IBM Global Business Services IBM Institute for Business Value Médias et loisirs La fin de la télévision telle que nous la connaissons Perspectives d’avenir du secteur télévisuel IBM Institute for Business Value Par le biais de l’IBM Institute for Business Value (IBV), IBM Business Consulting Services développe des orientations stratégiques à partir de l’analyse concrète des problèmes sectoriels et intersectoriels auxquels sont confrontés les dirigeants d’entreprise. Ce rapport de synthèse repose sur une étude approfondie menée par l’équipe de recherche de l’institut. Il s’inscrit dans le cadre d’un engagement constant de la part d’IBM Business Consulting Services, qui vise à fournir aux entreprises des analyses et des perspectives stratégiques pour les aider à générer de la valeur ajoutée. Pour plus d’informations, vous pouvez contacter les auteurs de ce rapport ou envoyer un e-mail à l’adresse : [email protected]. La fin de la télévision telle que nous la connaissons Perspectives d’avenir du secteur télévisuel Résumé L’histoire édifiante de la télévision remonte à la découverte de l’induction électromagnétique1 par le physicien et chimiste britannique Michael Faraday en 1831. Ce média est parvenu à maturité dans les années 50, grâce à des sitcoms populaires comme L’extravagante Lucie, à la Coupe du monde de football de 1954, à la diffusion en couleur et à la divine télécommande. Pendant plusieurs générations, les téléspectateurs ont adopté sans sourciller la programmation prévue. Pour le secteur télévisuel, le lien avec les consommateurs s’établissait directement d’une origine unique vers des destinations multiples… jusqu’il y a peu. De nos jours, l’audience est de plus en plus fragmentée et les téléspectateurs répartissent leur temps entre plusieurs choix de médias, chaînes et plates-formes. Au cours des dernières décennies, les consommateurs ont migré vers un contenu ciblé davantage spécialisé qui est proposé par le câble et les bouquets de chaînes. Devant le nombre sans cesse croissant des fonctions « à la demande », d’autoprogrammation et de recherche, certains téléspectateurs passent aujourd’hui du visionnage ciblé au visionnage individualisé. Devant la concurrence de plus en plus acharnée que se livrent les acteurs de la convergence dans les domaines de la télévision, des télécommunications et d’Internet, le secteur télévisuel se trouve confronté à des niveaux de complexité, d’évolution et d’incitation à l’innovation sans précédent. « Le secteur télévisuel se trouve confronté à des niveaux de complexité, d’évolution et d’incitation à l’innovation sans précédent. » Pour se faire une idée plus précise de l’avenir à moyen terme (jusqu’à environ 2012) du point de vue de l’offre et de la demande, IBM a mené des entretiens approfondis auprès des acteurs du secteur télévisuel et a chargé l’EIU (Economist Intelligence Unit) d’effectuer des recherches élémentaires aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. Notre analyse indique que l’évolution du marché repose essentiellement sur deux facteurs de marché : l’accessibilité aux chaînes et les niveaux d’implication des consommateurs avec les médias. Au cours des cinq à sept prochaines années, les choses vont évoluer sur ces deux fronts, mais pas de manière uniforme. Le secteur télévisuel sera au contraire marqué par la bimodalité des consommateurs, c’est-à-dire par la coexistence de deux types d’utilisateur aux exigences bien distinctes au niveau des chaînes. Tandis qu’un segment de consommateurs restera passif dans son fauteuil, l’autre segment imposera des changements radicaux dans les modèles économiques en recherchant du contenu accessible quelle que soit l’heure et quel que soit l’endroit sur plusieurs chaînes. Le segment des consommateurs technophiles et avant-gardistes va nous entraîner vers un monde de contenu indépendant des plates-formes, caractérisé par la fluidité et la mobilité des médias, l’individualisation de la tarification et la fin du concept traditionnel de fenêtres de diffusion. « Les entreprises doivent anticiper le changement… sinon elles se feront dépasser. » Compte tenu de l’influence exercée par ces deux segments dans nos prévisions à l’horizon 2012, les stratèges doivent dès aujourd’hui se pencher sur la fragmentation, la divergence et la concurrence sur le marché en vue d’optimiser les modèles économiques naissants et anciens, les fenêtres de diffusion novatrices et traditionnelles, les programmateurs de contenu nouveaux et anciens et les chaînes logistiques IP et classiques. Vu les nouveaux impératifs du marché et la complexification de son exploitation, nous nous attendons à un déplacement de la valeur dans le secteur télévisuel, avec la création de nouveaux gagnants et de nouveaux perdants. C’est aujourd’hui que commence « la fin de la télévision telle que nous la connaissons » et l’avenir ne sera favorable qu’à ceux qui le préparent dès maintenant. Voici IBM Global Business Services la liste des six actions prioritaires que nous avons établie pour les dirigeants : segmenter, innover, expérimenter, rendre mobile, ouvrir et réorganiser. • Segmenter : investir dans des stratégies différenciées et des chaînes logistiques pour les consommateurs bimodaux. Identifier, mettre au point et améliorer en permanence les profils utilisateur sur la base de données en vue d’optimiser le développement de produits et de services, la distribution, la stratégie marketing et la migration des services. Adapter de manière dynamique le contenu, la publicité et la tarification en fonction du public. • Innover : innover dans le domaine des modèles économiques, de la tarification, des fenêtres de diffusion, de la distribution et des bouquets en proposant sans résistance un choix plus large aux consommateurs. Prendre aujourd’hui des risques pour éviter de perdre du terrain à long terme. • Expérimenter : développer, essayer, améliorer, déployer. Réaliser en permanence des expériences sur le marché, seul et avec des partenaires, pour étudier les préférences des consommateurs « dans la réalité ». Investir dans de nouveaux systèmes de mesure et indicateurs pour faire face au monde à la demande de demain. • Rendre mobile : créer une mobilité de contenu transparente pour les utilisateurs qui réclament de l’instantanéité. Faciliter la synchronisation des équipements sans intervention côté utilisateur. • Ouvrir : promouvoir des plates-formes ouvertes et normalisées de diffusion de contenu pour optimiser l’exploitation des contenus et des réseaux, générer une plus grande souplesse commerciale et un rapport investissement/rendement élevé. Mettre en place des fonctionnalités ouvertes visant à renforcer la protection du contenu numérique, la souplesse des consommateurs et les mises à jour prêtes à l’emploi qui s’avèrent nécessaires sur un marché en constante évolution. • Réorganiser : réévaluer la composition de votre entreprise en fonction de vos besoins futurs. Identifier les compétences essentielles indispensables à votre futur avantage concurrentiel. Repérer les composants commerciaux non fondamentaux en vue d’envisager des externalisations, des fusions ou des partenariats. D’un point de vue extérieur, reconfigurer l’entreprise pour optimiser les leviers commerciaux et financiers en vue d’acquérir, de construire ou de s’allier pour s’assurer une future compétitivité. Méthodologie de la recherche IBM a mené plus de 65 entretiens d’une heure avec des cadres supérieurs membres des directions générales des sociétés du secteur télévisuel, des analystes de Wall Street, des économistes et des visionnaires sur le plan technologique au sein et en dehors d’IBM. De plus, IBM a chargé l’EIU (Economist Intelligence Unit) d’effectuer des recherches élémentaires. L’EIU a réalisé une enquête auprès de 108 dirigeants du secteur télévisuel portant sur trois centres d’intérêt : 1) les réseaux câblés, les réseaux de télédiffusion et les réseaux de télévision payante, 2) les exploitants de systèmes multiples et les fournisseurs de diffusion directe par satellite, et 3) les nouvelles entreprises de communication télévisuelle. Les personnes interrogées étaient réparties de manière égale entre trois zones géographiques : l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord. Un scénario pour l’avenir Ce résumé commence par un aperçu du futur consommateur. En 2012, un téléspectateur averti ne se contentera plus de s’asseoir dans son fauteuil pour regarder des chaînes au contenu et à l’accès limités. Loin de là. En voici une projection… J’ai réalisé mon rêve d’amateur de gadgets J’ai atteint le nirvana du gadget électronique numérique. Et je n’ai pas peur de m’en vanter. Je possède un environnement Internet à large bande sans fil (WIMAX) à domicile. Le contenu circule librement entre le serveur de la maison, plusieurs écrans haute définition, le PC de bureau et les équipements mobiles que je mets constamment à niveau. J’acquiers régulièrement mes émissions de télévision préférées (nouvelles et anciennes) à partir de moteurs de recherche sur Internet comme Google Video, à partir de l’archive à la demande de mon prestataire de services de télécommunications/vidéo ou à partir de sites proposant des vidéos sur Internet. Je ne me souviens pas quand j’ai regardé la « télévision sur rendez-vous » pour la dernière fois car je télécharge chaque émission ou épisode important ou je le regarde à partir de mon magnétoscope numérique multitrack. Un signal de La fin de la télévision telle que nous la connaissons type Bluetooth émis par mon téléphone mobile déclenche une ouverture de session sur mon système de médiathèque. Lorsque je suis prêt à regarder la télévision, je suis accueilli par un écran en mosaïque avec mes chaînes de télévision préférées, des suggestions d’émissions diffusées au cours des dernières 24 heures, des cartes d’abonnement saisonnières et des options à la demande personnalisées. My homMon réseau à domicile propose différentes tarifications à la demande, en fonction du nombre de visionnages, de copies et de téléchargements que je prévois et selon que le contenu est une avant-première ou non. Lorsque je ne la zappe pas, j’adore regarder la publicité, surtout depuis qu’elle est adaptée à mes besoins et qu’elle m’est proposée avec des liens utiles, des informations complémentaires et diverses options d’achat à l’intérieur même du message publicitaire. Même si toutes ces options peuvent sembler impressionnantes pour certains, je les considère comme un défi largement rentable. Je continuerai à y consacrer l’énergie nécessaire pour être le premier à avoir « réalisé son tout dernier rêve d’amateur de gadgets ». Ce scénario concerne un groupe de consommateurs essentiel qui occupe la première place sur le marché. Même si l’avenir se chargera de réaliser les rêves des amateurs de gadgets et bien plus encore, il faudra attendre un certain temps avant que des utilisateurs avantgardistes n’inspirent le grand public. Les fournisseurs jettent les bases du changement en mettant à niveau les infrastructures et en expérimentant de nouveaux services, mais ce sont les consommateurs qui décideront en dernier lieu du rythme d’adoption aux multiples aspects. Pour l’heure, ce document dresse le profil d’un secteur télévisuel dans laquelle les relations avec les consommateurs et les fournisseurs évoluent de manière significative et complexe. Des niveaux de complexité et d’évolution sans précédent Face à l’évolution significative de l’offre et de la demande, le secteur télévisuel se trouve confronté à des niveaux de complexité et d’évolution sans précédent. Cette section du document étudie les tendances actuelles et les enjeux influant sur les perspectives d’avenir des acteurs du secteur télévisuel. Les points essentiels suivants y sont abordés : la forte demande des consommateurs, la fragmentation