2016-04-15 Psychiatrie: Les troubles d’anxiété en pédiatrie Sophia Hrycko Pédopsychiatre Centre Hospitalier de l’Est de l’Ontario 15 avril 2016 Objectifs • Identifier les troubles anxieux chez les enfants et les adolescents • Réviser les approches thérapeutiques pour traiter l’anxiété (incluant le rôle de la pharmacothérapie) • Apprendre à reconnaitre les ressources disponibles pour gérer l’anxiété 1 2016-04-15 Conflit d’intérêt • aucun Les troubles anxieux • • • • • • Trouble d’anxiété de séparation* Mutisme sélectif Trouble d’anxiété sociale* Trouble de panique Trouble d’anxiété généralisée* Phobie spécifique (animaux, environnement, sang-injectionblessure, situation (avion), autre) • Trouble obsessif compulsif * (DSM-5 ) 2 2016-04-15 Anxiété , Point généraux • • • • • • • Très commun pendant l’enfance et l’adolescence: prévalence de 9 à 32 % (1) Affecte le fonctionnement à plusieurs niveau (performance académique, relations sociales, vie familiale et loisir) Souvent plus d’un trouble anxieux est présent, et une co-morbidité avec la dépression et des difficultés comportementales n’est pas rare. Phobies communes en pédiatrie: sang-injection (aiguille), accident et animaux La plupart des adultes avec un trouble anxieux, ou un trouble de l’humeur, ont d’abord eu des difficultés avec l’anxiété lorsqu’ils étaient jeunes Demeure sous traité Augmente le risque dépression, d’autres troubles anxieux et d’abus de substances à l'âge adulte Prévalence pour les jeunes de 13-18 ans (National Comorbidity Survey- adolescent supplement, (2, 3)) Anxiété et troubles associés Prévalence estimée 12 mois (%) Prévalence estimée durée de la vie (%) Tout trouble d’anxiété 24.9 31.9 Anxiété de séparation 1.6 7.6 Phobie spécifique 15.8 19.3 Anxiété sociale (phobie) 8.2 9.1 Trouble stress posttraumatique 3.9 5.0 Trouble panique 1.9 2.3 Anxiété généralisée 1.1 1.2 3 2016-04-15 Anxiété de séparation • Anxiété ou peur excessive d’être séparé d’une figure d’attachement, > 3 – Détresse excessive, récurrente avec anticipation de séparation ou séparation – Soucis excessifs et persistants de perdre une figure d’attachement (FA) (ou qu’il lui arrive un malheur: maladie, mort, accident) – Soucis persistants et excessifs qu’un évènement malheureux ne vienne nous séparer de la FA (se perdre, accident, être kidnappé) – Réticence persistante ou refus de quitter la maison, d’aller à l’école – Appréhension ou réticence excessive, persistante à rester seul ou loin de la FA ou refus de coucher hors de la maison ou sans la FA – Cauchemar répétés à thèmes de séparation – Plaintes somatiques répétés avec l’anticipation ou la séparation de la FA • • • Dure au moins 4 semaines chez les enfant-adolescents Affecte le fonctionnement social, académique Prévalence environ 4% Cas de Steve • • • • • • • Steve, 12 ans, est allé à l’école environ 20 jours en 6 ième année. Il vomit, tremble et ne peux pas quitter la maison le matin. Il a eu des difficultés depuis plusieurs années à aller à l’école. Au niveau académique, il a beaucoup de difficulté mais n’a jamais eu d’évaluation psychoéducationnelle. Ses parents sont séparés et il a vécut des moments difficiles avec son père avec qui il n’a plus de contacts Sa sœur de 13 ans éprouve beaucoup de difficulté à aller à l’école. Sa mère souffre d’anxiété et a été victime de violence conjugale Facteurs de risques: 4 2016-04-15 Facteurs de Risques • • • • • • • • Facteurs génétiques (taux d’héritabilité 73% chez des jumeaux) Tempérament: inhibition comportementale (behavioral inhibition): augmente les risque d’anxiété pendant l’enfance et la phobie sociale durant l’adolescence Un attachement anxieux-évitant Événement traumatisant (perte – mort d’un membre de la famille, animal, un divorce, déménagement, etc.) Parents avec un trouble anxieux: risque accru d’anxiété chez leur enfant Un parent anxieux peut modeler la peur et l’anxiété, renforce l’anxiété et, sans le vouloir, maintenir l’évitement de situations Des parents contrôlant, qui surprotègent leur enfants ou qui sont très critiques peuvent contribuer au développement de l’anxiété Parents qui favorisent l’autonomie et l’acquisition de compétences diminue le risque d’anxiété Anxiété Sociale • • • • • • • Peur