L`accompagnement du conjoint d`une personne porteuse de la

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Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
L’accompagnement du conjoint d’une
personne porteuse de la maladie
d’Alzheimer : une des missions de
l’ergothérapeute au sein d’une équipe
spécialisée Alzheimer.
En vue de l’obtention du Diplôme d’État d’ergothérapeute
BARREAU Cyndie
Juin 2012
Selon le code de la propriété intellectuelle, toute reproduction intégrale ou partielle faite sans le
consentement de l'auteur est illégale.
Institut de Formation en Ergothérapie de Rennes
L’accompagnement du conjoint d’une
personne porteuse de la maladie
d’Alzheimer : une des missions de
l’ergothérapeute au sein d’une équipe
spécialisée Alzheimer.
Sous la direction de Mme Le Mauff, maître de mémoire
En vue de l’obtention du Diplôme d’État d’ergothérapeute
BARREAU Cyndie
Juin 2012
Résumé
La maladie d’Alzheimer touche environ 800 000 personnes en France. Près de la
moitié d’entre elles désirent rester à leur domicile le plus longtemps possible. Cependant,
cette solution n’est possible que par des compensations familiales, professionnelles et
matérielles. La maladie d’Alzheimer engendre de nombreux troubles cognitifs et
comportementaux qui perturbent l’autonomie du patient dans la plupart des activités de la
vie quotidienne. L’aidant familial, principale ressource, se retrouve progressivement en
situation d’épuisement et peut être en demande d’un accompagnement professionnel. Pour
répondre à cette demande et à la problématique du maintien à domicile des personnes
porteuses de cette maladie, le plan Alzheimer 2008-2012 propose diverses mesures. Parmi
celles-ci on distingue la mesure 6 concernant les équipes spécialisées Alzheimer. Ces
équipes pluriprofessionnelles tentent de répondre aux besoins du patient et aux attentes de
l’entourage. Pour cela l’ergothérapeute réalise un bilan au domicile des personnes et
propose un plan d’intervention adapté suivi de 10 à 13 séances de réhabilitation. En
proposant diverses activités et préconisations, l’équipe souhaite faciliter le maintien au
domicile, l’adhésion à des structures de relais voire des démarches d’institutionnalisation.
Mots clés :
Maladie d’Alzheimer
Équipe spécialisée Alzheimer
Ergothérapie
Aidant principal
Maintien au domicile
J’adresse mes remerciements aux personnes qui m’ont aidé dans la réalisation de ce
mémoire.
En premier lieu, je remercie Mme Le Mauff, maitre de mémoire, qui m’a guidé et
accompagné tout au long de ce travail.
Je remercie également les ergothérapeutes, l’Assistant de Soins en Gérontologie et le
conjoint aidant qui ont pris le temps de répondre à mes questions.
J’adresse une pensée particulière à Françoise Barreau, Kévin Macé ainsi que mes
colocataires et mes proches qui m’ont soutenu et encouragé.
SOMMAIRE
INTRODUCTION ................................................................................................................... 1
PROBLEMATIQUE ............................................................................................................... 2
APPORTS THEORIQUES ..................................................................................................... 8
1
2
3
La maladie d’Alzheimer ................................................................................................. 8
1.1
Affection neurodégénérative .................................................................................... 8
1.2
Les principaux troubles ........................................................................................... 9
1.3
Poser le diagnostic .................................................................................................11
1.4
Les facteurs de risques ..........................................................................................12
1.5
Les traitements médicamenteux et non médicamenteux ........................................13
Le maintien à domicile possible grâce aux aidants familiaux ........................................14
2.1
Choix du maintien au domicile ................................................................................14
2.2
Le conjoint, aidant principal ....................................................................................15
L’ergothérapie en équipe spécialisée Alzheimer ...........................................................18
3.1
Organisation de l’ESA ............................................................................................18
3.2
Déroulement de l’intervention .................................................................................20
RECUEIL DE DONNEES .....................................................................................................23
1
2
Méthodologie ................................................................................................................23
1.1
L’entretien ..............................................................................................................23
1.2
La population interrogée .........................................................................................23
1.3
La procédure d’analyse ..........................................................................................23
L’analyse des entretiens ...............................................................................................24
2.1
Des contextes de recours et des situations initiales différentes ..............................24
2.1.1 Les différentes modalités de recours à l’ESA ......................................................24
2.1.2 L’existence préalable de l’intervention de professionnel à domicile .....................25
2.2
Ce qui facilite l’adhésion .........................................................................................25
2.2.1 Évoquer l’évolution et l’épuisement .....................................................................25
2.2.2 L’observation des activités privilégiées pour pallier le refus du bilan ...................26
2.2.3 Favoriser la relation de confiance .......................................................................26
2.3
Le déroulement des interventions...........................................................................27
2.3.1 Le cahier des charges.........................................................................................27
2.3.2 Modalités d’organisation des séances et délégation aux ASG ............................30
2.4
Les réactions des aidants durant les séances ........................................................31
2.4.1 Les réactions vis-à-vis de l’intervention de l’équipe spécialisée ..........................31
2.4.2 Les réactions vis-à-vis des conseils et préconisations ........................................33
2.5
Les moyens indirects auprès de l’aidant .................................................................35
2.6
Les moyens directs auprès de l’aidant....................................................................38
2.7
Les relais et structures de répit possible.................................................................41
2.8
Les réactions des professionnels et aidants sur l’intervention ................................43
DISCUSSION .......................................................................................................................47
1
Conclusions de l’enquête ..............................................................................................47
2
De nouvelles pistes de réflexion ...................................................................................49
3
Critiques de la méthode ................................................................................................51
CONCLUSION .....................................................................................................................52
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................53
GLOSSAIRE
ANNEXES
INTRODUCTION
J’entends souvent parler de la maladie d’Alzheimer par les médias et dans mon
entourage. On me parle de troubles de la mémoire et de la peur d’être atteint par cette
maladie. On me raconte aussi des souvenirs douloureux de famille où les grands-parents ont
tenté de vivre à leur domicile avec les difficultés que provoque cette affection. C’est un
combat quotidien pour accepter la maladie et réagir de manière adaptée face aux troubles
de la maladie d’Alzheimer.
Et puis un jour, lors d’une expérience professionnelle, j’ai pu observer le
comportement de personnes âgées ayant des troubles de la mémoire et du comportement.
En tant que veilleuse de nuit dans un domicile collectif, mon rôle est de donner les
médicaments du coucher à quelques personnes âgées, d’environ 80 ans, n’arrivant plus à
gérer seule leur traitement. Alors que certains vérifiaient plusieurs fois en me questionnant
que je leur donnais le bon comprimé, d’autres ne se souvenaient plus de moi d’un jour sur
l’autre. Il est aussi arrivé que l’on me raconte des dizaines de fois les mêmes histoires, ou
que le passé de certaines personnes se modifiait au fur et à mesure de nos discussions.
Certains n’arrivaient plus à s’orienter dans le temps, d’autres dans l’espace et une
surveillance accrue était parfois nécessaire. Les personnes que j’ai rencontré présentaient
surement un début de démence et étaient placées dans cette structure car elles ne
pouvaient plus rester seules chez elle.
Je me suis alors renseignée sur les différentes structures accueillant les personnes
âgées et au cours de ma formation d’ergothérapeute, j’ai découvert les équipes spécialisées
Alzheimer. Ces équipes interviennent au domicile des personnes âgées atteintes d’une
démence afin de permettre leur maintien à domicile.
Cet écrit interroge les pratiques des ergothérapeutes intervenant au domicile de
personnes porteuses de la maladie d’Alzheimer, chez des couples âgés dont le conjoint non
malade devient l’aidant principal au quotidien.
1
PROBLEMATIQUE
La maladie d’Alzheimer touche actuellement près de 860 000 personnes en France.
Cependant, si l’on prend en compte l’entourage familial, on obtient près de 3 millions de
personnes concernées par cette affection neurodégénérative du système nerveux central
(Marsaudon,
2011,
p27).
Cette
maladie
est
répertoriée
dans
les
démences
neurogénératives. Une démence étant une « altération progressive de la mémoire et de
l’idéation, suffisamment marquée pour handicaper les activités de la vie quotidienne,
apparue depuis au moins six mois ; et présence d’au moins un trouble suivant : langage,
calcul, jugement, altération de la pensée abstraite, praxies, gnosies ou modifications de la
personnalité » (Patry-Morel, 2006, p17). Selon des données épidémiologiques, la maladie
d’Alzheimer représente 70% des démences en France (Marsaudon, 2011, p27). Elle est
donc plus fréquente que les démences vasculaires ou mixtes, mais également plus
importante que les autres démences neurodégénératives comme la démence à corps de
Lewy ou la démence fronto-temporale. Selon Cécile Patry-Morel (2006, p19), la maladie
d’Alzheimer est une démence dégénérative dont l’atteinte située dans la région
hippocampique, puis au niveau du cortex temporal et au niveau des aires associatives
temporo-pariétales puis préfrontales, peut provoquer divers symptômes. « La maladie se
distingue par trois catégories de symptômes : un déficit des fonctions cognitives
(intellectuelles) avec, au premier plan des troubles de la mémoire, une réduction des
activités de la vie quotidienne, une modification du comportement et de l’humeur. »1 Quelles
peuvent être les répercussions de la maladie d’Alzheimer sur le quotidien des personnes
âgées et de leur entourage ?
D’après le résumé de la Journée Régionale d’échanges sur la Maladie d’Alzheimer
(UNASSAD2, 2004), des difficultés spécifiques apparaissent lors de la prise en charge des
personnes à domicile. « Une acceptation difficile de la maladie […], une communication avec
les malades souvent rendue très difficile […], un épuisement de l’entourage et des
professionnels […], une dégénérescence inexorable de la maladie qui rendent les conditions
d’intervention difficile. » (UNASSAD, 2004, p1). C’est également le ressenti que j’ai pu
recueillir lors de discussion avec des amis me racontant leurs souvenirs de famille. Des
enfants qui ne supportent plus l’inversion du rythme nycthéméral chez leur parent ; les
déambulations ; que leur parent ne se souvienne plus des petits-enfants ; qu’il dérange
régulièrement les affaires dans la maison car ne reconnait pas les objets, ne sait plus s’en
servir ou ne sait plus où ils se rangent. Une autre amie me parle de sa grande tante qui
s’occupe de sa sœur atteinte de la maladie d’Alzheimer et qui se retrouve hospitalisée par
1 Derouesné et Selmès. La maladie d’Alzheimer : Comportement et humeur. Guides pratiques de l’aidant, 2005. P7
2 Cf. glossaire
2
épuisement physique et psychologique. Dans ces situations on peut se demander si la
dégradation de l’état de santé de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer entraine un
choix systématique entre le placement en institution ou la continuité du maintien au domicile.
L’institutionnalisation est-elle inévitable ? Répond-elle à la demande de la personne, ou estce que des aides professionnelles et/ou profanes peuvent permettre le maintien à domicile ?
On se demande aussi quel soutien permettrait aux aidants profanes, familiaux, d’éviter le
surmenage, l’épuisement ?
Mon questionnement se dirige alors vers le lieu de vie des personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer. Selon l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé
(ANAES), 75% des personnes atteintes de cette maladie vivaient à domicile en 2000
(Gautheron, 2011, p41). Ces résultats importants m’interpellent sur les raisons de ce choix.
Le manque de place en structure est certainement une des causes, mais il y a surement
aussi le fait de vouloir rester dans son logement. En effet, « les personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer sont de plus en plus nombreuses et elles souhaitent rester à leur
domicile ‘‘le plus longtemps possible’’ ».3 Le problème qui peut se poser c’est que « le choix
de maintenir ou non une personne à son domicile demande une réflexion d’ordre éthique. Il
s’agit de faire au mieux pour le patient en combinant ses souhaits et sa sécurité qui sont
parfois contradictoires. » (Gautheron, 2011, p42). Ce choix est en lien avec la notion de
qualité de vie qui est à préserver, à la fois pour la personne mais aussi pour les aidants. On
remarque que « la principale conséquence de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie
apparentée est une détérioration de l’état de santé des proches et une perte majeure de
qualité de vie. »4 Cette notion de qualité de vie est défini par l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) comme étant « la perception qu’a un individu de sa place dans l’existence,
dans le contexte de la culture et du système de valeurs dans lesquels il vit, en relation avec
ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Il s’agit d’un large champ
conceptuel, englobant de manière complexe la santé physique de la personne, son état
psychologique, son niveau d’indépendance, ses relations sociales, ses croyances
personnelles et sa relation avec les spécificités de son environnement. »5 Qu’est-ce-qui peut
actuellement être proposé pour améliorer cette qualité de vie pour l’individu et ceux de son
entourage qui l’assistent au quotidien ?
3 UNASSAD. Journée régionale d’échange sur la maladie d’Alzheimer. P1.
4 Données issues du Plan Alzheimer 2008-2012. P13.
5 Définition de l’OMS tirée de l’article de Charlotte GAUTHERON. Le domicile en question : maintien à domicile et qualité de vie des patients
déments. P42
3
Afin de répondre à ce problème de santé publique le gouvernement a mis en place le
Plan « Alzheimer et maladies apparentées » 2008-20126. Le but étant de répondre au triple
défit : scientifique, médical et social, que pose cette maladie actuellement. Ce plan est
composé de 10 mesures phares pour « améliorer le diagnostic […] pour mieux soigner et
mieux accompagner […] pour aider plus et mieux […] pour chercher plus vite […] ». Le plan
énonce 3 axes principaux, chacun contenant plusieurs objectifs spécifiques. Le premier axe
concerne la qualité de vie des malades et des aidants. Le but est d’améliorer à la fois
l’annonce du diagnostic, le parcours de soins, le maintien au domicile ou l’accueil en
structure et le rôle des professionnels, par le biais de 6 objectifs. Pour y répondre plusieurs
mesures sont proposées.
En regardant de plus près l’objectif 3 de l’axe 1 de ce plan Alzheimer, « renforcement
du soutien à domicile, en favorisant l’intervention de personnels spécialisés »7, on remarque
que la mesure 6 parle plus spécifiquement des équipes spécialisée Alzheimer (ESA). Elles
sont composées d’ergothérapeutes et/ou psychomotriciens, d’assistants de soins en
gérontologie et d’infirmiers coordinateurs qui travaillent sous prescription médicale et
interviennent au domicile des personnes âgées. Leur but étant « l’amélioration de la qualité
de vie du malade et de l’aidant » (Boschat, 2001, p17). Au sein des équipes spécialisées
Alzheimer, l’ergothérapeute a pour missions d’évaluer les facteurs personnels tels que les
habitudes de vie, les fonctions cognitives, motrices, sensorielles et nociceptives ; les facteurs
environnementaux humains et matériels ; les performances dans les activités de la vie
quotidienne. Il prend en compte dans l’environnement humain l’aidant principal, en observant
et se renseignant sur son rôle et son intervention au quotidien auprès de la personne
malade. Comment l’ergothérapeute peut-il intervenir auprès d’une personne âgée atteinte de
la maladie d’Alzheimer ainsi que de l’aidant familial pour améliorer leur quotidien ?
L’aménagement du domicile peut-il limiter l’aggravation des troubles liés à la maladie et donc
diminuer le besoin en aide humaine au quotidien ? Comment préserver la possibilité du
maintien à domicile tout en permettant à la personne âgée d’avoir une bonne qualité de vie ?
Depuis plusieurs années, les ergothérapeutes veulent montrer l’intérêt de leur
spécificité professionnelle au domicile. En effet, l’ergothérapie a pour but d’évaluer et de
faciliter l’autonomie et l’indépendance de la personne en situation de handicap. Il est donc
intéressant de réaliser un bilan sur le lieu de vie de la personne. Cela permet entre autre
d’effectuer des mises en situation écologique pour mieux estimer les capacités, incapacités
et situations de handicap. On peut aussi proposer des changements, aménagements,
conseils à la personne et son entourage, mais également mettre la personne en situation
6 Ce plan fait suite aux plans Alzheimer 2001-2005 et 2004-2007
7 Ibid. P26
4
dans son milieu de vie. C’est pourquoi « le domicile même des patients est probablement
l’endroit où l’ergothérapie trouve (ou trouverait) à exprimer au mieux sa spécificité » (Meeus,
1997, p260). À la fin des années 1990, une étude a été réalisée en Belgique par le Groupe
de Recherche Appliquée en Ergothérapie (GRApE)8 afin de démontrer l’intérêt de
l’intervention au domicile des ergothérapeutes. Cette étude a montré que les patients et leur
l’entourage n’étaient pas systématiquement demandeurs d’aide, mais que la plupart du
temps des préconisations en aménagement, aides techniques et des conseils divers ont été
donnés, notamment lors de la visite à domicile. L’ergothérapie a continué à se développer et
à se faire connaitre dans le milieu médical. Selon une étude plus récente, l’ergothérapie
permet « d’améliorer les capacités des patients pour la réalisation des activités de la vie
quotidienne […] et réduire la charge des aidants en améliorant leur sentiment de
compétence et leur capacité à gérer les problèmes comportementaux qu’ils rencontrent »
(Graff, 2011, p7). Ce qui peut expliquer la création de postes d’ergothérapeutes au sein des
équipes spécialisées Alzheimer, puisqu’elles interviennent principalement au domicile.
On constate donc que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont de plus
en plus nombreuses en France et quelles souhaitent rester majoritairement chez elles. On
remarque également que 28% des personnes de 60 ans et plus, tout public confondu, « sont
aidées régulièrement en raison d’un problème de santé ou d’un handicap dans les tâches de
la vie quotidienne, financièrement ou par un soutien moral » (DREES, Août 2011, p2). Cette
aide est fourni dans 48% des cas par l’entourage seulement, dans 20% des cas par les
professionnels et dans 32 % des cas par la famille et les professionnels9 (DRESS10, Août
2011, p3). Les personnes âgées vieillissant avec un problème de santé ou un handicap, telle
que la maladie d’Alzheimer, reçoivent donc une grande partie de l’aide quotidienne par leur
entourage familial. La personne concernée est appelée aidant familial, ou aidant informel.
Les informations exposées au « Train Alzheimer » (Amouyel et al., 2011, Rennes)
m’ont renseigné sur le rôle d’un aidant familial. Il se caractérise par le fait qu’il soit un
membre de la famille ou un ami proche de la personne malade et qu’il apporte un soutien, de
l’aide et des soins sans être rémunéré. De plus, selon la Haute Autorité de Santé (HAS) on
remarque que majoritairement ce sont les conjoints et les enfants qui ont ce rôle (HAS, 2010,
p12). Elle définit également plus précisément ce qu’est un aidant informel, c’est « la
personne non professionnelle qui vient en aide à titre principal pour partie ou totalement, à
une personne dépendante de son entourage, pour les activités de la vie quotidienne. Cette
aide régulière peut être prodiguée de façon permanente ou non et peut prendre plusieurs
formes, notamment : nursing, soins, accompagnement à l’éducation et à la vie sociale,
8 Ibid. P264
9 Ensemble de l’étude présentée en Annexe 1
10 Cf. glossaire
5
démarches administratives, coordination, vigilance permanente, soutien psychologique,
communication, activités domestiques, etc. ».11 On remarque que l’aidant informel peut être
amené à prodiguer de l’aide de diverses manières et en soit il peut être vu comme un
soignant profane. Depuis de nombreuses années on rencontre dans notre société des
soignants profanes qui « pour gérer la santé ou la maladie, […] mobilisent un certain nombre
de connaissances, d’origine et de nature diverses, même s’ils n’en disposent que de façon
fragmentaire »12. Alors que « l’aidant est le plus souvent un conjoint âgé » (Boschat, 2001,
p21), on remarque surtout que « 80% sont des femmes » (Le Reun, 2009, p3). En effet,
depuis très longtemps « la division sexuée du travail familial fait de la femme un véritable
agent de santé primaire à l’intérieur de la famille » (CRESSON, 1995, p43). Le conjoint est
en permanence avec la personne malade et possède un lien affectif très fort avec lui, du fait
qu’ils soient en couple. Le risque d’épuisement est donc d’autant plus important pour lui. La
cohabitation et l’importance du lien affectif étant deux des facteurs de vulnérabilité de
dépression de l’aidant13.
Comme l’énonce le plan Alzheimer dans la mesure 2, les aidants familiaux ne sont
pas formés aux troubles et notamment aux troubles du comportement. C’est pourquoi ce
plan oriente certaines de ces mesures vers l’aidant, soignant profane, à la fois par des
formations mais aussi par l’intervention de professionnel au domicile pour les écouter et
trouver ensemble des solutions à leurs difficultés. Il est d’autant plus important de prendre en
compte le rôle de l’aidant car il intervient environ 60h par semaine auprès de la personne
malade et ce pendant 6 ans et demi en moyenne avant l’entrée en institution (Le Reun,
2009, p3). « L’accompagnement du malade Alzheimer a indéniablement pour l’aidant un
retentissement au niveau social (raréfaction des liens sociaux) mais également en terme de
santé (cas plus fréquents de dépression). » (Boschat, 2001, p21) Ainsi au sein des équipes
spécialisées Alzheimer, l’ergothérapeute va prendre en compte les difficultés rencontrées
dans le quotidien de la personne malade, mais aussi les répercussions des troubles du
comportement. La prise en charge précoce d’une personne âgée Alzheimer par un aidant
familial soutenu par des professionnels, permettrait-elle d’améliorer la situation de vie à
domicile ? Est ce que l’intervention de professionnels à domicile peut retarder l’évolution des
troubles chez la personne porteuse de la maladie d’Alzheimer et de limiter l’épuisement du
conjoint aidant ?
11 HAS. Recommandations de bonne pratique : Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : suivi médical des aidants naturels : Argumentaire.
Février 2010. P12
12 Geneviève Cresson. Le travail domestique de santé. Mai 1995. P87
13 Le Reun. Aide aux aidants familiaux des malades d’Alzheimer. 2009. 7
6
Les questions de ce travail porte sur l’apport de l’ergothérapie dans le cadre des
missions dévolues aux équipes spécialisées Alzheimer auprès du conjoint aidant.
De multiples interventions sont possibles auprès de l’aidant. Il y a l’écoute de l’aidant
dans l’action directe de l’ergothérapeute vis-à-vis de la personne porteuse du syndrome
démentiel (aménagement du cadre de vie, mise en place d’aides humaines et/ou matérielles,
conseils prodigués). Toutes ces interventions ont pour but de maintenir au mieux les
fonctions et la possibilité de retrouver des activités.
Ces interventions multiples sont-elles de nature à soulager l’aidant ? Ont-elles de
l’importance pour le conjoint ?
Hypothèse 1 : au sein d’une équipe spécialisée Alzheimer, les interventions d’un
ergothérapeute peuvent contribuer à soutenir, améliorer la qualité de vie et limiter
l’épuisement de l’aidant.
Hypothèse 2 : le soutien apporté à la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, via les
actions de l’ergothérapie, ont une répercussion positive sur l’aidant.
Hypothèse 3 : en informant le patient et l’aidant, l’ergothérapeute permet une meilleure
compréhension et des réactions adaptées par rapport à la maladie, ce qui limite l’aggravation
des troubles du comportement.
Pour explorer ce questionnement, nous allons tout d’abord rechercher les concepts et
apports théoriques. Puis procéder à des entretiens auprès de 4 ergothérapeutes
intervenants dans des équipes spécialisées, auprès d’une Assistante de Soins en
Gérontologie (ASG) et enfin auprès d’un aidant principal dont le conjoint a été suivi par une
équipe spécialisée Alzheimer.
7
APPORTS THEORIQUES
1 La maladie d’Alzheimer
1.1 Affection neurodégénérative
La maladie d’Alzheimer est une affection neurodégénérative du système nerveux
central, non héréditaire le plus fréquemment, avec seulement 2% de forme familiale 14. Elle a
été découverte en 1906, par le psychiatre et neuropathologiste allemand Alois Alzheimer,
durant l’autopsie d’une femme de 51 ans. Il a repéré des lésions cérébrales qui
caractérisaient
une
maladie
neurologique.
La
patiente
présentait
selon
lui
une
« dégénérescence fibrillaire », caractérisée par un « grand tableau démentiel avec
désorientation et hallucination »15. Cette maladie a fait l’objet ensuite de nombreuses
recherches afin de déterminer plus précisément son origine, sa symptomatologie et les
possibilités de traitement.
Les recherches ont montré que la maladie d’Alzheimer est due à l’apparition de
plaques séniles, de plaques amyloïdes et d’une dégénérescence fibrillaire.
Les plaques amyloïdes : C’est « le premier type de lésion cérébrale retrouvée dans la
maladie d’Alzheimer. Elle correspond au dépôt progressif d’une substance insoluble,
appelée « amyloïde », entre les neurones. […] Les plaques sont des agrégats de dépôts non
éliminés qui provoquent une réaction inflammatoire neurotoxique entraînant la mort des
neurones englués dans cette substance. » (Marsaudon, 2011, p 17).
La dégénérescence fibrillaire : C’est « le second type de lésion cérébrale retrouvée dans la
maladie d’Alzheimer. Il s’agit d’une accumulation dans le neurone de filaments constitués par
une agrégation de protéines microtubulaires appelés ‘‘Tau’’. »16. Dans le cas de cette
maladie c’est le fait que la dégénérescence fibrillaire soit anormalement phosphorylée,
regroupée en hélice et associée aux plaques amyloïdes qui provoquent la destruction des
neurones.
Les plaques séniles : C’est « l’association des deux lésions précédentes : un dépôt
extracellulaire amyloïde de peptide AB, entouré d’une couronne formée d’axones chargés de
protéine Tau »17.
14
15
16
17
Amouyel et al. Le Train Alzheimer. 2011
Patry-Morel. Maladie d’Alzheimer et troubles apparentés : rééducation théorie et pratique. 2006. P20
Ibid. P18
Ibid. P19
8
La survenue de ces plaques touche dans un premier temps la région hippocampique
du cerveau, ensuite le cortex temporal, puis les régions corticales associatives (temporale
supérieure, le pôle frontal et le cortex pariétal). Il y a également l’aire de Broca qui est
atteinte par cette dégénérescence, puis le cortex occipital. Au stade le plus sévère de la
maladie, c’est la quasi-totalité des aires cérébrales qui sont touchées (Marsaudon, 2011).
1.2 Les principaux troubles
Selon le Manuel Diagnostique et Statistique des maladies mentales (DSM-IV), les
critères pour repérer la démence d’Alzheimer sont portés sur les déficits des fonctions
cognitives. Ainsi, dans la maladie d’Alzheimer on peut trouver les troubles suivants :
- altération de la mémoire : « au stade initial, les troubles portent sur les faits
immédiats […] ensuite vient l’oubli des événements récents »18. On observe dans un premier
temps la personne égarer des objets ou ne pas éteindre les lumières puis oublier des
évènements récents de sa vie. Et puis « un des troubles les plus importants est l’incapacité
d’apprendre, c'est-à-dire d’enregistrer une information nouvelle » (Gove, 2010, p35), ce qui
fait que la personne doit sans arrêt noter les informations pour ne pas les oublier. Ce que
l’on note également c’est qu’au départ les troubles mnésiques sont partiels, ne touchent pas
tous les évènements. Mais « plus tard, le trouble mnésique est total et perturbe la vie
quotidienne et la vie sociale » (Duquenoy, 2004, p29). Il y a des répercussions puisque « les
difficultés d’orientation spatiales sont multipliées »19, la personne est désorientée, ne sait
plus pourquoi elle est dans cet endroit et comment rentrer chez elle.
