fruits et légumes par jour, d`accord, mais pas n`importe comment !

fruits et légumes par
jour, d’accord, mais pas
n’importe comment !
France Guillain a parcouru le monde à la voile pendant 22 ans et côto
de nombreux peuples. S’inspirant des habitudes de ceux qui vivaient
le plus longtemps en bonne santé et qu’elle a rencontrés, elle a élaboré
sa « Méthode » 1. Aujourd’hui, cette septuagénaire qui fait du surf tous les six
mois, qui se déplace à vélo dans Paris et qui travaille 70 heures par semaine
nous parle de son Miam-Ô-Fruit, une recette que l’on trouve dans de
nombreux pays et dont les bienfaits sont aujourd’hui validés par la science.
Alternatif Bien-Être
:
Comment avez-vous élaboré
la recette du Miam-Ô-Fruits ?
France Guillain : C’est la re-
cette de mon enfance ! Je suis née
à Tahiti, et le matin on mangeait
des fruits et des graines. Ensuite,
lors de mes voyages, j’ai réalisé
que cette habitude existait depuis
des siècles chez de nombreux
peuples. Manger un Miam-Ô-
Fruit, c’est reproduire la situation
du chasseur-cueilleur qui marche
dans la forêt et va manger les
différents fruits et graines qu’il
trouve. Contrairement à ce que
l’on pourrait croire, cette alimen-
tation nous convient parfaitement
parce qu’aujourd’hui, nous vivons
en permanence dans des endroits
chauffés entre 16 et 25°C : notre
corps est soumis à des conditions
tropicales ! Notre alimentation
doit être adaptée, on ne peut plus
manger comme à l’époque où l’on
travaillait dehors toute la journée :
dans ces conditions, il était nor-
mal de manger des céréales, des
sucres, des fruits séchés et des
contures en hiver. En revanche,
en été on prenait des fruits et des
légumes frais. Aujourd’hui, les
gens mangent de la conture et
de la compote au mois d’août ! En
consommant des fruits morts toute
l’année, on grossit et on endom-
mage le cerveau avec cet excès
de sucre ; l’épidémie d’Alzheimer
en est à mes yeux une preuve.
Quand je suis arrivée en France,
j’ai découvert la crème Budwig du
Dr Kousmine, à base de fromage
blanc 0 % ou de yaourt au soja. Je
trouvais sa recette un peu bour-
rative et pas très digeste. Et juste
avant de mourir, Kousmine a dit
que, nalement, ce qui est le plus
important dans sa recette ce sont
les fruits frais, l’huile et les oléagi-
neux : ce que je mangeais enfant
en Polynésie !
ABE : La préparation du Miam-
Ô-Fruit est très ritualisée,
pouvez-vous nous l’expliquer ?
FG : On commence par écra-
ser une banane jusqu’à ce qu’elle
soit bien liquide et qu’elle s’oxyde.
C’est un fruit formidable : très
riche en protéines végétales, il ré-
pare la ore intestinale et contient
beaucoup de sérotonine, notre
antidépresseur naturel. Lorsque la
banane est bien liquide et qu’elle
a une couleur noire, les protéines
sont disponibles et elle est très
digeste. On en fait ensuite une
émulsion avec de l’huile, ce qui
va la rendre disponible jusqu’à
l’intestin. Il faut faire attention
au marketing sur les huiles parce
qu’il en existe une pour chaque
graine dans le monde, alors on
peut en inventer une innité. On
trouve par exemple beaucoup
d’huile de coco en ce moment,
avec des vertus incroyables, mais
ce n’est vrai que lorsqu’on la
consomme immédiatement après
l’avoir extraite, ce qui n’est bien
sûr pas le cas lorsque vous l’ache-
tez. Elle a souvent été chauffée, ce
qui va boucher les artères. Nous
n’avons pas besoin d’aller cher-
cher des huiles au bout du monde,
nous avons de très bonnes huiles
en France : les huiles d’olive, de
colza, de courge et de sésame
contiennent tous les nutriments
dont nous avons besoin ! On
ajoute ensuite des graines de sé-
same et de lin nement broyées
et des graines de votre choix à
condition qu’elles soient fraîches,
bio et vivantes, c’est-à-dire que le
germe puisse pousser. Les purées
d’amandes ne sont pas bonnes
parce que le germe est mort. Il
ne faut pas non plus acheter des
graines déjà moulues, il faut les
moudre au fur et à mesure. C’est
important que le germe soit vi-
vant, c’est ce qui permet une meil-
leure assimilation des omégas et
pas seulement des oméga-6 et des
oméga-3 que l’on nous vend, mais
aussi des 23 autres ! On met en-
suite 2 cuillerées à café de jus de
1 France Guillain, La Méthode, Edions du Rocher
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L’INTERVIEW DU MOIS
citron. D’un vrai citron bien sûr,
pas d’un jus en bouteille qui a per-
du toute sa vitamine C. Il ne faut
pas faire un jus pour toute la fa-
