L`angle mort de la république, c`est que le régime

Vie politique française
But de ce cours : avoir une idée de comment fonctionne la vie politique, comprendre les phénomènes. Pas
de retenir tous les événements qui ont eu lieu durant cette période (pas d’histoire pour l’histoire, mais il faut
bien des bases).
Exam de janvier : on a accès à nos notes de cours. On ne nous demandera donc jamais une simple
présentation des faits.
18 séances, 1 chapitre par séance.
À propos des livres de la biblio : elle comporte des romans, utiles pour s’immerger dans la manière de
penser des gens durant les périodes que nous étudions.
Séquence 1 : La structuration de l’activité politique jusqu’en 1914
Chapitre 1 : Repères
Partie 1 : l’Ancien Régime
Ancien Régime : de la Renaissance (XV-XVIe siècles) à la Révolution française (1789).
1. Régime politique : la monarchie absolue.
De droit divin : la légitimité de la monarchie absolue ne vient pas d’elle-même. Elle vient d’en haut, d’une
force divine absolue, et est donc indiscutable. L’Église joue de fait un rôle essentiel en politique.
L’opposition structurante de l’époque est le conflit entre le roi et la noblesse. Les autres catégories sociales
sont en-dehors de la politique.
2. Régime social : de statut
Remarque préliminaire : après la Révolution, les idées sociales de l’Ancien Régime ne sont plus considérées
comme légitimes mais restent toujours dans les esprits.
Chacun a un statut : une place définie que l’on garde toute sa vie. Par exemple : « pauvre » (statut vertueux
aux yeux de l’Église, d’ailleurs). Une politique pour les pauvres consiste donc à l’époque à faire en sorte que
l’on soit bien étant pauvre, pas que l’on devienne plus riche.
Ces statuts sont héréditaires, séparés, ont chacun une fonction et une valeur différentes. En théorie on se
respecte, en pratique il y a du mépris entre les statuts.
Société tripartite divisée en trois ordres : clergé (ceux qui prient), noblesse (ceux qui font la guerre), Tiers-
État (ceux qui travaillent).
C’est une société fondée sur la hiérarchie, par opposition à l’égalité (opposition à distinguer de égalité /
inégalité).
Cela correspond à une conception plus générale du monde : la physique d’Aristote, qui affirme par
exemple que la matière est faite de 4 éléments (air, feu, terre, eau). Tous les objets sont dans cette
conception d’une qualité différente, incomparable (deux chaises apparemment identiques ne sont pas les
mêmes, elles n’ont en effet pas la même qualité). Le monde social est ainsi pensé de la même façon. Cela
se retrouve dans le vocabulaire : on parle de « personne de qualité » pour quelqu’un qui a un haut statut
social.
C’est donc une pensée très différente de celle d’aujourd’hui : la notion d’égalité n’est pas dans les esprits
à l’époque.
3. Un régime de vérité
Société réglée par la croyance chrétienne : il y a une seule vérité, la vérité révélée, qui vient d’en haut et
est révélée par le prêtre. La raison est toujours de ce côté-là. On considère que la perception des sens, ce qui
vient de l’expérimentation, est illusoire et trompeur. Seuls les livres sacrés délivrent la vérité.
Il y a donc une hiérarchie des savoirs : la science suprême est la théologie (enseignée en latin), puis vient la
philosophie, puis tout en bas les mathématiques qui servent alors surtout à faire des fortifications et de
l’astrologie (cette dernière discipline étant alors utile aux médecins).
Transition : la Révolution française (1789-1799)
1789 : ouverture des États généraux, 1799 : coup d’état de Bonaparte.
Elle se pense universelle ( ?).
Révolution scientifique : réhabilite la physique de Newton, dans laquelle la connaissance vient de
l’observation. Ce sont les philosophes de Lumières qui s’y intéressent.
Exemple : opposition médecins / chirurgiens. Les médecins enseignaient le fonctionnement du corps humain
en latin (métier de haute valeur). Les chirurgiens avaient eux un métier d’artisan : ils coupaient, s’occupaient
des plaies etc.
