Glaucome et société : Législation et glaucome

Chapitre IV 7
Glaucome et société
Législation et glaucome
Dr Xavier Zanlonghi (1, 2)
Glaucome et société 5
Chapitre IV
1 - Clinique Sourdille - Centre Basse Vision - 3, place Anatole France 44000 NANTES
tél : 02 51 83 31 85 - Fax : 02 51 83 07 16 - Mél : xavier[email protected] - Maître toile de www.bassevision.net
2 - Fondation A. de Rothschild - Service d’ophtalmo-pédiatrie Dr Caputo - 25, rue Manin 75019 PARIS - http://www.fo-rothschild.fr
Plusieurs grandes lois récentes (loi Kouchner de 2002, loi sur
la personne handicapée de 2005), la création de la Haute Autorité
de Santé, bouleversent durablement et en profondeur, les rapports
entre les ophtalmologistes et leurs patients atteints de glaucome.
Autour d'un patient atteint de glaucome, nous n'imaginons pas
le nombre de recommandation, de norme, de texte réglementaire
qui existe pour nous permettre de mieux le soigner.
Les chapitres qui suivent en donnent un aperçu. La certification
est l'une des réponses pour aider l'ophtalmologiste dans sa pratique
quotidienne.
1. Glaucome : définitions
Glaucome et société 5
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intra-oculaire (PIO) élevée ou normale. Bien que
l’élévation de la pression intra-oculaire soit un
facteur de risque majeur, une personne ayant
une hypertonie oculaire ne peut être considérée
comme ayant un glaucome si les 2 autres signes
pathognomoniques ne sont pas associés. Cette
neuropathie aboutit à la perte du champ visuel
pouvant, à terme, aller jusqu’à la cécité.
Le glaucome est une neuropathie optique
d’évolution chronique ou aiguë, associée ou non
à une hypertonie oculaire et caractérisée par l’al-
tération du nerf optique. Sa définition est ana-
tomo-clinique : il se caractérise par l’association
d’une atrophie du nerf optique (l’excavation du
nerf optique étant le premier signe visible) et
d’une altération du champ visuel, une pression
Dans un articlé récent, HUE (2006) nous inter-
pelle sur la dérive des recommandations de
l'HAS, car elles deviennent une source de res-
ponsabilité, donc utilisées en droit ordinal, admi-
nistratif, civil et pénal.
Une recommandation en santé publique
«dépistage et diagnostic précoces du glaucome :
problématique et perspectives en France» sera
mise en ligne très prochainement sur le site de
l’HAS www.has-sante.fr
RECOMMANDATIONS NATIONALES – BONNES PRATIQUES
DÉFINITIONS
glaucome n’est mis en place en France. Il existe
cependant des actions de sensibilisation menées
tous les ans par le CLG ; Comité de Lutte contre
le Glaucome. Certain centre de médecine du tra-
vail possède un tonomètre à air, mais ne prati-
que ni le champ visuel, ni l’étude de la papille.
L’HAS propose que soit élaborée une recom-
mandation sur la prise en charge diagnostique
et thérapeutique du glaucome en France, ainsi
que sur le suivi des patients ayant soit une hyper-
tonie intra-oculaire, soit un glaucome avéré.
Actuellement aucun dépistage organisé sur le
DÉPISTAGE DU GLAUCOME
complications du diabète»
Rencontre presse du 6 juillet 2005
Contacts presse : Laurence Danand (DGS)
Tél. : 01.40.56.52.62
Sophie Decroix (INPES) Tél. : 01.49.33.23.06
A notre connaissance, aucun réseau de type
FASQV ou DRDR n’existe en France. Par contre
cette problématique est intégrée dans des
réseaux « diabète », pathologie connue pour
être un facteur de risque de glaucome. Un docu-
ment issu de la Direction générale de la Santé
liste les principaux réseaux : «La prévention des
LES RÉSEAUX
Comité de Lutte contre le Glaucome (CLG)
Hôpital des Quinze-Vingts
28, rue de Charenton - 75012 Paris
http://www.snof.org/clg.html
Association France glaucome (AFG)
Fondation Hôpital Saint Joseph
185, rue Raymond-Losserand - 75674 Paris Cedex 14
http://monsite.wanadoo.fr/france_glaucome/
La première préoccupation de ces associations
est l’information du grand public. Viennent
ensuite des missions de sensibilisation des pro-
fessionnels de la vision, l’aide à la recherche cli-
nique et fondamentale, prendre la maladie
glaucomateuse dans sa globalité avec ses reten-
tissements sociaux, en termes de santé publique,
et en termes de réglementation.
