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TRAITEMENT DE L'HYPOTHERMIE ACCIDENTELLE SÉVÈRE.
Antoni Ricart, Manuel Avellanas, Javier Botella, Frank Mengelle, Íñigo Soteras, Toni Veres,
Miquel Vidal.
Introduction
Les médecins qui travaillent en médecine critique et de secours, en attention pré-hospitalière,
en chirurgie cardiaque ou des programmes de circulation extracorporelle (ECMO Extracorporeal Membrane Oxygenator) peuvent rencontrer la nécessité de devoir assister des
victimes en hypothermie accidentelle sévère. Il est important de remarquer la différenciation
des patients hypothermique qui certainement peuvent bénéficier d´un transfert vers un
hôpital tertiaire. Souvent les décisions prises lors de la première assistance font qu'un patient
soit soumis à un long déplacement vers un hôpital qui ne dispose pas des moyens adéquats
pour une assistance d'une hypothermie sévère. L'International Commision for Alpine Rescue
International
Society
for
Mountain
Medicine
(http://www.ikar-cisa.org),
(http://www.ismmed.org) et le comité médical de l'Union Internationale des Associations
d'Alpinisme (http://www.uiaa.ch) ont pu promouvoir des informations et publier des
protocoles pré-hospitaliers de classification et des traitements des victimes en hypothermie
sévère en montagne (1). Les principales bases de classification, réanimation et traitement des
victimes d'hypothermie accidentelle, sont les mêmes aussi bien dans un environnement
maritime, qu´en montagne ou en zone urbaine (2).
Définition
On définit l'hypothermie comme température corporelle centrale (TCC) en dessous de 35ºC.
Elle est classifiée comme légère (TCC 35-32ºC), moyenne (TCC 32-30ºC) et sévère (inférieur à
30ºC).
Pathophysiologie
L'hypothermie, normalement est le résultat de :
•
Une lésion immobilisée dans un entourage froid.
•
Exposition à un entourage spécialement froid sans protection.
•
Immersion en eau froide.
L'activité musculaire et les processus cataboliques de l'organisme, produisent de la chaleur ; la
chaleur se perd par radiation, convection, conduite et évaporation, particulièrement de la
vapeur d'eau provenant de la peau et des poumons.
La thermorégulation est l'équilibre entre la production de la chaleur (thermogènes) et
l'élimination de chaleur (thermolyse). C´est un équilibre actif pour maintenir la température
corporelle la plus proche possible à 37ºC pour permettre aux systèmes enzymatiques de
fonctionner. Le différentiel des températures de fonctionnement métabolique optimal est
restreint. En situation d'hypothermie légère, les mécanismes de thermorégulation
fonctionnent au maximum dans l´intention de combattre la perte de chaleur. Si la situation
empire et la température centrale continue de descendre, le système thermorégulateur
s'épuise et on arrive à la mort par faute cardiorespiratoire.
L'hypothermie produit :
Hémodynamique. Changements caractéristiques à l'électrocardiogramme (onde J d'Osborn).
Si elle est sévère, elle peut produire arythmie cardiaques létales ou asystolie. La séquence
typique est la progression depuis la bradycardie sinusale, en passant par la fibrillation
auriculaire, jusqu'à la fibrillation ventriculaire et l'asystolie. Une mauvaise position du patient
ou des changements subits de position peuvent provoquer une fibrillation ventriculaire subite
à n'importe quel moment.
Respiratoire. La tachypnée initiale est remplacée par la diminution du volume courant et de la
fréquence respiratoire ; la bronchorrhée prédispose à la pneumonie par la rétention de
sécrétions. La courbe de dissociation de l'hémoglobine se déplace à gauche compromettant la
libération d'oxygène aux tissus. Acidose respiratoire par dépression respiratoire d'origine
neurologique et hypercapnie.
Système nerveux. Le système nerveux central s´affaiblit progressivement par la
correspondante diminution de la conscience. La légère décoordination initiale progresse, en
passant par l'irritabilité et l'agitation, jusqu'à la léthargie et le coma. En hypothermie, la
diminution des demandes d'oxygène du cerveau, peut le protéger de la lésion anoxémique ou
ischiatique en cas d´arrêt cardiorespiratoire (3).
Fonction rénale. Appelé diurèse par froid est dû à l´adrénergique initiale ayant une
augmentation du débit cardiaque, un mauvais fonctionnement de la capacité tubulaire rénale
de concentration de l'urine et à une augmentation du volume plasmatique central dû à la
vasoconstriction périphérique. La perte de liquide peut être très importante pour nécessiter la
réanimation hydrique dans le traitement des victimes d'hypothermie. Le patient
hypothermique immobile a tendance à présenter rhabdomyolyse, myoglobinurie et nécrose
tubulaire aiguë.
Endocrinologie et métabolisme. Les récepteurs adrénergiques s'altèrent dans l'hypothermie
sévère, pour que les drogues vasoactives (noradrénaline, dobutamine, dopamine, etc.)
puissent ne pas être effectives, accumulant jusqu'à des niveaux toxiques et produisant des
effets non désirables quand le patient se réchauffe (4). Il apparaît à la sortie du plasma de
l'espace vasculaire à l'espace interstitiel et la conséquente hémoconcentration avec des
dysfonctions plasmatiques et endocrinologie. Normalement, l'augmentation de la sécrétion
d'insuline et la glucogenolyse, mobilisent les réserves de glucose, mais il apparaît de
l'hypoglycémie quand les réserves s'épuisent. Acidose par augmentation de la production
d'acide lactique par le tremblement et la contracture musculaire de tissus par mauvaise
perfusion.
