Thème 3 : Mondialisation des échanges et intégration européenne Chapitre 6 : Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? Notions : Avantage comparatif, dotation factorielle, libre-échange et protectionnisme, commerce intra-firme, compétitivité prix et hors prix, délocalisation, externalisation, firmes multinationales, spécialisation. En partant d'une présentation stylisée des évolutions du commerce mondial et en faisant référence à la notion d'avantage comparatif introduite en première, on s'interrogera sur les déterminants des échanges internationaux de biens et services et de la spécialisation. On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques protectionnistes et on en montrera les risques. En s'appuyant sur des données concernant le commerce intra-firme et sur des exemples d'entreprises multinationales, on abordera la mondialisation de la production. On analysera les choix de localisation des entreprises et leurs stratégies d'internationalisation. On étudiera à cette occasion les principaux déterminants de la division internationale du travail, en insistant sur le rôle des coûts de transport et de communication. On montrera que la différenciation des produits peut être à l'origine et la recherche d'une compétitivité hors prix. On s’interrogera sur les effets d’une variation des cours de change sur l’économie des pays concernés. On explicitera enfin la complexité des conséquences de cette internationalisation sur les pays d'accueil. Acquis de première : gains à l'échange Introduction : La Mondialisation des échanges, un phénomène récent ? Document 1 : Une mise en perspective historique doc 1 p. 15 Magnard : questions 1, 2, 3 et 4. 1. Le premier âge de la mondialisation correspond à la découverte de l’Amérique au XVIe siècle, le deuxième à la fin du XIXe siècle pendant la RI, et le troisième a commencé dans la décennie 1980. Chaque âge est favorisé par une révolution des transports et des communications tandis qu’une puissance (Espagne, Angleterre, Etats-Unis, successivement) domine le phénomène. 2. Le phénomène de la mondialisation n’est pas linéaire. Les périodes de recul se traduisent par une baisse du taux d’ouverture mondial (rapport des exportations de marchandises sur le PIB) entre 1913 et 1950. Ainsi, le taux de 1913 n’est retrouve qu’en 1973. La réduction des taux d’ouverture concerne l’ensemble des économies nationales, qu’il s’agisse des pays européens, du Japon ou des Etats- Unis. 3. Quelles que soient les périodes, le degré d’ouverture des économies nationales est très hétérogène. Parmi les pays les plus avancés, ce sont les pays ayant le poids démographique le plus important (EtatsUnis et Japon) qui sont les moins ouverts. 4. Les facteurs permissifs sont les progrès des transports et les négociations commerciales entrainant la libération des échanges. Les obstacles rencontres peuvent être ≪ naturels ≫ – comme des coûts de transport particulièrement élevés – ou ≪ artificiels ≫ – comme des droits de douane, des quotas, des prohibitions, barrières douanières. Le commerce international désigne les échanges internationaux de biens et de services. L’accélération des échanges internationaux et l’interdépendance accrue des économies conduit à parler de MO. Pour mesurer le niveau d’insertion d’un pays dans le CI, on calcule son taux d’ouverture. Le taux d’ouverture mesure la part de la production d’une économie qui fait l’objet d’échanges internationaux. Il se mesure en faisant :[(M+X)/2]/PIB *100. Calculer le taux d’ouverture de la France p. 66 1 La MO n’est pas un phénomène nouveau. On distingue 3 phases dans le processus de MO. Le phénomène de la mondialisation n’est pas linéaire. Les périodes de recul se traduisent par une baisse du taux d’ouverture mondial (rapport des exportations de marchandises sur le PIB) entre 1913 et 1950. Ainsi, le taux de 1913 n’est retrouve qu’en 1973. La réduction des taux d’ouverture concerne l’ensemble des économies nationales, qu’il s’agisse des pays européens, du Japon ou des Etats- Unis. MO = Processus en cours qui comprend plusieurs aspects. On distingue la MO des échanges qui se mesure part la participation croissante des pays aux échanges internationaux de biens et de services, et la MO de la production ou encore transnationalisation de la production qui fait intervenir les FMN qui organisent leur production à l’échelle mondiale, c’est ce qu’on appelle la DIT. On peut ajouter également la globalisation financière mais nous n’aborderons pas cette question dans ce chapitre. Problématique : Quels sont les déterminants et les effets de la mondialisation des échanges et de la production ? Les deux 1è parties du cours portent sur la MO des échanges et la 3è partie porte sur la MO de la production avec le rôle des FMN. I. Les principales évolutions des échanges internationaux A. Une ouverture internationale croissance 1. L’accroissement des échanges internationaux Doc 1. p. 66 : Des économies de plus en plus ouvertes 1. Selon l’OMC, entre 2000 et 2009, le PIB mondial a augmenté d’environ 2 % par an en moyenne alors que dans le même temps, les exportations augmentaient de 3 % par an en moyenne. 2. On constate que toutes les grandes périodes sont caractérisées par une augmentation du PIB mondial et des exportations mondiales. La comparaison des taux annuels de croissance des exportations et du PIB font apparaître que les périodes de croissance économique s'accompagnent d'une croissance accrue du commerce. Précision, il est difficile d'apprécier si c'est plutôt la croissance mondiale qui tire les échanges commerciaux ou l'inverse. Cependant, la hausse des exportations est toujours plus importante que celle du PIB, quelle que soit la période, ce qui signifie que les économies sont de plus en plus ouvertes les unes sur les autres depuis 1950. 3. L’année 2008 a été marquée par une crise économique importante qui a entraîné une baisse de l’activité économique dans le monde à partir de l’année 2009. En effet, le PIB mondial a baissé de plus de 2 % sur l’année 2009. On note, dans le même temps, une baisse spectaculaire des exportations, qui ont diminué de 12 % environ au cours de l’année 2009. Bilan : On observe une corrélation positive entre CI et croissance économique mais tout au long de la période (1950-2009), le CI augmente plus que le PIB. Le CI a augmenté 3 fois plus vite que le PIB mondial depuis 1950. Après s’être effondré pendant les 2GM, le CI connaît un essor remarquable à partir des années 1950 avec un taux d’ouverture des économies en constante hausse (doc intro) et un taux de croissance des exportations toujours supérieur au taux de croissance du PIB. On observe une accélération des échanges à partir des années 1980 : nouvelle phase dans le processus de mondialisation. La crise de 2007-2008 a eu des répercussions négatives importantes sur les échanges internationaux. 2. Quel type d’échanges ? Doc. 2 p. 66 Les caractéristiques de ces échanges 1. 18 902 / 2 318 = 8,15. Entre 1980 et 2010, les exportations mondiales de marchandises et de services ont été multipliées par 8,15. 