Mars 2016 - Numéro 40 Bureau de dépôt : Bruxelles X backstage Radio, The force is in you Paysage de l’OTT Tell a Vision Sommaire page 4 La publicité «native», ange ou démon ? Les grands défis du native sur les plateformes print & online page 10 Radio, the Force is strong in you page 14 Paysage de l’OTT en Belgique page 17 Tell a vision / Thierry Tacheny: «Nous n’avons pas fini de haïr la télévision» page 20 Les mesures d’audience radio : déclaratif ou passif? Le débat continue... Rédaction Contact Rédacteur en chef Contributions Traduction Illustrations Marco Marini Ariane Debeur Luc Franken iStockphoto Isabelle Joris [email protected] 02 337 63 91 Relecture Lay-out IP Belgium Anne Borgers HEHO Avenue Jacques Georgin 2 1030 Bruxelles www.ipb.be Elena Defae Réalisation Catherine Keignaert Isabelle Joris Julie Majcherczyk Vanessa Maresceau BACKSTAGE 40 - Mars 2016 3 CROSS MEDIA LA PUBLICITÉ «NATIVE», ANGE OU DÉMON ? LES GRANDS DÉFIS DU NATIVE SUR LES PLATEFORMES PRINT & ONLINE La publicité native est-elle une tentation diabolique qui précipite les magazines à leur perte, ou au contraire, est-elle en mesure de Native Advertising Revenue (US) «sauver» les marques de presse ? Dekstop And Mobile Native-Style Display Sponsorship $20 $11.9 de vue éditorial (indépendance, qualité) $2.9 native «fait le buzz», la définition même Déjà présent depuis longtemps sous des formes timides comme l’advertorial, le native proprement dit ne serait apparu que récemment (2012), pour ensuite ne cesser de croître et connaître un vrai boom en 2014. Les investissements native devraient dépasser les 20 milliards d’ici 2018 rien qu’aux États-Unis1 et totalement dominer le marché de la publicité sociale. Bien que dernier-né de la famille digitale, le native représenterait déjà pas moins d’1/5 de tout le display digital en 20142. $10 $3.4 $7.5 $5.6 mise en œuvre, …). Alors que la publicité Des enjeux inédits $15 $10.7 $9.2 que du point de vue publicitaire (efficacité, près de la moitié des acteurs du marché... $25 BI Intelligence en réalité nombre de débats tant du point du concept continue à être confuse pour Social $0.8 $1.0 $1.0 $1.3 2013 2014E $1.3 Billions Cette question un peu provocatrice soulève $2.0 $2.7 $1.9 $2.7 $3.9 2015E 2016E 2017E $5 $5.7 2018E $0 Source : BI Intelligence estimates, Interactive Advertising Bureau de leurs revenus d’une magnitude inédite au niveau mondial. Mais l’avènement de ce nouveau mode de communication n’est pas sans poser de nombreuses questions. Les critiques et les défenseurs du genre s’opposent de manière virulente, à coup d’études contradictoires. C’est en effet l’essence même de la presse magazine qui est en jeu : la sacro-sainte séparation entre la publicité et le rédactionnel. Avant de rentrer dans le vif du sujet, tentons de définir de quoi il s’agit… Un concept qui cultive le flou Aujourd’hui sur toutes les lèvres, le native reste mystérieux pour beaucoup. Aux États-Unis, 40%4 des éditeurs admettent ne pas vraiment comprendre le concept de ces publicités et seuls 20% en Innovation in magazine media, 2015-2016 World report, FIPP, Juan Senor, John Wilpers, Juan Antonio Giner 1 Cette gigantesque manne publicitaire semble arriver à point nommé pour les éditeurs de marques presse qui vivent un déclin 4 BACKSTAGE 40 - Mars 2016 BIA/kelsey 2 http://uk.businessinsider.com 3 Sondage Cxsense, n=260 éditeurs, http://www.contentclick.co.uk, November 2014 4 diffusent sur leurs sites, même s’ils sont 25% de plus à prévoir d’en introduire dans les 12 prochains mois. soutiennent au contraire que le native «dévalorise le journalisme en brouillant les lignes entre publicité et rédactionnel»8. En Belgique, la dernière vague de l’IAB matrix5, qui interroge pour sa part les agences et les annonceurs, débouche sur le même constat de confusion. Seuls 65% des annonceurs et 80% des agences connaissent le touchpoint «native» et seuls 25% des annonceurs déclarent l’utiliser. Le marché se montre cependant très intéressé (à 83%) par le concept, qui apparaît parmi ceux qui ont le plus de potentiel de développement, juste derrière les médias sociaux. Les détracteurs mettent surtout en avant le ressenti des lecteurs qui développeraient une sensation d’arnaque à la lecture de contenu native. Les 2/3 des Américains se sentiraient ainsi trompés s’ils découvraient que du contenu avait été sponsorisé et 60% déclarent qu’un site proposant un tel contenu perdrait de la crédibilité à leurs yeux9. De quoi s’agit-il donc exactement? Une définition minimale et généralement acceptée du native pourrait être la suivante : publicité payante imitant la forme et le style du contenu d’un média et apparaissant dans le flux habituel de celui-ci. Seuls 65% des annonceurs et 80% des agences connaissent le touchpoint «native». S’agit-il vraiment d’un nouveau concept ou serait-ce simplement un prolongement du bon vieux publi-rédactionnel ? Le publi-rédactionnel est «totalement dissocié du look & feel du magazine»6, se comporte plus comme une publicité sous forme de texte que comme du contenu rédactionnel sponsorisé. Le développement du digital a clairement changé la donne : les magazines sont désormais déclinés sur différentes plateformes, notamment sociales, qui accroissent les possibilités de «shareability» des formules native. En fonction du média, le native peut donc prendre une infinité de formes : tweet sponsorisé, post Facebook, article magazine «en collaboration avec», page de contenu annonceur intégré dans un site… Une formule native parue dernièrement dans Ciné-Télé-Revue pour les assurances Dela fait par exemple appel à des témoignages sur Facebook, qui sont ensuite publiés dans le magazine et sur le site, jouant ainsi sur la complémentarité entre plateformes. Pour les convaincus, le native crée une plus-value pour tous les intervenants : il offre au lecteur un contenu intéressant et non intrusif; l’annonceur y trouve un contexte de qualité et la crédibilisation de son message par la caution de la marque média ; l’éditeur quant à lui enrichit et monétise son contenu. C’est ce que Hugues Rey (Havas Media) appelle le win-win-win10. Pour ce dernier, l’avenir des magazines réside dans la publicité native, pour peu que l’environnement rédactionnel reste de qualité. Lorsqu’il est bien réalisé, le native peut réellement contribuer à enrichir le contenu proposé : Roularta par exemple, avec son label native «Information services», considère que ce «contenu [sponsorisé] [peut avoir] une telle valeur ajoutée que la rédaction est prête à s’en inspirer»11. Dans une étude IAB, les utilisateurs sont 38% à déclarer que le contenu sponsorisé peut ajouter de la valeur à leur expérience sur un site12. Un site comme Mashable confie même que les lecteurs passent plus de temps à lire le contenu sponsorisé que le rédactionnel (50% en plus), avec un taux de clic deux fois plus élevé…13 Finalement, la question pourrait peut-être se réduire à celle de l’efficacité : si le native «fonctionne», c’est que le consommateur trouve le contenu assez pertinent pour se sentir engagé. Une efficacité impressionnante Or, si le native fait autant le buzz tout en restant un concept brumeux, c’est bien parce que ses résultats sont spectaculaires. Ce contenu sponsorisé, qui raconte une histoire et agit de manière beaucoup moins intrusive que la publicité classique, agit en effet sur tout le processus d’achat, comme l’a montré une étude de l’Association of Online Publishers14 au Royaume-Uni. Uplift for native vs. Traditional Ads Le fait que le concept de «native» proprement dit soit récent et multiforme engage d’autres questions pratiques. Faut-il indiquer oui ou non qu’il s’agit d’une publicité ? Une formulation vague faitelle l’affaire ? Est-ce l’annonceur lui-même qui doit rédiger le format native, ou l’éditeur doit-il rester maitre de son contenu ? Autant de questions qui restent ouvertes et auxquelles nous essaierons de répondre en faisant le tour des «best practices» du marché. Discovery +33% Trust +32% Word of mouth +29% Purchase Diable ou messie ? Le native étant intégré à part entière dans le contenu des éditeurs, ceux-ci sont les premiers concernés par ces challenges. Or la profession est divisée sur le sujet : alors que pour certains, «vendre» son contenu s’assimilerait tout simplement à de la «prostitution» éditoriale et poserait des problèmes démocratiques7, pour d’autres, le native représenterait le salut des marques magazines et digitales. Un sondage réalisé parmi les éditeurs indique que 45% d’entre eux sont convaincus que les pubs native offrent «une valeur importante aux éditeurs, annonceurs et consommateurs» alors que 30% +20% IAB Belgium, matrix, Wave 3, Septembre 2015, n=314 agences & annonceurs 5 Theo Moormann in Comment intégrer le native advertising dans votre stratégie de (partenariats de) contenu ?, Febelmag, décembre 2014 6 Digiday, The Monocle Approach to Native Ads, July 2013, Alex Kantrowitz 7 CXsense & Editor& publisher, mai 2014, n=260 (publishing executives) 8 Contently, US , juillet 2014, n=542 internet users 9 10 Hugues Rey, Havas Media, interview sur magazinemedia.be, octobre 2015 11 Philippe Belpaire, Comment intégrer le native advertising dans votre stratégie de (partenariats de) contenu, Febelmag, décembre 2014 IAB Edelman Berland, Getting In-Feed Sponsored Content Right : The Consumer View, A Research Study of the Consumer’s Point of View, n=5000 12 Contently, US, juillet 2014, n=542 internet users 13 AOP, UK, 5 vital ingredients of Native advertising, n=1500 14 BACKSTAGE 40 - Mars 2016 5 Le native agit d’abord plus efficacement sur l’aspect découverte (+33% vs la pub classique). 