE G.K., JR., WRIGHT J.D. JR., GIVRE S.J. : Tadalafil associated with anterior ischemic optic neuropathy. Arch. Ophthalmol., 2005 ;
123 : 399-400.
45. KOKSAL M., ET AL. : The effects of sildenafil on ocular blood flow. Acta
Ophthalmol Scand, 2005 ; 83 : 355-359.
46. PARIS G., ET AL. : Sildenafil increases ocular perfusion. Int. Ophthalmol.,
2001 ; 23 : 355-358.
20. EGAN R., POMERANZ H. : Sildenafil (Viagra) associated anterior ischemic optic neuropathy. Arch. Ophthalmol., 2000 ; 118 : 291-292.
47. GRUNWALD J.E., ET AL. : Effect of sildenafil citrate (Viagra) on the ocular circulation. Am. J. Ophthalmol., 2001 ; 131 : 751-755.
21. DHEER S., REKHI G.S., MERLYN S. : Sildenafil associated anterior
ischaemic optic neuropathy. J. Assoc. Physicians India, 2002 ; 50 : 265.
926
C. Calvet et coll., Progrès en Urologie (2007), 17, 920-927
SUMMARY
48. HAYREH S. : Blood flow in the optic nerve head and factors that may
influence it. Prog. Retin. Eye Res., 2001 ; 20 : 595-624.
Treatment of erectile dysfunction by phosphodiesterase-5 inhibitors and nonarteritic anterior ischemic optic neuropathy (NOIAN)
49. GANDHI J.S. : Sildenafil-associated NAION. Ophthalmology, 2003 ; 110 :
1860-1861.
50. PADMA-NATHAN H., ET AL. : A 4-year update on the safety of sildenafil
citrate (Viagra). Urology, 2002 ; 60 : 67-90.
Introduction : Following the notification of forty cases of varying degrees of vision loss in patients using phosphodiesterase-5 (PDE-5) inhibitors, the FDA (Food and Drug Administration) examined the possible link between these treatments of erectile dysfunction and NOIAN
(nonarteritic anterior ischemic optic neuropathy). Following this
investigation, the FDA requested modification of the summary of product characteristics (SPC) for this therapeutic category. The authors
review this problem, especially in France.
51. MCLEOD D., MARSHALL J., AND KOHNER E.: Role of axoplasmic
transport in the pathophysiology of ischaemic disc swelling. Br. J. Ophthalmol., 1980 ; 64 : 247-261.
52. EL-SAKKA A.I., ET AL. : Coronary artery risk factors in patients with erectile dysfunction. J. Urol., 2004 ; 172 : 251-254.
53. KIM S. : Hyperlipidemia and erectile dysfunction. Asian J. Androl., 2000 ;
2 : 161-166.
54. MIRONE V., ET AL. : Cigarette smoking as risk factor for erectile dysfunction : results from an Italian epidemiological study. Eur. Urol., 2002 ;
41: 294-297.
Method : The authors performed a search of the Pubmed database and
the French Pharmacovigilance database.
55. ROUMEGUERE T., ET AL. : Erectile dysfunction is associated with a high
prevalence of hyperlipidemia and coronary heart disease risk. Eur. Urol.,
2003 ; 44 : 355-359.
Results : Since September 2006, 11 publications concerning 19 cases
(14 with sildenafil and 2 with tadalafil) have been published. The mean
age of these patients was 59.5 years (range: 42 to 69). Doses varied
from 50 to 100 mg for sildenafil and 20 mg for tadalafil. Adverse effects
(loss of visual acuity and decreased visual field) occurred between 30
min and 36 h after oral dosing. In 5 cases, treatment had been taken for
more than one year. Ocular fundus examination showed papilloedema
associated with several haemorrhages. Three patients presented a positive challenge. Several patients had a known risk factor for the development of NOIAN. One case was also reported to French Pharmacovigilance.
56. MONTORSI P., MONTORSI F., SCHULMAN C. : Is erectile dysfunction
the “tip of the iceberg” of a systemic vascular disorder ? Eur. Urol., 2003 ;
44 : 352-354.
57. COSTA P., ET AL. : Erectile dysfunction : a sentinel symptom. Prog. Urol.,
2005 ; 15 : 203-207.
58. BONDIL P., DELMAS V. : “Penis angina” or the current revolution in erectile dysfunction (ED). Prog. Urol., 2005 ; 15 : 1030-1034.
59. BIVALACQUA T.J., ET AL. : Endothelial dysfunction in erectile dysfunction : role of the endothelium in erectile physiology and disease. J. Androl.,
2003 ; 24 : 17-37.
60. SOLOMON H., MAN J.W., JACKSON G. : Erectile dysfunction and the
cardiovascular patient : endothelial dysfunction is the common denominator.
Heart., 2003 ; 89 : 251-253.
Discussion : The population with erectile dysfunction also often presents generalized endothelial disease, which also constitutes a risk factor for NOIAN. Although no cases of NOIAN were reported during the
initial clinical trials, the rapid onset of NOIAN after the dose of PDE5 inhibitor and several cases of positive challenge suggest a possible
causal relationship with these drugs. The ocular action of PDE-5 inhibitors could be explained by a modification of retinal blood flow related to their pharmacological effects.
61. SPEEL T.G., VAN LANGEN H., MEULEMAN E.J. : The risk of coronary
heart disease in men with erectile dysfunction. Eur. Urol., 2003 ; 44 : 366370.
62. KIRBY M. ET AL. : Is erectile dysfunction a marker for cardiovascular disease ? Int. J. Clin. Pract., 2001 ; 55 : 614-618.
63. CHEITLIN M.D. : Erectile dysfunction : the earliest sign of generalized vascular disease ? J. Am. Coll. Cardiol., 2004 ; 43 : 185-186.
64. BURCHARDT M., ET AL. : Erectile dysfunction is a marker for cardiovascular complications and psychological functioning in men with hypertension. Int. J. Impot Res., 2001 ; 13 : 276-281.
Conclusion : The link between PDE-5 inhibitors and NOIAN has not
been formally established. Before new studies are conducted to clarify
this situation, practitioners must be aware of the potential ocular
adverse effects related to the dose of PDE-5 inhibitors so that they can
inform patients and notify any new cases. The SPCs of PDE-5 inhibitors were modified at the request of the FDA on 8 July 2005.
65. O'KANE P.D., JACKSON G. Erectile dysfunction : is there silent obstructive coronary artery disease ? Int. J. Clin. Pract., 2001 ; 55 : 219-220.
66. HAEFLIGER I., ET AL. : The vascular endothelium as a regulator of the
ocular circulation : a new concept in ophthalmology ? Surv. Ophthalmol.,
1994 ; 39 : 123-132.
67. FDA. Updates labeling for erectile dysfunction drugs. FDA consum., 2005 ;
39 : 3.
Key words : erectile dysfunction, optic neuropathy, adverse drug reaction, sildenafil, tadalafil, vardenafil, phosphodiesterase-5 inhibitors,
68. VIAGRA'S APPROVED LABEL. : http://www.fda.gov/cder/consumerinvision loss, nonarteritic ischemic neuropathy optique (NAION).
fo/druginfo/Viagra.HTM.
____________________
927
Téléchargement