Notion nouvelle d’unité de la matière : tous les êtres sont faits de la même matière (deux chaises sont faites
de la même matière, on ne considère plus qu’elles sont d’une qualité différente). Ce qui est un début de
naissance de la notion d’égalité.
On se met progressivement à penser plus quantitativement que qualitativement.
1789-1795 : grande incertitude sur la forme que doit prendre le gouvernement. Mais ce n’est pas la question
centrale. D’ailleurs, la monarchie n’est pas d’emblée exclue des formes de gouvernement possibles.
Ce qui intéresse les révolutionnaires est la liberté, l’égalité, et la propriété.
Le régime change de nom : « République ». Il ne s’agit pas aux yeux des révolutionnaires d’un régime
politique à proprement parler, d’une forme particulière de gouvernement (cf. citation de Robespierre : « Le
mot république ne signifie aucune forme particulière de gouvernement, il appartient à tout gouvernement
d’hommes libres, qui ont une patrie. »).
Naissance de l’idée du gouvernement représentatif. Répond à un problème nouveau : d’où vient la
légitimité du pouvoir si elle ne vient plus de Dieu ? De la Nation, sorte d’entité servant à remplacer l’idée de
Dieu par son équivalent laïc ? Du peuple ? Le gouvernement représentatif est une sorte de compromis, une
alternative à la démocratie, et non l’expression même de la démocratie.
Partie 2 : la succession des régimes politiques au XIXe siècle.
1. Le Premier Empire (Napoléon Ier)
Régime socialement individualiste, politiquement autoritaire, et militarisé.
Gouvernement d’un seul homme : l’Empereur, qui prend sa légitimité de l’adhésion du peuple contre les
notables ( ?).
Nouvelle définition de la noblesse : la noblesse d’Empire est un titre donné par l’Empereur à quelqu’un.
Tout le monde a donc la même qualité puisqu’on peut tous être choisis.
Création du Code Civil : individualiste, considère un individu quelconque, et donc présuppose que tous les
individus sont de même qualité, sont comparables.
2. 1814-1830 : la Restauration
Charte de 1814 qui se réfère au Droit divin : la religion catholique est la religion d’État (mais liberté de
culte, tout de même).
Tentative de retour à l’Ancien Régime avec Louis XVIII (1814-1824) et Charles X (1824-1830). Ce dernier
tente de réinstaurer la notion de sacrilège et de revenir à un régime de vérité.
Remarque historique : le règne de Louis XVIII est brièvement interrompu durant les Cent-Jours (mars-
juillet 1815) où Napoléon Ier revient brièvement au pouvoir.
3. Du suffrage censitaire au suffrage (partiellement) capacitaire
1830-1848 : monarchie de juillet. Toujours une monarchie constitutionnelle et un suffrage censitaire aux
élections.
Louis-Philippe Ier (Louis-Philippe d’Orléans : autre famille) a une conception de la société différente de
celle de l’Ancien Régime et soutenue par Guizot (député et plusieurs fois ministre sous la monarchie de
juillet) : une conception capacitaire du vote, qu’il fait passer dans la loi électorale de 1831. Elle ouvre la
possibilité de voter aux citoyens âgés de 25 ans, qui payent 200 francs (cher) de cens. On peut aussi voter
sans payer si l’on est officier à l’armée, si l’on est à l’Académie des sciences, si l’on est médecin,
enseignant…
Guizot : « Je ne crois ni au Droit divin, ni à la souveraineté du peuple […]. Je ne puis voir là que des
usurpations de la force. Je crois à la souveraineté de la raison, de la Justice, du Droit : c’est là le souverain
légitime que cherche le monde et qu’il cherchera toujours ; car la raison, la vérité, la Justice ne résident
nulle part complètes et infaillibles. Nul homme, nulle réunion d’hommes ne les possède et ne peut les
posséder sans lacune et sans limites. ».
Ainsi le vote n’est pas un droit : c’est une fonction, que l’on peut remplir quand on respecte certaines
conditions qui permettent de s’assurer que celui qui vote le fait avec raison.