59% des répondants trouvent les pubs native intéressantes. Les utilisateurs trouvent la pub native deux fois plus informative et 61% plus utile. Ils peuvent y découvrir un sujet ou un produit de manière plus approfondie («j’ai appris quelque chose», «je pense différemment maintenant»,…). Les pubs native ont un impact considérable sur les intentions d’achat, qui augmentent de 20% par rapport aux pubs classiques. Leur confiance envers le message est également plus élevée (+32%), et ils vont avoir tendance à partager leurs découvertes avec leurs connaissances, à recommander la marque autour d’eux (+29%). Tout cela a finalement un impact sur les intentions d’achat, qui augmentent de 20% par rapport aux pubs classiques (chiffre corroboré également par d’autres études16). Le taux de clic sur les formats native est également plus important : l’étude de l’AOP enregistrait une hausse de 31% par rapport aux contenus classiques pour une même marque. Mais certains exemples montrent des performances encore plus marquantes : une campagne native de Harper’s Bazaar (un magazine de Hearst) obtenait par exemple un taux de clic de 1,5% (à comparer avec les 0,1% moyens du marché display)17. La société Content Click, qui propose des liens sponsorisés, atteint quant à elle un taux de 2% en moyenne à travers son réseau de 500 sites, avec des pics record à 5%. Le secret du native : le storytelling La pensée humaine est véhiculée et forgée par les histoires. Celles-ci sont un élément clé du traitement cérébral et de la mémorisation, et elles (re)prennent aujourd’hui toute leur place dans la stratégie des marques avec le «marketing de contenus». Nous vivons en effet dans un monde où l’on est submergé d’informations verbales et visuelles : nous serions soumis d’après certaines études à 20 000 sollicitations de marques par jour, dont un total de 36019 publicités. Le média internet en particulier subit cette abondance de messages, qui provoque le phénomène actuel de «banner blindness» (les internautes ne remarquent plus les formats classiques). Quelle est donc la plus-value du native dans ce contexte? C’est justement le fait de raconter une histoire, de lui donner du sens en l’intégrant dans un environnement pertinent. C’est entre autres pour cette raison que le message native est remarqué plus souvent que les publicités (+53%)20. En outre, il bénéficie d’une perception très positive : il est considéré comme le plus attractif et le moins intrusif des formats web21. Le format native jouit d’une perception très positive : il est considéré comme le plus attractif et le moins intrusif des formats web. Les marques qui veulent développer un storytelling de qualité peuvent bien sûr commencer sur leurs propres plateformes (owned) mais pour pouvoir toucher un plus large public, elles devront avoir recours aux médias (paid) qui pourront, en outre, leur offrir contexte et crédibilité. Utilisées efficacement, ces deux sources créeront l’effet earned désiré, notamment sur les réseaux sociaux. Enfin, lire le titre d’un article native génèrerait 308 x plus d’attention que le Qui produit les contenus Native ? Un des points qui suscite le plus de débats est la question de la création : l’équipe rédactionnelle des magazines et des sites doitelle être associée au processus? A nouveau, le débat est féroce entre les défenseurs de l’une ou l’autre solution. Les uns voient la participation des journalistes comme une trahison de la confiance qui leur a été accordée par les lecteurs, tandis que les autres arguent que ce sont eux qui sont les plus qualifiés pour s’adresser à leur propre audience, et qu’eux seuls peuvent garantir la qualité et l’intégration du message. Ils offrent aussi un certain filtre : ils ont la possibilité de refuser des messages ou de les orienter pour qu’ils correspondent mieux à la ligne éditoriale. Aujourd’hui, l’annonceur reste dans de nombreux cas le producteur du format native, ce qui lui permet de garder la mainmise sur le contenu. Le risque est alors grand d’obtenir une intégration trop faible qui ferait échouer complètement le processus native... Certains éditeurs ont ainsi développé une solution qui offre un compromis intéressant : ils ont créé des départements autonomes 6 BACKSTAGE 40 - Mars 2016 de «brand content», composés de rédacteurs originellement issus de la rédaction mais détachés de celle-ci pour travailler en collaboration avec les annonceurs : c’est la solution choisie par exemple par Time inc et The Wall Street Journal. En Belgique, on observe également de nombreux investissements en ce sens. Rossel a par exemple lancé récemment son département Brand Native Hub, composé d’une dizaine de personnes et spécialisé dans le content marketing et le native advertising. Des agences média tentent aussi de se positionner sur le marché (ex. Havas). De son côté, Hi media fait un pas de plus vers l’automatisation du processus en lançant Quantum, sa plateforme programmatique dédiée au native : celle-ci permet de gérer les emplacements native des éditeurs de manière automatique29. Pour les plateformes en régie chez IP Press, différentes approches ont été testées en fonction du titre : le département CTR Biz prend en charge la réalisation des formats native de Ciné-TéléRevue (magazine + site), alors que pour Top Santé par exemple, une agence créative externe familière du style et des valeurs du titre est mise à contribution. fait de scanner une image ou un banner23, et une majorité des utilisateurs préféreraient aujourd’hui lire une pub qui raconte une histoire qu’une pub classique24. que ce soit une publicité31.» Un contenu native de haute qualité pourrait même augmenter la réputation aussi bien de la marque que du média pour 50% des utilisateurs 32 ! Une rentabilité prometteuse La thématique du média pourrait également avoir une importance : deux études distinctes33 indiquent que les consommateurs de contenus de divertissement sont plus favorables au native que les lecteurs de news. Cependant, on verra que certains des médias présentant la stratégie native la plus efficace sont des quotidiens de référence, comme The New York Times et The Wall Street Journal, ce qui laisse penser que la qualité du contenu reste le critère prépondérant. En termes de revenus publicitaires, le native, bien que dernier-né de la cohorte des touchpoints, n’a pas à pâlir devant ses concurrents. L’annonceur Kraft, qui génère 1 milliard d’impressions native par an, déclare par exemple récolter un revenu 4 fois plus important avec son marketing de contenu qu’avec du targeted advertising25. Time Inc réalise 40% de croissance au niveau de sa branche digitale, avec des clients native tels que P&G, Bank of America, Jaguar Land Rover,… La division de content marketing des magazines de l’éditeur Meredith réalise 35% de croissance. Le Huffington Post déclare quant à lui une progression de +347% de ses revenus native26 en un an. L’annonceur reste dans de nombreux cas le producteur du format native, ce qui lui permet de garder la mainmise sur le contenu. Le risque est alors grand d’obtenir une intégration trop faible. Les clés du succès Si les consommateurs témoignent d’une bonne acceptation des formats native et en comprennent l’importance notamment pour pouvoir continuer à bénéficier de contenu gratuit (9 répondants sur 10) 30, il apparaît clairement que la qualité de la création est l’un des critères clés de ce «contrat de lecture». Autant le native peut rapporter gros, autant le risque pris par le média est important ; il s’agit de maintenir à tout prix la confiance de ses utilisateurs. Quels sont donc les critères déterminants pour la réussite du processus native ? 1. Intérêt/pertinence Avant de se lancer dans la création de contenu native, une marque doit sérieusement se poser la question de l’intérêt du message qu’elle veut faire passer. Pour générer un taux de clic important, il faut que le sujet soit aussi attrayant que le reste du contenu du média choisi et puisse s’y intégrer naturellement, sans quoi tout le bénéfice du native sera perdu. Les lecteurs ne sont pas dérangés par le native tant que le contenu leur apporte une plus-value : «tant que ça reste écrit dans le style d’un article, cela ne me dérange pas Native : +18% d’intention d’achat par rapport au display classique - Source : Ad Exchange, Science behind what Native ads work, Sharethrough & Column five, août 2015 16 Native advertising must be tailored to the platform, Monday, 2 June 2014, Murray Newlands, Guardian Media Network 17 Le native doit s’abstenir de tout message promotionnel. Il n’a pas vocation à concrétiser une vente mais bien à faire connaître le produit. Pour maintenir la qualité du contenu et ne pas briser le processus d’engagement, le native doit aussi s’abstenir de tout message promotionnel. Il n’a pas vocation à concrétiser une vente mais bien à faire connaître le produit… Certains annonceurs trop impatients ne respectant pas cette règle peuvent ainsi induire un sentiment de tromperie : le lecteur peut se sentir pris au piège si les intentions sont trop directes. Bien sûr, le but de toute publicité est in fine de faire vendre… La solution la plus impactante est en fait d’associer un format native et un format classique sur le même support: si le native a réussi à éveiller l’intérêt du lecteur, ce dernier pourra concrétiser le processus en cliquant sur la pub classique. Cette association génère une plusvalue de +42%34 sur les KPI par rapport à une pub classique seule. 2. Crédibilité L’un des moteurs les plus importants du processus native est la crédibilité du message, qui passe à la fois par la réputation du média et par la force de la marque de l’annonceur. Le média, qui a développé une relation de confiance durable avec ses utilisateurs, va réellement impacter la perception du contenu native en lui donnant une légitimité. Ainsi, la confiance envers le contenu augmente de 33% s’il se trouve sur un site considéré comme crédible35. La force de la marque annonceur a quant à elle également son importance, a fortiori dans certaines formules native qui capitalisent sur l’expertise de la marque (ex. un représentant de l’annonceur Mobistar est interviewé en tant qu’expert de la téléphonie). La familiarité avec la marque est citée comme élément important par 8 consommateurs sur 1036. Le native semble mieux fonctionner lorsqu’il est libellé différemment du reste du contenu. Media Dynamics, Inc, septembre 2014, http://sjinsights.net/2014/09/29/new-research-sheds-light-on-daily-adexposures 19 Sharethrough study 20 IAB Edelman Berland, Getting In-Feed Sponsored Content Right: The Consumer View, A Research Study of the Consumer’s Point of View, n=5000 25+26 Innovation in magazine media, 2015-2016 World report, FIPP, Juan Senor, John Wilpers, Juan Antonio Giner 29 PIT espresso, janvier 2015, Interview Philippe Besnard : Quantum connecte Native Ads et Trading Desks 31+34 AOP, UK, 5 vital ingredients of Native advertising, n=1500, UK 33 A Research Study of the Consumer’s Point of View, juillet 2014, n=5000, USA, avec des exemples réels et Polar 35+36 A Research Study of the Consumer’s Point of View, juillet 2014, n=5000, USA, avec des exemples réels 21+23+24+30+32 3. Transparence Ce troisième critère est l’un des éléments fondamentaux du processus