
© Brière-Charest, Kim. 2013. « Les enjeux de la santé mentale et du vieillissement chez les personnes vivant avec le
VIH, itinérantes et toxicomanes ». Montréal : Groupe d’entraide à l’intention des personnes séropositives, itinérantes
et toxicomanes (GEIPSI), 12 p.
Par ailleurs, près d’un tiers des personnes sans
domicile fixe au Québec ont déjà été hospitalisées
en psychiatrie en moyenne 4 fois en l’espace de 4
à 6 mois (Centre de santé et des services sociaux
Jeanne-Mance, 2008). La prévalence de troubles
de l’humeur (dépression, dysthymie, bipolarité), de
troubles anxieux et cognitifs, de stress post-
traumatique, de schizophrénie et de troubles de la
personnalité est également beaucoup plus élevée
(Centre de santé et des services sociaux Jeanne-
Mance, 2008; RAND Health, 2007; Stein, Nyamathi
et Zane, 2009). Pourtant, peu d’itinérants
bénéficient d’un suivi psychologique (University of
California San Francisco, 2005). Mme Lison Gagné
souligne des lacunes importantes au niveau des
ressources en santé mentale dans son article
Itinérance et santé mentale : Québec promet un
mirage publié dans Le Devoir (30 mai 2012) :
« Globalement, au Québec, 6,5 % des fonds en
santé sont alloués à la santé mentale, alors que les
troubles mentaux expliquent 15 % du fardeau des
maladies au Canada. Au cours de la résidence en
psychiatrie, faute de parité, on apprend à offrir le
maximum de services avec le minimum de
moyens. » Ce manque de ressources en santé
mentale est d’ailleurs également une position
partagée par les PVVIH âgées (Wallach,
Ducandas, Martel, Trottier et Thomas, 2013).
Entre facteurs de risque et facteurs de protection
L’itinérance et la toxicomanie peuvent découler de
traumatismes, d’antécédents ou d’événements
marquants dans l’histoire personnelle de l’individu.
Ceux-ci peuvent alors le placer dans une situation
de vulnérabilité et affecter son développement, qui
aurait originellement pu être sain. À titre
d’exemple, citons les agressions sexuelles durant
l’enfance, la violence familiale, les contextes de
crise et les ruptures conjugales difficiles.
D’ailleurs, 25 à 50 % des personnes qui consultent
des services psychiatriques en raison de
dépendance à des substances ont un diagnostic
de trouble de stress post-traumatique (Vlassova,
Angelino et Treisman, 2009). Parallèlement, des
problèmes d’adaptation majeurs, de troubles
mentaux, de dépendance, de compulsivité
ou
Comportements obsessionnels excessifs ou répétitifs
d’impulsivité
peuvent prédisposer l’individu à
développer des problèmes comportementaux
(RSIQ, 2008). Avoir souffert d’un trouble mental
dans le passé constitue également l’un des
principaux facteurs de risque quant à l’apparition
d’une récidive (Vlassova, Angelino et Treisman,
2009). Les antécédents d’incarcération, présents
chez plusieurs PVVIH itinérantes et toxicomanes,
ont aussi été associés à un état de santé globale
plus faible (Stein, Nyamathi et Zane, 2009).
Vlassova, Angelino et Treisman (2009) mettent en
relief le rôle du tempérament
, qui se manifeste sur
deux axes : l’extraversion et l’introversion, ainsi
que la stabilité et l’instabilité. Selon ces auteurs,
une personne extravertie réagit spontanément
avec excitation, aime l’expérimentation, est axée
sur ses émotions et sur le moment présent. Elle
démontre d’ailleurs une moins bonne adhérence
aux traitements en raison de sa difficulté à suivre
une routine et à tolérer les effets négatifs des
antirétroviraux. Ceci dit, il ne faut pas écarter que
dans un contexte où vivre avec le VIH représente
un réel combat pour plusieurs (Wallach,
Ducandas, Martel, Trottier et Thomas, 2013), la
prise (ou non) de médicaments demeure parfois
un des seuls gestes où la personne prend le
pouvoir sur le VIH (Namian, 2012). En temps de
crise, il est néanmoins possible de lui suggérer de
prendre du recul pour se concentrer davantage
sur ses pensées que sur ses émotions (Vlassova,
Angelino et Treisman, 2009).
À l’opposé, une personne peut aussi être
introvertie : elle répond aux stimuli avec inhibition
,
est davantage orientée vers le passé que vers
l’avenir, est portée à réfléchir et tente d’éviter les
conflits et les impacts négatifs, en dépit des
émotions positives du moment. La plupart des
intervenants ont un tempérament introverti, ce qui
expliquerait que certains puissent trouver plus
difficile d’agir auprès de personnes extraverties
(Vlassova, Angelino et Treisman, 2009).
Réactions spontanées et irréfléchies d’ordre affectif, comportemental
(jeu compulsif, ou liées à une substance
Manière dont la personne répond de façon innée aux stimuli provenant
de son environnement, à nuancer avec la personnalité qui réfère au
comportement attendu caractérisant une personne en fonction de
l’ensemble de ses traits
Contrôle de ses réactions et de l’expression de ses processus
psychologiques (opinions, perception, pensées, etc.)