de l’audience, le décalage des modèles économiques, la concurrence due à la convergence et la multiplication des expérimentations sur le marché. Une offre télévisuelle de plus en plus diversifiée Le contenu télévisuel est plus apprécié que jamais par le grand public, et ce malgré la très grande diversité de solutions proposées, telles que les abonnements à des services de musique numérique, la location de DVD, la radio par satellite et les jeux vidéo massivement multijoueurs. Le nombre total d’heures passées devant la télévision continue d’augmenter. Selon une estimation, le ménage américain moyen passait 1826 heures par an devant la télévision en 2005 (soit plus de cinq heures par jour)2. A cette mesure traditionnelle de la consommation s’ajoutent les heures passées à visionner du contenu issu de téléchargements et des DVD. « La consommation télévisuelle devrait augmenter du fait notamment de l’attrait des nouvelles technologies, qui permettent de contrôler de mieux en mieux le moment, le mode et le lieu de visionnage du contenu. » On a maintes fois prédit que les plates-formes médias à large bande représenteraient la plus grande menace pour l’audience, mais jusqu’ici, la large bande semble n’avoir eu aucun effet de cannibalisation notable. Ainsi, avant l’adoption massive de la large bande aux EtatsUnis (25 % des ménages), le taux de croissance annuel moyen de la consommation télévisuelle s’élevait à 1,6 % pour la période allant de 1996 à 20033. Même une fois le point d’adoption massive de la large bande atteint, en 2005, l’audience avait progressé de 2,5 % sur un an4. Les analystes prévoient que la consommation télévisuelle augmentera par la suite de 1,7 % en moyenne par an jusqu’en 20085. Même les jeunes téléspectateurs, qui expérimentent sans cesse de nouvelles formes de média, continuent à passer 3 heures et 51 minutes par jour devant la télévision6. D’après une enquête réalisée par la Kaiser Family Foundation en 2005, le temps passé devant la télévision chaque jour est trois à quatre fois supérieur au temps passé devant les ordinateurs (1 heure et 2 minutes en moyenne) ou les jeux vidéo (1 heure et 34 minutes pour les garçons et 40 minutes pour les filles en moyenne)7. Même si la tendance va certainement s’orienter vers les IBM Global Business Services Figure 1 – Mesure de l’audience (câble et télédiffusion) et revenus publicitaires aux Etats-Unis de 1997 à 2004 60 Malgré une consommation plus ciblée… Audience (câble) Pourcentage 50 40 30 20 Audience (télédiffusion) 70 En milliards de dollars 70 60 50 Revenus publicitaires (câble) 40 30 20 10 … les modèles basés sur les réseaux globaux perçoivent la majorité des revenus. Les modèles sont décalés. Revenus publicitaires (télédiffusion) 10 0 19971998199920002001200220032004 0 19971998199920002001200220032004 Source : CSFB Media & Entertainment Stock Source, mars 2005, PwC Entertainment & Media Outlook: 2005 2009 jeux vidéo et d’autres médias, la consommation télévisuelle globale devrait augmenter du fait notamment de l’attrait des nouvelles technologies, qui permettent de contrôler de mieux en mieux le moment, le mode et le lieu de visionnage du contenu. Une audience de plus en plus fragmentée Les consommateurs apprécient le contenu mais leur attention est de plus en plus fragmentée du fait de la multiplicité des choix et de la diversité des chaînes et des plates-formes qui s’offrent à eux. Autrefois, le consommateur n’avait le choix qu’entre quelques chaînes. Aujourd’hui, le ménage américain moyen possède 91 chaînes de télévision8 et le nombre de chaînes proposées aux Etats-Unis et dans les autres pays se compte par centaines.9 Devant la multiplication démesurée des choix dans tous les médias (par exemple, des dizaines de milliers de podcasts10 , plus de 43 000 magazines dans le monde11, plus de 350 millions de domaines Internet12 et des flux télévisuels en multidiffusion), les téléspectateurs aspirent à du contenu et à des messages ciblés et personnalisés. En 2005, aux Etats-Unis, 57 % des téléspectateurs utilisaient les réseaux câblés plutôt que les réseaux de télédiffusion13. De la même façon, les téléspectateurs des autres pays ont délaissé les chaînes de diffusion gratuite au profit d’un contenu plus spécialisé et ciblé. Malgré une demande de plus en plus ciblée, les modèles économiques ne suivent pas. Les consommateurs changent… les modèles stagnent L’une des principales sources de revenus de la télévision, la publicité (qui finance environ 50 % du marché14),(Pon ctuation,M) devrait théoriquement s’adapter à l’évolution de l’audience. Et dans une certaine mesure, les revenus se sont en effet harmonisés. De 2000 à 2004, le taux de croissance annuel moyen de la publicité ciblée sur les réseaux câblés/multichaînes s’élevait à 7,4 % aux EtatsUnis et à 6,2 % en Europe, contre 2 % pour la publicité sur les réseaux de télédiffusion/terrestres15. Pourtant, le câble ne perçoit aujourd’hui que 30 % des revenus publicitaires aux Etats-Unis, alors que son audience représente presque le double de ce pourcentage (voir Figure 1)16. « Le décalage entre les performances et les revenus appelle le marché à rectifier le tir. » Cela peut s’expliquer par des perceptions divergentes de la couverture et de l’efficacité des messages à diffusion générale ou par la complexité induite par l’insertion d’un autre média non télédiffusé. Quelles qu’en soient les causes, le décalage actuel entre les performances et les revenus appelle le marché à rectifier le tir. Aujourd’hui, grâce aux fonctions « à la demande », d’autoprogrammation et de recherche de plus en plus nombreuses, certains téléspectateurs passent d’un La fin de la télévision telle que nous la connaissons Figure 2 – Prévisions d’adoption du magnétoscope numérique et perte de revenus publicitaires de 2005 à 2009 25 Total des ménages possédant un magnétoscope numérique Perte de gains réels 20 15 10 5 Perte de revenus en milliards de dollars -10 2005 2006 2007 2008 2009 La perte de revenus pourrait atteindre 18 milliards de dollars d’ici 2009 Au Royaume-Uni, en France, en Italie, en Allemagne et en Espagne* 25 20 Total des ménages possédant un magnétoscope numérique Perte de gains réels 15 10 5 0 0 -5 30 Ménages européens en millions 30 Perte de revenus en milliards de dollars Ménages américains en millions Aux Etats-Unis -5 -10 2005 2006 2007 2008 2009 La perte de revenus cumulée pourrait atteindre 1 milliard de dollars d’ici 2009 Selon la tendance à l’adoption, la perte pourrait tripler d’ici 2014 Remarque : *Total des ménages au Royaume-Uni, en France, en Italie, en Allemagne et en Espagne. La perte de revenus publicitaires est indiquée en moyenne pour ces pays. Tous ces pays réunis représentent plus de 64 % des revenus publicitaires de la région Europe/Moyen-Orient/Afrique. Source : Graphique sur les Etats-Unis : Sanford C. Bernstein Research, « Pipe Dreams », mai 2004, analyse d’IBM Institute for Business Value. Graphique sur l’Europe : UBS Investment Research, « DVR– Broadcasters’ nemesis? », octobre 2004 ; PwC, « Global Entertainment and Media Outlook: 2005-2009 », juin 2005 ; analyse d’IBM Institute for Business Value segment spécifique (contenu ciblé sur les réseaux câblés et multichaînes) à des services individualisés. Les téléspectateurs deviennent de plus en plus des téléspectateurs individuels qui ont le pouvoir de décider spécifiquement du moment, du mode et du contenu de leur visionnage. « L’enquête réalisée conjointement par IBM et l’EIU a montré que 70 % des dirigeants de sociétés de systèmes multiples, de services à diffusion directe par satellite et de communication télévisuelle considéraient le « contenu à la demande » comme la motivation essentielle des décisions d’achat, après le prix. »17 Plus le magnétoscope numérique progresse (pas seulement aux Etats-Unis, mais aussi au RoyaumeUni, en Allemagne, en France, en Espagne et en Italie), plus le zapping publicitaire se développe car ce sont les téléspectateurs qui choisissent individuellement le contenu publicitaire. Le zapping publicitaire devrait entraîner une perte de 6 % des revenus publicitaires télévisuels annuels aux Etats-Unis en 200918. Même avec un déploiement plus lent dans d’autres zones géographiques, les magnétoscopes numériques devraient encore avoir des répercussions concrètes sur la publicité, avec une diminution des revenus annuels allant de 2,4 % en Allemagne à 6 % au Royaume-Uni en 19 2012 (voir Figure 2) . Dans l’ensemble, la publicité devrait augmenter (notamment du fait que les magnétoscopes numériques incitent à une plus grande consommation de contenu) mais l’impact du magnétoscope numérique va limiter son potentiel. Outre le magnétoscope numérique, il convient de noter que la télévision à la demande risque également d’avoir des effets négatifs sur le modèle publicitaire. Les consommateurs choisiront peut-être d’acheter des épisodes sans publicité ou de parcourir le contenu à la demande de manière sélective, le cas échéant. A la IBM Global Business Services différence du magnétoscope numérique, le modèle à la demande est géré en grande partie par les réseaux et les propriétaires de contenu. Le fond du problème est le suivant : au cours de la phase de transition qui mènera ces nouvelles technologies des premiers utilisateurs au grand public, nous nous attendons à ce que la publicité à la télévision (y compris le traditionnel spot de 30 secondes) continue à subir une baisse, car même le téléspectateur le plus passif pratique le zapping publicitaire et le visionnage différé (fonction permettant de choisir le moment du visionnage d’une émission de télévision). Perspectives d’avenir du secteur télévisuel : « Dans dix ans, le marché de masse cèdera définitivement sa place à un marché de niche. » – Cadre dirigeant d’une SSII internationale20 Les recherches menées par IBM et l’EIU auprès de dirigeants de la chaîne de valeur du secteur télévisuel confirment cette tendance à l’individualisation des services au détriment des modèles globaux. La plupart des dirigeants interrogés, quelle que soit la nature de leur entreprise, mettent moins leur confiance dans la publicité à la télévision que dans les sources de revenus à la demande adaptés à l’utilisateur (voir Figure 3). Dans la mesure où les consommateurs vont abandonner progressivement les pratiques globales, les modèles économiques globaux vont plus que jamais être remis en question. Et la publicité est simplement la première catégorie de revenus à s’adapter à cette tendance. Les modèles de contenu, aujourd’hui vendus en gros ou sous forme de bouquets par les principaux acteurs du secteur, seront également largement à la recherche de créneaux à la demande davantage adaptés à l’utilisateur. Même s’il existe un consensus sur l’imminence de l’évolution des revenus au sein du secteur télévisuel, l’enquête réalisée par l’EIU a montré des divergences sur les revenus de substitution. Devant l’incertitude qui règne quant au retour sur investissement à la télévision et du Figure 3 – Enquête internationale EIU/IBM : les futures sources de revenus importantes Abonnements à la demande 72 Location de contenu à la demande 64 65 Abonnements Premium Concession licence/syndication contenu Merchandising à la télévision 35 39 41 Publicité à la télévision 01020 30 40 81 74 74 74 49 49 51 45 49 77 Dirigeants (exploitants de systèmes multiples et fournisseurs de diffusion directe par satellite) 60 Dirigeants d’entreprises de communication télévisuelle/télévision sur IP Dirigeants d’entreprises de réseaux 49 50 60 70 80 90100 Pourcentage des sondés ayant déclaré que la source de revenus équivaudrait à 4 ou 5 sur une échelle de 5, où 5 correspond à « Très important » Source : Enquête d’IBM Institute for Business Value réalisée par l’Economist Intelligence Unit (EIU) La fin de la télévision telle que nous la connaissons