RÔLE DES ASSOCIATIONS
Les orthoptistes sont habilités à participer aux
actions de dépistage organisées sous la respon-
sabilité d'un médecin. Les orthoptistes sont par
exemple au cœur des actions de dépistage orga-
nisées par le CLG tous les ans.
En basse vision, ils rééduquent les personnes
atteintes de déficience visuelle d'origine organi-
que ou fonctionnelle. On les retrouve en toute
logique dans les écoles et services pour amblyo-
pes et aveugles.
Dans le glaucome, les orthoptistes ont un rôle
important dans trois domaines (PEDELAHORE
2004). Ils réalisent sur prescriptions des examens
complémentaires de type :
- Périmétrie ;
- Campimétrie ;
L'interprétation des résultats reste de la compé-
tence du médecin prescripteur.
Ils participent aux enregistrements effectués à
l'occasion des explorations fonctionnelles sui-
vantes : Rétinographie.
RÔLE DE L’ORTHOPTISTE
dans les services hospitaliers par des infirmières
ou des techniciens.
Deux types de périmétrie sont disponibles : la
périmétrie cinétique et la périmétrie statique qui
peuvent être automatisées ou non. Le champ
visuel est réalisé par l’ophtalmologiste ou l’or-
thoptiste, et parfois dans les services hospitaliers
par des infirmières ou des techniciens.
Liste des principales recommandations
Terminology and guidelines for glaucoma
Dogma Editions/European Glaucoma Society, 1998, 120p.
European Glaucoma Society. Guide pour les glaucomes.
2ème édition 2003. http://www.eugs.org/preview/fra.pdf
International Glaucoma Association. 2006.
http://www.glaucoma-association.com/nqcontent.cfm?a_id=1
South East Asia Glaucoma Interest Group. Asia pacific glau-
coma guidelines. Sidney: SEAGIG; 2004.
The Royal College of Ophthalmologists. Guidelines for the
management of open angle glaucoma and ocular hyperten-
sion. London: RCO; 2004.
Les recommandations internationales définis-
sent quatre examens comme étant nécessaire au
diagnostic du glaucome :
- la tonométrie (PIO > 21 mm de Hg pour le glau-
come à pression élevée ou < 21 mm de Hg pour
le glaucome à pression normale),
- l’examen de la tête du nerf optique (rapport
cup/disc horizontal ou vertical > 0,6 ou 0,7 ou
une différence de ce ratio entre les deux yeux >
0,2, altérations de la papille à type d’encoches de
l’anneau neurorétinien, d’amincissement diffus,
d’hémorragie papillaire),
- la périmétrie,
- la gonioscopie.
La papille peut être examinée par une
méthode manuelle qualitative, l’ophtalmosco-
pie directe ou indirecte, ou une méthode quan-
titative, l’analyseur de la tête du nerf optique
qui nécessite un appareil plus complexe : on
citera les photographies par RNM, l’OCT de la
papille, le GDX, l’HRT. Ces examens sont réalisés
par l’ophtalmologiste ou l’orthoptiste et parfois
RECOMMANDATIONS INTERNATIONALES – BONNES PRATIQUES
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et à qui le décret de compétence de juillet 2001
donne le droit d’effectuer des examens complé-
mentaires sur prescription ». Cette délégation de
technicité vers les orthoptistes devra se faire sous
la responsabilité des ophtalmologistes, ce qui
multipliera les sécurités à l'égard du patient.
Une étude de terrain très intéressante a été
conduite en 2004 par le CAREPS Centre Rhône-
Alpes d'Epidémiologie et de Prévention
Sanitaire. Concernant le champ visuel dont la
première indication est le diagnostic et le suivi
du glaucome, on y trouve page 16 le texte et la
figure suivante :
S'agissant des champs visuels, les pratiques sont
très variées (fig. 1) et, aux côtés de l'ophtalmolo-
giste qui les réalise habituellement lui-même
dans 39% des cas, interviennent d'autres profes-
sionnels, qu'il s'agisse d'un autre ophtalmolo-
giste (12%), d'un orthoptiste (au sein même du
cabinet pour 20% des cas et externe pour 5%),
d'une autre personne du cabinet (12%, dont
secrétaire dans 9% des cas) ou, enfin, d'un ser-
vice hospitalier ou d'un centre spécialisé (11%).
