Les chiffres de la pauvreté

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DIRECTION GÉNÉRALE STATISTIQUE ET INFORMATION ÉCONOMIQUE
COMMUNIQUE DE PRESSE 6 décembre 2010
Les chiffres de la pauvreté les plus récents – EU-SILC 2009
La Direction Générale Statistique et Information Economique (DGSIE) du SPF Economie organise
annuellement l’enquête SILC pour la Belgique. EU-SILC est l’enquête européenne harmonisée sur
les revenus et les conditions de vie (Statistics on Income and Living Conditions) et est la source
utilisée pour calculer, entre autres, le taux de pauvreté (européen) ainsi que le seuil de pauvreté.
L’enquête se base sur une interview annuelle de plus de 6.000 ménages (11.000 personnes) qui
sont interrogés sur leurs revenus et leurs conditions de vie dans le sens le plus large du terme.
Nous présentons ci-dessous les résultats de l’enquête EU-SILC 2009 (revenus 2008). Ces
résultats sont les chiffres sur la pauvreté les plus récents disponibles à ce jour, tant au niveau
belge qu’au niveau européen. Pour la livraison de ces résultats à Eurostat, la Belgique appartenait
au peloton de tête en Europe, ce qui implique qu’en ce moment, les résultats ne soient pas encore
disponibles pour tous les états membres et que le taux de pauvreté européen moyen n’ait pas
encore pu être calculé. Les chiffres les plus récents sont, par exemple, manquants pour des pays
tels que le Danemark, l’Italie ou la Grande-Bretagne.
RESULTATS
-
14,6 % de la population belge appartient au groupe présentant un risque élevé de pauvreté.
Ceci signifie, pour un isolé, devoir s’en sortir avec moins de 966 euros par mois (=seuil de
pauvreté). Pour un couple avec deux enfants, ce seuil se situe à 2029 euros par mois. La
figure 1 présente les taux de risque de pauvreté pour un certain nombre d’autres pays
européens, dans la mesure de leur disponibilité.
-
Ce seuil de 966 euros représente une augmentation d’à peu près 7,5% en comparaison avec
le seuil de pauvreté précédent (899 euros), ce qui est de loin la plus grande augmentation du
seuil depuis le lancement de l’enquête en 2004. Le seuil de pauvreté – fixé à 60 % de la
médiane du revenu disponible au niveau individuel (voir annexe technique pour plus de détails)
– varie explicitement avec le niveau des revenus. Les revenus sur lesquels le seuil de pauvreté
2009 est basé, c’est-à-dire les revenus de l’année 2008 ont fortement augmenté.
L’augmentation du seuil n’est donc pas une surprise.
-
En ce qui concerne le taux de pauvreté, des disparités régionales, statistiquement
significatives, existent et restent stables. En Flandre, 10,1% de la population a un risque accru
de pauvreté, en Wallonie 18,4%. La taille de l’échantillon ne permet pas de donner des chiffres
significatifs pour la région de Bruxelles.
-
Les femmes, les personnes de plus de 65 ans, les personnes seules et spécialement les
membres de familles monoparentales présentent un risque sensiblement plus élevé de glisser
dans la pauvreté.
-
Avoir un emploi est le meilleur rempart contre la pauvreté. Les chômeurs ont ainsi un risque de
pauvreté 7 fois supérieur à celui des travailleurs. De même, les pensionnés et de manière
générale toute la sous-catégorie des inactifs présentent un risque considérablement plus élevé
que les travailleurs.
-1-
-
Le niveau d’éducation influence également le taux de risque de pauvreté. Les personnes qui
n’ont pas de diplôme, un diplôme d’école primaire ou un diplôme du secondaire inférieur ont un
risque de pauvreté 2 fois plus élevé que les personnes ayant obtenu un diplôme du secondaire
supérieur et plus de 3 fois plus élevé que celles diplômées de l’enseignement supérieur (cf.
figure 2 en annexe).
-
Dans la lutte contre la pauvreté, les transferts sociaux (allocations etc.) jouent un important rôle
correcteur. Sans les allocations (abstraction faite des pensions de retraites), 26,7% de la
population vivrait dans la pauvreté. Si, du jour au lendemain, toutes les allocations étaient
supprimées, y compris les pensions de retraite, ce chiffre serait même de 40,7%.
-
En comparaison avec les résultats des autres années, les indicateurs monétaires de l’enquête
EU-SILC 2009 ne présentent pas de différences significatives. Tous les résultats de 2004 à
2009 sont à découvrir sous forme de tableaux dynamiques sur notre site internet.
Les résultats que nous venons d’énoncer sont-ils en contradiction avec l’actualité qui fait souvent
état d’une augmentation de la pauvreté ?
La réponse est (provisoirement) non. Comme nous l’avons déjà dit, les résultats présentés ici sont
calculés sur base des revenus de 2008. L’impact de la crise financière ne s’y trouve pas encore,
ou tout au moins pas entièrement. Par exemple, on n’y retrouve pas encore l’augmentation
importante du nombre de personnes recevant le revenu minimum d’intégration (qui date de cette
année). Ces résultats permettent cependant d’exclure une augmentation généralisée de la
pauvreté dans une large population jusqu’en 2008 y compris. Ceci est conforme à ce qui est
observé dans les chiffres de la plupart des pays européens.
