Introduction générale - Fiches de Cours et Ressources pédagogiques

APPARTENANCE ET ETHNICITE
Introduction générale
On va essayer de définir les identités collectives, le sentiment d’appartenance et la
notion d’ethnie.
L’identité est le caractère de ce qui est identique ou confondu ; une idendité
psychologique qui la qualifie de constance de perception du moi ; l’ensemble des éléments
permettant d’établir sans confusion possible qu’un individu est bien celui qu’il dit être ou
qu’on perçoit être. L’identité collective n’est pas l’inverse de l’identité individuelle : la
similitude absolue n’existe pas, l’identité interpersonnelle n’existe pas non plus. L’identité
personnelle repose sur un sentiment d’identité. L’individu se perçoit le même dans le temps.
On pourrait presque dire que l’identité est un rapport au temps : on se perçoit toujours le
même. Dans un sens plus large, c’est un ensemble de sentiments, de représentations par
lesquelles un individu se singularise. C’est ce qui me rend semblable à moi-même dans le
temps mais en même temps différent des autres. C’est ce par quoi je me définis moi-même, et
par quoi je suis défini par les autres. L’identité individuelle est ainsi indissociable de l’identité
sociale : c’est par la différenciation que l’identité peut s’installer comme un système
relativement unifié. Il y a effort d’intégration qui peut être défini comme une recherche
d’intégration sociale, qui ne peut être absolue car il y a une recherche de différenciation
sociale. L’identification est donc à la fois personnelle et sociale.
Au niveau collectif, les membres d’un nous sont au mieux des semblables, mais il faut
qu’il y ait un invariant qui permet la comparaison, un lien à l’intérieur du groupe. L’altérité
dans la définition identitaire explique l’importance des conflits dans la définition de cette
identité. L’identité est donc hétérogène, définition ambivalente. On peut parler d’une
historicité de l’identité car il y a des rapports qui changent. C’est dans les crises, dans les
rapports avec l’extérieur que cette identité se définie, par la prise de parole, de position, de
rôle. L’esprit humain a tendance à classer par groupe : c’est dans ce classement que se
construit l’identité. Pour distinguer des individus, il faut distinguer les autres pour ce qu’ils ne
sont pas. Ce concept caractérise aussi bien des groupes sociaux que des groupes ethniques, et
qui va être le témoin de l’esprit particulariste de l’organisation sociale. Le concept d’identité a
été beaucoup utilisé en anthropologie, et en particulier dans les problématiques d’ethnicité. La
notion d’identité va être davantage un outil dans la connaissance des groupes humains. C’est
l’attachement affectif des individus qui va être vu comme une identité, un sentiment
d’appartenance.
Le sentiment d’appartenance au groupe est codée par un certain nombre de rituels, de
passage, d’initiation, qui marquent l’appartenance à un certain groupe : de sexe, d’âge, de
religion, rituels qui révèlent et définissent l’identité. Ces rituels relèvent de l’ordre du social.
Ils sont en partie définis par une identité sociale, avec un élément central, le nom, qui
participe à ce processus de construction de l’identité. Les individus font partie de la société
par cette nomination. Selon Lévi-Strauss, le nom propre est un opérateur de classe, un élément
provisoire avant la classification. Le nom a deux caractéristiques : la marque de
l’identification, il « confirme par la définition d’une règle la place de l’individu dans une
population donnée », avec l’étude des Senufos ; dans ce peuple, lorsqu’on a des jumeaux, ils
ont toujours des noms spécifiques, de même que l’enfant qui suit. La place de l’enfant est déjà
définie. L’individu apparaît dans un système social déjà organisé, le nom donnant une identité
individuelle et un sentiment d’appartenance. Lévi-Strauss y voit aussi la liberté de l’individu
qui nomme, qui exprime ainsi sa subjectivité. On a donc une centralité de ce nom dans
l’appartenance identitaire. La définition de l’identité se fait largement par la production
d’images de soi, des autres, qui vont donner naissance à des clichés, à des stéréotypes, ce qui
fait qu’il y a une possible dérive du travail de l’imaginaire, qui peut conduire à des attitudes
plus ou moins belliqueuses, par le dénigrement de l’identité d’autrui.