Pour répondre à l’augmentation de 50 % d’ici
2025 des besoins de la population française en
termes de soins oculaires, T. BOUR (2006) préco-
nise de relancer de façon urgente la formation
d’ophtalmologistes tout en développant les
structures nécessaires pour former des paramé-
dicaux de soins compétents dans le domaine
visuel. Ce même auteur parle de doubler d’ici
2020 le nombre d’orthoptistes et demande
l’émergence d’une véritable équipe de soins
autour de l’ophtalmologiste.
Le Pr Hamard cite le glaucome dans le rapport
de l'Académie de médecine du 29 avril 2003. Il
préconise entre autre d’augmenter le nombre et
les compétences des orthoptistes. Il propose «
une nouvelle culture dans la conception de
l'exercice de l'ophtalmologie : pallier à l'inadé-
quation entre les besoins de la population et le
nombre d'ophtalmologistes, en respectant le
Code de la Santé Publique et le Code de
Déontologie, par transfert d’une partie des actes
techniques vers d'autres professions ». Le Pr
Hamard précise que « les aides de l'ophtalmolo-
giste sont tout naturellement les orthoptistes
qui souhaitent rester une profession « prescrite »
LE TRAVAIL AIDÉ
1.3.1. Champ de l’accès spécifique :
Sont concernés certains actes en gynécologie et
ophtalmologie.
Pour l’ophtalmologie, les soins pouvant donner
lieu à un accès spécifique sont :
– les actes de dépistage et de suivi du glaucome.
Dans les situations décrites ci-dessus, le méde-
cin spécialiste est tenu aux mêmes engagements
en terme de coordination que le médecin corres-
pondant. Il apprécie la nécessité de conseiller à
son patient de consulter son médecin traitant.. »
A ce jour, aucun référentiel n’a été publié par l’HAS.
Parcours de soin et glaucome
L’arrêté du 3 février 2005 portant approbation
de la convention nationale des médecins géné-
ralistes et des médecins spécialistes précise que le
DA (dépassement autorisé pour les secteur 1)
n’est pas applicable dès lors que la consultation
a pour objet le glaucome.
1.3. L’accès spécifique :
Les médecins relevant de certaines spécialités et
pour des actes précisés (soins de première inten-
tion) peuvent être consultés sans consultation
préalable du médecin traitant tout en restant dans
le parcours de soins et rémunérés comme tels.
Cette organisation serait bien adaptée pour le
suivi de proximité de certaines pathologies
concernant plus particulièrement les personnes
âgées (glaucome, diabète, etc.), …
3. ophtalmologiste(s), orthoptiste(s) et aide(s)
qualifiée(s) travaillant sous le contrôle des pre-
miers, dans un lieu d’exercice unique.
Ces unités médicales d’examen de la vision et
d’accès aux soins ophtalmologiques pourraient
promouvoir localement des groupements inter-
professionnels de santé visuelle avec les opticiens.
Ces groupements interprofessionnels locaux
participeraient alors à la promotion de réseaux
de santé visuelle départementaux ou régionaux
avec les établissements de santé privés et publics,
et en cohérence avec les universités et grandes
écoles. »
Enfin le conseil national de l’ordre des méde-
cins, dans son numéro 24 de 2004 conclu de
façon optimiste mais prudente « le transfert de
compétences a toutes les chances de s'inscrire
rapidement dans les pratiques. Il reste toutefois
à démontrer qu'il profitera aux uns autant
qu'aux autres. »
Le Pr Berland cite également le glaucome dans
son rapport de 2006 au niveau de la conclusion
de l’expérimentation N°4 en voici quelques
extraits :
« Le décret de compétences des orthoptistes
pourrait évoluer en tenant compte des différen-
tesperspectives de rationalisation de l’examen
de la vision et de l’accès aux soins ophtalmologi-
ques respectant l’unité de l’exercice médical. Ces
trois perspectives sont les suivantes :
1. ophtalmologiste(s) et orthoptiste(s) dans un
lieu d’exercice unique ;
2. ophtalmologiste(s) réalisant l’examen de la
vision et l’accès aux soins ophtalmologiques avec
des orthoptistes exerçant à distance, dans des
territoires à faible densité professionnelle, reliés
avec l’ophtalmologiste par un réseau de télémé-
decine, et après une période d’apprentissage du
binôme, dans un lieu d’exercice unique.
