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Source : Financement :
Action pilotée par le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de
l’eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au
financement du plan Ecophyto 2018.
Ennemies naturelles des aleurodes, des pucerons, des tétranyques
des noctuelles, etc. : les punaises Macrolophus
Naturellement implantée dans des régions méditerranéennes,
du sud de la France et de la Corse, Macrolophus sp. l’insecte
vert à l’allure élancée se cache sur une de ses plantes hôtes
(Photo 1). Classé dans l’ordre des punaises (ou hémiptères) il
appartient à une branche de la grande famille des mirides qui
compte 800 espèces d’intérêt agronomique dans les genres
Deraeocoris, Dicyphus, Nesidiocoris, Malacocoris, Macrolophus.
Les punaises mirides sont des insectes polyphages si bien que
certaines peuvent être à la fois prédatrices et phytophages ce
qui ne remet pas en question l’utilisation en lutte biologique de
quelques unes d’entre elles sur les plantes cultivées. Leur
qualité de prédateur montre leur attrait particulier pour les
aleurodes mais aussi les acariens, les cicadelles, les
noctuelles, les pucerons et les psylles. Macrolophus caliginosus
(ou M. melanotoma) a été observé spontanément dans des
parcelles de production d’Hélianthus et de Gerbera.
Photo 1 : Macrolophus caliginosus (
source www.biopol.nl
)
DESCRIPTION
Comme toutes les punaises (du sous ordre des hétéroptères),
le genre Macrolophus est doté :
- de quatre ailes disposées à plat au repos, les antérieures sont
modifiées en hémélytres (ailes durcies dans la partie basale et
membraneuses dans la partie apicale).
- d’un rostre (appareil buccal des insectes) situé à l’avant de la
tête (tête prognathe), afin de transpercer et de vider les proies
de leur contenu.
- d’un corps avec la tête, le thorax et l’abdomen bien séparés.
Cependant, un caractère morphologique précis la distingue des
autres punaises : la partie basale des ailes antérieures est
coriace ; elle est formée de la corie qui présente un sillon bien
visible dans sa partie apicale et délimite ainsi une zone
triangulaire appelée cunéus (Dessin ci-dessous).
Dessin d’une aile antérieure avec cunéus (
source : www. aramel.free.fr
)
La partie apicale de l’aile est membraneuse, plus ou moins
nervurée avec ou sans cellule.
L’adulte a un corps élancé vert de 3 à 6 mm chez la femelle et
de 2,9 à 3,1 mm chez le mâle. Ses yeux rouges ont un trait noir
derrière. Il a de longues pattes et des antennes de quatre
articles. Ces dernières sont jaunâtres sauf le premier article qui
est noir, ce qui aide pour la reconnaissance des Macrolophus.
La femelle mature possède un abdomen arrondi avec un
ovipositeur. Le bord antérieur du thorax est muni d’un anneau
apical. La te n’a pas d’ocelles. L’aile membraneuse est d’un
vert pâle transparent et grisâtre (Photo 1 et dessin).
L’œuf invisible est profondément inséré dans le tissu de la
feuille ne laissant apparaître que l’opercule surmonté d’une
petite aigrette.
La larve au début jaune-vert puis totalement verte, a des
caractères externes semblables à l’adulte dépourvue d’ailes et
d’élytres qui se développent graduellement avec les stades.
Elle se distingue des autres espèces par les antennes
entièrement jaunes sans aucune marque foncée. De l’œuf à
l’adulte, elle passe par cinq stades larvaires (Photos 2 et 3).
Source : Financement :
Action pilotée par le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui financier de l’Office national de
l’eau et des milieux aquatiques, par les crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au
financement du plan Ecophyto 2018.
Photos 2 et 3 : larves jeune et âgée (Source www.Biotop.fr)
BIOLOGIE ET INTERET AGRONOMIQUE
Le cycle biologique (de l’oeuf à l’adulte) de Macrolophus
caliginosus est en moyenne de 30 jours à 25°C ou 45 jours à
20°C ou 58 jours à 15°C, dans des conditions contrôlées de
laboratoire, sur des aleurodes. La longévité des adultes est
d’environ 25 jours à 20°C et peut durer plus de trois mois à
faible température. Elle est de 19 jours à 25°C sur ses proies
favorites (jeunes stades d’aleurodes).
La vitesse de développement larvaire dépend à la fois de la
température et de l'alimentation fournie. L'évolution des larves
est encore possible quoique très lente à 10°C et le zéro de
développement est de 7,7°C. La température de 40°C est
létale.