Le sentiment d’appartenance se fait par plusieurs critères possibles : langue, religion,
histoire, culture, sexe,… La langue est un élément important, car c’est grâce à la langue
commune qu’un groupe préexiste. Une langue a tendance à s’imposer dans un système où il y
en a plusieurs, dominant l’administration, l’éducation, les médias,… C’est le cas des Etats-
Unis, des groupes de pression militent pour la pratique de l’anglais : inscription dans la
constitution, examen de langue pour l’obtention de la nationalité, fin des traduction et du
bilinguisme à l’école, car il y a la peur d’une dilution de l’identité américaine. 27 Etats ont
déjà adopté l’anglais comme langue officielle, d’autres essayant de maintenir le bilinguisme.
L’objectif est de maintenir cette identité américaine : la langue est le moyen du maintient de
la création permanente de cette identité. Seule la Suisse est le territoire à avoir plusieurs
langues officielles. Se pose donc la question de l’enseignement de la langue, avec des
coutumes, des normes.
Anne Christine Taylor, dans son Dictionnaire d’ethnologie et d’anthropologie,
souligne qu’on a un passage de la centralité de la nation à une centralité de l’ethnicité, qui
devient une valeur positive. Il y a un clivage entre la centralité de la notion d’ethnie, et sa
déconstruction permanente. Le livre de Dieckhoff expose une recrudescence de l’identité
nationale, et que la mondialisation constitue un facteur positif dans la stratégie d’affirmation
nationaliste. Dans les deux cas on retrouve une tendance essentialiste, organiciste, objective,
la nation et l’ethnie sont présentées comme existant en elles-mêmes ; une approche
volontariste, situationniste, où la nation et l’ethnie n’existent que parce qu’un ensemble
d’individus déclare en faire partie.
Pour aborder la notion d’ethnie il faut tenir compte de toutes les utilisations du
concept. La question relative à l’immigration pose des amalgames qui ne facilitent pas la
réflexion, avec un discours ethnicisant. C’est une notion qui pose problème car elle a fait
l’objet de définitions connotées. Cette difficulté est renforcée par les anthropologues qui la
voient comme une notion trop floue. On peut à la fois dire que l’ethnie n’existe pas si on la
définie comme un groupe pur, si certains groupes ont des éléments communs, il n’existe pas
de groupes pur, identiques. Ce qui prévaut toujours, ce sont des unités sociales à la fois
inégales et hétérogènes. Qu’elle se détermine elle-même, ou de l’extérieur, toutes les sociétés
se définissent dans le même temps une unité identitaire et une altérité culturelle. Tous les
individus qui se définissent d’une ethnie ont intériorisé cette appartenance. C’est le cas dans la
colonisation africaine, l’utilisation d’ethnies par les colons a été intériorisée. Il faut donc
définir ce terme pour l’utiliser comme outil d’observation.
A l’origine, le terme est un terme grec « ethnos » : les sociétés qui relevaient de la
culture grecque mais dépourvues de la structuration en cité-Etat. C’est un groupement humain
avec une structure familiale, économique, culturelle particulière, mais qui ne correspond pas à
l’organisation d’Athènes, avec déjà une dimension péjorative. Cette dimension se perpétue
avec l’Eglise : les païens par opposition aux chrétiens, utilisation rapide. En Français c’est le
premier mot qui apparaît pour définir l’altérité, pour désigner le païen, l’idolâtre. L’utilisation
du terme va surtout se faire au XIXe siècle, avec une généralisation : un peuple, une peuplade.
Le terme s’applique toujours à celui qu’on ne reconnaît pas son semblable, et notamment pour
désigner ceux auxquels on ne pourrait attribuer la qualité de nation ; on l’utilise pour désigner
l’indigène colonisé. Ce sont des sociétés en retard. La notion prend aussi au XIXe une valeur
raciale, avec Gobineau, qui utilise l’adjectif d’ethnique comme substitue de race, de nation,
toujours utilipour présenter un processus de dégénérescence, idée de mélange des races.