2. (367 / 2 318) x 100 = 15,8 % (3 384 / 15 951) x 100 = 21,2 % 2 Entre 1980 et 2009, la part des exportations de services dans le total des exportations a augmenté de 5,4 points. Aujourd’hui, environ une exportation sur cinq concerne un service commercial. 3. En 2009, les produits agricoles représentent 7,3 % environ des produits exportés ; l’énergie et les minerais représentent 14,2 % des produits exportés. Les produits manufacturés, eux, représentent 52,4 % des exportations, soit plus d’une exportation sur deux. 4. Cette baisse des exportations s’explique par la crise économique mondiale de 2008 qui a ralenti l’activité économique et la croissance dans le monde. Les exportations ont été directement affectées par la récession économique de certains pays. Bilan : les échanges internationaux sont aujourd’hui principalement des échanges de produits manufacturés : plus de la moitié des exportations en 2010 mais la part des services dans les échanges internationaux ne cesse d’augmenter. Les échanges de services se sont développés plus tardivement que les échanges de biens sous l’effet des progrès des techniques d’information et de communication ; ils représentent aujourd’hui environ 1/5 exportation et progressent à peu près au même rythme que l’ensemble du commerce mondial. Du fait de leur importance, et bien que certains services restent difficilement exportables, les échanges de services font désormais l’objet de négociations internationales. Complément : Du point de vue de l'économie française, un exemple d'exportation de service : les dépenses des touristes étrangers en France. Exemple d'importation de service : la souscription d'un contrat d'assurance par une entreprise française auprès d'une compagnie anglaise. La part des services dans le commerce mondial reste inférieure à leur part dans la production mondiale pour deux raisons principales : certains services sont par nature difficilement exportables (restauration, coiffure, services non marchands comme l’enseignement, services aux personnes comme la santé). “ Secteur abrité ”, c’est à dire abrité de la concurrence internationale. Ce secteur abrité peut être considéré comme un gisement d’emplois pour lesquels le coût salarial a peu d’importance puisqu’il n’y a pas de concurrence internationale possible. marchés nationaux de services sont restés jusqu'à récemment traditionnellement plus protégés que les marchés de biens. Cependant, la libéralisation des échanges de services est désormais à l'œuvre (cf les négociations du Cycle de Doha). Parallèlement, les progrès des télécommunications (internet) facilitent l'achat et la vente de services à l'étranger. L'essor du tourisme international participe également au phénomène. 2. Quelle géographie des échanges ? Document 2 : Doc 2 p. 80 Belin : Une insertion internationale inégale 1. Forte progression de l’Asie : *3 entre 1948 et 2010. Baisse de l’Amérique du Nord : -6,5 points de % 2. Progression entre 1948 et 1973 : + 14 points de % puis régressions : -7,4. 3. L’Afrique et l’Amérique Latine restent en marge des échanges. Bilan : L’insertion dans le CI est inégale : depuis la fin de la 2GM, les échanges entre pays industrialisés sont au cœur de la dynamique du CI : les pays développés représentent près de 65% des échanges internationaux, contre près de 35% pour les PED. Néanmoins, l’Asie s’affirme comme une région qui concentre plus de 30% des échanges de marchandises en 2010 contre moins de 14% en 1948. Aujourd’hui la Chine est le premier pays exportateur mondial de marchandises (depuis 2009) et les pays industrialisés restent leaders pour les exportations de services. => On peut parler d’une tripolarisation des échanges entre l’Europe, L’Amérique du Nord et l’Asie : ces trois pays concentrent en 2010 85% des échanges internationaux. Document 3 : Doc 2 p. 81 Belin : Les échanges intra et inter-régionaux : question 3 modifiée 3 1. + 38,5% 2. Oui mais dans des proportions différentes selon les régions. Il s’est très fortement accru dans l’UE : + 20 points de %, en Asie : +16 points, +11points au MO, + 10 points en Amérique du Nord et seulement + 4 points en Amérique du sud et centrale, 7points en Afrique. 3. Dans quelles régions le commerce intra-régional est-il majoritaire ? Le commerce intra-régional est majoritaire dans l’UE et en Asie. Cela peut s’expliquer par la création de zones de libre échange : UE = exemple le plus abouti d’intégration régionale. + l’APEC (Asia-Pacific Economic Cooperation) depuis 1989 entre une vingtaine de pays d’Asie, d’Océanie et d’Amérique. Surtout en Asie, c’est le développement économique accéléré de la région qui explique le développement de ce commerce. Bilan : Se développe depuis les années 1960 les échanges intra-régionaux. Comment l’expliquer ? Notamment par la mise en place de zones de libre-échange. Souvent ces échanges au sein de régions de même niveau de développement sont des échanges commerciaux de produits similaires. On parle alors de commerce intra-branche : souvent le commerce intra-régional est aussi un commerce intra-branche. Eventuellement : Doc 4 p. 67 : Les échanges intra-branches 1. Un échange croisé est un échange commercial de produits similaires entre deux nations (exemples de l’automobile ou de l’électronique grand public). La France importe des voitures allemandes et l’Allemagne des voitures françaises. 2. Les pays qui participent aux échanges sont des pays qui ont des structures de demande identiques. Ces pays sont principalement des pays développés. Ces pays sont peu spécialisés, ils misent avant tout sur leur forte productivité et la compétitivité de leurs entreprises pour gagner des parts de marché. 3. En 2006, plus de 60 % des échanges réalisés par l’Amérique du Nord étaient des échanges intrabranches. 4. Le graphique confirme que les zones qui réalisent le plus d’échanges croisés sont les zones les plus développées et les plus dynamiques de la planète. En effet, on constate par exemple en 2006 que l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest ont un indice de Grubel-Lloyd supérieur à 0,5 alors que les pays d’Afrique ont un indice proche de 0. B. Les causes de l’ouverture 1. La réduction des coûts de transport Doc 1. P 68 : La réduction des coûts de transport : Partie A 1. Entre 1910 et 1990, le coût du transport maritime a été divisé par deux. =>L’accélération des échanges s’explique par la diminution des coûts de transport et de communication permise par les innovations : bateaux à vapeur à partir de 1850, plus récemment, les porte-conteneurs géants permettent d’amortir le coût du transport, qui devient presque négligeable pour chaque marchandise transportée. La plus grande partie du monde en développement est laissée à l’écart de ce processus car ces pays n’ont pas les moyens d’investir dans des infrastructures de transport qui leur permettraient de s’insérer dans les grandes routes commerciales. Le développement des NTIC a également favorisé les échanges internationaux. Ces moyens modernes permettent de transmettre massivement et très rapidement des données immatérielles (capitaux, produits financiers, images télévisées…) dans le monde. Le développement très rapide de l’informatique et d’Internet permet aussi une circulation immédiate des données. On assiste actuellement à l’essor du commerce sur Internet spectaculaire. Grâce à ces divers moyens de communication, les distances entre les hommes ne sont plus un obstacle, les durées de transmission se réduisent, le monde semble donc de plus en plus petit. 