III. LE THEATRE A L!EPOQUE DE CORNEILLE
Le théâtre au début du XVIIe
Fin XVIe, le théâtre agonise en France. Les formes médiévales comme les farces ou
les mystères ont disparu, les troupes et les salles modernes n'existent pas encore. La
comédie est un genre mineur, délaissé par les auteurs et les théoriciens. A l!époque, il
n!existait qu!un théâtre en dur à Paris : l!Hôtel de Bourgogne qui appartenait aux Confrères
de la passion.
Au début du XVIIe, des troupes de comédiens commencent à se constituer, portées
par le succès littéraire grandissant de textes principalement inspirés par le théâtre du siècle
d'or espagnol. La troupe de Mondory, spécialisée en farces et en pièces à effets spéciaux
décide de se fixer dans le quartier des Marais. Le classicisme fait remplacer le théâtre
d!aventures par le théâtre psychologique et donc s!en suit la disparition des effets spéciaux.
En 1629, les comédiens jouent
Mélite
, la première création de Corneille. La comédie
rencontre à Paris un succès suffisant pour décider son auteur à se lancer dans une carrière
dramatique. Le groupe d'acteurs devient par la suite la troupe des Marais.
A partir des années 1630, le théâtre et ses protagonistes reçoivent un statut social et
économique acceptable grâce à Richelieu, grand amateur de théâtre et fin politique,
conscient de l'intérêt pour la monarchie de contrôler ce moyen de communication.
Les règles du théâtre classique
De 1637 à 1640, les critiques envers
Le Cid
font rage dans le monde du théâtre suite aux
représentations de la tragi-comédie de Corneille. Malgré le succès retentissant de la pièce, il
se voit reprocher de n'avoir pas respecté les règles de l'idéal classique :
• La règle des trois unités : la première de ces lois impose les trois unités qui
s'appliquent à la tragédie aussi bien qu'à la comédie : l'unité d'action, de lieu et de
temps. La pièce doit se dérouler en un seul lieu dans un même décor, sans dépasser
24 heures, et ne présenter qu'une seule action principale. Le but recherché est de
produire l'illusion que le spectateur assiste au déroulement physique de la réalité
même. Vers 1640, les trois unités vont s!imposer. Cette victoire marquera le début du
classicisme, l!art dominé par la raison.
• La bienséance : elle impose de ne pas choquer le public de l'époque, avec des
scènes violentes, des morts sanglantes ou des contacts physiques. Comme dans le
théâtre grec, l'action susceptible de choquer se déroule ailleurs et un messager vient
la raconter. L!univers de la tragédie doit toujours s!exprimer de manière noble et
conforme à ce qu!on attend d!elle. De cette convention est née la litote, qui consiste à
en dire moins que ce que l!on pense (« Va, je ne te hais point ! »).
• La vraisemblance : elle présente ce qui semble vraisemblable dans l'attente du
public. Les auteurs doivent en outre s'inspirer des anciens, distinguer rigoureusement
les genres tragique et comique, écrire en alexandrins (vers de douze syllabes) dans
un style convenu et découper les pièces en cinq actes. Paradoxalement, ce carcan
de règles va produire les plus grands dramaturges français et redonner ses lettres de
noblesse au théâtre.
Source : www.curiospheretv.be