Vacher de la Pouge utilise aussi le terme d’ethnie en tant que race. Le lien avec la dimension
raciale peut aussi prêter à confusion aux Etats-Unis, avec une certaine confusion entre ethnie
et race ; elles se distingue par la couleur de peau, leur confession, leur pays d’origine. Il y a
encore une dimension péjorative, qui induit une mise à distance : on ne parle pas de l’ethnie
WASP, sauf dans certains groupes qui considèrent qu’il y a un racisme anti-blancs. En
France, Jean-Marie Le Pen utilise la notion d’ethnie française pour procéder à une exclusion,
substitue au terme de race. Parfois aussi, le terme va être utilisé pour désigner des
communautés linguistiques au début du XXe siècle, en particulier chez Saussure : un groupe
qui se rapproche par la langue.
Face à ces différents usages, une réflexion philosophique va se porter sur cette
définition, et on va avoir une réflexion et des essais de définition. Celle de Weber dit que les
groupes ethniques sont des groupes humains qui croient avoir une ascendance commune car il
portent une ressemblance, ou en raison de souvenirs partagés de la migration, de la
colonisation. Ce qui est important alors est la notion de « croyance subjective ».
L’appartenance ethnique ne constitue pas un groupe, elle en donne l’illusion d’un caractère
commun, mais il parle d’appartenance à un groupe. Ces éléments communs font croire à une
identité commune. Paul Mercier propose une même définition : un groupe fermé descendant
d’un ancêtre commun, possédant une culture homogène, parlant une langue commune ; le
concept d’appartenance ethnique exprime en grande partie une théorie élaborée par une
population donnée. Ce qui va être aussi étudié, c’est dans une approche plus large du
« paysage régional », et d’une manière historique. On admet donc que l’ethnie ne peut être
étudiée que par rapport aux autres ethnies, et qu’il y a une historicité, et qu’on doit tenir
compte de ceux qui se définissent comme ethnies, et entre ces groupes. Ce qui nous amène à
une approche de relativisation absolue de Frederik Barth, dont les travaux sont considérés
comme un tournant dans la manière de considérer l’ethnie.
Pour Barth, les groupes ethniques sont des types d'organisation basés sur l'assignation
et l'auto-attribution des individus: au lieu de considérer l'ethnie comme un groupe humain, il
affirme que ce sont des groupes qui se créent, s'entretiennent par des mécanismes d'exclusion
et d'incorporation, définissant des frontières, des limites. Dans son approche, il inclut des
recherches psychologiques: l'enfant se construit à la fois sur son introjection de ce qui est bon,
et sa projection de ce qui est mauvais. La vie psychique se construit en incluant ces éléments
divers. L'ethnie ce construit de la même façon, uniquement par rapport à un extérieur.
L'identité ethnique apparaît donc comme processuelle, car il y a toujours une évolution
en fonction de l'extérieur; la culture n'est pas une caractéristique du groupe, mais un élément
au contenu variable. Le groupe ethnique n'est pas une entité en soi, mais une organisation, et
donc l'appartenance ethnique ne peut pas être ramené à un catalogue qui permettrait de ranger
les individus dans une ethnie donnée. C'est l'auto-attribution qui est importante: on revient à
l'idée que l'identité est avant tout un positionnement. On est complètement dans la
déconstuction, avec toujours un minimum de contenu fixe. Ce qui caractérise l'ethnie, c'est un
territoire, mais surtout la conscience que les acteurs sociaux ont d'appartenir à un même
groupe.
L'ethnie a toujours une dimension péjorative, proche de la notion de race, et a émergé
d'une manière ethnocentriste en Europe, sorte d'Etat nation au rabais. La notion émerge très
largement de la colonisation. L'ethnie est donc nécessairement en position d'infériorité par
rapport à l'Etat nation. Ancell et M'Bokolo montrent que le substantif de tribu est utilisé face
au terme de peuple. Ceux qui sont supposés différents, on les qualifie d'ethnie, alors qu'on
appelle peuple les groupes plus proches.
Ce terme est utilisé depuis l'antiquité grecque, et induit un rapport de domination.
