Hépatite C : situation épidémiologique et perspeCtives vaCCinales (2)

REVUE MÉDICALE SUISSE
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27 janvier 2016
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avancée thérapeutique
HÉPATITE C SITUATION ÉPIDÉMIOLOGIQUE
ET PERSPECTIVES VACCINALES 
Poursuivons et achevons la lecture des
communications faites dans le cadre d’une
séance thématique consacrée aux hépa-
tites – séance organisée, le 12 janvier, par
l’Académie nationale française de méde-
cine (Revue Médicale Suisse 502 du 20 jan-
vier 2016). Question d’actualité : où en est-
on quant au développement des recher ches
visant à la mise au point d’un vaccin con-
tre l’hépatite virale de type C ? La réponse
documentée a été apportée par le Pr Phi-
lippe Roingeard (Université François-Ra-
belais et CHRU de Tours ; Unité Inserm
« Morphogenèse et antigénicité du VIH et
des virus des hépatites »).
L’OMS résume assez simplement la si-
tuation. « A l’échelle mondiale, 130 à 150
millions d’individus sont porteurs chro-
niques de l’hépatite C, peut-on lire sur son
site.1 Pour un nombre important de per-
sonnes atteintes par la forme chronique
de la maladie, l’infection évolue vers la cir-
rhose ou le cancer du foie. Environ 500 000
personnes meurent prématurément, chaque
année, de pathologies hépatiques liées à
l’hépatite C. Actuellement, il n’existe pas
de vaccin contre l’hépatite C mais la re-
cherche dans ce domaine se poursuit. »
L’OMS ajoute : « Les médicaments anti-
viraux permettent de guérir environ 90 %
des sujets infectés par le virus de l’hépa-
tite C, réduisant ainsi le risque de décès
par cancer hépatique ou par cirrhose, mais
l’accès au diagnostic et au traitement est
insuffisant ». C’est là un terrible euphé-
misme qui justifie, s’il en était besoin, la
mise en place d’un vaccin – au même titre
qu’était justifiée la mise au point d’un vac-
cin contre l’hépatite virale de type B.
« De nouvelles molécules antivirales
sont désormais disponibles pour éliminer
l’infection par ce virus. Cependant, ces
médicaments sont très coûteux, et beau-
coup de personnes contaminées par le virus
ignorent qu’elles sont infectées jusqu’à ce
que la maladie se déclare, ajoute pour sa
part le Pr Roingeard. A ce stade, ces molé-
cules sont moins efficaces car si elles per-
mettent d’éliminer le virus,
elles ne permet tent pas tou-
jours de restaurer les fonc-
tions hépatiques. Il reste donc
très important de mettre au
point un vaccin contre le virus
de l’hépatite C, d’autant que
l’OMS estime que près de quatre millions
de nouvelles infections surviennent chaque
année dans le monde. »
Les travaux en cours visent à la mise
au point d’un vaccin bivalent qui ressem-
blerait en de nombreux points au vaccin
contre l’hépatite B, mais qui présenterait
l’avantage de protéger aussi contre le virus
de l’hépatite C. « Ce vaccin induirait une
réponse équivalente à celle induite par un
vaccin commercial contre l’hépatite B, ren-
forçant l’idée qu’il puisse potentiellement
se substituer aux vaccins actuellement
com mercialisés, résume le Pr Roingeard.
De plus, ce vaccin aurait l’avantage de pou-
voir être produit selon les mêmes procé-
dures établies pour le vaccin contre l’hé-
patite B, réduisant ainsi les délais et coûts
de son développement industriel. A terme,
ce vaccin pourrait sensiblement renforcer
la prévention contre les maladies du foie
induites par les virus. » De ce point de vue,
les travaux actuellement menés à Tours
s’inscrivent pleinement dans la suite lo-
gique de ceux (menés dans cette même
ville par le Pr Philippe Maupas) ayant, à la
fin des années 1970, conduit au premier
vaccin contre l’hépatite B.
Jusqu’à présent, deux grands types de
vaccins ont été proposés : ceux basés sur
l’induction d’une réponse humorale dirigée
contre les protéines d’enveloppe du virus,
E1 et E2 (réponse destinée à neutraliser
l’entrée du virus dans sa cellule
hôte) et ceux visant à induire
une réponse cellulaire contre
les protéines non structurales
du virus (destinée à éliminer
les cellules infectées). Ces deux
types de vaccin pourraient tou-
tefois être associés pour obtenir une stra-
tégie vaccinale optimale. Lorsqu’ils ont été
testés chez des chimpanzés (le seul modèle
animal pouvant être infecté par le VHC),
ils ont donné des résultats encourageants.
