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Author's personal copy
Éducation
thérapeutique
des
musiciens
Therapeutic
education
for
musicians
Cabinet
de
physiothérapie,
rue
Micheli-du-Crest
22,
1205
Genève,
Suisse
INTRODUCTION
Le
métier
de
musicien
implique
une
activité
exigeante,
autant
au
niveau
physique
que
psychique.
En
effet,
la
pratique
d'un
instru-
ment
comporte
des
contraintes
particulières,
à
savoir
des
mouvements
répétitifs
et
des
exercices
intensifs
en
position
statique.
De
surcroît,
il
engendre
un
stress
dans
la
recher-
che
de
performance
et
de
virtuosité.
Face
aux
problèmes
qui
en
découlent,
les
musiciens
peinent
souvent
à
réagir,
comme
si
leur
corps
se
devait
de
souffrir,
an
de
servir
leur
art,
l'absolu
de
la
musique.
Vu
la
concur-
rence
qui
règne
dans
le
monde
des
artistes,
les
musiciens
professionnels
craignent
de
perdre
la
place
qu'ils
ont
obtenue
de
haute
lutte
au
sein
de
l'orchestre.
Ils
n'hésitent
donc
pas
à
imposer
à
leur
corps
des
contraintes
mécaniques
comparables
à
celles
des
sportifs
de
pointe.
On
pourrait
d'ailleurs
appeler
les
musiciens
«
les
sportifs
des
petits
muscles
».
Par
exemple,
un
pianiste
est
capable
de
jouer
20
à
30
notes
par
seconde,
ce
qui
implique
une
dextérité
physique
extrême,
mais
aussi
un
entraînement
du
cerveau
permettant
de
réali-
ser
400
à
600
actions
motrices
séparées
dans
le
même
temps.
OBJECTIFS
Cet
article
vise
à
démontrer
la
nécessité
de
proposer
une
«
éducation
thérapeutique
spé-
cique
»
aux
musiciens
pour
leur
éviter
les
problèmes
liés
à
leur
profession.
L'éducation
thérapeutique
des
musiciens
consiste
à
les
sensibiliser
aux
pathologies
propres
à
l'exer-
cice
de
leur
art
et
de
réduire
ainsi
les
facteurs
de
risque
auxquels
ils
sont
exposés.
Une
hygiène
de
vie
adéquate
contribue
à
conserver
force
et
équilibre
musculaire
indispensables
:
la
pratique
d'«
exercices
journaliers
»
simples
permet
d'éviter
de
mau-
vaises
positions
telles
que
cyphose
dorsale,
enroulement
des
épaules,
scapulas
et
bras
en
Aude
Hauser-Mottier
Mots
clés
Éducation
thérapeutique
Musiciens
professionnels
Pathologies
spécifiques
Prévention
Keywords
Therapeutic
Education
Professional
musicians
Specific
pathologies
Prevention
Adresse
e-mail
:
RÉSUMÉ
Environ
70
%
des
musiciens
professionnels
rencontrent
des
problèmes
de
santé
spéciques
au
cours
de
leur
carrière.
En
effet,
la
pratique
d'un
instrument
comporte
des
contraintes
particu-
lières,
à
savoir
des
mouvements
rapides
et
répétitifs
en
position
statique,
doublés
d'un
stress
de
performance.
Une
éducation
thérapeutique
pour
musiciens
permettrait
d'éviter
ces
pathologies
liées
à
leur
profession,
diminuerait
les
coûts
de
la
santé
engendrés
par
des
traitements
de
longue
durée,
mais
surtout
leur
assurerait
sérénité
et
plaisir
indispensables
à
une
bonne
interprétation.
Niveau
de
preuve.
Non
adapté.
©
2013
Elsevier
Masson
SAS.
Tous
droits
réservés.
SUMMARY
About
70%
of
the
professional
musicians
will
suffer
from
specic
diseases
during
their
career.
Indeed,
playing
an
instrument
means
constraints
like
rapid
and
repetitive
movements
in
a
static
position,
with
additional
stress
for
performance.