mille, mais presser le citron direc-
tement dans l’assiette de chacun,
car pour proter de la vitamine C,
le jus doit arriver dans l’intestin
avec les bres avec lesquelles il a
grandi. C’est pareil pour les fruits,
il faut les couper dans l’assiette
de chacun pour préserver l’inté-
gralité du fruit et se rapprocher le
plus possible du fruit entier que
l’on croque, c’est ainsi qu’on en
tire les bénéces sans pâtir de la
charge de sucre. On ajoute donc
des morceaux d’au moins trois
fruits différents. Et quand je dis
trois, c’est un minimum ! Il ne
faut pas hésiter à en mettre cinq
voire dix différents et à mettre
des fruits tropicaux (car, comme
je l’ai expliqué, nous vivons dans
des conditions tropicales). En ce
moment on met de la papaye, de
la mangue, de l’ananas, des lit-
chis, des pommes, des poires, des
kiwis, des kakis, des grenades. On
tient toute la journée avec ça, on
ne mange que deux fois par jour
et on a énormément d’énergie
toute la journée. Les fruits doivent
être bio et frais, surtout pas conge-
lés, ni séchés (attention aux baies
de goji qui le sont souvent) parce
qu’ils ont perdu les trois-quarts de
leurs qualités. Les agrumes, me-
lons et pastèques n’ont pas assez
de bres, leurs sucres se digèrent
trop vite et ils n’ont pas leur place
dans le Miam-Ô-Fruit, comme les
jus et les purées. Enn, il existe
une synergie entre les différents
ingrédients du Miam-Ô-Fruit,
on ne peut donc pas les manger
séparément dans la journée, ça
n’aurait pas le même effet sur l’or-
ganisme.
ABE : Vous expliquez de
manière très précise la façon
dont on doit préparer le
Miam-Ô-Fruit, pourquoi est-
ce si important ?
FG : Ce qui fait la force du
Miam-Ô-Fruit, c’est d’être très di-
geste parce qu’on liquée les ali-
ments : c’est pour cela qu’il est très
important de réduire la banane en
purée, de moudre les graines et de
prendre le temps de mastiquer !
Il faut prendre 30 à 40 minutes
pour manger son Miam-Ô-Fruit.
Liquéer les aliments permet d’en
absorber les nutriments. Un jour,
une femme m’a écrit un mail me
disant que cela faisait trois ans
qu’elle mangeait un Miam-Ô-Fruit
tous les matins. Son médecin lui
avait prescrit des analyses dont
elle venait de recevoir les résultats
et elle avait plein de carences.
Je lui ai répondu : « Vous ne mas-
tiquez pas ! ». Elle m’a renvoyé
un mail trois jours après : « C’est
exactement ce que mon médecin
m’a dit quand je lui ai expliqué ce
que je mangeais ! Il ne m’a pres-
crit aucun complément alimen-
taire, il m’a simplement dit de mâ-
cher ! » Quand on prend le temps
de mastiquer, on laisse aussi au
cerveau le temps d’analyser la
qualité et la quantité des aliments
qu’on ingère, ce qui lui permet de
déclencher la sensation de satiété
lorsque nos besoins sont couverts.
On mange ainsi beaucoup moins,
on n’a pas d’allergies alimentaires
et on retrouve son poids de forme.
Si l’on avale des aliments simple-
ment dégrossis, ils vont fermenter
dans le tube digestif et générer des
ballonnements.
ABE : Pouvons-nous ajouter
ou retirer certains ingrédients
selon nos goûts ?
FG : Non. On peut éventuel-
lement ajouter un peu de miel et
du pollen, et remplacer, si on ne
les supporte pas, les graines de
sésame et de lin par des graines
de chanvre, qui sont plus oné-
reuses. En réalité, les fruits que
l’on met dans son Miam-Ô-Fruit
permettent de varier considéra-
blement son petit-déjeuner, beau-
coup plus qu’avec le traditionnel
café, pain, beurre, conture !
ABE : Quels sont les bienfaits
que nous pouvons espérer et
en combien de temps ?
FG : En une semaine on sent
un regain d’énergie et en trois se-
maines le cholestérol commence
à baisser. Et ce que montre l’étude
Américaine DASH, c’est qu’il
baisse autant qu’avec des médica-
ments ! La grande particularité du
Miam-Ô-Fruit, c’est de permettre
la fabrication des graisses brunes ;
ce sont des graisses que les bé-
bés ont en grande quantité et qui
jouent un rôle très important dans
leur survie. On n’en trouve en-
suite quasiment plus chez les Oc-
cidentaux. Il y a trente ans, le Dr
Jean Minaberry, endocrinologue
à Bordeaux, avait remarqué que
les femmes des pays tropicaux qui
ont une alimentation tradition-
nelle, similaire au Miam-Ô-Fruit,
n’ont pas de problèmes de méno-
pause. Elles conservent une belle
peau et ne connaissent ni bouf-
fées de chaleur, ni ostéoporose,
ni problèmes de poids, ni sèche-
resse vaginale. Elles conservent
un très beau corps, même après
avoir eu beaucoup d’enfants.