- aphasie : c’est « un trouble du langage qui entraine l’impossibilité de traduire la pensée par
des mots malgré des organes de phonation corrects (manque de mots) » (Duquenoy, 2004,
p30) et qui touche dans un premier temps « les mots les plus rares, abstraits ou récemment
acquis »20.
- apraxie : « c’est un trouble acquis du comportement gestuel volontaire, intentionnel,
empêchant la réalisation sur commande de certains gestes, alors qu’il n’existe ni déficit
moteur ou sensitif, ni incoordination, ni troubles majeurs de la compréhension »21. Elle
touche les gestes bimanuels sans signification (pince pouce/index par exemple) demandés
sur consignes verbales, puis les gestes symboliques et l’utilisation d’objets usuels.
18 Karyne Duquenoy Spychala. Comprendre et accompagner les malades âgés atteints d’Alzheimer. 2004. P29
19 Ibid. P29
20 Ibid. P30
21 Ibid. P32
9
- agnosie : « incapacité à reconnaitre les personnes et les objets » (Gove, 2010, p65).
Souvent associée à d’autres troubles par erreur comme ceux de la mémoire, une baisse de
l’acuité visuelle ou une confusion entre les objets et personnes. On observe aussi
généralement un phénomène d’anosognosie chez les personnes malades où « les troubles
peuvent être ignorés partiellement ou complètement, le malade nie les difficultés qui en
résultent » (Duquenoy, 2004, p30).
- trouble des fonctions exécutives : on peut remarquer des troubles du jugement, de
l’attention, du raisonnement, des difficultés d’abstractions, de calcul et dans la gestion de
situations nouvelles. Tous ces troubles perturbent les activités complexes de la vie
quotidienne comme les activités à doubles tâches ou de réflexion (Duquenoy, 2004, p33).
Cependant, il existe aussi de nombreux troubles du comportement dans la maladie
d’Alzheimer. Il existe plusieurs grilles ou évaluation répertoriant les troubles du
comportement chez une personne démente. Il me semble pertinent de m’attarder sur les
symptômes comportementaux et psychiques de la démence (SCPD) dont voici les
principaux troubles répertoriés, liste non exhaustive.
- agitation / agressivité : cette catégorie regroupe plusieurs troubles possibles et apparait
dans 50 à 60% des cas22. Ainsi l’agitation est perçue comme « une série de comportements
moteurs (attitudes, mouvements) ou verbaux (répétition de questions ou de mots) qui ne
traduisent pas des besoins apparents et qui paraissent inadaptés car ils n’ont pas un but
évident »23. La personne malade ne contrôle plus une situation ou est anxieuse et manifeste
ce changement par de l’agitation voire de l’agressivité. En sachant que cette agressivité est
le plus fréquemment verbale et qu’elle est d’ordre physique lors d’un événement particulier
(nouveauté, moment désagréable, contrariété, conflit, douleur etc.)24.
- apathie / indifférence : « le centre de la motivation serait une des premières zones
atteintes dans le cerveau » ce qui entraine une perte d’initiative importante chez les
personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les activités occupationnelles habituelles
n’intéressent plus le malade, il se repli sur lui-même et ne bouge quasiment plus de son lit ou
de sa chaise dans la journée (Gove, 2010 p66). Ce trouble apparait chez 70% des
personnes atteintes de cette maladie (Derouesné, 2005, p29).
- anxiété / angoisse : trouble qui apparait très tôt dans la maladie d’Alzheimer et qui
« demeure tout au long de la maladie »25. Il résulte soit d’un dysfonctionnement cérébral, soit
d’un problème psychique lié à la prise de conscience des divers troubles et de leurs
retentissements sur le quotidien (Khosravi, 2002, p51 et Duquenoy, 2004, p35). Ces troubles
22 Derouesné. La maladie d’Alzheimer : comportement et humeur. 2005. P29
23 Ibid. P58
24 Ibid. P64
25 Mitra Khosravi. La vie quotidienne du malade d’Alzheimer : guide pratique. 2002. P51
10
se manifestent par de l’agitation « le malade court ou marche toute une journée, parle sans
cesse, touche et manipule quelque chose pendant des heures, éprouve une envie anormale
de manger » (Khosravi, 2002, p53). Il est présent dans 40 à 60% des cas26.
- hallucinations : présente dans 10 à 30% des situations, c’est le fait que la personne
perçoit des objets, personnes ou animaux qui ne font pas partie de la réalité. La personne
est la seule à les percevoir (Derouesné, 2005, p29 et p91).
- idées délirantes : elles apparaissent en moyenne dans 20 à 40% des cas27 et se
caractérisent par une « conviction absolue et inébranlable du malade que ce qu’il pense est
vrai »28. Une démonstration et un rappel à la réalité ne peuvent changer ces idées délirantes.
- sommeil : présent dans 40% des cas, il se caractérise par de « l’hypersomnolence diurne
favorisée par l’apathie et le désintérêt » (Duquenoy, 2004, p44). On observe parfois une
inversion du rythme nycthéméral qui devient difficilement gérable par l’entourage29.
- alimentation : présent chez 30% des personnes (Derouesné, 2005, p29), on peut observer
plusieurs comportements. Certains seront en dénutrition car ils oublient de manger, ne
savent plus comment se faire à manger ou comment porter les aliments à la bouche. Ils sont
déprimés ou n’ont pas l’initiative de manger, ou encore le goût des aliments ne donne pas
envie (ça peut être dû aux traitements ou à des hallucinations gustatives). Mais on observe
parfois le comportement inverse, « ils mangent tout ce qui se trouve à leur portée »
(Khosravi, 2002, p140).
Sans oublier tous les autres troubles du comportement comme la dépression, la
désinhibition, les stéréotypies, les fabulations, l’accumulation d’objets (collectionneurs) ou
leur destruction, l’incontinence, ne pas vouloir rester seul ou au contraire refuser le contact
avec une personne, mais aussi la fatigue. Tous ces troubles sont plus ou moins intriqués
entre eux et peuvent être fluctuants selon les périodes de la journée ou l’environnement de
la personne. Ils sont importants à repérer car entrainent diverses répercussions sur la vie
quotidienne (Derouesné - Khosravi – Duquenoy).
1.3 Poser le diagnostic
On sait depuis sa découverte que seule l’autopsie peut confirmer réellement la
présence de cette affection neurologique. Néanmoins, depuis plusieurs années, différents
moyens sont mis en place afin d’obtenir un diagnostic différentiel. Le plus souvent les
patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont d’abord été voir leur médecin traitant pour une
plainte mnésique de leur part ou de l’entourage. Le médecin généraliste réalise alors
26 Derouesné. La maladie d’Alzheimer : comportement et humeur. 2005. P29
27 Ibid. P29
28 Ibid. P104
29 Ibid. P45
11
quelques bilans neuropsychologiques et évalue rapidement les répercussions sur les
activités de la vie quotidienne. Si la plainte mnésique est suspecte, qu’elle est en lien avec
un trouble du langage ou un trouble gestuel et que l’entourage constate un changement de
comportement, alors la personne est dirigée vers une consultation mémoire. Elle rencontre
une équipe pluri professionnelle (neurologue, gériatre, orthophoniste, ergothérapeute…) qui
lui propose de passer un entretien avec des évaluations neuropsychologiques plus
avancées. Souvent vient ensuite des épreuves de laboratoires afin d’écarter des causes
réversibles de démence. Une neuro-imagerie est réalisée par un IRM, une scintigraphie ou
encore un pet scan, pour étudier le fonctionnement normal et anormal des aires cérébrales
(Marsaudon, 2005).
Tous les résultats sont mis en communs afin de poser un diagnostic le plus juste
possible. On peut s’appuyer également sur les critères du DSM –IV30, qui permet de poser
un diagnostic entre les différentes affections dégénératives. Selon le DSM-IV, la maladie
d’Alzheimer se caractérise par :
« - la présence du noyau démentiel (critère A et B),
- une évolution progressive et continue (critère C),
- la survenue non exclusivement liée à une confusion mentale (critère E),
- l’absence d’explication de la démence par d’autres affections du système nerveux central
(critère D1), par d’autres affections générales démentielles (critère D2), par des affections
liées à l’emploi de substances (critères D3),
- l’absence d’une meilleure explication par un trouble isolé de l’axe I (épisode dépressif
majeur, schizophrénie) » (Bakchine, 2003, p20).
Le tableau complet avec les critères détaillés du DSM-IV concernant la maladie d’Alzheimer
est en annexe 2.
1.4 Les facteurs de risques
Des facteurs de risques ont été repérés au cours d’études sur cette affection
neurologique. Deux sont prouvés statistiquement : l’âge et le sexe. En effet, « on constaterait
une augmentation exponentielle avec l’âge ; de 1,5% à l’âge de 65 ans, elle double tous les
quatre ans pour atteindre 30% à l’âge de 80 ans ».31 De plus les femmes semblent plus
touchées par cette maladie, plusieurs raisons peuvent l’expliquer. D’une part les femmes ont
une espérance de vie supérieure à celle des hommes : 78,2 ans pour les hommes et 84,8
30 Cf. glossaire
31 Patry-Morel. Maladie d’Alzheimer et troubles apparentés : rééducation, théorie et pratique. 2006. P20
12
ans pour les femmes32. « D’autre part, la durée de la maladie semble plus longue
(engendrant moins de décès) chez les femmes que chez les hommes. »33
Dans certains ouvrages on peut voir d’autres facteurs de risques entrer en jeu dans cette
maladie : la faiblesse du réseau social et des activités, le niveau d’éducation, l’absence
d’exercice physique, une consommation importante de tabac, une hypertension artérielle, un
diabète, une dépression, un traumatisme crânien, un accident vasculaire cérébral. (Gove,
2010, p18 et Khosravi, 2002, p8) Cependant, ce ne sont que des hypothèses.
1.5 Les traitements médicamenteux et non médicamenteux
On remarque en tout cas une progression importante du nombre de personnes
touchées par cette affection en France. On compte près de 860 000 personnes atteintes et
selon les statistiques, il est estimé à 1,3 millions le nombre de personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer en 2020 et à 2,1 millions en 2040 (Marsaudon, 2011, p27).
Les recherches s’intensifient pour trouver et évaluer des traitements médicamenteux
et non médicamenteux qui améliorent l’état de la personne malade d’Alzheimer. Il n’existe
actuellement aucun traitement curatif pour cette affection neurologique. Cependant, 2
principaux traitements médicamenteux sont prescrits dans le cas de cette maladie et montre
des effets bénéfiques pour le patient :
- l’anticholinestérasique : c’est un neurotransmetteur qui inhibe l’effet du cholinestérase, ce
dernier étant le destructeur de l’acétylcholine. En permettant à l’acétylcholine de fonctionner
de manière plus efficace et en plus grande quantité, l’anti cholinestérase est reconnue
comme un traitement limitant le déclin cognitif. Il est prescrit dans les formes légère à
modérément sévère de la maladie d’Alzheimer (Balardy et al., 2004, p33).
- la mémantine : c’est un neurotransmetteur qui a une action antagoniste au glutamate. Ce
dernier est en excès et stimule de manière trop intense le système nerveux central. Il est
utilisé dans les « formes sévères de la MA (MMS entre 3 et 14) » et « un bénéfice
thérapeutique à 6 mois est observé sur la cognition, l’impression clinique globale,
l’autonomie et sur le temps de soins passé auprès du patient »34.
Outre ces traitements médicamenteux, une prise en charge pluridisciplinaire, non
médicamenteuse, peut être proposée pour des personnes atteintes de cette maladie. Cette
équipe peut comprendre comme professionnels : gériatre, psychologue, neuropsychologue,
infirmière,
aide-soignante,
assistante
de
soin
en
gérontologie,
kinésithérapeute,
35
ergothérapeute, orthophoniste…etc. Selon l’ANAES , en 2003, voici les grands objectifs de
32
33
34
35
INSEE. Étude sur l’évolution de l’espérance de vie à divers âge. 2011
Marsaudon. La maladie d’Alzheimer : informer – traiter – accompagner. 2011. P34
Balardy et al. Clinique des démences et spécificité de la maladie d’Alzheimer. 2004. P33
Ibid. p34 – Cf. Glossaire.
13
leur prise en charge : stimulation cognitive, psycho-cognitive ; stimulation du comportement ;
stimulation sensorielle ; stimulation de l’activité motrice ; aménagement des lieux de vie ;
surveillance médicale.
Ces objectifs ont pour but : « améliorer les fonctions cognitives […] ; réduire le stress
lié à la maladie […] ; préserver le plus longtemps possible l’autonomie fonctionnelle […] les
liens et échanges sociaux ; maintenir et améliorer la qualité de vie ; retarder le passage en
institution ; aider, soulager et préserver la santé mentale et physique des aidants »36.
Pour cela les professionnels interviennent dans diverses structures hospitalières mais
également au domicile des personnes âgées.
2 Le maintien à domicile possible grâce aux aidants familiaux
2.1 Choix du maintien au domicile
En 2007 on comptait 366 49937 personnes en affection longue durée (ADL 15) et/ou
traitées pour une maladie d’Alzheimer, soit près de la moitié de la population globale touchée
par cette maladie. Ces personnes veulent rester à leur domicile « le plus longtemps
possible » (UNASSAD, 2004, p1). C’est un problème de santé public majeur car notre
politique actuelle est de respecter le choix de ces personnes et de mettre en place les
moyens nécessaires au niveau des soins pour que ce maintien à domicile soit réalisable. En
effet, « que ce soit pour des raisons humanistes (une personne a le droit d’être respectée
jusque dans sa maladie), pour des raisons libérales (une personne doit avoir le libre choix de
son lieu de vie) ou des raisons économiques (une personne à domicile ‘‘coûte’’ globalement
moins qu’une personne hospitalisée), le choix de vivre à domicile pour une personne atteinte
de la maladie d’Alzheimer est entendu aujourd’hui » (UNASSAD, 2004, p2).
C’est pourquoi il existe actuellement différentes aides humaines, matérielles et
financières38 pour favoriser ce maintien à domicile. Alors que des structures comme les
Services de Soins Infirmiers A Domicile (SSIAD), ESA39 ou Équipe Mobile Alzheimer (EMA),
structure de répit etc. se mettent en place ou se développent, on reconnait également la
maladie d’Alzheimer comme affection longue durée. Ce qui permet une prise en charge à
100% des soins40 et davantage de possibilité de maintien au domicile.
36 Ibid. P35
37 Circulaire du 23 mars 2011 relative à la mise en œuvre des mesures médico-sociales du plan Alzheimer. P11.
38 Tableau récapitulatif des différentes aides financières pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en Annexe 3
39 Cf. glossaire
40 HAS. Liste des actes et prestation affection de longue durée. Juin 2010. P2
14
On peut ensuite distinguer les éléments qui vont favoriser le maintien à domicile
jusqu’à un stade évolué. Dans les recommandations concernant la démarche éthique autour
de la maladie d’Alzheimer41 on trouve :
- « La précocité du diagnostic, sa connaissance par la personne malade et par ses proches.
- Un accompagnement, un soutien adéquat du patient et de ses proches tout au long du
parcours de la maladie, avec une évaluation régulière de la pertinence et de la qualité du
maintien à domicile.
- Une bonne cohésion entre les professionnels et les proches.
- Un soutien psychologique des professionnels. »
Ce
groupe
de
travail
composé
de
gériatres,
psychiatres
et
sociologues
principalement, met aussi en évidence les limites du maintien à domicile pour une personne
atteinte de la maladie d’Alzheimer :
- « Les ressources financières sont insuffisantes.
- Les besoins de base et la sécurité de la personne malade ne peuvent plus être assurés
malgré l’implication des acteurs.
- Les ressources psychologiques et/ou physiques des aidants sont dépassées.
- La qualité du maintien à domicile se dégrade (maltraitance, enferment social de la
personne malade et/ou de son aidant, etc.) »42.
On peut donc voir que le maintien à domicile dépend non seulement de la volonté de
la personne malade de rester chez elle, mais également de tout le soutien que peut lui
apporter l’aidant et/ou l’entourage profane d’une manière générale.
2.2 Le conjoint, aidant principal
En ce qui concerne l’aidant principal qui intervient pour une personne malade
d’Alzheimer, il s’agit le plus souvent du (ou de la) conjoint(e) ou d’un enfant adulte. Et dans
80% des cas il s’agit des femmes (Le Reun, 2009, p3). « La prise en charge familiale repose
classiquement sur une seule personne (aidant principal), le plus souvent le conjoint ou la
fille, et ce, même si le réseau d’aidants potentiels est dense. Cet aidant familial principal est
une femme dans les trois quarts des cas. Les hommes assurent plus facilement le rôle
d’aidant secondaire ou de coaidant. » (Pr. Blanchard, p25). Geneviève Cresson (1995, p250)
a recensé différentes tâches sanitaires profanes réalisées le plus souvent par des femmes.
41 Professeur Blanchard et al. Alzheimer : l’éthique en question : recommandations. P43
42 Ibid. P43
15
Parmi ces tâches on peut trouver :
Domaine de l’affectif
Plan familial
Plan
paramédical
Domaine du cognitif
Domaine du pratique
« créer une dynamique
« recherche des
« assurer propreté,
familiale propice à
particularités
hygiène, confort,
l’épanouissement, au
individuelles éducation
sécurité… faire les
bien-être »
familiale à la santé,
démarches
information »
administratives, etc. »
« rassurer les malades
« faire un diagnostic
« donner les soins
(être rassurée),
profane, rechercher les
(traitement) aux
entretenir des relations
informations
malades, ou à titre
satisfaisantes avec les
spécifiques, évaluer le
préventif »
professionnels »
travail des
professionnels »
Plan externe
« (contribuer à) créer
« rechercher les
« agir sur les plans
les relations et
informations non-
professionnel, politique,
l’ambiance propices au
médicales sur les
amical, etc. pour une
bien-être, à la sécurité,
nuisances, les moyens
meilleure santé (une
etc. à l’extérieur de la
de défense… »
meilleure sécurité
famille »
etc.) »
L’étude que décrit Geneviève Cresson démontre que, pour toutes populations
confondues, le soignant profane tient une grande importance dans la réalisation d’activités
de la vie quotidienne. Selon l’étude de Nelly Le Reun, l’aidant principal d’un patient atteint de
la maladie d’Alzheimer passe « 60 heures hebdomadaires » à aider son proche malade et ce
« pendant 6 ans et demi avant l’entrée en hébergement (ou environ 10 ans) » (Le Reun,
2009, p4). Cependant, il ne faut pas oublier les répercussions de cette prise en charge
quotidienne et certains conjoints le perçoivent très bien. Toujours selon l’étude de Nelly Le
Reun, les aidants familiaux font ressortir 2 grands points concernant l’impact de la relation
d’aide sur la santé des aidants :
- le stress chronique : avec à la fois un retentissement social (isolement, difficultés
financières), une souffrance psychologique et morale (« le fardeau », épuisement,
dépression) et un retentissement sur la santé physique.
- la valorisation : estime de soi, optimisme, valorisation dans le rôle de l’aidant, support social
correct et réconfortant.
16
Dans certains cas, on peut observer un impact négatif de cette relation d’aide sur la
santé du malade. Si l’épuisement de l’aidant est très important cela peut provoquer :
« aggravation des troubles comportementaux, maltraitance (physique, psychologique,
médicamenteuse), institutionnalisation en urgence » (Le Reun, 2009, p9).
Il faut donc avant tout prendre en compte les facteurs de risques d’épuisement de
l’aidant. Dans les recommandations éthiques autour de la maladie d’Alzheimer, le groupe de
travail que coordonne le professeur Blanchard a fait une liste complète de ces facteurs de
risques (l’ensemble est présenté en annexe 4) et en voici les principaux :
« - l’âge avancé et l’état de santé précaire de l’aidant ;
- l’isolement […] ;
- l’ambition de vouloir tout faire et tout normaliser, parfois en rivalité avec les soignants ; ou
alors, à trop vouloir masquer ou se cacher la réalité de la maladie, […] ;
- l’incapacité de se projeter dans l’avenir, devant l’aggravation progressive de l’état de santé
de son parent, avec un sentiment d’impuissance et/ou de culpabilité ;
- les traumatismes provoqués […] par la non reconnaissance des proches par la personne
malade ;
- l’ambivalence entre désir de vie et désir de mort ;
- le ressentiment face à des conduites inadaptées du parent malade, […] ;
- un temps important de présence quotidienne consacré à l’aide alors que la prise en charge
dure depuis plusieurs mois, voire des années ;
- le deuil anticipé d’une personne pourtant toujours vivante ;
- les problèmes matériels, notamment un habitat inadapté. »
Le ressenti des aidants est très variable, selon les situations. C’est pourquoi il arrive
que certains refusent la prise en charge et que d’autres soient en demande d’aide. Certaines
associations de familles ont exprimé, lors de la conférence des familles en 200643, leur envie
de reconnaissance de leur fonction, de proposition de solution de répit et de proposition de
nouvelles technologies d’assistance. Pour les aidants dans le refus d’aide professionnel cela
peut s’expliquer « par les représentations ou les présupposés que construisent les individus
à propos de certains services. Les personnes déterminent ainsi des repères et se fixent des
limites à ne pas dépasser sans aide. »44 Ils attendent dans la plupart des cas une
modification brutale des conditions de vie du malade, de l’entourage ou de se retrouver dans
une situation critique, pour en arriver à demander de l’aide. Il faut noter aussi que l’aidant
familial « se sent investi de cette mission et considère cet engagement comme une chose
43 Le Reun. Aide aux aidants familiaux des malades d’Alzheimer. P12.
44 Le Mauff. Autour de l’urgence gérontologique. P64
17
évidente »45. Il est donc parfois difficile de les convaincre qu’ils vont rapidement être épuisés
s’ils ne font pas appel à des aides professionnelles.
C’est pourquoi un plan Alzheimer a été mis en place, afin de fixer des objectifs et des
moyens précis pouvant répondre à la fois à l’augmentation importante du nombre de
personne malade, mais surtout à la demande et aux besoins d’aide des familles. Ainsi grâce
à une intervention pluriprofessionnelle et à la mise en place d’un projet individualisé en
réponse à la demande des personnes, des aides pourront être proposées. Ce plan
Alzheimer
2008-201246
prévoit
ainsi
d’améliorer
les
dispositifs
d’annonce
et
d’accompagnement et d’augmenter l’activité des consultations mémoire en France. Il prévoit
une meilleure prise en charge de la personne porteuse de la maladie d’Alzheimer par la
création ou le renforcement de structure comme les Maisons pour l’autonomie et l’intégration
des malades Alzheimer (MAIA), les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées
Dépendantes (EHPAD), les équipes spécialisées Alzheimer, un centre national de référence
pour les malades Alzheimer jeunes etc.
3 L’ergothérapie en équipe spécialisée Alzheimer
3.1 Organisation de l’ESA
Les équipes spécialisées Alzheimer (ESA) sont apparues en France en 2009. Mises
en place suite au plan Alzheimer 2008-2012 et plus précisément après la mesure 6
(présentée en annexe 5), elles étaient 39 au départ. Après une expérimentation du projet et
un retour des professionnels sur leurs pratiques à domicile, les ESA se sont formalisées et
on devrait en compter 500 d’ici fin 2012. Fort de cette expérimentation, le cahier des charges
de ces équipes a été réétudié par la Direction Générale de la Cohésion Sociale (DGCS) afin
de répondre au mieux à l’objectif fixé : « réduire les symptômes et/ou maintenir ou
développer les capacités résiduelles des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer afin
de permettre le maintien à domicile »47. Le cahier des charges reprend les constats fait par
les professionnels sur le terrain ; donne le mode d’organisation et de fonctionnement des
équipes ; reprend les critères d’inclusions des patients ; informe du lieu de réalisation, de la
durée et de l’intensité des séances ; et expliquent les actions possibles par l’équipe.
Intervenant au sein des SSIAD48 ou de Services Polyvalents d’Aides et de Soins à
Domicile (SPASAD), ces équipes sont composées d’un infirmier coordinateur, d’un
ergothérapeute et/ou psychomotricien et d’ASG49. Ainsi, l’infirmier et les ASG peuvent
45 Ibid. P64
46 Missions de pilotage du Plan Alzheimer 2008-2012.
47 Ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Annexe 1 : Cahier des charges des ESA. 2011. P1
48 Cf. glossaire
49 Cf. glossaire
18
intervenir à la fois sur l’ESA mais aussi sur le SSIAD ou le SPASAD. Ils ont chacun des rôles
bien définis :
« - infirmier coordinateur (IDEC) en charge des partenariats, de l’évaluation de base et de la
coordination des interventions et du suivi de celles-ci (0,25 ETP50) ;
- ergothérapeute et/ou psychomotricien en charge de la réalisation de l’évaluation des
capacités du malade, des séances de soins de réhabilitation et d’accompagnement et du
bilan adressé au médecin traitant (1 ETP) ;
- assistants de soins en gérontologie (ASG) qui réalisent pour partie les soins de
réhabilitation et d’accompagnement sur la base de l’évaluation et des objectifs assignés par
l’ergothérapeute et/ou le psychomotricien (1,5 ETP). »51
Pour permettre à cette équipe d’intervenir au domicile plusieurs règles ont été mises
en place. Comme le décrit Christine Boschat, l’appellation d’équipe spécialisée Alzheimer est
réductrice par rapport aux maladies apparentées existantes. Il est donc possible de modifier
le nom de l’équipe, on peut ainsi entendre le nom d’Équipe Spécialisée dans les Pathologies
de la Mémoire (ESPM) dans certains territoires. De plus, l’équipe ne peut intervenir « qu’à
partir du moment où le médecin traitant et/ou le médecin spécialiste le demande(nt) »
(Boschat, 2011, p18). Le médecin ayant connaissance du dossier médical, le diagnostic est
posé ou en cours de recherche et la personne est avertie. « En aucun cas notre intervention
ne doit perturber le malade en lui proposant des soins dont il croit ne pas avoir besoin. »52 Il
faut une prescription médicale demandant un bilan ergothérapique, puis une autre
prescription avec l’appellation « 12 à 15 séances de réhabilitation pour maladie d’Alzheimer
ou maladie apparentée »53. Le nombre de séance de réhabilitation a été fixé suite à l’étude
de Maud Graff (2011, p12). Elle explique que « 10 sessions d’ergothérapie en milieu
ordinaire de vie, administré pendant 5 semaines, avaient amélioré le fonctionnement en vie
quotidienne des patients atteints de démence, et diminué la charge en soin supportée par
leurs aidants principaux ». Enfin, le patient doit être en accord avec le projet et les
interventions de l’équipe. C’est pourquoi un contrat de soins est réalisé dans chaque équipe,
remis au patient et signé en sa présence. Ce contrat « stipule les droits et obligations des
deux parties (patient/équipe spécialisée), la nature des soins, le nombre et les jours des
séances »54.
50 ETP = équivalent temps plein
51 Ibid. P3
52 Boschat. L’expérimentation d’une ESA. P18
53 Ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Annexe 1 : Cahier des charges des ESA. 2011. P5
54 Ibid. P18
19
Les critères d’inclusion indiqués dans le cahier des charges expliquent qu’une équipe
spécialisée Alzheimer « s’adresse prioritairement aux personnes atteintes de la maladie
d’Alzheimer ou apparentés diagnostiquées à un stade léger ou modéré de la maladie […] ;
pouvant faire l’objet d’une intervention de réhabilitation (conservant une mobilité, une
capacité d’attention, une capacité de compréhension… »55.
Une formation a été mise en place pour que les aides soignants ou les aides médicopsychologiques (AMP) qui le souhaitent, puissent devenir assistants de soins en
gérontologie. Il est de la décision des SSIAD56 et SPASAD de recruter des ASG57 qui sont
également aides-soignants ou AMP dans un autre service de soin, ou de les embaucher à
temps plein sur l’ESA. Les ergothérapeutes sont également formés à ces nouvelles
pratiques, que ce soit en école ou dans le cadre de formation continue.
Toujours selon le cahier des charges des ESA, il est décrit que ces structures
« couvrent un territoire plus large que les SSIAD classique ». Les professionnels
interviennent à la fois auprès de personnes ne relevant pas de prise en charge en SSIAD,
mais aussi auprès de personnes prise en charge par le SSIAD rattaché à l’ESA, ou par un
autre SSIAD s’il y a besoin.
3.2 Déroulement de l’intervention
L’équipe spécialisée Alzheimer propose des soins de réhabilitation. Mais avant de
proposer ces soins l’ergothérapeute réalise un bilan au domicile de la personne malade.
Christine Boschat (2011, p19) explique que « le déroulement de l’évaluation doit […] se faire
au gré de la qualité des échanges et ne respecte pas forcément l’ordre préétabli des
bilans ». Elle ajoute que lors du bilan, elle recherche les troubles liées à la maladie
d’Alzheimer et leurs répercussions sur la vie quotidienne. Ces bilans s’orientent autour de
trois axes, « les facteurs personnels, l’environnement humain ainsi que l’environnement
matériel ». C’est également ce que le centre de la mémoire de Liège décrit en réhabilitation
cognitive lors de la passation bilan. Ils expliquent que ce bilan sert à fixer les objectifs
d’intervention. « En réhabilitation cognitive dans le cadre de démence, le niveau fonctionnel
du sujet, ses habitudes de vie, son environnement, mais aussi la disponibilité des proches
sont autant de facteurs qui déterminent si les objectifs à poursuivre sont réalistes ou non. »58
Tout au long des séances, l’équipe réalise des actions auprès du malade, de l’aidant
et de l’environnement du malade. L’ergothérapeute, qui a un rôle d’évaluateur de la situation
55 Ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Annexe 1 : Cahier des charges des ESA. 2011. P5
56 Cf. glossaire
57 Cf. glossaire
58 Wojtasik. Réadaptation cognitive d’activités de vie quotidienne dans la maladie d’Alzheimer. 2003. P5
20
au domicile, propose donc un plan d’intervention contenant un ou deux objectifs parmi les 7
domaines suivants (HAS, 2010)59 :
- « réadaptation cognitive dans les activités de la vie quotidienne […] ;
- préconisation et entrainement à l’utilisation d’aides techniques […] ;
- réadaptation de la mobilité et des transferts […] ;
- prévention et traitement des risques de chute […] ;
