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Michel Massénat - 2013
Fiche 20 - L’informatique quantique
Depuis que je travaille dans le domaine des semi-conducteurs, j’entends
parler de leur mise en maison de retraite. Mais ils ont la vie dure et des
sursauts de vitalité étonnants. Quoiqu’il en soit, la miniaturisation galopante
de ceux-ci va forcément conduire un jour, sûrement prochain, à leur
assoupissement. Pourquoi ?
Au début de mon activité, dans les années 70, la taille d’un transistor sur
un morceau de silicium était de quelques 10 micromètres (on dit de manière
abrégée microns). Au passage du XXIème siècle, elle était tombée à moins
du micron et même proche du dixième de microns (100 nanomètres).
Aujourd’hui, existent des transistors de quelques nanomètres. Outre leurs
difficultés de fabrication, ceci pose également le problème du nombre
d’atomes qu’ils contiennent. En effet, la cure d’amaigrissement du transistor
ne touche pas les atomes qui eux, présentent toujours le même embonpoint
qui est de l’ordre de l’Angstrœm, soit le dixième de nanomètre.
Ceci veut donc dire que les plus récents de nos transistors ne sont plus
constitués que de quelques atomes de silicium et d’impuretés. Ceci
commence à poser problème. Pourquoi ?
La mécanique quantique
La raison fondamentale de ceci est qu’entre le monde humain et des
matériaux, et le monde des particules, le fonctionnement est totalement
différent. Nos lois de physique, essentiellement la continuité des
phénomènes, lesquelles sont passées dans nos réflexes et notre manière
de penser, ne sont pas applicables aux particules et donc aux atomes isolés.
Ceux-ci fonctionnent selon des lois dites quantiques, dans lesquelles il n’y
a plus continuité des phénomènes, mais fonctionnement par quanta !
Ceci reste encore compréhensible, ou admissible, par un cerveau pas trop
embrumé par “le petit calva du matin” ! Mais la physique quantique nous
fait découvrir d’autres lois infiniment plus obscures et difficiles à admettre
par une logique (ou un “dressage”) humain. Il en est ainsi de quelques
principes de base de cette mécanique étrange.
La superposition ! Selon ce principe, un élément quantique existe dans ses
différents états contradictoires simultanément. C’est le cas du fameux
“chat quantique” de Schrödinger qui peut à la fois être mort et vivant,
tant que l’on ne le regarde pas ! Difficile à admettre, mais c’est l’observation
ou la mesure d’un élément quantique qui, en fait, détermine son état.
L’intrication ! Selon ce principe, plusieurs éléments quantiques intriqués,
c’est-à-dire qui sont liés par une interaction (leur fabrication par exemple),
réagissent de manière équivalente, quelles que soient leurs localisations
respectives. C’est un peu ce que l’on dit du ressenti de deux vrais jumeaux,
même très éloignés l’un de l’autre.