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Rapport Général de l’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information & de la Communication 2012
En octobre 2011, le tirage moyen du quotidien « La Presse » était de 28968 exemplaires
dont 16721 ont été vendus. Le quotidien « Essahafa » tirait, quant à lui, à 2000 exemplaires
dont seulement 463 étaient écoulés. Le pourcentage de rebut représentait 76,8% du tirage.
La SNIPE, qui occupe depuis plusieurs décennies une place prépondérante dans le
paysage médiatique en Tunisie, grâce essentiellement au journal « La Presse » qui groupe
une élite importante de compétences professionnelles, a gravement souffert de la politique de
contrôle et de mainmise du pouvoir.
Cette politique a conduit les journalistes du quotidien « La Presse » à dénoncer
publiquement les pratiques restrictives dont ils étaient la cible. En 2008, ils ont mené une
campagne de protestation contre la dégradation de la situation au sein de l’entreprise31. En
2009, ils ont adressé au pouvoir et à l’opinion publique une pétition signée par 34 journalistes
pour protester contre la marginalisation et le pourrissement du climat social32. Le syndicat de
base de l’entreprise, relevant de l’UGTT, a adopté, le 28 juin 2010, une motion professionnelle
demandant aux pouvoirs publics, au nom des journalistes et agents de la SNIPE, d’intervenir
pour apporter des solutions concrètes aux problèmes qui se posent, menaçant de porter le
brassard rouge.
Après la révolution du 14 janvier 2011, la situation ne s’est pas du tout améliorée. Les
relations sont restées tendues entre les journalistes et l’administration au sein du quotidien
« La Presse ». Par ailleurs, la SNIPE a connu une grave crise sociale à la suite du projet
avancé par la direction générale d’assainir la situation nancière décitaire du quotidien
« Essahafa » qui constitue, selon la direction, un «fardeau » pour l’entreprise.
En effet, l’ancien PDG de la SNIPE, Hmida Ben Romdhane, a annoncé, le 12 février 2011,
lors d’une réunion du conseil d’administration, sa décision d’arrêter la parution du quotidien
« Essahafa » et son remplacement par une version électronique. Devant le tollé général
soulevé par cette décision, la direction générale a été obligée de reculer et de présenter une
nouvelle proposition qui consiste à transformer le quotidien « Essahafa »
en un journal hebdomadaire. Proposition qui a été catégoriquement rejetée33, obligeant
la direction générale à renoncer dénitivement à son projet de restructuration du quotidien
« Essahafa ».
Il convient de noter que le revenu des ventes du quotidien « Essahafa » ne représente
que 5% des recettes de l’entreprise et ne couvre que 25% de la masse salariale de ses
employés34.
En mai 2011, le PDG de la SNIPE a afrmé que l’entreprise perd annuellement 2 millions
de dinars et que les pertes quotidiennes résultant de l’impression du quotidien « Essahafa »
s’élèvent à 5500 dinars35.
31 http://www.gnet.tn/temps-fort/des-journalistes-de-la-presse-montent-au-creneau/id-menu-325.html
32 Pétition rendue publique le 30 avril 2009
33 http://www.almasdar.tn/management/article-4653 (en arabe) sit-in des journalistes du quotidien « Essahafa » au siège
du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT), le 24 mai 2011
34 Rapport de l’instance générale de contrôle des services publics relevant du Premier Ministère, daté du 22 septembre
2008
35 Déclaration du PDG de la SNIPE au quotidien « Assabah » le 26 avril 2011 http://www.assabah.com.tn/article-52589.
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