4 2. Les accords internationaux favorisant le libre échange http://www.youtube.com/watch?v=59ZcaQXKxWQ Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU souhaite « libérer » le commerce international car la crise économique de l’entre-deux guerre avait conduit les pays concernés à mettre en place de nombreuses protections douanières et/ou réglementaires pour diminuer la concurrence avec les produits étrangers. Ces protections étaient de nature à freiner le commerce et la croissance. C’est dans ce contexte que le GATT est créé. Le GATT a donc été créé en 1947 lors d’un sommet à Genève entre 23 pays. Il est entré en vigueur au début de 1948. Les objectifs : l’abolition des contingents, c’est-àdire l’abolition des quantités maximales qui peuvent être importées ou exportées au cours d’une période donnée et la diminution des droits de douane entre les parties signataires. Ainsi, en 1947, à l’instauration du GATT, ce niveau moyen était de 40 %. En 1994, après le cycle de l’Uruguay, le niveau moyen est d’à peine 5 %. Dans le même temps, le PIB réel a été multiplié par 5 et les échanges par 17. Il semble donc qu’il existe un lien entre les accords de libre échange, la progression des échanges internationaux et la croissance mondiale. En 1995 est créée l’OMC, à partir des accords du GATT de 1947. L’OMC rassemble aujourd’hui 153 membres et a pour objectif le développement des échanges internationaux. Un des principes fondamentaux est la « clause de la nation la plus favorisée » qui veut qu’un pays membre qui offre un avantage à un autre membre en matière d’échange, doit automatiquement l’offrir à tous les autres membres. Cette clause permet d’élargir les bases du libre échanges et de développer le multilatéralisme cad d’éliminer les échanges préférentiels et discriminatoires. Elle met donc tout en place pour faciliter les échanges, elle veille à ce que les barrières, tarifaires ou non, ne viennent pas limiter les échanges et elle joue un rôle de régulation des échanges mondiaux. L’OMC est une sorte de « gendarme » qui peut condamner les Etats ne respectant pas les règles du commerce international. (ORD) Eventuellement : Document 4 : Doc 4 p. 85 Belin : régionalisation ou internationalisation des échanges ? 1. *300. 2. La régionalisation favorise les échanges au sein de la zone concernée : hausse des échanges intrarégionaux. Réorientation des échanges sur une base prioritairement régionale plutôt que mondiale. Transtion : nous avons vu les principales caractéristiques de l’évolution du CI. On va maintenant se demander ce qui détermine les échanges internationaux et la spécialisation des différents pays. II. Avantages et limites du libre échange A. Pourquoi recourir au libre-échange ? Les déterminants de la spécialisation 1. Les théories classiques du CI : Avantages absolus et comparatifs. L'échange international permet la Division internationale du travail (DIT). Plutôt que de produire l'ensemble de ce dont il a besoin, un pays peut se procurer certains biens ou services grâce à l'échange international, en vendant une partie de sa production à l'étranger. Cela suppose qu'il produise dans certains secteurs plus qu'il n'a besoin et qu'en contrepartie il produise moins ou pas du tout dans d'autres secteurs. Les pays qui participent au commerce international peuvent ainsi chacun se spécialiser dans une ou plusieurs productions, c'est ce que l'on appelle la Division internationale du travail. Cf définition manuel : spécialisation. L’échange international permet la division internationale du travail (DIT) qui accroît la productivité des facteurs de production et donc la richesse globale. C'est l'argument initialement avancé par A. Smith et surtout D. Ricardo, pour qui un commerce international libre de toute entrave est un facteur de croissance économique. 5 a) Les avantages absolus fondent la spécialisation selon Smith Le choix de spécialisation peut être fondé sur le principe de l’avantage absolu. Les agents économiques se spécialisent dans les activités où ils sont les meilleurs. Pour Smith, les pays vont choisir leur spécialisation en fonction de leur avantage absolu. On utilise cette notion pour comparer les productivités de deux pays ou individus. Avantage absolu = avantage en terme de productivité dans la production d’un B ou S, capacité d’un individu ou d’un pays à être plus productif que les autres individus ou pays dans la production d’un bien ou d’un service. Lorsque l’on a un avantage absolu = on produit le même bien ou service plus efficacement que les autres. Chaque pays achètera à l’extérieur des produits à un prix inférieur à celui qu’il aurait pu obtenir sur son territoire. Rappel : Adam SMITH (1723-1790) : Philosophe et universitaire écossais considéré comme l’un des fondateurs de la pensée économique, de l’école classique et du courant libéral. Il est connu pour trois concepts majeurs, la division du travail, la main invisible et l’avantage absolu. Ouvrage principal : Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776). Cette théorie bien que très intéressante pose un problème : que se passe-t-il pour les pays qui n’ont pas d’avantage absolu ? Davis Ricardo répond à cette limite : b) Les avantages comparatifs fondent la spécialisation selon Ricardo David RICARDO (1772-1823) : En 1817, sort la première édition des Principes de l’économie politique et de l’impôt. Dans cet ouvrage, Ricardo aborde notamment la question de l’intérêt de l’échange international et des risques du protectionnisme. Au cœur de son raisonnement figurent les avantages comparatifs. Partons d’un exemple simple pour comprendre la notion d’avantage comparatif : Document 5 : David Beckham doit-il lui-même tondre sa pelouse ? « David Beckham passe beaucoup de temps sur la pelouse. Faisant partie des joueurs les plus talentueux au monde,[...] Très probablement est-il aussi doué dans d'autres activités. Par exemple, imaginez que Beckham puisse tondre son gazon plus vite que n'importe qui au monde. S'il le peut effectivement, cela signifie-t-il qu'il devrait le faire ? Afin de répondre à cette question, nous pouvons utiliser les concepts de coût d'opportunité et d'avantage comparatif. Disons que David Beckham peut tondre sa pelouse en deux heures. Durant ces deux heures, il pourrait tourner une publicité pour Adidas et gagner, disons, 10 000 euros. Alternativement, Alejandro, son voisin, peut tondre la pelouse de David en quatre heures. Durant ces quatre heures, il pourrait travailler dans le bar à tapas du coin et gagner 20 euros. [...] » Source : G. Mankiw et M. Taylor, Principes de l’économie, 2010. 1. Qui a un avantage absolu dans : le football ? Le tournage d'une publicité ? La tonte de la pelouse ? Beckham. 