fait du décalage des mesures, les annonceurs pourront tout simplement se tourner vers Internet pour investir car les indicateurs y sont individualisés. Dans une certaine mesure, cela est déjà en train de se produire (un double coup dur plus le magnétoscope numérique). Même si les revenus générés au départ sur Internet concernent un public limité, le taux de croissance publicitaire devrait presque tripler par rapport à celui de la publicité à la télévision d’ici 200921. La convergence, enfin ! La convergence de la télévision, des télécommunications et d’Internet dresse les géants du secteur télévisuel les uns contre les autres. La concurrence due à la convergence se manifeste essentiellement sur deux fronts : la distribution de la vidéo et le regroupement du contenu. « La convergence dresse les géants du secteur télévisuel les uns contre les autres. » Commençons par étudier la convergence du point de vue de la distribution et par évaluer les perspectives d’évolution des offres groupées « trois en un » (vidéo, voix et haut débit) et « quatre en un » (vidéo, voix, haut débit et téléphonie mobile). Sur le marché de la distribution de la vidéo, les acteurs présents de longue date et les acteurs émergents proposent chacun des services télévisuels ou autres destinés à être utilisés depuis son salon. Les protagonistes se sont ainsi lancés dans un cycle de mise à niveau des réseaux en vue de fidéliser les consommateurs et de générer des revenus moyens plus élevés par unité. Entre 1996 et 2004, les câblo-opérateurs ont dépensé aux Etats-Unis plus de 95 milliards de dollars en mises à niveau pour passer à une station bidirectionnelle qui prend en charge la télévision haute définition, le câble numérique, la vidéo à la demande et la téléphonie numérique22. Aux Etats-Unis, plus de 90 % des ménages étaient reliés à une infrastructure bidirectionnelle fin 200423. 28,5 millions d’entre eux étaient convertis au câble numérique et 23,9 millions à la vidéo à la demande fin 200524. En Europe, le nombre de foyers ayant la télévision numérique est estimé à 52 millions (soit 37 % de l’ensemble des ménages ayant la télévision)25, mais la vidéo à la demande tarde à venir26. La télévision sur IP réoriente la concurrence Le protocole IP appliqué à la distribution de la vidéo. La télévision sur IP désigne le recours à un réseau à large bande IP pour diffuser du contenu télévisuel de qualité. Contrairement à ce qui est communément admis, la télévision sur IP n’est pas une télévision libre sur le Web. La plupart des systèmes de télévision sur IP sont soumis à un accès conditionnel et requièrent l’installation d’un boîtier décodeur, à l’image des services actuellement proposés par les câblo-opérateurs et les sociétés de communication numérique par satellite. Avec l’augmentation de la largeur de bande à domicile, les consommateurs peuvent commencer à recevoir une télévision de qualité directement sur Internet, sans nécessairement passer par des « canaux » spécifiques. Pour l’instant, même la télévision à définition standard pose problème sur des connexions de données résidentielles haut débit. La télévision sur IP et le nouveau visage de la concurrence. Le terme « télévision sur IP » est souvent employé pour désigner l’arrivée des fournisseurs de télécommunications dans la distribution de la vidéo. Cependant même dans le secteur des télécommunications, ce terme est souvent impropre. Aux Etats-Unis, par exemple, AT&T (anciennement SBC Communications) lance un service de vidéo sur IP, alors que son concurrent Verizon Communications a choisi de recourir à un système de modulation d’amplitude en quadrature sur fibre pour câbles. Comme leurs homologues dans le monde, AT&T et Verizon Communications utilisent de nouveaux réseaux à fibre propriétaires pour concurrencer directement les câblo-opérateurs et les sociétés de communication numérique par satellite. Figure 4 – Enquête internationale EIU/IBM : stratégies de prix pour les offres groupées « trois en un » Dirigeants (entreprises de télécommunications) 3 Aucune remise 10 Dirigeants (exploitants 13 De 5 à 10 % 45 de systèmes multiples et 31 De 10 à 20 % fournisseurs de diffusion 19 31 directe par satellite) De 20 à 30 % 23 30 % et plus 23 3 01020 30 40 50 Pourcentage de sondés Source : Enquête d’IBM Institute for Business Value réalisée par l’Economist Intelligence Unit (EIU) IBM Global Business Services Dans le monde entier, des prestataires de services de télécommunications acteurs émergents sur le marché procèdent également à des mises à niveau en vue de se lancer dans le secteur de la distribution de la vidéo. Comme leur principale activité vocale se trouve menacée, ces prestataires investissent considérablement dans des réseaux à fibre optique à domicile ou la prochaine génération pour les services vidéo. Les déploiements relèvent souvent purement et simplement de la distribution de la vidéo sur IP, même si certains ressemblent davantage à un système de modulation d’amplitude en quadrature sur fibre pour câbles. Quel que soit le dispositif d’acheminement technique, les frontières de la concurrence entre les entreprises de télécommunications et les fournisseurs de vidéo traditionnels s’estompent. La télévision sur IP a jusqu’ici essentiellement fait l’objet d’un déploiement avant-gardiste en Europe et en Asie : China Netcom Group et PCCW à Hong Kong, Chungwa Telecom à Taïwan et FastWeb en Italie sont autant d’exemples de réseaux de télévision sur IP pilotes qui fonctionnent. Dans certains pays, comme la Chine et la France, des partenariats avec des municipalités permettent d’accélérer les mises à niveau et les mises en service. Aux Etats-Unis, Verizon Communications, Bell South Corporation et AT&T (anciennement SBC Communications) ont annoncé qu’ils prévoyaient de raccorder 34 millions de foyers au réseau à fibre d’ici 200927. Ces trois grands acteurs émergents ont ainsi pour objectif de convertir jusqu’à 5 millions de ménages à la vidéo d’ici 2009 aux Etats-Unis, avec une participation égale des acteurs présents de longue date sur le marché du câble et de la diffusion directe par satellite28. Figure 5 – Enquête internationale EIU/IBM : réponses de dirigeants de réseaux à la question « Quels sont les obstacles concurrentiels auxquels votre entreprise devra faire face dans 5 à 7 ans ? » Concurrence accrue de 56 la part des concurrents actuels 39 Concurrence issue des portails Internet 28 Principaux propriétaires de contenu s’adressant directement aux consommateurs 28 28 Augmentation des fusions Guerre des prix 01020 30 40 50 Pourcentage de sondés Source : Enquête d’IBM Institute for Business Value réalisée par Economist Intelligence Unit 60 « Si la mise à niveau des fonctionnalités télévisuelles ne présente pas de nouveaux avantages pour les consommateurs, la concurrence risque alors de reposer uniquement sur le prix, ce qui exercerait des pressions non seulement sur les acteurs de la distribution en aval, mais également sur les acteurs de la chaîne de valeur. » Avec les offres groupées « trois en un » ou « quatre en un », la concurrence devrait être rude au cours de la période de prévisions couverte par ce document. Comme le montrent les recherches menées par l’EIU, les prestataires de services de télécommunications, acteurs émergents sur le marché semblent prêts à acquérir leur part (voir Figure 4). La popularité croissante des offres groupées « trois en un » ou « quatre en un » risque de conduire à une guerre des prix de longue durée. Si la mise à niveau des fonctionnalités télévisuelles ne présente pas de nouveaux avantages pour les consommateurs, la concurrence risque alors de reposer uniquement sur le prix, ce qui exercerait des pressions non seulement sur les acteurs de la distribution en aval, mais également sur les acteurs de la chaîne de valeur. Une meilleure rentabilité devrait accompagner ces concurrents qui peuvent gérer la valeur ajoutée sans tomber dans le piège de la négociation unique du prix. Outre les pressions exercées par la convergence dans la distribution, une autre question se pose : les agrégateurs de contenu sur Internet vont-ils supplanter les programmateurs traditionnels ? Le réseau Internet offre la possibilité de contourner la programmation et la présentation de contenu traditionnelles. Cette fonction incombait auparavant aux réseaux qui assuraient la planification et l’harmonisation des programmes. Les recherches menées par l’EIU indiquent que les programmateurs actuels (réseaux de contenu télévisuel) classent les services Internet parmi les premiers sujets de préoccupation (voir Figure 5). La fin de la télévision telle que nous la connaissons Caractéristiques Prix au lancement Equipement Figure 6. Exemples de nouveaux modèles économiques. Akimbo « My BBC Player » (BBC) CBS et Comcast Disney et Apple « Overdrive » (MTV) NBC-Universal et DIRECTV « Start Over » (Time Warner Cable) « In2TV » (Warner Bros. et AOL) Yahoo et TiVo TV PC TV iPod PC TV TV PC TV, PC Abonnement mensuel à $9.99 Gratuit 0,99$US/ épisode 1,99$US/ épisode Publicités (zappables) Pas de publicité Publicités non zappables • Cinq chaînes • Lecteur • Contenu • Episodes • Boîtier décodeur multim. peerappart. à CBS avec vidéo de propriétaire to-peer pour pour abonnés contenu ABC genres nécessaire contenu BBC Comcast sélectionné différents pour • La plup. des sur marchés un jour après • Vidéoclips, dispositif à la émissions dotés de date de bandesdemande dispo. pdt 7 stations diffusion sur annonces, • Contient jours après exploitées et iPod vidéo actualités, Turner première diff. détenues par • Lecture sur coulisses Classic • Lancement CBS PC avec Movies, BBC prévu en 2006 • Lancement QuickTime et Discovery prévu en 2006 0,99$US/épisode Libre accès sur Gratuit abonnement tél. Publicités non par câble Pas de publicité zappables Publicités non zappables Accès sur abonnement à TiVo • Emissions • Redémarrage •14 000 • Fonctionappartenant des épisodes nalités TiVo à NBC, émissions à disponibles pour le disponibles à tout moment • Six chaînes contenu du la demande pendant la thématiques média Yahoo pour les fenêtre de (lancement) • Une minute abonnés de diffusion de publicité et la DIRECTV • Emissions insérée dans recherche de non enrel’émission vidéos • Lancement prévu en 2006 gistrables • Lancement • Lancement prévu en 2006 prévu en 2006 Source : sites Web des entreprises et analyse effectuée par IBM Institute for Business Value. Interrogés sur les obstacles concurrentiels qui seront à leurs yeux les plus importants dans cinq à sept ans, les dirigeants de réseaux du monde entier ont cité des menaces qui sortent du cadre traditionnel comme les portails Internet (Google, Yahoo! et AOL, par exemple) et les propriétaires de contenu qui s’adressent directement aux consommateurs. Même si le succès futur de la télévision sur Internet auprès du grand public reste discutable, il apparaît clairement que la perte de téléspectateurs se traduit par l’affaiblissement du modèle de réseau de média traditionnel. Il est possible que les réseaux dépourvus d’identités de marque grand public soient de fait exclus du marché. Le secteur télévisuel a des leçons à tirer de ce qui s’est passé dans le secteur de la musique Au début du 21ème siècle, le secteur de la musique a enregistré une hausse des ventes de CD relativement stable pendant cinq ans33. Cependant, lorsque Napster a pris de l’ampleur et que les ventes de CD ont commencé à baisser, le secteur de la musique a été lent à réagir. Napster s’est rapidement développé avec, à son apogée, 80 millions d’utilisateurs qui ont échangé plus de 15 milliards de chansons34. En deux ans, le pourcentage de ménages ayant téléchargé illégalement de la musique sur Internet est passé d’un nombre pratiquement nul à quasiment 30 % aux Etats-Unis35. Devant l’explosion des téléchargements et la