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LES FEMMES DANS LA SOCIETE FRANCAISE DEPUIS 1945
INTRODUCTION
« Le deuxième sexe » (1949) de Simone de Beauvoir (1908-1986) : « On ne naît pas femme,
on le devient. »
Ouvrage en 2 tomes elle fait un état des lieux de la situation des femmes (apports
des sciences, étude de l’histoire et des mythes) puis une analyse du conditionnement
des femmes à chaque âge pour démontrer comment la femme intériorise une infériorité
qui lui vient du dehors.
Succès immédiat et important : 20 000 exemplaires vendus la 1ère semaine
et œuvre rapidement traduite en plusieurs langues.
Un livre qui fait scandale : dans son chapitre consacré à « La mère », elle
fait un plaidoyer de 15 p. en faveur de l’…avortement libre ! Elle prône
l’épanouissement sexuel et affirme la liberté des choix sexuels (homosexualité
évidemment).
Elle préfigure les combats féministes à venir et est elle-même une
provocation vivante face au modèle de son époque : ni épouse (en effet,
elle ne s’est jamais mariée à Jean-Paul Sartre), ni mère, ni ménagère.
1. Analyse des termes
a. Femmes : être humain de sexe féminin
Certains sociologues à la suite des travaux de Judith Butler (féministe
américaine dont les travaux s’inspirent de la pensée de Simone de Beauvoir)
différencient « sexe » et « genre », ce dernier étant une construction sociale qui
désigne un ensemble de significations culturelles qu’assume un corps sexué.
Ce qui signifie clairement que notre « genre » ne suit pas forcément notre sexe
biologique, manière de distinguer les pratiques homosexuelles.
Catégorie en fonction d’un critère sexuel
L’analyse porte donc aussi sur les rapports (de la sphère publique
jusqu’à l’intime) entre les sexes (masculin/féminin) marqués par une
relation de domination.
Pluralité d’être une femme en fonction…
De la région dans laquelle on habite
Du statut matrimonial : mariée, célibataire
De la classe sociale
De la fonction assurée : femme au foyer ou travaillant
Questions éminemment philosophiques
Pourquoi la différence des sexes, qui entraîne une
complémentarité qui devrait être fondatrice de l’égalité,
produit-elle de l’inégalité ?
Y a-t-il entre un homme et une femme une différence
d’essence, une inégalité naturelle, qui justifieraient
l’ancienneté et l’universalité de la domination
masculine ?
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La réponse donnée par l’anthropologue Françoise Héritier : l’exclusion des femmes
des lieux de pouvoir est le produit millénaire d’une domination masculine culturelle.
Selon elle, tout vient du fait que les femmes font des enfants des 2 sexes et pas
uniquement des enfants du même sexe qu’elles !
Les hommes sont donc obligés de passer par le corps des femmes pour avoir des
fils.
Les femmes constituent un bien absolument essentiel à la survie du groupe.
Constitution par les hommes d’un modèle de contrôle et d’infériorité
des femmes : 3 impossibilités pour les femmes
Impossibilité de disposer librement de leurs corps
Impossibilité de l’accès au savoir
Impossibilité de l’accès aux fonctions d’autorité.
Création d’une domination masculine érigée en
modèle universel sous couvert de différenciations
biologiques.
L’histoire des femmes est donc autant une histoire des mutations du
statut et d’une réalité plurielle de la femme que celle de son rapport avec
l’homme dans une société en pleine transformation.
b. Société française depuis 1945
Ensemble de personnes entre lesquelles existent des rapports durables
et organisés dans un espace ou un territoire donné en l’occurrence la
France.
Une société en profonde mutation depuis 1945 : forte croissance
économique puis ralentissement ; mutations sociales…
Période +/- longue dont les étapes ne correspondent pas forcément à la
périodisation de l’histoire économique et sociale tout en étant
fortement influencées par elle.
Transformation finalement assez rapide de la relation homme-femme :
une remise en cause d’une structure profondément ancrée dans la
société.
2. Problématique
Dans quelle mesure l’évolution de la place et du rôle de la femme dans la société
française est-elle le révélateur des mutations de cette société tout en y
contribuant fortement ?
Dans quelle mesure les femmes ont-elles obtenu une reconnaissance qui dépasse
le seul cadre politique et juridique au point d’atteindre une égalité dans la plupart
des domaines de l’existence humaine ?
La maîtrise de leurs corps n’est-elle pas le combat le plus emblématique d’une
révolution silencieuse, et beaucoup plus profonde, de cette seconde moitié du
XXème siècle et début du XXIème siècle ?
En quoi la seconde moitié du XXème siècle est-elle une étape capitale de
l’émancipation féminine permise par une triple modernisation (selon Michelle
Perrot) ?
o Modernisation culturelle : extension de la scolarisation, indispensable à
l’exercice d’une profession et de la démocratie.
o Modernisation économique : développement du salariat féminin
o Modernisation scientifique : progrès de la médecine qui ont permis à
améliorer la santé comme la maîtrise de leur corps.
