Mesdames, Messieurs,
Quitter ou ne pas quitter l’Union européenne, telle est la question à
laquelle les citoyens britanniques auront à répondre lors du référendum qui
se tiendra le 23 juin prochain
. Dès avant son adhésion à la Communauté
économique européenne (CEE), en 1973, le Royaume-Uni a entretenu une
relation ambiguë avec le projet d’une union des États européens. En 1951, il
avait exclu de rejoindre la Communauté européenne du charbon et de l’acier
(CECA) puis, en 1957, refusé de signer le traité de Rome qui a donné
naissance au Marché commun – suscitant même la création d’une
organisation concurrente, l’Association européenne de libre-échange (AELE).
Par ailleurs, une année seulement après que le pays a rallié la
Communauté économique européenne, les Britanniques ont reconduit, au
cours des élections générales d’octobre 1974, une majorité travailliste s’étant
engagée à ce que les électeurs puissent, « par le biais des urnes »
, se prononcer
sur la place du Royaume-Uni dans le Marché commun. Une large partie des
électeurs – 67,2 % des suffrages – s’étaient exprimés, à l’occasion du
référendum du 5 juin 1975, en faveur d’un maintien dans la CEE. Pour
autant, loin de s’éteindre, le débat sur l’inscription du Royaume-Uni dans le
projet européen a perduré jusqu’à aujourd’hui, voire a gagné en intensité.
Si l’intégration du Royaume-Uni au système institutionnel européen
paraît acquise, ce que tend à montrer, entre autres, le taux de transposition
des directives communautaires
, une large part de la population britannique
semble nourrir une relative défiance à l’égard de l’Union européenne. Ainsi,
dans le sondage Eurobaromètre du printemps 2015, seuls 32 % des personnes
interrogées déclaraient avoir une image positive de l’Union
.
La distance entretenue par le Royaume-Uni à l’égard du projet
européen trouverait notamment sa source, selon certains commentateurs
,
dans des facteurs de nature géographique, historique et économique. Tout
d’abord, le caractère insulaire du Royaume-Uni et sa tradition maritime
Selon les termes du « European Union Referendum Act » du 17 décembre 2015, les citoyens
britanniques seront amenés à se prononcer sur la question suivante : « Le Royaume-Uni doit-il
rester membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ? » (« Should the United
Kingdom remain a member of the European Union or leave the European Union? »).
Labour Party, Britain will win with the Labour: Labour Party manifesto, octobre 1974
[traduction de la commission des finances du Sénat].
Selon les données publiées par la Commission européenne, le déficit de transposition des directives
relatives au marché unique au cours de la période 2013-2014 n’était que de 0,3 % au Royaume-Uni,
contre une moyenne de 0,7 % au sein de l’Union européenne (cf. Commission européenne, Le
tableau d’affichage du marché unique. Transposition, 2014).
Commission européenne, Eurobaromètre Standard 83 – Printemps 2015. L’opinion publique
dans l’Union européenne, juillet 2015.
C. Grant, « Why is Britain eurosceptic? », Centre for European Reform Essays, 2008.