native. C’est pourtant l’un de ceux qui fait le plus débat : faut-il indiquer clairement qu’il s’agit d’un contenu payant ou faut-il laisser planer le doute? BACKSTAGE 40 - Mars 2016 7 Comme pour les autres aspects du native, il existe une grande variété de pratiques différentes, plus ou moins transparentes : à côté du «sponsored by» (33% des contenus), on voit fleurir des mentions comme «brand content», «provided by» (Meredith), «brand voice» (Forbes), «promoted by», «presented by», «brand publisher» (Buzzfeed), «Information services» (Roularta), «brought to you by», «paid post», ... le logo de l’annonceur génèrent plus de clics (+52%), ainsi que les contenus présentés sur un background d’une couleur légèrement différente (+12%)... La transparence est donc une stratégie gagnante sur tous les plans... Mais ces différences doivent rester légères : ainsi un changement de couleur trop vif ou l’utilisation d’une police vraiment différente de celle du média produit l’effet inverse37. Freins et obstacles Aujourd’hui, The New York Times réaliserait environ 20% de son chiffre d’affaires grâce au native. Certains hésitent à faire preuve de trop de clarté par peur de nuire à l’engagement du lecteur. Or c’est au contraire une donnée capitale dans la relation de confiance entre le lecteur et son média. Une étude de Polar indiquerait même que le native fonctionnerait mieux lorsqu’il est clairement identifié (deux fois plus de taux de clics s’il est libellé différemment du reste du contenu)! Les pubs native qui utilisent Malgré les avantages indéniables du native et son potentiel de croissance reconnu par tous, on observe certaines réticences du marché belge et international qui freinent son développement. Parmi les annonceurs, le plus grand obstacle à l’utilisation du native est le manque de reporting et de mesures de ROI (46%) 42, ensuite viennent les problèmes de concordance de stratégies entre les objectifs de la campagne et les objectifs marketing (38%), suivis par les freins liés à la mise en oeuvre : l’investissement nécessaire en temps (26%) et le fait que les propositions native ne soient pas assez clé-sur-porte (24%). De leur côté, les éditeurs citent le manque de demande de la part du marché (22%) 43, la difficulté de «convaincre l’organisation que La vision de Monocle Une autre success story: The New York Times 39 Bien que l’éditeur de Monocle, le mythique Tyler Brulé, se défende d’utiliser le terme de native advertising, sa politique en la matière est de celles qui font tâche d’encre en print et en digital. Ses pubs native sont des exemples de design et d’intégration, en plus d’offrir un contenu très qualitatif. Ce magazine haut de gamme axé sur un contenu lifestyle met en effet au service des marques son équipe rédactionnelle, ses designers et ses photographes, pour garantir un niveau journalistique et esthétique égal à celui du magazine. L’exemple de ce quotidien de référence est également édifiant. A l’instar de Monocle, le journal met à disposition des marques non seulement sa plate-forme mais également tous ses «standards et ses outils de storytelling»: vidéos, graphiques interactifs, etc…, La création du contenu native y est par contre supervisée par une cellule dédiée à ce type de contenu. Au contraire d’autres acteurs, le Times a choisi de dissocier clairement le native du reste de son contenu pour des raisons d’intégrité éditoriale. Un fond bleu clair ainsi qu’une police de caractère légèrement plus petite distinguent la zone «native». Un disclaimer complet indique que l’article a été payé par un annonceur et le logo de celui-ci apparaît devant l’article et sur le web, jusqu’à l’url du site qui indique qu’il s’agit de «paid content». Cette approche veille à une qualité de contenu exemplaire : les lecteurs consacreraient le même temps à lire le contenu sponsorisé que le rédactionnel40, et parfois même plus ! Au niveau du «labelling», l’approche du magazine est minimaliste: une simple mention «marque X Monocle» apparaît en bas de page. Sur le web, il est parfois indiqué «collaboration». Brulé fait donc le choix de l’intégration totale, également au niveau de son équipe. Il déclare ainsi: «I’m of the opinion that all good journalists are good salespeople too». Cette politique s’avère en tous cas payante puisque le native représente aujourd’hui environ un cinquième des pages du magazine et génère un quart des revenus totaux de Monocle38. À titre d’exemple, un graphique réalisé pour United Airlines (qui montrait la distance parcourue en avion par les athlètes pour arriver à Sotchi) a généré plus de 200 000 clics, bien plus que la moyenne du magazine. Aujourd’hui, The New York Times réaliserait environ 20% de son chiffre d’affaires grâce au native41. http://www.marketingcharts.com/online/native-ads-advertisers-obstacles-and-publishers-benchmarks-43452/ 37 Digiday, The Monocle Approach to Native Ads, july 2013, Alex Kantrowitz 38 Contently, Great News for Native: The New York Times’ Sponsored Content Is as Popular as Its Editorial, May 22nd, 2014 39 Meredith Levien, Executive Vice President of advertising, The New York Times 40 41 Outbrain Native Ads: Advertisers’ Obstacles and Publishers’ Benchmarks, June 19, 2014 - by MarketingCharts staff – éditeurs premium 42 CXsense, mai 2014, n=260 publishing executives 43 Freek evers, 15 faits saillants sur le native advertising à faire circuler sur Twitter, www.persgroepadvertising.be 44 Media Marketing, 13 mai 2015 45 8 BACKSTAGE 40 - Mars 2016 les pubs native ne sont pas une chose horrible» (22%), et le défi de «trouver des gens pour écrire les contenus» (12%). Les lecteurs consacreraient le même temps à lire le contenu sponsorisé que le rédactionnel, et parfois même plus ! En Belgique, si 3/4 des éditeurs proposent dans une certaine mesure du native 44 et que beaucoup investissent dans des pôles native, la situation n’est pas plus simple. La faible connaissance du marché (cfr supra «Un concept qui cultive le flou») est bien sûr un des écueils majeurs, puisque 35% du marché des annonceurs confesse ne pas connaitre le touchpoint. Le site Newsmonkey, qui base ses revenus sur le native, témoigne de ses difficultés sur le marché belge : «Nous constatons que les annonceurs en Belgique ne sont pas encore vraiment familiarisés avec le concept (...) Cette approche ne peut s’inscrire que dans une stratégie à long terme, et nous nous heurtons encore pour l’instant aux plans à court terme qui sont monnaie courante aujourd’hui (…) Il y a toujours un peu la peur de se mouiller en Belgique»45. Conclusion En bref, si le native continue à cultiver ses zones d’ombre, l’efficacité, les qualités et le potentiel de développement de ce type de publicité ne sont plus à prouver. Pour les plus sceptiques, il n’est plus temps de bloquer cette évolution mais plutôt d’essayer de l’encadrer au mieux pour protéger ce qui fait la force des marques magazines sur toutes les plateformes : la relation de confiance avec les lecteurs et la qualité du contexte rédactionnel. J.M. Facts La publicité native est l’un des touchpoints présentant le plus grand potentiel de développement tout en étant l’un des plus méconnus. L’efficacité du native est supérieure à la publicité classique sur tout l’entonnoir d’achat. La réussite du processus est liée au respect de critères cruciaux : pertinence, expertise et transparence. BACKSTAGE 40 - Mars 2016 9 RADIO RADIO, THE FORCE IS STRONG IN YOU La part de la radio dans le mediamix belge est l’une des plus élevée au monde. Elle n’a cessé d’augmenter au fil des ans, sans aucun doute grâce à tous les avantages que ce média offre aux annonceurs. De nombreuses études ont été réalisées pour illustrer les caractéristiques uniques de la radio, en termes qualitatifs et quantitatifs, et pour prouver l’efficacité de la publicité en radio. la radio est l’un des médias les plus utilisés, et le matin, lors du pic matinal, plus de trois consommateurs de médias sur quatre écoutent une chaîne de radio. Grâce à cette couverture étendue et à la possibilité de répéter fréquemment le message, la radio permet d’augmenter rapidement la notoriété d’une marque. Selon une étude du RAB, qui a étudié 18 campagnes FMCG, la radio est capable d’augmenter de 40% la notoriété d’une marque5. Le «case» réalisé pour Mousse de Lin par IP en 2014 démontre même une augmentation de 63% de la notoriété6. La publicité à la radio fonctionne toujours très bien en Belgique, ce média y enregistrant l’une des parts d’investissement publicitaire les plus élevées au monde. Avec un pourcentage d’investissement publicitaire brut de près de 14% en 2014 (et près de 18% dans le Sud !)1, la radio fait deux fois mieux en Belgique que dans le reste du monde (6,8%) 2. Sa part dans le mediamix ne cesse d’ailleurs d’augmenter : selon Nielsen, c’est la radio qui a réalisé la plus forte croissance dans les investissements publicitaires bruts en Belgique parmi tous les médias en 2014 (+7,7%) 3. Grâce à sa couverture importante de la population belge, mais aussi à ses nombreux autres avantages, la radio continue de jouir de la confiance des annonceurs, jour après jour. De nombreuses études ont été réalisées en Belgique, mais aussi dans le reste du monde, pour illustrer les caractéristiques uniques de la radio, en termes qualitatifs et quantitatifs, et pour prouver l’efficacité de la publicité à la radio. La radio ne dispose pas seulement d’une importante part de marché MDB en Belgique, elle couvre également une large part de la population belge en termes d’audience. Chaque jour, un annonceur peut toucher les trois quarts de la population en faisant de la publicité à la radio, et sur l’ensemble de la semaine, la couverture peut atteindre près de 90%4! Écouter la radio reste en effet l’une des principales activités média en Belgique : selon l’étude Les Marques Média réalisée par IP en 2012, la radio représente (en budget temps) un tiers de l’usage total des médias. En journée, La première chose importante à dire est que les auditeurs ne sont pas des zappeurs : ils sont attachés à leur radio. En raison de l’univers spécifique de chaque radio et du caractère intime de ce média, les auditeurs se sentent personnellement concernés. 