D’après les recherches de Mina-
berry, ces femmes n’ont pas de
graisses blanches, elles n’ont que
des graisses brunes ! Ce sont des
graisses très uides qui circulent
France Guillain
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L’INTERVIEW DU MOIS
dans la lymphe. Depuis 2008,
Evan Rosen, chercheur spécialiste
du métabolisme et des cellules
adipeuses à Harvard, étudie les
graisses brunes ; il a publié en oc-
tobre 2014 un article dans Sciences
et Vie où il les considère comme
un organe à part entière, fabriqué
par l’alimentation. Il met en évi-
dence 18 fonctions de ces graisses
dans l’organisme : elles évacuent
les graisses blanches et épaisses
dans les selles, régulent la tem-
pérature corporelle, empêchent
la rétention d’eau, augmentent
l’énergie physique, limitent l’os-
téoporose, facilitent l’évacua-
tion des toxines, nourrissent les
muscles (pas de fonte musculaire
avec l’âge), équilibrent le système
hormonal (elles permettent la syn-
thèse des hormones manquantes
lors de la ménopause), elles ré-
gulent l’appétit, activent les dé-
fenses immunitaires, contrôlent la
tension artérielle, préviennent la
formation de caillots sanguins, ré-
parent les vaisseaux sanguins, en
fabriquent, régulent la glycémie,
et sont pleines de cellules souches
indifférenciées qui réparent les
organes ! Mais pour que tout cela
fonctionne, il faut que ces graisses
puissent circuler dans le corps,
ce qui n’est pas le cas lorsqu’on
a les organes génitaux au chaud !
Tous les mammifères ont le sexe
au frais, même ceux qui ont de la
fourrure. En étant toujours cou-
vert, on augmente la tempéra-
ture de l’organisme de quelques
dixièmes alors qu’elle ne devrait
pas excéder 36.6°C pour que les
graisses brunes soient actives.
Donc les bains dérivatifs sont obli-
gatoires ! Il s’agit de rafraîchir les
organes génitaux en s’asseyant sur
des poches de gel au moins 2 ou 3
heures par jour. On diminue ain-
si l’inammation de l’organisme.
Depuis 2008, le grand souci de
la recherche scientique est de
trouver comment faire baisser la
température interne et comment
fabriquer des graisses brunes.
Treize équipes scientiques dans
le monde travaillent là-dessus et
les laboratoires pharmaceutiques
vont bientôt nous vendre des pi-
lules pour ça, alors qu’il suft
de manger du Miam-Ô-Fruit, du
Miam-Ô-5 et de faire des bains
dérivatifs. Vous savez, mon meil-
leur soutien pour ma Méthode, ce
sont les médecins : plus de 500 la
recommandent. Je fais des confé-
rences tous les six mois en Italie
sur le sujet, je forme des coachs
sportifs et même l’armée !
ABE : Vous parlez du
Miam-Ô-5, est-ce simplement
une version salée ou cette
recette est-elle préconisée
dans d’autres cas ?
FG : Le Miam-Ô-5 reprend la
composition des plats tradition-
nels que l’on retrouve dans le
monde entier : une céréale ou un
tubercule, des légumes, une cuil-
lerée à soupe (pas plus !) de légu-
mineuses non germées, des proté-
ines animales et deux cuillerées à
soupe d’huile crue. C’est la recette
du couscous et de la paella par
exemple, mais ça peut aussi être
une salade verte assaisonnée avec
de l’huile, une tranche de pain
complet, une cuillerée à soupe de
houmous et un œuf à la coque.
ABE : Y a-t-il des personnes
pour lesquelles ces recettes
ne sont pas conseillées ?
FG : Non, tout le monde peut
en manger : les enfants à partir
de 18 mois, les diabétiques, les
personnes qui ont une maladie
de Crohn ou qui sont en surpo-
ids, etc. L’absorption du sucre des
fruits est ralentie par l’huile, donc
on ne peut pas être en hypoglycé-
mie. On ne grossit pas non plus,
on évacue le mauvais gras dans
les selles. En revanche les os et
les muscles peuvent s’alourdir :
on devient plus lourd, mais plus
mince et en meilleure santé.
Propos recueillis par
Morgane Vedrines
La recette du
Miam-Ô-Fruit
Écraser une demi-banane à la
fourchette jusqu’à la rendre li-
quide et légèrement brune.
Ajouter soit 2 cuillerées à soupe
d’huile de colza bio, soit 1 cuil-
lerée à café d’huile de lin et 1
cuillerée à soupe d’huile de sé-
same crue non toastée. Émul-
sionner l’huile et la banane, on
ne doit plus voir l’huile.
Broyer nement 1 cuillerée à
soupe rase de graines de lin
et 1 de sésame. Broyer 1 cuil-
lerée à soupe d’un mélange de
3 autres graines et ajouter le
tout à la préparation.
Presser l’équivalent de 2 cuil-
lerées à café de citron frais.
Ajouter enn plusieurs fruits
ou morceaux de fruits diffé-
rents selon la saison et le lieu,
par exemple :
Cerises, raisin, mangue, myrtilles
Fraises, kiwi, mangue, myrtilles
Raisin, groseilles, mangue,
cerises, fraises
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L’INTERVIEW DU MOIS
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