- positionnement des troubles posturaux assis et en décubitus […] ;
- développement des performances de l’entourage dans la prise en charge et
l’accompagnement du patient […] ;
- aménagement de l’environnement ».
L’ensemble des actes d’ergothérapie (objectifs et outils d’évaluation) sont présentés en
annexe 6.
Afin de réaliser ce plan d’intervention, l’ergothérapeute va intervenir au domicile des
personnes pour leur proposer des activités répondant aux objectifs fixés. Selon les objectifs,
il va déléguer certaines activités aux ASG 60, qui sont formés aux pathologies démentielles. A
noter une petite distinction dans le rôle des ASG : « il ne s’agit pas d’une délégation de
compétences au sens juridique mais d’une supervision de la mise en œuvre de l’intervention
sous leur responsabilité »61. Une étroite collaboration existe entre l’ergothérapeute et les
ASG pour permettre le bon fonctionnement de l’équipe.
Les moyens mis en place par l’ergothérapeute et les ASG ont toujours pour principes
ceux de la réhabilitation cognitive. Il s’agit de « comprendre la nature des erreurs du patient
en fonctionnement […] pour pouvoir apporter les adaptations nécessaires au maintien de
l’activité » (Wojtasik, 2003, p7). Ainsi l’équipe de Liège explique qu’il faut donner des
conseils et astuces aux aidants pour faciliter la réhabilitation cognitive au quotidien. Parmi
les principes on trouve également les diverses stratégies que l’on peut utiliser : « facilitation
des performances, apprentissage de nouvelles connaissances et/ou automatismes,
aménagement de l’environnement (Van der Linden, 1995) »62. C’est ce que l’on retrouve
dans le cahier des charges avec la liste d’activités réalisables au domicile des patients :
- « conseiller, éduquer, prévenir la personne malade et son entourage ;
- solliciter et renforcer les compétences préservées et résiduelles et les savoir-faire ;
- proposer et automatiser des stratégies d’adaptation ;
- renforcer l’estime de soi, la communication verbale et non verbale »63.
59 HAS. Actes d’ergothérapie et de psychomotricité. Janvier 2010
60 Cf. glossaire
61 Ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Annexe 1 : Cahier des charges des ESA. 2011. P3
62 Ibid. P7
63 Ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Annexe 1 : Cahier des charges des ESA. 2011. P7
21
En sachant que les objectifs fixés et les moyens mis en place à domicile par l’équipe
spécialisée ne perdurent pas dans le temps car la prescription est limitée à 3 mois maximum
d’intervention, mais elle est « renouvelable tous les ans »64.
Les équipes spécialisées Alzheimer respectent un certain nombre de règles instaurés
dans le cahier des charges. Elle propose en théorie une intervention adaptée à chaque
situation avec une équipe pouvant répondre à différents objectifs fixés en fonction de la
situation. L’ergothérapeute a un rôle important puisqu’il évalue la situation au domicile, fixe
les objectifs, réalise quelques séances et délègue des soins de réhabilitation aux ASG.
Selon le cahier des charges, l’aidant doit être inclut dans le projet de soin et l’équipe
spécialisée se doit de transmettre des conseils et préconisations pour améliorer la qualité de
vie du patient et de l’aidant.
On constate que la maladie d’Alzheimer est une affection neurodégénérative
complexe qui touche de plus en plus de personnes en France. De nombreuses recherches
sont réalisées pour proposer des traitements médicamenteux et non médicamenteux
adaptés à cette maladie mais aussi sur les répercussions dans la vie quotidienne. Parmi ces
solutions on retient la création du Plan Alzheimer 2008-2012 et notamment la mise en place
des équipes spécialisées Alzheimer composées entre autre d’un ergothérapeute. Ces
équipes interviennent à domicile et proposent des séances de réhabilitation afin de permettre
le maintien au domicile, si c’est le désir du patient et de son entourage. Leur intervention
permet d’accompagner à la fois la personne malade en fonction des difficultés qu’elle peut
rencontrer dans son quotidien. Mais elle permet également de soutenir l’aidant principal et
l’entourage familial en général, dans la compréhension et la manière de réagir face aux
troubles cognitifs et aux troubles du comportement.
De part son intervention, l’ergothérapeute contribue à soutenir, améliorer la qualité de
vie et limiter l’épuisement de l’aidant. Il informe, conseille le patient et son entourage afin de
limiter les troubles du comportement et leurs répercussions dans les activités de la vie
quotidienne. L’action directe de l’ergothérapeute sur la personne atteinte de la maladie
d’Alzheimer est bénéfique à la fois pour le malade et pour son entourage.
Après avoir exploré les troubles de la maladie d’Alzheimer et les répercussions sur
l’entourage familial, cet écrit va présenter de quelle manière les ergothérapeutes
interviennent concrètement auprès du conjoint aidant au sein d’une équipe spécialisée
Alzheimer.
64 Ibid. P6
22
RECUEIL DE DONNEES
1 Méthodologie
Le recueil de données à pour but de répondre à ma problématique et de comprendre
comment les ergothérapeutes interviennent au domicile d’un couple dont un des conjoints
est atteint de la maladie d’Alzheimer.
1.1 L’entretien
J’ai choisi d’utiliser l’entretien pour mon recueil de données. La réalisation d’une
grille d’entretien m’a permis d’interroger les personnes avec des questions semi-directives.
Les informations ainsi recueillies sont riches qualitativement et me permettent d’avoir l’avis
des personnes interrogées. Grâce à cette grille d’entretien l’échange était plus facile et le
recueil de données plus riche. Tous les entretiens réalisés ont été enregistrés avec un
dictaphone puis retranscrit. La durée moyenne d’un entretien est de 30min.
1.2 La population interrogée
Parmi les 6 entretiens réalisés, 4 étaient destinés à des ergothérapeutes travaillant
en équipe spécialisée Alzheimer afin de connaitre leur pratique professionnelle. Pour
compléter ces entretiens, une assistante de soins en gérontologie a bien voulu me confier
son avis de professionnel sur le terrain. Enfin un entretien auprès d’un aidant m’a permis de
connaitre son ressenti par rapport à l’intervention de l’équipe. Une présentation succincte de
ces personnes permettra de mieux comprendre les réponses obtenues. Afin de préserver
l’anonymat des personnes interrogées, leurs prénoms ont été modifiés.
Mme Laure D.
Mme Marine B.
Mme Charlotte
Mme Emilie M.
G.
Mme Marie-
M. Michel Y
Françoise X.
Ergothérapeute
Ergothérapeute
Ergothérapeute
Ergothérapeute
ASG en ESA
Aidant
en ESA
en ESA
en ESA
en ESA
Depuis 1 an
Depuis 2 ans et Depuis 2 mois
Depuis 2 ans et Depuis 2 ans Intervention
demi
demi
principal
et demi
terminée
1.3 La procédure d’analyse
Les entretiens étant très riches et afin de conserver au mieux l’aspect qualitatif des
données, il était pertinent de réaliser une analyse thématique. Après avoir cherché les
thèmes récurrents, la réalisation d’un tableau de pré-analyse m’a permis de faciliter l’analyse
en répertoriant les réponses par thèmes. L’analyse sera riche en illustration afin de
retranscrire au mieux les informations recueillies. En annexe 7 et 8 sont retranscrits les
entretiens de Marine et Michel.
23
2 L’analyse des entretiens
2.1 Des contextes de recours et des situations initiales différentes
2.1.1 Les différentes modalités de recours à l’ESA
Dans toutes les situations présentées l’équipe intervient au domicile des personnes
suite à une demande des partenaires professionnels et parfois des familles elles-mêmes.
L’intervention est progressive et commence par un premier temps de rencontre.
Pour Laure, les situations sont transmises par des partenaires comme le médecin, le
CLIC (centre local d’information et de coordination) ou l’hôpital. Ensuite, « on appelle la
famille, ou bien si jamais c’est eux qui on notre numéro, la famille nous joint, et il y a une
première explication téléphonique ». Puis une visite est organisée chez les personnes. « Et
cette visite là elle ne compte pas dans les séances, mais c’est vraiment une visite où
j’explique et les gens peuvent me dire oui ou non ils acceptent qu’on intervienne finalement
ou pas. » Dans l’équipe de Charlotte les situations sont souvent transmises par « les
spécialistes du domicile, par les services de soins, les SSIAD65 ou les aides à domicile ».
Mais il y aussi les médecins traitants et les familles qui demandent directement une
intervention de l’équipe. Dans tous les cas la famille et le médecin sont tenus au courant.
« Nous on appelle la famille en proposant une intervention et après, en parallèle on appelle
le médecin en lui disant que il y a des nouvelles équipes et que s’il veut bien, si on a son
accord pour intervenir. » Ensuite Charlotte rencontre la famille et cette « première évaluation
c’est plus une prise de connaissance de la situation ». Pour Emilie, les situations sont
rapportées par le médecin ou un « tiers professionnel ». Un appel téléphonique est passé à
la famille et un rendez-vous à domicile est fixé. Ce rendez-vous est « éventuellement en
binôme avec l’infirmière du SSIAD66, si c’est prévu qu’il y ait une prise en charge SSIAD en
même temps ou qui fera suite à l’intervention de l’équipe mémoire ». Ce temps de rencontre
fait rapidement place à un temps d’évaluation au domicile.
L’équipe de Marine procède d’une autre manière. La demande arrive directement par
les personnes. En effet, « même si l’information a été donnée par un médecin, par le CLIC
ou par un service d’aide qui intervient chez eux, on demande quand même que ce soit la
personne qui nous contacte ». Ensuite c’est la coordinatrice (psychomotricienne de
formation) qui, par une première visite, « fait une analyse un petit peu de la situation, qui
recueille déjà quelques informations sur les capacités de la personne, ce qu’elle fait au
quotidien, un petit peu l’histoire de vie, ou l’entourage familial ». Puis la coordinatrice
détermine si la situation requiert plutôt une intervention de l’ergothérapeute ou de la
65 Cf. glossaire
66 Cf. glossaire
24
psychomotricienne. Lorsque Marine est sollicitée elle se rend au domicile des personnes
pour effectuer un « entretien ». Durant cette visite elle établit un « recueil des habitudes de
vie, des difficultés du quotidien ». « Je laisse la personne me dire ce qu’elle a envie de me
dire. » Marine présente ensuite son intervention, son rôle dans l’équipe et ce qu’elle peut leur
apporter. Si la personne « est tout à fait, on va dire, d’accord pour notre intervention […] je
peux commencer par faire les bilans dès la première rencontre » sinon elle va plutôt rester
dans l’échange pour recueillir des informations.
2.1.2 L’existence préalable de l’intervention de professionnel à
domicile
L’équipe de Charlotte, qui n’existe que depuis 2 mois, intervient chez les personnes
pour la 3ème ou 4ème fois. Pour l’instant Charlotte n’a « jamais eu de refus de l’aidant, c’est
plutôt des fois des refus de la personne […] où la personne est complètement opposante ».
Ce constat est à mettre en lien avec le fait que l’équipe de Charlotte intervient surtout chez
« des gens qui ont déjà des services qui interviennent à domicile, donc qui ont l’habitude
d’avoir des gens qui viennent » chez eux. Dès la première rencontre, Charlotte explique
« vraiment à quoi sert l’équipe spécialisée, le rôle de chacun » pour faciliter l’adhésion de la
famille. Pour les personnes qui n’ont pas de services d’aides à domicile c’est parfois plus
difficile d’intervenir. Par exemple, « la personne qui elle n’était pas trop pour l’intervention,
mais qui n’était pas non plus contre, donc bon c’était de la négociation. » Mais de manière
général, Charlotte et son équipe arrive assez facilement à réintervenir chez les personnes.
Pour répondre à la demande d’un professionnel ou d’une famille, les 4 équipes
commencent par un contact téléphonique puis se rendent au domicile pour évaluer la
situation et avoir l’accord des personnes pour réintervenir. Même si cette première visite se
passe bien généralement, les ESA ont parfois plus de difficultés pour réintervenir.
2.2 Ce qui facilite l’adhésion
2.2.1 Évoquer l’évolution et l’épuisement
Laure nous explique que dans certains cas les personnes refusent les autres
interventions, mais elle précise que pour certains ils ne sont « pas en refus de notre partage,
ils seraient contents d’avoir quelqu’un qui vient papoter, mais ce n’est pas notre but ». Dans
les situations plus complexes voire de refus Laure tente de convaincre les personnes en
venant leur « rendre une petite visite […] ce sera une heure par semaine, ce n’est pas
beaucoup ». Elle discute avec eux de leur projet de vie, « dire que si on fait ça c’est aussi en
pensant au futur ». Pour convaincre également l’aidant elle l’inclut dans le projet de soins,
comme ça elle « se permettra de lui donner des conseils […] qu’évidemment on le forcera
pas, mais qu’on va les lui donner et qu’après ce sera à lui d’y réfléchir […] on l’inclut
25
vraiment […] ». Et elle le sensibilise à la notion d’épuisement, « on joue toujours avec la
question de l’âge […] il faut aussi penser à vous et nous on pense à vous parce qu’on sait
avec expérience que si vous continuer comme ça […] vous allez être complètement
épuisé. » Et si malgré cela les personnes sont toujours en refus alors elle n’insiste pas. « Si
on sent qu’ils sont vraiment dans le déni, malgré tout on ne pourra pas, on se rend compte
qu’on ne peut rien faire. »
2.2.2 L’observation des activités privilégiées pour pallier le refus
du bilan
En ce qui concerne Marine, elle oriente dès la première rencontre sa manière
d’aborder les personnes. S’ils sont d’accord avec l’intervention elle propose directement un
bilan ergothérapique. Quand la situation est plus difficile, elle est plus « dans la discussion,
voilà essayer de connaitre la personne (patient), voir comment elle réagit ». Et quand le
patient n’accepte pas les bilans elle oriente ses recherches sur les activités que la personne
aime faire, « et en fonction de cette activité j’essaye d’évaluer par des observations où est-ce
qu’elle en est dans ses capacités. » Marine arrive assez facilement à retourner chez les
personnes car dès le début ils demandent « généralement que ce soit l’entourage, ou si la
personne le peut la personne elle-même, qui nous contactent […] c’est déjà une première
entrée, acceptation de notre intervention ». Elle explique que parfois les personnes ne
comprennent pas trop ce que l’équipe peut leur apporter et que dans ces cas là c’est
souvent que « l’adhésion du patient est plus délicate ». Dans les rares cas ou l’équipe n’a pu
réintervenir, malgré plusieurs tentatives pour les convaincre, c’est en général que le couple
« refuse toute les aides […] ils sont dans le déni […] ou voilà ils viennent d’apprendre le
diagnostic, voilà, c’est non pour tout parce que c’est dur à encaisser ».
2.2.3 Favoriser la relation de confiance
La relation de confiance est un des points fondamentaux des interventions d’Emilie.
« Il y a besoin d’un temps de confiance avec le malade mais il y a aussi besoin d’un temps
de confiance avec l’aidant ». Il permet à la famille de ne pas voir l’équipe comme un
« élément intrusif » du fait qu’elle intervienne directement au domicile. Afin de permettre
cette relation Emilie explique que dès les premières rencontres les aidants « repèrent que
l’on a un temps d’échange avec madame, et aussi on a un temps d’échange (avec l’aidant)
on écoute ce qui ne va pas dans le quotidien ». C’est la discussion et l’écoute qui sont mises
en avant pour créer la relation de confiance entre l’ergothérapeute et l’aidant. Elle laisse les
personnes parler librement et elle remarque que, par rapport au discours que les personnes
peuvent avoir avec leur famille, il y a « un rapport affectif qui fait que ça peut biaiser le
discours, alors que nous on a aucun rapport affectif ». L’ergothérapeute, en tant que
26
professionnel, a une vision objective de la situation ce qui peut faciliter l’acceptation de son
intervention. La relation de confiance est établie et après « d’une séance à l’autre ils nous
rapportent souvent des éléments qui se sont passés la semaine précédente, […] soit en
terme de déficit, soit au contraire en terme d’amélioration ». Emilie montre dès les premières
séances ce que fait l’équipe et ce qu’elle peut apporter aux personnes. Il est arrivé que la
famille refuse sa présence au domicile, malgré les temps d’écoute et d’échange. « Notre
présence peut être perçue comme un changement dans l’environnement qui peut générer
une modification du comportement ou en tout cas l’aidant peut être dans la crainte que ça va
générer des troubles du comportement. » Dans ces cas là elle ne réintervient pas.
2.3
Le déroulement des interventions
2.3.1 Le cahier des charges
La fréquence d’intervention : chaque ESA suit le cahier des charges qui prévoit 15
séances de réhabilitation par an et dont l’organisation est laissée à l’appréciation des
équipes. Marine, Charlotte et Emilie réalisent ces 15 séances en continue et restent ensuite
disponible pour des contacts téléphoniques. A l’inverse, Laure organise ses séances pour
intervenir 2 ou 3 fois par an selon les situations. « Très souvent j’essaie d’en faire 12 en me
disant pour après, […] si on m’appelle dans 3-4mois je pourrais dire ok je peux me déplacer
il restait des séances ».
Analyser la situation : l’ergothérapeute est principalement missionné pour se rendre au
domicile des patients et observer comment se déroule leur quotidien. Le temps d’évaluation
de la situation est conséquent car le plan de traitement ergothérapique doit proposer des
solutions adaptées qui répondent aux difficultés rencontrées et cela en 15 séances.
- Réaliser l’évaluation : Après le premier contact téléphonique, les ergothérapeutes se
rendent au domicile et commencent leur évaluation. Pour Laure il s’agit souvent d’une seule
séance. « Je me rends compte que une est souvent suffisante, à part vraiment pour des
personnes qui seraient près à faire, à accepter d’avoir des bilans ». Dès la première séance
d’évaluation, Laure pose un objectif de réhabilitation. L’ergothérapeute doit analyser
rapidement la situation pour distinguer les principales difficultés et proposer des solutions
adaptées. Ensuite c’est au cours des séances et avec les transmissions faites par l’ASG 67
que Laure précise son plan de traitement en fixant un ou deux autres objectifs.
Marine réalise son bilan sur « trois ou quatre séances ». C’est généralement sous la forme
d’un entretien, pour la première séance, qu’elle recueille « les habitudes de vie, les difficultés
au quotidien ». Elle réalise aussi des « bilans de capacités de la personne » par des mises
en situation écologique au domicile du patient. L’ergothérapeute évalue les troubles
67 Cf. glossaire
27
praxiques et gnosiques du patient. Marine observe comment réagit la personne durant les
mises en situations et écoute attentivement les difficultés qu’elle peut retransmettre. En
discutant avec le patient on prend aussi en compte les troubles du langage et les troubles du
comportement.
Charlotte explique que la première évaluation consiste en « une prise de connaissance de la
situation » et que la deuxième se déroule « plus auprès de la personne, pour voir un peu ses
capacités restantes, ses incapacités ». Une fois que la relation de confiance est instaurée, il
est plus facile pour l’ergothérapeute de proposer des activités de la vie quotidienne afin
d’évaluer les capacités de la personne. La deuxième séance sert davantage à proposer les
objectifs à la famille et obtenir leur accord pour les séances suivantes.
Emilie réalise également son évaluation sur deux séances. Avant la première séance, Emilie
s’informe sur le patient auprès des partenaires et notamment les infirmières du SSIAD68.
Ainsi, elle a déjà connaissance de la situation. L’ergothérapeute doit avoir la vision la plus
globale de la personne et de son environnement. Il est important de rechercher le maximum
d’informations, à la fois lors de l’évaluation à domicile, mais aussi auprès des autres
professionnels connaissant la personne malade. L’évaluation de l’ergothérapeute sera
d’autant plus riche et le plan de traitement d’autant plus précis et adapté à la demande.
- Poser des objectifs : Suite au bilan un ou plusieurs objectifs sont fixés puis retranscrits
dans le compte rendu d’évaluation. Dès la première séance, Laure propose un objectif qui
peut être « vous aider à reprendre cette activité ». Pour chaque intervention elle réalise une
sorte de contrat avec la famille, « on signe ça au bout d’une séance d’évaluation pour qu’ils
comprennent qu’on est là pour faire des objectifs ». Marine réalise son compte-rendu de
bilan où elle « propose un projet de soin avec deux à trois objectifs ». Charlotte essaie de
respecter le cahier des charges où normalement « on doit mettre un ou deux objectifs » mais
« généralement, dans mes comptes rendu d’évaluation je mets toujours trois objectifs » pour
pouvoir répondre au mieux à la situation. Emilie parle davantage de « proposition de
séance » à la famille. Elle explique aussi qu’elle envoi « le compte rendu au médecin
prescripteur » puis recontacte la famille et fixe les dates précises des séances.
Parmi les principaux objectifs des ergothérapeutes on retrouve l’introduction d’activités
signifiantes pour le patient. L’ergothérapeute doit proposer des activités adaptées en fonction
des observations et informations recueillies lors de l’évaluation pour que la personne adhère
à la proposition. Pour l’aidant il faut « l’accompagner dans la compréhension de la maladie »
(Emilie) et le conseiller pour limiter les troubles du comportement au quotidien. Grâce à
l’évaluation de l’ergothérapeute, les troubles du patient sont repérés et il est donc plus facile
68 Cf. glossaire
28
de proposer des conseils adaptés à la situation. Enfin, l’ergothérapeute propose diverses
préconisations autour des adaptations environnementales et des solutions de répit possible.
Les ergothérapeutes font beaucoup « d’informations sur les structures de répit » (Marine),
mais aussi de « l’aide aux inscriptions, l’aide aux formalités administratives » (Laure). En
fonction des situations, l’ergothérapeute doit proposer la solution la plus adaptée, juger de la
pertinence de ces propositions et réajuster si besoin son plan d’intervention.
Réaliser des transmissions : ensuite les séances s’enchainent avec l’ergothérapeute ou
l’ASG69. Entre les séances, il y a des transmissions régulières lors de réunions
interprofessionnelles pour discuter de chaque situation. L’ergothérapeute reprend les
comptes rendu de séance des ASG, donne son avis et des conseils sur la situation pour
réajuster le projet de soin du patient. Marie-Françoise explique qu’il y a « des réunions
normalement assez régulières ici où on reprend les cas un par un pour discuter un petit peu
où on en est ».
Mise en place d’un relais : les équipes proposent régulièrement la mise en place d’un relais
avec des services d’aides à domicile ou des structures d’hébergement. A la fin des séances,
l’équipe organise un bilan de fin d’intervention pour reprendre tout ce qui a été réalisé chez
les personnes. Pour Laure il s’agit d’une « visite de bilan avec l’aidant principal […] l’usager
[…], on reprend que il y a eu une évaluation, on a pu remarquer telles difficultés, voilà les
objectifs qu’on s’est fixé […] et puis on explique un petit peu nous qu’est-ce qu’on a pu voir
qui a avancé ». En reprenant les objectifs, Laure intègre aussi la notion de relais qui doit se
mettre en place suite aux interventions de l’ESA. « Et puis surtout notre objectifs vu que c’est
12 à 15 séances c’est de faire un relais après ». L’équipe de Charlotte étant récente elle n’a
pas encore réalisé d’évaluation de fin d’intervention, mais elle nous précise tout de même
qu’elle devrait se dérouler avec « normalement les mêmes personnes que pendant
l’évaluation ». L’équipe d’Emilie réalise ce bilan « avec la personne malade, avec les aidants,
avec les ASG70 » pour reprendre les objectifs et voir « ce qui a marché, moins bien marché,
vers où on va ».
Les modalités de fin d’intervention : Une fois cette visite de fin d’intervention réalisée,
l’ergothérapeute rédige un compte rendu de fin de séance de réhabilitation. Laure nous
explique qu’elle « fait valider aussi par l’ASG » le compte rendu puis qu’elle « l’envoie au
médecin traitant et à la famille, aux soignants ». Emilie envoi elle aussi son compte rendu
aux différents professionnels, « médecin traitant, médecin spécialiste, médecin territorial s’il
y a une demande d’APA (Allocation Personnalisée d’Autonomie) en cours, éventuellement
aux collaborateurs paramédicaux », en fonction des situations.
69 Cf. glossaire
70 Cf. glossaire
29
2.3.2 Modalités d’organisation des séances et délégation aux ASG
Après avoir réalisé son évaluation et avoir posé les objectifs de réhabilitation,
l’ergothérapeute délègue à l’ASG certaines séances. Pour cela elle réalise une feuille de
route avec les grands objectifs et les moyens à mettre en œuvre avec le patient. Ensuite,
comme nous le dit Laure « les séances se sera moi ou l’ASG, en priorité l’ASG puisque
comme on a déterminé les objectifs c’est elle qui va mener les séances ». C’est
l’ergothérapeute qui détermine le moment où l’ASG intervient chez les personnes et qui
annonce la venue de ce nouveau professionnel au patient et à la famille. Charlotte explique
à la famille lors de la deuxième évaluation que « se sera l’assistant de soin en gérontologie
qui va faire les séances ».
Les ergothérapeutes interrogées organisent et participent à un temps de rencontre
commun avec l’ASG71 et le patient. Laure nous explique que « la visite après l’évaluation je
m’y rends avec l’ASG » où elle « la présente à la famille ». Charlotte revient aussi après
l’évaluation pour « présenter l’ASG à la personne et à la famille ». Emilie « prend aussi le
temps de faire […] un temps de rencontre en binôme, un temps de présentation de l’ASG
auprès de la personne qui va bénéficier des soins ». Marie-Françoise nous raconte comment
se déroule cette visite, « soit on fait la première visite de rencontre et on fait juste la visite,
[…] soit elle nous intègre dès la première séance, […] elle va partir et je vais rester avec la
personne ».
Ensuite dans le déroulement des séances il y a un partage des rôles et objectifs
suivis par l’ergothérapeute ou l’ASG. L’ergothérapeute fixe les activités ayant le plus de
signification pour le patient, en fonction des observations du bilan. L’ASG met en œuvre ces
activités afin de répondre aux objectifs fixés par l’ergothérapeute. Comme le dit MarieFrançoise, elle a « 10/12 séances après à faire auprès des personnes donc en fonction de
ce que l’ergo nous a demandé comme objectifs et bien on doit les appliquer, on essaye de
mettre en œuvre ce qu’elle nous demande ». Elle ajoute au fil de l’entretien que les séances
commencent souvent par la mise en place de « repère temporel » et qu’après c’est très
variable selon les situations. Ensuite l’ergothérapeute et l’ASG peuvent orienter les séances
autour de « la relation de confiance […] de temps d’écoute […] de leur faire parler de leur
histoire de vie […] de resituer un peu qui est qui » dans l’entourage. Et pour cela elle utilise
« quand même pas mal les jeux » car c’est « un bon moyen pour discuter ». Mais elles
peuvent peut aussi faire des activités extérieures comme aller à « la piscine » ou à « la
bibliothèque », le but étant de répondre aux objectifs ergothérapiques en respectant « les
habitudes de vie » de la personne. Durant l’évaluation, l’ergothérapeute donne divers
conseils au patient et son entourage. Charlotte explique que les ASG reçoivent également
71 Cf. glossaire
30
ces conseils afin qu’elles puissent « rappeler les conseils qu’on donne ». Emilie missionne
les ASG quand « on est sur la proposition d’un service d’aide à domicile » ou l’équipe « peut
introduire par le biais des ASG » progressivement cette aide, en gardant à l’esprit « qu’on va
relayer avec un autre service au terme de nos interventions ». Enfin Marie-Françoise
explique qu’en étant observatrice durant les séances et en « faisant connaissance, de fil en
aiguille, il y a des choses qu’on va remettre en question ». Ces transmissions permettront de
réajuster le projet de soin durant les réunions interprofessionnelles.
Certaines activités ne sont réalisées que par les ergothérapeutes. En effet, elles
guident systématiquement les ASG72 sur les moyens à mettre en place avec le patient, mais
elles répondent aussi elle-même à certains objectifs spécifiques. Laure réalise tous « les
contacts avec les aides à domicile, l’accueil de jour, ou d’autres contacts téléphoniques aussi
avec la famille ». Elle intervient aussi au domicile des personnes « s’il y a des difficultés » ou
si l’ASG ne peut se rendre à la séance. Charlotte se rend au domicile des personnes pour
« voir ce qui me reste à voir » et pour garder un contact direct avec le patient. Emilie
intervient spécifiquement « pour parler d’aménagement matériel » ou « pour parler de
services vers lesquels ou aves lesquels l’équipe va travailler, soit les services d’aide à
domicile, soit les SSIAD73 ». Et elle exprime bien le fait qu’elle veut garder « ce temps là
avec le patient pour pouvoir parler plus particulièrement des difficultés de l’aidant » et des
solutions de répit possible.
2.4 Les réactions des aidants durant les séances
Selon les données recueillies, on remarque que les aidants sont souvent demandeurs
d’une aide, d’un accompagnement par des professionnels. C’est pourquoi ils acceptent
l’intervention de l’équipe spécialisée dans la plupart des situations. On observe cependant
que durant les séances les aidants ne réagissent pas tous de la même manière.
2.4.1 Les
réactions
vis-à-vis
de
l’intervention
de
l’équipe
spécialisée
Même si la famille accepte que l’équipe spécialisée intervienne auprès de la
personne malade, il est parfois nécessaire de resituer clairement les objectifs de séances.
En effet, Laure nous explique que certains aidants sont contents d’entendre « faire reprendre
des activités » car « ils pensent oui ça serait bien vous pourrez allez vous promener […] oui
ça serait bien si vous faites ça des jeux avec mon épouse ». Donc durant les séances il faut
parfois réexpliquer qu’au-delà du jeu et des activités proposées il y a un objectif