2. Calculez le coût d'opportunité de David Beckam pour la tonte de la pelouse et le coût d'opportunité pour la tonte de la pelouse d'Alejandro. Coût d’opportunité = coût du renoncement. 10 000€ pour Beckham et 20€ pour Alejandro. 3. Pourquoi Alejandro a-t-il un avantage comparatif dans la tonte de la pelouse ? Car le coût d’opportunité d’Alejandro est bien inférieur à celui de Beckham. 4. Si David rémunère Alejandro 15€ pour la tonte de la pelouse, pourquoi Alejandro est-il perdant ? Car il gagnerait plus dans le bar à tapas. Tant que Beckham paye Alejandro plus de 20€ et moins de 10000€, les deux sont gagnants. =>Se spécialiser là où il a un avantage comparatif et tout le monde est gagnant : les individus qui ont un avantage absolu doivent se spécialiser là où ils ont un avantage comparatif le plus élevé et les 6 individus qui n’ont pas d’avantage absolu doivent se spécialiser dans le domaine où ils ont un désavantage comparatif le plus faible. Grâce à cela, le niveau de production et de richesses augmente. Document 6 : http://dessinemoileco.com/quest-ce-que-lavantage-comparatif/ Document 6 bis : Le drap et le vin chez Adam SMITH et chez David Ricardo Heures de travail nécessaires à la production d’une unité10 Pays Drap Vin Angleterre 100 120 Portugal 90 80 1. Que se passe-t-il dans cette situation pour un pays comme l’Angleterre selon Adam Smith ? Selon Adam Smith, un pays n’a intérêt à s’insérer sur le marché international que s’il dispose d’un avantage absolu c’est à dire s’il est le meilleur quelque part. Dans ce cas de figure, l’Angleterre court à sa perte car elle n’a aucun avantage absolu elle n’est pas vraiment productive pour les draps comme pour le vin. Le commerce est un jeu à somme nulle (un gagnant =+1 et un perdant = -1 le somme des « gains » est de 0) 2. Quel prolongement apporte D. Ricardo ? Le Portugal est meilleur dans tous les domaines mais il est encore meilleur dans la production de vin car il lui faut moins d’heures de travail que pour le drap : le Portugal est plus productif dans la production de vin : il a un avantage comparé dans le vin. A l’inverse, l’Angleterre est moins productive que le Portugal dans les deux domaines mais si on compare sa production de drap et de vin, elle est meilleure dans le drap que dans le vin. Si l’Angleterre se spécialise dans la production pour laquelle elle est la moins mauvaise relativement (ici le drap) elle peut, en abandonnant l’autre réallouer sa main d’œuvre viticole à la production de vin et donc produire plus que ce que peut faire le Portugal qui lui se spécialise dans le vin. Au final, avec 220h de travail, l’Angleterre produit 2,2unités de drap (220/100) et le Portugal avec 170h 2,125 unités de vin (170/80). Pour Ricardo c’est un jeu à somme positive, il peut y avoir plusieurs gagnants et la somme des gais peut dépasser 0 ! au niveau mondial, si chacun se spécialise, on réalise des gains à l’échange 2unités<2,2unités et 2 unités<2,125unités (en autarcie, on avait : 2 unités de drap pour 190 heures de travail et 2 litres de vin pour 200h de travail donc avec la même quantité de travail on obtient plus de draps et de vin avec la spécialisation). => Production supérieure grâce à la spécialisation. Précision : avant ouverture : en échange d’1m de drap, on peut avoir 1,125 litre de vin au Portugal (90/80). En échange d’1m de drap, on peut avoir 0,83 litre de vin en Angleterre. Si vous êtes Anglais, vous avez intérêt à échanger votre drap contre du vin portugais plutôt que contre du vin anglais : avec 1m de drap anglais, vous aurez plus de vin au Portugal qu’en Angleterre. => Intérêt de l’échange. Un exemple plus récent : L’UE a intérêt à abandonner la production de chemises bas de gamme car elle possède un avantage comparatif dans la production d’automobiles. En effet, même si l’UE était plus efficace dans la production de chemises et de voitures que la Chine (avantage absolu) elle est relativement plus efficace (encore meilleure) que la Chine dans la production de voitures. Pour fabriquer des chemises, il faut mobiliser de la main d’œuvre, des ateliers … Notion d’avantage comparatif. Désigne une supériorité relative en termes de productivité dans la production d’un bien par rapport à d’autres pays. Un pays dispose d’un avantage comparatif dans la production d’un bien lorsqu’il dispose de l’avantage en termes productivité le plus fort ou du désavantage de productivité le plus faible par rapport à ses partenaires. Un pays dispose d’un avantage comparatif dans la production du bien pour lequel il est le meilleur ou le moins mauvais comparativement aux autres pays. Chaque pays a donc intérêt à se spécialiser dans la production où 7 il a le plus grand avantage en terme de productivité où là où il a le plus faible désavantage en terme de productivité et à importer ce qu’il aurait renoncé à produire. C’est la productivité qui explique l’avantage comparatif. Avec la théorie de Ricardo, même si un pays est en situation de supériorité dans tous les domaines, il a quand même intérêt à se spécialiser et échanger avec d’autres pays. => Insistance sur le libre échange qui permet à tous de s’enrichir. Des pays qui commercent entre eux produisent plus et sont donc plus riches que s'ils vivaient chacun en autarcie: les gains à l’échange. Gains à l’échange : Surplus réalisé par l’échange marchand de ce que l’on produit. ON note que la théorie des avantages comparatifs est un peu plus optimiste que celle des avantages absolus : tous les participants sont gagnants (jeu à somme positive) La théorie de Ricardo est une des explications classiques de la DIT : Division internationale du travail (répartition des différentes spécialisations entre les différents pays). La DIT rend compte de la répartition des différentes spécialisations entre économies nationales. 2. Un prolongement de la théorie ricardienne: la théorie HOS Au début du XXème siècle, reformulation néoclassique de la théorie des avantages comparatifs introduite par Ricardo. 3 économistes sont à l’origine de la théorie HOS : E. Heckscher, B. Ohlin et P. Samuelson : autre explication aux avantages comparatifs : ils ne s’expliquent plus par des différences de productivité mais par des différences de dotation factorielle. La dotation factorielle correspond à la dotation en facteurs de production (travail, capital, terre) : elle représente la quantité des facteurs de production dont dispose le pays sur son territoire pour produire. En fonction des caractéristiques climatiques, géographiques, socioculturelles, économiques… un pays pourra disposer de plus ou moins de capital ou de terre. Il disposera d’une main d’œuvre plus ou moins nombreuse (démographie), qualifiée (dépend de système éducatif) ou productive. La dotation factorielle fonde la spécialisation selon le modèle HOS. Selon le modèle HOS, les pays ont intérêt à se spécialiser dans les productions mobilisant les facteurs de production qu'ils possèdent en abondance (productions peu chères) et à importer les produits incorporant les facteurs de production qui leur manquent (plus rares donc plus chers). Les revenus des FdP dépendent de leur abondance relative dans le pays, un FdP rare, coutera cher et un FdP courant, sera bon marché. Ainsi, un produit qui nécessite l’utilisation d’un FdP rare sera vendu plus cher et donc peu compétitif au niveau international. Tout pays, a donc intérêt, selon ce théorème à se spécialiser dans la production pour laquelle il dispose de plus de FdP. Selon le théorème HOS, ce n’est pas tant la productivité des facteurs du pays qui va jouer mais bien l’abondance respective de chaque facteur de production (=dotation). En effet, la rareté d’un facteur dans un pays rend les biens qui en sont voraces pour leur fabrication coûteux à produire et donc potentiellement non compétitifs. Document 3 p. 69 : L’importance des dotations factorielles : questions 1 et 2 1. D’après le texte, le Brésil et la Grande-Bretagne ont tout intérêt à échanger. En effet, le Brésil dispose de vastes étendues de terres qui lui donnent la possibilité d’exporter des produits agricoles. La GrandeBretagne, elle, dispose de peu de terre mais de beaucoup de capital : les deux pays ont donc intérêt à échanger pour tirer pleinement parti de leur complémentarité. Autre exemple : le capital est relativement abondant aux États-Unis, le travail relativement abondant au Mexique, il est donc logique que le premier pays se spécialise dans la fabrication des biens qui utilisent intensivement le capital, le Mexique se spécialisant dans la fabrication des biens qui utilisent intensivement le travail ; les deux pays s'échangent ensuite les biens fabriqués. 8 2. Les pays se spécialisent ici en fonction de leur dotation factorielle. Le modèle HOS montre qu’un pays a intérêt à se spécialiser dans la fabrication du bien qui utilise intensivement le facteur (relativement) abondant du pays. Il existe toujours dans ce modèle HOS des avantages comparatifs, mais leur origine diffère de celle retenue chez Ricardo : les différences des productivités relatives du travail sont remplacées par les différences des dotations factorielles relatives. Doc 3 p. 69 : L’importance des dotations factorielles : question 4 4. À travers l’exemple des pays asiatiques, on constate que les dotations factorielles peuvent évoluer, modifiant la division internationale du travail. En effet, la stratégie de « remontée de filière » a permis aux pays asiatiques de faire évoluer leur spécialisation. Tout d’abord, ils ont produit des biens utilisant du travail très peu qualifié, puis ils ont utilisé les bénéfices liés à la vente de ces produits pour « monter en gamme », tout en utilisant une main-d’oeuvre plus qualifiée. La dynamique de "remontée des filières" appliquée par les pays asiatiques semble suivre le modèle HOS : ces pays commencent par exporter des chaussettes et des t-shirts, qui exigent surtout du travail peu qualifié dont ils disposent en abondance, puis passent progressivement aux textiles synthétiques qui nécessitent du capital et une main-d’œuvre plus qualifiée, obtenus dans la première phase de leur développement. Avant de se lancer, comme la Chine, dans l'exportation de vêtements remplis de nanotechnologies, capables de changer de texture selon le temps qu'il fait, ce qui réclame une maind’œuvre qualifiée et du capital. (Arnaud Parienty, « Les mécanismes du commerce international », Alternatives économiques, n° 298, janvier 2011.) Cette stratégie a permis à un pays comme la Corée du Sud de connaître un très fort développement ces vingt dernières années, couplé à une tertiarisation de l’économie : elle a vu son PIB/ habitant augmenter de 6,2 % par en moyenne entre 1975 et 2000 ; parallèlement la part du tertiaire a été multipliée par 2, passant de 30,1 % à 63,7 %. Les pays concernés sont notamment Taïwan, Singapour, la Corée du Sud, Hong Kong à partir des années 1960, la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie et la Chine à partir des années 1980. Les dotations factorielles peuvent se transformer au cours du temps : Les avantages comparatifs eux-mêmes peuvent donc évoluer au cours du temps, notamment lorsqu’un pays innove ou investit dans son système éducatif pour disposer de compétences techniques ou de savoir-faire qui ne sont pas encore accessibles au reste du monde. Les différences entre pays, qui expliquent leurs spécialisations, peuvent être le fruit des hasards de l’histoire ou de la géographie mais dans la plupart des cas, un avantage de productivité est le fruit d'une histoire : l'industrie anglaise des débuts de l'ère industrielle surpassait ses concurrentes parce que ses entrepreneurs avaient beaucoup investi, beaucoup innové, que les ouvriers anglais étaient bien formés. Mais les autres pays, notamment l'Allemagne ou les Etats-Unis à la fin du 19ème siècle, ont pu combler ce retard, notamment par des politiques publiques appropriées qui ont amélioré la productivité industrielle. Cela a deux conséquences : d'abord que les spécialisations commerciales ne sont pas nécessairement stables, l'avantage comparatif d'un pays pouvant évoluer et se transformer. Mais surtout, cela implique qu'un pays peut essayer de «choisir» son avantage comparatif. Par exemple, en développant la recherche, en investissant dans la formation initiale et continue, en favorisant fiscalement l'investissement, un Etat peut acquérir un avantage comparatif dans les secteurs industriels de pointe. Illustration supplémentaire : La pauvreté du Japon en ressources naturelles n’empêche pas ce pays d’être l’un des principaux acteurs du commerce international, en partie grâce à ces dotations acquises. Le Japon offre sans doute la meilleure illustration du principe selon lequel, en épargnant, en accumulant du capital et en construisant de grandes usines, un pays peu conquérir un avantage comparatif pour des biens tels que l’acier, dont la production exige des capitaux importants. De même, en consacrant des ressources à son système éducatif, un pays peut se construire un avantage comparatif dans la production des biens qui demandent une main-d’oeuvre bien formée. On voit donc 9 qu’il est possible pour un pays de tirer un avantage comparatif des ressources physiques et humaines dont il parvient à se doter. Eventuellement : Document 7 : Les avantages comparatifs expliquent-ils le commerce international ? 1. Sur 100 euros d’importations françaises venant de Chine en 2009, environ 15 en moyenne concernent de l’habillement. Sur 100 euros d’exportations françaises vers la Chine, environ 23 en moyenne concernent l’aéronautique. 2. Parmi les importations françaises en provenance de Chine, il y a de l’habillement, des ordinateurs, des téléphones : ces productions (qui consistent essentiellement en du montage pour les deux dernières) nécessitent surtout du travail non qualifié. Parmi les exportations françaises vers la Chine, il y a de l’aéronautique, des machines, des produits chimiques, autant de productions qui nécessitent du travail qualifié et du capital. 