Coagulation. Apparition de troubles comme la coagulation intra vasculaire disséminée et des
phénomènes hémorragiques. Il y a aussi des altérations de la coagulation par dysfonction de
plaquettes et prolongement du temps de coagulation par altération de la voie extrinsèque
(5,6).
Fonction hépatique. La fonction hépatique est diminuée, en apportant accumulation de
drogues non métabolisées et des difficultés dans la métabolisation de plusieurs métaboliques,
comme indique l´ acide lactique.
Extrémités. Les extrémités sont vulnérables à la congélation comme résultat de la
vasoconstriction, de l'hypo perfusion et de l'hémoconcentration.
Conséquences de l'hypothermie sur des patients traumatiques.
Au siècle dernier, décennie des années 80 la "triada letal" est considérée formée par
hypothermie, d'acidose et de coagulopathie, était la cause majeure de mortalité des blessés en
situation critique. Les patients avaient plus de probabilité de mourir dans les centres de
Médecine Intensive par acidose persistante ou coagulopathie non résolue, qu'à la phase
initiale au bloc opératoire pendant les interventions pour réparer des perforations viscérales
ou des osteosynthèses de fractures graves. Même dans les milieux urbains où le temps de
transport à l'hôpital était inférieur à 15 minutes, plus de 50% des patients avec des lésions
importantes sont en état hypothermiques lors de leurs admissions aux services d'urgences.
Naturellement le climat et la température ambiante influencent sur ce chiffre (7). En
comparaison avec des patients normothermiques, la mortalité augmente jusqu'à 50%, en
particuliers chez des patients hypothermique selon plusieurs études faites en traumatiques (8).
Les patients très jeunes ou très âgées, ceux qui présentent des brûlures, des traumatismes
cranioencéphaliques (les mécanismes de thermorégulation hypothalamiques peuvent être
altérés) et les patients qui ont une grande lésion à la moelle épinière affectant la chaine
sympathique sont spécialement propense à l'hypothermie. Ces patients doivent se considérer
poïkilothermiques ou nécessitant d´une défense de l´organisme face à la perte de chaleur. La
prévention pour minimiser la perte de chaleur si cela est nécessaire au réchauffement actif,
sont des éléments essentiels pour une bonne assistance aux blessés (9).
Classification étiologique de l'hypothermie
Hypothermie aiguë
L'hypothermie apparaît par exposition aiguë au froid intense qui dépasse les possibilités de
thermorégulation. Avant cela, les réserves de glycogène se sont épuisées avec le tremblement
et les changements des fluides corporels mentionnés antérieurement. Ce type d'hypothermie
est donné comme exemple aux victimes d'avalanche ou dans l'immersion en eau froide. Dans
ces cas la réaction au froid apparaît les 4-5 premières minutes. Cela commence par une
adrénergique avec vasoconstriction périphérique, de l'hyperventilation et de la tachycardie,
pouvant se déclarer dès les premiers instant de l'immersion, l'étouffement ou à l arrêt
cardiorespiratoire, par reflet vagal et spasme de glotte. Les premiers survivants de ce premier
choc par froid, l'hypothermie peut surgir dans les 30 minutes environ qui suivent (10). Le
temps de survie dépendra du bilan entre l'efficacité de la réponse thermorégulatrice possible,
les vêtements, l'isolation et la température de l'air ou de l'eau (11).
Hypothermie subaiguë
Elle peut affecté un alpiniste isolé en montagne. Il y a une lente, mais continue, perte de
chaleur et déplétion progressive des réserves énergétiques. Le taux des survivants dépend de
la situation physique et mentale du sujet, de son équipement et de la sévérité des conditions
de l´environnement. Les liquides transvasés apparaissent entre les différents compartiments
corporels et l'hypovolémie, mentionnés antérieurement, et la nécessité de réanimation avec
des liquides intraveineux par le réchauffement.
Hypothermie subchronique.
L'exemple classique est celui du patient âgé, immobilisé par fracture du col du fémur par une
chute chez lui. L'hypothermie est le commencement insidieux et lent mais compliquée par la
déplétion des réserves d'énergie, rhabdomyolyse, insuffisance rénale aiguë, acidose
métabolique et hypovolémie dus aux changements lors de la distribution des liquides déjà
décrite. La réanimation est complexe par l'instabilité hémodynamique, les comorbidités des
personnes âgées et les fréquentes complications comme les infections du traitement
respiratoire et de l'ischémie myocardique ou des extrémités, raisons d´une mortalité élevée.
Le réchauffement doit être lent et très soigné pour les patients très fragiles.
Assistance pré-hospitalière.
Lors de la première assistance sur le lieu de l'accident un thermomètre hypothermique doit
être utilisé qui atteindra des températures basses (1) pour mesurer la température centrale.
Classification et catégories de pronostics de l'hypothermie dans la première assistance selon
la situation clinique.
La Société Suisse de Médecine en Montagne a proposé une méthode très pratique et la plus
utilisée, qui est basée seulement sur la température centrale et qui peut être menée à terme
par du personnel non professionnel médicalisé et avec peu d´expérience (1) :
•
Degré I. Patient conscient et tremblant (35-32ºC).
•
Degré II. Patient somnolent qui ne tremble pas (32-28ºC).
•
Degré III. Patient inconscient mais avec des signes vitaux présents (28-24ºC).
•
Degré IV. Absence de signes vitaux ; mort apparent (24-13ºC).
•
Degré V. Mort par hypothermie irréversible (température central inférieur à 13ºC).
