Idées noires et tentatives de suicide : Réagir et faire face

De la lecture… à la pratique
Compte rendu de l’ouvrage
Idées noires et tentatives de suicide. Réagir et faire face.
Granier, E. (2006). Idées noires et
tentatives de suicide. Réagir et faire
face. Paris, France : Odile Jacob.
ISBN : 2-7381-1725-2
Recension d’ouvrage réalisée par :
Jennifer Desbiens, étudiante à la maîtrise en carriérologie, UQÀM
Sous la direction de :
Louis Cournoyer, Ph.D., c.o.
Professeur (counseling de carrière)
Université du Québec à Montréal
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1. Avant-propos. Le suicide : compréhension, attitude, action!
Les professionnels de l’orientation travaillent de concert avec différents clients de
multiples milieux dans ce qu’ils ont de plus intimes : leurs pensées. Durant un tel
accompagnement, la relation d’aide se bâtit et peu à peu, le client prend confiance envers
le professionnel et lui permet d’aborder avec lui des détails plus intimes. C’est avec cette
exploration de la psyché que le professionnel de l’orientation travaillera auprès de son
client.
Or, acquérir ainsi une telle confiance dans l’exploration de son quotidien peut conduire à
des révélations positives certes mais également plus troubles, plus sombres. Et peut-être
un jour, un client fera assez confiance au professionnel pour dévoiler qu’il ressent des
idées de plus en plus noires qui pourraient être révélatrices d’un intense désespoir. Bref, il
peut s’agir d’idées suicidaires.
Le suicide est une réalité malheureusement trop commune pour la passer sous silence
dans le cadre professionnel des conseillers d’orientation. Comme le dit Granier (p.19),
« le suicide est devenu un problème majeur de santé dans la plupart des pays occidentaux
et développés ». Celui-ci nous propose d’ailleurs un livre basé sur son expérience de
clinicien d’urgence dans un hôpital de France. Bien que ses propos soient
particulièrement illustrés en fonction de cet état, le lecteur peut y retrouver de multiples
informations intéressantes et faciles à saisir pour comprendre les tenants du suicide mais
également quels sont les points à tenir compte dans une relation d’aide envers une
personne suicidaire et quelles sont les actions pouvant être posées à cet égard.
Ce texte propose un résumé du livre Idées noires et tentatives de suicide. Réagir et faire
face. du Dr Emmanuel Granier, publié à Paris en 2006.
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2. Qui est le Dr Emmanuel Granier?
Le Dr Emmanuel Granier est un conférencier et psychiatre français spécialisé dans
l’approche comportementaliste. Il a travaillé plus de 9 ans1 à l’Unité d’accueil des
urgences psychiatriques du centre hospitalier d’Avignon (Granier, 2006) avant d’œuvrer
en clinique privée. Il a également publié le "Petit Guide de Thérapie Comportementale à
l'usage des patients"2, référencé par plusieurs psychiatres français ayant un intérêt envers
les thérapies comportementales. Il est également participant à « l’action nationale des
formations à l’intervention de crises suicidaires » (Granier 2006).
Peu d’informations se trouvent sur la personne d’Emmanuel Granier car Idées noires et
tentatives de suicide, Réagir et faire face est son premier livre. Il a décidé de l’écrire afin
de parler de son expérience à titre de psychiatre d’urgence et d’accompagner d’autres
personnes en contact avec le suicide. Il raconte d’ailleurs, dans l’avant-propos de son
livre, l’histoire de son premier contact avec une petite fille suicidaire, lorsqu’il faisait son
internat comme médecin généraliste. C’est suite à ce contact qu’il s’est dirigé vers la
psychiatrie.
3. Compte-rendu du livre de Granier (2006)
Le livre comporte 330 pages divisées en 4 parties : Comprendre le geste suicidaire,
comptant les chapitres 1, 2, 3, 4 et 5, où le thème principal dégagé est de comprendre les
mécanismes et les tenants liés au suicide, Comment aider : parler, principalement axé sur
la relation d’aide avec une personne suicidaire, abordée par les chapitres 6, 7 et 8, Que
faire?, englobant les chapitres 9, 10, 11, s’intéresse aux actions à entreprendre lorsqu’une
personne évoque ses projets suicidaires et finalement, Les tentatives de suicide chez les

1IRCCADe. Institut de Recherche Comportementale et Cognitive sur l'Anxiété et la Dépression.(2013)Récupéréle
13 octobre 2013 du site http://www.irccade.com/s%C3%A9minaire‐du‐samedi‐10‐octobre‐2009‐par‐le‐
docteur‐emmanuel‐granier‐strat%C3%A9gies‐comportementales‐et‐c
2AFTAD. Association française des troubles anxieux et de la dépression. (2013) Récupéré le 13 octobre du site
http://www.anxiete‐depression.org/files/fiches‐pratiques/TCC.pdf.