10 BACKSTAGE 40 - Mars 2016 Des auditeurs fidèles Nielsen MDB janv-déc 2014 1 Zenith Optimedia – Share of global adspend by medium 2014 2 Nielsen – Reclame-investeringen 2014-2013 (Nationaal) 3 CIM Radio w. +2015-1+2015-2+2015-3, Monday-Sunday, All Day, Belgium, 12+ 4 RadioGAUGE - RAB 5 Case Mousse de Lin – IP (2014) 6 En comparaison avec les autres médias, deux fois plus d’auditeurs de la radio n’ont qu’une seule radio préférée et quatre sur cinq écoutent la même depuis plus de deux ans7. Durant les blocs publicitaires, ils continuent donc d’écouter leur radio. Les phénomènes de zapping ou d’évitement de la publicité dont on parle de plus en plus souvent avec la métamorphose digitale des médias n’est donc pas de mise en radio. Il est prouvé que pour la radio, le pourcentage d’évitement de la publicité est très faible, le plus faible après le cinéma. Des études réalisées aux Pays-Bas et aux États-Unis montrent qu’il n’y a pas de perte d’auditeurs dans l’intervalle publicitaire. L’étude menée aux États-Unis démontre que pendant des blocs publicitaires de 1 à 3 minutes, le nombre d’auditeurs reste équivalent9. Mieux encore, selon l’étude néerlandaise, un bloc publicitaire entraînerait même une hausse de 3% des auditeurs, en moyenne, par rapport à une autre programmation, parce que la publicité est diffusée lors de moments de grande écoute, comme les informations10. Avec la radio, la portée du contenu commercial et rédactionnel est donc aussi grande (ou même plus grande) chez l’auditeur. Il n’y a pas de perte d’auditeurs dans l’intervalle publicitaire. Radio = impact anytime, anywhere ! La radio est un média qui nous accompagne tout au long de la journée, même lorsque nous sommes occupés à faire d’autres choses et que nous n’écoutons peut-être pas tout le temps avec la même attention. Mais cela ne veut pas dire que l’écoute «passive» ait un impact moindre sur le souvenir d’un message publicitaire : une étude réalisée aux Pays-Bas a démontré que même lorsque l’on écoute «d’une seule oreille», la reconnaissance est plus grande11. Aux Pays-Bas toujours, une étude de Mindshare et Radio 538 a démontré que l’écoute passive produit de l’impact. Lorsque nous écoutons inconsciemment, nous éprouvons plus facilement des émotions positives et le spot serait davantage capable d’activer les promesses de la marque dans le cerveau12. Des chercheurs allemands ont remarqué que l’intention d’achat un produit était supérieure de 8% chez les PRA exposés passivement à un spot, en comparaison avec un groupe n’ayant pas entendu le spot. L’écoute passive exerce également un effet positif sur la perception de la marque13. La radio est plus efficace que n’importe quel autre média lorsqu’il s’agit d’imprimer les messages publicitaires dans le cerveau du consommateur qui y prête moins attention, car il lui est impossible de fermer les oreilles ! La radio est plus efficace que n’importe quel autre média lorsqu’il s’agit d’imprimer les messages publicitaires dans le cerveau du consommateur qui y prête moins attention, car il lui est impossible de fermer les oreilles ! Comme nous l’avons déjà dit, la radio nous accompagne tout au long de la journée. Selon l’étude Les Marques Média d’IP, la radio est le média le plus sélectif sur le critère «Me tenir compagnie»14, ce que corrobore également une étude australienne15. Comme la radio accompagne le consommateur toute la journée, à des moments et des endroits que les autres médias ne couvrent pas, un annonceur peut, grâce à une campagne radio, tirer profit des moments de consommation et d’achat importants, par exemple en diffusant de la publicité pour le café pendant le petit-déjeuner, un spot pour un en-cas l’après-midi,… En outre, l’annonceur peut être présent avec sa marque sur la route du supermarché, ou même dans le supermarché, pour pouvoir influencer la décision du consommateur jusqu’au moment de l’achat. d’un spot en fonction de ce que l’auditeur est en train de faire à ce moment, exerce un impact très positif sur son efficacité : une hausse de 65% du souvenir de la marque est notée si au moment de la diffusion du spot, l’auditeur accomplit une activité pertinente. La publicité pour les aliments est efficace au moment de l’achat, les spots pour les produits et services automobiles pendant que les auditeurs roulent en voiture,…16 La radio est présente, toujours et partout (également grâce aux connected devices sur lesquels nous pouvons écouter la radio en ligne, où et quand nous le souhaitons), et atteint chaque jour trois quarts des PRA belges, et les familles avec enfants17. Radio. It’s a Love Thing a prouvé en Australie que l’achat des marques qui font de la publicité à la radio augmente de plus de 40%, et a démontré l’impact positif direct de la publicité à la radio sur l’achat d’une marque18. En Roumanie, une étude pour Sarenza a démontré qu’un quart des ventes est imputable à la publicité en radio19. Le cas de Quick en Belgique a également confirmé cette activation des ventes grâce à la publicité à la radio : le stock des «burgers tricolores» a été vendu en trois jours seulement, alors qu’il n’y avait aucune promotion spéciale sur le produit. Dans le cas de Quick, non seulement une activation des ventes a été notée, mais le 21 juillet, une hausse de 4% du trafic La diffusion d’un spot en fonction de ce que l’auditeur est en train de faire à ce moment, exerce un impact très positif sur son efficacité. AudienScope «Radio: a love story» – GFK (2014) 7 Initiative Media (2011) & Clark Chapman Research (UK) 8 Arbitron, Media Monitors and Coleman Insights (2011) 9 Mediawatch GFK & Nationaal LuisterOnderzoek (2012-2013) 10 Aandacht voor radioreclame – RAB/Intomart GFK (2011) 11 Het Brein Spreekt – Mindshare & 538 (2012) Per Autopilot in den Einkaufskorb – AS&S Radio und Radiozentrale (2010) 14 Les Marques Média – IP (2012) - «Welke van volgende omschrijvingen beschrijft het beste uw ervaring op dat moment?» 15 AudienScope, Things to love about radio – GFK (2014) 16 Newslink Recall Research (2014) 17 CIM Radio w. 2015-1+2015-2+2015-3, Monday-Sunday, All Day, Belgium, Daily Reach 18 Radio. It’s a Love Thing – Commercial Radio (2014-2015) 19 Case study Sarenza.com – IP (2014) 12 13 La radio est souvent le dernier média avec lequel un client potentiel peut avoir un contact avant d’entrer dans le magasin. En ce moment à la radio, dans quelques instants dans le caddy? Une étude réalisée au Royaume-Uni prouve que la diffusion BACKSTAGE 40 - Mars 2016 11 vers les points de vente a été enregistrée (en comparaison avec un 21 juillet sans publicité) 20. Radio + online = Radio² ? Mais la radio ne génère pas seulement du trafic supplémentaire vers les points de vente. L’effet puissant de la publicité à la radio se mesure en ligne aussi, et ce à divers niveaux : search, trafic et réseaux sociaux. La radio s’intègre en effet parfaitement bien avec tous les développements numériques et technologiques et est écoutée sur des plateformes de plus en plus nombreuses. Selon la dernière étude CIM Radio, chaque semaine, 15% de la population belge de plus de 12 ans écoute la radio en ligne21. La radio et internet sont en outre des médias très complémentaires : si la radio tient compagnie à l’auditeur et le détend, internet est surtout un média d’information. L’effet puissant de la publicité à la radio se mesure en ligne aussi, et ce à divers niveaux: search, trafic et réseaux sociaux. Grâce à la nature intrinsèque de ces deux médias, les auditeurs peuvent les utiliser ensemble (ex. radio : tenir compagnie + internet : travailler) et de manière complémentaire (ex. radio : j’entends quelque chose qui m’intéresse -> internet : rechercher des informations). Selon l’étude AudienScope réalisée en Australie, «surfer sur internet» figure dans le top 5 des activités réalisées en écoutant la radio. C’est d’ailleurs la seule activité média qui figure dans ce top 5 (les autres activités étant : rouler en voiture, se détendre, effectuer les tâches ménagères et travailler) 22. 59% des personnes interrogées dans le cadre d’une étude en Allemagne disent que si elles entendent quelque chose d’intéressant à la radio tandis qu’elles surfent sur internet, elles vont chercher davantage de détails en ligne. Parmi ces mêmes répondants, 57% disent avoir déjà effectué des recherches sur internet concernant des choses dont ils avaient entendu parler à la radio et quatre personnes interrogées sur dix disent que la 12BACKSTAGE 40 - Mars 2016 publicité à la radio les pousse à effectuer des recherches spécifiques sur internet 23. C’est en effet une étape logique de rechercher sur internet plus d’informations concernant ce dont nous avons entendu parler à la radio. Il y a six fois plus de probabilités que les consommateurs effectuent des recherches sur internet concernant une marque lorsqu’ils ont entendu un spot à la radio24. The Online Multiplier du RAB au Royaume-Uni a abouti à un résultat similaire : l’écoute de spots à la radio entraîne une hausse de 52% des recherches en ligne pour la marque en question25. En Belgique, une publicité à la radio a entraîné une hausse moyenne de 33% des recherches de la marque concernée sur Google. Et si le spot mentionne également le site web de la marque, la hausse moyenne atteint même 59%! Autrement dit, l’ajout d’un call-to-action clair au spot, référant spécifiquement au site web, joue à l’avantage des annonceurs qui veulent attirer plus de visiteurs sur leur site26. La conclusion est la même en France : l’ajout du site web de la marque à un spot entraîne une hausse de 21% des recherches de la marque en ligne. L’étude a même démontré que 69% des campagnes radio ont un impact significatif sur les recherches en ligne : elles génèrent de 5 à 30% de recherches supplémentaires. Un annonceur uniquement actif dans l’e-commerce génère, via une campagne radio, deux fois plus de recherches que la moyenne générale observée dans les campagnes étudiées27. Un case concernant Ebay en Allemagne a permis de calculer que près d’un quart des recherches en ligne est influencé par les médias. Après internet, c’est la radio qui en est surtout responsable28. La radio suscite une réponse rapide, également en ligne. La mention du site web d’un produit ou d’une marque dans un spot radio génère rapidement du trafic supplémentaire vers le site en question. Près de 80% des personnes qui réagissent (visiter le site web ou la page Facebook, chercher en ligne) après avoir entendu un spot radio, le font dans les 24 heures24. Une étude récente réalisée en Italie prouve que la couverture d’un site web augmente grâce à une campagne radio, et même mieux : non seulement le site web de la marque, mais les sites web concurrents profitent aussi