thérapeutique. « On est des soignants, ce n’est pas de l’occupationnel » nous dit Laure.
Dans certains cas l’aidant n’accepte pas totalement l’intervention, il reste sur la défensive
72 Cf. glossaire
73 Cf. glossaire
31
dans les premiers temps, mais comme nous le dit Marine, « quand ils voient que ça perturbe
pas plus la personne, s’ils voient en plus que la personne apprécie le moment, là déjà ils
acceptent plus facilement ».
On constate que les aidants réagissent de manières différentes durant les séances.
Certains aidants s’absentent systématiquement, Emilie pense qu’ils « perçoivent également
notre temps de présence comme un temps de répit pour eux ». Soit c’est un des objectifs de
l’intervention, soit l’aidant prend ce temps pour lui car il en ressent le besoin. « C'est-à-dire
qu’ils goutent déjà un petit peu à cette liberté retrouvée ou en tout cas un moment où ils
peuvent confier en toute confiance leur personne à quelqu’un d’autre. »
La plupart des aidants sont présents à un moment de la séance pour discuter avec
l’intervenant, ergothérapeute ou ASG74, ou pour observer la séance. Le fait que l’aidant soit
présent durant les séances permet d’expliquer la maladie et de donner des conseils au
couple. Comme nous explique Marine « c’est bien aussi parce que l’aidant entend, il voit
aussi comment on parle face à la personne, voilà ils se rendent compte de certaines choses
». Cependant, l’équipe de Marine n’intègre pas systématiquement l’aidant aux séances, cela
dépend des situations et des objectifs d’intervention, « on va voir si on fait intervenir l’aidant
ou pas ». En effet, parfois l’aidant est tellement présent que les séances sont compliquées à
gérer. Emilie nous raconte qu’il y a « l’extrême, il y a ces aidants là […] c'est-à-dire qu’on
essaie de poser des objectifs avec la personne et l’aidant il est là en permanence sur le
temps des séances » et que l’ASG et l’ergothérapeute doivent poser « des limites ou un
cadre ». Emilie pense que ces aidants réagissent de cette manière pas tant par « crainte à
mon avis que ça se passe mal » mais surtout parce que l’aidant a besoin d’une présence et
de discuter avec le professionnel. On retrouve ainsi beaucoup d’aidants qui acceptent
l’intervention car ils vont pouvoir discuter avec quelqu’un d’extérieur à la famille. Ils ont
besoin d’un temps d’écoute. C’est ce que Marie-Françoise ressent également durant les
séances, « souvent les aidants qui ont besoin un peu de discuter, ben voilà on essaye de
discuter un peu dehors ou sur d’autres situations ». Mais elle exprime aussi le fait que ces
temps de discussion sont plutôt limités dans le temps, du fait des contraintes
organisationnelles et que certains aidants aimeraient parler davantage. C’est pourquoi
certains « essaie de me rattraper, ou de discuter un petit peu plus loin », sauf que le conjoint
malade qui n’assiste pas à la discussion est souvent dans la crainte de ce qui peut être dit
sur lui ou sur la séance qui vient de passer. « C’est toujours difficile parce que comme nous
on vient pour la personne voilà, c’est toujours difficile de parler derrière son dos, parce que le
but justement c’est de garder […] une communication. »
74 Cf. glossaire
32
Et puis les équipes spécialisées se retrouvent parfois confrontées à des refus
pendant le déroulement des séances. Emilie nous expose une situation où le patient n’avait
aucun suivi médical par rapport à la maladie d’Alzheimer, qu’elle avait « réussi à intervenir et
au bout de la troisième séance le M. nous a clairement dit je ne veux pas vous revoir ».
Même si les personnes acceptent au début, dans des situations où les conflits familiaux sont
complexes, l’intervention ne peut se réaliser totalement.
En ce qui concerne la majorité des interventions, on observe que le comportement
des aidants évolue au fil des séances. Les aidants sont souvent dans la demande comme
nous le montre Marine « ils sont en demande d’avoir un accompagnement » ou comme nous
le dit Michel « on avait besoin d’être guidé par ces gens là qui s’occupe des malades ».
Marie-Françoise note aussi que durant ses premières séances « souvent on est perçu un
petit peu comme quelqu’un qui arrive, qui va faire mieux que moi, et puis ce n’est pas juste
moi je suis là toute la journée et puis avec elle, elle va dire oui et avec moi elle va dire non ».
L’aidant se rend compte que son conjoint peut réaliser des activités adaptées mais aussi
peut accepter difficilement qu’il ne les fasse qu’avec l’ergothérapeute ou l’ASG75. Cela peut
être vécu comme une crainte d’être dévalorisé, de ne pas reconnaitre tout ce qu’il a réalisé
depuis des années avec son conjoint malade. Au début des séances, les changements de
comportements de la personne malade surprennent le conjoint aidant mais petit à petit c’est
le conjoint qui rapporte des éléments nouveaux « soit en terme de déficit soit au contraire en
terme d’amélioration » comme le constate Emilie. Dans ces cas là, les aidants sont souvent
très réactifs pour la préparation des activités d’une séance sur l’autre. Michel nous raconte
qu’il prépare ce que lui a demandé l’ASG pour faire une activité cuisine, « alors bon on
achète tout ce qu’il faut ». Marie-Françoise nous explique que « il y en a chez qui ils vont
être très réactifs, on va avoir tout la semaine prochaine, et puis d’autres on attend toujours ».
2.4.2 Les réactions vis-à-vis des conseils et préconisations
Il y a des aidants qui sont en accord avec les conseils prodigués et qui essaient de
les respecter. Quand durant les séances le conjoint observe l’attitude de l’ASG, il tente de le
reproduire pour limiter les troubles du comportement liés à la maladie. Comme nous le dit
Emilie, « il s’est inspiré un petit peu de ce que fait l’aidant (professionnel) et il s’aperçoit que
ça marche ». C’est ce que nous confie également Michel en parlant de sorties extérieures
‘‘bruyantes’’, « moi-même je parle assez fort » et qu’il se rend compte que cela perturbe sa
femme. Alors en suivant les conseils de l’équipe, « on est obligé de se corriger ». D’autres
suivent au mieux les préconisations d’aménagement du domicile, comme l’a remarqué Laure
chez un couple où le mari « a suivie, alors par exemple pour les chutes il a mis en place des
barres, il a enlevé les tapis par terre ». Même si les personnes ont déjà entendu ces conseils
75 Cf. glossaire
33
prodigués par l’entourage, ils réagissent plus rapidement lorsqu’ils en parlent avec l’équipe
spécialisée « oui, oui c’est vrai on me le disait avant mais là » nous rapporte Laure. C’est
justement parce qu’ils sont donnés par un professionnel, qu’il n’y a pas de rapport affectif,
qu’ils les acceptent parfois plus facilement. Pour certaines personnes les conseils sont
rapidement compris et acquis. Laure nous raconte qu’il y a des aidants qui comprennent
juste en observant la séance. « Dès fois il y a des personnes en effet juste le fait que nous
on fasse l’activité et ben ils comprennent, on n’a pas besoin de revenir dessus. » Et on
observe aussi des aidants qui trouvent seuls des solutions aux difficultés qu’ils rencontraient
au quotidien. Selon les propos de Marine, « bon souvent en fait l’aidant il trouve les solutions
seul, nous on est juste là pour leur dire qu’il y a encore des possibilités ». Les réactions des
aidants sont souvent positives par rapport aux conseils donnés et leur attitude change vis-àvis de leur conjoint malade. « Effectivement ça a pu permettre à l’aidant d’avancer un petit
peu sur l’acceptation de la situation, sur l’acceptation des troubles de la personne et sur un
petit peu comment l’accompagner », nous dit Marine. Le savoir-faire des professionnels
permet à l’aidant d’adapter son attitude, mais l’ergothérapeute doit également reconnaitre le
savoir-faire de l’aidant pour réussir à le conseiller.
Puis pour d’autre c’est plus difficile d’intégrer les préconisations, d’accepter de
changer un peu son attitude vis-à-vis de son conjoint. Il faudrait pour certain tout
décomposer ou prendre le temps de discuter autour de l’activité réalisée pour que l’aidant
puisse reproduire le comportement du professionnel. Mais comme nous le dit Laure, « là
c’est plus difficile de tout reprendre ». On voit même des personnes qui ne modifient pas leur
attitude, qui ne prennent pas en compte les conseils par rapport à la maladie, c’est ce que
nous transmet Marine « parfois on voit des personnes qui ne changent pas du tout après
notre intervention ». Elle ajoute que pour quelques aidants c’est trop difficile d’accepter
toutes ces modifications et qu’ils « n’ont pas assez de capacités de ressources pour
accepter tout ça ». Ainsi on peut entendre de la part d’un aidant « ben c’est facile pour vous,
vous êtes là que une fois dans la semaine », nous transmet Laure. Il y a toute la
problématique du relais, dont nous parlerons plus en détails par la suite, qui n’est pas
toujours bien entendu par la famille. Alors que des aidants évoquent clairement leur
épuisement, Charlotte nous dit que « ce n’est pas pour autant qu’ils vont accepter l’aide ou le
répit » malgré les préconisations de l’équipe. Après il existe aussi des réactions
ambivalentes pour certains aidants, ils n’acceptent pas toutes les propositions de l’équipe.
Comme on peut le constater avec Michel qui est satisfait des séances réalisées, « c’est bien
qu’elles soient venues » mais qui évoque quelques situations où il n’a pas souhaité suivre
les conseils de l’équipe. « C’est assez difficile de guider une personne qu’est malade bon si
vous voulez pour ranger les affaires et tout ça » nous dit-il dans un premier temps. Et puis au
34
fil des questions il nous explique « elle m’avait proposé de mettre des étiquettes pour dire
par exemple tel et tel vaisselle se trouve » mais que ça n’a pas été mis en place car « il y a
peut être des malades qui le font, mais ma femme elle a l’habitude de ranger les affaires où
sa lui plait et moi c’est peut être assez difficile mais quand vous suivez une personne vous
retrouvez automatiquement, vous retrouvez où les affaires sont égarées ». On se rend
compte des difficultés que cela peut provoquer pour les personnes. Après comme le dit
Marie-Françoise « je pense que forcément après ça va faire poser des questions ».
2.5 Les moyens indirects auprès de l’aidant
Le but de l’équipe spécialisée est d’intervenir prioritairement auprès de la personne
malade. C’est ce que nous rappelle Marine en disant qu’elle ne « peut pas intervenir que
auprès de l’aidant, il faut forcément par notre intervention qu’on ait une action auprès de la
personne aidée ». Cependant, les données recueillies montrent que dans toutes les
situations où il y a un aidant, l’intervention de l’équipe spécialisée retentit de manière directe
ou indirecte sur celui-ci. Ainsi pour Marie-Françoise « dans nos séances dès qu’il y a un
aidant on aide forcément les deux ».
Parmi les moyens indirects, il y a comme dans toute prise en charge une relation de
confiance qui doit s’instaurer avec la personne malade. D’ailleurs, Marie-Françoise nous
explique que c’est par cette « relation de confiance » et « beaucoup de temps d’écoute » que
l’on arrive à créer une bonne relation avec le malade. Et si la relation est bien instaurée,
alors la famille accepte d’autant mieux l’intervention de l’équipe à domicile. On voit même
certaines personnes attendre l’arrivée de l’ASG76 car une relation forte s’est créée. Comme
nous l’évoque Laure, « et donc on a pu constater que en y allant, avec une ASG qui était à
son écoute, en disant toujours oh ben oui c’est super, c’est intéressant ce que vous me dites
[…] et ben le mari il attend limite à la porte l’ASG ». Pour Marine, il faut aussi « trouver ce
qui va pouvoir rassurer » la personne durant les séances pour que l’intervention se déroule
bien. Et une fois que la relation de confiance est mise en place, l’ASG et l’ergothérapeute
tente de valoriser la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Même si l’équipe n’arrive
pas à atteindre tous ses objectifs, l’intervention « ça aura peut être aussi valorisé un peu la
personne comme on va lui faire faire certaines choses » nous explique Laure.
Pour pouvoir valoriser la personne et répondre aux objectifs fixés, les équipes
spécialisées proposent diverses activités en fonction de leurs possibilités matérielles et des
habitudes de vie de la personne malade. Comme nous le dit Marine « on a pleins d’activités
en fait donc on essaye un petit peu tout ce qu’on a » tout en essayant « de voir aussi par
76 Cf. glossaire
35
rapport à ce qu’il faisait avant ». Parmi les données recueillies on peut retenir quelques
activités types régulièrement proposées :
- la réminiscence en discutant « sur les photos, photos de famille, arbre généalogique »
comme nous l’indique Marie-Françoise.
- des mises en situation cuisine comme nous raconte Michel « elle nous a appris, enfin à ma
femme, pour faire par exemple un gâteau ou lui proposer de faire de la cuisine et ceci-cela ».
- des activités motrices de gym douce où l’intervenant « explique quels gestes elle peut
refaire », comme nous l’explique Marine. Le but étant de « stimuler la mobilité » et de limiter
le « ralentissement psychomoteur » chez certaines personnes.
- des jeux divers car « c’est un bon moyen de rentrer en communication » selon MarieFrançoise
- des sorties extérieures, soit sur le temps des séances de réhabilitation où le but « c’est
essayer de mettre des choses en place […] enfin des choses qui peuvent être dans les
habitudes de vie » comme aller à la piscine ou à la bibliothèque comme le fait MarieFrançoise. Soit des sorties organisées par une association ou un service professionnel
« pour discuter ensemble ou pour jouer et tout ça » d’après Michel.
Parmi toutes ces activités certaines peuvent être considérées également comme « des
activités de stimulation cognitive ». Mais attention comme nous indique Laure elle n’est pas
réalisée « dans le but tel puisque évidemment dans le cahier des charges ils disent bien
qu’on n’est pas là pour faire un atelier de stimulation cognitive ». Le but est de « reprendre
des petites activités » qui sollicitent par la même occasion les fonctions cognitives.
Parallèlement à ces activités, les professionnels proposent différentes adaptations et
préconisations matérielles pour aménager l’environnement. Pour que les personnes
acceptent le matériel proposé l’équipe réalise des essais. « On les aide aussi à, bon d’un
point de vue matériel, quand on fait des propositions, ils font l’essai, ils trouvent que ça
marche donc c’est plutôt positif » nous dit Emilie. Mais il faut aussi expliquer l’intérêt
d’installer ce matériel à domicile. Emilie nous explique également que « c’est important aussi
d’expliciter le trouble pour pouvoir expliquer pourquoi on va adapter l’environnement
matériel ». On distingue deux objectifs dans la préconisation de ces adaptations matérielles :
- sécuriser la personne malade en proposant « des planches de bains, des barres d’appuis
[…] des rehausse-WC, enfin voilà du petit matériel généralement » pour Charlotte. Emilie a
déjà préconisé un « téléphone basique à touche numérique […] avec le prénom écrit en
face » pour que la personne puisse appeler en cas d’urgence.
36
- « mettre des repères au domicile » selon Charlotte avec « souvent en premier lieu c’est le
repère temporel, repère calendrier » (Marie-Françoise). Charlotte nous indique qu’elle
préconise très régulièrement « d’avoir un tableau blanc, je ne sais pas dans la cuisine ou
dans le salon, là où ils sont le plus souvent, pour pouvoir leur noter des informations ». Mais
on peut aussi trouver des adaptations « maisons » réalisées par les professionnels comme
ce qui a été mis en place au domicile de Michel. L’équipe a fabriqué un set de table adapté
« pour mettre la table […] pour mettre le couvert », mais elle leur a aussi proposé de
« mettre des étiquettes pour dire par exemple tel et tel vaisselle se trouve » à cet endroit.
On peut donc trouver diverses adaptations, selon les situations et les difficultés au domicile.
Les ergothérapeutes et ASG77 proposent soit du matériel à acheter soit des adaptations
qu’elles réalisent en fonction des besoins. Ainsi l’équipe tente de répondre le mieux possible
aux objectifs fixés. Une fois que ces adaptations sont instaurées et qu’elles permettent
d’améliorer le quotidien, l’équipe pense aussi au relais avec les aides à domicile, notamment
pour continuer à utiliser les outils.
On observe que même si les adaptations mises en place facilitent le quotidien du
couple « on va proposer quand même de soulager l’aidant par rapport à certaines activités »
selon Emilie. Les aides à domicile sont sensibilisées aux situations que rencontre l’équipe
spécialisée et aux moyens mis en place pour faciliter la prise de relais interprofessionnelle.
Ainsi « ils sont toujours vigilant en fait à ça aussi, c'est-à-dire à ce que soit l’aidant ne
s’épuise pas, soit que l’aidant continue à bien accompagner la personne, en respectant ses
capacités, en respectant ses envies », comme nous l’explique Marine. Mais l’équipe fait
aussi le relais avec les services d’aides à domicile pour « clarifier un peu les rôles de l’aide à
domicile », car comme nous le démontre Laure « leur rôle c’est 3h de ménage, est ce qu’elle
ne pourrait pas faire une heure et demie de ménage et une heure et demie tenir compagnie
à monsieur ». Et quand c’est possible elle présente aux aides à domicile des types
d’exercices réalisables avec la personne malade pour qu’elles ne se retrouvent pas en
difficulté. L’ergothérapeute fait donc les liens entre ce qui est mis en place au domicile et le
service qui prend le relais, pour répondre au mieux aux attentes de la famille et permettre
l’utilisation des adaptations et aménagements réalisés.
77 Cf. glossaire
37
2.6 Les moyens directs auprès de l’aidant
Les différents moyens utilisés auprès de la personne malade ont souvent un impact
positif sur l’aidant car ils limitent entre autre l’épuisement. Les ergothérapeutes nous
expliquent que leur « intervention elle est pour la personne mais également pour l’aidant »
(Laure) et que « le temps d’écoute qu’on peut leur accorder » est important car il n’y a pas
de « rapports affectifs » comme on peut trouver dans une famille (Emilie). Donc lorsque l’on
intervient à domicile on réalise les séances surtout auprès de la personne malade, tout en
prenant en compte ce que nous dit l’aidant. Il est important de répondre à ses interrogations
et attentes. D’ailleurs un autre exemple qui confirme que l’on intervient auprès du couple
dans son ensemble c’est que « souvent en fait le matériel il sert pour le couple, c’est quand
même des personnes âgées » nous explique Charlotte. On adapte donc nos propositions en
fonction du couple et pas uniquement de la personne malade.
C’est pourquoi selon les situations, l’ergothérapeute et l’ASG intègrent l’aidant à
certaines séances pour donner des conseils et réaliser des activités avec le couple. Ainsi,
comme nous l’avons dit précédemment78 « c’est bien aussi parce que l’aidant entend, il voit
aussi comment on parle face à la personne, voilà ils se rendent compte de certaines choses
rien qu’en étant à trois » (Marine). L’intervenant professionnel transmet un savoir-faire aux
aidants durant les séances. C’est plutôt rare que les professionnels soient seuls avec l’aidant
durant les séances. Dans le cas d’une situation difficile ils travaillent en binôme,
ergothérapeute et ASG. Laure nous évoque un exemple ou elles y vont à deux, « l’ASG va
faire une activité et moi je discute avec l’aidant ». Pour Charlotte, elle est intervenue en
binôme pour une situation difficile où le but était de séparer le couple durant les séances,
« c’est un couple qui fonctionne vraiment à deux mais voilà on sent que l’épouse est quand
même très, très fatiguée et lui voilà des gros troubles du comportement ». Dans cette
situation « quand il y a l’aidant ce n’est pas facile de faire une séance » donc il est préférable
d’intervenir en binôme. Emilie nous explique que ces temps sont importants car les aidants
« nous repèrent comme étant, comme faisant du lien avec les différentes structures » et qu’il
faut garder ce temps de discussion avec l’aidant pour évoquer les relais et les partenariats
de l’équipe. En ce qui concerne le point de vue de l’ASG, Marie-Françoise nous explique
qu’elle rencontre régulièrement des aidants qui « essaie de me rattraper, ou de discuter un
petit peu plus loin ». Les aidants ont souvent besoin d’un temps d’écoute, mais MarieFrançoise nous parle également du malaise rencontré vis-à-vis de la personne malade qui
s’interroge, « c’est toujours difficile de parler derrière son dos ». Donc il faut réussir à gérer
les séances en fonction des objectifs fixés et du temps d’écoute dont a besoin l’aidant.
78 3- réaction de l’aidant durant les séances – 1ère partie
38
Dans tous les cas, l’équipe spécialisée donne tout au long de son intervention des
conseils et des préconisations pour mieux gérer le quotidien. Parmi les données recueillies
voici les conseils les plus fréquemment transmis aux aidants. Les propositions
d’aménagement matériel ne sont pas énoncées car elles concernent la personne malade
et/ou le couple.
Il est important :
- que l’aidant soit inclus dans le processus et le faire participer si besoin durant les
séances. Pour Laure il faut que l’aidant « accepte un petit peu de rentrer dans le
processus » et pour cela il faut que l’équipe « l’inclus vraiment » durant l’intervention. Elle
demande souvent à l’aidant, même quand il est un peu réticent, « d’essayer d’y croire au
moins ».
- que l’aidant soit sensibilisé par rapport à l’épuisement. Dans certains cas, Marine
observe que « l’aidant n’est pas du tout en capacité d’accompagner la personne » donc elle
essaie « de lui faire comprendre aussi que peut être qu’il n’y arrive pas, qu’il est épuisé, que
c’est peut être pas son rôle ». Laure sensibilise également l’aidant en lui disant « si vous
continuez comme ça à ce que votre époux ou votre épouse ne fasse rien, ben vous allez être
complètement épuisé ».
- que l’aidant connaisse mieux les troubles de la maladie d’Alzheimer. Emilie a souvent
pour objectif « d’accompagner dans la compréhension de la maladie […] des troubles […]
d’apporter de l’explication ». L’aidant peut ainsi savoir « pourquoi la personne réagit de telle
ou telle façon » et « qu’est ce qui est lié à la maladie ou bien qu’est ce qui est lié à la
personne dans ses habitudes », selon Marine. En parlant avec l’aidant des troubles
rencontrés dans le quotidien, l’ergothérapeute comprend également comment se déroule
une journée et peut orienter ces objectifs et moyens d’intervention en fonction des difficultés.
- que l’aidant accepte la maladie et le changement de personnalité/comportement du
malade. En connaissant davantage la maladie, l’équipe peut ensuite accompagner l’aidant
dans l’acceptation des troubles ou en tout cas « de réajuster son point de vue, son opinion »,
comme nous l’explique Emilie. Pour Marine, l’intervention permet d’être « aussi sur
l’acceptation que la personne a changé ».
- que l’aidant ait une attitude adaptée face à la maladie. Dans les entretiens on retrouve
« des conseils plutôt sur les troubles du comportement pour les limiter » (Charlotte). Laure
évoque quelques anecdotes où elle expliquait à l’aidant que pour éviter la mise en échec il
vaut mieux « induire la réponse » ou encore « souligner toutes les choses positives ». Mais
les professionnels parlent aussi « du conseil sur l’accompagnement » que l’aidant « pourrait
apporter au quotidien à leur conjoint » (Marine). Pour Emilie il est important de revoir
39
« l’attitude de l’environnement humain » en lui expliquant « la manière de faire passer une
consigne » comme par exemple « poser une question ouverte, donner une consigne à la
fois, solliciter la personne sur des temps courts, parler bien en face de la personne ». Et ces
conseils vont permettre à l’aidant d’adapter son attitude au quotidien pour accompagner le
mieux possible son conjoint/sa conjointe. Michel évoque également les conseils que l’équipe
lui a transmis quand il dit « et puis ben pour faire les courses on m’a expliqué comment ça se
passe, elle ne peut pas sortir toute seule, je l’accompagne ». Marie-Françoise explique que
durant ces séances, elle fait parfois intervenir l’aidant pour montrer qu’il faut « s’entraider »
et ne « pas compliquer la tâche » réalisée, rester sur des consignes simples.
- que l’aidant exprime son ressenti par rapport à la situation et aux conseils. Marine se
positionne rapidement sur un temps « d’écoute quand même de l’aidant sur ce qu’il va
pouvoir dire, sans forcément proposer de solution dans un premier temps mais déjà de
l’écoute, pour qu’on comprenne aussi comment il réagit face à cette situation ». Pour Emilie
aussi il faut d’abord les écouter, même si « quand ils parlent de la maladie, ils expliquent des
comportements, ils expliquent des attitudes déficitaires mais on sent que derrière ils ne
comprennent pas ou que ça leur pose problème », l’équipe va rebondir sur ces propos pour
orienter leur conseils et préconisations.
- que l’aidant ait des pistes d’activités réalisables avec son conjoint. Marine a rencontré
des aidants qui demandent « quelle activité je peux encore lui proposer ? ». Donc
l’intervention avait pour objectif « de trouver une activité qui va correspondre à
cette
personne et qui ou que l’aidant pourra refaire après avec lui » et que « l’aidant se sent utile
aussi et puisse apporter quelque chose ».
- que l’aidant soit valorisé par rapport à ce qu’il fait au quotidien. Charlotte a déjà
rencontré des situations où un de ses objectifs était « d’appuyer sur elle ce qu’elle faisait de
bien, de mettre en avant » ce que réalisait la conjointe aidante au quotidien. Emilie nous
explique que si le couple souhaite le maintien au domicile « on va être sur de la valorisation
de ce qu’ils font déjà, donc de l’entretien par l’aidant » pour maintenir les bonnes attitudes et
réactions de l’aidant.
- que l’aidant soit informé des relais possibles. L’équipe intervient pour accompagner
l’aidant dans les démarches administratives s’il le souhaite. Laure explique qu’on va leur dire
« on va faire avec vous ». Cela permet d’aider concrètement l’aidant, comme cela a été le
cas pour Michel « tous les dossiers ont été faits et puis même elle m’a aidé pour les maisons
de retraite » dit-il en parlant de l’équipe. Les différents relais seront présentés dans la
prochaine partie.
40
Tous ces conseils peuvent être assimilés à de « l’éducation thérapeutique » comme
nous l’évoquent Laure et Emilie. Même si le terme n’est pas toujours employé en tant que tel
dans les comptes rendus des ergothérapeutes, « dès fois on ne l’écrit pas mais on le fait »
nous dit Laure, il permet quand même de regrouper toutes les préconisations faites à
l’aidant. Ainsi Emilie nous parle « d’éducation thérapeutique de l’aidant » et Laure
« d’éducation thérapeutique du comportement à adopter » comme objectif de certaines
interventions.
2.7 Les relais et structures de répit possible
Les données recueillies permettent de distinguer les différents relais possible durant
l’intervention de l’ESA. L’équipe intervenant sur 2 ou 3 mois, ils parlent très régulièrement
soit de proposition de relais (18 verbatim sur les 6 entretiens) soit de répit (18 verbatim sur
les 6 entretiens). Voici les différents relais rapportés lors des entretiens. Dans la 2ème colonne
est répertorié le nombre d’entretien dans lesquels les structures ou solutions de répits sont
abordées (colonne « * »).
Type de relais
*
Les aides à
6
Informations recueillies
- peuvent avoir une présentation de la situation par une rencontre
avec le patient, en binôme avec l’ergothérapeute ou l’ASG
domicile
- ont un rôle précis en fonction des moyens mis en place par l’ESA
- réalisent différentes activités : toilette, habillage, ménage, répit
pour l’aidant ou bien veiller à ce que le conjoint « continue à bien
accompagner la personne » (Marine)
- sont souvent peu « formés sur cette pathologie » (MarieFrançoise)
L’accueil de
5
- permet l’introduction d’activités et l’acceptation est facilité par de
l’information, des conseils et des visites avec l’ESA
jour
- reçoit le compte rendu ergothérapique pour apporter des
informations sur la situation
L’EHPAD79
4
- nécessite des démarches administratives pour réaliser le dossier
d’inscription. L’équipe informe et accompagne la famille si besoin.
- est conseillé si le maintien à domicile n’est pas possible ou par
préconisation
- reçoit un compte rendu ergothérapique envoyé à l’équipe
interprofessionnelle pour faciliter le relais
79 Cf. glossaire
41
Le médecin
4
- est prescripteur des séances de réhabilitation, sollicite l’ESA sur
(traitant ou
des situations nouvelles ou déjà connues
spécialiste)
- reçoit les comptes rendus ergothérapiques d’évaluation et de fin
d’intervention pour suivre l’évolution
- suit sur du long terme les patients (avant et après ESA) et donne
parfois du retour sur les séances
Les SSIAD
80
3
- sont des partenaires qui évoquent des situations difficiles et sont
en lien avec l’ESA tout au long de l’intervention pour accompagner
les aides soignants sur les moyens mis en place au domicile
- peuvent aussi être proposé en relais sur des tâches précises
- permettent un suivi à long terme
L’orthopho-
3
- reçoit un compte rendu ergothérapique s’il y a une prise en
charge par l’orthophoniste avant l’ESA
niste
- peut être proposé à la famille et au médecin si l’ergothérapeute
note des troubles du langage importants
L’Allocation
3
Personnalisée
- est une ressource financière importante
- elle doit être expliquée aux familles (démarches à réaliser, intérêt)
d’Autonomie
- doit être réviser régulièrement, surtout si la situation évolue et
(APA)
amène plus de difficultés
- est mise en place entre autre par un médecin territorial (détermine
le montant), qui reçoit les comptes rendu ergothérapique
La formation
3
qui proposent des temps d’échange sur des thèmes variés
des aidants
Le CLIC
- est réalisées par divers organismes (CLIC, France Alzheimer etc.)
2
- informe les personnes sur toutes les aides possibles sur le
territoire et propose parfois des groupes d’aides aux aidants
- donne les informations, mais n’accompagne pas les personnes
dans les démarches administratives
Les
2
en charge plus individualisée » (Emilie) selon le type d’association
