DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT DE L’INSUFFISANCE CARDIAQUE CHRONIQUE
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ARCHIVES DES MALADIES DU CŒUR ET DES VAISSEAUX, tome 95, n° spécial II, février 2002
Importance de reconnaître des facteurs aggravants potentiellement réversibles
Les symptômes d’IC chronique, œdème pulmonaire et choc peuvent être causés par
des tachy- et bradyarythmies ou par une ischémie myocardique même en l’absence de
dysfonction cardiaque sévère permanente. Ischémie myocardique, modifications de
régurgitation valvulaire, embolie pulmonaire, infection, arythmies, dysfonction rénale,
effets secondaires des médicaments, et excès hydrique, de sodium, d’alcool, peuvent
tous causer ou aggraver des signes ou symptômes d’IC chez des patients avec dysfonc-
tion cardiaque préexistante. Identifier tous les facteurs réversibles est essentiel pour un
traitement optimal de l’IC.
Importance d’une approche globale pour le diagnostic d’insuffisance cardiaque
Une formulation diagnostique appropriée doit aller au-delà du problème cardiaque, en
particulier chez les sujets âgés qui ont pathologies multiples courantes. Affections vascu-
laires périphériques [21] et atteintes d’autres organes tels que le rein et le poumon peu-
vent influer sur le diagnostic et le choix thérapeutique. Ainsi, en cas d’hypertrophie de la
prostate, une diurèse énergique pourrait entraîner une rétention aiguë d’urine.
ASPECTS DE LA PHYSIOPATHOLOGIE DES SYMPTÔMES DE L’INSUFFISANCE
CARDIAQUE PERTINENTS POUR LE DIAGNOSTIC
L’origine des symptômes de l’IC n’est pas totalement élucidée. Une augmentation de la
pression capillaire pulmonaire est certainement en partie responsable de l’œdème pul-
monaire, mais les études faites à l’effort chez des patients avec une IC chronique ne
montrent pas une simple relation entre pression capillaire et capacité à l’effort [22, 23].
Cela indique soit que la pression capillaire accrue n’est pas le seul facteur responsable
pour une dyspnée d’effort, soit que les techniques habituelles de mesure de la pression
capillaire pulmonaire réelle peuvent être inadéquates. Des variations dans le degré de
régurgitation mitrale peuvent, dans ce contexte, influencer l’essoufflement. Des anoma-
lies de diffusion pulmonaire, du muscle squelettique respiratoire ou périphérique [24],
un déconditionnement général cardiovasculaire ou un excès de poids [25, 26], peuvent
aussi contribuer à cette sensation d’essoufflement. La fatigue – autre élément essentiel
dans l’IC – a des origines encore moins nettes, et il est difficile de quantifier ce symp-
tôme [27]. L’œdème périphérique reflète mal les pressions du cœur droit ; la perméabi-
lité capillaire pour les liquides et les petites protéines ainsi qu’une activité physique
réduite sont des facteurs importants à considérer. Les causes extracardiaques des
œdèmes sans relation avec l’IC sont fréquentes.
Bien que l’altération de la fonction cardiaque soit à la base de l’IC, les modifications de
la circulation périphérique, en particulier au niveau du rein et du muscle squelettique,
jouent probablement un rôle essentiel dans le processus physiopathologique [28]. De
même l’activation d’un nombre de systèmes neuro-endocriniens est typique de l’IC [29,
30]. Une dysfonction des barorécepteurs est un lien important entre vasomotricité et
dysfonction neuro-endocrinienne [31]. À côté du concept hémodynamique de l’IC, il faut
reconnaître l’importance des changements neuro-endocriniens physiopathologiques
pour la compréhension de l’IC chronique, que ce soit pour l’évolution ou le traitement de
cette affection [32]. L’activation des cytokines peut aussi contribuer à la dysfonction car-
diaque et au syndrome clinique, en particulier dans les stades avancés [33].
MÉTHODES POSSIBLES DE DIAGNOSTIC D’INSUFFISANCE CARDIAQUE
EN PRATIQUE CLINIQUE
Symptômes et signes pour le diagnostic d’insuffisance cardiaque
Ceux-ci sont importants, car ils signalent la possibilité qu’il y a bien insuffisance
cardiaque. La suspicion clinique d’insuffisance cardiaque doit être confirmée par des
tests plus objectifs, destinés en particulier à évaluer la fonction cardiaque (fig. 2).