Des patients sévèrement hypothermiques sont ranimés avec succès après plusieurs heures en
asystolie. Le cas décrit ayant la température centrale la plus basse a pu être réanimé sans
lésions neurologiques qui a atteint 13,7ºC (12). Évidemment, le défi majeur pour les cliniciens
est la différence entre les degrés IV et V de la victime. Les données qui différencient le degré V
sont :
1. - Le thorax et l'abdomen ne sont pas compressibles.
2. - Le cœur est toujours en asystolie (au degré IV il peut y avoir de l'asystolie ou de la
fibrillation ventriculaire).
3. - La température centrale est inférieure à 13ºC.
4. - Le potassium est supérieur à 12 mEq/L.
Naturellement, toutes les victimes atteintes d´hypothermie ne peuvent être ranimées;
l'hypothermie peut être la conséquence et non pas la cause de mort et par conséquent il est
déconseillé de réanimer et de réchauffer ces patients. Il est important de mentionner que
quelques blessures létales sont contre-indiquées pour la réanimation.
Les victimes d'avalanches, le temps d'enterrement à la neige et la présence d'un trou d'air près
des voies respiratoires sont des facteurs « pronostics ». Les victimes enterrées plus de 35
minutes sans trou d'air ne survivent pas. Malgré tout, avec un temps d'enfouissement
supérieur à 35 minutes mais avec trou d'air, traiter l'hypothermie peut être la clé de la survie
de la victime après l'extraction. L'extraction doit être soignée et douce puisque une
manipulation négligé peut produire fibrillation ventriculaire ou asystolie. En absence de signes
vitaux, quand on suppose que la victime est en asystolie et la température centrale est
supérieure à 32ºC, à la réanimation on ajoutera le support vital avancé selon protocole
habituel. Si succès, le patient sera transporté dans un centre hospitalier avec des possibilités
d'assistance intensive. S'il n y a pas de succès après 20 minutes de réanimation on peut
considérer le patient mort. Dans le cas d'enfouissement prolongé, si la température centrale
est inférieure à 32ºC en présence d´un trou d'air et sans obstruction des voies respiratoires
par neige ou par vomissement, on supposera qu´il s´agit d'hypothermie sévère degré IV ; dans
ce cas on commencera le support vital avancé et le réchauffement. Malgré ceci, si la voie
aérienne se montre obstruée, la victime se considérera non réanimable.
Algorithme de l'assistance pré-hospitalière du patient avec hypothermie accidentelle sévère.
Algorithme 1.
(Légende : SVA : support vital avancé. RCP : réanimation cardio-pulmonaire. PIAR : protocole
d'induction anesthésique rapide. UCI : unité de soins intensifs. CEC : circulation
extracorporelle.
1ere. exploration
oui
Réactif?
Non
Trembler?
Lésions mortelles
oui
Non
oui
Déclarer
mort
Non
Respire?
Non
Si. Capacité cardiaque suffisant.
Enlever vêtement mouillé.
PIAR, intubation et ventilation
Isolation thermique
Nourriture et boisson chaudes
Peut-il avaler.
Réchauffement passif
Il y a pouls central?
oui
Non
SVA
Intuber
Ventilé
Réchauffement
externe o air chaud
Maximum 3 défibrillations
Drogues vasoactives
RCP seulement s il peut
être maintenu
continuellement
Enlever vêtement mouillé
Isoler
Manipuler soigneusement
Réchauffement actif optionnel
Considérer transfert à hôpital en
cas de lésions
Réchauffement externe ou air chaud
Transfert sous support vital vers hôpital avec UCI i CEC
Guides de réanimation deuxième selon le degré d'hypothermie.
Degré I. Fournir des vêtements et isoler du vent, de la pluie et de la neige. Donner des
boissons chaudes et sucrées et de la nourriture. Encourager à trembler ou à faire de l´exercice,
dans la mesure où ce soit possible, pour générer de la chaleur. On doit considérer la possibilité
d'évacuation si on suspecte une lésion occulte ou quelque comorbidité existante qui ait pu
précipiter l'hypothermie, comme par exemple les indigestions d'alcool ou autres toxiques.
Degré II. Le patient ne tremble pas et est vulnérable aux troubles du rythme par une
manipulation âpre ou non soigné. On doit assister en décubitus latéral pour protéger la voie
aérienne (sauf, évidemment, dans le cas de soupçon de lésion de la colonne vertébrale), on
doit le réchauffer avec les moyens dont on dispose . S'il maintient les reflexes nausées, il est
capable d'avaler sans risque de broncoaspiration, des boissons chaudes et sucrées et des
aliments doivent être donnés. Transférer dans un hôpital ayant des possibilités de soins
intensifs. Les victimes d'avalanche ou d'accidents aquatiques qui ont été enterrés dans la neige
ou submergés mais qui ont survécu, auront des risques élevés de complications respiratoires
comme œdème pulmonaire, embarras pulmonaire ou pneumonitis par broncoaspiration (13).