associations
L’accueil
2
temporaire
Le
psychologue
- peuvent proposer des activités extérieures ou parfois une « prise
- est préconisée si ce relais correspond à la situation de la
personne, à son projet de vie
2
- permet un suivi psychologique lors de situation difficile
- reçoit le compte rendu ergothérapique s’il fait partie de la
structure relais (accueil de jour etc.)
80 Cf. glossaire
42
La plate forme
1
- est proposée quand « il y a besoin de mettre en place du répit »
(Emilie) pour l’aidant
de répit
Le
1
- participe souvent au diagnostic durant la consultation mémoire, il
fait des préconisations à l’ergothérapeute de ce qu’il a observé,
neuropsychologue
donc il reçoit les comptes rendus ergothérapiques pour connaitre
l’évolution
Les
1
protections
- sont parfois préconisées, les ergothérapeutes donnent des
« conseils sur la tutelle et curatelle, les protections juridiques »
juridiques
(Charlotte)
Le foyer
1
- est un relais possible
1
- quand le projet du couple c’est que l’aidant principal soit le relais,
logement
L’aidant lui-
qu’il n’y ait pas de relais professionnel, « on redéfini un petit peu
même
les capacités de la personne et comment ils peuvent »
accompagner leur conjoint malade (Marine).
Un des objectifs de l’ergothérapeute est l’introduction d’un relais en fin d’intervention,
notamment dans les situations où il n’y a aucun professionnel pour accompagner les
personnes au domicile. Il est donc important de conseiller rapidement les familles sur le type
de relais possible et celui le plus adapté. Il faut également les accompagner dans les
démarches administratives ou transmettre les coordonnées des structures avoisinantes. Il
ne faut pas hésiter à faire les démarches avec eux, que ce soit pour remplir les dossiers ou
visiter certaines structures.
2.8 Les réactions des professionnels et aidants sur l’intervention
Durant chaque entretien, les professionnels et l’aidant interrogés ont pu exprimer leur
sentiment personnel sur l’intervention d’une équipe spécialisée Alzheimer. Certains ont plus
de recul que d’autres, mais tous apportent quelques critiques personnelles.
Laure exprime clairement le fait que l’équipe spécialisée est présente pour
accompagner les personnes en fonction du besoin évalué. Comme elle le dit souvent aux
partenaires « oui on va évaluer mais on va ensuite agir ». Ce qui les distingue d’ailleurs des
professionnels
de
certaines
structures
qui
donnent
les
informations
mais
sans
accompagnement personnel dans les démarches. Et de ce fait, le retour des aidants est
généralement positif. « Elle est contente que l’on a relancé un peu la machine on va dire »
dit elle en parlant d’une conjointe qui pensait que son mari n’était plus capable de réaliser
des activités. Elle évoque aussi le fait que son équipe n’a pas beaucoup de recul par rapport
43
aux premières interventions (présente depuis 1an), mais qu’ils ont pour projet de réintervenir
chez certaines personnes s’il y a une demande. « Là je commence à me dire ben là le
monsieur j’aimerais bien savoir comment il va et si on pouvait réintervenir voilà ce serait
bien. »
Marine parle également des partenaires que peuvent avoir les équipes. Elle précise
qu’il est important de rappeler à ces derniers le rôle de l’ergothérapeute dans ses
interventions. Elle est parfois interpellée pour des situations où l’aidant est en demande
d’accompagnement, Marine leur répond « d’accord mais il faut qu’on voit la situation, voir si
on peut agir aussi auprès de la personne aidé, enfin du patient ». Elle explique aussi « qu’il y
a peu de chose quand même qui leur sont proposés dans l’accompagnement, de choses
adaptés » et qu’elle comprend donc pourquoi ils sont en demande. Et du coup, le fait que
l’équipe intervienne a « pu permettre à l’aidant d’avancer un petit peu sur l’acceptation de la
situation, sur l’acceptation des troubles de la personne et sur un petit peu comment
l’accompagner ». Marine nuance cependant ces propos en disant « parfois ça peut aider,
mais pas toujours ». En effet, elle a pu constater que pour la majorité des aidants ils font du
retour positif sur la situation. Mais dans certains cas « ils n’ont pas vu l’intérêt de notre
intervention, ça n’a rien apporté pour eux ». Ces retours peuvent être dits durant les séances
ou dans les questionnaires de fin d’intervention reçus par l’équipe de Marine. Dans les cas
de retour négatif la situation était difficile car l’aidant « s’attendait à ce qu’on guérisse » son
conjoint. D’où le rejet quand l’équipe ne propose que des solutions pour compenser les
difficultés. Pour ces situations, il serait intéressant de réintervenir, mais l’équipe étant
récente sur le territoire (1 an) Marine est rarement retournée chez des personnes déjà
suivies par l’équipe. Elle précise que « au début en plus on pouvait réintervenir tout de suite
et puis le cahier des charges a été modifié » et maintenant il faut attendre un an avant de
reproposer une intervention.
Charlotte étant présente depuis seulement 2 mois dans l’équipe spécialisée, elle
explique qu’elle « n’est pas intervenu encore beaucoup, 3 ou 4 fois, 4 ou 5 fois plutôt » et
donc qu’elle a peu de recul sur les interventions. Mais elle souhaiterait évaluer le ressenti de
l’aidant en réalisant le mini-zarit « un à l’évaluation et un à la fin » car même si cet outil ne va
pas « forcément […] montrer beaucoup de chose parce qu’il évalue la souffrance à un
instant T », mais au moins on peut connaitre le point de vue de l’aidant et amener cette
discussion. Charlotte perçoit tout de même en seulement 2 mois que l’intervention de
l’équipe est bénéfique pour le couple.
Quant à Emilie, elle évoque les limites que peut parfois rencontrer son équipe. «
Quand on sent que là nous on est un peu dans nos limites il nous ait arrivé à trois ou quatre
reprises d’orienter vers Mme *, directrice de la plate-forme de répit ». Emilie choisit cette
44
orientation car la plate-forme de répit propose « une prise en charge encore un peu plus
personnalisée autour là exclusivement de l’aidant », ce qui peut aider dans certaines
situations. Sinon, pour les autres interventions, l’équipe d’Emilie aimerait bien avoir du retour
des personnes par « un questionnaire de satisfaction » qui permettrait de « valider l’efficacité
de notre intervention ». Lorsque l’équipe réintervient sur une situation, Emilie fait de nouveau
passer le mini-zarit pour voir si « par rapport aux actions qu’on avait mis en place […] les
problématiques c’étaient déplacées ». Cela permet de mieux cibler les demandes des
personnes mais aussi d’avoir du recul sur la première intervention. Emilie reçoit parfois des
nouvelles des personnes soit par les familles, soit en contactant ses partenaires (médecin,
assistante sociale, conseillère en gérontologie etc.). Ce qu’elle remarque à chaque fois c’est
que « les gens ils s’approprient l’équipe de manière totalement différentes ça peut être pour
souffler soit parce que ça va leur permettre de régler des difficultés qu’ils vont rencontrer
avec leur conjoint » ou « de pouvoir s’échapper ».
Marie-Françoise fait comme constat général « que la difficulté de notre équipe
mémoire c’est qu’on arrive à des stades qui sont déjà très avancés ». Ce qui explique qu’il
« y a eu déjà une compensation de l’un envers l’autre » dans le couple et qu’il est parfois
difficile de changer ses habitudes de vie. Selon Marie-Françoise, l’équipe arrive trop tard car
lorsque le malade est au début de la maladie « se faire aider à ce stade là ben c’est ça la
difficulté je pense, les gens cachent beaucoup et ne sont pas encore prêt à se faire aider ».
Pour pallier à ce problème la solution que propose Marie-Françoise c’est de retourner chez
les personnes un an après. « La première fois on n’avait pas réussi à faire ce qu’on voulait
par exemple et pourquoi pas réessayer de mettre des choses en place une deuxième fois. »
L’ASG81 constate que certaines interventions peuvent être longues avant que les habitudes
et comportements changent. Elle ajoute que c’est un peu une « frustration » car elle « aime
bien que les choses avances, […] enfin c’est un gros travail sur moi et sur ma façon de
faire ». Il est important de relativiser et de prendre du recul sur sa manière d’exercer car
dans certains cas « on a l’impression d’avoir mal travaillé ou de pas avoir fait ce qu’on aurait
voulu ». Cependant, dans les situations difficiles, si on a l’impression que rien n’a bougé,
Marie-Françoise remarque « qu’on aura quand même posé des questions » et selon elle, les
gens qui veulent se faire aider vont réfléchir et redemander de l’aide. C’est d’ailleurs pour ça
qu’elle évoque la mise en place de relais, même minime, pour continuer à accompagner les
personnes, mais aussi pour permettre à l’équipe de revenir en gardant un contact indirect
avec le couple. Enfin, elle évalue le ressenti de l’aidant en fonction de son comportement
durant les séances, « on sent les gens qui sont contents ou pas, tu as ceux qui n’ont pas
arrêté de dire merci et puis ceux qui vont te fuir ».
81 Cf. glossaire
45
Michel est convaincu du bénéfice de l’intervention de l’équipe spécialisée. « Ça c’est
vrai que la question de ça, c’est un bien qu’elle soit passée. » Selon lui, « on avait besoin
d’être guidé […] parce qu’autrement ce n’est pas facile ». Lui et sa conjointe avaient besoin
d’être accompagnés et ne regrettent pas l’intervention de l’ergothérapeute et des ASG. Il
exprime son souhait de rester au domicile le plus longtemps possible pour vivre tous les
deux mais aussi parce que « il y a des personnes qui acceptent et puis il y a des personnes
vous savez bien c’est très dur » d’aller en structure. C’est le cas de sa femme, qui souhaite
rester avec son époux. Michel a tout de même suivi les conseils puisqu’il a constitué des
dossiers d’inscription en EHPAD82. En ce qui concerne la vie quotidienne, c’est lui qui aide
sa femme, « déjà le matin bon ben faut que je m’occupe de ma femme, parce que bon ben
elle a du mal à s’habiller ». Il explique que s’il a « vraiment besoin pour des soins » il sait
qu’il peut demander de l’aide mais « enfin bon moi tant que ça va, c’est ce que je dis je
m’occupe de ma femme quoi et le jour où ça ira plus ben on est quand même assisté ».
Michel a accepté la venue des professionnels au domicile et il a été inclu dans le processus.
Il a pu donner son avis sur les préconisations et discuter avec l’ergothérapeute des solutions
les plus adaptées à sa situation. Il est conscient qu’il y aura peut être une nouvelle
intervention de l’équipe spécialisée si la situation se dégrade, s’il est fatigué ou si les
troubles de sa femme se majorent.
82 Cf. glossaire
46
DISCUSSION
1
Conclusions de l’enquête
On remarque que les aidants réagissent tous de manières différentes durant
l’intervention de l’équipe spécialisée Alzheimer. Les ergothérapeutes aménagent leur
approche professionnelle en mettant en œuvre un savoir-faire qu’elles ont pu acquérir au
cours de leur expérience, pour faciliter la mise en place de l’intervention. Ainsi, elles
expliquent qu’il est nécessaire d’informer les malades et leur entourage sur le rôle de
l’équipe, le but des séances et de reposer la finalité de leur intervention dès que l’aidant ou
le malade en fait la demande. En effet, il n’est pas toujours évident d’accepter la venue de
professionnel au domicile. Les ergothérapeutes évoquent donc quelques éléments clés que
l’on peut utiliser réintervenir chez les personnes. On peut parler avec eux du projet de vie du
couple et du souhait de rester au domicile le plus longtemps possible pour faciliter
l’adhésion. Il est important d’informer l’aidant sur la notion d’épuisement pour qu’il soit
conscient des risques qu’il prend pour sa santé. Les ergothérapeutes expliquent que la
connaissance de l’individu est le point central pour s’adapter aux particularités de chaque
situation. Les bilans peuvent ainsi prendre plusieurs formes : entretien avec la personne et
son entourage, observations par des mises en situation, bilans validés. L’encouragement
peut également faciliter la discussion et permettre au couple de parler d’eux. Le fait qu’il y ait
déjà des tiers professionnels qui interviennent est aussi noté comme un argument qui facilite
la présence de l’ESA. Cependant, les professionnels sont parfois dans la « négociation »
pour pouvoir réintervenir. En tout cas, il est nécessaire de créer une relation de confiance
avec le malade mais aussi avec l’entourage, même si cela peut prendre du temps. On
s’aperçoit que la plupart du temps l’équipe spécialisée Alzheimer est bien acceptée et que le
déroulement des séances s’effectue sans trop de difficultés. Les cas de refus sont présents
surtout durant les premières interventions de l’ergothérapeute et ils sont liés au déni de la
personne malade ou à la difficulté d’acceptation du diagnostic.
Les ergothérapeutes respectent du mieux possible le cahier des charges du plan
Alzheimer 2008-2012. Cependant, elles modulent tout de même certains points comme la
durée entre 2 interventions ou le nombre d’objectifs dans leur compte rendu. Cela leur
permet de répondre aux situations remontées par leurs partenaires et d’atteindre l’effectif
requis pour la file active, qui théoriquement devrait être de 30 personnes. Durant les
séances, l’équipe spécialisée prend appui sur diverses activités comme média de
l’intervention. L’objectif est d’introduire des activités sociales, revalorisantes et signifiantes
pour la personne malade. D’où l’importance de l’évaluation de l’ergothérapeute pour repérer
les « activités habituelles ou routinières (activités mobilisant moins de traitements contrôlés
47
et plus de traitements de type automatique) qui vont clairement porter sur les domaines
d’intérêt et d’expertise du patient » (Adam, 2009, p446). Les professionnels vont prendre
connaissances des activités de la vie quotidienne que la personne effectuait auparavant pour
ensuite les utiliser lors des séances de réhabilitation. Alors que « la maladie génère des
troubles cognitifs qui rendent le patient moins capable de réaliser les choses […] l’inactivité
d’un patient Alzheimer participe à accentuer la perte de cognition »83. Pour rompre ce
phénomène, l’équipe spécialisée doit à la fois permettre à la personne malade de reprendre
certaines activités de la vie quotidienne, mais elle doit aussi montrer à l’aidant quelles
activités peuvent toujours être réalisées avec son conjoint/sa conjointe. L’ergothérapeute va
discuter avec l’aidant des adaptations et de l’organisation à suivre pour faciliter la réalisation
de ces activités. Le conjoint se sent rassurer, écouter et accompagner dans cette démarche.
De plus, quand la personne malade réalise qu’elle est toujours compétente et qu’elle peut se
réengager dans l’activité, alors on voit certains troubles du comportement comme l’apathie,
l’agitation ou l’agressivité s’atténuer. En redonnant à la personne malade des possibilités
d’actions sur son quotidien et en discutant ensemble de la maladie, on peut permettre au
couple de retrouver un équilibre qu’ils avaient plus ou moins perdu.
Les ergothérapeutes préconisent également quelques adaptations du domicile pour
améliorer la sécurité et limiter les troubles du comportement dans le quotidien. Ainsi en
posant des veilleuses et des signalétiques pour aller aux toilettes la nuit, la personne atteinte
de la maladie d’Alzheimer peut s’y rendre seule et l’aidant peut rester dormir et être sécurisé
pour son conjoint. Autre exemple avec la mise en place d’un relais professionnel, assuré par
des services à domicile (aides soignants ou aides à domicile), pour certains actes de la vie
quotidienne. Si une aide soignante passe tous les matins pour aider à la toilette, la personne
malade participera davantage car le professionnel n’effectue que les gestes nécessaires et
l’aidant peut s’accorder un moment de répit. Il existe donc plusieurs moyens dont l’action
directe sur la personne malade soulage au quotidien l’aidant, à la limite de l’épuisement.
De la même manière, les ergothérapeutes prennent le temps de donner des conseils
à la personne malade, mais aussi et surtout à l’aidant en fonction des situations difficiles qu’il
vit au quotidien. En incluant l’aidant dès le début de l’intervention, celui-ci sera d’autant plus
attentif aux conseils prodigués qu’il en perçoit l’intérêt. L’ergothérapeute a comme objectif
vis-à-vis de l’aidant de l’informer sur la maladie, de limiter son épuisement et de permettre
éventuellement d’adapter son comportement, s’il éprouve des difficultés. Pour cela il prend
appui sur les bases de techniques professionnelles mises en œuvre par l’ergothérapeute ou
l’ASG84. Au cours des séances, l’aidant peut être inclus pour certaines activités afin qu’il
83 Ibid. P446
84 Cf. glossaire
48
observe et comprenne comment le professionnel réagit avec son conjoint malade. Le but
étant de lui donner des « clés » pour qu’il adopte une attitude permettant de limiter les
troubles du comportement, lorsqu’ils sont présents et qu’il ne peut lui-même les réguler.
Pour que ces moyens puissent être mis en place, l’ergothérapeute doit écouter ce
que rapporte l’aidant. Mais il doit surtout prendre en compte ce que le conjoint connait déjà,
tout le savoir-faire et savoir-être qu’il détient en tant que soignant profane. Ainsi, dans les
objectifs et moyens des séances, les professionnels peuvent s’appuyer sur ses
connaissances pour le valoriser ou le conseiller si besoin sur l’attitude à adopter, les
aménagements à réaliser etc. Les professionnels interviennent auprès de couples qui se
connaissent depuis très longtemps, qui ont des habitudes de vie et des rôles bien identifiés.
Ainsi, chacun est en droit de refuser l’intervention de l’équipe ou les préconisations de
l’ergothérapeute. Comme l’évoque Michel dans les entretiens, il a écouté les conseils, puis
après discussion au sein du couple, ils ont fait des choix (pas d’étiquettes sur les placards
malgré la désorientation de sa femme). En tant que professionnel ergothérapeute on se doit
de proposer des solutions adaptées mais aussi d’entendre le refus des personnes.
2 De nouvelles pistes de réflexion
Lorsque l’ergothérapeute intervient au domicile d’un patient atteint de la maladie
d’Alzheimer, il rencontre très souvent au moins un aidant familial, conjoint ou enfant. Afin de
faciliter son acceptation vis-à-vis du patient mais aussi de l’entourage, l’ergothérapeute doit
user de multiples recours en fonction des situations. Si dès les premières rencontres la
relation de confiance est instaurée, l’ergothérapeute pourra proposer un plan d’intervention
adapté et obtenir l’accord de la personne et de l’entourage. Cette phase d’acceptation de
l’intervention est donc très importante et les ergothérapeutes doivent arriver chez les
personnes en modulant leurs interventions au gré des circonstances.
 L’ergothérapeute doit inclure l’aidant et poser les limites du cadre d’intervention
Dès l’évaluation, l’aidant familial va guider l’ergothérapeute en évoquant les difficultés
que la personne malade rencontre dans son quotidien. Il faut prendre le temps de l’écouter
et de mettre en lien ces informations avec ce que rapporte la personne atteinte de la maladie
d’Alzheimer. En effet, il est vrai que les personnes ne transmettent parfois qu’une petite
partie des difficultés qu’ils rencontrent étant donné les troubles de cette maladie comme les
pertes de mémoire ou le déni. En prenant en compte le point de vue de l’aidant familial,
celui-ci se sent impliqué dans le projet de soin et va pouvoir transmettre des informations
importantes. Il peut rapporter de nouvelles difficultés, des améliorations, les réactions de la
personne malade sur les séances et toutes ces informations vont nous permettre de
réajuster les objectifs. De plus, si l’entourage est en accord avec l’intervention et les objectifs
49
posés, il peut inciter la personne malade dans le refus à accepter les propositions. Même
s’ils oublient certaines informations et minimisent souvent leurs troubles, les personnes
porteuses de la maladie d’Alzheimer sont accessibles à l’échange et aux préconisations.
Donc si les médecins et l’entourage insistent sur les mêmes préconisations que l’équipe
spécialisée, il sera plus facile d’amener une aide humaine professionnelle ou une aide
matérielle au domicile.
Cependant, il faut que l’ergothérapeute soit vigilant durant les séances à poser un
cadre d’intervention. Certains aidants sont ressources pour la personne malade et l’équipe
mais d’autres peuvent amener les professionnels dans leurs limites d’intervention. Si l’aidant
est trop présent durant les séances, alors l’ergothérapeute ou l’ASG85 vont avoir des
difficultés pour mener à bien leurs objectifs. Si l’aidant n’est jamais présent et n’a aucun
temps d’échange avec l’équipe, alors il peut réagir de manière inadaptée face aux
préconisations des ergothérapeutes, car il n’était pas au courant de l’avancée de
l’intervention. Par exemple si on propose une solution de répit type accueil de jour ou aide à
domicile, que l’aidant n’est pas en accord avec cette préconisation mais qu’il n’exprime
aucune demande à l’équipe, on risque de se retrouver en difficulté pour finaliser cette
solution. Il faut donc être au clair avec la personne malade et son entourage proche sur nos
missions d’intervention et les prévenir régulièrement de ce qui est mis en place.
 L’ergothérapeute doit évaluer et prendre en compte l’épuisement de l’aidant
L’épuisement de l’aidant est souvent la raison de la demande d’intervention. La
personne atteinte de la maladie d’Alzheimer minimisant ses troubles et ses difficultés, c’est
la famille qui compense progressivement jusqu’à un stade critique. Mais cette compensation
arrivant de manière progressive, certains aidants n’évaluent pas correctement l’importance
de leur aide et l’épuisement engendré. L’ergothérapeute doit petit à petit leur faire prendre
conscience des nombreuses tâches qu’ils accomplissent et ce dès le bilan. On observe dès
les premiers échanges avec l’aidant, comment il perçoit son rôle d’aidant familial et quel type
d’accompagnement il demande. S’il n’y a aucune demande de sa part et que l’équipe
intervient sur incitation du médecin, alors il faut repérer quel type d’aide humaine ou
matérielle sera accepté par la famille. L’ergothérapeute ne doit pas être trop ambitieux au
risque d’amener un refus complet des préconisations. Lorsqu’il faut amener du répit se doit
de respecter ce que la personne malade désire, mais il faut également écouter l’avis de
l’aidant. Certains conjoints sont dans la plainte et se sentent épuisés mais ce n’est pas pour
autant qu’ils vont accepter facilement les propositions de répit. On explique alors les
différentes propositions, en amenant des documents, réalisant des visites ou demandant à
85 Cf. glossaire
50
certains professionnels de venir rencontrer les familles (directrice des aides à domicile par
exemple). On explique l’importance de ce temps de répit pour permettre à l’aidant de profiter
de ces moments pour accompagner son conjoint. Au lieu de compenser les tâches du
quotidien (ménage etc.), ils peuvent réaliser ensemble des activités occupationnelles que la
personne atteinte de la maladie d’Alzheimer apprécie mais ne peut plus réaliser seule (sortie
à l’extérieur, évocation de souvenirs, cuisine, tricot etc.).
L’ergothérapeute propose aussi aux aidants de participer à des formations et groupes
de paroles86. L’association France Alzheimer organise régulièrement des formations aux
aidants car selon eux, « personne mieux que l'aidant familial, ne connaît la personne qu'il
accompagne »87. Ils proposent ainsi des temps de rencontre avec des professionnels pour
échanger sur leur quotidien et les solutions (attitudes et comportements) qu’ils peuvent
adaptés aux situations difficiles qu’ils peuvent rencontrer. « Pour la personne malade, c'est
aussi un gage de respect et de prise en compte de sa dignité. ». Ces temps d’échange
permettent aussi « une entraide et un soutien mutuel entre les familles participantes ».
3 Critiques de la méthode
Au terme de ce travail de recherche nous pouvons dire que les 6 entretiens réalisés
ont permis de répondre au sujet de recherche, mais qu’ils ne sont qu’un aperçu de toutes les
démarches professionnelles des ergothérapeutes intervenant dans les équipes spécialisées
Alzheimer. La grille d’entretien était pertinente puisque les données recueillies étaient riches
et en accord avec les objectifs de recherches. Cependant, on peut s’interroger sur l’influence
de la zone géographique, de la date d’ouverture de chaque équipe et des pathologies
rencontrées par les ergothérapeutes. Les entretiens ont été ciblés sur la maladie d’Alzheimer
mais il est possible que les ergothérapeutes et l’ASG aient fait part de leur expérience
auprès de personnes atteintes d’une autre démence dégénérative, d’une démence
vasculaire ou d’une démence secondaire. En prenant en compte ces variables et en les
couplant à un échantillonnage plus important, cela aurait complété et enrichi notre enquête.
De plus, certaines questions de l’entretien auraient pu être approfondies afin de préciser
l’analyse des données. Quelles solutions proposer pour limiter l’épuisement de l’aidant ?
Quelles sont les difficultés rencontrées par rapport aux diverses préconisations ? Ou encore,
en interrogeant uniquement des aidants familiaux on aurait pu recueillir leur strict point de
vue sur l’intervention des ESA. Quelles étaient leurs attentes ? Qu’est ce que l’équipe leur a
apporté ? Leur opinion a-t-elle été prise en compte ?
86 Mesure 2 du Plan Alzheimer 2008-2012
87 France Alzheimer. Formation des aidants.
51
CONCLUSION
La maladie d’Alzheimer est un sujet d’actualité de part les nombreuses recherches
effectuées à la fois sur les traitements médicamenteux et sur les thérapies non
médicamenteuse. Le nombre de personnes âgées porteuses de cette maladie augmentant
de manière importante, la question du maintien au domicile et des autres possibilités de
projet de vie est à prendre en compte. Alors que le Plan Alzheimer propose plusieurs
structures d’accueils, solutions de répit et interventions à domicile par des professionnels
formés, l’acceptation de toutes ces solutions n’est pas toujours évidente pour les familles.
Les équipes spécialisées Alzheimer ont donc pour missions d’amener progressivement un
accompagnement et des temps de répit pour l’aidant principal, notamment pour les conjoints
présents quotidiennement au domicile.
Cet écrit portant sur les missions de l’ergothérapeute auprès de l’aidant familial,
démontre l’importance de cette profession au sein d’une équipe spécialisée Alzheimer. Il
arrive à créer une relation de confiance en prenant en compte tous les aspects et les
habitudes de la vie du patient. En réalisant des mises en situation écologique et des
préconisations au domicile, l’aidant principal adhère plus facilement au projet car il perçoit
l’intérêt que cela peut lui apporter au quotidien. L’ergothérapeute étant formé aux divers
troubles de la maladie d’Alzheimer et notamment aux symptômes comportementaux et
psychologiques de la démence, il conseille l’aidant sur l’attitude à adopter dans les activités
de la vie quotidienne. Le conjoint aidant peut ainsi mieux comprendre et gérer les troubles et
les difficultés rencontrées, ce qui apaise d’autant plus la personne malade.
Ce travail d’initiation à la recherche m’a permis d’approfondir mes connaissances et
de découvrir une nouvelle démarche professionnelle pour les ergothérapeutes.
Les
recherches effectuées n’ont pu donner qu’une analyse qualitative et non quantitative des
résultats obtenus. Pour que cette recherche contienne de réelles valeurs scientifiques, il
serait intéressant de l’élargir à toutes les équipes spécialisées Alzheimer mises en place
actuellement sur le territoire Français. On peut aussi s’interroger sur les spécificités de
l’intervention d’un psychomotricien par rapport à celui d’un ergothérapeute auprès d’une
personne porteuse de la maladie d’Alzheimer et de son entourage ? Ou alors, on peut
étudier le cas de personnes jeunes porteuses de cette maladie, ayant ses enfants à
domicile. Quelles sont les spécificités de l’ergothérapie pour ce type d’intervention ? Quels
sont les préconisations et conseils pour limiter l’épuisement des aidants familiaux (conjoint
et/ou enfants) ? Comment l’ergothérapeute se positionne t-il en tant que professionnel de
santé, dans ce contexte familial ?
52
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<http://www.sante.gouv.fr/archives-les-plans-alzheimer-2001-2005-et-2004-2007.html>
(Consulté le 20/12/11)
[28] – Ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Circulaire DGCS/SD3A no 2011-110
du 23 mars 2011 relative à la mise en œuvre des mesures médico-sociales du plan
Alzheimer (mesure no 6). [En ligne] Mise à jour le 23 mars 2011. Disponible sur Internet :
<http://www.sante.gouv.fr/fichiers/bo/2011/11-06/ste_20110006_0100_0165.pdf> (Consulté
le 06/01/12)
[29] – Ministère des solidarités et de la cohésion sociale. Annexe 1 : Cahier des charges des
équipes spécialisées Alzheimer à domicile. [En ligne] Mise à jour en mars 2011. Disponible
sur Internet :
<http://www.ash.tm.fr/mybdd/upload/bdd_148/CahierdeschargesAlzheimerAD-08-04-11.pdf>
(Consulté le 06/01/12)
55
[30] - Mission de pilotage du plan Alzheimer. Plan « Alzheimer et maladies apparentées »
2008-2012. [En ligne] Mise à jour en 11/2011. Disponible sur Internet :
<http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/IMG/pdf/plan-alzheimer-2008-2012.pdf> (Consulté le
06/01/11)
[31] – Professeur Blanchard et al. Alzheimer : l’éthique en questions : recommandations. [En
ligne] Mise à jour en 2007. Disponible sur Internet :
<http://www.plan-alzheimer.gouv.fr/IMG/pdf/Alzheimer_-_l_ethique_en_question__recommandations_-_plan_Alzheimer_2004-2007.pdf> (Consulté le 03/03/12)
[32] - UNASSAD. Journée régionale d’échanges sur la maladie d’Alzheimer. Mieux
accompagner les malades qui vivent à domicile. [En ligne] Disponible sur Internet :
<http://aquitaine.sante.gouv.fr/download/3_alz_adomicile_unassad.pdf> (Consulté le
19/12/11)
[33] – WOJTASIK V. CHU de Liège. Réadaptation cognitive d’activités de vie quotidienne
dans la maladie d’Alzheimer. [En ligne] Mise à jour en 2003. Disponible sur Internet :
<www.cmchuliege.be/docs/readaptation_cognitive.rtf> (Consulté le 16/02/12)
56
GLOSSAIRE