LE PARCOURS DE SOIN, LA CCAM, C2 ET LES AMY
Fig.1
Glaucome et société 5
4Chapitre IV
Les cotations en euros de la CCAM sont
sur le site suivant :
http://www.ameli.fr/67/DOC/72/article.html
Pour les ophtalmologistes secteur 1, ce site offi-
ciel de l’assurance maladie ne parle pas du DA
dépassement autorisé. Mais attention dans le
glaucome, les ophtalmologistes secteurs 1 ne
peuvent appliquer de DA.
CCAM
La CCAM est la Classification Commune des
Actes Médicaux, la version 2 étant applicable
depuis le 15 sept 2005, elle remplace la NGAP
(Affalo 2006). La CCAM - version 6 est en ligne,
avec date d’effet au 16 septembre 2006.
Les principaux codes intéressant le glaucome
sont dans le tableau suivant :
Tableau 1 code CCAM en rapport avec le glau-
come : liste complète sur
http://www.ameli.fr/68/RUB/68/omb.html
sible d’associer, ponctuellement, un acte techni-
que avec un CS ou un C2, comme le font déjà les
pneumologues ou les cardiologues et plus récem-
ment les rhumatologues. Par contre un ophtal-
mologiste expert en glaucome recevant un
patient d’un ophtalmologiste traitant pour un
avis ponctuel, ne peut pour l’instant coter un C2.
Un mode d’emploi du C2 publié sur le net en
août 2006 « Modalités d'application des nou-
veaux articles 18 et 18-1 des Dispositions
Générales de la NGAP » est disponible.
Le C2
Le C2 a bénéficié d’une réécriture dans le cadre
des règles générales de la nomenclature, il est
désormais utilisable par tous les médecins spécia-
listes, y compris les anciens CES. La seule limite
est constituée par, sauf cas très particulier,
l’adressage par le médecin traitant. Un C2 ne
peut être côté plus de deux fois par an.
Pour les spécialités à accès spécifique comme
l’ophtalmologie, l’interprétation des textes
prête à confusion.
En effet nous ne savons toujours pas s’il est pos-
prend le travail intellectuel d’interprétation. En
effet, les orthoptistes réalisent le champ visuel
sur prescription médicale, mais ne peuvent inter-
préter l’examen. Cette différence de tarif,
accordé par la Direction de la Hiérarchisation des
Actes, montre le peu de valeur de l’acte intellec-
tuel d’interprétation du champ visuel accor
aux ophtalmologistes, qui est de 7,13 euros.
Tableau 2 Comparatif en champ visuel entre CCAM et AMY
L’AMY
Dans le glaucome, un seul examen complé-
mentaire se trouve à la fois dans la nomencla-
ture des médecins CCAM, et dans la nomencla-
ture des orthoptistes AMY. Des négociations au
ministère de la santé sont en cours fin 2006 pour
que d’autres examens complémentaires comme
la rétinophotographie non contact, bénéficie
d’une cotation propre aux orthoptistes.
Le tarif de champ visuel en CCAM est légère-
ment plus élevé que le tarif AMY, car il com-
bli (infirmière pour le cancer, orthoptiste pour le
glaucome grave) qui reformule ce qui a été dit
par l’ophtalmologiste et qui complète l’orienta-
tion du patient vers les possibilités en rééduca-
tion, en aide technique de suppléance, en ser-
vice et droits sociaux et vers le monde associatif.
La dernière étape consiste à inclure l’entourage
du patient et aura pour but de le soutenir dans
ses démarches. Le médecin traitant est infor
de la gravité du glaucome et de l’ensemble des
démarches. C’est cette approche globale que
nous avons mise en place depuis 1992 dans le
Centre d’Evaluation et de Rééducation Basse
Vision de la Clinique Sourdille.
L’ANNONCE DE LA MALADIE, L’ANNONCE
DU HANDICAP
, LA QUALITÉ DE VIE
Il n’y a pas de guide méthodologique disponi-
ble sur l’annonce d’une forme grave de maladie
glaucomateuse. Le glaucome grave retentit de
façon majeure sur la qualité de vie (Zanlonghi
2003). Il faut se rapprocher des méthodes mise
au point en cancérologie en 2005 et en cours de
généralisation dans tous les services de cancéro-
logie qui préconisent une annonce en une ou
plusieurs consultations spécialisés multidiscipli-
naires pour informer le patient et établir les éta-
pes de son programme personnalisé de soins.
Ensuite un contact avec un paramédical est éta-
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