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J.
BOURGOIS,
J.
AZÉlVIA,
J.
TOURNON
et
al.
1.
-
INTRODUCTION.
Depuis 1973, Aubouin [1973],
Butterlin
[1973],
Gansser [1973]
et
Goossens [1973]
ont
montré
que
les Andes
sont
en
fait
composées de plusieurs seg-
ments
dont
l'identité
est particulière.
La
présence
ou l'absence «d'ophiolites »est
l'un
des critères
fondamentaux
d'une
distinction
entre
des Andes
méridionales, centrales
et
septentrionales. C'est
ainsi que
la-
présence de roches basiques
et
ultra-
basiques d'âge mésozoïque
et
tertiaire, d'origine
oCéanique (s.l.), confère son caractère d'originalité
au tronçon septentrional des Andes équatorio-
colombiennes
[Hubach
et
Alvarado,
1934;
Grosse,
1935 ;Nelson, 1959 ;Irving,
1971
;Julivert, 1973 ;
Aubouin, 1972
et
1973;
Gansser,
1973;
Aubouin
~t
al., 1977].
Le
passage des Andes centrales
aux
ARdes.septentrionales s'opère au niveau de
la
trans-
versale'
.de
Huanèabamba
(Pérou septentrional),
face àla ride Carnegie (intra-plaque de Nazca,
fig. 1).
En
Colombie, les Andes se divisent en trois cordil-
lères principales séparées
par
de profondes vallées
interandines.
D'Est
en Ouest, on distingue [Butter-
lin, 1977] :
la
cordillère orientale,
la
vallée du rio
Magdalena, la cordillère centrale,
la
dépression du
rio Cauca
et
la cordillère occidentale. Plus àl'Ouest
et
vers le Nord de la Colombie, la Serrania de
Baudo
apparaît
àla côte pacifique (fig. 1) ;elle est séparée
de la cordillère occidentale
par
la
très
vaste
dépression
tertiaire
du bassin de
l'Atrato
(Choco). Seules la
cordillère occidentale
et
la
Serrania de Baudo pré-
sentent
des roches océaniques mésozoïques
et
ter-
tiaires àcaractère tholéütique. On désigne généra-
lement cet ensemble sous le vocable de «
accidente
colombiano
)).
Les
travaux
récents de
Stephan
et
al. [1980]
proposent de voir dans cet «
accidente
colombiano
))
un
prolongement «alpino-téthysien
))
de l'orogène
Sud Caraïbe du Vénézuéla.
Ces
deux tronçons
présentent
en effet, comme
l'avaient
déjà noté
Aubouin_
et
al. [1977], des points communs dans
leur évolution
magmato-structurale
et
métamor-
phique.
La
mise en évidence récente de nappes dans
l' «
accidente
colombiano
))
[Bourgois
et
al., 1982]
renforce le dossier dans ce sens.
Ces
interprétations
ne doivent cependant pas
faire oublier que divers jalons plus'ou moins continus
de roches basiques tholéiitiques caractérisent la
façace pacifique depuis
l'Équateur
au Sud
jusqu'au
Costa
Rica
vers le Nord.
Ce
dispositif qui
emprunte
le parcours de l'Amérique centrale représente une
alternative
à
l'interprétation
purement
caraïbe ou
téthysienne des Andes àophiolites.
Ce
point de vue
aparticulièrement été défendu, sur des bases géo-
chimiques,
par
Goossens [1973]
et
surtout
Goossens
et
al.
[1977] qui envisagent
pour
toutes
ces roches,
Bull.
Soc. géol.' Fr.,
1982,
nO
3
d'âge crétacé àtertiaire, une
ongme
commune :
tholéiites
d'un
unique plancher océanique ou bien
arc insulaire andin précoce. Les données que nous
avons rassemblées sur ces régions
apportent
des
informations nouvelles de deux
ordres:
d'une
part,
l'histoire régionale est beaucoup plus complexe que
celle antérieurement envisagée
et
montre,
d'autre
part,
une étroite
communauté
d'évolution des divers
massifs àroches océaniques (s.l.) de la façade
pacifique
entre
3°N
et
12
oN.
II. -LE
COSTA
RICA.
Les péninsules de
Santa
Elena, de Nicoya
et
d'Osa ainsi que les régions de Quepos
et
Herradura
(fig. 1)
constituent
les principaux affleurements de
matériel d'origine océanique de
la
bordure pacifique
du Costa Rica.
Vers le Nord, la découverte des roches
ultra-
basiques
et
métabasiques du massif de
Santa
Elena
revient àHarrison [1953].
Pour
divers
auteurs
il
s'agirait là
d'un
horst
de matériel profond
dont
la
venue àl'affleurement
pourrait
être liée àl'accident
de Clipperton [Dengo, 1962 a
et
b;
Vveyl,
1969;
Schmidt-Effing, 1980]. Des
travaux
récents [Azéma
et
Tournon,
1980;
Tournon
et
Azéma, 1980]
ont
permis de
montrer
que la péninsule de
Santa
Elena
correspond à
un
édifice tectonique caractérisé
par
le charriage
d'un
complexe ultrabasique
et
basique
sur
un
autochtone relatif formé de matériel volcano-
sédimentaire mésozoïque. De
haut
en bas on
distingue:
1) l'ensemble supérieur, allochtone, qui constitue
l'essentiel de la péninsule de
Santa
Elena
et
corres-
pond àdes harzburgites partiellement serpentinisées
dans lesquelles on observe
un
certain nombre de
termes basiques :rares filons de gabbros pegmati-
tiques
et
filons de dolérites.
Ces
filons,
nombreux
dans
tout
le massif,
sont
localement si
abondants
qu'ils isolent en
panneaux
l'encaissant harzburgitique.
On
note
la
présence
d'un
complexe stratitié :cumulats ultrabasiques,
gabbros stratifiés
et
plagiogranites. Cet ensemble
est recoupé
par
des filons doléritiques
et
basaltiques.
Dans d'étroites zones de cisaillement les dolérites
peuvent
être métamorphisées en amphibolites foliées.
Ce
massif est
interprété
comme soubassement
d'un
c0mplexe
ophiolitique;
2)
l'ensemble inférieur, autochtone relatif, visible
en fenêtre dans
la
petite
vallée de
Potrero
Grande
et
en demi-fenêtre sur le
littoral
dans le secteur
Carrizal-Respingue qui
montre
une série volcano-
sédimentaire qui comprend des dolérites, des basaltes
en pillows interstratifiés de sédiments siliceux
et
volcano-clastiques
au
sein desquels des assemblages