REVUE DE PRESSE
>Théâtre
Texte et mise en scène Wajdi Mouawad
© Pascal Gely
Soeurs de Wajdi Mouawad
From theatredublog.unblog.fr - April 17, 10:53 PM
Publié par Elisabeth Naud pour Théâtre du blog
«C’est en regardant ma sœur repasser des chemises, pantalons, draps, serviettes, culottes et chaussettes
qu’émotivement est née Sœurs» écrit Wajdi Mouawad à Emmanuel, son fidèle scénographe, depuis Forêt en 2006. Ce
metteur en scène, auteur, acteur, libanais, a passé son enfance au Liban. Quand vient la guerre, encore adolescent il
quitte le Liban pour la France, puis s’installe au Québec et vit aujourd’hui dans notre pays.
Sœurs est le deuxième opus d’un cycle, commencé en 2008 avec Seuls, déjà présenté au Théâtre national de Chaillot.
De ces deux pièces, Wajdi Mouawad parle d’un «cycle domestique», auquel viendront s’ajouter les solos ou duos
comme Frères, Père et Mère.
Ce nouveau cycle d’une dramaturgie de l’intime, succède à celui d’un théâtre épique, Le Sang des promesses
avec Littoral, Incendies, Forêts et Ciel; on retrouve dans ces cycles tous les thèmes essentiels chez lui : guerre, exil,
quête de l’identité, enfance, langue française et anglaise, arabe… toujours présents depuis ses débuts en 1990 ; reflet
existentiel et autobiographique de sa création poétique, traversée par un questionnement de l’intime, du tragique et du
politique.
Wajdi Mouawad, interroge encore avec Sœurs, la tragédie antique et contemporaine, et la famille: deux univers, le
Liban et Le Canada, toujours au cœur de ses diverses créations, en résonance avec ses espaces de réflexion. Nous
sommes, une fois de plus, éblouis par la mise en scène très précise avec alternance des scènes avec la comédienne
sur le plateau, ou interprétant, en vidéo, plusieurs personnages à la fois.
La scénographie très influencée par les arts plastiques, est aussi tout à fait remarquable,avec projections de
dessins d’une salle de bains, de visages d’adolescents en couleur, de la route enneigée de Montréal à Ottawa, d’une
impressionnante charge de bisons, et de listes de mots en très gros caractères d’imprimerie: HUMILIATION, REJET
, etc… ou encore de phrases écrites à la main proches de l’art conceptuel défilant sur grand écran.
Théâtre National de Chaillot jusqu’au 18 avril et en tournée. T : 01 53 65 30 00
Le texte est publié aux éditions Lemec/Actes Sud-Papiers.
SORTIRAPARIS
Jusqu’au 18 avril 2015, le Théâtre National de Chaillot présente Sœurs, la nouvelle création de Wajdi
Mouwad, et deuxième partie du cycle appelé Domestique, dont le premier volet, Seuls, a été présenté il y
a deux ans sur cette même scène. Une façon pour le Théâtre de continuer un cycle québécois initié avec
Vanishing Point depuis le mois dernier.
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Une nouvelle fois, une personne se retrouve seule sur une scène. C’est la marque de fabrique du nouveau cycle
initié il y a deux ans par Wajdi Mouawad, en présentant Seuls. Suivront Père, Mère, et Frère. Dans Sœurs, il
s’agit d’une femme, une avocate. Elle s’appelle Geneviève Bergeron, un nom bien français qu’au Canada, à
Ottawa, on cherche sans cesse à américaniser (ce qui ne plaît pas à une francophone du Québec). Interprétée
par l'excellente, et métamorphosée, Anncik Bergeron, le personnage est médiatrice, sa prochaine mission
débute dans quelques jours, elle doit partir au Mali pour tenter d’apaiser un conflit. Pourtant… avant de régler les
conflits mondiaux, ne vaudrait-il pas mieux régler ses conflits intérieurs ?
C’est ce trop-plein que raconte Sœurs, pièce qui se déroule sur deux jours, essentiellement dans une chambre
d’hôtel moderne et digitale, où les boutons n’existent plus mais qui fonctionne à force de reconnaissance vocale.
Le modernisme à son paroxysme qui ne marche pas toujours comme il faut… Dans cette chambre d'hôtel, au
cœur de sa vie traditionnelle, tout va exploser : le moment ne se choisit pas.
Avant cela, Geneviève Bergeron laisse entrapercevoir une histoire de sœur, une grande sœur découverte, puis
perdue à nouveau : c’est son grand malheur, celui qui l’a bouffe, qui l’a ronge de l’intérieur. C’est souvent
comme ça chez Wajdi Mouawad, c’est aussi pour cela que tout est toujours si prenant, intense : le mal est
souvent ancien, et il faut partir à sa recherche pour essayer de le vaincre. « L’immortalité des moments passés »,
dit-il, c’est celui qui fait mal. Se souvenir, et savoir que ça n’éxiste plus.
