L’ENTREPRENEURIAT ET LES ENTREPRENEURS EN ALGÉRIE
.1 Recherches actuelles
Les recherches sociologiques récentes portant sur les PME et PMI sont relativement
nombreuses en France et en Europe (B. Courault, P. Trouvé, 2000). Parmi elles, l’analyse des
entrepreneurs acteurs et promoteurs de création et de développement de petite entreprise et de
projets nouveaux prendrait corps dans une sociologie de l’entrepreneuriat qui s’inscrirait dans
le débat contemporain relatif à la sociologie de l’entreprise (A. Touraine ; R. Sainsaulieu ; D.
Segrestin ; N. Alter). L’entrepreneur comme acteur central et l’entrepreneuriat comme
stratégie de dynamisation de l’entreprise et de l’économie de marché seraient les deux faces
d’une même réalité dans les sociétés développées économiquement. Un regain d’intérêt dans
la recherche française et européenne se développe dans un champ recouvrant les notions telles
que l’innovation, l’entrepreneur, la création d’entreprise, les projets et les nouveaux produits,
le processus entrepreneurial. Les théories économiques ont ignoré l’entrepreneur (hormis
Schumpeter, 1965), ont négligé le rôle de l’esprit d’entreprise et les rôles des communautés
sociales. Les théories sociologiques ont proposé de multiples interprétations sur les processus
de l’entrepreneuriat, tant les interprétations « classiques » (K. Marx 1867, M. Weber 1921)
que les travaux plus récents (W. Plum 1977, H. Vérin 1982, D. Segrestin 1987, 1990, R.
Laufer 1993, 1996 , G. Minguet 1985, 1993, P. Trouvé 1989, 2000). L’entrepreneur s’affirme
comme acteur central porteur de nouvelles dynamiques économiques et sociales. Les
conduites entrepreneuriales sont étroitement articulées aux modèles de développement d’une
société (G. Minguet). Le processus d’entrepreneuriat est ainsi spécifique à un pays, à une
culture. Il est en fait « socialement construit et investi par des affects et des cognitions, des
interactions et des règles, une mémoire et un futur, des routines antérieures et des
apprentissages en cours. C’est donc réaffirmer le fait que paradoxalement les régulations
sociales émergent des échanges politiques et des transactions économiques en même temps
qu’elles sont constamment travaillées et remises en cause par eux » 1. Autre facette,
l’entreprise est analysable comme un espace socioculturel directement influencé par les profils
familial et socioprofessionnel et par les valeurs de ses créateurs et dirigeants. Dans le champ
des PME et PMI, les profils de dirigeants ont fait l’objet de plusieurs recherches soulignant la
diversité de ces profils et les conséquences de leurs spécificités sur le développement et le
fonctionnement de l’entreprise (J. Bunel et J. Saglio, 1976 ; H. Weber, 1988 ; P. Trouvé, 1992
; G. Minguet, 1993 ; M. Bauer, 1993 ; R. Ardenti et P. Vrain, 1998).
Peu de travaux de recherche portent sur les entrepreneurs algériens au sein de l’économie
algérienne. Les travaux de Bourdieu portant plus généralement sur le travail et les travailleurs
(1964), la thèse de Liabès (1984), le travail de Peneff (1981) et la publication de Henni (1984)
1 G. Minguet, Chefs d’entreprise dans l’Ouest, Paris, PUF, 1993, p. 112.
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