humaines. Nous sortons des logiques de processus pour entrer dans des logiques de conversations”,
constate Richard Collin, professeur et directeur de l’Institut de l’entreprise 2.0 à Grenoble Ecole de
management.
Les organisations passent ainsi d’un modèle principalement centré autour du travail à un monde dans
lequel l’essentiel consiste à bien communiquer pour mieux travailler. Salariés et managers sont au
centre de cette évolution. Internet et réseaux sociaux, mobilité et télétravail, co-working et travail
nomade, les modes traditionnels d’organisation et de création de valeur volent en éclats.
L’organisation classique calée sur l’autorité, la hiérarchie, le contrôle, la division du travail est
dynamitée. Face à ces nouvelles exigences, beaucoup d’entreprises rencontrent d’importantes
difficultés. Cette complexité de l’entreprise nouvelle met au défi les responsables de ressources
humaines.
Tout devient social
L’accélération des changements technologiques comme les bouleversements de modèles
économiques secouent le paysage des RH. Tout devient social lorsque la valeur provient du lien de
l’engagement, de la capacité à mobiliser les salariés, de leur implication et la capacité à les rendre
autonomes et responsables. “Toutes ces transformations ne sont pas évidentes pour les DRH,
confirme Didier Baichère qui occupe ce poste chez Logica, spécialiste du conseil en technologie
(10 000 salariés). Apprivoiser les médias sociaux ou faire du marketing RH ne sont pas des tâches
naturelles et habituelles.”
A l’aune de ces nouvelles tendances, la relation contractuelle avec l’entreprise se redéfinit.
“L’operating system” des entreprises, jadis basé sur les processus et la hiérarchie, migre vers la
transversalité et le lien social. L’une des missions prioritaires des DRH ? Accompagner ce
changement. Depuis une dizaine d’années, leur fonction a dû affronter des changements majeurs.
Auparavant, les organisations étaient dans l’anticipation par la planification. Aujourd’hui, elle doit être
capable d’exploiter son potentiel de situation. Le DRH joue un rôle prépondérant mais peu évident
dans ce nouveau monde “beta”, rapide, flexible, agile.
Les bouleversements technologiques incarnent cette révolution. De plus en plus de collaborateurs
disposent désormais d’outils informatiques personnels plus performants que les outils informatiques
professionnels et donc veulent s’en servir au bureau. Essentiellement des smartphones et tablettes.
“Les DRH doivent gérer les problématiques d’assurances, de participation financière mais aussi de
pratiques et de règles d’usage, remarque Jean-Denis Garo, directeur communication et marketing du
groupe Aastra, spécialisé dans la communication d’entreprise. Les réseaux sociaux sont au cœur du
sujet : un collaborateur qui parle sur Twitter, le fait-il en son nom ou au nom de sa société ? Peut-on
tout dire ou pas ?”
Dans ce monde de plus en plus connecté, le DRH ne cesse de jongler : relation collective et relation
individuelle, court terme proche du business et long terme avec une vision sur le travail des hommes,
agilité de l’organisation et sécurisation de l’emploi, etc. “Il faut à la fois faire passer la stratégie de la
direction et défendre et accompagner les salariés. C’est un peu schizophrénique, résume Sophie
Corbillé, maître de conférences au Celsa. Dans un monde où tout va de plus en plus vite, c’est
horriblement compliqué.” La tâche est d’autant plus complexe que le DRH n’a pas nécessairement
toutes les cartes en main.
“Comment parler évolution de carrière aux collaborateurs quand l’entreprise restructure ? Comment
augmenter la productivité en préservant la qualité de travail ? Si sur le réseau social de l’entreprise,
les gens parlent licenciement ou mauvaise ambiance au travail, cela devient vite infernal”, illustre
David Guillocheau, directeur associé au sein du cabinet de conseil Talentys. Infernal et bloquant.
Toutes les entreprises ne donnent pas la même importance à la fonction RH dans l’organisation. Le
DRH ne siège pas toujours dans les instances de direction stratégique.