de cet effet 29. PayPal a également ressenti l’effet positif de la publicité audio en Allemagne : l’entreprise voulait augmenter le nombre d’abonnés à son service via une campagne radio. Les visites du site web ont augmenté de 32% pendant la campagne, tandis que le nombre de nouvelles inscriptions sur PayPal a augmenté de plus de 25%30. L’utilisation de la radio en ligne peut augmenter l’efficacité d’une campagne sur la radio FM. La radio exerce en ligne non seulement un effet «quantitatif» via le search et le trafic, mais a aussi une grande influence qualitative via les réseaux sociaux. Selon AudienScope, la radio génère, bien plus que les autres médias, un niveau élevé d’interaction avec les réseaux sociaux. La radio a en effet un lien unique et qualitatif avec les auditeurs, et lorsqu’un programme en direct s’achève, l’engagement de l’auditeur se renforce même via les réseaux sociaux de la radio concernée, qui leur permettent de vivre leur contenu radio préféré d’une autre manière. En d’autres termes, la radio génère un «ROR» ou Return on Relationship plus élevé : 52% des auditeurs qui s’engagent sur les réseaux sociaux de leur chaîne préférée disent que leur relation avec la radio s’est renforcée d’une certaine manière31. En Belgique, 67% des auditeurs de la radio de 15 ans et plus sont actifs sur les réseaux sociaux, et ce pourcentage passe même à 83% pour les auditeurs entre 18 et 34 ans32. Un bon exemple d’engagement via les réseaux sociaux est le cas de Quick : un concours sur Facebook a été annoncé via une campagne radio : tandis qu’environ 300 nouveaux fans arrivaient Case Quick – Aegis Media & The Radio Group (2013) 20 CIM Radio w. +2015-1+2015-2+2015-3, Monday-Sunday, All Day, Listened via internet, 12+, Weekly Reach 21 AudienScope «Radio: Batting above the average» – GFK (2015) 22 Surfer wollen was auf die Ohren – Radiozentrale/GFK 23 Radio and Digital Media – Colmar Brunton & Commercial Radio Australia (2012) 24 The Online Multiplier – RAB (2010) Radio points the way to the web – VAR-RMB-Google (2011) 27 L’efficacité des spots radio sur le trafic vers les sites internet – Aegis Media Solutions (2011) 28 Werbewirkung auf Google Suchanfragen – RMS (2014) 29 L’Efficacia va in onda – Radiocompass (2015) 30 Radio drives traffic to the web! – RMS & Paypal (2015) 31 AudienScope - Radio: Converting « like » to love – GFK (2014) 32 Consumer Connection Study - Aegis 25 26 chaque jour sur la page Facebook de Quick, les premiers jours de la campagne radio, un bond spectaculaire de +10 000 fans a été enregistré. Quelque 6 600 fans ont participé au concours, et 8 000 conversations en ligne ont été associées à Quick pendant la période de test33. De plus, selon l’étude de TargetSpot, l’utilisation de la radio en ligne peut augmenter l’efficacité d’une campagne sur la radio FM. Le souvenir d’un spot et le «response rate» à celui-ci sont considérablement augmentés lorsque la radio FM est combinée à la radio en ligne34. L’écoute de la radio numérique est complémentaire à celle de la radio FM : les auditeurs en ligne ont également un lien fort avec le contenu, ce qui profite à l’efficacité de la publicité : 52% des auditeurs de la radio en ligne se souviennent avoir entendu un spot radio et 40% d’entre eux y réagissent35. La radio dans le mix Il s’avère également que l’ajout de la radio au mediamix augmente l’efficacité de la campagne. En d’autres termes, ne pas utiliser la radio, c’est perdre en impact, comme le démontre une étude néerlandaise. Les campagnes dont la radio ont été comparées à des campagnes sans radio, mais toutes avaient la télévision en commun. Les campagnes avec radio fait partie du mediamix assurent en moyenne 15% de notoriété spontanée supplémentaire et en moyenne 39% de croissance en plus pour le transfert du message. Pour les marques dont la notoriété spontanée est d’au moins 20%, l’ajout de la radio est également plus efficace pour des objectifs tels que l’image et la préférence. La correspondance entre la campagne radio et un spot TV augmente l’effet sur le fait d’envisager l’achat, la préférence et l’intention d’achat36. En France, l’efficacité de la radio dans les campagnes de produits FMCG a été mesurée en comparant des campagnes mono-radio avec des campagnes radio + TV. un résultat comparable : une campagne radio seule produit un ROI de 17%, et le ROI moyen passe à 21% en utilisant conjointement la TV. La radio est d’ailleurs le seul média, d’après cette étude, qui augmente systématiquement le ROI d’une campagne38. Le case d’Ebay en Allemagne a montré que la part de radio dans le mediamix était multipliée par quatre dans la part de vente28. Une étude du RAB montre également que les annonceurs radio regagnent en moyenne presque huit fois leur investissement. Ce qui fait de la radio, après la TV, le média produisant le meilleur ROI39. Conclusion La radio est un player qui compte ! Sa part d’investissements élevée dans la MDB prouve que les annonceurs ont toujours confiance dans ce média. La radio leur apporte une qualité de contact inégalée grâce à un auditoire fidèle. La radio peut être écoutée partout et suit l’auditeur toute la journée. Elle a une grande portée et peut être écoutée en FM, en ligne et sur n’importe quel connected device, créant ainsi des touchpoints que les autres médias ne peuvent pas atteindre. Le média génère du trafic et de l’activation offline et online. Et, last but not least, lorsqu’un annonceur intègre la radio dans son mediamix, sa campagne génère davantage d’impact et de ROI ! Le tout, étudié et démontré par différentes études nationales et internationales. La radio est et restera donc longtemps un média puissant … CQFD ! V.M. Facts Les auditeurs sont fidèles à leur station de radio, également pendant le bloc publicitaire. L’écoute passive a de l’impact aussi. La radio peut être écoutée partout et suit l’auditeur tout au long de la journée. La radio exerce également un effet puissant en ligne (recherche, trafic, réseaux sociaux). L’ajout de la radio au mediamix augmente l’efficacité de la campagne. Ne pas utiliser la radio, c’est perdre en impact. L’ajout de la radio au mediamix augmente l’efficacité de la campagne. Après la TV, la radio est le média produisant le meilleur ROI. Première constatation : les campagnes radio étaient aussi efficaces que les campagnes TV (54% contre 52%), toutes deux générant une augmentation de minimum 5% du chiffre d’affaires. La radio se différencie aussi par sa capacité à augmenter la part de marché à court terme (93% des campagnes radio ont influencé à court terme la part de marché). Lorsque la radio et la TV étaient utilisées simultanément et que la campagne globale durait plus de 14 jours, le chiffre d’affaires a augmenté de plus de 5% dans 62% des campagnes37. Une étude de Colmar Brunton en Australie obtient Case Quick – Aegis Media & The Radio Group (2013) 33 Internet radio advertising impact study – TargetSpot (2011) 34 Digital audio usage trends : A highly engaged listenership – TargetSpot (2011) 35 Radio in de mix – Ster AdMeasure (2014) 36 Food Radio – Bureau de la Radio & Kantar Worldpanel 37 Media Spend ROI Study – Colmar Brunton (2015) 38 The ROI multiplier – RAB (2013) 39 BACKSTAGE 40 - Mars 2016 13 NEW MEDIA PAYSAGE DE L’OTT EN BELGIQUE L’acronyme OTT ne vous dit certainement pas grand-chose. Aussi quelques exemples seront plus parlants, tels que Netflix, Hulu, Amazon Prime et plus récemment en Belgique, RTL à l’infini. Ce nouveau type de service de vidéo à la demande lancé sur internet par RTL mérite que Backstage fasse le point sur le sujet. OTT, «Over-The-Top», est un service de distribution de contenu via internet. «Over-The-Top», du fait que le contenu vient «pardessus» celui distribué par les opérateurs traditionnels. Dans les faits, cette technologie permet de proposer du contenu audio ou vidéo directement sur des plateformes web et mobiles. Ces contenus OTT, tantôt gratuits, tantôt payants, sont proposés en extraits ou en intégralité. Ses principaux modes de distribution sont : AVOD (Advertising-supported Video On Demand) : L’utilisateur peut regarder un contenu gratuitement. Ce contenu est accompagné de publicité. Free VOD (Free Video On Demand) : L’utilisateur a accès à un contenu spécifique qu’il peut regarder ou télécharger gratuitement sans aucune publicité. L’internaute doit, selon les cas, se connecter et s’inscrire à une plateforme pour accéder aux players. SVOD (Subscription Video On Demand) : Le service de VOD par abonnement donne à l’utilisateur d’une plateforme un accès illimité à un catalogue complet de programmes durant toute la période de l’abonnement. 14BACKSTAGE 40 - Mars 2016 TVOD (Transactional Video On Demand) : La VOD transactionnelle est aussi appelée «Pay per View». Dans un catalogue de programmes, le consommateur loue à la pièce un contenu spécifique qu’il peut regarder autant de fois qu’il le souhaite durant une période définie (généralement 24 ou 48 heures). Les progrès réalisés au niveau du débit et de la qualité d’image permettent aujourd’hui de regarder des contenus en ligne sans interruption et d’une qualité souvent irréprochable. Par ailleurs, nous avons aujourd’hui la possibilité de consommer une multitude de programmes via une multitude d’écrans et de canaux de diffusion. L’OTT permet d’accompagner le spectateur tout au long de ses usages quotidiens et en termes de contenu (type de contenu recherché et disponibilité 24h/24) et d’appareils utilisés, l’offre OTT étant par définition multiplateforme et disponible sur la plupart des dispositifs permettant d’accéder au web. L’OTT (Over-The-Top) permet de proposer du contenu audio ou vidéo directement sur des plateformes web et mobiles. Au niveau international, les acteurs les plus importants de l’OTT sont Netflix, Hulu et Amazon Prime. En Belgique francophone, les différents acteurs actuels de l’OTT payant sont Eleven, Plush, Netflix et RTL à l’infini. Notons que le groupe AB avait également fait l’expérience de l’OTT avec JookeVideo, mais s’est retiré en juin dernier. Nous détaillons ci-dessous l’offre disponible en Belgique. Eleven. Eleven est une chaîne TV dédiée au sport, disponible depuis peu chez tous les opérateurs au prix de 9.99€ par mois. Depuis octobre, Eleven a lancé son offre OTT en Belgique. Le service est disponible sur internet (PC, smartphone et tablette) via une souscription hebdomadaire (6.99€), mensuelle (9.99€) ou annuelle (99€). Plush. Lancé en 2013, Plush