Ancell et M'Bokolo montrent que par la colonisation, on construit des groupes spécifiques
pour mieux appréhender la population, et permet une classification. Au Rwanda, les Hutus et
les Tutsis sont crééent par la colonisation: avant la colonisation, on a une société en harmonie,
avec une spécialisations entre les deux catégories (gouvernance/rites). En 1894, la
colonisation conduit à diviser la population pour assoir la colonisation en déterminant des
interlocuteurs. Les colons vont inventer une dépendance noble aux Tutsis pour légitimer leur
prégnance; dans le me temps on retire aux Hutus leur rôle rituel, et se développe une
identité d'agriculteurs. On crée donc une différence sociale par la création d'une différence
identitaire. Cette différence figure sur les papier attriués par les colons. Cette détermination se
fait en fonction du nombre de têtes de bétail possédés. On a une sur-imposition d'un schéma
de classification, fracture définitive, sans position intermédiaire. En 1959, il y a un
revirement, avec les premiers massacres: on trouve les origines du conflit dans le processus
d'ethnicisation.
Il faut replacer en permanence l'étude des ethnies dans un contexte historique, montrer
les représentations face à des groupes plus importants. Ce qui change aussi, c'est que depuis
les années 60, l'objet d'étude des ethnologues a cessé d'être les sociétés exotiques éloignées,
pour étudier des groupes plus proches, d'où une interrogation sur le terme d'ethnie. L'ethnicité
désigne la manière dont les individus pensent les inégalités sociales et les différences en terme
d'ethnie. Le groupe ethnique va étudier le contexte dans lequel vivent les groupes, ce qui
participe à la déconstruction du groupe, qui n'est pas un groupe immuable. Le discours
ethnique est vu comme une stratégie, on étudie l'usage qui est fait de l'appartenance ethnique,
comment des identifications historiques ou culturelles sont utilisés pour obtenir des avantages.
Le discours ethnique devient une stratégie qui va remplacer les discours de classe. Ce
revirement participe à la déconstruction et à la réflexion sur cette notion d'ethnie. C'est une
idéologie qui s'appuit sur la revendication d'une appartenance commune, qui induit des
comportements. Il va donc il y avoir un rapprochement de plus en plus évident avec le
sentiment d'appartenance nationale.
Smith introduit la possibilité d'une continuité entre l'ethnie et la nation, une origine
ethnique de la nation.
L'ethnie est une méthode de catégorisation pour se définir soit même ainsi que les
autres. Il peut y avoir création à tout moment d'ethnicité. Il y a une valeur performative de la
notion d'ethnie.
CHAPITRE 1: Histoire et analyse du sentiment national
A Préhistoire du sentiment national, apparition de l'idée de
nation: le rôle du Moyen-Age
D'après Dieckhoff, le nationalisme est une configuration centrale de la modernité, un
principe d'affirmation de la spécificité historique, sociale d'un peuple. D'autres vont plus loin,
WievIorka affirme qu'il faut donner un contenu au national pour conjurer le mouvement de
mondialisation à outrance. Selon les deux auteurs, la notion de nation a un avenir.
Pour d'autre, le discours tenu est celui d'une disparition du sentiment national,
notamment avec Hobsbawn: on entre dans une phase qui sonne le glas de l'Etat nation et donc
du sentiment national. De même Bertrand Badie va dans le sens d'une délégitimation du
sentiment national: les nations sont en crise car les espaces ne correspondent plus à une
logique de territorialisation et à l'universalisme du phénomène national. De nouvelles formes
sont apparues mais à des échelles différentes.
1 Le réseau d'appartenances médiévales
Le mot nation a un sens précis en rapport avec l'éthimologie latine nacere, le verbe
naître, groupe d'Hommes défini par une origine commune. Les migrations du haut moyen-âge
vont errer longtemps avant de se fixer dans la partie occidentale de l'Empire romain. Ces
mouvement vont donner un métissage des populations. L'origine commune va rester comme
une croyance, mais ce qui l'emporte progressivement, c'est le lien entre les membres du
groupe, et l'existence sur un même territoire. Ce n'est plus un lien de sang, mais de sol.
Ce qui l'emporte en premier, c'est le fait d'être chrétien, puis à la ville de ses pères
(patria), et les habitants de la patria son soumis à la coutume du pays, et se définissent
négativement par rapport aux hommes étranges. La patria communis au moyen-âge, c'est la
chrétienté, notion plus large. La nation va désigner un groupement par pays ou par ville
d'origine de marchands étrangers qui résident dans les places de commerce. Cela désigne
aussi le groupement de maîtres et d'étudiants d'une même faculté suivant leur pays d'origine:
française, normande, picarde et anglaise. On parle de nation non plus pour désigner un groupe
mixte, mais pour souligner l'origine en partie étrangère du groupe. Progressivement, dans
l'espace restreint qui existe, une nouvelle appartenance va s'imposer, l'appartenance nationale,
entre la patria et la patria communis. Jusqu'à la guerre de cent ans, on peut dire que la nation
est en formation.