A
therapeutic
education
for
musicians
would
prevent
them
from
these
professional
pathologies,
would
keep
the
health
costs
lower
and
especially
give
the
musicians
the
pleasure
they
need
in
order
to
play
good
music.
Level
of
evidence.
Not-applicable.
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2013
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Masson
SAS.
All
rights
reserved.
Kinesither
Rev
2013;13(140141):3337 Congrès
/
Éducation
du
patient
©
2013
Elsevier
Masson
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Tous
droits
réservés.
http://dx.doi.org/10.1016/j.kine.2013.07.001
33
Author's personal copy
rotation
médiale
qui
induisent
des
tensions
musculaires
et
restreignent
la
liberté
du
geste
musical.
L'éducation
thérapeutique
comprend
une
«
prise
de
conscience
corporelle
»
(posture
globale),
une
récupération
de
la
force
des
extenseurs
dorsaux
et
un
renforcement
des
muscles
de
soutien
(ceinture
abdomino-pelvienne
et
scapulaire)
qui
permettent
de
retrouver
la
souplesse
des
muscles
dynamiques.
Une
bonne
posture
sert
à
lutter
contre
la
gravité.
Elle
assure
l'équilibre
du
corps
debout
ou
assis
et
coordonne
le
maintien
de
cet
équilibre
lors
d'un
mouvement
ou
d'un
déplacement.
Figure
1.
Schéma
montrant
la
superposition
des
doigts
dans
le
cortex
sensoriel
primaire.
Extrait
de
Watson
A.
What
studying
musicians
tell
us
about
motor
control
of
the
hand.
J
Anat
2006;208.
Figure
2.
Pianiste
souffrant
d'une
dystonie
de
fonction,
avant
(A)
et
après
(B)
traitement.
A.
Hauser-Mottier
Congrès
/
Éducation
du
patient
34
Author's personal copy
PATHOLOGIES
Environ
70
%
des
musiciens
professionnels
rencontreront
des
problèmes
de
santé
au
cours
de
leur
carrière.
Les
contraintes
extrêmes
auxquelles
ils
sont
soumis
peuvent
leur
provoquer
des
troubles
musculosquelettiques
tels
que
:
cervicalgies
;
compressions
nerveuses
;
cervicobrachialgies
;
péri-arthrite
scapulo-humérale
(PSH)
;
syndromes
de
surmenage
;
tendinites,
épicondylites,
épitrochléites
;
tendinites
de
De
Quervain
(extérieur
du
poignet).
En
cas
de
mauvaise
posture,
c'est
toute
la
biomécanique
du
bras
et
de
la
main
qui
se
modie,
ce
qui
peut
entraîner
ces
diverses
pathologies
et
handicaper
les
musiciens
pendant
des
mois.
Il
faut
encore
mentionner
la
«
dystonie
de
fonction
»,
un
trouble
fonctionnel
qui
se
caractérise
par
l'absence
de
symp-
tômes
douloureux,
par
des
contractions
musculaires
involon-
taires
soutenues,
par
des
mouvements
répétitifs
incontrôlés
et
par
une
perte
de
coordination
motrice.
Dans
ce
cas,
la
mau-
vaise
posture
entraîne
un
affaissement
de
la
voûte
de
la
main
qui
altère
la
représentation
cérébrale
du
mouvement.
La
dys-
tonie
de
fonction
se
révèle
être
une
pathologie
dramatique
qui
prend
des
années
à
rééduquer
et,
le
cas
échéant,
contraint
même
l'artiste
à
mettre
n
à
sa
carrière
(Fig.
1).
En
2007,
Chamagne
rapporte
:
«
Il
existe
toujours
une
inter-
action
entre
l'élément
psychologique
dont
dépend
l'interpréta-
tion
musicale
et
la
mécanique
du
geste,
dépendant
de
la
morphologie.
»
(Fig.
2).
MOYENS
Comme
le
dit
Alain
Berthoz
dans
son
livre,
«
Le
sens
du
mouvement
»
:
«
il
n'y
a
pas
de
geste
sans
émotion
».
Mais
un
mouvement
voulu,
pensé,
senti,
ne
s'avère
possible
que
grâce
à
une
bonne
posture.