3. Ce document semble donc confirmer la théorie HOS, et plus précisément le paradoxe mis en avant par Léontiev, qui distingue, au sein de la dotation factorielle, le travail qualifié du travail non qualifié. Le paradoxe de Leontieff :En 1953, Leontieff tente de vérifier le modèle HOS en analysant la situation des États-Unis. Or il constate que les exportations américaines contiennent un rapport capital-travail plus bas que celui des importations, alors qu'on s'attend à l'inverse. Il explique ce paradoxe par le fait que chaque pays dispose d'une productivité du travail différente, donc d'une technologie différente : les États-Unis importent des biens intensifs en travail peu qualifié et exportent des biens intensifs en travail fortement qualifié. Document 8 : Bilan Spécialisation : répartition entre pays (mais aussi entre travailleurs, dans un couple !, entre entreprises), des activités de production selon l’ (les) avantage(s) comparatif(s) de chaque pays, le pays qui a le plus grand avantage comparatif (i.e. le pays relativement le plus productif). Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des biens & services compatibles avec son (ses) avantage(s) comparatif(s) et les autres pays à abandonner ces-mêmes productions pour se spécialiser dans celles où ils ont un desavantage comparatif le moins grand ou un avantage comparatif le plus grand. C’est l’avantage comparatif qui créé la spécialisation. Il en résulte ainsi une accentuation du commerce international entre pays spécialisés et une division internationale du travail (DIT) et de la production (DIPP = division internationale des processus productifs). 10 Selon D. Ricardo, l’avantage comparatif s’explique par des différences de productivité. Selon la théorie HOS, c’est les différences en termes de dotation factorielle qui sont à l’origine de l’avantage comparatif : « Un pays va exporter les biens qui nécessitent intensément, pour être produits, les facteurs abondants du pays, et va importer les biens qui nécessitent intensément, pour être produits, les facteurs rares du pays. Par exemple, si l’on ne considère que deux facteurs, le travail et le capital, un pays fortement doté en capital exportera les biens qui nécessitent intensément du capital pour être produits et importera les biens qui nécessitent intensément du travail pour être produits ». Production viticole Capital humain élevé Innovation Capital technologique relativement abondant Production Production informatique Chine informatique Japon habillement Main-d’œuvre qualifiée relativement abondante Allemagne automobile haut de gamme Pologne électro-ménager France automobile Capital relativement abondant Innovation Main-d’œuvre relativement abondante Production Terroir + climat + cépage + savoir-faire viticole Design Production + Marques habillement La théorie de l’avantage comparatif explique les échanges de produits différents entre pays différents. Mais dans les faits, l’essentiel du commerce international se réalise entre pays semblables qui s’échangent des produits substituables. Comment, par exemple, expliquer que l’Allemagne et la France s’échangent mutuellement des voitures ? Cette partie du commerce international semble 11 échapper aux déterminants décrits par la théorie de l’avantage comparatif, et a suscité l’apparition de théories alternatives. 3. Les nouvelles théories du CI Document 9: Les nouvelles théories du CI expliquent le commerce intra branche (à faire à la maison pour mercredi 29.01) L'avantage comparatif interdit également de rendre compte des échanges de biens très proches : pourquoi exporter des 207 et des Clio vers l'Allemagne ou l'Italie, si c'est pour importer des Fiat Punto ou des Volkswagen Polo en échange ? La nouvelle théorie du commerce international, initiée dans les années 1980 par l'Américain Paul Krugman, explique ces échanges par le goût des consommateurs pour la variété (tout le monde ne veut pas la même voiture) et par (à nouveau) les rendements croissants : si développer un nouveau modèle coûte 2 milliards d'euros, par exemple, ce coût fixe représente 1 000 euros par voiture si on vend 2 millions de voitures, mais 4 000 euros si on n'en vend que 500 000. Plus le marché est grand et plus la variété de produits disponibles à un prix accessible est grande, ce qui incite à l'échange international sans que l'avantage en termes de dotation factorielle y soit pour quelque chose. Arnaud Parienty, « Les mécanismes du commerce international », Alternatives Economiques n° 298, 2011. 1. Comment les nouvelles théories du CI expliquent-elles le commerce intra-branche ? Par le goût pour la variété des consommateurs et par les rendements croissants ou économies d’échelle. Rappel : Une économie d'échelle correspond à la baisse du coût unitaire d'un produit lorsque la quantité produite augmente. Elle s'explique par le fait que les coûts fixes de départ sont progressivement amortis à mesure que la production augmente. Krugman montre que les produits ne sont pas rigoureusement identiques (une Renault n’est pas une Opel). Ils présentent un potentiel de différentiation résultant de leur image de marque, de leurs qualités spécifiques. En effet, le goût du consommateur pour la variété offre une part de marché à tout exportateur qui propose une spécification différenciée d’un même produit générique. Ceci résulte de la volonté du consommateur de se différencier en acquérant des produits ayant une image de marque valorisante. Les fondements du commerce international ne reposent plus sur la compétitivité prix mais sur la compétitivité hors-prix. Par ailleurs, le commerce international permet l’accès à un large marché pour rentabiliser les stratégies de différenciation (économies d’échelle). En effet, une firme n’a intérêt à investir pour différencier ses produits que si elle est assurée d’en vendre un nombre suffisant pour rentabiliser son investissement. Ces nouvelles théories du commerce international permettent d’expliquer les échanges intrabranches. 2. Pourquoi les pays de grande taille (dont le marché intérieur est important) vont exporter plus facilement certaines productions ? Les productions à rendements croissants vont être accaparées par les grands pays pour une raison simple. En situation d'autarcie, ces pays ont un coût de production plus faible puisqu’ils ont un marché plus grand (économies d’échelle). Si on a deux pays identiques en tout sauf la taille, celui qui aura un grand marché de production aura des économies d’échelles plus grandes, donc un coût moindre que le pays le plus petit. Avec l'ouverture, le grand pays devient exportateur (vers les pays de petite taille). On peut prendre l’exemple des Etats-Unis et de la production de séries télévisés. Les séries américaines à gros budgets sont plus facilement amorties car le potentiel de spectateurs aux EtatsUnis est important : le coût de production unitaire diminue au fur et à mesure que la série va être diffusée pour un grand nombre de spectateurs. Ainsi, ces séries seront difficilement concurrencées au niveau international. La préférence pour la variété des consommateurs et les stratégies de différenciations qui en résultent ainsi que les rendements croissants remettent donc en cause la