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estimant l’impact sur la morbidité et la mortalité lors de chi-
rurgies majeures non cardiaques. L’insuffisance respiratoire
a été observée chez plus d’un quart des patients, avec éga-
lement un taux plus élevé d’insuffisance cardiaque et de
mortalité hospitalière.7 Ces études ne permettent cepen-
dant pas de recommander un dépistage systématique de
l’HTAP, mais soulignent l’importance de reconnaître une
HTAP symptomatique comme facteur de risque de CPPO.
risques liés à la procédure
Chirurgie
Le site chirurgical a été démontré comme étant le plus
important de tous les facteurs de risque identifiés. En ef-
fet, plus l’incision se rapproche du diaphragme, plus ce ris-
que est important (tableau 1). Une laparotomie verticale
semble par ailleurs amener plus de complications pulmo-
naires qu’une laparotomie transverse.8 En chirurgie baria-
trique, la technique laparoscopique réduit de moitié le
risque de complications pulmonaires.
Anesthésie
L’anesthésie peut affecter les poumons et les échanges
gazeux par de nombreux mécanismes. Les facteurs les mieux
identifiés sont l’intubation orotrachéale, les agents anesthé-
siques volatiles et le choix de la technique anesthési que
ainsi que l’analgésie peropératoire. Le type d’anesthé sie,
selon qu’elle est locale, locorégionale (de type rachi anes-
thésie ou péridurale) ou générale aura un impact croissant
sur la fonction respiratoire. L’utilisation de bloqueurs neuro-
musculaires de longue durée d’action ou d’opiacés aura
également des conséquences délétères sur la mécanique
ventilatoire.
Autres facteurs de risque
Les autres facteurs de risque identifiés liés à la procé-
dure sont la chirurgie d’urgence, les transfusions multiples
et la durée de l’intervention. Une intervention durant plus
de trois heures est en effet associée à un risque significatif
de CPPO.2
bilan pneumologie préopératoire (figure 1)
Eléments cliniques
Une anamnèse complète et un examen clinique sont les
outils les plus importants et performants pour évaluer le
risque préopératoire.9 Il faut donc rechercher attentivement
des symptômes et/ou signes cliniques d’affections respira-
toires tels qu’une intolérance à l’effort, une dyspnée, une
toux, une diminution du murmure vésiculaire, des sibilan-
ces, des râles ou un expirum prolongé.
Spirométrie
Le rôle de la spirométrie systématique reste indéterminé
et son utilité de routine est controversée lors de chirurgie
sans résection pulmonaire. La spirométrie ne semble pas
ajouter de précision à l’évalution du risque si les éléments
cliniques tirés de l’anamnèse et du status sont correcte-
ment pris en compte.8 Elle reste cependant indiquée dans
le processus diagnostique d’une dyspnée ou d’une intolé-
rance à l’effort d’origine indéterminée. Une spirométrie anor-
male, isolée du contexte clinique, ne devrait toutefois pas
contre-indiquer une chirurgie. Par ailleurs, les fonctions
pulmonaires sont utiles dans l’optimalisation du traitement
des patients BPCO ou asthmatiques avant chirurgie (médi-
caments et réhabilitation pulmonaire).
Gazométrie
En préopératoire, la mesure de routine des gaz du sang
ne s’est pas avérée meilleure que l’évaluation clinique pour
prédire le risque d’hypercapnie qui est potentiellement
un facteur de risque de complications postopératoires.
L’hypoxémie (PaO2 l 9,33 kPa) est considérée comme un
facteur de risque indépendant selon une seule étude ré-
trospective portant sur 480 patients ayant subi une chirur-
gie abdominale élective.10 Les gaz du sang ne font toute-
fois pas partie d’un bilan préopératoire de routine et leur
indication se discute au cas par cas.
Radiographie de thorax
La radiographie de thorax a pour but de détecter une
pathologie cardiopulmonaire cliniquement silencieuse, qui
pourrait modifier la technique anesthésique ou chirurgi-
cale, voire influencer l’estimation du risque de CPPO. Par
conséquent, la radiographie de thorax est uniquement re-
commandée avant une chirurgie abdominale, thoracique
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Figure 1. Bilan pneumologique préopératoire pour
anticiper les complications pulmonaires postopéra-
toires
Lobectomie ou
pneumonectomie
dans le cadre
d’un cancer
pulmonaire
Absence de
facteurs de risque
identifiés
Pas d’examens
complémentaires
dans le cadre du
bilan pulmonaire
préopératoire
Bilan pré-
opératoire selon
ERS/ESTS clinical
guidelines for
evaluating fitness
for radical treat-
ment in patients
with lung cancer
Identification de facteurs de
risque liés au patient (dyspnée
inexpliquée ou intolérance à l’effort,
âge, BPCO, asthme, tabagisme actif,
ASA L 2, insuffisance cardiaque, SAOS,
HTAP, examen clinique anormal) ou à
la procédure (chirurgie abdominale
haute, chirurgie aortique, chirurgie
complexe, chirurgie urgente, chirurgie
de L 3 heures)
Anamnèse détaillée et examen
physique à la recherche de facteurs
de risque liés à la procédure ou
au patient
• Radiographie du thorax
• Fonctions pulmonaires w gaz du sang
Tests normaux :
Procéder à la chirurgie
et discussion des stratégies
postopératoires pour
diminuer le risque
Tests anormaux ou
facteurs de risque
multiples :
• Indication chirurgicale ?
• Anesthésie péridurale
ou bloc régional ?
• Stratégies postopéra
toires pour diminuer
le risque
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