colère des artistes, le procès intenté par le secteur de la musique a conduit à la fermeture du service Napster peer-to-peer début 200136. Cela n’a toutefois pas mis un terme aux réseaux de copie internationaux qui ont vu le jour et dont les nouvelles technologies ne peuvent pas être attaquées en justice et échappent à toute surveillance réglementaire dans le monde. Aux Etats-Unis, le secteur de la musique a vu ses ventes chuter de 21 % entre 2000 et 2003, ce qui représente la plus grande perte de revenus associée à une technologie subie par une entreprise de média au cours des deux dernières décennies37. La sortie de l’iPod, suivie du lancement de l’iTunes en 2003, a finalement montré que l’adoption de nouvelles technologies pouvaient générer des revenus. Grâce à la présentation branchée et à la fluidité de son interface utilisateur, l’iTunes a dominé le marché et a remis au goût du jour le partage de fichiers peer-to-peer auprès des utilisateurs. Apple a vendu un demi-milliard de chansons en ligne et la musique numérique représente 4 % du marché de la musique international, qui s’élève à 13,4 milliards de dollars38. Après quatre années consécutives de baisse, le secteur de la musique a enregistré une forte croissance en 2004, jusqu’à 5,7 % à l’échelle mondiale, renforcée par la distribution numérique et la musique sur les téléphones mobiles39. La principale leçon à tirer de ce qui s’est passé dans le secteur de la musique est qu’il faut savoir tirer son épingle du jeu sur un marché en pleine évolution. IBM Global Business Services Perspectives d’avenir du secteur télévisuel : « Les réseaux n’existeront plus dans quinze ans. » – Télédiffuseur public européen29 Le début, mais pas tout à fait la fin, des expériences sur le marché L’évolution du marché au niveau de l’offre et de la demande pousse à expérimenter de nouveaux modèles économiques (voir Figure 6). Comme l’a expliqué l’économiste Harold Vogel, spécialiste des divertissements, les réseaux de télévision et les propriétaires de contenu « recherchent un modèle qui leur permette de retrouver une certaine rentabilité qui leur échappe lorsque les téléspectateurs changent leurs habitudes. »30. En 2005, le télédiffuseur public BBC (British Broadcast Corporation) a commencé à expérimenter « My BBC Player », une technologie qui permet aux consommateurs d’utiliser de la large bande pour télécharger et partager des émissions. La BBC s’est appuyée sur une charte publique visant à « orienter le marché vers la télévision numérique gratuite, la radio numérique et de nouveaux médias en optimisant la sensibilisation, la disponibilité et l’acceptation »31 pour lancer une expérience pilote qui consiste à mettre du contenu gratuitement à disposition pendant sept jours grâce à un logiciel peer-to-peer. Sans provoquer de conflits avec des sociétés apparentées ou des annonceurs du réseau (qui pèsent sur ses contreparties commerciales), la BBC est allée plus loin que quiconque dans son expérimentation sur le marché international. En novembre 2005, Walt Disney Company, Disney ABC Television Group et Apple ont créé un autre événement à la demande avec leurs partenaires en autorisant l’accès à d’anciens épisodes d’émissions populaires via iTunes Music Store. Au cours des dix-neuf premiers jours qui ont suivi ce lancement extraordinaire, le premier du genre, plus d’un million de téléchargements à 1,99 dollar par épisode ont été enregistrés32. Le contenu, qui n’expire pas, est transférable sur un iPod vidéo Apple. Peu de temps après, des concurrents (NBC, CBS et Warner Bros.) ont à leur tour lancé des événements à la demande similaires. Un peu à l’image des diverses alliances qui ont vu le jour au cours des premières incursions du secteur de la 10 musique sur Internet, ces solutions n’en sont qu’à leurs prémices (ces « espaces réservés » ne permettent pas encore d’accéder systématiquement à du contenu quel que soit le moment et quel que soit l’endroit). Le marché de la télévision continuera à évoluer pratiquement au jour le jour, à partir du moment où ses acteurs poursuivront leur quête de nouveaux modèles rentables répondant aux besoins des consommateurs. Comme toutes ces activités mènent à une meilleure connaissance du secteur, ainsi qu’à une rupture, l’option qui présente le plus de risques semble être celle de l’inaction. Conception de l’avenir Devant la tendance au changement, une rupture dans la chaîne de valeur semble quasiment inévitable à long terme. L’analyse montre toutefois que des bouleversements radicaux se produiront certainement après la période de prévisions couverte par ce document, car le grand public a besoin de temps pour rattraper les technophiles et les avant-gardistes. Cette section du document expose notre conception de l’avenir à long terme et échafaude des hypothèses sur l’imminence du déplacement de la valeur et son évolution à moyen terme jusqu’à 2012. Le prochain grand « tremblement de terre » est prévu (mais il n’est pas pour aujourd’hui) Au-delà de 2012, nous pensons que les deux facteurs suivants reposeront à la base de la rupture dans le secteur télévisuel à long terme : un accès ouvert au contenu et des consommateurs de médias très impliqués (voir Figure 7). Les flèches bleues indiquent le mouvement attendu vers le quart supérieur droit dans le temps, à mesure que le grand public s’impliquera dans sa pratique télévisuelle et bénéficiera d’un meilleur accès au contenu grâce à de nouvelles plates-formes et à de nouvelles chaînes. Le contrôle des médias par les consommateurs va de Passif à Impliqué. La pratique passive, qui prédomine historiquement et qui correspond aux consommateurs « tournés vers le passé» qui se contentent de zapper et de parcourir la grille de programmes, se situe à une extrémité. La pratique de type informatique, qui concerne les consommateurs « tournés vers l’avenir », se situe à l’autre extrémité. Les utilisateurs impliqués naviguent de manière autonome dans le contenu, passent d’un contenu à un autre, recherchent du contenu et créent leur propre contenu. Ce groupe interactif est disposé à s’investir énormément dans sa pratique télévisuelle et médiatique. La fin de la télévision telle que nous la connaissons Les consommateurs de médias : un « fossé intergénérationnel » La masse des passifs. Jeunes retraités, Josette (61 ans) et Pierre (65 ans) occupent leurs journées en prévoyant certains types d’activités. Outre les sorties régulières de Pierre au golf et au bridge et de Josette à différents clubs sociaux, ils attendent tous les deux avec impatience certaines émissions qu’ils affectionnent particulièrement (émissions primetime et magazines d’information). Comme la plupart de leurs amis, ils ont fait des folies l’année dernière en achetant un téléviseur à grand écran plat. Pierre apprécie beaucoup d’y regarder des matches de foot et des tournois de golf, tandis que Josette consulte le guide TV pour se tenir informée des films de la semaine et des émissions spéciales. Son petit-fils essaie de lui apprendre à utiliser le magnétoscope numérique intégré, mais elle oublie souvent d’utiliser les fonctions de mise en pause du direct ou de zapping publicitaire de l’appareil. Josette et Pierre font définitivement partie de la catégorie des téléspectateurs « tournés vers le passé », car ils n’ont guère changé leurs habitudes télévisuelles au cours des vingt dernières années. Deux autres sous-groupes, les amateurs de gadgets et les ados branchés, constituent le segment de consommateurs les plus impliqués et « tournés vers l’avenir » : Les amateurs de gadgets. Hélène (29 ans) est mariée avec François (33 ans). Ces parents, qui exercent une activité professionnelle et sont hyperactifs, ont installé chez eux un home cinéma avec son d’ambiance ; ils adorent effectuer des téléchargements sur des appareils portables dernier cri et ils transfèrent du contenu et des données via leur connexion Internet WiMAX. Hélène et François n’ont pas de préférence pour leur fournisseur de services vidéo (câble, satellite ou télécommunications), à partir du moment où ils bénéficient des meilleures offres groupées à un prix donné. Vu leurs plannings de déplacements professionnels, peu leur importe de payer pour obtenir certains services ou contenus qui répondent aux besoins de leur style de vie. Ils ont notamment un penchant pour les services pratiques comme le TiVoToGo et l’iTunes, qui assouplissent et agrémentent l’utilisation de leurs équipements portables. Ils choisissent également d’utiliser certaines ressources peer-to-peer pour les émissions qu’ils ont ratées et qui ne sont pas disponibles sur des systèmes à la demande. Comme ils ont l’impression de parfaitement maîtriser leurs utilisations des médias, Hélène et François adorent montrer à leurs amis et à leur famille leur côté amateurs de gadgets. Ils partagent même des informations avec d’autres technophiles sur divers blogs vidéo. Les ados branchés. Marc (13 ans) et Sandrine (15 ans) sont frère et sœur. Tous deux ont été exposés aux réseaux à large bande depuis leur prime enfance et ils expérimentent sans sourciller les médias et les plates-formes. Même s’ils n’ont pas beaucoup d’argent de poche, ils se tiennent au courant des derniers gadgets à la mode. Leur équipement mobile repose au centre de leur vie et ils envoient des textos tout en faisant une, deux voire trois autres tâches à la fois. Même si leurs parents ne le tolèrent pas en leur présence, Sandrine et Marc vont jusqu’à utiliser la messagerie instantanée sur le téléviseur pendant qu’ils regardent leurs émissions préférées. Marc s’appuie sur ses connaissances techniques pour contourner des systèmes de protection du réseau et le chiffrement de contenu en vue d’accéder à du contenu et de le partager. De même, Sandrine ne se pose pas de question sur la contrefaçon lorsqu’elle échange des copies de CD avec ses amis. Sans même y penser, tous deux s’investissent énormément dans leurs utilisations des médias et passent beaucoup de temps à rechercher des épisodes de séries TV, des films qui font l’actualité ou du contenu spécifique, branché et difficile à trouver. Comme la plupart de leurs amis, ces adolescents ont posté des profils détaillés sur plusieurs sites de réseaux relationnels et ils comptent sur ces connexions pour obtenir des recommandations sur des médias et échanger sur beaucoup d’autres aspects de leur vie. « Nous pensons que deux facteurs reposeront à la base de la rupture à long terme : un accès ouvert au contenu et des consommateurs de médias très impliqués. » L’accès au contenu désigne les circuits qui permettent d’obtenir du contenu, qu’ils soient limités par un fournisseur de services dans une zone sûre ou accessibles via un système plus ouvert de type Internet. L’extrémité Limité correspond à la situation qui prédomine actuellement, à savoir à un environnement contrôlé semblable à un « système propriétaire ». Quelques Figure 7 – Facteurs de changement concernant l’avenir à long terme du secteur télévisuel Ouvert Accès au contenu Limité Passif Impliqué Contrôle des médias par les consommateurs Source : IBM Institute for Business Value 11 IBM Global Business Services La bimodalité des consommateurs jusqu’à 2012 : tout dépend de leur orientation Figure 8 – Bimodalité des consommateurs et fossé intergénérationnel Ouvert Ce sont les fournisseurs qui jettent les bases du changement avec les mises à niveau des réseaux et la convergence des services déployés. Dans le secteur télévisuel, le point de rupture dépendra toutefois en dernier ressort de la combinaison des utilisateurs et de leur acceptation des nouveaux services et tarifs. En ce qui concerne l’avenir à court et à long terme, le secteur Ados branchés Amateurs de gadgets Fossé intergénérationnel Accès au contenu Masse des passifs Limité Passif Contrôle des médias par les consommateurs 2005 2012 Impliqué Source : IBM Institute for Business Value distributeurs seulement (notamment des exploitants de systèmes multiples, des fournisseurs de diffusion directe par satellite et des prestataires de services de télécommunications) lèvent les obstacles propres à l’accès conditionnel et agrègent le contenu. A contrario, l’extrémité Ouvert représente un modèle dans lequel du contenu protégé et non protégé est facilement accessible via différents circuits, plates-formes et distributeurs (y compris via la téléphonie mobile et Internet). La structure matricielle prévoit des ruptures sur le marché. Même si des consommateurs technophiles pourront imposer des changements, le point de rupture ne sera pas atteint tant que le grand public n’aura pas adopté un nouveau comportement. Ces changements peuvent être les suivants : • Les offres groupées de contenu sont « dégroupées » sous la demande des consommateurs. • Les distributeurs de contenu sur Internet prennent une part importante sur les réseaux de télédiffusion, câblés ou par satellite. • Les réseaux de médias dépourvus d’identité de marque grand public subissent les conséquences des consommateurs « périphériques ». • La recherche et l’autoprogrammation réduisent la valeur du contenu contigu (l’intervalle de temps qui précède ou qui suit une émission à succès), en changeant radicalement le marketing et les promotions. 