est un service de SVOD et de TVOD disponible sur PC, tablette, smartphone, Smart TV et sur PlayStation. Il propose un service à la carte, un abonnement mensuel VOD (9.95€), un abonnement 18+ (19.95€) et une offre regroupant les deux (28.95€). Enfin, la plateforme RTL à l’infini permet à RTL de se positionner et de se préparer à l’arrivée de nouveaux acteurs qui suivront certainement Netflix sur le marché belge. Par exemple, en Europe, Disney avec Disney Life dans les pays anglo-saxons et la Fnac avec FnacPlay, son service de VOD. L’apparition d’acteurs internationaux tels que Hulu et Amazon Prime est également à envisager. Notons également que YouTube propose aux Etats-Unis, depuis le 28 octobre dernier, une version payante de sa plateforme sous forme d’abonnement mensuel (YouTube Red), qui permet à l’usager d’accéder aux vidéos sans publicité pour 9.99$ par mois. YouTube prévoit également d’élargir cet abonnement avec des contenus exclusifs (films et séries) non accessibles pour les utilisateurs de l’offre gratuite. Consumers with Broadband and OTT but without Pay TV RTL propose RTL à l’infini, son service de vidéo à la demande (VOD), sur plateforme OTT depuis novembre 2015. L’internaute y retrouve le contenu des chaînes TV de RTL (RTL TVI, Club RTL et Plug RTL) ainsi que du contenu exclusif tel que des séries US en avant-première sur le web. Les raisons de ce lancement OTT sont multiples. Tout d’abord, cela permet à RTL de ne plus être tributaire d’opérateurs tiers. Le service de vidéo à la demande était disponible à la pièce (TVOD) ou en abonnement (SVOD) depuis 2007 uniquement via le bouton rouge de la télécommande, permettant d’accéder à une sorte de boutique en ligne hébergée par l’intermédiaire des opérateurs télécom. La plateforme OTT permet à RTL de distribuer lui-même son catalogue sur le web sans être tributaire des impératifs et objectifs d’un tiers. La plateforme OTT permet également de rendre l’offre de vidéos à la demande RTL à l’infini accessible à tout moment et partout, sur tous les écrans (TV, smartphone, tablette ou PC). Ceci répond au changement de comportement des consommateurs, qui privilégient de plus en plus les appareils mobiles. D’autre part, cette stratégie permet de toucher une nouvelle audience, celle ne disposant pas d’abonnement TV. Aux Etats-Unis et au Canada, 56.3% des répondants de l’étude de DigitalSmiths sont abonnées à une offre de SVOD payante, un chiffre en progression constante.1 Notons également que 7% des ménages US (soit 8.4 millions de ménages), ont déjà souscrit à une offre OTT sans avoir d’abonnement TV payant2. Cette tendance est spécifique au marché américain, où l’envahissement publicitaire et le prix très élevé des abonnements au câble ont fini par exaspérer certains consommateurs. All Households 8% Netflix, le géant américain présent en Belgique depuis septembre 2014, continue d’étoffer ses catalogues de séries, cinéma, documentaires. Après avoir misé sur des contenus de tiers, disponibles également sur d’autres plateformes, Netflix revoit sa stratégie en proposant des productions propres et exclusives à ses abonnés. Après des séries originales telles que Orange is the New Black et House of Cards, plusieurs long métrages et documentaires sont désormais diffusés ou en préparation. Actuellement, trois offres mensuelles SVOD sont disponibles : l’offre essentiel (7.99€), l’offre standard (9.99€) avec vision en HD sur deux écrans en simultané et l’offre premium (11.99€) en ultra HD, disponible sur 4 écrans en simultané. 4% 0% U.S. Canada Spain U.K. Germany © Parks Associates Les formules mises à disposition du consommateur par RTL à l’infini sont nombreuses puisque celui-ci a le choix entre FreeVOD, SVOD et TVOD. L’internaute peut regarder gratuitement les infos, la météo et les émissions politiques après s’être préalablement enregistré sur la plateforme RTL à l’infini. Il peut payer à la pièce pour regarder les émissions des trois chaînes RTL (RTL TVI, Club RTL et Plug RTL), ainsi que de nombreuses séries en US Première, preview (3 semaines avant diffusion en TV) et catch-up. A côté de cela, RTL à l’infini propose deux formules d’abonnements, RTL Sélection à 5.95€ (accès à toutes les émissions de RTL, aux productions Disney et Studio100) et le RTL Séries Pass à 4.95€ (US Premiere, épisodes en Catch Up, anciennes saisons et séries inédites). Les deux abonnements combinés sont également proposés au prix de 8.95€. La plateforme OTT permet également de rendre l’offre de vidéos à la demande RTL à l’infini accessible à tout moment et partout, sur tous les écrans Sur le marché belge, les offres à disposition sont très différentes et le poids des différents acteurs varie. RTL à l’infini propose une Q3-2015 Video Trends Report, Consumer Behavior Across Pay-TV, VOD, PPV, OTT, Connected Devices, and Content Discovery, Digitalsmiths 1 LTV Everywhere and The New World of OTT, Parks Associates, The industry report 2 BACKSTAGE 40 - Mars 2016 15 offre complète et moins chère que la concurrence. Eleven est centré sur une seule thématique, Plush se différencie par son offre pour adultes et Netflix se distingue par son catalogue plus fourni et des productions propres. Selon les derniers chiffres dont nous disposons, les revenus des vidéos over-the-top en Europe devraient passer de 3.2 milliards de dollars en 2013 à 9.45 milliards en 2018. Over-the-top video revenue in Europe in 2013 and 2018 (in billion U.S. dollars) 10 9.45 Revenue in billion U.S. dollars 8 6 4 3.2 2 0 2013 2018* Source : Statista, 2015 Le marché de l’OTT a de beaux jours devant lui vu l’engouement du consommateur pour ce type de service. Notons cependant que certains internautes n’assimilent toujours pas l’idée de devoir payer pour du contenu sur le web, et que d’autre part, les stratégies des différents acteurs présents et à venir peuvent remettre en cause les différents modèles mis sur pied. En France, par exemple, M6 joue la carte de la gratuité, sa plateforme 6play permettant aux internautes de regarder ses chaînes en live et en replay. 6play propose également des chaînes TV exclusivement en ligne, des productions originales et permet même de voir certaines séries 2 heures avant leur diffusion en TV. L’internaute, en retour, doit s’identifier sur la plateforme et ne peut passer à côté du tunnel publicitaire. Cette évolution du marché impactera les acteurs de l’audiovisuel, selon la stratégie qu’ils choisiront d’adopter. Le streaming pourrait devenir aussi naturel que la TV pour les plus jeunes générations. Même si les services OTT restent à ce jour majoritairement complémentaires de l’offre TV traditionnelle, le streaming pourrait devenir aussi naturel que la TV pour les plus jeunes générations. C’est en tout cas l’une des raisons évidentes pour être présent sur ce marché. Il est clair que le contenu proposé et la manière de proposer celui-ci seront amenés à évoluer constamment avant que chaque acteur de ce marché en expansion ne trouve la combinaison gagnante. E.D. 16BACKSTAGE 40 - Mars 2016 Facts L’OTT est un service de distribution de contenu (audio/vidéo) par internet. Les habitudes de consommation changent, l’OTT permet de rendre le contenu disponible à tout moment sur toutes les plateformes. Au niveau mondial, Netlix, Amazon Prime et Hulu dominent le marché de l’OTT par souscription. La plateforme OTT RTL à l’infini rend désormais le service de vidéo à la demande disponible sur tous les supports et plus uniquement via le bouton rouge de la télécommande. TV TELL A VISION / THIERRY TACHENY: «NOUS N’AVONS PAS FINI DE HAÏR LA TÉLÉVISION» Fin 2015, les régies membres de l’Association Belge des Médias Audiovisuels (ABMA) présentaient d’une seule voix un séminaire inspirant consacré à l’avenir de la télévision. Parmi les intervenants, Thierry Tacheny, CEO de Divedia Consulting et spécialiste incontesté dans le secteur, a proposé une vision claire et audacieuse de la télévision de demain. L’exposé porte un titre et donne le ton : «I hate TV !» Si on dit la télévision en péril, c’est parce que l’on observe, sans tenir compte de tous les paramètres, le marché américain. Marché américain où l’envahissement publicitaire (jusqu’à 22 minutes par heure !) et le prix prohibitif des abonnements au câble (jusqu’à 150 $ par mois) ont fini par conduire certains consommateurs dans les bras Phrase prononcée par le génial Orson Welles, qui s’empressait d’ajouter : «I hate TV as much as I hate La télévision est addictive. peanuts. But I can’t stop eating peanuts.» de Netflix : il s’agit clairement d’une réponse aux excès particuliers à l’Oncle Sam, dont nous sommes bien loin en Europe. C’est très clair pour Thierry Tacheny : la télé est addictive, et même si elle semble actuellement connaître un bouleversement majeur, les récents développements technologiques n’ont qu’à peine entamé son succès. En Belgique comme dans le monde entier, la durée de vision de la télévision est toujours aussi importante (un quart du temps éveillé d’un individu moyen !), et même en augmentation grâce aux nouvelles façons de la consommer. There is no such experience like TV Il n’existe, en effet, aucun autre média qui, à l’instar de la télévision, soit installé au cœur de chaque cellule familiale et attire chaque jour un tel volume d’audience, pendant une telle durée de temps, sur un écran d’aussi grande dimension et avec une image d’une telle qualité. Au contraire, la télévision en Europe se porte bien : elle génère des profits et son modèle financier (basé sur les investissements des annonceurs) n’est pas prêt de changer. Les revenus publicitaires de la télévision linéaire sont globalement en hausse, et représentent encore la grande majorité des activités des groupes audiovisuels. Pour Thierry Tacheny, il n’y a d’ailleurs pas d’alternative : les investissements des annonceurs sont et resteront pour longtemps encore le pivot principal de l’écosystème de la télévision commerciale. La publicité reste donc le moteur de l’industrie des télédiffuseurs en Europe, et ce pour un moment encore. Son efficacité dans nos contrées est la résultante de trois contraintes : un dispositif réglementaire strict, le jeu de la concurrence et la demande publicitaire. BACKSTAGE 40 - Mars 2016 17 Au final, cela débouche sur «à peine» 200 spots par jour, si nous prenons en considération les écrans diffusés en prime time par les chaînes leader de chaque marché (généralement au nombre de deux). Ces 200 spots représentent cependant 80% des revenus de la télévision, et offrent ce qu’aucun autre média n’est capable d’apporter : de 45% de couverture nette pour 100 GRP à 80% pour 500 GRP, en 5 jours seulement ! Thierry Tacheny poursuit en nous faisant part de son étonnement face au peu de rigueur qui définit la mesure d’internet, comparativement au média TV. Pour rappel, l’audience publicitaire en télévision, qui pondère le nombre de personnes qui ont vu un spot par la durée pendant laquelle elles l’ont vu, est très contraignante. Du côté d’internet, par contre, les règles se font plutôt «ad minima» : ainsi, pour que la vision d’un spot soit comptabilisée, il suffit que 50% de la surface du lecteur vidéo ait été présente n’importe où sur l’écran pendant 2 secondes ! Les revenus publicitaires de la télévision linéaire sont globalement en hausse. Google lui-même l’annonce, dans une étude sortie en avril dernier (Are your video adds making an impression?) : seule une vidéo internet sur deux est «visible». La visibilité moyenne des vidéos sur internet est en effet de 50%, avec une dispersion des résultats allant de 0 à 88%, cette visibilité évoluant en fonction de la taille du lecteur et de l’emplacement de l’écran. Et Google de conclure que «les annonceurs devraient garder à l’esprit que plus le lecteur est grand et plus il est au centre de l’écran, plus la publicité sera efficace». 