Cette pièce Sœurs de Mouawad est peut-être moins violente que les précédentes, elle est très drôle par moment,
assez douce à d’autres, mais toujours très juste. L’entrée de Leïla dans l’histoire, une experte en assurance
venue constater les dégâts provoqués par Geneviève dans sa chambre d’hôtel met en lumière la relation avec la
mère, primordiale.
Le dispositif scénique, fait de planches de bois coulissantes qui servent à la fois de panneau à projection que des
murs de la chambre d’hôtel est sobre mais intelligent. Dans le fond, une projection, quasi permanente, de
Gabrielle d’Estrée et une de ses sœurs, tableau qui peut annoncer, selon comment on l'interprète, aussi bien le
bonheur d'une naissance que le malheur d'une mort. Une nouvelle fois, la musique apporte un petit quelque
chose à l’ensemble, une invitation supplémentaire au voyage, à l’échappée. C'est très beau, une nouvelle fois, ce
qu'a créé Wajdi Mouawad. Pas étonnant que son public réponde toujours présent.
MARINE'S.'
Les deux «Soeurs» en exil de
Wajdi Mouawad
PHILIPPE CHEVILLEY / CHEF DE SERVICE | LE 13/04 À 06:00
Soeurs (de Wajdi Mouawad.Paris, Théâtre national de Chaillot, jusqu'au 18 avril. 2 h 10.)
Dehors, la neige tombe à gros flocons. Dedans, des mots blancs sont projetés en rafales sur le mur de la suite
du palace d'Ottawa où séjourne Geneviève Bergeron, l'héroïne de « Soeurs », la nouvelle pièce de Wajdi
Mouawad à l'affiche du Théâtre national de Chaillot. Pour l'instant, on ne comprend pas le sens de ces
« cadavres exquis », mais qu'on se rassure : dans le théâtre du dramaturge libano-québécois, les mystères se
dissipent toujours à la fin. Pourquoi cette avocate piégée par une tempête de neige pète-t-elle les plombs dans
sa chambre high-tech ? Qui est cette demi-soeur d'origine indienne, Irène, qu'elle recherche désespérément ?
Quelle « sororité » va s'établir entre la femme à cran et l'agent d'assurances venue constater les dégâts
provoqués par sa crise de nerfs ?
Après « Seuls » (premier volet de son cycle « Domestique »), Wajdi Mouawad tisse une nouvelle grande
tapisserie émotionnelle, qui conjugue l'intime et le monde. Alternant drame et comédie modernes (les
monologues par smartphone interposé), il bâtit une intrigue à suspens pour mieux faire entendre son propos
humaniste. « Soeurs » dresse un pont entre l'exil « intérieur » des Québécois dépossédés de leur culture (la
mère de Geneviève forcée, lorsqu'elle était enfant, de s'exprimer en anglais) et les Libanais exilés au Canada
(la femme agent d'assurances, coupée de ses racines et de ses rêves d'enfant).
L'écriture est inégale, « Soeurs » tombe parfois dans la facilité, l'anecdotique ; mais on y rit souvent (les gags
relatifs à la domotique de l'hôtel dignes de « Mon oncle » de Tati) et on est ému tout le temps. A sa façon
intello-romanesque - la complexité du monde dite simplement -, le dramaturge renouvelle le théâtre populaire.
Son cousinage avec Robert Lepage est évident dans sa construction dramatique comme dans sa mise en
scène inventive, mixant système D et technologie.
La virtuosité d'Annick Bergeron
Pour relever le défi de faire dialoguer plusieurs femmes - les deux soeurs d'adoption, mais aussi le personnel
hôtelier… -, il a fait appel à une comédienne remarquable, Annick Bergeron, qui incarne avec virtuosité et
humanité tous les rôles (en « live » ou préfilmés). Aussi crédible en quinqua québécoise survoltée qu'en
immigrée libanaise virago, elle donne chair et âme à ces soeurs de combat. On attend maintenant le prochain
épisode du cycle, « Frères », pour lequel Wajdi Mouawad pourrait s'associer avec son cousin et maître
Lepage...
Les deux «Soeurs» en exil de Wajdi Mouawad - Théâtre de Chaillot
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Les deux
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en exil de Wajdi Mouawad, Culture
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http://www.lesechos.fr/week
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end/culture/0204292973640
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Les deux
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en exil de Wajdi Mouawad, Culture
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