Degré III. Le patient présente une réduction de la conscience et doit se considérer à un pas de
la fibrillation ventriculaire ou de l'asystolie s'il est manipulé de façon inappropriée. On
considère prudent de procéder à une intubation et à une connexion à ventilation de manière
que la voie aérienne soit protégée et cela optimisera la ventilation, mais seulement si on peut
maintenir ce traitement pendant le transport. Obtenir une voie veineuse peut être difficile
pour la vasoconstriction et pour les conditions environnantes mais essentiels pour une
séquence rapide d'induction anesthésique et d'intubation. Il y a un risque pour que la
laryngoscopie et l'intubation précipitent la fibrillation ventriculaire ou l'asystolie et que le
temps nécessaire pour la manœuvre prolonge excessivement le temps d'extraction et
d'évacuation, chaque cas doit être évalué individuellement. On mettra en place des mesures
d'isolation et de réchauffement pour minimiser les pertes de chaleur ultérieures. Transfert
vers un hôpital tertiaire avec des possibilités de réchauffement central par voie BCE (pompe
circulation extracorporelle) ou avec ECMO (ExtraCorporeal Membrane Oxygénateur).
Degré IV. Patient sévèrement hypothermique et apparemment mort. Reflexes tendineux
absents, pupilles mydriatiques et non réactives à la lumière. La réanimation cardio-pulmonaire
(RCP) doit être commencée immédiatement à condition qu´une fois le procès commencé on
puisse le continuer jusqu'à l´arrivée à l'hôpital de référence (14, 15). Cette affirmation
s'explique parce qu´en hypothermie sévère il est difficile de confirmer la présence de rythme
cardiaque ou de ventilation spontanée et que la RCP peut provoquer, par elle même,
l'apparition de fibrillation ventriculaire, l'arrêter pourrait être mortel pour le patient. Ces
victimes doivent être transportées immédiatement à un hôpital tertiaire avec des possibilités
de CEC ou ECMO ; les déplacer de façon initiale à un hôpital sans ces possibilités peut faire
perdre un temps précieux pour la survivance du patient. En situations plus isolées ou
lointaines, sans hôpital tertiaire à des kilomètres, d´ autres méthodes de traitement peuvent
être utilisés (16).
Support vital avancé en hypothermie.
Intubation et connexion à ventilation mécanique avec stratégie ventilatoire protectrice
(Pression finale d'expiration positive élevée [PEEP], volume courant bas). Palper le pouls
carotide ou, s'il est possible, d'observer la courbe de l'électrocardiogramme pendant plus de
60 secondes avant de conclure à une asystolie et à une absence du débit cardiaque. Si la
victime n'a pas de pouls carotide ou il y a des doutes, commencer la réanimation cardiopulmonaire immédiatement (Rappeler l'observation antérieure mentionnée : seulement dans
le cas où l´on peut continuer le traitement jusqu'à l'arrivée à l'hôpital). La relation massage
cardiaque / ventilation doit être la même que pour le patient normothermique : 60
compressions et 15 inspirations par minute. Les liquides intraveineux doivent être chauds /
tempérés et pas à température ambiante. Les solutions avec du lactate (Ringer, Hartmann) ne
doivent pas être utilisées car en hypothermie la métabolisation hépatique du lactate peut être
affectée, en ayant acidose lactique plasmatique franche (17). Il a été démontré que
l'adrénaline améliore la perfusion coronaire en asystolie par hypothermie, mais n'augmente
pas la survie, par les expériences faites sur les porcs (18, 19). L'adrénaline et d'autres drogues
vasoactives doivent être données avec beaucoup de prudence et sous connaissance d'expert
quand la température centrale est inférieure à 30ºC pour deux motifs : a) les récepteurs
adrénergiques répondent mal à des basses températures et b) la diminution du métabolisme
des drogues peut amener à des concentrations plasmatiques pouvant être toxiques par une
drogue donnée à plusieurs reprises, pouvant produire des effets non désirables quand la
température centrale augmente. L'amiodarone présente les mêmes problèmes (20). Lorsque la
température centrale, par un réchauffement, est supérieure à 30ºC, les intervalles entre les
successives doses des médicaments sont multiplier par deux jusqu'à ce que la température
centrale se rapproche de la normalité ; à partir de là les doses peuvent être habituelles pour
n'importe quelle réanimation. Les troubles du rythme qui apparaissent en hypothermie, sauf la
fibrillation ventriculaire, tendent à se résoudre spontanément quand la température centrale
se normalise. La bradycardie sinusal peut être considérée physiologique et il n´est pas
nécessaire d´utiliser l´ holter sauf s'il persiste après le réchauffement. La défibrillation peut
être utilisé avant l'arrivée à l'hôpital, mais pas plus de trois fois si elle n'est pas effective, bien
que la fibrillation ventriculaire ou la tachycardie ventriculaire persistent après trois décharges,
jusqu'à ce que la température centrale soit supérieure aux 30ºC (21, 22).
Effet de rechute (Afterdrop).
On appelle l'effet de rechute ou "afterdrop" la diminution constante de la température
centrale quand la victime a déjà été protégée du froid et qui apparaît pendant le
réchauffement, aussi bien externe qu'interne. Il est important de garder en mémoire la raison
de la diminution de la température centrale qui peut provoquer une fibrillation ventriculaire
malgré le commencement du réchauffement (23). Cela est dû à la redistribution de sang
provenant de territoires froids qui retourne au noyau central quand le débit cardiaque
réapparait par des manœuvres de réanimation ou de réchauffement (24, 25, 26).
Collapsus péri-rescapés.
Il existe beaucoup d'exemples de victimes qui ont été rescapée dans un état, apparemment
stable et conscient, qui présentent une situation de collapsus avec des symptômes que
commence de la syncope jusqu'à la fibrillation ventriculaire et l'asystolie (27). Des morts
subites se sont produites, avant, pendant ou immédiatement après le sauvetage ; et 24 heures
plus tard (28-30). L'extraction verticale de la victime peut augmenter ce risque par pertes de
liquides importantes (27) ; ceci peut être évité en gardant horizontalement la victime.