ADL : Affection de Longue Durée

ANAES : Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé

AMP : Aide Médico-Psychologique

APA : Allocation Personnalisée d’Autonomie

ASG : Assistant de Soins en Gérontologie

DGCS : Direction Générale de la Cohésion Sociale

DRESS : Direction de la Recherche, des Études de l’Évaluation et des Statistiques

DSM-IV : Manuel Diagnostique et Statistiques des maladies mentales

EHPAD : Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes

EMA : Équipé Mobile Alzheimer

ESA : Équipe Spécialisée Alzheimer

ESPM : Équipe Spécialisée dans les Pathologies de la Mémoire

ETP : Équivalent Temps-Plein

GRApE : Groupe de Recherche Appliqué en Ergothérapie

HAS : Haute Autorité de Santé

IDEC : Infirmière Coordinatrice

MAIA : Maison pour l’Autonomie et l’Intégration des malades d’Alzheimer

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

SCPD : Symptômes Comportementaux et Psychique de la Démence

SPADAD : Services Polyvalents d’Aides et de Soins  Domicile

SSIAD : Service de Soins Infirmiers  Domicile

UNASSAD : Union Nationale des Associations de Soins et Services  Domicile
ANNEXES

Annexe 1 : La répartition des personnes âgées aidées par type d’aide reçue, selon le
niveau de dépendance (GIR)

Annexe 2 : Les critères diagnostiques DSM-IV pour la maladie d’Alzheimer

Annexe 3 : Les aides financières possibles pour les personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer

Annexe 4 : Les facteurs de risques d’épuisement des aidants familiaux

Annexe 5 : La mesure 6 du plan Alzheimer 2008-2012

Annexe 6 : Les actes d’ergothérapie en ESA selon l’HAS

Annexe 7 : Entretien avec Marine, ergothérapeute en ESA depuis 2 ans et demi

Annexe 8 : Entretien avec Michel, aidant principal, conjoint d’une personne atteinte
de la maladie d’Alzheimer
ANNEXE 1
La répartition des personnes âgées aidées par type d’aide reçue, selon le niveau de
dépendance (GIR).