Dans les faits, c’est la bourgeoisie et l’aristocratie qui votent. 2,4 % des français majeurs sont électeurs en
1848.
La légitimité du vote ne vient donc pas de l’électorat mais de la « raison ».
Pour Guizot comme pour Tocqueville, la démocratie ne correspond pas à une forme précise de
gouvernement, c’est un état de la société. Le gouvernement peut lui être soit monarchique soit républicain.
4. 1848-1852 : deuxième république
Démarre avec la révolution de 1848.
Conservatrice.
Se termine en 1852 suite au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851.
5. 1852-1870 : le Second Empire
Régime autocratique (un seul individu détient le pouvoir : abaisse les assemblées), administration
centralisée. L’Empereur, Napoléon III (Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de napoléon Ier), se pense
« socialiste » : il accorde d’ailleurs le suffrage universel masculin au peuple. Ce n’est toujours pas la source
de la légitimité du pouvoir mais un moyen de confirmer l’affection du peuple envers l’Empereur
(césarisme) : le vote de confiance, ou plébiscite.
Chapitre 2 : la longue naissance de la IIIe République
Naît d’une guerre perdue : la guerre de 1870 contre la Prusse.
Dure de 1870 jusqu’en 1940 (le maréchal Pétain prend les pleins pouvoirs).
Il y a en 1870 de plus en plus de députés républicains, essentiellement à Paris. Il y a alors unanimité sur le
modèle de gouvernement représentatif (mais pas sur le sens à lui donner, sa nature : république ou non ?).
Les monarchistes sont toujours là : ils freinent l’installation de ce nouveau régime qui met ainsi longtemps à
s’installer.
Partie 1 : 1870-1879, la stabilisation du régime
1. 1870-1871 : la fin de la guerre
Guerre France-Prusse, l’armée impériale n’est pas préparée et perd (en particulier, bataille de Sedan en
septembre 1870, suite à quoi Napoléon III est fait prisonnier). La République est alors proclamée le 4
septembre à Paris. Gouvernement « de défense nationale » servant à continuer la guerre, constitué
notamment de Jules Ferry, Jules Favre, Jules Simon, Léon Gambetta, et le général Trochu à sa tête.
Jules Simon : républicain, prof de philo, député en 1848, conservateur mais à l’époque figure de la
république.
En septembre Paris est encerclée. Gambetta quitte Paris en ballon et installe une délégation à Tours où il
fonde une seconde armée qui échoue aussi à chasser les prussiens.
Armistice fin janvier 1871 : la trêve est destinée à organiser l’élection d’une assemblée nationale qui devra
décider de la suite ou de la fin définitive des combats.
8 février : élection d’une Assemblée Nationale. 400 députés royalistes, 30 bonapartistes, 250 républicains.
13 février : elle se réunit à Bordeaux. Jules Grévy est élu pour la présider. Le 17, Adolphe Thiers
(conservateur) est alors nommé « Chef du pouvoir Exécutif de la République française ».
10 mai 1871 (2 semaines avant la fin de la Commune qui a lieu de mars à mai) : signature du traité de
Francfort qui met fin à la guerre, avec annexion de l’Alsace et de la Moselle par la Prusse (en train de
devenir l’Empire allemand) ainsi qu’une indemnité de guerre de 5 milliards de francs.
8 juin : déclaration de Thiers devant l’Assemblée. Il y annonce que l’organisation du gouvernement pourra
être à l’avenir une monarchie mais qu’il faut d’abord faire un « essai loyal de République ».
Loi Rivet : Thiers est renommé en « président » avec des pouvoirs faibles, contrôlé par l’assemblée alors
monarchiste…
2. 1872-1875 (ou 71-76) : l’acceptation d’une constitution républicaine par une assemblée
monarchiste
Gambetta annonce en septembre 1872 une « couche politique nouvelle » (l’arrivée des classes moyennes en
politique jusque là bridées par la monarchie censitaire puis le gouvernement impérial).