ou anxiété intense d’une our plusieurs situations sociales durant lesquelles le sujet est exposé à l’observation attentive d’autrui (par exemple, manger en public, parler avec des gens, donner une présentation devant public). Pour les enfants, l’anxiété doit apparaitre en présence d’autres enfants et pas uniquement avec les adultes. Peur que les symptômes d’anxiété (ou le comportement) soit jugé négativement (être humilié, être rejeté par les autres) Les situations sociales provoquent presque toujours une peur ou une anxiété (les enfants vont pleurer, avoir des accès de colère, se figer, s’accrocher à leur parent ou être incapable de parler) Le jeune évite les situations sociales La peur ou l’anxiété est excessive pour la situation Durée: 6 mois ou plus Prévalence: 0.5- 2 % 5 2016-04-15 Anxiété généralisée • • • Anxiété et soucis excessifs, presque tous les jours pendant au moins 6 mois, impliquant une performance à l’école (travail). Difficile de contrôler cette préoccupation Présence de >3 symptômes présent pour la majorité des jours lors des 6 derniers mois: (1 seul item requis chez l’enfant) – – – – – – • • Agitation ou sensation d’être survolté ou à bout Facilement fatigué Difficulté de concentration ou trous de mémoire Irritabilité Tension musculaire Perturbation du sommeil (difficulté à s’endormir, demeurer endormi, ou sommeil agité ou interrompu, insatisfaisant ) Impact significatif au niveau social, académique ou autre Prévalence: 1 % adolescents (3% adultes), 2F : 1 G Trouble Obsessif Compulsif • Présence d’obsession (O), de compulsion (C) ou des 2 – Obsession (1 et 2) • • Pensées, images, pulsions récurrentes et persistantes, intrusives et inopportunes, causant une anxiété ou détresse sévère Efforts pour ignorer ou réprimer ces pensées, images ou pulsions ou bien actions pour les neutraliser (par des pensées ou des actions, par exemple une compulsion) – Compulsion (1 et 2) • • • • • Comportements répétitifs (laver les mains, ordonner-organiser, vérifier) ou actes mentaux (prier, compter, répéter des mots silencieusement) que la personne doit faire en réponse à une obsession, ou selon des règles qui doivent être appliquées de manière inflexible) Les comportements répétitifs ou les actes mentaux visent à neutraliser ou diminuer l’anxiété ou le sentiment de détresse. Ces comportements ne sont pas reliés de façon réaliste avec la situation qu’ils visent à prévenir ou neutraliser. Ils sont aussi excessifs. Les O ou C, prennent au moins 1 heure par jour ou causent une détresse ou altèrent le fonctionnement social, académique ou dans d’autres domaines importants On doit spécifier si il y a insight (bon, mauvais ou absent avec des idées délirantes) Prévalence 1 % 6 2016-04-15 Évaluation • • • • • • • Demander: demander au parent: Inquiétudes que votre enfant s’inquiète trop? Identifier: utiliser un outil de dépistage (Scared) Observer, examiner: un jeune timide, anxieux dans le bureau, qui a des réactions excessives Important d’évaluer le sommeil, les habitudes alimentaires (caféine), l’exercice Déterminer si l’anxiété est ‘normale’ selon le développement Explorer les éléments de stress: traumatisme, perte (animaux, amis, déménagement, etc.), séparation des parents, intimidation, etc. Éliminer les autres causes (problèmes médicaux) Échelle Scared (Child Anxiety Related Disorders) • http://www.pediatricbipolar.pitt.edu/ 7 2016-04-15 SCARED Traitement • Psychoéducation – Hygiène du sommeil – Résolution de problèmes – Biblio thérapie, sites web • Thérapie cognitivo comportementale (TCC) • Pour les cas d’anxiété modérée – sévère et persistante qui affecte le fonctionnement et lorsque la thérapie TCC ou la psychothérapie n’est pas suffisante, combiner avec la pharmacothérapie 8 2016-04-15 Notre système de défense a grandement évolué • 1er niveau: Cerveau social – Regarder autour, déterminer si nous sommes en sécurité, si oui, pas besoin des autres systèmes • 2ième niveau: Se battre ou fuir (`fight or flight`) cerveau mammifère – Si la menace persiste, production d’adrénaline • Figer, cerveau reptilien TCC • Chez les jeunes enfants, le travail se fait avec les parents – Psychoéducation sur l’anxiété – Stratégies pour minimiser l’anxiété chez l’enfant: • Réduire la surprotection • Encourager l’exposition graduelle • Aider les parents à modifier leur pensées – Discuter des situations à risques – Le programme `coping cat` (4) • • • • Reconnaitre l’anxiété, ses manifestations physiques (éducation) Identifier les pensées et émotions (dans les situations anxiogènes) Développer des stratégies pour gérer l’anxiété (relaxation) Évaluer sa performance, Renforcement positif 9 2016-04-15 TCC • • • • Restructurer sa pensée (FEAR) `Feeling frightened`: avoir peur `Expecting bad things`: s’attendre au pire `Attitudes and actions that will help`: développer des pensées et actions qui vont aider • Résultats, récompenses • Résolution de problèmes (anticiper des situations et développer des stratégies pour y faire face) Stratégies • Extérioriser l’anxiété: encourager le jeune et ses parents à lui donner un nom, à faire équipe pour vaincre l’anxiété • Encourager à écrire (dessin) les peurs, et les inquiétudescraintes • Encourager à écrire ce qui les aiderait à mieux se sentir lorsqu’ anxieux • Donner une limite à l’anxiété (temps pour partager ses craintes, ensuite les mettre dans une boite jusqu’au lendemain) • Exemples de stratégies pour reprendre le contrôle: relaxation 10 2016-04-15 Stratégies Respiration: respirer par le nez, inspirer, expirer, compter jusqu’à 3 Faire une course à obstacle Compter Faire des ‘ jumping jacks’ Souffler des bulles courir Relaxation: position de la tortue (respiration) Sauter à la corde Utiliser des balles (‘stress balls’) Exercice de tension musculaire active Imagination-imagerie: endroit favori associé à une situation calme, un évènement heureux Pharmacothérapie • Pharmacothérapie (toujours utiliser avec une composante psychothérapeutique) • Aucun ISRS n’est approuvé par Santé Canada • Important de savoir que l’effet placebo est important chez les jeunes (moindre avec l’anxiété comparé à la dépression) • ISRS: généralement plus d’avantages que de risques (5) • Fluoxetine, fluvoxamine et sertraline • Des études avec venlafaxine XR et duloxetine • Pas assez de données probante pour citalopram, escitalopram et desvenlafaxine 11 2016-04-15 pharmacothérapie • Effets secondaires similaires avec les ISRS: • • • • – Nausée, insomnie, diarrhée, somnolence, trouble sexuel, activation, saignement (tic, énuresie, disinhibition, sedation) ‘black box warning`: les ISRS peuvent causer une augmentation de l’anxiété, une activation qui peut être associée à des comportements pour gérer cette émotion inconfortable. Il peut y a avoir une augmentation des idées négatives et des pensées suicidaires. Il n’y a pas eu de suicide complété associé à la prise de ISRS. Il est recommandé de discuter cet possibilité avec le jeune, ses parents, et de faire un suivi rapproché au début (chaque semaine pour les 4 premières semaines, ensuite au 2 semaines, et augmenter la fréquence) Moins d’idées suicidaires et de comportements anxieux sévères (comme effet secondaire) chez les jeunes avec l’anxiété que la dépression Attention aux intéractions, Cytochromes P450 QTc: www.crediblemeds.org Pharmacothérapie • Fluoxetine 5- 20 mg par jour (possibilité de 40 mg par jour) – Forme liquide permet des doses de 1 mg par jour pour commencer – T1/2: 4-6 jours et 4-16 jours pour norfluoxetine • Sertraline 25-200 mg par jour – Plus d’effet secondaires chez les enfants que les adolescents – t ½: 24 h – Nourriture augmente l’absorption • Fluvoxamine: 25- 200 mg (300 mg chez les adolescents) – t ½: 15.6 h – Somnolence, bouche sèche, tremblement, diminution d’appétit, transpiration 12 2016-04-15 Pharmacothérapie • Citaloprame 5- 20 mg (max 40 mg par jour) – t ½: 35 h – Escitaloprame: 5- 20 mg , t ½: 27-32 h – Impact sur le QTc • Utiliser en deuxième ligne: venlafaxine XR • Tricyclique tel le clomipramine (pour le TOC), réservé pour les cas qui ne répondent pas à traitment combiné de TCC et ISRS. – Effets secondaires important (anticholinergique) – Risque de toxicité cardiaque, risque si overdose Outils et Ressources 13 2016-04-15 Mindmasters 2 • http://www.cyhneo.ca/#!mindmasters-2/eg5w0 Bricolage: dragon cracheur de feu 14 2016-04-15 Échelle du Chat Kelty Mental Health • http://keltymentalhealth.ca/ 15 2016-04-15 Mindcheck.ca • Mindshift