Les peuples barbares instituent en Europe des royaumes, institutions avec une
ammorce de centralisation. Autour de 800, on a la constitution de l'empire carolingien, fondé
sur une certaine unification. Après la mort de son fils Louis le pieux, on va avoir l'amorce de
la création des nations. En 840, le partage de Verdun entre les héritiers permet de distinguer
trois entités qui correspondent déjà à peu près à la France, l'Allemagne et l'Italie. Ce qui
change surtout, c'est la création d'un ennemi propre à chaque division: l'ennemi commun à la
chrétienté persiste, mais il apparaît des ennemis intérieurs.
On a une individualisation des langues: le latin évolue pour fonder des langues
romanes, avec une spécialisation territoriale. A partir du XIIe siècle, c'est langue vont devenir
des langues écrites, dans des espaces de plus en plus déterminés, et participent à une certaine
autonomisation des espaces.
En France, une partie du territoire est soumise au droit romain écrit, qui s'oppose aux
pays de coutume (oc/oïl).
Il y a donc une apparition précoce de l'idée de nation, avec des éléments de
changements de vocabulaire qui soulignent progressivement l'émergence d'une notion qui a
des intérêts communs. Au début du XIVe siècle, Guillaume de Nogaret, légiste, justifie sa
lutte contre le pape, par un devoir de défendre son roi, ainsi que sa « patrie du royaume de
France ». On a donc l'émergence d'une patrie identifiée au roi, qui devient plus forte que la
patria communis. Le changement se fait par le haut. C'est un attachement encore surtout à la
terre.
L'affirmation du pouvoir royal: il existe une religion royale, même si en fait la
monarchie reste féodale. Un roi va incarner ce renouveau du pouvoir central, Saint-Louis: il
affirme son pouvoir sur les féodaux, et surtout opère un transfert affectif de l'attachement à la
terre à l'attachement à sa personne. Les prières pour le roi se généralisent, et ce rôle sera
renforcé par sa canonisation. Après son règne, un certain nombre de textes font apparaître des
termes proches du sentiment national, avec le terme « rénicoles », naturels, en oppositions aux
étrangers. C'est l'Etat qui crée la nation au fur et à mesure qu'il se structure.
Au cours de la guerre de cent ans (1337-1453), apparaît des éléments de définition: la
nation française se définit en opposition à la nation anglaise. Les rénicoles ont le sentiment de
faire partie d'un groupe précis. L'expérience du combat et l'aggrandissement territorial joue un
rôle important, de même que Jeanne d'Arc qui se bat pour la reconquête du sentiment
national. C'est le début des symboles comme facteurs de cohésion sociale. On fustige les
ennemis de la nation: on se méfie et on fait taire tout élément de discidence nationale. Par
exemple on fustige les ennemis du royaume de France, comme les Bourguignons, qu'on
accuse de pactiser avec les Anglais. On accepte désormais de mourir au combat pour la
défense de la nation: la mort pour la patrie devient un sacrifice généralement accepté, avec
une dimension politique prédominante. Ce phénomène est précoce en France et reste
longtemps limité à l'Europe occidentale.
Pour certains historiens, le moyen-âge permet l'émergence d'un sentiment national,
mais pour la plupart d'entre eux, ce sentiment apparaît au XVIIIe siècle, en particulier avec la
Révolution de 1789. En 1694, l'Académie française donne une définition de la nation.
2 Le développement du sentiment national et
l'organisation de la nation depuis l'époque moderne
La création de l'Eglise anglicanne par Henry VIII rompt le lien avec la papauté en
1533. On a la constitution d'une Eglise nationale qui va renforcer le sentiment d'appartenance.
En France, d'autres éléments vont entrer en jeu: une lutte contre les féodaux au profit du roi,
avec l'établissement d'un lien direct, renforcé par la réunion des états généraux. Autres
éléments: la langue nationale renforcée sous le règne de François Ier (ordonnance de Villers-
Cotterêts, qui impose le français comme langue administrative), même si la population parle
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