Ils ne protègent certes pas totalement
contre l’infection mais peuvent induire
une diminution de la virémie et de l’agres-
sion hépatique et, plus encore, enrayer la
mise en place d’une infection chronique
par le VHC.
« Le concept d’un vaccin basé sur les
protéines d’enveloppe E1 et E2 du VHC
établi par l’équipe du Dr Michael Hough-
ton à Novartis semblait particulièrement
prometteur, précise le Pr Roingeard. Testé
dans un essai de phase I, ce vaccin s’est
avéré capable d’induire une bonne ré-
ponse humorale chez l’homme, permet-
tant de neutraliser plusieurs génotypes du
VHC in vitro. Les difficultés du dévelop-
pement industriel d’un tel vaccin sont
toutefois liées au fait que ces protéines
d’enveloppe E1 et E2 du VHC sont très dif-
ficiles à produire et à purifier pour réaliser
un vaccin disponible à grande échelle. En
effet, le domaine transmembranaire de
ces protéines induit leur rétention dans
les compartiments cellulaires et il est très
difficile de les en extraire. Leur purifica-
tion ne peut se faire sans présence de nom-
breux contaminants cellulaires. »
La très grande efficacité du vaccin
contre le virus de l’hépatite B tient au fait
que la protéine d’enveloppe de ce virus est
capable à elle seule de former des petites
particules sous-virales non infectieuses –
particules qui constituent le principe de
JEANYVES NAU
jeanyvesnau@gmailcom
LACCÈS AU
DIAGNOSTIC ET
AU TRAITEMENT
EST INSUFFISANT
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ActuAlité
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 janvier 
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ce vaccin contre l’hépatite B. Or, des pro-
téines chimères entre les enveloppes du
VHB et du VHC ont récemment été mises
au point.2 Elles ressemblent à celles du
vaccin contre le VHB et ont l’avantage de
contenir la totalité des protéines d’enve-
loppe du VHC, permettant ainsi de ré-
soudre les problèmes de production et de
purification des protéines d’enveloppe de
ce virus.
Ces particules vaccinales entraînent
une réponse équivalente à celle induite par
un vaccin commercial contre l’hépatite B.
Ceci renforce l’idée que de telles particules
vaccinales pourraient se substituer au vac-
cin actuel contre l’hépatite B, avec l’im-
mense avantage de pouvoir aussi protéger
contre le VHC. Ces particules ont aussi
l’avantage de pouvoir être produites comme
celles du vaccin contre le VHB, réduisant
les délais et coûts de mise au point indus-
trielle d’un tel vaccin. Enfin, ce vaccin pour-
rait être un vaccin « bivalent », protégeant
à la fois contre le VHB et le VHC, qui sont
tous les deux transmis par exposition à du
sang contaminé.
Plus récemment encore,3 il a été mon-
tré qu’une immunisation préalable avec le
vaccin contre l’hépatite B ne gêne pas l’in-
duction des anticorps anti-VHC par les par-
ticules chimères d’enveloppe VHB-VHC.
Ce résultat est important car de nombreux
pays ont adopté la vaccination contre l’hé-
patite B dès la naissance. Ce vaccin biva-
lent pourrait ainsi être utilisé soit en pre-
mière intention pour induire une immunité
contre les deux virus, soit en rappel de vac-
cination hépatite B pour restimuler la ré-
ponse immunitaire contre le VHB et induire
une immunité protectrice contre le VHC.
« Pour des raisons éthiques, le modèle
du chimpanzé ne peut plus être utilisé pour
tester l’efficacité de vaccins contre les hé-
patites virales, conclut le Pr Roingeard. Les
résultats prometteurs obtenus en modèle
de petit animal devront maintenant être
confirmés par des essais d’immunisation
chez l’homme. Ils nous indiquent d’ores et
déjà que la mise au point d’un vaccin biva-
lent qui protégerait de l’infection par ces
deux agents majeurs des hépatites virales
humaines est une éventualité crédible. »
(Fin)
1 OMS Hépatite C  Aide mémoire N  juillet 
2 Beaumont E Patient R Hourioux C DimierPoisson I
Roingeard P Chimeric hepatitis B virus/hepatitis C virus
envelope proteins elicit broadly neutralizing antibodies
and constitute a potential bivalent prophylactic vaccine
Hepatology
3 Beaumont E Roingeard P Chimeric HBVHCV subviral
envelope particles induce efficient antiHCV antibody
production in animals preimmunized with HBV vaccine
Vaccine 
AUSSI LE DROIT DE
NE PAS SE DROGUER
ET D’IGNORER LE
SEXE?
