A la découverte du biographe hospitalier
Centre national de ressources (http://www.spfv.fr/)
Comment la démarche biographique est-elle proposée aux patients?
Très souvent par l'intermédiaire d'un médecin de l'équipe même si parfois certaines infirmières ou
aides-soignantes la proposent également. En revanche, c'est rarement par le biais de nos petites
affiches présentes dans les chambres. C'est de l'humain à l'humain. C'est nécessaire de « sentir » le
bon moment pour aborder cette démarche, être dans un accompagnement réfléchi.
Parfois c'est assez simple : les personnes qui demandent l'euthanasie ou bien qui ont déjà attenté à
leur vie s'approprient très vite la proposition ; les jeunes parents également ; ou bien lorsque la
solitude envahit tout le reste ou que le besoin de bilan s'impose. Ce sont ces moments-là,
opportuns, qui vont être des déclencheurs pour le médecin et il va pouvoir aborder la démarche en
parlant de projet, d'imprévu, de bilan possible, de transmission (tout en s'étant renseigné au
préalable que j'ai de la disponibilité car je ne fais pas plus de 4 biographies simultanément) et il va
proposer une rencontre.
Et après, concrètement, comment se passe la rencontre avec le patient ?
Comment accueillez-vous sa parole et la mettez sur le papier ?
Je vais voir le patient une première fois pour me présenter, expliciter la démarche et pour qu'il voit
« à qui il a à faire ». Tout comme pour moi d?ailleurs, il est important de prendre ce temps
« d'apprivoisement ». En général après cette première fois, je lui laisse quelques heures pour
réfléchir, pour apprécier son envie, parfois pour en parler à ses proches. Puis je repasse le voir ou
bien le médecin qui lui a proposé la biographie, et il nous fait part de sa décision. S'il est d'accord je
commence, et s'il refuse (ce qui est assez rare à ce stade) je passe mon chemin.
Si le patient a accepté, le premier entretien va souvent donner le La. J'arrive avec plusieurs cahiers,
il choisit celui qu'il préfère, c'est son cahier. Je m'assieds sur une chaise près de lui en chambre ou
bien nous nous retrouvons dans mon bureau s'il vient en hdj (hospitalisation de jour) et puis nous
commençons la séance. Je lui pose quelques questions pour donner l'élan puis très vite la personne
prend le relais. Je n'enregistre pas mais prends un maximum de notes puis je retranscris et remets
en forme tout en conservant la syntaxe, le débit, les silences, la « géographie personnelle » de la
personne. Certains patients auront besoin de 6, 7 séances (d'une durée moyenne de 45 mn),
d'autres de beaucoup plus. Certains ne feront qu'un seul entretien car elles vont mourir rapidement.
Si la personne n'a pas eu le temps de corriger (ce qui est le plus fréquent, la maladie l'emportant), il
revient au biographe - il me revient donc - d'être au plus juste de ce qui a été donné tout en étant
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