Texte téléchargé de www.wcaanet.org/events/webinar dans le cadre du séminaire virtuel EASA/ ABA / AAA
/ CASCA 2013
©2013 Harvey
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utilisés, les analogies, les répétitions et les styles. Nous avons essayé d'enseigner à nos ethnographes novices
que toutes sortes de choses inattendues, actions et paroles, peuvent être intéressantes. Notre travail a été de
faire participer les gens, mais aussi de suivre comment cette participation a évolué. Nous savions que de
petites choses qui semblaient peu significatives ou non pertinentes lorsqu'elles étaient énoncées pouvaient
devenir cruciales afin de comprendre autre chose ultérieurement. À nouveau, tout comme pour la négociation
de l'accès, trouver des façons de mener des entretiens ou des conversations informelles ne présentait pas en
soi un obstacle majeur à nos collaborations. Nous avons tous trouvé notre chemin. Nous avons ri au moment
de décider si tel ou tel commentaire ou événement était « intéressant » mais la plaisanterie a évolué pour
aborder des différences plus fondamentales, à savoir pourquoi et comment quelque chose devient «
intéressant ». Devenir « intéressant » dans ce contexte revenait à savoir si des observations sur le terrain
avaient le potentiel de devenir anthropologiquement intéressantes.
Notes de terrain : Cette traduction de l'observation en connaissance anthropologique potentielle est
apparue comme un problème dans notre ambition de partager des notes de terrain. Nous avions envisagé
d'utiliser les notes les uns des autres lorsque nous serions prêts à formuler des arguments ethnographiques.
L'un des membres anglophones de l'équipe avait beaucoup écrit et en espagnol. Le résultat était un
enregistrement merveilleux de ses observations. Mais ces notes étaient aussi assez problématiques. Le fait
d'écrire en espagnol, et pour être lue par d'autres, a changé ce qu'étaient les notes de terrain pour cette
chercheuse, et l'a amenée, de plusieurs façons, à ressentir une certaine distance avec ses propres
observations. Et alors que les notes en espagnol étaient maintenant disponibles pour être lues par tous les
membres de l'équipe, les rythmes du travail sur le terrain et de la prise de note sur le terrain laissaient peu de
temps pour lire les vastes notes des autres en détail. Les informations étaient plus utilement partagées lors
des réunions hebdomadaires, lorsque les membres de l'équipe parlaient de ce qu'ils avaient fait et
comparaient leurs notes sur ce qui était « intéressant », soulignant les points d'intérêt commun au fil de la
conversation qui était toujours plus fluide et facilement collaborative que la tentative de créer une ressource
collective de notes de terrain partagées. Cependant, nous ne pouvions pas abandonner la nécessité de notes
partagées car les chercheurs principaux savaient que nous aurions besoin de ces notes au moment d'écrire la
monographie anthropologique que nous souhaitions produire dans le cadre de ce projet. Il y avait ici un
problème linguistique, car nous avions besoin que les notes de terrain enregistrent des descriptions riches des
événements, concepts et gestes, tout en continuant à développer la perception de ce qui était « intéressant ».
Les notes de terrain sont toujours personnelles car hautement sélectives. Cette sélectivité est guidée par des
sensibilités qui n'étaient pas partagées, mais liées, en termes anthropologiques, à ce que nous avions lu, aux
personnes avec qui nous dialoguions, aux types d'anthropologie que nous valorisions, aux conversations dans
lesquelles nous cherchions à intervenir. Donc, même si les notes de terrain n'avaient pas à être analytiques,
nous avons rapidement découvert que, dans la perspective des chercheurs principaux, les notes de terrain des
autres membres de l'équipe pouvaient être riches et utiles, mais seulement jusqu'à un certain point. Il y aurait
toujours aussi des manques problématiques. Nos propres notes de terrain étaient aussi incomplètes. Nous
écrivions beaucoup moins que nos collaborateurs. Mais les manques dans ses propres notes de terrain sont
d'un autre ordre. Notre mémoire enregistre certaines des façons d'apprendre avec le plus d'impact, les plus
incarnées, précisément ces choses qui ne sont ni pleinement conscientes ni communicables au moment où
elles sont enregistrées comme étant « intéressantes ». Nous avons aussi écrit de façon analytique dès le
début, isolant ce qui était « intéressant » en fonction de nos divers publics professionnels, principalement aux
États-Unis et en Europe.
Publication et engagement : J'aborde maintenant le domaine dans lequel la langue est venue entre
nous pour nous séparer. Les chercheurs principaux devaient négocier des différences dans leur écrit
collaboratif mais ces différences étaient familières et gérables. Notre collaboration était de fait explicitement
définie autour d'un intérêt commun pour les intérêts et les préoccupations de l'autre. Nous étions intéressés