Travaillant en clinique adulte,
je n’entends que peu d’his-
toires d’enfants, mais lorsque
j’apprends ce à quoi sont
confrontés nos jeunes, j’ai
quelquefois le cœur serré.
Voici les deux dernières his-
toires qui m’ont été contées.
Une jeune fille vient me trou-
ver sur le conseil de son mé-
decin traitant ; ensemble, il y
a deux-trois ans, nous avions
déjà reçu et accompagné
quelques mois la famille – la
mère et ses quatre enfants
tandis que le père mourait
d’un mauvais cancer. Cette
jeune fille, âgée aujour d’hui
de 18 ans, arrive et pleure
abondamment : elle vient de
se séparer de son ami, qu’elle
aime avec ardeur mais chez
qui la consommation de
substances est devenue de
plus en plus envahissante et
à risque. Le couple est en
conflit depuis des mois autour
de ce point litigieux. Elle qui
a vu mourir son père, emporté
par une maladie immaîtrisée,
ne peut supporter de voir
l’homme qu’elle aime choisir
de s’exposer à des états phy-
siques et psychiques aux
confins de la vie ; elle assiste,
impuissante, aux trips qui le
lui rendent totalement étran-
ger. De son côté, il lui repro-
che de laisser la peur domi-
ner sa vie et d’être incapable
de s’adonner au plaisir. Son
entourage entier, me dit-elle,
collègues d’étude, ensei-
gnants, participent à ces soi-
rées de consommation ; elle
se sent marginalisée, hors
norme et s’interroge sur sa
possibilité de trouver une
place dans ce monde. Et moi
qui suis de la génération des
années 60, je me surprends
en train de tenter de la rassu-
rer qu’elle a bien le droit de
s’abstenir de participer aux
drogues-parties, qu’elle n’en
est pas pour autant anor-
male… Sa solitude, son égare-
ment, son envie de vivre et
d’aimer si douloureusement
contrariée me touchent. Mais
l’on sent en elle une force
affirmative qui ne me fait pas
trop craindre pour la suite ;
elle trouvera son chemin et
ses liens d’appartenance avec
les « oui » et les « non » qui
balisent son destin.
Et voici la deuxième histoire.
Une maman me raconte que
son fils de 10 ans, Kilian, est
accusé d’agressions sexuelles
sur un petit voisin de 4 ans…
Il devra être entendu par la
police et passer en jugement.
J’ai déjà rencontré cet enfant
à qui j’ai parlé de la maladie
chronique de sa mère (trou-
ble dépressif et somato-
forme), et du fait que cette
maladie ne comportait pas
de menace vitale. C’était un
enfant sensible, un peu mala-
droit, en sérieux souci pour
sa maman. Après des semaines
d’enquête et d’audition, il est
innocenté ; la responsabilité
des allégations d’abus est
attribuée à la mère de l’en-
fant victime qui, en plus de le
maltraiter physiquement, le
baigne dans une ambiance
hypersexualisée. Reste que le
jeune Kilian s’est trouvé plon-
gé, lui aussi, dans une sexua-
lité traumatique dont il aura
bien de la peine à se dégager
– d’autant que des rumeurs
circulent à présent dans le
quartier et les cours d’école,
laissant entendre qu’il serait,
du haut de ses 10 ans, un
sombre pédophile… Moi qui,
comme enfant, avais tant
envi e de savoir ce qu’il en
était des mystères de la vie,
je me surprends à lui souhai-
ter de pouvoir tout oublier
de ses connaissances sexuel-
les et de se retrouver, comme
ma génération à son âge, dans
un état de curiosité interro-
gative à la mesure de l’igno-
rance où nous étions plongés.
Et toute ma compassion va à
cette jeune génération à qui
nous laissons un monde bien
complexe, aux risques et aux
charmes desquels nous
n’avons pas forcément les
moyens de les initier, qui nous
devancent largement dans
l’exploration de ce monde
nouveau, tout en croyant –
généreusement – que nous
pouvons les y soutenir
carte blanche
Michèle Gennart
Dr Phil. psychologue-
psychothérapeute FSP
Avenue Druey 1
1018 Lausanne
CC BY Sonia Sevilla
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