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La Nation « France ».
Chapitre 1 : définition, peuplement, démographie.
Section 1 : Qu’est-ce qu’une nation ?
Définition :
À partir de la fin du XIIème siècle et au XIIIème siècle le mot nation apparait dans le cadre de
l’université de Paris pour désigner différents groupes d’étudiants qui avaient la même provenance
géographique.
Le mot vient du latin « natio », je nais (même lieu de naissance).
Ainsi à l’université les étudiants se répartissaient entre nation picarde, nation française (île de
France), nation anglaise ou normande, nation allemande (des régions rhénanes).
Au XVIIème siècle est né le collège des 4 nations désignant les provinces venant d’être rattachées
dans les deux derniers traités de 1648 et 1649 (Artois, Alsace, Roussillon, Pignerol).
Constitution nationale : les privilèges de certaines provinces.
Les bretons parlent de leur constitution nationale, les cahiers de doléance de 1789 font toujours
allusion à la nation bretonne, à la nation provençale.
A l’époque l’Encyclopédie (publiée à partir de 1751), définit le mot nation de façon floue.
La nation est « une quantité considérable de peuples qui habitent une certaine étendue de pays ».
Après la révolution française le mot nation va se préciser et va se détacher du mot peuple.
Définition d’un autre dictionnaire des synonymes : un peuple est une multitude d’hommes vivant
sous le même pays et sous les mêmes lois.
Une nation est une multitude d’homme ayant la même origine, vivant dans un même Etat et sous les
mêmes lois.
Origine ethnique rendue visible par la langue.
A partir du XIXème siècle on est loin du sens employé au Moyen-âge.
Sont nés le nationalisme et les nationalistes (auteur allemand Fichte « discours à la nation
allemande » au début du XIXème).
Religion, langue, culture et histoire sont des critères formant la nation.
Même mouvement en Italie, en France.
Le critère de la nation est essentiellement volontariste.
D’autres ont ajouté des critères ethniques.
Cela a engendré des mouvements indépendantistes (naissance de la Grèce au XIXème, unité
allemande, italienne).
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Section 2 : « naissance de la nation France » : du « peuplement » à
la « nation ».
Guerre de 100ans : période cruciale pour le royaume de France.
A) Avant le XVème siècle.
Entre le VIème et le XVème siècle, le royaume est un agrégat effiloché et mouvant de territoires
politiquement plus ou moins autonomes.
L’origine du peuple résidant à l’intérieur des limites du royaume de France est diverse.
On a une base gallo-romaine et des vagues successives de Migrants (wisigoths, francs, normands…)
Ces migrants sont à dominante germanique mais pas exclusivement : un brassage s’est opéré en
même temps.
Les francs ne représentaient qu’une très petite minorité.
Cette unité ne relève pas de l’évidence naturelle.
Au XVIIIème siècle, Henri de Boulainvilliers ira prétendre que les peuples ne se mêlèrent point.
Selon lui les francs auraient formé la couche supérieure de la société (ce qu’il appelle la nation
aristocratique).
Ils se sont créé une origine ethnique de la noblesse.
Les vaincus auraient formé la masse des soumis et cela aurait constitué la grande masse populaire :
le peuple de France.
Il s’agit d’un mythe.
C’est l’étude du droit qui va permettre d’observer du VIème au IXème siècle ce que l’on appelle « la
fusion des races ».
Au départ les populations conservent chacune leurs droits et leur mode de règlement des conflits.
Le juge s’adresse à celui qui vient déposer à une plainte et à son adversaire, il lui demande de quel
droit dépend-il.
C’est le principe de la personnalité du droit, des lois.
Chaque personne est jugée selon sa loi : la loi du groupe ethnique auquel il appartient.
Le droit romain appliqué aux gallo-romains.
Il s’agit d’un droit romain déformé, simplifié à partir d’une compilation : le code théodosien de 438.
Ce droit a été adapté par les rois barbares au bénéfice des populations gallo-romaines.
En 506 un roi Wisigoth, Alaric, décide de rassembler toutes les lois qui sont issues du droit romain et
cette nouvelle compilation du droit romain s’est appelé : le bréviaire d’Alaric.
Il veut satisfaire ses sujets gallo-romains qui regardent de plus en plus du coté de Clovis (venant de se
convertir, les sujets gallo-romains étant catholiques).