Isolation et réchauffement.
Les mesures générales sont les suivantes : protéger du froid, manipuler soigneusement le
patient, retirer tous ses vêtements mouillés, normalement en les coupant. La victime doit être
isolée du sol et protégée du vent, de la pluie ou de la neige. Le réchauffement peut être :
A) Endogène (en aidant le patient à trembler ou à faire de l´ exercice et à produire sa propre
chaleur).
B) Externe passif (couvertures en ambiance chaude, permettant que la production endogène
de chaleur chauffe graduellement le patient. C´ est une méthode qu'on peut seulement utiliser
sur des patients conscients souffrant d'hypothermie modérée).
C) Externe actif (application de chaleur avec des sacs chimiques ou d'eau chaude ou avec des
tapis électriques).
D) Interne actif (infusion de liquides intraveineux chauds, air inspiratoire humidifiant et chaud,
lavés avec du sérum chaud d'estomac, cavité pleurale, péritonéale ou vésical. En dernier lieu le
réchauffement avec circulation extracorporelle.
Réchauffement pré-hospitalier.
Lors de la première assistance, le plus important est d'éviter que la victime continue de perdre
de la chaleur et par conséquent, qu´il y ait diminution de la température centrale et
augmentation du risque de fibrillation ventriculaire. Le réchauffement actif doit commencer
durant la première assistance, étant sous entendu que la manipulation du patient rescapé soit
sure et sous contrôle. La méthode la plus pratique et facile pour le réchauffement est de
placer des bouillottes chaudes ou similaires sur la peau dans les zones où passent les grands
vaisseaux (cou, aisselles, thorax, abdomen et aines) (31). Administrer de l'air ou de l'oxygène
humidifié et chaud ont quelques avantages, si l´on dispose de la technologie nécessaire (32,
33). La technique appelée "des anastomoses arterioveineuse" peut être utile dans un
campement de base ou dans un navire en haute mer : les bras et/ou les jambes sont
submergés dans l´ eau à 42-45ºC en essayant d´acquérir un réchauffement entre 6,1 et 9,9ºC
par heure respective (35). Les anastomoses arterioveineuses des doigts, des mains et des pieds
agissent comme des échanges de chaleur dans cette technique si élégante. L'immersion
complète du corps dans de l´ eau chaude est contre indiqué parce que le réchauffement rapide
de la superficie peut provoquer une vasodilatation massive, de l´hypotension, des dirimes et
un collapsus cardiovasculaire.
Soins intensifs hospitaliers.
Algorithme 2.
Soins intensifs
Traitement des traumatismes et hémorragies
Réchauffement simultané
Hémodynamique stable
“Rythme de perfusion”
Hémodynamique instable
“Sans rythme de
perfusion”
Réchauffement lent
1-2ºC par heure
Réchauffement rapide
plus de 2ºC par heure
Bourses chaudes
Ventilation avec air chaud
Réchauffement externe
Circulation extracorporel
Lavage pleural ou vésical
ECMO.
Correction simultané de troubles
métaboliques
Algorithme 3. Traitement dans une Unité de Soins Intensifs des Hôpitaux de 2e et 3e niveaux
Evaluation Initiale
Monitorisation
Hª Clinique. Etiologie de l’
hypothermie. Présence
d’asystolie. ECG. Température
centrale. Exploration clinique.
Rx Thorax. Analyses: urée,
glucose, ions, équilibre acidebase, gazométrie,
hémogramme, coagulation.
ECG. Tª central. TA. PVC.
Diurèses. Ion. Glucose.
Equilibre acide-base.
Hémogramme. Coagulation.
Si asystolie:
support vital
avancé
jusqu à
TªCentral>32
ºC
Réchauffement adéquat
. Phosphore
Si Tª > 30ºC-32ºC
- Défibrillation
- Holter
- Anti-arythmiques
Exploration et diagnostic
Selon Tª central.
Lésions traumatiques associés
Situation clinique de la victime.
Pathologie associée
Expériences de l’ équipe réanimateur.
Traitement soigné de la
victime
. Potassium
Election de la technique de
réchauffement
Techniques disponibles.
Contrôle arythmies.
TA 70- 100 mmHg.
Contrôle électrolytique
Il est préférable: SpO2, SVCO2,
débit cardiaque (sans
cathétérisation pulmonaire).
Glycémie 110-180 mg/dL/6-10 mmol/L.
SaO2 94-96%
Autres mesures
Volémie adéquate:
Assurer:
PVC 7-12 mmHg
Ventilation
Reposer avec SF chaud 3740ºC
Oxygénation
- 500 mL en 5-10 min
chaque 20 min
V.
Mécanique
Contrôle
fréquent
de la
glycémie
Contrôle
Coagulation
Hb ≥ 9 g/dl
Traitement
étiologie de la
hypothermie
- 30 mL/kg en 30 min
Si Tª > 30ºC i TAM <70,
Evaluer:
- Noradrénaline
- Dopamine
- Dobutamine
Le traitement hospitalier de l'hypothermie doit être la continuité de la première assistance
(extraction, évaluation, protection, réanimation) et de la deuxième assistance (surveillance,
réchauffement, réanimation, transport). La stabilité cardiovasculaire, est seulement atteinte
lorsque la température centrale cesse de diminuer et que le réchauffement a commencé. Les
corrections métaboliques, les troubles hydroélectrolitiques et le replacement des liquides
intravasculaires doivent être faits de façon parallèle. À l'hôpital, la mesure de la température
oesophagique ou vésicale est plus démonstrative de la réalité que la rectale.