théorie des avantages comparatifs. Ce ne sont pas les différences de productivité ou de dotations 12 factorielles qui expliquent ici la spécialisation, mais les économies d’échelle possibles dans certains pays et pas dans d’autres et les goûts des consommateurs. La Division Internationale du Travail (DIT) traditionnelle était caractérisée par une spécialisation des pays développés dans les produits manufacturés et une spécialisation des PED dans les produits primaires. Mais aujourd’hui une partie des pays en développement fabriquent des produits manufacturés et on parle parfois de « Nouvelle division internationale du travail » : les pays développés produisent essentiellement les services et la fabrication des biens est répartie entre les pays riches et certains pays en développement, les premiers gardant les produits les plus complexes, à forte valeur ajoutée, les seconds fabriquant les produits plus simples, plus polluants, à faible valeur ajoutée, demandant souvent plus de place. Document 10 : Une schématisation du commerce international B. Les avantages et les limites du libre-échange (docs à faire à la maison pour mercredi 29 .01) Document 11 : Les avantages et inconvénients du commerce international A la suite de l’ouverture commerciale, les consommateurs bénéficient d’une offre de biens et services plus abondante et plus variée qu’en autarcie, ce qui se traduit par des gains de pouvoir d’achat et de variété. Les producteurs quant à eux peuvent trouver des débouchés supplémentaires, se procurer à moindre coût les biens dont ils ont besoin pour produire ou encore bénéficier de transferts de technologie (acquisition de brevets, achats de produits de haute technologie...). Pour autant, les inconvénients du commerce international ne sont pas négligeables. C’est ainsi que certaines productions locales, confrontées à la concurrence internationale, peuvent disparaitre, entraînant des coûts de reconversion souvent importants. Le commerce international peut ainsi ruiner certains producteurs dont les activités déclinent et mettre leur main-d’oeuvre au chômage. Plus les disparitions d'activité sont brutales, plus les restructurations micro-économiques qui en résultent risquent d'entraîner une forte récession macro-économique et des destructions d’emplois. La concurrence des produits des pays à bas salaires est également souvent accusée dans les pays riches de faire pression à la baisse sur les salaires, spécialement pour la main d’oeuvre peu qualifiée. Source : Eduscol. Doc 1 et 2 p. 72 : Le problème des délocalisations Doc. 4 p. 73 : Le piège de l’ouverture 13 A l’aide des documents, complétez le tableau suivant : Consommateurs Producteurs Travailleurs Avantages Inconvénients Les avantages du libre-échange Pour les consommateurs Extension des marchés => éco d’échelle => Baisse du prix des biens => hausse pouvoir d’achat Hausse de la variété, diversification des produits : Effet de la concurrence : commence intrabranche. Hausse de la qualité : Effet de la concurrence et de l’incitation aux innovations. Pour les producteurs Débouchés supplémentaires Transferts technologiques : accès à des technologies étrangères permet un développement plus rapide. Pression de la concurrence => incitation à innover (produits et procédés) Libre-échange => extension des marchés et spécialisation = efficacité dans l’utilisation des ressources (habileté, effets d’apprentissage) => gains de productivité => baisse des coûts unitaires => éco d’échelle => hausse profits => hausse investissement => hausse de la production => croissance Pour les théoriciens favorables au libre-échange, tous les participants gagnent à participer à l’échange. En effet, si deux pays se spécialisent dans deux productions différentes, les deux biens seront moins chers grâce aux économies d’échelle. Donc chacun des pays aura accès à chacun des biens à un prix plus faible. C’est un gain à l’échange : bénéfice tiré de l’échange entre individus ou pays spécialisés Les inconvénients Les délocalisations. Des productions locales, confrontées à la concurrence internationale peuvent disparaître => coûts de reconversion importants. C’est un phénomène de destructioncréatrice. Les salariés peuvent se reconvertir mais ce n’est pas toujours simple (cf supra avec les délocalisations) (ex textile en France). On peut expliquer ces constats par la disparition progressive d’une production nationale : les entreprises travaillant dans le secteur du textile ont tendance à délocaliser leur production dans des pays où la main-d’œuvre coûte moins cher, comme la Chine ou l’Inde. Ainsi, en 2001 en Chine, le coût horaire de l’industrie manufacturière est de 0,4 dollar contre 15,9 dollar en France (à nuancer car il faudrait raisonner en coût unitaire en tenant compte de la productivité). Les industries soucieuses de diminuer leur coût ont par conséquent tout intérêt à délocaliser leur production dans des pays comme la Chine. Bien évidemment, si les frontières étaient fermées ou si les importations étaient soumises à de forts droits de douane, elles ne pourraient pas le faire. C’est donc bien une des conséquences néfastes du libre-échange qui peut être mise en évidence ici. Perte de 500 000 emplois industriels en 10 ans. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 24% à 14% (même si c’est à nuancer en raison du phénomène d’externalisation de fonctions comme l’entretien, la cantine, la comptabilité, l’informatique, les services juridiques ou la communication). 14 On pourrait se dire que ces destructions seront compensées par des créations liées aux exportations. Mais le contenu en emplois des exportations des pays développés est inférieur au contenu en emplois de leurs importations. En effet, leurs exportations sont moins intenses en travail que leurs importations. Lorsque les pays développés exportent 100 euros, ils créent moins d’emplois qu’ils n’en détruisent lorsqu’ils importent 100 euros. Le solde en termes d’emploi est donc négatif. Nathan document 2 p.81 bon exo pour démontrer cela Autre conséquence : pression à la baisse des salaires : cette situation fait pression à la baisse des salaires dans les pays riches dans les secteurs particulièrement exposés à la concurrence internationale. Ainsi, les inégalités ont augmenté dans presque tous les pays riches. Pierre Noël Giraud oppose les compétitifs (salariés travaillant dans des secteurs où le pays dispose d’un avantage comparatif), les exposés (salariés travaillant dans des secteurs où les entreprises résidentes ne sont plus compétitives) et les protégés (salariés travaillant dans des secteurs protégés de la concurrence internationale). Ceux qui tirent partie du processus de mondialisation sont bien évidemment les compétitifs (une bonne part sont des salariés qualifiés). Les exposés (une bonne part sont des salariés peu qualifiés) en revanche voient leur situation se dégrader et connaissent un taux de chômage élevé et des réductions salariales car les entreprises dans lesquelles ils travaillent subissent de plein fouet la concurrence des pays à bas coût. Les pays spécialisés dans les produits primaires, à savoir la majorité des PED, subissent donc une insertion défavorable dans la DIT. La conséquence en est une tendance à la détérioration des termes de l'échange pour les PED. Toutes les spécialisations ne se valent pas en termes de gains de productivité ou d’innovation. La théorie classique passe donc sous silence le fait qu’il vaut sans doute mieux se spécialiser dans l’électronique que dans l’huile de palme... Ex : monospécialisations * Les termes de l'échange (indice des prix des produits exportés / indice des prix des produits importés x 100) se sont détériorés pour bon nombre de PED. Cf Exercice p. 73. 