se concentre sur de nouveaux accords commerciaux avec l'Australie, le Canada, la Nouvelle-
Zélande et d'autres pays du Commonwealth, tout en ignorant les réalités économiques difficiles.
Nouvelle-Zélande est peut être un beau pays, mais elle ne représente pas une économie
particulièrement importante et se situe très loin du Royaume-Uni. En fait, en dépit de ses énormes
problèmes, l'économie de la Grèce est encore plus grande que celle de la Nouvelle-Zélande.
De nombreux responsables politiques britanniques – et tous les membres de la campagne du
« Leave » – ignorent les coûts probables liés à la sortie du marché unique européen. Mais ce seul
facteur exige une attention sérieuse, étant donné la taille du marché unique et la proximité
géographique. Il est très important que le Royaume-Uni entretienne des liens commerciaux étroits
avec de nombreux États membres de l'UE après le Brexit. À cette fin, la Grande-Bretagne devrait
consolider ses exportations de services, un secteur où elle a sans doute encore un réel avantage
naturel.
Dans le même temps, le Royaume-Uni devrait de toute urgence essayer de porter sa relation avec la
Chine – ou ce que l'ancien Premier ministre britannique David Cameron appelait la « relation
dorée » – à un niveau supérieur. S'il y a un pays avec lequel le Royaume-Uni devrait vouloir trouver
un nouvel accord commercial, c’est certainement la Chine. Pendant mon bref passage au sein du
gouvernement britannique, j'ai aidé le chancelier de l’époque George Osborne à persuader
Cameron que nous devrions aspirer à faire de la Chine notre troisième marché à l’exportation en
une décennie. Est-ce ceci fait encore partie des priorités du nouveau gouvernement ?
Au-delà de la Chine, la Grande-Bretagne a également besoin de se concentrer beaucoup plus sur
ses liens commerciaux avec l'Inde, l'Indonésie et le Nigeria, qui tous auront une influence notable
dans l'économie mondiale et la structure des échanges mondiaux dans les décennies à venir.
Aux États-Unis, le président Donald Trump et ses conseillers de politique économique doivent
revenir à la réalité, en particulier en matière commerciale. Ils peuvent commencer par étudier la
structure des échanges de l’Allemagne, en particulier vis-à-vis de la Chine. Bien sûr, la Chine a un
excédent commercial bilatéral avec les États-Unis; mais elle constitue également un marché à
l’exportation en expansion pour les entreprises américaines. Et si les tendances des 10-15 dernières
années se poursuivent, la Chine pourrait bientôt supplanter le Canada et le Mexique en tant que
principal marché à l’exportation de l'Amérique.
Si les revenus des ménages chinois continuent d'augmenter, la demande pour certains des produits
et services les plus compétitifs des États-Unis ne fera qu'augmenter. Trump, plutôt que de cracher
des non-sens à propos de la Chine manipulant sa monnaie, devrait encourager les forces du marché
pour rééquilibrer le commerce bilatéral.
On peut dire la même chose pour le déficit extérieur global des États-Unis. À moins que les États-
Unis ne parviennent à augmenter leur taux d'épargne plus vite que les besoins d'investissement
internes, ils continueront à avoir besoin d’entrées de capitaux étrangers. Et cela, à son tour,
obligera le pays à maintenir un déséquilibre commercial et du compte courant.
Enfin, en poussant pour une renégociation de l'accord de libre-échange nord-américain, Trump
prend un risque similaire à celui pris par les pro-Brexit. Malgré les progrès récents de la Chine, le
Canada et le Mexique restent de proches voisins et des partenaires commerciaux cruciaux. En
perturbant potentiellement la structure des importations des trois pays, les politiques de Trump
sont susceptibles de faire monter les prix à l'importation, tout en mettant en péril la croissance des
exportations américaines.