3
adolescents aborde plus spécifiquement les idées suicidaires chez cette catégorie d’âge
grâce aux chapitres 12 et 13. Ainsi, ces parties sont divisées en plusieurs courts sous-
chapitres abordant différents thèmes, allant de la description du suicide jusqu’à des actes
concrets pour aider une personne en proie aux idées suicidaires. Tel que précisé par
l’auteur, les chapitres ne se suivent pas nécessairement et pourraient être lus dans l’ordre
désiré par le lecteur, selon ses besoins et ses intérêts.
L’auteur semble s’être assuré de bien vulgariser le suicide afin que les concepts puissent
être facilement accessibles et faciles à lire. De plus, tel que mentionné dans l’avant-
propos du livre, ce dernier se base sur des cas cliniques concrets que le psychiatre a
rencontrés au sein de sa pratique. Chaque élément théorique est ainsi appuyé par un
exemple concret permettant de bien cerner le concept à comprendre.
Dans le chapitre 1, Tentatives de suicide et gestes suicidaires, le lecteur pourra se
renseigner sur tous les thèmes liés au suicide tels qu’abordés par l’auteur comme
conduites suicidaires, idées suicidaires, suicidant, de même que tentatives de suicide. À
travers des cas cliniques, il fait ressortir les différences d’un individu à l’autre mais
soulève un point commun, la sensation d’un désarroi si profond que la personne cherche
par tous les moyens d’arrêter de souffrir, peu importe les conséquences. Il explique
également que toute tentative de suicide devrait être considérée comme grave et devrait
recourir à une hospitalisation, surtout qu’il semble exister, tel qu’abordé dans le chapitre
sur différentes statistiques, une relation nette entre le nombre de tentatives, le nombre de
pensées suicidaires et le risque de décès par suicide.
En tant que conseillers d’orientation pouvant être moins habitués avec les actes
autoagressifs, l’auteur propose de différencier tentatives de suicide, automutilation et
comportements à risque. L’automutilation est un besoin de calmer un malaise intérieur
extrême en les transformant en douleurs physiques, sans atteinte à la vie. C’est seulement
si les automutilations ont une visée contre la vie qu’on parlera de tentative de suicide. Il
aborde également les relations entre les conduites à risque et le suicide, particulièrement
chez les adolescents. Les adolescents peuvent avoir des comportements dangereux pour
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leur vie ou pour leur santé qui viennent les confronter dans leur désir de se sentir vivant
lorsqu’ils survivent à ce comportement dangereux. Bien que cela ne soit pas toujours en
lien avec l’idée de suicide, ils peuvent cacher un mal-être plus profond qui lui peut être
lié. Dans tous les cas, l’auteur affirme que la catégorisation est peu importante, l’essentiel
étant d’interroger la personne sur l’intention derrière le geste. Là est la clé d’une
intervention adéquate et ajustée de la part d’un professionnel et ce vers quoi devrait
tendre une relation d’aide lorsqu’il y a présence d’actes autoagressifs.
Dans le chapitre 2 intitulé Qu’est-ce qui conduit au suicide?, l’auteur mentionne qu’il
n’existe pas de raison particulière pour penser au suicide et passer à l’acte mais qu’il
s’agit davantage de la présence de facteurs de risque qui peuvent augmenter les
possibilités, sans toutefois être capables de réellement prédire le suicide. Un intervenant
en counseling doit rester à l’affût lorsque ces facteurs sont présents sans toutefois
conclure à un suicide imminent. Une personne pourrait avoir des risques élevés mais ne
jamais penser au suicide alors qu’une autre ne pourrait en avoir aucun et avoir tout de
même des idées suicidaires. Ces facteurs sont divisés en 3 catégories. Les facteurs de
risque primaires sont liés à l’individu même comme les antécédents personnels, la
génétique, les maladies psychiatriques, des désordres biologiques pouvant causer des
troubles ou des comportements agressifs et la communication d’une intentionnalité
suicidaire qui a son importance puisqu’il existe une gradation entre les idées suicidaires
et le passage à l’acte. Les facteurs de risque secondaires concernent plutôt
l’environnement d’un individu, par rapport à son histoire personnelle (voir le chapitre 5
sur Le rôle de l’enfance) ou sa perception du soutien actuel de son entourage. À noter
qu’un intervenant aura peu d’intervention permettant d’agir directement sur ce point mais
il peut aider un suicidant à vivre différemment ces événements ou à mieux gérer les
événements qui l’entourent. Finalement, les facteurs de risque tertiaires comprennent
davantage les statistiques entourant les personnes à tendance suicidaire.
Granier présente également un modèle de description de la crise suicidaire qui se divise
en trois états où à chaque étape, le suicidant se sentira de plus en plus dépassé par les
événements. La première étape est l’état d’équilibre, stable, avant que la situation
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