12 L’arrêt de l’analogique touchera avant tout la masse des passifs Le passage à la télévision numérique est prévu au milieu de la période de prévisions. Aux Etats-Unis, les diffuseurs suspendront les transmissions analogiques traditionnelles et passeront aux signaux entièrement numériques dans quelques années (la date exacte n’a pas encore été fixée par la FCC et le Congrès pour 2008/2009). Au cours de la période de transition, les précieuses fréquences seront libérées et la FCC les redistribuera notamment à des services publics comme la bande radio des pompiers et de la police. De plus, lorsqu’elle est inévitablement associée à la télévision haute définition, la télévision numérique assure une meilleure qualité de l’image, restitue un meilleur son numérique et propose des données numériques à diverses fins interactives. Des transitions similaires sont en cours sur la plupart des marchés importants. Le Japon, la Corée du Sud et le Royaume-Uni ouvrent la voie à des transformations entre 2008 et 2012. Transition difficile pour les consommateurs comme pour les entreprises. La transition de l’analogique au numérique sera difficile pour plusieurs raisons. L’arrêt de l’analogique reste exceptionnel en ce sens que les transformations opérées jusqu’ici dans le secteur (lancement de la radio FM, par exemple) sont généralement venues s’y ajouter et non s’y substituer et étaient rétrocompatibles. Lorsque le signal analogique cessera aux Etats-Unis, les analystes prévoient que 200 des 300 millions de postes ne seront pas prêts à recevoir du numérique40. Comme le coût moyen d’une mise à niveau est estimé à environ 50 ou 60 $ US par téléviseur, le coût total s’avère colossal et on ne sait toujours pas qui va régler la note41. En Europe, le nombre de foyers qui est passé au numérique est encore plus faible qu’aux Etats-Unis, ce qui illustre la somme énorme à débourser dans chaque région du monde en vue d’assurer la transition. Quel que soit le fractionnement du spectre, la télévision numérique proposera un plus grand choix et davantage d’interactivité aux consommateurs, mais elle occasionnera une gêne pendant la période de transition (en particulier pour la masse des passifs qui sera vraisemblablement la moins à l’aise devant ce changement environnemental), ainsi que d’énormes dépenses au niveau du secteur. La fin de la télévision telle que nous la connaissons télévisuel sera marqué par une bimodalité entre les consommateurs : ceux qui sont essentiellement des téléspectateurs passifs et ceux qui réclament davantage d’interactivité dans leur pratique médiatique. Cette future bimodalité est décrite comme étant un « fossé intergénérationnel », car il existe un lien direct entre l’âge d’un consommateur et sa tendance à être un téléspectateur passif ou actif. Aujourd’hui, la masse des passifs est beaucoup plus nombreuse que les premiers utilisateurs avant-gardistes et influents qui sont incarnés par les amateurs de gadgets et les ados branchés. Même si le grand public diminue dans les faits, la fluidité technologique, l’apprentissage et les services à la clientèle ne vont pas s’établir du jour au lendemain. Un fossé intergénérationnel, qui se caractérisera par la coexistence de ces deux types distincts de téléspectateurs (voir Figure 8), devrait par conséquent se creuser dans le secteur télévisuel au cours des cinq à sept années à venir. « La masse des passifs, qui est aujourd’hui le groupe le plus nombreux, représente l’annuité de financement de la future croissance du secteur télévisuel. » La masse des passifs est généralement satisfaite de ses pratiques télévisuelles traditionnelles et n’est pas disposée à changer radicalement ses habitudes de téléspectateur au cours de la période de prévisions couverte par ce document. Ces adeptes du téléviseur devraient maintenir la télévision au centre de leurs médias à court terme et regarder la programmation prévue, tout en pratiquant de plus en plus le visionnage différé. A contrario, les amateurs de gadgets et les ados branchés sont en quête de pratiques vidéo plus interactives et expérientielles, avec contrôle accru de l’agrégation, sources de contenu, visionnage environnemental (choisir le lieu de visionnage du contenu vidéo), visionnage différé, participation de l’utilisateur dans le contenu et interopérabilité entre les appareils. Ces premiers utilisateurs ouvrent la voie à des modèles de distribution ouverts. Les amateurs de gadgets passent autant de temps devant leur PC que devant leur téléviseur dans le cadre de leurs utilisations des médias et ils ont souvent recours au visionnage différé et au visionnage environnemental sur leur PC et d’autres équipements. Comme ce groupe augmente avec le temps, il peut permettre aux acteurs présents de longue date dans le secteur télévisuel d’augmenter leurs revenus (à condition de proposer du contenu intéressant et de perfectionner les appareils/ plates-formes). « Si vous ne devancez pas les amateurs de gadgets, ils vous distanceront. » Figure 9 – Déplacement de la valeur sur la base de suppositions entre 2005 et 2012 Programmation et présentation de contenu Pourquoi ? 2012 Production de contenu • Pouvoir de négociation • Enrichissement des chaînes Traditionnel En ligne Répartition des services Appareils sans fil à A court terme A moyen terme domicile Vente au détail • Agrégation de • Services • Concurrence • Banalisation • Frais contenu ciblé publicitaires au niveau soutenue d’installation et • Concurrence des interactifs des parts et de service • Stratification des exploitants de systèmes • Contenu toujours des prix • Vidéo à la • Bouquets de multiples, des fournisseurs « disponible » produits de diffusion directe demande chaînes et tarifs par satellite et des prestataires de services Position élevée de la valeur de télécommunications Position modérée de la valeur directement avec Rentabilité non différenciée l’annonceur competition • Zapping publicitaire Note : Les flèches indiquent un changement de position de la valeur à partir de 2005. Les tirets indiquent qu’aucun changement significatif n’est attendu. Source : IBM Institute for Business Value 13 IBM Global Business Services Les ados branchés ont une approche différente du partage de contenu. Ce groupe dispose de plus de temps libre que les autres groupes, mais ils ont moins d’argent. Ce sont par conséquent des adeptes des équipements et leurs équipements mobiles reposent au centre de leurs pratiques sociales et médiatiques. Le visionnage différé et le visionnage environnemental prévalent donc tous les deux dans le cadre de copies physiques mobiles. Les ados branchés offrent la possibilité d’accroître les revenus dans la mesure où le secteur télévisuel cherche à limiter ou à empêcher les tendances de type Napster. Déplacement de la valeur dans un univers bimodal En raison de la bimodalité et de la complexification du marché, nous nous attendons à un déplacement de la valeur dans le secteur, car ses acteurs à la fois anciens et nouveaux luttent pour acquérir une nouvelle importance. Dans la Figure 9, nous avons illustré les scénarios possibles pour les gagnants et les perdants en 2012 (en s’appuyant sur les tendances en cours en 2005). Par exemple, vu le penchant de certains utilisateurs chevronnés pour les nouveaux écrans (PC et mobiles, par exemple) et loin de la publicité et des programmes de diffusion traditionnels, il est concevable que les programmateurs traditionnels perdent de l’importance au cours des années à venir. Une flèche orientée vers le bas est de ce fait représentée sur le graphique pour ce groupe, de manière à indiquer une perte de position à partir de 2005. De plus, comme les amateurs de gadgets et les ados branchés sont activement à la recherche de nouvelles expériences vidéo sur IP, il est possible que les fournisseurs de présentation et de programmation en ligne (portails Internet ou moteurs de recherche, par exemple) renforcent leur position auprès des utilisateurs en proposant d’autres offres vidéo et télévisuelles. Ils pourront ainsi bénéficier des revenus issus de la publicité et des services. Le mariage entre les consommateurs et les agrégateurs de contenu va peut-être placer les portails dans une position élevée au niveau de la marge et de la valeur au sein du secteur télévisuel. Une flèche orientée vers le haut indique le renforcement de cette position entre 2005 et 2012. Même si les scénarios mentionnés plus haut ne sont basés que sur des suppositions, il est certain en revanche que de nouveaux gagnants et de nouveaux perdants émergeront au cours des cinq à sept prochaines années du fait du degré de changement qui se prépare. 14 Pour faire face à la concurrence et conserver de la valeur sur le marché, chaque entreprise doit au moins pouvoir adapter et redéfinir des stratégies en amont et classer par ordre de priorité les actions requises. Actions prioritaires pour réussir l’avenir Les fournisseurs de création, de présentation, de programmation et de distribution de contenu doivent agir rapidement pour mettre au point et mettre en œuvre des stratégies sur un marché complexe. Six actions prioritaires s’avèrent indispensables pour assurer sa réussite dans le secteur télévisuel de demain : segmenter, innover, expérimenter, rendre mobile, ouvrir et réorganiser. 