Ni la méthode ni la vitesse de réchauffement ne dépendent de la température centrale. La
décision dépendra de la présence ou de l´absence de rythme cardiaque qui permettra (ou non)
une bonne perfusion périphérique. Les patients qui souffrent de l'hypothermie sévère mais
ayant un bon rythme cardiaque et une perfusion adaptée peuvent être réchauffés avec de l'air
chaud ; cette méthode a été effective et permet ainsi une bonne récupération fonctionnelle
(36, 37).
En présence d'asystolie et d'hypothermie sévères, la priorité est de restaurer un bon rythme
cardiaque. Le réchauffement doit être rapide (plus de 2ºC par heure) en utilisant des
méthodes invasives. Un hôpital qui ne dispose pas de systèmes de pompe de circulation
extracorporelle (BCE) ou un oxygénateur extracorporel de membrane (Extra Corporeal
Membrane Oxigenator ; ECMO) le réchauffement seulement peut se faire par hémofiltration
vénoveineuse ou arterioveineuse (38, 39) ou par lavage des cavités pleurales, péritonéales ou
vésicales avec du sérum chaud ce qui permet de chauffer le cœur et les grands vaisseaux.
Quelques cas d'ischémie mésentérique avec de mauvais résultat ont été trouvés, après un
réchauffement avec lavage péritonéal. Au moment de la sélection de ces patients sur le lieu
de l'accident, il n'y a aucune raison d´évacuer des patients hypothermiques ayant asystolie ou
fibrillation ventriculaire dans un hôpital sans BCE ou de l'ECMO puisque ces techniques sont
celles qui se sont montré les plus adéquates pour le réchauffement des patients avec asystolie
(40-43). Une fois récupéré la stabilité hémodynamique, il est recommandé de continuer le
traitement standard de réanimation et les révisions, car il sera nécessaire de poursuivre le
séjour dans une unité accueillant les patients critiques d'un hôpital du 2e ou 3e. Niveau. Il n'y a
aucunes preuves que la prescription de corticostéroïdes ou d'antibiotiques soit efficace sauf
dans le cas de problème infectieux ajouté (44).
Une alternative d'organisation d'assistance aux victimes d'hypothermie accidentelle à long
terme, serait de renforcer l'utilisation des systèmes d' hémofiltration venoveineuse ou
arterioveineuse dans les hôpitaux de deuxième niveau, ce qui représenterait deux avantages :
•
Une technique plus accessible, moins chère et sûrement plus proche de l'accident, que
les systèmes BCE ou ECMO, des hôpitaux tertiaires, bien qu'il ne soit pas prouvé
l´efficacité sur les patients avec asystolie ou fibrillation ventriculaire.
•
Ce système a l'avantage en plus que le circuit peut fonctionner sans héparine, ce qui
peut être utile sur les patients ayant des traumatismes qui contre-indiquent le
réchauffement avec BCE ou ECMO. De cette façon, ils pourraient évider le
déplacement vers un hôpital tertiaire, normalement plus éloigné.
Bases du réchauffement extracorporel.
La vitesse de réchauffement peut être si élevée qu´il peut atteindre 10ºC par heure. La
récupération complète sans lésion neurologique est possible même après 2 heures en
asystolie. L'index de survie peut être de 64% de ces patients qui ne présentaient pas d'asphyxie
préalable à l'hypothermie. En revanche, ces patients hypothermiques par immersion ou
enterrés par une avalanche avant l'hypothermie, ont un très mauvais pronostic (45) par
asphyxie préalable à l'hypothermie.
La vitesse de réchauffement dépend de la relation entre la température du sang et du flux que
la pompe extracorporelle permettra. En chirurgie cardiaque élective est reconnu comme
gradients de température élevés entre le sang du circuit et la température centrale du patient
qui ont un pronostic neurologique très mauvais (46). Normalement, une pompe avec un
gradient circuit/patient entre 5 et 10ºC est utilisée et permet le réchauffement interne et
externe en même temps, en minimisant l'effet "afterdrop". La température du sang non
réintroduit doit jamais dépasser les 40ºC puisque des températures plus élevées produisent
une dénaturalisation cellulaire et humorale des composants du sang.
Avec le changement de température la solvabilité du CO2 et du pH du sang changent, parce
que les gazométries de sang artériel, qui basés sur l´échantillon à 37ºC, peuvent ne pas
refléter la réalité du patient. Cliniquement, avec le réchauffement, une alcalose respiratoire
apparaît, plus ou moins affectée par d´autres variables comme l'acidose métabolique
préalable. Il y a encore débats sur la meilleure façon pour traiter le pH et la ventilation du
patient en ce moment. Le traitement sous forme "pH-stat" maintient le pH stable en apportant
CO2 extra à la ventilation du patient. Le traitement sous forme "Alfa-stat" se base sur la
diminution de la ventilation pour maintenir le pH stable à 7,40. Le comité d'experts des
associations mentionnées à l'introduction recommandent la méthode "Alfa-stat".
Appareils pour le réchauffement extracorporel.
Nous pouvons classifier les indications en deux situations : 1) Patients avec un débit cardiaque
présent et suffisant et 2) Patients avec un débit cardiaque inexistant ou insuffisant.
Patients ayant un débit cardiaque suffisant.
