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Lycée franco-mexicain
Cours Olivier Verdun
phénomènes religieux, des pratiques et des croyances. Une croyance n’est religieuse que
si elle aboutit à des pratiques. Dans la religion, la pensée et l’action sont intimement liées.
Par exemple, le dogme de la transsubstantiation est relié à la communion chrétienne. Les
« croyances communes d’ordre laïque, comme la foi au progrès, en la démocratie, etc. »
ne débouchent pas nécessairement sur des manières d’agir spécifiques, c’est-à-dire sur
des cultes. Pour que l’on puisse parler de phénomène religieux, il faut donc que les
croyances collectives se traduisent en un système de pratiques déterminées.
7. Quelle est la source du sentiment de respect religieux ?
La dépendance vis-à-vis de la société est la source du sentiment de respect religieux.
Nous avons vu que ce qui caractérise les croyances comme les pratiques religieuses, c’est
qu’elles sont obligatoires. Or, précise Durkheim, « tout ce qui est obligatoire est d’origine
sociale ». La raison en est que toute obligation implique un commandement et, par
conséquent, une autorité qui commande. Les règles auxquelles l’individu est tenu de se
conformer émanent d’une autorité morale qui les lui impose. Cette autorité qui s’impose à
l’individu, qui le domine, le transcende, est l’autorité du groupe auquel il appartient.
C’est donc dans la dépendance dans laquelle se trouve l’individu à l’égard de la société
que s’enracine le sentiment de respect religieux. Ce dernier est, en réalité, une
transposition du sentiment de déférence que l’individu éprouve envers le corps social.
8. La cause des phénomènes religieux est-elle individuelle ?
La cause des phénomènes religieux est de nature sociale et non individuelle. La source
de la religiosité ne se trouve pas dans des sentiments privés ou des dispositions
psychologiques particulières, mais dans la nature des sociétés auxquelles ces sentiments
et dispositions se rapportent. En s’inclinant devant les traditions, les dogmes, les mythes
considérés comme sacrés, l’individu s’incline, en réalité, devant des forces sociales qui
ont éveillé les croyances religieuses et les ont déterminées à s’exprimer sous telle ou telle
forme. C’est donc dans l’organisation sociale elle-même, et dans la façon dont celle-ci a
pu évoluer au cours de l’histoire, qu’il faut chercher la cause des phénomènes religieux.
9. Comment comprendre la transcendance religieuse ? Vous rappellerez ici le
sens du repère « transcendant / immanent ».
Est transcendant ce qui dépasse l'expérience ordinaire (latin transcendere, « passer au-
delà », «surpasser »), ce qui est d'une nature supérieure, séparée de la réalité ordinaire ou
sensible, ce qui est au-delà de toute expérience possible. Est immanent (latin immanere, «
résider dans »), ce qui relève d'une causalité interne, ce qui n'excède pas l'expérience
possible, ce qui est à l'intérieur du monde sensible. Durkheim considère que la
transcendance religieuse n’est mystérieuse que si on la fait dériver de l’individu. Elle
devient, au contraire, compréhensible en termes sociologiques. La transcendance
religieuse n’est pas à chercher dans quelque mystérieuse disposition psychologique
(hallucination, fantasmagorie, sommeil, rêve…), mais dans « l’esprit collectif » entendu
comme la « manière sui generis dont pensent les hommes, quand ils pensent