1. Segmenter : investir dans des stratégies différenciées et des chaînes logistiques pour les consommateurs bimodaux Pour réussir, les entreprises de demain devront segmenter le marché pour se mettre au service à la fois de la masse des passifs « tournés vers le passé » , des amateurs de gadgets et des ados branchés « tournés vers l’avenir ». Pour protéger les revenus actuels et augmenter les revenus à venir, les entreprises de premier plan devront effectuer les opérations suivantes : . • Profiler de manière dynamique les groupes de consommateurs . • Adapter les services et les produits aux différents segments . • Exploiter des circuits en parallèle tout en assurant leur rentabilité . • Mettre un terme à la démarche commerciale « identique pour tous » La première étape consiste à mettre au point un processus de collecte et d’analyse de données sur les consommateurs. Ces données s’avèreront essentielles pour établir une discrimination utile entre des groupes d’utilisateurs sur différents points : tarifs, offres groupées, intégration technologique, fonction et format du contenu, fenêtres de diffusion, formats publicitaires, etc. En affinant en permanence la segmentation psychographique sur la base de ces données, une entreprise disposera des informations nécessaires qui lui permettront d’anticiper les besoins du marché et d’y répondre. Pour systématiser le flux de l’information, l’exploration permanente des données et la modélisation prédictive, des technologies telles que les systèmes de gestion de la relation client s’imposent. La fin de la télévision telle que nous la connaissons Figure 10 – Les fournisseurs devront appliquer des stratégies différenciées pour des consommateurs différenciés Consommateurs « tournés vers l’avenir » Consommateurs « tournés vers le passé » Masse des passifs Ecrans • Téléviseur Préférences au niveau du • BBC World News contenu • Good Morning America • Coupe du monde de football • Monday Night Football • Télévision sur rendez-vous Consommation du contenu • Primetime • Spots de 30 secondes Publicité • Messages intégrés aux émissions Applications de communication • Applications traditionnelles pour chaque appareil • Bouquets de chaînes Offres de services groupées • Offres groupées « trois en un » • Best Buy Centres de commercialisation • Reitangruppen • Wal-Mart Amateurs de gadgets Ados branchés • Téléviseur haute définition • TV sur PC • Téléviseur sur téléphone mobile, PSP • Episodes de The Office en avant-première • The Daily Show en interactif • Informations sur réseau d’accès communautaire • Sonneries de téléphone de la série Alias • Blog vidéo de Lost • GameTap • A la demande • Visionnage différé magn. num. • Choix du moment • Téléchargement peer-to-peer • Visionnage différé via magn. num. • A la demande sur équipement mobile • Clics publicitaires • Contenu de courte/longue durée • Messages intégrés aux émissions • Sites de réseaux relationnels • Messages instantanés • Contenu de courte/longue durée • Lien social permanent entre appareils • Appareils polyvalents • Messagerie instantanée et • Programmation d’un magnétoscope communautés sur l’écran du numérique via un téléphone mobile et téléviseur autres services pratiques • Bouquets de chaînes (parents) • Chaînes thématiques à la carte • Carte abonn. saison. à la dem./émission• Vidéo à la dem. sur équip. mobiles • • • • BitTorrent Google Del.icio.us Bic-Camera Yurakucho • My Space • Facebook • Hi5 Sources: IBM Institute for Business Value analysis. Il convient d’adapter non seulement le développement des produits et des services aux différents segments, mais également les chaînes logistiques. Pour répondre à une demande bimodale, les fournisseurs devront mettre au point et exploiter des chaînes logistiques et des circuits en parallèle. En d’autres termes, il convient de conserver tels quels les systèmes et les processus destinés à la masse des passifs, tout en lançant des initiatives visant à mettre au point et à mettre à niveau des circuits non traditionnels pour répondre aux exigences des amateurs de gadgets et des ados branchés. Pour garantir les résultats financiers dans cet environnement complexe, les dirigeants devront réaliser d’importantes économies au niveau de la chaîne logistique traditionnelle pour investir dans de nouveaux circuits de distribution. Même si chaque entreprise de la chaîne de valeur cible des utilisateurs selon un point de vue différent, aucune ne sera épargnée par les coûts faramineux qui découleront de la demande bimodale et des exigences qui y sont associées au niveau de l’approvisionnement multifacette. « Pour garantir les résultats financiers, une entreprise devra réaliser d’importantes économies au niveau de la chaîne logistique traditionnelle pour financer de nouveaux circuits de distribution. » Outre la mise au point de stratégies différenciées pour les produits et la distribution, chaque entreprise doit également faire la distinction entre stratégie de communication et stratégie de vente. Les fournisseurs doivent proposer à chaque segment de consommateurs des messages marketing qui lui sont propres, des stratégies de vente incitative pour la migration et des plans commerciaux adaptés. Cet élément sera essentiel à l’évolution de tous les segments sur la voie de l’avenir, à des rythmes différents. Des stratégies asymétriques s’imposeront dans divers domaines, tels que la présentation des services, le public visé par le marketing et l’intégration de la communication (voir Figure 10). 15 IBM Global Business Services Figure 11 – Evolution des fenêtres de diffusion de contenu télévisuel Première diffusion nationale (de 2 à 3 projections en primetime) Première diffusion internationale (plusieurs projections) Syndication des séries Vente de DVD physiques nationaux* Vente de DVD physiques internationaux* Location de DVD physiques* Evolution Episodes à la carte à la demande** Gratuit à la demande*** Abonnement à la demande*** Aperçu 0 3 6 912151824 30 36+ Mois Fenêtres émergentes Fenêtres Compression des grilles de diffusion traditionnelles Remarques : *les DVD sont censés comporter au moins une saison de contenu télévisuel. **A la carte sur un boîtier décodeur, un iPod, une médiathèque, un disque, etc. ***Emissions de primetime disponibles gratuitement après leur première diffusion Source : analyse d’IBM Institute for Business Value La démarche commerciale « identique pour tous » ne fait plus recette sur notre marché hétérogène. La réussite passe par la segmentation. 2. Innover : prendre aujourd’hui des risques avec les modèles économiques, les prix, les fenêtres de diffusion et la présentation de nouvelles fonctions et formes de contenu, ainsi que de nouveaux modèles de distribution (contenu proposé sur abonnement à la demande, gratuit à la demande et à la carte). Pour un dirigeant situé en aval de la chaîne de valeur, les risques à prendre vont des tarifs pour les chaînes à la carte aux offres groupées « quatre en un ». Pour éviter de se laisser distancer sur le marché à long terme, vous devez être disposé à prendre aujourd’hui des risques dans certains domaines de votre activité au nom de la réussite à venir. Pour optimiser la mise en œuvre et la rentabilité, les entreprises qui occupent le paysage télévisuel doivent : Plus le choix offert au consommateur sera diversifié, plus la part du gâteau augmentera. Pour dégager des bénéfices, il conviendra toutefois de gérer le bon contenu (offre groupée, offre dégroupée ou morcellement du contenu) au bon moment et au bon prix (voir Figure 11). • Créer du contenu, des modèles de distribution, des offres groupées et des tarifs inédits Le contenu devra être dissocié de sa grille ou de sa plate-forme traditionnelle de manière à ouvrir la voie à de nouvelles sources de revenus. En voici des illustrations : • Se lancer sur le marché avec un échéancier dynamique • Adapter les tarifs à tous les créneaux, nouveaux et anciens Qu’est-ce que cela signifie ? Pour commencer, les entreprises devront prendre une position équilibrée, mais énergique, vis-à-vis des nouvelles présentations et offres groupées de contenu. Pour un dirigeant situé en amont de la chaîne de valeur, cela signifie adopter 16 • Contenu payant à la demande (abonnement ou paiement à la carte) : particulièrement adapté aux émissions pilotes ou aux programmes d’archivage estampillés utiles avec de longs cycles de vie commerciaux. Y figurent les « cartes d’abonnement saisonnières », les achats à la carte et les acquisitions ciblées d’après la théorie de la « longue traîne » 42. La stratégie mise sur la bonne volonté des utilisateurs à financer directement le contenu. Cela ouvre la voie à une autre source de revenus. La fin de la télévision telle que nous la connaissons • Contenu gratuit à la demande : particulièrement adapté au contenu qui n’est pas concerné par de longs cycles de vie commerciaux. Y figurent le contenu éphémère (informations du soir, commentaire de la semaine et comédie de fin de soirée), les anciens enregistrements, le contenu ciblé non estampillé ou le contenu sous licence publique. La stratégie inclut la fidélité, la mesure de l’audience et/ou la cible publicitaire. Dans le même temps, les dirigeants sont chargés d’étudier et de réévaluer les stratégies de prix. Pour optimiser les bénéfices, les fournisseurs devront comparer le prix que les consommateurs supporteront (anciens et nouveaux bouquets et offres inclus) à tous les coûts de distribution et d’opportunité qui y sont associés. Par exemple, l’analyse des coûts des nouveaux téléchargements en numérique et des modèles à la demande devra inclure le transport physique, les frais de licence, le partage des recettes avec les partenaires et la perte de revenus émanant de sources traditionnelles (publicité, par exemple). Les stratèges doivent par ailleurs se poser une dernière question sur les résultats financiers : « Quelle sera la stratégie de prix qui permettra de contrecarrer le prochain forum peer-to-peer illégal et qui continuera d’attirer les consommateurs ? » innover en permanence dans le domaine des modèles économiques, des fenêtres de diffusion et des stratégies de prix. Sinon, l’issue risque d’être fatale. 3. Expérimenter : développer, essayer, améliorer, déployer. L’innovation ne peut se concrétiser que par l’expérimentation et les essais. A l’ère de la complexité et de l’incertitude, les expériences actuellement menées doivent être testées en terrain inconnu. Pour réussir à l’avenir, les entreprises doivent : • procéder maintenant à des essais de mise en marché pour évaluer le comportement des consommateurs « en action », • améliorer en permanence les produits, • investir dans de nouveaux systèmes de mesure adaptés aux nouveaux modèles. L’avis des utilisateurs n’a jamais autant de poids qu’à des moments charnières pour le secteur. Les entreprises doivent de ce fait constamment sonder les consommateurs sur les options de services, les caractéristiques des produits, la perception de la marque, la tarification et la convivialité, pour ne citer que quelques facteurs. Pour répondre totalement aux exigences complexes des consommateurs, les fournisseurs spécialisés doivent Modèles de revenus possibles Figure 12 – Les futurs modèles publicitaires possibles Publicités télévisées Parrainage et placement de produit Contenu de Publicités Publicités via ciblées/publici- courte et de un opérateur tés localisées longue durée • CPM (coût • Modèle basé • CPM très par mille) sur des droits élevé traditionnel • Partage des recettes Encarts publiciVidéo à la Merchandising Contenu à taires à durée demande perinteractif valeur ajoutée de vie critique sonnalisée • CPM très élevé • CPM très élevé • CPM vidéo à la demande • CPC • CPC • CPC • CPM très élevé • CPC • CPC • CPC (coût par clic) Faible • Partage des • CPM très recettes élevé sur les • CPC marchandises Complexité de la mise en œuvre Elevée Source : analyse d’IBM Institute for Business Value 17 IBM Global Business Services A titre d’exemple, prenons les modèles publicitaires de la prochaine génération. Comme les annonceurs financent la moitié du secteur43 et que le magnétoscope numérique menace la stabilité des revenus, il est essentiel de découvrir et de tester des modèles qui complètent (ou remplacent) le spot de 30 secondes. Pour investir judicieusement dans l’avenir, les entreprises devront s’inspirer de l’acceptation commerciale, de l’attention, des clics publicitaires et des indices d’utilisation mis en évidence par les utilisateurs pour chaque nouveau modèle publicitaire possible. Dans ce cas, les options oscilleront entre la publicité de courte ou longue durée, le merchandising interactif et les encarts publicitaires à durée de vie critique pour l’archivage à la demande (voir Figure 12). Même si c’est la publicité qui est ici spécifiquement donnée en exemple, les nouveaux modèles de contenu et circuits de distribution doivent tous passer par les mêmes expérimentations et essais rigoureux. Et l’expérimentation n’est pas