EL), normalement assurée par le provisionnement ou
par les marges d’intérêt. Le capital économique est
donc un « coussin » que chaque institution fi nancière
considère comme nécessaire pour absorber les
pertes exceptionnelles (« unexpected losses », UL),
étant donné son profi l de risque et son objectif de
notation externe. On notera qu’une notation AA-
signifi e aussi, sur la base des mêmes données des
agences, une probabilité de 3,5 % de dégradation
de la note à A à l’horizon d’un an. L’horizon d’un an
peut être considéré comme pertinent au sens où il
correspond aussi au rythme de production des états
fi nanciers, à l’horizon de gestion pour la banque si
elle doit céder des actifs ou recourir aux marchés.
Le processus de détermination du capital économique
contribue à une meilleure gestion des risques et
oblige à défi nir les perspectives de l’établissement.
L’instauration d’une discipline budgétaire interne
favorise également l’optimisation de l’allocation des
ressources, par le biais d’enveloppes attribuées, en
fonction d’un objectif de rentabilité interne, avec des
conséquences positives sur la stabilité du système, si
l’établissement est par nature systémique.
Cependant, les constituants du capital économique
ne sont pas nécessairement identiques à ceux du
capital réglementaire. En pratique, les établissements
tendent à retenir les éléments les plus permanents, à
savoir le capital social et les réserves, en phase avec
les agences de notation qui privilégient les fonds
propres de base les plus solides (« core Tier one »).
LE CAPITAL ÉCONOMIQUE EST MESURÉ
POUR CHAQUE TYPE DE RISQUE
L’objectif de niveau de capital économique et la
défi nition des constituants étant fi xés, la diffi culté
essentielle réside dans l’estimation des risques.
Il s’agit d’une mesure de capital ajustée du risque
spécifi que à chaque type d’activité. La problématique
est liée à la diversité des risques supportés par les
banques, dont les caractéristiques très différentes
impliquent a priori des outils de mesure distincts.
Il est donc diffi cile d’évaluer par un outil unique
ou une méthodologie commune l’ensemble des
risques d’un établissement de crédit. Or, le capital
économique a pour vocation de couvrir l’ensemble
des risques, c’est-à-dire en plus des risques principaux
et les mieux évalués, risque de crédit et risque de
marché, le risque opérationnel, le risque de taux
d’intérêt, le risque de liquidité, le risque stratégique,
le risque de réputation, le risque de concentration, le
risque de transfert, le risque d’assurance, etc.
Sans que l’on puisse estimer que les méthodologies
de mesure des risques soient aujourd’hui totalement
abouties, une mesure de valeur en risque (VaR) est le
moyen le plus utilisé pour apprécier de façon agrégée
l’ensemble des risques. Une telle mesure est supposée
permettre de quantifi er et de prendre en compte les
corrélations entre risques. Mais elle repose sur des
hypothèses fortes et tous les risques ne peuvent être
quantifi és sous la forme d’une VaR.
Pour les risques de marché, l’outil principal de
mesure et le plus répandu est la VaR. Mais, même
pour ces opérations, la VaR présente des limites.
Elle ne permet pas de prendre en compte les risques
induits par l’insuffi sante liquidité de certains produits,
en particulier des produits structurés dont la valeur
ne présente pas un comportement linéaire et qui
peut évoluer rapidement. Pour de tels produits, des
approches sous forme de stress tests commencent à
apparaître, dont les résultats en termes de capital en
risque dépendent naturellement des hypothèses sur
lesquelles les scénarios de stress reposent.
Pour le risque de crédit, les établissements tendent
à recourir à une modélisation visant à déterminer
la distribution des pertes potentielles. La mesure la
plus communément répandue est celle du RAROC
(cf. encadré 2). Ils peuvent aussi s’appuyer sur des
approches de type KMV qui mesurent la distance
au défaut.
Si des approches quantitatives évoluées peuvent ainsi
être utilisées pour certains risques (marché et crédit,
dans une moindre mesure), pour d’autres risques,
les dispositifs en vigueur peuvent à l’heure actuelle
présenter une rigueur quantitative moindre et, pour
certains risques, les méthodes peuvent en pratique
être essentiellement qualitatives.
S’agissant du risque opérationnel, la mise en place
de Bâle II a incité les établissements à adopter des
démarches beaucoup plus quantitatives, mais encore
en cours de développement. Le risque de liquidité,
bien qu’il constitue un risque majeur pour les banques,
n’est généralement pas l’objet de charge en capital
économique, du fait de la diffi culté à quantifi er ce
risque et à établir un lien direct tangible entre le
niveau de capital et la capacité de refi nancement.
ÉTUDES
Capital réglementaire et capital économique
Banque de France • Revue de la stabilité fi nancière • N° 7 • Novembre 2005 67