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3. Annonce du plan
I La marche vers l’égalité
II Une révolution capitale : la maîtrise de leur corps
III Les limites du « plafond de verre »
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I LA MARCHE VERS L’EGALITE
A DES FEMMES PLUS RESISTANTES QUE LES HOMMES ?
1. Elles vivent plus longtemps que les hommes
Espérance de vie + longue
1950 : 69 ans = + 6 ans / hommes
1970 : 75 ans
1990 : 81 ans
2010 : 84,5 ans = + 6,5 ans / hommes
2. Parce qu’elles travaillent moins ? Non, car elles se soignent mieux !
Progrès dans l’obstétrique et la maîtrise de la contraception
Lutte contre les maladies cardio-vasculaires et le cancer
Soin + attentif au corps et surtout à la prévention (examens
réguliers…)
Une proportion + importante de femmes de + de 65 ans / hommes
B UNE EGALITE POLITIQUE ET JURIDIQUE
1. Une des dernières démocraties occidentales à accorder le droit de vote
aux femmes
a. Rappel d’une 1ère tentative au lendemain de la Première Guerre
mondiale : accord de la Chambre des députés en 1919, mais refus
du Sénat en 1922 alors que la plupart des mocraties occidentales
l’accordaient en 1918-1920 (et même d’autres pays !)
b. Un 1er pas grâce au Front populaire (1936) : Léon Blum nomme
3 femmes à un gouvernement en tant que sous-secrétaires d’Etat
(mais non ministre) :
Suzanne Lacore protection de l’enfance
Cécile Brunschvicg éducation nationale
Irène Joliot-Curie recherche scientifique
c. Promesse du CNR adoptée par l’ordonnance du 21 avril 1944 et
appliquée en…
Avril 1945 aux élections municipales
Octobre 1945 aux élections législatives : res élections à
l’échelle nationale 33 députés femmes
d. Une lente accession aux responsabilités politiques ministérielles
Germaine Poinso-Chapuis : 1ère femme ministre (1947)
Santé publique et population
Nafissa Sid-Cara : 1ère femme sous-secrétaire d’Etat aux
affaires algériennes de la Vème République (1959)
Françoise Giroud : secrétaire d’Etat à la Condition minine
(1974), mais reçue que 3 fois par le 1er M., Jacques Chirac
(qui n’en voulait pas, mais forcé par le président Valéry
Giscard d’Estaing) bilan maigre
Simone Veil : M. de la Santé (1974-1979)
Edith Cresson : 1ère femme 1er M. (mai 1991-avril 1992)
Elisabeth Guigou : 1ère femme M. de la Justice (1997-2002)
Michèle Alliot-Marie : 1ère femme M. de la Défense (2002)
puis des A.E (2010).
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2. Une progressive reconnaissance juridique
a. Dans la famille
Exercice d’une profession et ouverture d’un compte
bancaire sans l’autorisation préalable du mari (1965) : dans
la réalité, seules les banques demandaient cette autorisation.
Autorité paternelle parentale (1970) = reconnaissance de
l’égalité du père et de la mère
Adultère minin n’est plus considéré comme un délit
(1974)
b. Dans les institutions prestigieuses
ENA : 1ère femme major (1969), Françoise Chandernagor.
Ecole polytechnique (1972) : la 1ère femme à intégrer en
1972 est en plus major de promotion, Anne Chopinet (par
ailleurs aussi 1ère à Centrale et 2ème à l’ENS !) ainsi que 6
autres filles. Voir Approfondissement
St Cyr (1983)
Armée de l’air : Isabelle Boussaert, 1ère femme pilote
(1985).
Ecole navale (1992) : 1ère major en 2000 (Claire Pothier)
Académie française : Marguerite Yourcenar (1980)
C LES CONQUETES PAR L’ECOLE ET PAR LE TRAVAIL
1. L’école, premier vecteur de libération des femmes
a. Généralisation de la scolarité jusqu’à 16 ans (1959)
du nombre d’élèves filles et donc de bachelières (dès
1971 : bachelières > bacheliers)
des étudiantes (1975 : étudiantes à l’Université >
étudiants)
b. Un choix vers les filières scientifiques et prestigieuses
c. Une réussite scolaire
La progression des scolarités minines constitue une
avancée majeure de la fin du XXème s.
Une réussite incontestable : meilleures et + diplômées
2. Le travail a contribué à imposer un autre modèle : la femme active
a. La conséquence de la scolarisation
Les filles de la bourgeoisie + classe moyenne à
l’université marché du travail
b. Mais aussi d’autres mutations de la socié
Esprit du temps : survalorisation du travail et l’effort
Développement des crèches et des écoles maternelles
permettant aux femmes de se libérer et donc de concilier vie
familiale et professionnelle.
c. Féminisation de la population active et du monde du travail
1950 : 34 %
1975 : 39 %
2000 : 48 %
2010 : 48 %
Tranche de 25 à 49 ans : 81 % (hommes : 95 %)
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