un exercice statique. Il s’agit d’un processus perpétuel qui génère en permanence des résultats, ce qui permet d’élaborer et d’améliorer de manière dynamique le bon produit pour l’utilisateur final. Pour encourager de nouveaux modèles économiques (publicité et bien au-delà), les entreprises doivent investir dans de nouveaux systèmes de mesure pour suivre la progression et la réussite. Les indicateurs traditionnels, comme les taux d’audience, ne reposent pas sur des données individualisées en temps réel. Au lieu de cela, des méthodes d’échantillonnage ont été utilisées pour généraliser le comportement des consommateurs. Pour proposer des expériences médiatiques segmentées et personnalisées, des systèmes de mesure et des indicateurs plus précis doivent impérativement être pris en compte. Du suivi d’audience individualisé à l’analyse du parcours de navigation dans le salon, les entreprises auront besoin de nouveaux systèmes de suivi pour tenir davantage compte des modèles, des services et des produits à la demande et pseudo-individualisés. Lorsque ce secteur évoluera, les entreprises devront se consacrer non seulement aux expériences et essais continus, mais aussi à une culture et à un culte de l’expérimentation. Figure 13 – Coûts de la lecture en transit et du stockage de contenu vidéo - prévisions de 2005 à 2015 2500 0.45 2205 0.40 2000 500 989 115 56 0.05 2 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2015 0.24 Coût de la lecture en transit d’une heure de vidéo MPEG4 0.20 0.10 483 Source : Sanford C. Bernstein Research, « Media Time Running Out », 25 février 2005 18 0.25 0.15 236 0 0.30 $ US USD 1000 0.35 Coût du stockage de 10 000 heures de contenu 1500 0.40 0.0 0.14 0.09 0.05 0.03 0.00 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2015 La fin de la télévision telle que nous la connaissons 4. Rendre mobile : créer une mobilité de contenu transparente Les entreprises doivent s’efforcer de rendre le contenu mobile pour les technophiles (les amateurs de gadgets, par exemple) qui souhaitent avoir accès à leurs divertissements et à leurs contenus préférés instantanément. Ces utilisateurs sont extrêmement exigeants au niveau de la portabilité de leurs équipements, des médias et des expériences. Pour suivre le rythme de la demande des utilisateurs, les entreprises doivent : • faciliter la synchronisation des équipements, • proposer des services conviviaux ne nécessitant pas d’intervention côté utilisateur. Deux exemples de marchés précoces illustrent le cheminement du contenu mobile. Grâce à TiVoToGo, un service proposé par TiVo aux Etats-Unis, les utilisateurs peuvent transférer des émissions de télévision qu’ils ont enregistrées à partir de leur magnétoscope numérique TiVo chez eux sur des PC, des équipements portables Microsoft Windows ou des DVD-R. En septembre 2000, 1,1 million d’utilisateurs avaient installé la configuration matérielle TiVoToGo requise44. Une autre entreprise, Porto Media, utilise des espaces de vente au détail pour présenter des expériences mobiles et apporter son assistance. Ce fournisseur de services et concepteur de technologies irlandais a lancé un module à mémoire flash qui permet de télécharger du contenu numérique avec rapidité et fiabilité à partir de kiosques en magasin sur des cartes mémoires flash. Grâce à la technologie de Porto Media, un film de qualité DVD peut être transféré sur une carte mémoire flash en moins de 20 secondes45. Les acteurs du secteur doivent agir, sinon les consommateurs chercheront des solutions à moindre coût de leur côté. Par exemple, deux composants essentiels de services à faire soi-même, à savoir le coût de la lecture vidéo en transit et le coût du stockage vidéo, sont en chute libre, à l’image de la loi de Moore. Le coût total de 10 000 heures de stockage vidéo devrait chuter de 2 205 $ US en 2005 à 56 $ US d’ici 2010 et le coût de la lecture vidéo en transit devrait également s’effondrer (voir Figure 13)47. Si les fournisseurs n’interviennent pas rapidement, des consommateurs indépendants et efficaces (notamment les amateurs de gadgets) choisiront probablement de créer leurs propres services mobiles plutôt que de payer des acteurs de la chaîne de valeur télévisuelle pour qu’ils le fassent. 5. Ouvrir : besoin de plates-formes ouvertes et normalisées de diffusion de contenu Les entreprises qui figurent en amont et en aval de la chaîne de valeur télévisuelle ont besoin de réseaux de diffusion ouverts et normalisés pour optimiser la création et la distribution de contenu et également améliorer en permanence la souplesse commerciale et le rapport investissement/rendement des réseaux. Les entreprises avant-gardistes peuvent s’appuyer sur ces capacités pour renforcer la protection du contenu (en améliorant la souplesse des consommateurs) et les mises à jour prêtes à l’emploi qui s’avèrent nécessaires sur un marché en constante évolution. Les éléments normalisés et ouverts suivants sont concernés : • Interfaces • Indexage/intégration du contenu • Chiffrement/déchiffrement • Codage/décodage Perspectives d’avenir de l’industrie télévisuelle : • Logiciels intermédiaires « Les clients veulent du contenu accessible d’une plate-forme à l’autre. C’est l’avenir à trois écrans. » – Dirigeant d’une entreprise de télécommunications 46 spécialisée dans la télévision sur IP en Amérique du Nord • Stockage • Réseautage à domicile et bien plus encore Suite à une telle optimisation des plates-formes de diffusion, les entreprises ont signalé un mouvement positif corroboré par les mesures des performances : mise sur le marché plus rapide de nouveaux produits, plus grande réactivité face aux besoins en production, réduction de la structure de coûts, meilleure utilisation des ressources, 19 IBM Global Business Services meilleure intégration du contenu tiers, meilleure gestion de l’approvisionnement, plus grande réactivité face aux demandes du marché, réaffectation des ressources vers des activités à valeur ajoutée et bien plus encore. Plusieurs entreprises ont lancé des initiatives à grande échelle dans ce domaine : • La NFL (National Football League), l’instance de supervision du football américain qui reste le sport le plus populaire aux Etats-Unis, et sa division NFL Films ont mis en place un flux numérique ouvert pour optimiser la collecte, la gestion et l’utilisation de contenu. Son réseau est structuré de manière à reposer à la base de la création et de la distribution de contenu numérique. La NFL autorise l’accès à la demande à sa division NFL Films à chaque diffusion d’un match sur une base hebdomadaire. Des monteurs, des réalisateurs et des analystes sont ainsi en mesure d’accéder à du contenu sportif en vue de l’adapter et de le distribuer quasiment en temps réel dans de nouvelles programmations. • La CCTV (China Central Television), le plus grand réseau télévisuel chinois avec quinze chaînes et une diffusion internationale, a lancé une solution télévisuelle entièrement numérique qui centralise le stockage dans l’entreprise. La chaîne logistique entièrement numérique propose des services aux consommateurs, tels que le visionnage de vidéos archivées ou d’émissions en direct sur un réseau IP standard. Grâce à une plateforme ouverte, la CCTV a la possibilité de mettre à niveau des fonctions et des services en fonction des besoins. • L’entreprise de télécommunications MobileOne Ltd., qui est basée à Singapour, est passée à une solution de diffusion ouverte pour gérer, assurer et facturer la diffusion de services de contenu téléchargeable sur divers équipements mobiles. Grâce à sa solution de diffusion ouverte, MobileOne Ltd. est en mesure de diffuser plusieurs types de contenus sur des équipements différents à l’aide de divers protocoles. La haute définition et la normalisation Les consommateurs l’adoptent. La télévision haute définition est prête à décoller dans le monde. Les téléviseurs haute définition possèdent quatre fois plus d’informations sur l’image à l’écran qu’un téléviseur standard, offrant une image très haute résolution et agrémentant le visionnage. Avec un format d’image grand écran (16:9), une meilleure qualité sonore (la plupart du temps Dolby 5.1 ou plus) et un contenu adapté 20 aux amateurs de sports et aux cinéphiles, les consommateurs remplacent leur téléviseur actuel à mesure que les prix baissent. Un téléviseur haute définition de 81 cm pouvait coûter 5 000 $ US il y a cinq ans, mais son prix moyen est aujourd’hui inférieur à 1 000 $ US dans les principaux points de vente au détail en Asie, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. D’ici 2009, le marché des téléviseurs haute définition devrait atteindre 65 milliards de dollars rien qu’aux Etats-Unis 48. L’industrie soutient les normes de gestion de contenu. A mesure que la télévision haute définition est déployée, les propriétaires de contenu et les entreprises spécialisées dans la technologie et l’électronique collaborent à la gestion de contenu de la prochaine génération dans le média optique haute définition dont il est question dans l’AACS LA (Advanced Access Content System Licensing Administrator). Les principaux studios et sociétés d’électronique grand public se sont enlisés dans une « guerre des formats » (Blu-ray et HD-DVD). Quel que soit le format qui sera choisi, les propriétaires de contenu et les entreprises spécialisées dans l’électronique s’engagent à utiliser le point d’inflexion de la technologie haute définition de manière avantageuse pour le secteur, en introduisant davantage de divertissements attrayants, avec des formats plus fiables et une capacité de stockage plus élevée pour d’autres contenus à valeur ajoutée. Associée à une technologie de gestion de contenu solide, la haute définition crée de nouvelles possibilités de modèles économiques pour les propriétaires de contenu, les distributeurs, les agrégateurs de contenu et les entreprises spécialisées dans l’électronique. La fin de la télévision telle que nous la connaissons Pour évaluer la compétitivité à venir, les dirigeants avantgardistes doivent procéder à un examen interne et externe de leur activité. Pour faire face à la concurrence sur un marché de plus en plus complexe, les entreprises doivent : • exploiter des capacités et des compétences spécifiques, • mettre à profit les marchés financiers pour acquérir, construire ou s’allier pour réussir l’avenir. Les entreprises doivent commencer par une analyse interne pour identifier l’ensemble des capacités et des compétences spécifiquement nécessaires pour s’assurer une future compétitivité ainsi qu’un avantage concurrentiel. Dans le même temps, les dirigeants doivent également évaluer les domaines d’activité qui sont fondamentaux en vue d’envisager des externalisations, des fusions ou des partenariats. Grâce à ce processus de « décomposition » de l’activité, les entreprises peuvent se concentrer sur les composants (ou les groupes de domaines d’activité) qui les entraîneront vers une plus grande spécialisation à venir par rapport à la concurrence. Une entreprise allégée et plus solide pourra ainsi voir demain le jour, dans laquelle les avantages concurrentiels spécifiques seront protégés tandis que le reste sera assuré avec un meilleur rapport coût/efficacité, sans gestion disproportionnée. La réorganisation repose à la base de la capacité de récupération et du repositionnement sur le marché. Les dirigeants avertis doivent prendre en compte ce moyen d’action, ainsi que ceux mentionnés dans les autres recommandations, pour réussir l’avenir. Figure 14 – Total des gains des actionnaires dans le monde de 2002 à 2005 250 Gains en pourcentage 6. Réorganiser : évaluer les ressources et la composition de l’entreprise par rapport aux besoins à venir 207,2 Gains à 1 an Gains à 3 ans 200 150 100 86,0 50 6,0 24,3 30,3 23,8 00 Entreprises médias Entreprises non Entreprises non traditionnelles diversifiées tradi- diversifiées diversifiées tionnelles de la nouvelle économie Remarque : les principales entreprises de médias traditionnelles diversifiées sont The Walt Disney Group, News Corp., Viacom, Time Warner et Liberty Media. Les entreprises non diversifiées de la nouvelle économie sont eBay, Yahoo!, NetFlix, Napster, Real Networks, Sirus, XM Satellite, NTT Docomo et Telefonica Moviles. Les entreprises non diversifiées traditionnelles sont Pixar, Dreamworks, Grey Television, Warner Music Group, Electronic Arts, Atari, Nintendo, Activision, THQ, Jamdat, Blockbuster, Echo, Cablevision, LionsGate, Univision, EMI Group et Asian Satellite Television Network. Sources : Bloomberg, juillet 2005 ; analyse d’IBM Institute for Business Value Les entreprises doivent également comprendre comment optimiser et mettre à profit les marchés financiers mondiaux en vue d’acquérir, de construire ou de s’allier pour s’assurer une future compétitivité. Le marché a luimême penché en faveur d’entreprises de divertissements et de médias moins ou pas diversifiées. Les marchés financiers ont valorisé les entreprises de médias non diversifiées par rapport aux entreprises traditionnelles diversifiées (voir Figure 14). Cette reconnaissance ouvre d’autres possibilités au niveau de l’analyse stratégique et de la prise de décision. Au cours des cinq à sept prochaines années, les grandes entreprises télévisuelles et médiatiques devraient mettre stratégiquement à profit les tendances des marchés financiers en procédant à des démantèlements, à des fusions et acquisitions verticales ou à des scissions de leurs unités fonctionnelles. Nous pensons que cette période sera simultanément marquée par une désagrégation et une réagrégation. 