1) Circuit de réchauffement venoveineux. C´est un circuit simple qui consiste en une
tubulure large (30 French = 0,38 pouces = 9,5 mm), une pompe centrifuge et un
échange de chaleur (par exemple le modèle ECMO - Extracorporeal Membrane
Oxygenator- Therm (Medtronic). L'accès percutané, de façon préférentielle sur une
veine fémorale. Le circuit peut fonctionner sans héparine ce qui représente un
bénéfice évident pour les patients avec des traumatismes. Le placement de cathéters
fémoraux de cette épaisseur oblige à une dissection vasculaire (Collaboration de
chirurgien vasculaire ou de chirurgien cardiaque).
2) Hémofiltration venoveineuse continue. Système similaire à l'antérieur mais avec la
possibilité de dialyse en cas d'insuffisance rénale. Malheureusement, ce système a une
capacité de flux limitée à 500 mL/minute (Multifiltrate, Fresenius) ò 450 mL/minute
(Prisma Flex, Hospal ò Aquarius RCA, Edwards) ce qui limite la capacité de
réchauffement.
Les deux systèmes peuvent être utilisés sur des patients en asystolie dans la mesure où l´on
maintiendra continuellement le massage cardiaque et la réanimation cardio-pulmonaire
complète. Malgré tout, le réchauffement doit être extrêmement lent, puisque le
réchauffement ne doit pas être supérieur au volume cardiaque qui peut être obtenu avec le
massage cardiaque extérieur (à peu près 20% du normal) (39) pour ne pas déséquilibrer la
balance entre l'apport et la consommation d'oxygène aux tissus.
Patients en asystolie ou fibrillation ventriculaire.
1. - Pompe de circulation extracorporelle (BCE) : c'est un système classique utilisé dans les
unités de chirurgie cardiaque. On peut utiliser un circuit pour adultes pour tout patient ayant
un poids supérieur à 40 kg. Les patients avec un poids inférieur auront besoin d'une équipe qui
dispose seulement d´unités de chirurgie cardiaque pédiatrique. Les flux qui garantissent le
meilleur support d'échange de gaz et du débit cardiaque sont à partir de 2,4 L/m2/minutes. En
chirurgie cardiaque, le sang provenant de la veine cave est dérivé vers un réservoir veineux
puis à une pompe (centrifuge ou de rouleaux). La pompe pousse le sang à un oxygénateur de
membrane (fait avec de la fibre vide de « polipropilé ») avec échange de chaleur.
Normalement il y a un filtre relié à la ligne artérielle qui élimine les impuretés possibles avant
le retour au système artériel (aorte). Il dispose aussi d'un système de succion qui récupère le
sang pendant les interventions chirurgicales et la transmet au lit vasculaire. Avec le circuit en
fonctionnement, on peut pratiquer une cardioplègia et une cardiotomie, ce qui ne sera pas le
cas pour la plupart des patients en hypothermie. Ce circuit comprend plusieurs zones où le
sang est stationnaire, cela demande une héparinisation complète (3 mg/heure par kg de poids)
évidemment une contre-indiqué pour les patients ayant des traumatismes graves,
spécialement cranioencéphaliques.
Le circuit a un traitement relativement complexe et requière une personne experte
(perfusionniste). Une équipe chirurgicale spécialisée est aussi nécessaire puisque l´on accède à
la canulation de la veine cave et de l´aorte par une sternotomie moyenne. Cette technique a
l'avantage d´être rapide pour une équipe experte et elle permet la décompression directe du
ventricule gauche qui peut être dilaté spécialement en situation de fibrillation ventriculaire
(canule de décompression à auricule gauche ; normalement, la fibrillation ventriculaire
retrouve un rythme sinusal avec la décompression).
L'autre avantage de ce système c´est que dans le cas d´un traitement pour enfants, les
vaisseaux fémoraux ne peuvent pas être utilisés à cause de leur calibre. Pour ces enfants, on
avait l´habitude d´effectuer une canulation de la veine jugulaire et de l'artère carotide. La
ligature temporelle de ces vaisseaux a fait que la fréquence de lésions cérébrales a été
augmentée (48). Pour ce motif, on préfère, maintenant, utiliser ce système de sternotomie
pour connecter la BCE aux enfants en bas âges.
Pour les enfants plus âgés ou adultes, la canulation des vaisseaux fémoraux est possible, soit
par technique percutanée soit par dissection (49). Les tailles habituelles des cathéters sont de
28-30 French par veine et de 21-23 par la ligne de retour artériel ; de cette manière les
extrêmités des deux cathéters restent approximativement à un niveau diaphragmatique.
Même les patients qui ont une température centrale inférieure à 14ºC peuvent se réchauffer
en 1-2 heures par le système de BCE. Le réchauffement complet se confirmera avec la mesure
continue de la température (vésicale, œsophagienne). On doit arriver, au moins, à une
température centrale non inférieure aux 35ºC avant de pouvoir retirer la BCE. Après la
déconnexion de la BCE, l'héparine s’oppose à la protamine, la coagulopathie se corrige par
transfusion de plaquettes, plasma et cryoprécipités suivant les besoins. Les antifibrinolytiques
(acide tranéxamique, aprotinine) peuvent être utiles en cas d'hémorragie post-BCE, aussi bien
le facteur VII activé en recombinant (Novoseven, Novo-Nordisk).
2. - Oxygénateur de membrane extracorporelle (ECMO) : ce système utilise une technologie
similaire à celle de la BCE pour fournir du support cardiorespiratoire prolongé aux unités de
médecine intensive. Il a quelques avantages sur la BCE pour la réanimation des patients avec
hypothermie accidentelle sévère.