1 Une diagonale de 32 pouces, soit un peu plus de 80 cm, est aujourd’hui considérée comme une taille très moyenne pour un téléviseur : on dépasse souvent 1 mètre de diagonale et la taille des téléviseurs vendus augmente désormais de 1,5 à 2 pouces (soit 4 à 5 cm de diagonale) chaque année. 2 Nous avons également mené une analyse à ce sujet, voir le Backstage n°39 d’août 2015 : en Belgique, en 2014, la télévision a réellement généré 81,5 milliards de « vues » publicitaires, contre un peu plus de 2 milliards pour YouTube, soit une part de marché inférieure à 2,4%. Ceci sans tenir compte de l’ad-skipping, estimé à près de 80% sur YouTube : en ne conservant que 20% des spots pour lesquels une vidéo a effectivement été visionnée, la part de marché commerciale de YouTube tombe à 0,5%. 18BACKSTAGE 40 - Mars 2016 Un grand écran, de plus en plus grand même1, avec un message affiché en plein centre de cet écran, pour ne pas dire en «plein écran … » Cela ne vous fait pas penser à quelque chose ? Plus le lecteur est grand et plus il est au centre de l’écran, plus la publicité sera efficace. Thierry Tacheny rappelle en outre qu’une étude récente, réalisée par White Ops et l’Association Nationale Américaine des Annonceurs, conclut que 23% des impressions vidéos sur internet seraient détournées frauduleusement par des robots. Tout ceci, combiné encore au «marché des likes» qui permet d’acheter l’audience sur internet, l’amène à se demander, de manière certes un peu impertinente mais lucide, comment nous réagirions si nous découvrions que «plusieurs chaînes de télévision diffusent régulièrement les spots des annonceurs hors cadre, ou amputent leur durée. Qu’à l’insu du CIM et de GFK, un groupe de hackers a pris le contrôle de 400 audimètres du panel télé. Et que des ménages panélisés peu scrupuleux vendent leur temps de vision au plus offrant» ? Il n’est donc pas raisonnable, aujourd’hui, d’envisager de sacrifier la télévision sur l’autel du web ; de mettre en péril, selon les propres termes de Thierry Tacheny, «un écosystème construit à la satisfaction et au bénéfice de tous avec un mécanisme transparent, efficace et prouvé ; en l’intégrant dans un univers saturé, dégradé et encore en construction.» Il n’est pas raisonnable, aujourd’hui, d’envisager de sacrifier la télévision sur l’autel du web. Il nous rappelle que YouTube n’est toujours pas rentable, et que son trafic s’est fortement développé le jour où la plateforme a autorisé le zapping des spots publicitaires. Qu’en admettant que les mesures d’audience soient comparables, là où la télévision commerciale génère ± 75 milliards de vues en Belgique, YouTube en comptabilise 2 à 3 milliards : si YouTube était une chaîne de télévision, sa part de marché serait de l’ordre de 3% seulement 2. Soyons réalistes, nous dit Thierry Tacheny : en Belgique, il est très peu probable qu’un site web atteigne 1 milliard de vues par mois, qu’il rassemble instantanément jusqu’à 35% d’audience ou qu’il apporte 80% de couverture nette en 5 jours… Seule la télévision permet cela. Le futur de la télévision est plein de promesses Les différents gourous qui nous prédisent régulièrement la mort de la télévision ne doivent donc pas nous faire paniquer, on l’aura compris. D’autant que le mythe du déclin des audiences TV est globalement faux. Au contraire, l’audience totale augmente : c’est la télévision «live», consommée de façon linéaire, qui perd du terrain. Pour Thierry Tacheny, le futur de la télévision doit se construire en deux temps : Tout d’abord, à côté de son offre linéaire, la télévision doit élargir sa fenêtre d’exploitation à 7 jours minimum, pour permettre l’augmentation de la consommation des programmes. Un rapide calcul à partir des émissions diffusées en prime time par 10 chaînes francophones fait dire à Thierry Tacheny qu’en rendant disponibles ces émissions en permanence pendant 7 jours, le service qu’elles proposeraient ensemble serait trois fois supérieur au service actuel en termes d’offre utile : de quoi mieux satisfaire encore les téléspectateurs et repousser les assauts de l’OTT. Mais pour cela, les broadcasters doivent impérativement rassembler leurs contenus sur des plateformes «premium», communes et partagées. De même que lorsqu’on regarde la télévision, on peut passer d’une chaîne à une autre tout en restant devant le même écran, grâce à une télécommande unique ; c’est dans l’agrégation de leurs contenus sur des plateformes communes que les chaînes pourront se renforcer sur le web. Ceci devrait en outre permettre un mécanisme d’identification avec le consommateur et un ciblage plus fin. Le «targeted programming» et le «targeted advertising» sont d’ailleurs en train de se mettre en place, Thierry Tacheny nous en propose quelques exemples : - exploitation de la catchup à J+4 aux Etats-Unis (la publicité linéaire reste proposée dans les émissions en vision différée jusqu’à 3 jours après diffusion, ensuite les spots sont modifiés pour une nouvelle exploitation commerciale) ; -lancement des premières fenêtres de publicité régionale en Allemagne, en collaboration avec les réseaux de distribution ; - création il y a 2 ans d’Adsmart (groupe Sky) au Royaume-Uni, qui permet l’adressage de publicités ciblées dans les foyers. Thierry Tacheny conclut son exposé sur une réflexion face à la mode récente du «programmatic buying», se demandant s’il ne s’agit pas d’un simple jeu de rapport de forces et de prix des médias. Selon lui, un des enjeux essentiels pour les médias est, au contraire, de reprendre le contrôle du processus de vente. En ce qui concerne la télévision, il propose de fusionner les différents systèmes de réservation afin de simplifier le processus actuel, pour ensuite enrichir cette plateforme avec les nouveaux inventaires digitaux que la télévision va bientôt être en mesure d’apporter. Bref, une présentation impertinente et intelligente, qui n’a laissé personne indifférent. A.D. Facts En Belgique comme dans le monde entier, la durée de vision de la télévision est en augmentation grâce aux nouveaux modes de consommation. Netflix est clairement une réponse aux excès particuliers du marché américain : en Europe, la télévision se porte très bien. La télévision est et reste le média de l’efficacité. Aucun autre média n’égale sa puissance. Les règles « ad minima » de la mesure d’audience sur le web ne peuvent en aucun cas être comparées à celles, très contraignantes, utilisées pour la télévision. Si YouTube était une chaîne de télévision, sa part de marché serait de 3% seulement. BACKSTAGE 40 - Mars 2016 19 RADIO LES MESURES D’AUDIENCE RADIO : DÉCLARATIF OU PASSIF? LE DÉBAT CONTINUE... En Belgique, c’est avec impatience que les chiffres d’écoute des radios sont attendus trois fois par an. Quelle station est en tête? Qui progresse ou régresse? Trois moments clés dans l’année qui mobilisent les acteurs radio afin de décortiquer les enseignements de l’étude et de dresser la carte du comportement de la population d’un pays en matière d’écoute. La méthodologie est par ailleurs restée inchangée depuis très longtemps, ce qui pose question quant au futur de l’étude et sa capacité à toujours bien mesurer un média qui se digitalise de plus en plus. Comment mesurer au mieux l’audience de la radio? Les choses ne sont pas évidentes car, contrairement à la télévision, il n’existe pas un standard européen ou mondial. Ceci est dû au modèle de consommation de la radio, qui s’écoute à la maison, dans la voiture, dans les transports publics, au bureau et via une multitude de plateformes analogiques et digitales. La mesure doit donc tenir compte de la forte mobilité du média et assurer un échantillon assez important et représentatif. Deux écoles s’opposent, chacune comportant autant d’atouts que de difficultés ou d’interrogations. La mesure déclarative, 20BACKSTAGE 40 - Mars 2016 qui demande au répondant d’enregistrer ce qu’il écoute et la mesure passive, qui enregistre automatiquement ce qu’écoute le participant. La mesure déclarative : 2 modes de collecte de données Le premier mode de collecte est le Diary. Les répondants sont invités à remplir un journal d’écoute durant une ou plusieurs semaines, dans lequel ils indiquent par quart d’heure quelles radios ils ont écoutées. En Belgique, il est également demandé de préciser le lieu d’écoute (à la maison, en voiture, au travail, ailleurs) et si oui ou non la radio a été écoutée via internet (en live sur le site internet, via le player de la radio, etc). La méthodologie restée inchangée depuis longtemps pose question quant à la capacité de l’étude à mesurer un média qui se digitalise de plus en plus. Le répondant peut remplir ce carnet sur une version papier, via internet ou encore, pour certains pays, via des applications mobiles. Aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, près de 90% des participants remplissent leur carnet d’écoute via le web. En Belgique, ils ne sont pour le moment que 22,4% (CIM Radio Belgique, vague 2015-02) à le faire, ce qui reflète les habitudes des répondants belges en matière d’étude. Deux écoles