Collège de Physique et de Philosophie
Séance du 14 mars 2011 à l’Institut de France
Exposé de Jean-Michel Raimond (Département de Physique de l’ENS)
Bernard d’Espagnat. Nous allons avoir le plaisir d’avoir un exposé sur la décohérence et
surtout de l’entendre de la bouche même de Jean-Michel Raimond qui – nous le savons tous – est
l’un des principaux auteurs de l’expérience décisive en la matière, celle qui a montré que, juste
après avoir subi sa fameuse mésaventure, un chat de Schrödinger mésoscopique est bien dans un
état de superposition quantique, ‘mort plus vivant’, et que ce n’est qu’au bout d’un certain temps,
très court mais mesurable, qu’il devient à nos yeux soit mort soit vivant.
Avant d’entendre de vous, cher Jean-Michel, la narration de cette palpitante histoire je
vous demande juste la permission de dire trois mots de nos projets. Nos discussions de novembre
et de janvier ont montré qu’il y avait chez nous un vrai bouillonnement d’idées, et le Collège de
physique et de philosophie estime que l’étape suivante sera en quelque sorte de mettre de l’ordre
dans tout ça, en demandant à chacun des physiciens parmi nous – et il y en a ! – qui ont contribué
à une conception nouvelle de la réalité ou de la causalité, ou de l’information, etc. – tout ça,
naturellement, c’est lié – de nous l’exposer sereinement et en détail lors d’une séance ou deux
consacrées essentiellement à cette conception-là et à sa discussion. Mais nous avons jugé aussi
que nous ne pouvions pas ne pas discuter quelque peu d’une idée, très vieille, certes, qui n’est pas
de nous, mais qui, a priori, semble au profane toute naturelle, celle qui consiste à dire non pas
« tantôt onde tantôt particule » mais « onde et particule », autrement dit la théorie, chère à John
Bell, de Louis de Broglie et David Bohm, qu’on peut ne pas aimer pour de bonnes raisons mais
qui, nous le verrons, est plus coriace que les physiciens ne le pensent en général. Je dis « nous le
verrons » parce que Franck Laloë, bien qu’il n’en soit pas lui-même un adepte, a très gentiment
accepté de nous instruire à son sujet. Cela fera l’objet d’une de nos prochaines séances ; il a été
envisagé que ça soit celle de rentrée, en fin septembre.
Le thème de la décohérence et de son interprétation est suffisamment important pour que
les échanges qu’il va susciter ne soient pas limités d’office à la séance d’aujourd’hui. Ils vont
donc se continuer dans la séance de mai, lors de laquelle, s’il reste un peu de temps, il sera bon
que nous revenions aussi sur la question philosophique des définitions du réalisme, qui a été
laissée en rade la dernière fois.
Pardon pour cette incidente. Cher ami, vous avez maintenant la parole.
EXPOSÉ DE JEAN-MICHEL RAIMOND
(Ndr. Les transparents de J-M. Raimond étant particulièrement bien structurés nous les
reproduisons en ajoutant, après chacun d’eux, la retranscription de l’intervention orale.)