TABLEAU 1 : Répartition des personnes âgées aidées par type d'aide reçue, selon le niveau de
dépendance (GIR)
GIR 1-2
Nombre de personnes aidées
Aide de l'entourage seulement
Aide de professionnels seulement
Aide mixte*
Tous types d'aide
GIR 3
GIR 4
GIR 5
GIR 6
Ensemble
230 000
230 000
400 000
480 000
2 310 000
3 650 000
22
25
36
45
56
48
7
7
14
15
24
20
71
68
50
40
20
32
100
100
100
100
100
100
*Aide combinée de l'entourage et de professionnels.
Lecture • 71% des personnes aidées âgées de 60 ans ou plus très dépendantes (GIR 1-2) et vivant à domicile
sont aidées régulièrement pour des raisons de santé ou de handicap par un proche et un professionnel, 7 % sont
aidées uniquement par des professionnels, 22 % uniquement par leur entourage.
Champ • Personnes âgées de 60 ans ou plus vivant à domicile et aidées régulièrement pour des raisons de
santé ou de handicap dans les tâches de la vie quotidienne par un proche ou un professionnel, financièrement
par un proche ou par un soutien moral d’un proche.
Sources • Enquête Handicap-Santé 2008, volet ménages, INSEE.

ENCADRÉ 2 : Les groupes iso-ressources (GIR)
Chaque personne interrogée dans le volet ménages de l’enquête Handicap-Santé s’est vue attribuer une «
estimation GIR » déterminée sur la base des réponses aux questions HSM et en s’appuyant sur la méthode
d’attribution du GIR à partir de la grille AGGIR (autonomie gérontologie groupe iso-ressources) explicitée dans
l’article R 232-3 du Code de l’action sociale et des familles, méthode qui s’impose aux évaluateurs des conseils
généraux. La détermination du GIR s’appuie sur dix variables d’activité corporelle et mentale. Cette estimation
GIR a été calculée pour toutes les personnes enquêtées âgées de 60 ans ou plus, que celles-ci aient ou non
déclaré percevoir l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Le
GIR attribué n’est donc pas ici le résultat de l’évaluation de professionnels ; il doit être considéré comme un
indicateur statistique du degré de dépendance de la personne.
Le GIR 1 correspond aux personnes âgées confinées au lit ou au fauteuil et dont les fonctions mentales sont
gravement altérées, qui nécessitent une présence indispensable et continue d’intervenants.
Le GIR 2 comprend deux groupes de personnes âgées : celles qui sont confinées au lit ou fauteuil, dont les
fonctions mentales ne sont pas totalement altérées et qui nécessitent une prise en charge pour la plupart des
activités de la vie courante et celles dont les fonctions mentales sont altérées mais qui ont conservé leurs
capacités de se déplacer.
Le GIR 3 correspond pour l’essentiel, aux personnes âgées ayant conservé leurs fonctions mentales,
partiellement leur capacité à se déplacer mais qui nécessitent plusieurs fois par jour des aides pour leur
autonomie corporelle. La majorité d’entre elles n’assument pas seule l’hygiène de l’élimination anale et urinaire.
Le GIR 4 comprend essentiellement deux groupes de personnes. D’une part celles qui n’assument pas seules
leurs transferts mais qui, une fois levées, peuvent se déplacer à l’intérieur du logement. Elles doivent parfois être
aidées pour la toilette et l’habillage. La grande majorité d’entre elles s’alimentent seules. D’autre part celles qui
n’ont pas de problème pour se déplacer mais qu’il faut aider pour les activités corporelles et les repas.
Le GIR 5 correspond aux personnes qui assurent seules leurs déplacements à l’intérieur de leur logement,
s’alimentent et s’habillent seules. Elles nécessitent une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et
le ménage.
Le GIR 6 regroupe toutes les personnes qui n’ont pas perdu leur autonomie pour les actes discriminants de la vie
courante.
ANNEXE 2
Les critères diagnostiques DSM-IV pour la maladie d’Alzheimer.
ANNEXE 3
Les aides financières possibles pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer
Train Alzheimer du 21 septembre au 6 octobre 2011.
ANNEXE 4
Les facteurs de risques d’épuisement des aidants familiaux
3 - Quels sont les facteurs de risque d’épuisement de l’aidant familial ?

Les facteurs prédictifs d’épuisement sont bien identifiés et doivent être recherchés, car il est difficile pour
l’aidant de prendre conscience de ses limites :
- la désignation implicite d’une personne comme aidant principal potentiel du fait d’une plus grande disponibilité
supposée : enfants célibataires et/ou n’ayant pas d’activité professionnelle, proximité géographique ;
- l’âge avancé et l’état de santé précaire de l’aidant ;
- une situation conflictuelle avec les autres membres de la famille ;
- l’isolement avec sensation d’enfermement dans le rôle d’aidant et de restriction de la vie personnelle ;
- l’ambition de vouloir tout faire et tout normaliser, parfois en rivalité avec les soignants ; ou alors, à trop vouloir
masquer ou se cacher la réalité de la maladie, certains aidants ont du mal à admettre leurs besoins, à accepter
pour leur parent une aide à domicile ;
- l’incapacité de se projeter dans l’avenir, devant l’aggravation progressive de l’état de santé de son parent, avec
un sentiment d’impuissance et/ou de culpabilité ;
- les traumatismes provoqués par l’inversion des rôles parent/enfant et par la non reconnaissance des proches
par la personne malade ;
- l’ambivalence entre désir de vie et désir de mort ;
- le sentiment de honte face aux comportements de son parent qui échappent aux normes ;
- le ressentiment face à des conduites inadaptées du parent malade, ne correspondant pas à sa personnalité
antérieure ;
- un temps important de présence quotidienne consacré à l’aide alors que la prise en charge dure depuis
plusieurs mois, voire des années ;
- le deuil anticipé d’une personne pourtant toujours vivante ;
- les problèmes matériels, notamment un habitat inadapté.

Certains symptômes et attitudes de l’aidant sont des signes d’alerte d’un risque d’épuisement :
- tristesse, anxiété, pleurs, découragement ;
- diminution des activités sociales et de loisirs et rupture progressive avec l’entourage amical, avec le voisinage ;
- fatigue ;
- accumulation de petits problèmes de santé ;
- agressivité, irritabilité ;
- repli sur soi ;
- mauvaise qualité du sommeil.

Le rôle de tout professionnel de santé est de prévenir et de repérer ces situations, d’aider l’aidant à
prendre conscience de son épuisement, des risques pour sa santé et pour celle du patient. L’épuisement
de l’aidant est un facteur de risque majeur de maltraitance de la personne malade. Le soignant doit
proposer des réponses, de façon concertée avec les autres professionnels, notamment des solutions
alternatives temporaires qui permettent de dépasser des périodes critiques même si elles ne règlent pas
le problème de fond1.
ANNEXE 5
La mesure 6 du plan Alzheimer 2008-2012
Mesure n°6
Renforcement du soutien à domicile, en favorisant l’intervention de personnels spécialisés
1. Contexte
A l’heure actuelle, les personnels soignants sont insuffisamment formés à la prise en charge des personnes
atteintes de la maladie d’Alzheimer sur de nombreux aspects essentiels de la
vie courante. L’insuffisance de formation touche également l’apprentissage de gestes adaptés qui sécurisent le
malade, l’aptitude à la communication non verbale et la prise en charge des troubles cognitifs.
2. Objectif
La création d’une formation d’assistant en gérontologie, accessible par la formation continue, répond à ce besoin,
tout comme l’offre nouvelle de formation adaptée à la spécificité de la dépendance psychique.
Des équipes spécialisées comprenant des assistants en gérontologie, des psychomotriciens ou
ergothérapeutes seront ainsi constituées.
Ainsi, sur prescription médicale, les ergothérapeutes et les psychomotriciens pourront intervenir à domicile et
assurer, dès le diagnostic, l’éducation thérapeutique, un bilan d’adaptation du logement, la réhabilitation et la
stimulation cognitive et, le cas échéant, en cas de crise, la prise en charge des troubles du comportement.
Ces équipes spécialisées amélioreront considérablement la prise en charge des personnes atteintes de la
maladie d’Alzheimer, mais aussi de l’ensemble des personnes âgées dépendantes, leur qualité de vie, et celle de
leur entourage, créant ainsi les conditions d’un véritable choix entre domicile et institutionnalisation.
L’orientation des personnes atteintes depuis le lieu unique se fera vers des équipes renforcées de services
polyvalents d’aide et de soins à domicile ou vers des équipes de coordination libérale intégrant ces prestations,
en fonction des territoires.
3. Mesure
Les services polyvalents d'aide et de soins à domicile (SPASAD), récemment créés, associent, au sein d’une
même structure, à la fois offre de soins et aides à la personne. Ce sont donc des structures particulièrement
adaptées pour la prise en charge interdisciplinaire que nécessite la maladie d’Alzheimer, puisqu’elles permettent
d’assurer l’essentiel des actes réalisés dans le cadre des services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) tout en
faisant bénéficier les personnes atteintes de professionnels spécifiquement formés. La tarification
des SSIAD devra être adaptée, en fonction des expérimentations en cours, afin de permettre le recrutement de
ces professionnels.
Sur cette base, 500 équipes spécialisées, soit 5000 places de services à domicile, seront créées de 2009 à
2012.
Ces places devront être réparties équitablement sur le territoire. Ces créations de places renforcées s’inscrivent
dans la progression globale du nombre de places en soins et services à domicile, entamée depuis 2007.
Parallèlement, la coordination des professionnels libéraux sera encouragée, avec des équipes intégrant des
ergothérapeutes et des psychomotriciens. Une réflexion va être menée, en lien avec la Haute Autorité de Santé,
afin de permettre la rémunération des professionnels non conventionnés par l’assurance maladie, sur le modèle
de ce qui a été établi pour la prise en charge des soins de podologie pour les diabétiques.
La coordination entre ces équipes et les autres intervenants – psychiatres, neuropsychologue – sera assurée par
le coordonnateur, en liaison avec le médecin traitant prescripteur. En effet, il est très important que ces
professionnels puissent également intervenir auprès du patient.
Enfin, afin de permettre le recrutement de ces nombreux professionnels, le Plan Métiers intégrera, en plus de la
création de la formation d’assistant de soin en gérontologie, la question de la formation par les régions des
ergothérapeutes et des psychomotriciens.
4. Acteurs
Caisse Nationale pour la Solidarité et l'Autonomie, ministère chargé des affaires sociales, ministère chargé de la
Santé en partenariat avec la HAS.
5. Calendrier
2008 : adaptation de la tarification des SSIAD
2008 : étude par la HAS et la DSS de la coordination libérale
2008 : étude des modalités de formation des ergothérapeutes et psychomotriciens
2009-2012 : création des équipes par montée en charge progressive
2009 : mise en place des coordinations libérales
6. Financement
169 M€ au total, 75 M€ en année pleine pour la création des 500 équipes spécialisées, avec une montée en
charge progressive
7. Évaluation
Indicateurs de processus
Modification de l’article D 312-2 du code l'action sociale et des familles pour compléter la liste des professionnels
des SSIAD intervenant à domicile (assistant de gérontologie, psychomotricien, ergothérapeute)
Création de nouveaux centres de formation pour les ergothérapeutes et les psychomotriciens
Indicateurs de résultats
Nombre de places de SSIAD spécialisées créées / nombre de malades d’Alzheimer (ALD) à domicile
Nombre de SPASAD créés
Nombre de groupements de coopération créés (GCSMS) intégrant un SSIAD
Nombre de coordinations libérales « Alzheimer » créées
Nombre malades d’Alzheimer à domicile / nombre de malades d’Alzheimer en établissement
(ALD)
Nombre de professionnels formés
ANNEXE 6
Les actes d’ergothérapie en ESA selon l’HAS
Réadaptation cognitive dans les activités de la vie quotidienne
 Objectifs
- Favoriser le maintien des capacités de participation aux activités de la vie quotidienne en stimulant les capacités
cognitives restantes.
- Renforcer les stratégies compensatoires et les performances lors des activités de la vie quotidienne (toilette,
habillage, repas, cuisine, ménage, conduite, loisirs, gestion financière, utilisation des moyens de communication,
gestion de l’argent, etc.).
 Outils d’évaluation1
- Bilan Modulaire d’Ergothérapie (BME).
- Functional Assessment STaging (FAST).
- Grille d’Ylieff.
- Kitchen Task Assessment.
- Assessment of motor rand process skills.
- Caregivers Assessment of Functional dependence and Upset (CAFU).
- Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel (MCRO).
- Questionnaire de style vie de Mayers.
Préconisation et entraînement à l’utilisation d’aides techniques
 Objectifs
- Améliorer les capacités fonctionnelles, la participation aux activités, la participation sociale.
- Assurer la sécurité.
- Réduire les troubles de la communication et les difficultés liées à la mémoire.
- Prévenir l’apparition d’un syndrome de désadaptation posturale et motrice.
- Entraîner le patient, son entourage familial et les professionnels à l’utilisation des aides techniques.