http://kidshealth.org/kid • Pour les enfants 16 2016-04-15 http://www.anxietybc.com/parenting/complete -home-tool-kit • Ressources www.anxietybc.com • Exemple 17 2016-04-15 Anxiété chez les adolescents http://www.anxietybc.com/ • Pour les adolescents: http://youth.anxietybc.com/anxiety-101 http://mindcheck.ca/mood-anxiety/anxiety/anxietyself-care-resources • Activités intéractives: 18 2016-04-15 Cas de Steve • Il participe bien dans le bureau pour développer un plan graduel pour retourner à l’école. • Malheureusement, sa mère souffre aussi d’anxiété et n’a pas les outils pour tolérer l’anxiété de Steve • Steve a réussit à maintenir une routine à la maison • Il ne passe plus son temps à jouer aux jeux vidéo • Il tolère bien le sertraline, 100 mg par jour • Steve et sa mère ont besoin d’une intervention à la maison pour donner des outils à maman, et aider Steve avec une exposition graduelle aux situations anxiogènes. • Il aura possiblement d’aller dans une classe thérapeutique Quand référer? • • • • • Les stratégies ne suffisent plus Refus d’aller à l’école Impact au niveau académique Présence d’autres émotions: colère, dépression, co-morbidité Impact au niveau familial, social 19 2016-04-15 Points important • Les troubles anxieux sont très communs chez les enfants et les adolescents • La thérapie cognitivo comportementale est indiquée en première ligne • L’ajout de médication pour les cas modérés-sévères • L’engagement du jeune et de ses parents est essentiel (il faut pratiquer les stratégies) • http://www.esantementale.ca QUESTIONS ? 20 2016-04-15 Références • • • • • 1. Essau CA, Gabbidon J Epidemiology, comorbidity and mental health service utilization. In Essau, CA, Ollendick TH eds, The Wiley-Blackwell handbook of the treatment of childhood and adolescent anxiety, 2013: 2342 2. Kessler et al, Prevalence, persistence, and sociodemographic correlates of DSM-IV disorders in the National Comorbidity Survey Replication Adol Suppl, Arch Gen Psychiatry 2012, 69: 372-380 3. Merikangas et al: Lifetime prevalence of mental disorders in US adol: results from teh NCSR-adol supp J. Am Acad Child Adol Psychiatry, 2010, 49: 980-989 4. Kendall PC; Hedtke KA Cognitive-behavioral therapy for anxious children: therapist manual 3. Ardmore, PA: workbook publishing, 2006 5. Garland EJ, Kutcher S, Virani A, Elbe D J. Can Acad Child Adolesc Psychiatry, 25:1, 1-10, 2016 Références • • Creswell C, Waite P, Cooper PJ Assessment and management of anxiety disorders in children and adolescents Arch Dis Child 2014, 99: 674-678 Katzman MA et al, Canadian clinical practice guidelines for the management of anxiety, posttraumatic stress and obsessive-compulsive disorders, BMC Psychiatry 2014, 14, suppl 1: S1 21 2016-04-15 Autres sites • The Child Anxiety Network www.childanxiety.net Anxiety Disorders Association of Ontario www.anxietydisordersontario.ca Anxiety Disorders Association of Canada www.anxietycanada.ca National Institute of Mental Health www.nimh.nih.gov/health/topics/anxiety-disorders American Academy of Child and Adolescent Psychiatry www.aacap.org National Institutes of Health www.health.nih.gov Livres • • • • • • Incroyable moi maîtrise son anxiété: guide d'entraînement à la gestion de l'anxiété / Couture, Nathalie -- Québec: Éditions Midi trente, 2011. pour 6-12 ans L'anxiété, un message à déchiffrer: de la naissance à l'adolescence / Bertrand Édith; Brousseau, Marilou. -- Brossard, Québec: Éditions Un Monde différent, 2011. pour parents Attention, enfant sous tension!: le stress chez l'enfant / Duclos, Germain. - Montréal: Éditions du CHU Sainte-Justine, 2011. Freeing your child from anxiety : powerful, practical solutions to overcome your child's fears, phobias, and worries / Chansky, Tamar E. -- New York: Broadway books, 2004. Keys to parenting your anxious child / Manassis, Katharina -- Hauppauge, NY: Barron's Educational Series, 2008. Pourquoi j'ai mal au ventre?: guide pratique de l'anxiété´ chez l'enfant de 7 à 12 / Desrochers, Susie Gibson. -- Montréal: Éditions Logiques, 2011. 22 2016-04-15 Livres • Taming worry dragons : a manual for children, parents, and other coaches / Garland, E. Jane -- Vancouver: British Columbia's Children's Hospital, 2009. 23