A cette époque les rois barbares, pour la plupart, ne sont pas des fidèles de l’Eglise romaine.
Clovis va représenter une exception.
Clovis va étendre le bréviaire d’Alaric à toutes les populations gallo-romaines de son royaume : ce
texte s’appliquera jusqu'à la fin du IXème siècle.
C’est un droit romain appauvri mais romain tout de même.
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Les lois barbares connaissent une évolution favorable sous l’effet du modèle romain.
Jusqu’au VIème siècle elles n’étaient qu’un assemblage d’usages purement oraux, elles ne formaient
qu’un droit très sommaire.
A partir du VIème siècle les chefs du nouveau royaume barbare (civilisé à cause de la romanité)
exigent la mise par écrit des lois de leur peuple.
Double progrès de forme et de fond à ce moment là.
Ces lois sont rédigées en latin et le seul fait de les mettre par écrit permet un progrès de fond : elles
sont plus précises.
Le droit y gagne sur le fond.
Exemples : en 476 une loi des Wisigoths le code d’Euric combine la tradition germanique, quelques
éléments du droit romain et surtout l’influence chrétienne.
Chez les burgondes en 502 on a la loi du roi Gondebaud.
Loi salique rédigée entre 507 et 511 (à la fin du règne de Clovis) : loi des francs saliens.
Cette loi avait pour but de remplacer la vengeance privée par un système d’indemnisation, de
compensation tarifiée du délit : système du Wergeld.
C’est le prix du crime.
Idée centrée sur l’idée chrétienne du pardon et de la réconciliation : à défaut de réparer on
compense.
Charlemagne a donné en 768 une version corrigée de la loi salique mais c’est à partir du début du
IXème siècle, sous les successeurs de Charlemagne, que ce droit barbare va évoluer.
Ce droit (fondé sur le principe de la personnalité des lois) va évoluer au profit du principe de la
territorialité du droit.
On s’aperçoit que dans le deuxième tiers du IXème siècle la question préliminaire « de quelle loi es-
tu ? » disparait car l’application du droit n’est plus personnelle mais territoriale.
A partir du IXème siècle les gens ne se distinguent plus par leur origine ethnique mais par leur origine
territoriale.
Le brassage des populations s’est donc opéré.
Le moteur de cette évolution : idée précoce d’unité chrétienne.
La conversion de Clovis lui permet d’obtenir l’adhésion des populations des territoires qu’il conquiert
car il chrétien, catholique et romain.
Importance du fait qu’il est catholique.
Les rois barbares Wisigoths, Burgondes, Ostrogoths ont intégré à l’Arianisme (de façon extrêmement
minoritaire par rapport aux populations qu’ils dominaient).
Les populations sont chrétiennes attachées à Rome : catholique.
Rôle de Charlemagne de défenseur de la chrétienté.
Lorsque Charlemagne court en Italie délivrer le Pape des attaques violentes des Lombards, il apparait
et est le champion de l’unité chrétienne.
Désormais les peuples qu’il a assujetti à son autorité ne sont pas la juxtaposition d’ethnies
différentes, ce sont un seul peuple : le peuple chrétien.
Qualité de chrétien à la fois essentielle et commune à tous.
Dès lors les différentes ethnies s’estompent.
Même au IXème siècle cette donnée a été conceptualisée.
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En 817 l’évêque de Lyon propose à l’empereur Louis le pieu un projet pour permettre la grandeur de
son règne et de son empire.
« Plut au ciel que, unis sous un même roi très pieu, tous les peuples fussent régis par une seule loi,
cela favoriserait la concorde dans la cité de Dieu ».
La législation carolingienne a été inspirée par cet esprit.
L’émiettement territorial consécutif à la féodalisation n’a pas du tout empêché la fusion ethnique
alors que le droit devenu territorial se diversifie en une infinité de droit locaux.
Cela donne la fragmentation du paysage juridique de la France féodale.
La marque fusionnelle et fusionnante de la religion chrétienne au moyen-âge a un effet évident sur le
droit.
Parce que les rois sont « pieux », parce qu’ils sont capable de maintenir le peuple chrétien dans la
paix et la justice : ils rallient autour d’eux les forces du royaume.