RESULTATS – PAUVRETE SUBJECTIVE
Contrairement à la ‘pauvreté monétaire’ qui est basée sur les revenus de la totalité de l’année
calendrier précédant l’enquête, c’est-à-dire les revenus de l’année 2008 pour EU-SILC 2009, la
pauvreté subjective, elle, est basée sur l’estimation que font les répondants de leur difficulté à
joindre les deux bouts au moment de l’interview. Ces résultats, au contraire de ceux de pauvreté
monétaire, se réfèrent donc à l’année de crise 2009 et plus spécialement au printemps de cette
année puisque la majorité des interviews ont eu lieu d’avril à juin.
En 2009, 21,1 % des Belges indiquaient avoir des difficultés ou de grandes difficultés à s’en sortir.
Ce pourcentage est similaire à celui enregistré en 2008 mais il confirme également la cassure
entre 2008 et les années précédentes (voir figure 3). En résumé, nous pouvons dire que : (1) à
partir de 2008, un nettement plus grand nombre de personnes indiquent avoir des difficultés à s’en
sortir (2) cette cassure est confirmée en 2009 mais (3) le pourcentage n’a plus augmenté.
-2-
FIGURES
FIGURE 1
25.0%
19.5%
20.0%
13.3%
13.8%
Finlande
12.0%
11.1%
12.9%
Suède
15.0%
France
17.9%
14.9%
14.6%
15.5%
10.0%
5.0%
Espagne
Portugal
Allemagne
Luxembourg
Belgique
Autriche
Pays-Bas
0.0%
FIGURE 2
14.6%
Belgique
15.7%
Femmes
Hommes
Plus de 65 ans
13.4%
< 65 ans
13.2%
21.6%
4.6%
Travailleurs
33.4%
Chômeurs
23.5%
Tous les inactifs
36.9%
Famille monoparentale
Niveau éducation faible
23.8%
11.2%
moyen
6.5%
élevé
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
FIGURE 3
% de la pop qui boucle son budget très difficilement ou difficilement
25.0%
20.0%
15.0%
10.0%
5.0%
0.0%
2004
2005
2006
2007
2008
2009
-3-
35%
40%
Annexe technique
Informations techniques
EU-SILC (European Union – Statistics on Income and Living Conditions) est une enquête
européenne sur les revenus et les conditions de vie et constitue un outil important permettant
d’établir, tant au niveau belge qu’européen, une cartographie de la pauvreté et de l’exclusion
sociale.
En ce qui concerne la Belgique, l’enquête EU-SILC est organisée par la Direction générale
Statistique et Information économique (anciennement I.N.S.) - du SPF Économie, P.M.E, Classes
moyennes et Énergie. Chaque année, environ 6.000 ménages (soit 11.000 personnes) sont
interrogés puis suivis pendant un maximum de quatre années successives. Dans l’optique de
SILC, l’exclusion sociale est appréhendée comme étant la résultante de plusieurs facteurs, dont le
revenu, l’emploi, la santé et le niveau d’enseignement ; aussi est-ce en rapport avec ces facteurs
qu’un ensemble d’indicateurs, de nature tant monétaire que non monétaire, est calculé.
Calcul du risque de pauvreté
Le seuil de pauvreté équivaut à 60% de la médiane du revenu disponible, à l’échelle individuelle.
Cela correspond au calcul suivant: 60% de €19.313 par an équivaut pour une personne isolée à un
seuil de €11.588 par an, soit €966 par mois. Pour obtenir le seuil de pauvreté des ménages, il ne
suffit pas de multiplier ce chiffre par le nombre de membres du ménage. Partant du principe que
les membres d’un ménage partagent les charges et les dépenses, un deuxième adulte dans un
ménage se voit appliquer un facteur de 0,5 dans le calcul du seuil de pauvreté et les enfants (<14
ans) un facteur de seulement 0,3. Le seuil de pauvreté d’un ménage composé de deux adultes et
de deux enfants se calcule donc en multipliant le seuil des personnes isolées par un facteur 2,1
(€966*2,1 = €2.029 par mois). Ce facteur de 2,1 s’obtient en attribuant un ‘poids’ de 1 au chef de
famille, de 0,5 au deuxième adulte du ménage et de 0,3 à chacun des enfants.
RENSEIGNEMENTS COMPLÉMENTAIRES
De plus amples renseignements peuvent être obtenus auprès du responsable de la
communication, M. Freddy Verkruyssen :
tél 02/277.70.76, e-mail [email protected]
Mention de la source
SPF Économie – Direction générale Statistique et Information économique.
Données chiffrées complémentaires
Tous les résultats de 2004 à 2009 sont à découvrir sous forme de tableaux dynamiques sur notre
site internet : http://statbel.fgov.be/fr/statistiques/chiffres/travailvie/revenus/pauvrete/index.jsp
-4-
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