L’assemblée reste monarchique mais à chaque élection, les républicains gagnent.
Les monarchistes constituent malgré tout un gouvernement de restauration à partir de 1873. En mai, Thiers
est mis en minorité, démissionne et est remplacé par Patrice de Mac Mahon (anobli par Napoléon, anti-
républicain). Il nomme le duc de Broglie (« breuil ») qui constitue un gouvernement de « restauration
morale » et épure l’administration républicaine.
Octobre 1873 : le comte de Chambord (Henri d’Artois, appelé aussi Henri V, considéré légitime par les
monarchistes, même les orléanistes) annonce qu’il ne sera jamais le « roi légitime de la révolution » et ne
gouvernera que sous le drapeau blanc. En attendant qu’il meure, le pouvoir de Mac Mahon est prolongé de
sept ans par l’assemblée… Puisque Dieu n’a pas voulu ouvrir les yeux au comte de Chambord, on va
attendre qu’il les lui ferme » déclara alors le Comte de Mérode)
Début 1875, amendement Wallon (« valon ») : « le président de la République est élu à la majorité absolue
des suffrages par le Sénat et la chambre des députés réunis en Assemblée Nationale. Il est nommé pour sept
ans ; il est rééligible. ». Il est question du président de la République : le centre-droit concède donc ce terme
pour assurer un régime dans les faits conservateur.
3. 1876-1879 : la chute de Mac Mahon et l’évolution vers un régime républicain
1876 : création du sénat et de la chambre des députés.
Au sénat : autant de républicains que de conservateurs.
Députés : majoritairement républicains. Chambre présidée par Jules Grévy.
Début 1879, le maréchal de Mac Mahon démissionne (succès des républicains à l’assemblée) et est rempla
par Jules Grévy qui est élu Président de la République. Ce dernier promet de ne « jamais rentrer en lutte
contre la représentation nationale ». Il nomme Waddington plutôt que Gambetta comme président du conseil
des ministres.
Partie 2 : 1880-1890, la stabilisation du fonctionnement du régime
1. Le boulangisme des années 1887-1888
1880-1885 : mise en place de la République, mais de nombreuses questions restent ouvertes sur le plan
social (les républicains sont divisés sur ces problématiques).
1885 : mécontentement populaire lié à une crise économique et au blocage de nombreuses lois au niveau du
sénat.
En 1886 le général Boulanger devient ministre de la guerre. Il exclut les descendants des familles de
monarques des hauts postes pour éviter toute restauration et il engage une révision de la constitution.
En 1887 Grévy démissionne suite au scandale des décorations (son gendre, Daniel Wilson, député, procède à
un trafic des décorations). Crise antiparlementariste.
1889 : Boulanger est élu député, ses partisans veulent l’emmener à l’Élysée pour faire un coup d’État, ce
qu’il refuse. Il s’enfuit à Bruxelles et meurt en 1991.
2. 1890 : le ralliement officiel du Vatican à la forme républicaine du gouvernement
Problème de base : être monarchiste à l’époque excluait d’emblée de la vie politique.
Le pape publie en février 1892 une encyclique intitulée « au milieu des sollicitudes », pour marquer le
ralliement du Vatican à la République et inciter tous les catholiques de France à en faire de même.
3. 1898 : l’affaire Dreyfus
Moment de la recomposition de la droite. Celle-ci cesse de se définir comme monarchiste et se dit alors
nationaliste.
Chapitre 3 : L’installation d’un nouveau régime
Le changement de régime va avec un bouleversement d’idées et de nombreuses interrogations.
Pour beaucoup d’observateurs à l’époque, instituer une république est une idée très bizarre : il y en a alors
en Suisse (plus de vaches que d’hommes), aux États-Unis (loin de l’autre côté), mais pas en Europe. L’idée
est que ce n’est pas un régime valable pour un pays rural.
En 1868 : tous les invités sont présents à l’expo universelle. En 1889 : beaucoup la boudent…
Cette république est un régime politique et un régime de société.
Partie 1 : un régime politique
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