Outils d’évaluation
- Mesure de la qualité de l’environnement.
- Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel (MCRO).
- Questionnaire de style vie de Mayers.
Réadaptation de la mobilité et des transferts
 Objectifs
- Améliorer, maintenir les capacités fonctionnelles, la participation aux activités, la participation sociale.
- Améliorer, entretenir les schémas moteurs par des techniques de réactivation motrice, basées sur le concept
d’ergomotricité.
 Outil d’évaluation
- Bilan Modulaire d’Ergothérapie (BME).
Prévention et traitement des risques de chute
 Objectifs
- Prévenir les risques de chute.
- Développer les stratégies d’adaptation posturale et sécuritaire lors des activités de la vie quotidienne.
- Favoriser la participation aux activités de la vie quotidienne, à la vie sociale.
- Éviter l’isolement en favorisant la mobilité.
- Proposer des alternatives aux contentions physiques.
 Outils d’évaluation
- Équilibre et Vie Quotidienne (EVQ).
- Home Falls and Accidents Screening Tool (HOME FAST).
Positionnement des troubles posturaux assis et en décubitus
 Objectifs
- Améliorer les capacités fonctionnelles, la participation aux activités de la vie quotidienne.
- Améliorer les capacités de manipulation des véhicules pour handicapés physiques (fauteuil roulants et
dispositifs assimilés).
- Aider à la prévention des escarres et des déformations orthopédiques.
- Proposer des alternatives aux contentions physiques.
 Outil d’évaluation
- Mesure du Contrôle Postural Assis de l’Adulte (MCPAA2).CTES DE PSYCHOMOTRICITE
Développement des performances de l’entourage dans la prise en charge et l’accompagnement du
patient
 Objectifs
-Optimiser l’accompagnement des patients souffrant de la MA ou d’une maladie apparentée dans les activités de
la vie quotidienne.
- Développer le savoir-faire des aidants pour solliciter les capacités motrices et cognitives lors des activités de la
vie quotidienne.
 Outil d’évaluation
- Caregivers Assessment of Functional dependence and Upset (CAFU).
Aménagement de l’environnement
 Objectifs
- Réduire les limitations de l’autonomie liées à l’environnement.
- Améliorer la sécurité, l’orientation.
- Proposer des alternatives aux contentions physiques.
 Outils d’évaluation
- Grille d’évaluation de la sécurité (GES).
- Enabler.
- Mesure de la qualité de l’environnement.
- Équilibre et Vie Quotidienne (EVQ).
- Home Falls and Accidents Screening Tool (HOME FAST).
- Mesure Canadienne du Rendement Occupationnel (MCRO).
- Questionnaire de style vie de Mayers.
ANNEXE 7
Entretien avec Marine, ergothérapeute en ESA depuis 2 ans et demi
1) D’une manière générale, comment se déroule votre intervention au domicile ?
Au domicile, donc il y a une première visite par la coordinatrice qui fait une analyse un petit peu de la situation, qui recueille déjà
quelques informations sur les capacités de la personne, ce qu’elle fait au quotidien, un petit peu l’histoire de vie, ou l’entourage
familial. Et ensuite moi ou la psychomotricienne on intervient pour les bilans de capacités de la personne. Souvent moi je
commence par un entretien plutôt, recueil des habitudes de vie, des difficultés au quotidien. Voilà au départ c’est un petit peu je
laisse la personne me dire ce qu’elle a envie de me dire. Je présente mon intervention, ce qu’est une ergothérapeute, qu’est ce
que je peux apporter. Et après je vois comment la personne réagit. Si elle est tout à fait on va dire d’accord pour notre
intervention, parce qu’il faut aussi souvent réexpliquer pour qu’ils acceptent aussi qu’on vienne, si la personne je sens qu’elle a
bien compris, qu’elle voit ce que peut être je peux lui apporter et qu’elle n’est pas contre les bilans, je peux commencer par faire
les bilans dès la première rencontre. Ou alors, si je sens que c’est un petit peu difficile, bon ben je suis plus dans la discussion,
voilà essayé de connaitre la personne, voir comment elle réagit. Parfois j’ai des personnes qui n’acceptent pas du tout les
bilans, donc si au départ ils ont pu me dire « ben j’aimerais faire ça, j’aimerais faire cette activité là » je dirais « ah ben je peux
peut-être le faire avec vous ». Donc voilà du coup je pars plutôt sur une activité et en fonction de cette activité j’essaye d’évaluer
par des observations où est-ce qu’elle en est dans ces capacités. Voilà comment ça se passe. Et après en fonction de ça au
bout de trois ou quatre séances je fais un compte rendu de mes évaluations et je propose un projet de soin, avec deux à trois
objectifs à atteindre. Donc ça peut être plutôt travailler sur une activité ou limiter l’angoisse, donc trouver ce qui va pouvoir la
rassurer, est-ce-que c’est en réorganisant un petit peu son quotidien, voilà après ça dépend. Et puis dans les objectifs on peut
aussi avoir conseil à l’aidant, si on sent que si on apporte conseil à l’aidant la personne serait rassurée, serait moins angoissée
et ça ne pourra être que mieux après pour notre intervention que ce soit un peu plus calme on va dire.
2) Et du coup l’aidant comment est ce qu’il accepte votre intervention au domicile ?
Souvent ils l’acceptent, déjà avant qu’on intervienne parce qu’on demande généralement que se soit l’entourage, ou si la
personne le peut la personne elle-même, qui nous contactent. Même si l’information a été donnée par un médecin, par le CLIC
ou par un service d’aide qui intervient chez eux, on demande quand même que ce soit la personne qui nous contacte. C’est
déjà une première entrée, acceptation de notre intervention. Donc souvent ils l’acceptent. Parfois quand ça plus été un conseil
insistant du médecin ou du CLIC et bien voilà ça dépend, soit on réexplique notre intervention, bon déjà ma collègue au
téléphone explique, au moment de la première rencontre explique. Nous à notre première visite, l’ergo ou la psychomotricienne
on ne demande pas forcément qu’il y ait la famille, mais si la famille est présente bon ben voilà c’est pareil on repasse par là.
On n’a pas trop eu de difficultés par rapport à l’acceptation des conjoints. Il y a peu être de temps en temps où ils ne voient pas
vraiment ce qu’on peut apporter où là justement l’adhésion du patient est plus délicate on va dire. Mais en général ils acceptent
bien. Quand ils voient , à partir du moment où ils voient que ça perturbe pas plus la personne, même si au départ ils ne voient
pas trop ce qu’on peut leur apporter, quand ils voient que ça perturbe pas plus la personne s’ils voient encore en plus que la
personne apprécie le moment, là déjà ils acceptent plus facilement.
3) Et dans les cas où il y a quelques difficultés, comment est ce que vous réagissez ?
Nous de toute façon on ne va pas les forcer. On réexplique, on explique que de toute façon voilà on ne va pas les forcer. S’il ne
souhaite pas notre intervention on arrêtera et qu’on reste quand même à leur disposition, s’il y a besoin d’une intervention plus
tard. Si possibilité il y a on fait le lien avec le CLIC s’il n’a pas encore eu ce lien de crée, parce qu’au moins le CLIC est là sur du
long terme, qu’il peut nous réinterpeller aussi après. Et puis si la demande était venue par exemple du médecin et ben on
explique au médecin qu’ils n’ont pas souhaité notre intervention. Si la demande n’était pas du médecin on ne l’informe pas
forcément. Donc voilà, souvent quand le conjoint n’accepte pas, enfin s’il y a un refus de la part du patient ou du conjoint, ou
vraiment la personne ne veut pas du tout, parce qu’on est chez eux donc. Après c’est différent quand justement c’est un enfant
qui ne vit pas avec la personne, il n’y a pas d’histoire de tutelle, curatelle, chose comme ça, là c’est différent. On ne va pas
intervenir, ça va dépendre de la situation, parce qu’on peut dire aussi « la personne, vous n’avez pas entre guillemet légalement
le droit de nous interdire ». si la personne chez qui on intervient est d’accord le patient et que les enfants ne sont pas d’accord,
là on va prendre en compte que ce que va dire la personne qui intervient, la personne intervient par contre et que le conjoint, si
la personne est d’accord et le conjoint n’est pas d’accord et ben là, on peut aussi discuter, parce qu’on peut aussi dire la
personne n’est plus totalement, enfin, il n’y a pas de mise sous tutelle, sous curatelle, ce n’est pas forcément eux qui vont tout
décider pour cette personne là, donc on peut aussi être amener à parler, du coup à faire peut être intervenir le médecin pour
qu’on intervienne, comme ça il y a un poids, mais si aucun des deux ne veut ben là on insiste pas. Si le conjoint ne veut pas,
mais ça, ça ne nous est pas arrivé par contre, que le conjoint ne veuille pas et que le patient veuille ça ne nous est pas arrivé.
Que les deux ne veuillent pas c’est déjà arrivé. Ça en général ce n’est pas arrivé, quand le patient voulait bien, souvent le
conjoint il accepte aussi.
Et du coup dans la plupart des cas les patients et les conjoints acceptent et d’après vous pourquoi est-ce qu’ils
acceptent aussi facilement ? C’est eux qui sont en demande ?
Oui et aussi parce qu’il y a peu de chose quand même qui leur sont proposés dans l’accompagnement, de choses adaptées je
veux dire. Parce que effectivement il y a beaucoup d’aides à domicile, mais des personnes qui ne sont pas toujours formées,
qui sont là pour une action précise mais qui ne sont pas forcément là pour de l’accompagnement par rapport à la maladie ou
aux troubles qu’à la personne. Donc je pense que ça doit venir de là. Mais ils sont en demande d’avoir un accompagnement,
quand ils ne le sont pas c’est qu’ils refusent toutes aides. Ils sont dans le déni, peut être dans une phase de déni ou voilà ils
viennent d’apprendre le diagnostic, voilà, c’est non pour tout parce que c’est dur à encaisser. Mais à un moment souvent ils
sont en demande et il y a tellement peu de chose sur le territoire que « ah il y a quelque chose et ben très bien on va essayer ».
4) Et donc par rapport à vos objectifs, vous me disiez qu’il y en a deux-trois, ceux qui sont par rapport à l’aidant, ça
serait quoi le genre d’objectifs ?
Ben comme je le disais au départ c’est vraiment soutien de l’aidant par soit par de l’écoute, soit du conseil enfin de l’information
sur la maladie et les troubles, soit du conseil sur l’accompagnement qu’il pourrait apporter au quotidien à leur conjoint. Ou alors
de l’information sur les groupes d’aide aux aidants aussi. Alors sur notre territoire il y a des groupes qui sont données par les
CLIC et il y a des groupes qui sont données par France Alzheimer. Donc voilà actuellement c’est un petit peu tout ce qu’il y a.
après c’est de l’information sur les structures de répits, les accueils de jour, les accueils temporaires, principalement d’ailleurs,
ou alors si vraiment le maintien à domicile n’est pas possible ça va être sur les maisons de retraite, les foyers logements aussi
parfois. Mais bon on va dire que nous on fait surtout de l’information sur l’accueil de jour, principalement parce qu’on peut être
amené à aller faire une visite avec eux, pour leur présenter le lieu, pour qu’ils comprennent ce que ça peut apporter. Que ça soit
fait aussi par une personne extérieure que le conjoint parfois aussi c’est pas mal parce que s’il n’accepte pas tout de suite au
moins ils en veulent pas au conjoint qui aura fait la démarche. Donc voilà souvent on dit ça « non mais ce n’est pas votre
conjoint qui nous a demandé, c’est nous on vous propose les choses qui existent » pour que peut-être ça passe plus
facilement, qu’ils acceptent plus facilement et qu’au moins il n’y ait pas aussi après de répercussions sur le conjoint. Après ce
qui est des accueils temporaires, des maisons de retraite nous on n’a pas tellement de structures de répits, enfin d’autres
choses éventuellement qui existent. Souvent aussi le CLIC, on les oriente vers le CLIC pour les informer sur tous ce qui existe,
sur les aides financières qu’ils peuvent avoir. Mais on fait, on va les mettre en lien aussi avec le CLIC quoi.
Et du coup est ce qu’il y a des objectifs on va dire indirects, en travaillant auprès de la personne malade qui agiraient
un peu sur l’aidant ?
Ben par exemple on a des, bon là ce n’était pas un conjoint, mais si, si, si c’est arrivé avec des conjoints aussi, qui nous
demande « quelle activité je peux encore lui proposer ? ». C’était des personnes qui étaient quand même à des stades évolués
de la maladie où c’est vrai que les capacités sont très limités donc c’est qu’est ce qu’on peut leur proposer maintenant ? Par
rapport aux activités qui existent, parce que tout ce qu’il faisait avant ben c’est plus possible. Voilà donc du coup nos séances
c’est aussi de trouver une activité qui va correspondre à cette personne et qui ou que l’aidant pourra refaire après avec lui. Pour
que l’aidant se sente utile aussi et puisse apporter quelque chose. Souvent c’est ça, en indirect enfin pour ma part en tout cas,
en tant qu’ergothérapeute.
5) Quels moyens est-ce que vous mettez en place que se soit avec l’aidant ou le conjoint malade au domicile ?
Ben nous on a pleins d’activité en fait donc on essaye un petit peu tout ce qu’on a. on essaye de voir aussi par rapport à ce qu’il
faisait avant. Bon souvent en fait l’aidant il trouve les solutions seuls, nous on est juste là pour leur dire qu’il y a encore des
possibilités. Souvent ils arrivent à retrouver des choses seuls. Bon parfois on leur donne quand même des pistes, on va leur
dire d’essayer plus des activités ludiques auxquels ils n’auraient pas pensé. Dans les activités du quotidien souvent l’aidant
trouve tout seul. Je me souviens d’une dame, bon là c’était sa fille mais, elle avait remarqué que faire essuyer la vaisselle, faire
plier le linge sa maman pouvait toujours le faire bon ben voilà elle l’orientait plutôt à le faire. Pour une autre dame, elle avait
remarqué que son mari tout ce qui était rangement des tiroirs, des placards ben tout ça il aimait le faire et il le faisait encore
bien donc elle continuait à faire ça au niveau du quotidien. Après au niveau peut-être autre activité à proposer pour stimuler la
mobilité ou euh, ben là c’était plus la mobilité parce que c’était un monsieur qui du coup avait un ralentissement psychomoteur,
je lui disais « ben comme activité vous pouvez peut-être, ça peut être des jeux de ballons » voilà c’est autre chose qu’on n’a
plus forcément l’habitude de faire et qui ne sont plus forcément proposé aux personnes, voilà quand on est en couple on va pas
se mettre, on ne joue pas forcément au ballon, on fait pas forcément des mouvements de gym. Donc ça pouvait être ça aussi,
on refait une séance, on lui explique quels gestes elle peut refaire.
Et est-ce qu’il y a des moments où vous arrivez à être un peu seul avec l’aidant, pour discuter ?
Rarement ça quand même, très rarement. Si vraiment on le souhaite on peut organiser une rencontre, des coordinations en fait
en dehors de chez la personne. Ça nous ait arrivé de temps en temps mais rarement, parce que même les coordinations on
essaye de le faire avec la personne, le patient, quand même en général. Bon là je vais peut-être avoir un cas mais ce n’est pas
avec le conjoint, c’est avec les enfants. Mais avec les enfants c’est aussi différents parce que les enfants ne vivent pas avec la
personne, enfin ça arrive mais ce n’est pas encore ce qu’il y a de plus courant. Souvent c’est soi le conjoint, enfin le couple
vieillit encore ensemble, soit la personne vit seule et rarement mais ça arrive quand même elle vit chez un de ses enfants. Ou
un enfant est venu vivre avec mais ça c’est quand même rare. Donc rarement quand même on n’est seul avec l’aidant. Très
rarement, donc c’est en présence du patient qu’on explique, c’est bien aussi parce que l’aidant entend, il voit aussi comment on
parle face à la personne, voilà ils se rendent compte de certaines choses rien qu’en étant à trois. Mais ouais on n’est pas
souvent seul, ça nous est arrivé vraiment quand la personne, le patient avait plutôt des crises d’agressivité, d’agitation si on
parlait de ses troubles et de sa maladie. Si on voyait que pour la personne bon ce n’était pas toujours simple à accepter mais
qu’elle pouvait entendre certaines choses, souvent on est là.
6) Et du coup vous est ce que vous avez le sentiment que votre intervention elle a été bénéfique pour l’aidant et le
conjoint ? Vous avez peut-être un peu de recul par rapport à certaines prises en charge.
Ben disons que, nous on voit que parfois effectivement ça a pu permettre à l’aidant d’avancer un petit peu sur l’acceptation de
la situation, sur l’acceptation des troubles de la personne et sur un petit peu comment l’accompagner. Parfois ça peut aider,
mais pas toujours. Parfois on voit des personnes qui ne changent pas du tout après notre intervention. Et là souvent on se dit
qu’après ça va être difficile, sauf si on a réussi à mettre en place un service d’aide et que le service d’aide est bien au courant
de ça et qu’il va toujours y avoir aussi, ils sont toujours vigilant en fait à ça aussi, c’est-à-dire à ce que soit l’aidant ne s’épuise
pas, soit que l’aidant continue à bien accompagner la personne, en respectant ses capacités, en respectant ses envies. Que du
coup le service d’aide qui se met en place soit sensibilisé à ça. Si on voit que l’aidant n’a pas du tout évolué pendant notre
intervention. Ça arrive, il y a les deux. Il y en a aussi c’est trop difficile pour eux, ils n’ont plus assez de capacités de ressources
pour accepter tout ça et pour avoir un accompagnement adapté.
7) Et à la toute fin de la prise en charge est-ce-que vous avez une manière d’évaluer le ressenti de l’aidant ?
On a un questionnaire, qu’on transmet, bon ben il est adressé au patient mais qui peut être rempli, souvent qui est rempli par
l’aidant. C’est précisé ou non si ça a été rempli par le patient ou par une personne de l’entourage. C’est des questionnaires
anonymes et on demande est ce que notre intervention a permis d’éclaircir des choses, d’avoir plus d’information sur la
maladie, est ce que ça a apporté quelque chose au quotidien. Après c’est un peu plus sur les modalités de notre intervention
est ce que le rythme convenait, est ce que le moment de l’intervention convenait, est ce que la personne était enfin ça peut être
avant ou après, enfin est ce qu’il n’y a pas eu plus d’angoisse en fait par notre intervention. Voilà c’est un petit peu tout ça qu’on
évalue.
Vous avez eu des retours déjà du coup des questionnaires ?
Oui des questionnaires, oui on en a. parfois les gens laissent anonyme, parce qu’ils ont la possibilité, que ça reste anonyme ou
qu’ils mettent leurs noms, donc parfois on sait pour quelle prise en charge. Enfin en général même on arrive à savoir parce que
pour l’instant on a trente personnes en file active donc on sait à peu près quand est ce qu’on a terminé, on se dit « ah ça, ça
ressemblerait plutôt à telle situation » donc on se dit bon ben voilà ça, ça peut peut-être être par rapport à, pi bon il y a des
personnes qui le mettent aussi franchement, on sait qui c’est. En général c’est positif, on a eu quand même deux, trois
questionnaires ou non c’était négatif, ils n’ont pas vu l’intérêt de notre intervention, ça n’a rien apporté pour eux. C’était en tout
cas pour un monsieur qui était, c’était des conjoints un monsieur, un jeune qui avait à peine soixante ans voilà acceptation du
diagnostic, acceptation de la situation, du trouble pour l’instant c’était trop dur. Il était en train de faire le deuil de tous ce qu’il
venait d’apprendre, que sa femme n’allait plus être pareille, qu’elle perdait des choses, donc on va dire que concrètement on a
rien apporté pour lui. Il s’attendait à ce qu’on guérisse son épouse, donc forcément. Donc voilà, là ce n’était pas positif pour lui,
on va essayer d’en reparler, mais voilà, c’était trop dur à ce moment là. Et l’autre personne alors là c’était plus compliqué, mais
là je pense que ça allait être difficile alors là qu’il comprenne, c’est pareil c’est une personne qui voulait qu’on guérisse sa
femme et qui n’avait pas compris la maladie, qui ne comprenait pas ce que les troubles engendraient, qui ne comprenait pas
que le changement de sa femme était lié à ces troubles là donc malgré une aide enfin une explication de notre part, une
explication de la fille et du médecin aussi mais là le couple ça allait être difficile.
Et ça arrive du coup qu’il y ait des contacts après ?
Ce n’est pas souvent après, mais sauf si les gens veulent qu’on réintervienne puisque l’on peut réintervenir un an après. Nous
parfois par différents partenaires par contre on peut avoir des informations, par le CLIC demandé où ça en ai, par le SSIAD si
c’était un SSIAD qui les suivait, ou part l’accueil de jour. Voilà on peut avoir des infos comme ça. On sait parfois si la situation
est stable, si ça a évolué, si parfois il nous demande « est-ce-que vous pouvez réintervenir ? ». Là on n’a pas eu trop de cas où
on est réintervenu. Ça fait deux ans, un peu plus de deux ans maintenant qu’on existe et là peut être que ça va revenir. Je sais
qu’il y a des situations qui ont évolué, justement est ce qu’elles n’ont pas trop évolué, est ce qu’on est encore dans, est ce qu’il
y a encore des capacités de réhabilitation. Donc voilà c’est, on va voir, mais on n’a pas encore de cas où on va réintervenir un
an après. Au début en plus on pouvait réintervenir tout de suite et puis le cahier des charges a été modifié, donc on a des
personnes où on est réintervenu tout de suite et depuis il n’y en a pas eu forcément, ou alors la personne n’est plus à domicile.
ANNEXE 8
Entretien avec Michel, aidant principal, conjoint d’une personne atteinte de la maladie
d’Alzheimer
1) Est-ce que vous pouvez me racontez qu’est-ce que l’équipe professionnel a fait chez vous, comment est-ce qu’elle
est intervenu chez vous ?
C’est-à-dire que bon c’est la suite de, si vous voulez du CHU, comme ma femme à la maladie d’Alzheimer et donc c’est passé
après par le docteur traitant et comment je dirais moi, les assistantes sociales je veux dire comme vous dites là thérapeute là ?
Les ergothérapeutes ?
Oui alors donc elles sont venues et puis bon on a rempli des papiers ceci-cela et on nous a interrogé sur la patiente quoi et
après c'est-à-dire que, je dois dire bon ben que c’est assez difficile de guider une personne qu’est malade bon si vous voulez
pour ranger les affaires et tout ça ou pour faire la cuisine ou pour, enfin ce n’est pas si vous voulez du cent pour cent. Parce
que on fait montrer à la personne mais la personne disons que elle ne suit pas. Même comment si vous voulez pour mettre la
table, je vais vous faire voir. (Le monsieur me montre une fiche plastifiée la liste d’objets pour mettre la table, ainsi que le
modèle avec l’emplacement des couverts). Vous voyez pour mettre le couvert par exemple.
Donc ça c’est l’ergothérapeute qui vous l’a proposé ?
Ben disons que c’était celle qui était avec elle, sa collègue quoi. Et même, sa collègue elle nous a appris, enfin à ma femme,
pour faire par exemple un gâteau ou lui proposer de faire la cuisine et ceci-cela. Alors bon on achète tout ce qu’il faut et puis ma
femme fait, elle est guidé quoi si vous voulez et ma femme fait tout et après bon bah elle lui fait montrer comment le gâteau,
comment dirais-je à suivre quoi. La recette et tout ça bon bah.
Ils sont venus combien de fois vous voir ?
Ben c’est-à-dire qu’ils ont le droit à, suivant les personnes qui acceptent, mais je veux dire 15 fois par an. Et si les gens refusent
bon ben ils réduisent quoi.
Et du coup là c’est terminé l’intervention ?
Là c’est terminé sauf si vous voulez si on avait vraiment besoin pour des soins par exemple, pour faire la toilette ou quoi, enfin
bon moi tant que ça va, c’est-ce que j’ai dis je m’occupe de ma femme quoi et le jour où ça ira plus ben on est quand même
assisté. On a proposé même des sorties et des sorties par exemple venir à domicile et puis emmener ma femme dans un
comment enfin dans un genre de club ou qui prennent des gens qui sont comme ça pour discuter ensemble ou pour jouer et
tout ça. Mais enfin ça, ça dépend de la personne parce que il y a des personnes qui acceptent et il y a des personnes qui ne
veulent pas, elles veulent rester, c’est le cas de ma femme. Parce qu’il faut qu’elle soit décidé quoi. Voilà ce n’est pas facile,
pas toujours.
2) Sinon, quand l’ergothérapeute et sa collègue son venues chez vous, qu’est-ce qu’elles ont mis en place chez vous ?
Qu’est-ce qu’ils ont fait ?
Ben en place alors disons ranger les vêtements quoi, parce que bon pour trouver plus facilement. La question de la vaisselle
aussi, comme je vous disais, bon pour que ça soit plus facile à trouver et même elle m’avait proposé de mettre des étiquettes
pour dire par exemple tel et tel vaisselle se trouve, bon ben ça a pas été fait parce que finalement, bon il y a peut être des
malades qui le font, mais ma femme elle a l’habitude de ranger les affaires où sa lui plait et moi c’est peut être assez difficile
mais quand vous suivez une personne vous retrouvez automatiquement, vous retrouvez où les affaires sont égarées, c’est pas
toujours facile et où elle range les affaires, parce que bon on a l’habitude de l’appartement, donc bon c’est pas toujours facile
mais enfin on est dans un appartement c’est pas comme dans une maison. Les affaires ont les retrouvent plus facilement.
Elles vous ont proposé des choses et après c’est vous qui avez décidé ensemble ?
Ah ben oui parce que quand il y a rien à faire ce n’est pas la peine. Quand faut remettre les fourchettes avec les fourchettes,
mettre les couteaux avec les couteaux, bon ben comme les casseroles et ceci et cela. Bon ben aussi, ce qu’il y a si vous voulez
elle me pose des questions pour comment ça se passe le matin et puis, parce que pour les médicaments de la personne,
comment ça se passe le midi, ce qu’elle peut faire. Bon ben elle épluche encore les légumes quoi et puis pour faire la vaisselle
et ben ça va encore, mais le plus difficile c’est de ranger les affaires, parce que la personne, si vous voulez, pour ranger cinq
minutes après elle ne sait plus, il y a des choses qu’elle range et des choses qu’elle ne sait plus.
Les repères sont plus difficiles ?
Ben ça dépend oui, les repères sont plus difficiles, quoique comme ma femme bon ben elle arrive à repasser quand même.
Mais enfin bon il y a des choses qu’elle ne peut pas repasser si vous voulez comme les chemises, les pantalons, mais le petit
linge elle peut. Étendre le linge elle peut le faire aussi, c’est moi qui m’occupe de la machine à laver. Et puis bon pour faire les
courses, on m’a expliqué comment ça se passe, elle ne peut pas sortir toute seule je l’accompagne et on fait nos courses et
puis on range. Sinon ben elle me demande où on va et comme on se promène au bord de l’Erdre et que moi j’ai un jardin bon
ben elle me regarde travailler et quand ça lui plait ben elle se lève et elle fait ce qu’elle veut.
Donc l’ergothérapeute elle n’a pas vraiment mis en place des choses à ce niveau là ?
Ben à ce niveau là non mais si vous voulez c’est à suivre parce que bon, c’est comme dans les maisons de retraite bon ben on
c’est fait inscrire parce que bon ça prend au moins deux ans, c’est très, très long et là j’ai reçu des nouvelles justement et ils ont
dit qu’il n’y avait pas de place qu’il fallait renouveler au bout de six mois, tous les six mois à renouveler. Tant qu’on peut rester
c’est ce que je lui ai dit, tant qu’on peut rester c’est aussi bien, parce qu’autrement et puis ce n’est pas facile parce qu’il y a des
personnes qui acceptent et puis il y a des personnes, vous savez bien, c’est très dur.
Et donc tout ce coté administratif, les papiers, faire les démarches, est ce que elles vous ont aidé, l’ergothérapeute et
les ASG ?
Ah oui, ah ben oui tous les dossiers ont été faits et puis même elle m’a aidé pour les maisons de retraite. Et puis bon ben,
même, comment je veux dire moi, elles nous envoient des, si vous voulez elles organisent enfin par leur comment, où elles
travaillent et elles s’en occupent, disons qu’elles organisent des sorties pour des, comment, pour des spectacles mais bon faut
que la personne veut y aller, quand elle ne veut pas y aller, c’est ça bon ben elles nous a demandé où on allait bon ben on allait
dans les club, mais dans les clubs vous savez bien ce que c’est, c’est que moi ma femme elle n’aime pas le bruit, parce que
quand c’est le bruit qu’est trop haut ça la gêne, ça gêne au niveau cerveau quoi, alors là ben on est dans un club mais de temps
en temps on y allait manger, mais on y va de moins en moins parce que disons que le bruit fatigue quoi. Parce que bon vous ne
pouvez pas imposer aux gens de ne pas faire de bruit, c’est difficile. Ça vous savez il y en a, moi-même je parle assez fort et je
ne m’en rends pas compte alors quelque fois elle est perturbée. Ben oui alors on est obligé de se corriger.
3) Et alors sinon comment est ce que vous avez vécu l’intervention de professionnels au domicile ? Parce qu’ils sont
venu chez vous, comment est ce que vous avez vécu cette situation ?
Ben je l’ai vécu bien, parce que c’est normal je veux dire qu’il y ait des gens qui s’occupent des malades comme ça. Et puis en
plus ben on est quand même guidé quoi parce que quelque fois on ne sait pas où on va. C’est ça quoi.
Un rôle d’accompagnement ? Vous en aviez besoin ?
Vraiment oui et puis de toute façon on n’a pas le choix, parce que bon s’il n’y a personne pour guider les gens c’est bien
difficile. Et même, on ne sait pas ce que l’avenir décide. C'est-à-dire que bon ben d’ici, parce que d’ici un an c'est-à-dire que la
maladie plus ça va plus elle s’aggrave, mais enfin bon ça dépend parce que ils n’ont pas vraiment encore trouvé le médicament.
4) Et là vu que c’est la fin de la prise en charge, quels changements vous avez constaté par rapport à avant ? Entre là
maintenant où l’intervention est terminée, l’ergothérapeute est passée et puis avant l’intervention de ces
professionnels ? Est ce que vous avez trouvé un changement entre les deux ?
Ben euh, oui parce que on en avait besoin hein. On avait besoin d’être guidé par ces gens là qui s’occupe des malades. Moi je
trouve que c’est bien pi il y a quand même des, si vous voulez, comment je dirais moi, des organismes quoi, qui s’occupe de
ces gens là, parce qu’autrement ce n’est pas facile. D’ailleurs, c’est comment c’est au CHU parce que ça fait des années que
ma femme est comme ça, le docteur traitant il m’a rappelé à l’ordre parce que bon disons que, bon ben il me dit vous ne vous
occupez pas encore des papiers, les assistantes sociales et puis tout ben j’ai dit, ben il dit « il serait peut être temps de vous en
occupez » alors bon tout d’un coup je me suis décidé et puis là ça a été quand même assez vite. Et quand même, bon ben
avant on ne savait pas trop comment faire, on laissait un petit peu aller quoi. C’est bien qu’elles soient venues. Parce
qu’autrement ce qu’on fait tous les mardis on a quand même une aide ménagère.
Qui n’était pas là avant ?
Qui n’était pas là, qui n’était pas là, enfin c'est-à-dire ça doit faire la troisième année quand même, elle vient deux heures et
demi par semaine. Ça permet, je veux dire, de faire le ménage et puis c’est tout hein parce qu’autrement le reste on s’en
occupe.
Ça permet peut être de soulager aussi toutes les choses que vous avez à faire aussi ?
Ah ben oui parce que bon ben, parce que vraiment si je m’occupais de tout ça serait de trop. Parce que déjà quand on a une
personne à s’occuper, déjà le matin bon ben faut que je m’occupe de ma femme, parce que bon ben elle a du mal à s’habiller.
Et après bon ben faut quand même qu’elle s’occupe de faire les courses et tout ça, bon c’est moi qui fais la cuisine, mais elle
m’aide aussi, mais enfin le plus gros c’est moi qui le fais. Bon ben l’après-midi on est tranquille, s’il fait beau bon ben on sort. Le
plus dur c’est l’hiver à passer quoi.
5) Et donc d’une manière générale vous avez le sentiment d’avoir été aidé quand même ?
Ah oui, oui, oui, oui, oui, ah ben oui. Ça c’est vrai que la question de ça, c’est un bien qu’elles soient passées.
Et donc est ce que vous aimeriez qu’elles repassent, elles peuvent intervenir une fois par an, est ce que vous aimeriez
qu’elles repassent l’année prochaine ? Est ce que vous en avez discuté ?
Vous savez dans une année, c'est-à-dire que, je dirais oui, mais c'est-à-dire que bon ben elles sont déjà passées cette année,
mais ce qu’il reste c’est souvent, enfin ce qu’il a derrière, comment elles procèdent les années suivantes. C'est-à-dire qu’elles
procèdent peut être sous une autre forme. Vous voyez ce que je veux dire ?
Comment ça une autre forme ?
Ben je veux dire, est ce qu’elles procèdent comme la première année ? Parce que normalement on est convoqué toujours une
fois par an au CHU et c’est par là que le début se fait. Mais bon ben quand on va là-bas c’est là qu’ils font, ceux qui s’en
occupent ils font un test sur la personne et c’est eux qui décident ce qu’il y a faire. Mais enfin bon, à moins qu’il y ait quelque
chose de nouveau, mais ça m’étonnerait.
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