La larve prospecte le plus souvent sous les feuilles, alors que
l’adulte parcourt activement tous les organes aériens des
plantes à la recherche de ses proies. De par sa mobilité plus
réduite que celle de l’adulte, la larve est particulièrement
adaptée à l’installation sur foyers où elle est très efficace.
Les études sur son comportement en conditions contrôlées ont
démontré que M. caliginosus supporte une baisse de 50% de
ration alimentaire habituelle puisque développement et ponte
sont possibles. En cas d'absence totale de proies, elle peut
devenir phytophage par prélèvement de sève et provoquer des
dégâts en culture d’aubergine, gerbera (risque de piqûres déjà
observé au Scradh), tomate et des cucurbitacées.
Difficile à observer jusqu’en juin sous serre, elle s’installe
lentement. Pendant l’été après une introduction précoce en un
à deux lâchers, il est courant de comptabiliser sous serre de
tomate une cinquante d’individus par plante. Macrolophus sp. a
une préférence alimentaire pour les stades immatures des
aleurodes des serres et des pucerons, elle s’agrège sur les
foyers. Elle peut également se nourrir d’acariens tétranyques,
de thrips d’œufs de lépidoptères (noctuelles), et de larves de
mineuses. Un adulte peut consommer environ 40 œufs ou 20
larves d'aleurodes par jour.
La population se compose d’autant de mâles que de femelles,
qui cohabitent très bien avec les insectes et acariens utiles
utilisés dans le cadre de la PBI.
Au Scradh, des lâchers de Macrolophus caliginosus
(commercialisée) ont été pratiqués sur Gerbera et rose pour les
fleurs coupées. Différentes stratégies ont émises en oeuvre :
lâchers de femelles prêtes à pondre avec complément
alimentaire, apports de la punaise auxiliaire de culture tous
les stades) par le biais de rameaux tes (inule visqueuse sur
gerbera et de tomates sur rosier). Dans les conditions des
essais, elle ne s’est pas installée tant sur rose que sur gerbera.
Cependant, à la fin du printemps, on note régulièrement la
présence naturelle de Macrolophus sp. dans les parcelles
expérimentales d’Hélianthus et de Gerbera au Scradh (sans
pour autant observer de malformations des fleurs).
UNE ALLIEE A FAVORISER
Peu exigeante quant à l’hygrométrie ambiante, elle est sensible
à la température et notamment aux ductions thermiques
pratiquées sous serre.
Vulnérable aux substances chimiques abamectine,
chlorpyriphos-éthyl, formétanate, imidaclopride et pymétrosine
(source www. e-phy.gouv.fr), il faut également raisonner
l’effeuillage des plantes au risque d’éliminer les pontes et les
larves jeunes.
Il convient de favoriser les plantes hôtes indigènes aux abords
des serres telles que l’inule visqueuse (Dittrichia viscosa photos
4 et 5) et le souci officinal (Calendula officinalis) car
Macrolophus sp. s’y maintient en l’absence de proies. Sous
serre, elle a été observée sur Angelonia gardneri… une plante
subtropicale.
Photos 4 et 5 : Inule visqueuse, plante (gauche) et fleur (droite).
Remerciements à : François BERTAUX (SPV) et Gilles RIDRAY (INRA).
Sources bibliographiques :
BONATO O., RIDRAY G., 2007 : Effect of tomato deleafing on mirids, the natural
predators of whiteflies. Agron. Sustain. Dev 27, pages 167-170.
FAUVEL G., MALAUSA JC, KASPAR B., 1987 : Etude en laboratoire des
principales caractéristiques biologiques de Macrolophus caliginosus [Heteroptera:
Miridae]. In BioControl, Volume 32, n° 5, pages 529 à 543.
LAMBION J., AMOUR C., 2009. Biodiversité fonctionnelle : bénéficier des
prédateurs naturels d’aleurodes et tétranyques. PHM, n° 510, pages 15-18.
LHOSTE-DROUINEAU A., RONCO L., 2009 : Valorisation des espèces utiles
dans le cadre d’une protection biologique intégrée de l’horticulture
méditerranéenne. In Atout-Fleurs n° 73, pages 37 à 46.
PIERRE P., 2001 : Les insectes d’importance agronomique, « Pratique de
l’identification au laboratoire » session de formation du 12 au 16 mars de l’INRA-
ENSA de Montpellier.
RIDRAY G., 2007 : Adaptation de la protection biologique intégrée au climat des
serres en culture de tomate : étude des principales règles d’action. 12p +annexes.
INRA.
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