En 1124 lorsque l’empereur germanique Henri V envahit la France avec une puissante armée jusqu’à
Reims : pour la première fois le roi de France Louis VI lance un appel à tous ses vassaux : il va
convoquer l’ost (l’armée de tous ses vassaux réunis) et dans un élan les vassaux du roi vont répondre
et vont venir s’assembler autour de Louis VI pour répondre à l’agression de l’empereur germanique.
L’ost réunie est si impressionnante que l’empereur germanique renonce et se retire.
Victoire de Bouvines : 27 juillet 1214.
Le royaume à cette époque est menacé par Jean sans terre (Anglais).
Philippe auguste dépêche son fils ainé contre les troupes de Jean sans terre.
Philippe-Auguste se dirige vers le Nord.
Otton IV a une puissante armée.
Il attaque un dimanche, jour protégé par la trêve de Dieu.
Otton, excommunié, attaque : Philippe-Auguste gagne et donne 6jours de festivités pour célébrer sa
victoire.
B) A partir du XVème.
L’unité nationale ne va pas cesser de se renforcer.
La France féodale est extrêmement diverse.
L’invasion anglaise de 1415 va être déterminante.
Jusqu’au XIVème, le roi anglais et son entourage parlent français.
Les parisiens ayant ouvert leur porte au roi d’Angleterre (les bourguignons favorables au roi
d’Angleterre) : ils ne se comprennent plus.
Les anglais sont donc considérés comme étrangers.
Relations internationales, étrangères.
Il est clair pour les soldats qu’il ne s’agit plus seulement de défendre leur suzerain, il s’agit de
défendre leur patrie, leur terre.
C’est un pays qui se définit autant par son territoire que par le peuple qui obéit sur ce territoire aux
mêmes lois.
Avec le renforcement de la puissance du royaume cette unité du roi ne va pas cesser de grandir.
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Au début du XVIème le roi Louis XII songe à donner sa fille Claude en mariage au fils de l’empereur
Maximilien d’Autriche.
Aussitôt les Etats généraux du royaume répliquent que la princesse ne peut être mariée qu’à
Monsieur François qui est tout François (français).
L’ordonnance de Villers-Cotterêts impose la langue française dans la rédaction de tous les actes
juridiques ou de justice.
En moins de 20ans les notaires dans le Sud de la France sont passés universellement à la rédaction
des actes en français.
Section 3 : La première population d’Europe.
Les français ont la perception claire qu’ils représentent la première puissance démographique
d’Europe.
Cela est ressenti comme une supériorité de la France par rapport aux principautés et royaumes qui
l’environnent.
La première comptabilisation possible date de 1328.
A cette date est réalisé sur ordre du roi l’état général des feux : un feu est une unité fiscale.
Ce rapport s’établit en 4,5 et 5,5 : pour un feu il y a entre 4,5 et 5,5 personnes.
Ce n’est qu’au XVIII qu’on commence à avoir de statistiques de population.
En 1328 la population du royaume peut-être estimée à 17-18 millions d’habitants.
Il y a eu une période creuse due à la guerre de 100ans et aux ravages de la grande peste noire de
1348.
Les sources littéraires de l’époque présentent des territoires ravagés, dépeuplés…
Les autorités locales réclament au roi la révision des listes fiscales.
Au milieu du XVème la population française aurait oscillé entre 8-10 millions d’habitants.
Pourtant la vitalité démographique est extrême : natalité de 40 pour mille.
La mortalité structurelle (normale, en temps normal) est extrêmement forte et surtout infantile (1/4
des enfants n’atteignent pas l’âge d’1an au XVIIIème et à peine la moitié l’âge de 20ans).
En temps normal la population se multiplie extrêmement vite.
En 1625 cette population est de 20 à 21 millions.
Elle décroit ensuite.
Le XVIIIème marque une période de forte croissance.
En 1740 le royaume compte 24 millions d’habitants.
25 millions dépassés en 1755.
En 1789 la population française est de 28,1 millions dont 6millions de citadins (originalité).
Véritable puissance démographique.
Par exemple l’Espagne à la fin du XVIIème n’a que 6 millions d’habitants.
L’Angleterre ne représente qu’1/3 de la population française.
En France il y a une très grande jeunesse de la population.
En 1789 52% des français ont moins de 24ans.
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