•
Le circuit est déjà dessiné pour éviter les zones de stase du sang, afin d´empêcher une
accumulation veineuse et un système de succion du sang débordé pendant les
interventions chirurgicales. Ce système permet que la décoagulation soit faite avec des
doses d'héparine très inférieures à celles utilisées au système BCE. Avant la canulation,
seulement est administré 1 mg/kg et l´entretien se fait avec 0,3-0,6 mg/kg/heure
(déterminer selon l'index de coagulation qui s´utilise à l'hôpital pour essayer de
maintenir le temps de coagulation double qu´habituel). En cas de traumatismes ou de
saignement, on peut utiliser des microdoses d'héparine (0,1 mg/kg) ou utiliser ECMO
sans héparine pour des courtes périodes (48). L'infusion d'aprotinine peut être utile
pour réduire le saignement tandis que le patient est connecté à ECMO.
•
Le système ECMO peut être utilisé pour donner une oxygénation supplémentaire
prolongée en cas d'insuffisance respiratoire par œdème pulmonaire ou par embarras
respiratoire. Pour les patients qui ont un traumatisme thoracique ou les victimes
d'immersion, une lésion pulmonaire ou insuffisance respiratoire peut se présenter ce
qui demandera une oxygénation supplémentaire après le réchauffement.
•
Le système ECMO produit une réponse inflammatoire systémique très inférieure au
système BCE (50).
Pour les patients hypothermiques en asystolie ou fibrillation ventriculaire, le plus fréquent est
d'opter pour la connexion ECMO de forme arterioveineuse par voie fémorale. De cette façon,
avec les canules (30 cm) peu distantes du cœur on peut maintenir un débit cardiaque
suffisant. De toute façon, théoriquement il est possible de le connecter sous forme
venoveineuse, toujours et quand le massage cardiaque sera maintenu (43). Il faut y faire très
attention pour qu´il n´y n'entre pas d'air dans le circuit, puisque le système ECMO n'est pas
préparé pour recevoir de l'air (il ne dispose pas de pièges de bulles), de sorte que des bulles
d´air peuvent s´introduire facilement chez le patient, ce qui peut entraîner des lésions
neurologiques.
Les oxygénateurs de membrane actuels sont faits de « polimetilpentens » (PMP) couverts avec
de l'héparine, le plus souvent utiliser pendant des courtes périodes sans héparine
intraveineuse, particulièrement en présence de coagulopathie. Les circuits les plus anciens
sont faits de membranes de silicone et nécessite un volume important de sang pour les
nourrir et provoquent une réponse inflammatoire majeure en comparaison à ceux de PMP
(51).
La stratégie de réchauffement est la même que la BCE, en maintenant le gradient de
température du sang et de la température centrale entre 5 et 10ºC sans permettre que la
température du sang soit plus élevée de 40ºC. Cette stratégie permet le réchauffement de 510ºC par heure. Il peut être utile d'essayer la défibrillation une seule fois quand le
réchauffement a commencé, particulièrement quand la décompression cardiaque a été
pratiquée comme nous l´avons mentionné avant. De toutes façons, si la première
défibrillation n'était pas efficace, on doit reporter les tentatives suivantes jusqu'à ce que la
température centrale soit supérieure à 30ºC. Si la fibrillation ventriculaire reste résistante à
cette température, l'administration de magnésium ou d'amiodarone peut faciliter la
cardioversion.
Conclusions.
Les médecins qui travaillent sur le traitement de patients hypothermiques, que se soit dans
une tâche de secourisme ou que ce soit dans un hôpital, le défi le plus important est
d'identifier les patients qui peuvent bénéficier du transfert direct à un hôpital de haute
technologie. C´est une façon de réduire drastiquement le retard dans l'assistance définitive, en
évitant un deuxième transfert secondaire. Il est recommandé aux hôpitaux qui ne disposent
pas de pompe de circulation extracorporelle (BCE) ou d'oxygénateur de membrane
extracorporelle (ECMO) encouragent les médecins urgentistes à transporter le patient
directement à un hôpital tertiaire. Evidemment, sur cette décision des risques et des
avantages doivent être évalués en ayant présents les facteurs suivants :
•
Temps de transfert estimé vers un hôpital tertiaire du lieu de la première assistance. Si
le patient est en asystolie et il n'y a pas d'option, il faut qu'il soit transféré, sous
support vital, vers un hôpital tertiaire. La confection de la carte des isochronies de
transfert du réseau hospitalier du pays faciliterait la tâche des médecins d'assistance.
•
Évaluer la possibilité du transfert vers un hôpital de 2e niveau qui dispose de
technologie pour hémofiltration venoveineuse ou arterioveineuse continue si le
patient maintient un débit cardiaque minimal.
•
Le risque d'effet de retombée (Afterdrop) ou de collapsus au moment du secours, peut
rendre le sauvetage et la réanimation inutiles. Ce risque, toujours présent, ne peut
pas amener à l´obligation d´un second transfert d´un hôpital primaire à un hôpital
tertiaire. Dans ce cas on retarderait le traitement définitif et on augmenterait les
risques de transfert.
•
La vulnérabilité du patient selon l ´addition de toutes les lésions, spécialement les
traumatiques, diagnostiquées.
•
Les avantages techniques qu'un hôpital tertiaire peut offrir.
L'ancien adage dit " Avant de confirmer le décès, aucun hypothermique est mort jusqu'à ce
qu´il revienne à sa température ambiante" continue d´être véridique.
La recommandation finale est d´effectuer le transfert le plus rapidement possible vers les
hôpitaux ayant la capacité technologique pour accueillir les patients hypothermiques en
asystolie ou fibrillation ventriculaire.
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