Livres et patrimoine : Le Théâtre de Corneille
Basé sur une légende de la Reconquista espagnole, Le Cid de Pierre Corneille
lança un nouveau genre dramatique : la tragi-comédie. Après sa première
représentation en 1637, Le Cid provoqua la « Querelle du Cid ». D’autres auteurs
de l’époque, surtout Mairet et Scudéry, critiquèrent la pièce de Corneille, mais, en
fin de compte, l’Académie Française légitima cette oeuvre.
Publié en 1660, Le Théâtre de Corneille constitue une tentative de valider le
travail de Corneille. Dépeignant les anges qui annoncent les talents de Corneille
comme auteur de la tragédie et la comédie, le frontispice du livre contribue à cet
effort de la façon la plus directe. Mais le grand format du livre renforce cette
impression : en contenant tout l’oeuvre de l’auteur du Cid, il signale que ces
talents sont dignes de célébrations.
Si ce tome sert à affirmer le statut de Corneille, il sert également à signaler le
statut de son propriétaire. Le format du livre et sa couverture décorative suggèrent
que le livre était essentiellement pour montrer aux autres, probablement comme
partie des collections passent de génération de génération. Comme l’explique le
sociologue français Pierre Bourdieu, les bibliothèques du XVIIe siècle « [attestent]
physiquement de l’ancienneté et la continuité de la lignée et par là [consacrent]
son identité sociale. »