Le sentiment d’appartenance se fait par plusieurs critères possibles : langue, religion,
histoire, culture, sexe,… La langue est un élément important, car c’est grâce à la langue
commune qu’un groupe préexiste. Une langue a tendance à s’imposer dans un système où il y
en a plusieurs, dominant l’administration, l’éducation, les médias,… C’est le cas des Etats-
Unis, où des groupes de pression militent pour la pratique de l’anglais : inscription dans la
constitution, examen de langue pour l’obtention de la nationalité, fin des traduction et du
bilinguisme à l’école, car il y a la peur d’une dilution de l’identité américaine. 27 Etats ont
déjà adopté l’anglais comme langue officielle, d’autres essayant de maintenir le bilinguisme.
L’objectif est de maintenir cette identité américaine : la langue est le moyen du maintient de
la création permanente de cette identité. Seule la Suisse est le territoire à avoir plusieurs
langues officielles. Se pose donc la question de l’enseignement de la langue, avec des
coutumes, des normes.
Anne Christine Taylor, dans son Dictionnaire d’ethnologie et d’anthropologie,
souligne qu’on a un passage de la centralité de la nation à une centralité de l’ethnicité, qui
devient une valeur positive. Il y a un clivage entre la centralité de la notion d’ethnie, et sa
déconstruction permanente. Le livre de Dieckhoff expose une recrudescence de l’identité
nationale, et que la mondialisation constitue un facteur positif dans la stratégie d’affirmation
nationaliste. Dans les deux cas on retrouve une tendance essentialiste, organiciste, objective,
où la nation et l’ethnie sont présentées comme existant en elles-mêmes ; une approche
volontariste, situationniste, où la nation et l’ethnie n’existent que parce qu’un ensemble
d’individus déclare en faire partie.
Pour aborder la notion d’ethnie il faut tenir compte de toutes les utilisations du
concept. La question relative à l’immigration pose des amalgames qui ne facilitent pas la
réflexion, avec un discours ethnicisant. C’est une notion qui pose problème car elle a fait
l’objet de définitions connotées. Cette difficulté est renforcée par les anthropologues qui la
voient comme une notion trop floue. On peut à la fois dire que l’ethnie n’existe pas si on la
définie comme un groupe pur, si certains groupes ont des éléments communs, il n’existe pas
de groupes pur, identiques. Ce qui prévaut toujours, ce sont des unités sociales à la fois
inégales et hétérogènes. Qu’elle se détermine elle-même, ou de l’extérieur, toutes les sociétés
se définissent dans le même temps une unité identitaire et une altérité culturelle. Tous les
individus qui se définissent d’une ethnie ont intériorisé cette appartenance. C’est le cas dans la
colonisation africaine, où l’utilisation d’ethnies par les colons a été intériorisée. Il faut donc
définir ce terme pour l’utiliser comme outil d’observation.
A l’origine, le terme est un terme grec « ethnos » : les sociétés qui relevaient de la
culture grecque mais dépourvues de la structuration en cité-Etat. C’est un groupement humain
avec une structure familiale, économique, culturelle particulière, mais qui ne correspond pas à
l’organisation d’Athènes, avec déjà une dimension péjorative. Cette dimension se perpétue
avec l’Eglise : les païens par opposition aux chrétiens, utilisation rapide. En Français c’est le
premier mot qui apparaît pour définir l’altérité, pour désigner le païen, l’idolâtre. L’utilisation
du terme va surtout se faire au XIXe siècle, avec une généralisation : un peuple, une peuplade.
Le terme s’applique toujours à celui qu’on ne reconnaît pas son semblable, et notamment pour
désigner ceux auxquels on ne pourrait attribuer la qualité de nation ; on l’utilise pour désigner
l’indigène colonisé. Ce sont des sociétés en retard. La notion prend aussi au XIXe une valeur
raciale, avec Gobineau, qui utilise l’adjectif d’ethnique comme substitue de race, de nation,
toujours utilisé pour présenter un processus de dégénérescence, idée de mélange des races.
Vacher de la Pouge utilise aussi le terme d’ethnie en tant que race. Le lien avec la dimension
raciale peut aussi prêter à confusion aux Etats-Unis, avec une certaine confusion entre ethnie
et race ; elles se distingue par la couleur de peau, leur confession, leur pays d’origine. Il y a
encore une dimension péjorative, qui induit une mise à distance : on ne parle pas de l’ethnie
WASP, sauf dans certains groupes qui considèrent qu’il y a un racisme anti-blancs. En
France, Jean-Marie Le Pen utilise la notion d’ethnie française pour procéder à une exclusion,
substitue au terme de race. Parfois aussi, le terme va être utilisé pour désigner des
communautés linguistiques au début du XXe siècle, en particulier chez Saussure : un groupe
qui se rapproche par la langue.
Face à ces différents usages, une réflexion philosophique va se porter sur cette
définition, et on va avoir une réflexion et des essais de définition. Celle de Weber dit que les