Actualité (Fin) 1OMS. Hépatite C – Aide mémoire N° 164, juillet 2015. 2 Beaumont E, Patient R, Hourioux C, Dimier-Poisson I, Roingeard P. Chimeric hepatitis B virus/ hepatitis C virus envelope proteins elicit broadly neutralizing antibodies and constitute a potential bivalent prophylactic vaccine. Hepatology2013;57:1303-13. 3 Beaumont E, Roingeard P. Chimeric HBV-HCV subviral envelope particles induce efficient anti-HCV antibody production in animals pre-immunized with HBV vaccine. Vaccine 2015;33:973-6. Carte blanche Michèle Gennart Dr Phil. psychologuepsychothérapeute FSP Avenue Druey 1 1018 Lausanne [email protected] Aussi le droit de ne pas se droguer et d’ignorer le sexe ? Travaillant en clinique adulte, je n’entends que peu d’histoires d’enfants, mais lorsque j’apprends ce à quoi sont confrontés nos jeunes, j’ai quelquefois le cœur serré. Voici les deux dernières histoires qui m’ont été contées. Une jeune fille vient me trouver sur le conseil de son médecin traitant ; ensemble, il y a deux-trois ans, nous avions déjà reçu et accompagné quelques mois la famille – la mère et ses quatre enfants tandis que le père mourait d’un mauvais cancer. Cette jeune fille, âgée aujour­d’hui de 18 ans, arrive et pleure abondamment : elle vient de se séparer de son ami, qu’elle aime avec ardeur mais chez qui la consommation de substances est devenue de plus en plus envahissante et à risque. Le couple est en conflit depuis des mois autour de ce point litigieux. Elle qui a vu mourir son père, emporté par une maladie immaîtrisée, ne peut supporter de voir l’homme qu’elle aime choisir de s’exposer à des états physiques et psychiques aux confins de la vie ; elle assiste, impuissante, aux trips qui le lui rendent totalement étranger. De son côté, il lui repro­ che de laisser la peur dominer sa vie et d’être incapable de s’adonner au plaisir. Son www.revmed.ch 27 janvier 2016 74_75.indd 235 entourage entier, me dit-elle, collègues d’étude, enseignants, participent à ces soirées de consommation ; elle se sent marginalisée, hors norme et s’interroge sur sa possibilité de trouver une place dans ce monde. Et moi qui suis de la génération des années 60, je me surprends en train de tenter de la rassurer qu’elle a bien le droit de s’abstenir de participer aux drogues-parties, qu’elle n’en est pas pour autant anormale… Sa solitude, son égarement, son envie de vivre et d’aimer si douloureusement contrariée me touchent. Mais l’on sent en elle une force affirmative qui ne me fait pas trop craindre pour la suite ; elle trouvera son chemin et ses liens d’appartenance avec les « oui » et les « non » qui balisent son destin. Et voici la deuxième histoire. Une maman me raconte que son fils de 10 ans, Kilian, est accusé d’agressions sexuelles sur un petit voisin de 4 ans… Il devra être entendu par la police et passer en jugement. J’ai déjà rencontré cet enfant à qui j’ai parlé de la maladie chronique de sa mère (trou­ ble dépressif et somatoforme), et du fait que cette maladie ne comportait pas de menace vitale. C’était un enfant sensible, un peu maladroit, en sérieux souci pour sa maman. Après des semaines d’enquête et d’audition, il est innocenté ; la responsabilité des allégations d’abus est attribuée à la mère de l’enfant victime qui, en plus de le maltraiter physiquement, le baigne dans une ambiance hypersexualisée. Reste que le jeune Kilian s’est trouvé plongé, lui aussi, dans une sexualité traumatique dont il aura bien de la peine à se dégager – d’autant que des rumeurs circulent à présent dans le quartier et les cours d’école, laissant entendre qu’il serait, du haut de ses 10 ans, un sombre pédophile… Moi qui, comme enfant, avais tant envi­e de savoir ce qu’il en était des mystères de la vie, je me surprends à lui souhaiter de pouvoir tout oublier de ses connaissances sexuel­ les et de se retrouver, comme ma génération à son âge, dans un état de curiosité interrogative à la mesure de l’ignorance où nous étions plongés. Et toute ma compassion va à cette jeune génération à qui nous laissons un monde bien complexe, aux risques et aux charmes desquels nous n’avons pas forcément les moyens de les initier, qui nous devancent largement dans l’exploration de ce monde nouveau, tout en croyant – généreusement – que nous pouvons les y soutenir… CC BY Sonia Sevilla ce vaccin contre l’hépatite B. Or, des protéines chimères entre les enveloppes du VHB et du VHC ont récemment été mises au point.2 Elles ressemblent à celles du vaccin contre le VHB et ont l’avantage de contenir la totalité des protéines d’enveloppe du VHC, permettant ainsi de résoudre les problèmes de production et de purification des protéines d’enveloppe de ce virus. Ces particules vaccinales entraînent une réponse équivalente à celle induite par un vaccin commercial contre l’hépatite B. Ceci renforce l’idée que de telles particules vaccinales pourraient se substituer au vaccin actuel contre l’hépatite B, avec l’immense avantage de pouvoir aussi protéger contre le VHC. Ces particules ont aussi l’avantage de pouvoir être produites comme celles du vaccin contre le VHB, réduisant les délais et coûts de mise au point industrielle d’un tel vaccin. Enfin, ce vaccin pour­ rait être un vaccin « bivalent », protégeant à la fois contre le VHB et le VHC, qui sont tous les deux transmis par exposition à du sang contaminé. Plus récemment encore,3 il a été montré qu’une immunisation préalable avec le vaccin contre l’hépatite B ne gêne pas l’induction des anticorps anti-VHC par les par­ ticules chimères d’enveloppe VHB-VHC. Ce résultat est important car de nombreux pays ont adopté la vaccination contre l’hépatite B dès la naissance. Ce vaccin bivalent pourrait ainsi être utilisé soit en première intention pour induire une immunité contre les deux virus, soit en rappel de vac­ cination hépatite B pour restimuler la réponse immunitaire contre le VHB et induire une immunité protectrice contre le VHC. « Pour des raisons éthiques, le modèle du chimpanzé ne peut plus être utilisé pour tester l’efficacité de vaccins contre les hépatites virales, conclut le Pr Roingeard. Les résultats prometteurs obtenus en modèle de petit animal devront maintenant être confirmés par des essais d’immunisation chez l’homme. Ils nous indiquent d’ores et déjà que la mise au point d’un vaccin bivalent qui protégerait de l’infection par ces deux agents majeurs des hépatites virales humaines est une éventualité crédible. » 235 25.01.16 12:34