Le
geste
précis,
le
toucher,
c'est-à-
dire
la
sonorité
et
la
musicalité,
sont
le
reet
de
l'expression
émotionnelle
du
musicien,
qu'il
ne
peut
obtenir
que
dans
les
meilleures
conditions
physiques.
Figure
3.
Le
musicien
doit
prendre
conscience
de
sa
posture.
Kinesither
Rev
2013;13(140141):3337 Congrès
/
Éducation
du
patient
35
Author's personal copy
Dans
un
«
premier
temps
»,
le
musicien
doit
prendre
cons-
cience
de
sa
posture
et
être
incité
à
la
corriger.
On
le
placera
donc
devant
un
miroir,
de
face
puis
de
prol
an
qu'il
voie
son
corps
et
le
ressente
simultanément.
L'éducation
thérapeu-
tique,
par
un
langage
constructif,
l'aidera
à
éprouver
de
l'inté-
rieur
un
changement
positif,
à
se
sentir
«
plus
beau
»,
plus
libre
de
ses
mouvements
et
à
devenir
acteur
de
sa
santé.
Cette
correction
de
posture
donnera
alors
une
autre
dimension
à
son
image
reétée
dans
le
miroir
et
lui
permettra
d'agir
non
dans
la
contrainte
mais
dans
le
plaisir
(Fig.
3).
Dans
un
«
deuxième
temps
»,
on
enseignera
au
musicien
des
exercices
quotidiens
simples
qui
lui
permettront
de
rester
souple
et
tonique,
sans
crispation
malgré
l'effort
et
la
fatigue.
L'éducation
thérapeutique
du
geste
de
la
main
occupe
une
place
privilégiée
pour
la
virtuosité.
La
position
de
base
res-
pectera
la
position
physiologique
du
poignet,
à
savoir
158
d'extension
et
158
d'inclinaison
cubitale.
Le
musicien
doit
savoir
que
les
muscles
échisseurs
sont
plus
forts
que
les
extenseurs
et
s'astreindre
au
stretching
de
ses
échisseurs,
avant
et
après
avoir
joué
de
son
instrument.
La
biomécanique
correcte
du
pouce
assure
l'équilibre
entre
muscles
intrinsè-
ques
et
extrinsèques
de
la
main
;
elle
permet
aussi
le
travail
du
muscle
cubital
postérieur,
souvent
cient
chez
les
instru-
mentistes
(Fig.
4
et
5).
Dans
un
«
troisième
temps
»,
il
y
a
lieu
d'intégrer
tous
les
éléments
de
la
rééducation
pratiqués
et
assimilés
à
la
pratique
de
l'instrument.
CONCLUSIONS
La
rééducation
préventive
n'exige
pas
des
musiciens
qu'ils
lui
consacrent
trop
de
temps,
ni
qu'ils
accomplissent
des
efforts
surhumains,
eux
pour
qui
le
corps
n'existe
souvent
pas
.
.
.
ils
ne
sont
que
musique.
.
.
Une
éducation
thérapeutique
spécique
aux
musiciens
devrait
être
introduite
dans
toutes
les
écoles
de
musique.
Les
pro-
fesseurs
pourraient
sensibiliser
les
élèves
dès
le
début
de
leurs
études
musicales,
à
un
âge
la
musculature
est
encore
malléable
et
la
plasticité
cérébrale
à
son
maximum.
Figure
4.
Position
optimale
de
la
main
au
piano.
Extrait
de
Bros
C,
Papillon
M.
La
main
du
pianiste.
Méthode
d'éducation
posturale
progressive.
Montauban:
Alexitère;
2001.
Figure
5.
Importance
du
muscle
cubital
et
de
l'opposition
du
pouce
dans
l'équilibre
de
la
main.
Extrait
de
Bros
C,
Papillon
M.
La
main
du
pianiste.
Méthode
d'éducation
posturale
progressive.
Montauban:
Alexitère;
2001.
A.
Hauser-Mottier
Congrès
/
Éducation
du
patient
36
1 / 6 100%

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