21 IBM Global Business Services Conclusion : le début de la fin, s’adapter ou succomber « La fin de la télévision telle que nous la connaissons », tel est le sort réservé à un secteur qui se trouve confronté à l’évolution de la demande des consommateurs, au décalage des modèles économiques traditionnels, à la concurrence due à la convergence et à la multiplication des services IP. Les acteurs du secteur télévisuel sont au bord du gouffre : le bouleversement qui s’annonce promet d’être aussi spectaculaire que celui que le secteur de la musique a vécu. Devant la demande bimodale prévue à l’horizon 2012, les stratèges doivent travailler dans un environnement basé sur la fragmentation, la divergence et la concurrence sur le marché en vue d’optimiser les modèles économiques naissants et anciens ; et compter avec les fenêtres de diffusion novatrices et traditionnelles, les programmateurs de contenu nouveaux et anciens et les chaînes logistiques IP et classiques. Dans une période de mutation radicale de l’offre et de la demande, une intervention immédiate s’avère nécessaire. Les six actions prioritaires recommandées peuvent servir de base à une stratégie proactive. Chaque credo étant universel, il incombe à chaque concurrent du secteur télévisuel de tenir compte de ces recommandations en fonction des spécificités qui caractérisent leur activité et de se préparer individuellement aux bouleversements, ainsi qu’aux perspectives qui se profilent à l’horizon. A propos des auteurs Dr. Saul J. Berman est un partenaire qui dirige les services Global and Americas Business Strategy et Americas Media and Entertainement Strategy and Change d’IBM Business Consulting Services. En 2005, Consulting Magazinel’a hissé au rang des 25 consultants les plus influents. Il est coauteur d’autres ouvrages, parmi lesquels « Vying for Attention », « The Open Media Company » et « Beyond Access ». Il peut être contacté à l’adresse suivante : [email protected]. Niall Duffy est un partenaire associé d’IBM Business Consulting Services. Il est à la tête du cabinet Broadcast Solutions pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Il peut être contacté à l’adresse suivante : niall.duffy@ uk.ibm.com. Louisa A. Shipnuck dirige le service Global Media and Entertainment Industry de l’IBM Institute for Business Value et elle est consultante pour IBM Business Consulting Services. Elle peut être contactée à l’adresse suivante : [email protected]. Collaborateurs Les auteurs tiennent à remercier les conseillers exécutifs Steven Abraham, Dick Anderson, William Battino, Steven Canepa, Jeanette Carlsson, Edward Hanapole, William Humphrey, Stephen Mannel, Neil Parker et Sony Suzuki. Ils tiennent également à remercier les consultants collaborateurs Matthew Bakal, Hunter Gorog, Apur Parikh, ainsi que les nombreux spécialistes d’IBM qui ont apporté leur expertise. Remerciements Nous tenons tout particulièrement à remercier les personnes qui ont participé à l’enquête et aux entretiens et qui ont souhaité conserver l’anonymat. A propos d’IBM Business Consulting Services Grâce à ses experts présents dans plus de 160 pays, IBM Business Consulting Services propose à ses clients tout son savoir-faire procédural et industriel dans 17 secteurs d’activités, en s’appuyant sur l’innovation pour identifier, créer et apporter plus rapidement une valorisation. Nous mettons toutes les capacités d’IBM à profit en donnant des conseils à nos clients pour les aider à innover et à mettre en œuvre des solutions visant à produire des résultats de grande envergure sur la durée. 22 La fin de la télévision telle que nous la connaissons Références 17 1 « Archives: Michael Faraday », The IEE, Institute of Electrical Engineers, http://www.iee.org/TheIEE/ Research/Archives/Histories&Biographies/Faraday.cfm 18 2 « Communications Industry Forecast and Report », Veronis Suhler Stevenson, Media Merchant Bank, 2004 Tom Wolzien et Mark Mackenzie, « Pipe Dreams: Media’s Exploding Capacity », Sanford C. Bernstein, mai 2004 19 3 Ibid 4 Nielsen Media Research, U.S. Dept. of Labor, Sanford C. Bernstein, « Television: I’m Not Dead Yet », 7 octobre 2005 Enquête d’IBM Institute for Business Value réalisée par l’Economist Intelligence Unit Mike Hilton, Daniel Kerven et al., « DVR – Broadcasters’ Nemesis? », UBS Investment Research, Q-Series, 8 octobre 2004 20 5 21 6 22 « Communications Industry Forecast and Report », Veronis Suhler Stevenson, Media Merchant Bank, 2004 Rideout Victoria, Donald F. Roberts, et al., « Generation M: Media in the Lives of 8 18 year olds », Kaiser Family Foundation Study, mai 2005 7 Ibid « Global Entertainment & Media Outlook: 2005 – 2009 », PriceWaterhouseCoopers, juin 2005 Ibid 24 Bernoff Josh, « The Advertising Model for Video OnDemand », Forrester Research, 5 mai 2005 25 Klasnik Kathleen et Adrian Drozd, « IPTV: broadcasting over broadband: The emergence of a fourth platform for digital TV? », Datamonitor, avril 2004 9 « Global Entertainment & Media Outlook: 2005 – 2009 », PriceWaterhouseCoopers, juin 2005 10 11 26 Brian Garrity, « Podcast at the Crossroads », Billboard, 1er octobre 2005 27 International Federation of the Periodical Press Report, http://www.fipp.com/assets/downloads/ 05InternationalSummary.pdf 28 12 Internet Systems Consortium, http://isc.org/ 13 14 « Global Entertainment & Media Outlook: 2005 – 2009 », PriceWaterhouseCoopers, juin 2005 31 Ibid Ibid Ibid 29 30 16 « VOD Still Won’t Grow in Europe », Forrester Research, décembre 2004 Raymond Lee Katz, Bryan Goldberg et al., « Comcast Corporation: What’s in a Share Price? », Bear Stearns Equity Research, 8 juin 2005 « Communications Industry Forecast and Report », Veronis Suhler Stevenson, Media Merchant Bank, 2004 15 « 2004 Year-End Industry Overview », National Cable and Telecommunications Association 23 8 Nielsen Media Research, Sanford C. Bernstein, « Cable Networks: 2Q Data Affirms Slowing Ratings », 26 juin 2005 Entretien avec un dirigeant mené par l’IBM Institute for Business Value Entretien avec un dirigeant mené par l’IBM Institute for Business Value Siklos Richard et Geraldine Fabrikant, « For ‘CSI’, Press A1 », The New York Times, 12 novembre 2005 Membres du Conseil d’administration de la BBC, « Annual Report and Accounts 2004/2005 », Etude des objectifs 23 IBM Global Business Services 32 Curt Wagner et Kris Karnopp, « Video on the go; Welcome to TV anytime you want it », Los Angeles Times, 2 novembre 2005 42 33 « RIAA 1999 Year End Statistics », Recording Industry Association of America, 1999, http://www.riaa.com/ news/marketingdata/pdf/md_riaa10yr.pdf 34 Christopher Grimes, « Play it again – Napster proved there was a demand for online music », The Financial Times, 29 août 2001 Théorie de « la longue traîne » : « notre culture et notre économie détournent de plus en plus leur intérêt pour un nombre relativement peu élevé de ‘succès’ (marchés et produits traditionnels) en tête de la courbe de la demande au profit d’un nombre très élevé de créneaux en fin de courbe. », Chris Anderson, « The Long Tail », Wired, octobre 2004, http://www. thelongtail.com/about. html 43 « Global Entertainment & Media Outlook: 2005 – 2009 », PriceWaterhouseCoopers, juin 2005 35 Josh Bernoff, « Music Lessons: Is Your Industry At Risk? », Forrester Research, 29 septembre 2005 36 37 « Clear Victory for Recording Industry in Napster Case », Recording Industry Association of America, 13 février 2001, http://www.riaa.com/news/newsletter/ press2001/021301.asp Josh Bernoff, « Music Lessons: Is Your Industry At Risk? », Forrester Research, 29 septembre 2005 38 39 « Global Entertainment & Media Outlook: 2005 – 2009 », PriceWaterhouseCoopers, juin 2005 Ibid 40 Craig Moffett et Michael Nathanson, « Turn Off Day is Coming but at What Cost and to Whom? », Sanford C. Bernstein, 28 octobre 2005 41 24 Ibid 44 « TiVo tests video ‘on-demand’ », Online Reporter, 1er août 2005 45 « Porto Media, IBM team up for new digital content delivery service », SelfServiceWorld, 9 septembre 2005, http://www.selfserviceworld.com/article.php?id=3723&p rc=299&page=75 46 Entretien avec un dirigeant mené par l’IBM Institute for Business Value 47 Tom Wolzein et Mark Mackenzie, « Media: Time Running Out to Protect Video; Rights Management Essential to Monetize Content », Sanford C. Bernstein, 25 février 2005 48 Parks Associates, « HDTV Sales in the U.S. to Grow 71% by 2009 », Market Wire, 27 octobre 2005, http://www. parksassociates.com/press/press_releases/2005/hdtv 1.html Autres publications sur les médias et les divertissements • Dr. Saul J. Berman, Adam R. Steinberg et Louisa A. Shipnuck, « Beyond access: Raising the value of information in a cluttered environment », IBM Institute for Business Value, juin 2005, http://www 1.ibm.com/services/us/index.wss/ ibvstudy/imc/a1011966?cntxt=a1000062 • Dr. Saul J. Berman, « Media and entertainment 2010: Open on the inside, open on the outside: The open media company of the future », IBM Institute for Business Value, mars 2004, http://www 1.ibm.com/services/us/index.wss/ ibvstudy/imc/a1001755?cntxt=a1000062 • Neil Parker, « The 30-hour day: On demand for media and entertainment », IBM Institute for Business Value, août 2003, http://www 1.ibm.com/services/us/index.wss/ibvstudy/imc/a1001309?cntxt=a1000062 • Dr. Saul J. Berman, « Vying for attention: The future of competing in media and entertainment. Our industry perspective 2001-2005 », IBM Institute for Business Value, novembre 2002, http://www 03.ibm.com/industries/media/doc/jsp/ resource/thought/index.jsp © Copyright IBM Corporation 2006 IBM Global Services Route 100 Somers, NY 10589 U.S.A. Produit aux Etats-Unis 01-06 Tous droits réservés IBM et le logo IBM sont des marques d’International Business Machines Corporation aux Etats-Unis et/ou dans certains autres pays. Les autres noms de société, de produit ou de service peuvent être des marques de tiers. Les références aux produits ou services d’IBM dans le présent document n’impliquent pas qu’IBM ait l’intention de les commercialiser dans tous les pays où IBM exerce son activité. G510-6248-03