s’opposent, chacune comportant autant d’atouts que de difficultés ou d’interrogations. La deuxième méthode est le Recall ou interview sur l’écoute de la veille (Day After Recall), toujours par quart d’heure. Les données peuvent également être recueillies en face à face, par téléphone ou via internet. Actuellement, 85% des pays européens ont adopté la méthode déclarative. Parmi ceux-ci, plus de 70% utilisent la méthode du Recall et 30% celle du Diary (dont la Belgique, les Pays-Bas et la GrandeBretagne). Si la majorité adopte le Recall, c’est parce qu’il offre deux grands avantages : la rapidité et un coût limité pour une taille d’échantillon qui permet de livrer des résultats solides sur l’ensemble des An overviewing of radio audience measurment methodologies Methodology Data collection technique Day-After Recaal (DAR) CATI - Computer Assisted Telephone Interviewing CAPI - Computer Assisted Personal Interviewing CAWI - Computer Assisted Web Interviewing PAPI - Paper And Percil Interviewing Face-to-face interviewing Diary Paper, online, mobile or a combination of these Electronic(passive) Portable People Meter, Mediawatch, MediaCell, etc. Recall Diary Electronic tranches d’âge. Le Diary, par contre, offre une plus grande granularité et précision de l’information collectée, mais pour un coût plus élevé, et un nombre de publications plus restreint. Ces deux mesures déclaratives connaissent quelques faiblesses : -diminution du taux de réponse d’année en année, notamment au niveau des jeunes -moins de précision sur les plateformes d’écoute -délai entre la collecte de données et leur livraison -recours à la mémoire des personnes interrogées. Si aujourd’hui ce système apporte toujours satisfaction, l’évolution rapide des consommations média soulève, à terme, la question des limites de la mémoire humaine. Pourquoi dès lors ne pas adopter une mesure passive ? Tous les grands instituts de sondage investissent depuis très longtemps déjà dans ces nouvelles méthodes de recueil de l’audience radio. L’objectif est d’améliorer la fiabilité des données, d’accélérer leur parution et d’avoir un résultat conforme aux pratiques réelles. Actuellement, 85% des pays européens ont adopté la méthode déclarative. Parmi ceux-ci, plus de 70% utilisent la méthode du Recall et 30% celle du Diary. La mesure passive : Audio matching ou Watermarking La mesure passive ou électronique utilise les techniques d’audio matching ou de watermarking afin de détecter les sons perçus dans l’environnement immédiat d’un individu. Elle présente bien entendu l’avantage de ne plus devoir faire appel à la mémoire des panélistes. La mesure passive a d’abord été développée en Suisse par l’institut GFK qui en 2001 a lancé la mesure d’audience au moyen de la Mediawatch, un bracelet-montre avec microphone intégré. La montre enregistre les sons environnants pendant quelques secondes toutes les 20 secondes, et ce pendant une période d’une semaine. Le son, compressé, est ensuite comparé à l’enregistrement des différentes stations de radio pendant la même période. En 2007, la société Arbitron se lance sur le marché américain avec le PPM (Portable People Meter). Le PPM est un petit audimètre qui se porte à la ceinture ou dans un sac pendant la journée et qui reconnait un signal inaudible encodé dans le son de la radio (Watermarking). Le PPM est utilisé au Danemark, en Islande, en Norvège, en Suède mais aussi au Canada et aux Etats-Unis. A côté de ces deux audimètres utilisés par quelques pays pour leur mesure officielle, d’autres instituts développent et testent d’autres modèles, notamment Médiamétrie, GFK, ou la société tchèque Median. Un troisième type de « meter » a émergé plus récemment : l’utilisation d’une application installée sur le smartphone des individus. Cette technologie a été testée par le marché italien de la radio qui a choisi BACKSTAGE 40 - Mars 2016 21 Audio matching Watermarking Système d’identification des radios par des échantillons de sons «significatifs». Inconvénients : si deux stations, voire plus, diffusent le même contenu au même moment, le système ne peut différencier les différentes radios ; l’audio matching ne peut définir la plateforme d’écoute (FM, DAB+, TV,…). Ipsos et sa technologie « MediaCell » pour réaliser sa mesure d’audience sur un panel national de 4 000 individus, représentatif des 14 ans et plus. La République tchèque a également testé une technique similaire avec la particularité de mesurer les audiences radio, mais aussi TV et internet. Outre la précision apportée par ce type de mesure (on ne doit pas faire appel à la mémoire des répondants et les données sont collectées minute par minute), la mesure d’audience passive permet également de collecter de manière continue, tous les jours de l’année. Mais du côté des désavantages, il faut noter plusieurs éléments assez importants. Tout d’abord, le coût très élevé de la méthode passive, difficilement supportable par l’industrie de la radio. Ensuite, la taille réduite de l’échantillon très peu adaptée aux marchés fragmentés avec des petites stations. Plusieurs aspects techniques sont également encore mal maitrisés, comme l’écoute via les casques qui n’est pas ou mal mesurée, les batteries des smartphones, etc. Enfin, si la méthode est dite «passive», elle demande cependant une participation très active de Technique de marquage qui consiste à insérer un signal inaudible dans le flux des stations. Avantages : le watermarking peut identifier plusieurs stations en même temps; un signal peut être inséré dans les différents types de streams (FM, DAB+, TV,…) afin d’identifier la plateforme écoutée. Inconvénients : cette technique nécessite de la part de toutes les radios d’insérer un signal, ce qui engendre des coûts supplémentaires. Il est également difficile de détecter le signal dans les endroits bruyants. l’individu, car il doit porter en permanence l’audimètre sur lui, tous les jours de l’année. Et ceci pose surtout le problème de l’audience du matin, car à partir de quel moment est-on prêt à le porter? Il faudrait en effet l’activer dès le réveil, dans la salle de bain, pendant le petit-déjeuner, soit le peak time de la radio. Et beaucoup de doutes continuent à planer sur le fait que les panelistes se conforment toujours aux directives. Quelques rares pays utilisent la méthode passive Parmi les pays passés à la méthode électronique, une analyse de leurs résultats montre que si le reach des stations augmente suite à l’adoption de la mesure électronique, la durée d’écoute est quant à elle moins importante. Ceci peut soit s’expliquer par le fait que les panélistes tendent à surestimer leur durée d’écoute dans une méthode déclarative, soit par le fait qu’ils ne portent pas l’audimètre dès le réveil, au moment fort de l’écoute de la radio. Ceci pose un problème important, car comment fixer les tarifs du média lorsque le niveau de rating baisse de l’ordre de 30%, de façon « artificielle », sans que l’on puisse définir ce qui est juste ou non ? Parmi les pays européens ayant passé le cap, on retrouve les pays scandinaves. La Norvège en 2006, ensuite le Danemark en 2007 et la Suède en 2013, ont choisi d’opter pour la mesure de l’audience radio via le PPM. En Norvège, le passage vers le PPM a engendré une diminution de 30% du volume d’écoute par rapport à la mesure déclarative utilisée auparavant. Afin de contrer cette perte d’inventaire, le marché norvégien a augmenté son coût pour mille Radio de 50%, passant ainsi de 10€ à 15€. Une parfaite communication sur le changement de la mesure d’audience a justifié cette augmentation, et a même permis à la radio de gagner des parts les années suivantes. Ses revenus ont en effet augmenté et la part de marché des investissements radio est passée de 5.2% en 2006, à 7.9% trois années plus tard. Outre des données fiables, les médias radio et télé sont désormais achetés par les même acheteurs en agence média, le PPM utilisant une unité commune aux deux supports. La Suède est le pays européen le plus récent à avoir implanté le PPM. Les résultats ont également montré une hausse de la couverture accompagnée Avantages et inconvénients des deux mesures Mesure déclarative = les répondants enregistrent ce qu’ils écoutent Avantages Inconvénients Coût moins élevé Précision et granularité moins importantes Echantillon plus large Contraignant pour le répondant qui doit faire appel à sa mémoire Délai entre la collecte et la livraison des données 22BACKSTAGE 40 - Mars 2016 Mesure passive = enregistre automatiquement ce qu’écoutent les participants Avantages Inconvénients Fiabilité plus grande Taille réduite de l’échantillon Mesure continue de l’écoute Coût élevé Moins contraignant car ne fait pas appel à la mémoire des panélistes Délivre une durée d’écoute moindre Aspects techniques tels que la batterie des smartphones, les casques audio,… Port continu de l’audimètre (dès le réveil) d’une diminution de la durée d’écoute. Mais cela n’a pas effrayé le marché radio suédois, qui a à son tour compensé la perte par une hausse tarifaire. Comme en Norvège, il était primordial de bien argumenter cette augmentation et de s’assurer d’avoir un panel suffisamment large et représentatif. Quant aux autres pays, certains testent la méthode, parfois depuis plus de 10 ans comme la Grande-Bretagne, mais chacun est très Les pays scandinaves utilisent la méthode passive. La Norvège en 2006, ensuite le Danemark en 2007 et la Suède en 2013, ont choisi d’opter pour la mesure de l’audience radio via le PPM. frileux avant de se lancer dans l’aventure, tant celle-ci s’avère onéreuse et malgré tout incertaine. Conclusion Il n’y a donc malheureusement pas de système idéal ou infaillible. A l’heure actuelle, la mesure d’audience se trouve en phase intermédiaire et il sera intéressant de voir comment équilibrer les forces et faiblesses des mesures classiques et passives en tenant compte de l’évolution et de la digitalisation du média radio. C.K. Source : Egta, Egta insight, Radio audience measurement, mai 2015 La technologie de mesure, https://www.mediapulse.ch Qu’est-ce que le PPM (Portable People Meter) ?, http://lucdupont.blogspot.be L’Italie met en place une mesure passive de l’audience radio avec IPSOS, http://www.offremedia.com, avril 2013 Comment mesure-t-on l’audience de la radio?, http://www.inaglobal.fr, juin 2015 La mesure de l’audience des radios dans le monde, http://www.cultureradio.fr, septembre 2013 BACKSTAGE 40 - Mars 2016 23