1. a/ Détérioration des termes de l’échange b/ Équilibre des termes de l’échange c/ Amélioration des termes de l’échange 2. 110 / 115 x 100 = 95,7. Il y a, dans ce cas, une dégradation des termes de l’échange, c’est-à-dire que le pouvoir d’achat des exportations en produits importés diminue. Explication : spécialisation sur les produits primaires qui ont vu leur prix baisser => PED doivent exporter davantage pour obtenir le même volume d'importations => croissance appauvrissante (J. BHAGWATI). * R. Prebisch (économiste argentin) a mis en avant cette dégradation des termes de l'échange en montrant également que les PED seraient dépendants du centre (PDEM) qui orienterait le production de la périphérie pour la satisfaction des besoins des pays développés => théorie de la dépendance. Prebisch a notamment argumenté que pour cette raison, les pays moins avancés devraient diversifier leur économie et diminuer leur dépendance aux exportations en développant leur propre industrie manufacturière. 15 Le graphique dément la « croissance appauvrissante ». Dans les années 2000, les pays en développement ont vu leurs termes de l’échange s’améliorer, signe que la demande mondiale pour leurs produits s’accroît. Ce constat optimiste doit cependant être nuancé : Voir extrait d’un document de la CNUCED : « Depuis 2002, la remontée des cours des produits de base est due principalement à la vigueur de la demande en Asie de l'Est et du Sud, en particulier en Chine et en Inde. [...]. Même si la poursuite de la croissance en Asie de l'Est et en Asie du Sud et la reprise enregistrée dans d'autres régions en développement devraient soutenir la demande de matières premières, le problème fondamental de l'instabilité des prix de ces produits et de leur baisse persistante en valeur réelle par rapport au prix des articles manufacturés, en particulier ceux exportés par les pays développés, n’est toujours pas résolu. Il est donc impératif pour les PED de ne pas tomber dans l’excès d’optimisme quant à leurs perspectives d’industrialisation et de diversification. Le redressement récent des marchés de matières premières risque de détourner l’investissement – intérieur et extérieur – réalisé dans le secteur manufacturier naissant des pays exportateurs de produits de base vers les industries extractives. » A retenir : certaines spécialisations sont beaucoup plus favorables au développement d’un pays. Ce sont les productions qui disposent d’une demande mondiale dynamique. Donc le libre-échange peut être plus favorable à certains pays qu’à d’autres. Ainsi, contrairement à ce qu'affirme l'analyse ricardienne de l'échange, tous les pays ne gagnent pas forcément à l'échange, cela dépend du type de spécialisation. Le débat autour de la mondialisation s’organise autour de trois pôles : Ceux qui y sont favorables sans conditions : les libéraux. Pour eux, la mondialisation accroitrait l’efficacité économique (grâce notamment à l’accroissement de la concurrence et la réduction de la place des Etats, la liberté de circulation des capitaux), la richesse mondiale, réduirait la pauvreté. A terme, tout le monde sera gagnant. Les marchés sont les meilleures instances de régulation. Ceux qui pensent qu’elle est en soi bénéfique, mais à condition qu’elle soit beaucoup mieux gouvernée : les réformistes. La libéralisation est porteuse de progrès économiques, mais elle doit être maîtrisée par les gouvernements et des institutions de gouvernance mondiale dont il faut renforcer les pouvoirs. Ceux qui pensent qu’elle amplifie et généralise dramatiquement les méfaits intrinsèques du capitalisme : les altermondialistes. Donne trop de pouvoir aux firmes multinationales soumises aux appétits de leurs actionnaires et dirigeants, affaiblit le pouvoir des Etats. Ces FMN surexploitent les peuples et détruisent la planète. La concurrence généralisée tirerait les droits sociaux vers le bas et réduirait les ressources des Etats (dumpings social et fiscal). La mondialisation accroit les inégalités mondiales. La globalisation financière ferait se succéder les crises financières. 16 Précision : Importance de cette idée : l’internationalisation des échanges n’est pas un phénomène naturel sur lequel les hommes n’ont pas de prise, c’est un phénomène qui comme souvent résulte de décisions politiques. : accords de LE que de nouvelles politiques peuvent remettre en cause : les pol protectionnistes. Doc 1 p. 70 : Libre échange, croissance et développement : à utiliser comme exo sur corrélation/causalité. C. Le protectionnisme, la solution aux limites du libre-échange ? (docs à faire à la maison pour vendredi 31.01) 1. Les fondements du protectionnisme et ses outils Libre-échange : doctrine s’appuyant sur la théorie des avantages comparatifs prônant la disparition de tout obstacle douanier (quotas), fiscal (droits de douane), monétaire (monnaie sous-évaluée) ou règlementaire (normes environnementales, qualité) dans les échanges internationaux afin de les faciliter dans une « concurrence libre et non faussée » au bénéfice de tous les participants (gain à l’échange). Protectionnisme : doctrine, ou ensemble de pratiques, qui recommande d’instaurer des obstacles aux échanges afin de favoriser les producteurs domestiques en leur réservant le marché intérieur et/ou en stimulant artificiellement les exportations. Attention ces deux positions sont dans un continuum : Par conséquent, ne jamais oublier dans un sujet que : Gains du protectionnisme = Ce qu’on perd avec du libre-échange Gains du libre-échange = Ce qu’on perd avec du protectionnisme Document 12 : Les fondements des politiques protectionnistes (Eduscol) Le protectionnisme vise à interdire ou limiter les importations de biens et services afin de protéger les entreprises et activités nationales de la concurrence extérieure. La mise en place de telles politiques peut se faire suivant diverses modalités et n’est pas sans risques. Un pays peut pratiquer le protectionnisme parce qu’il refuse l’abandon de certaines activités pour des raisons variées, stratégiques ou culturelles par exemple (nucléaire, cinéma…). Certaines spécialisations ne pouvant pas servir de moteur pour la croissance économique, les pays peuvent choisir de pratiquer un protectionnisme dit éducateur en faveur de certains secteurs d’activité, de manière à leur donner le temps de se développer et de se moderniser avant d’affronter la concurrence internationale. Le protectionnisme éducateur ne consiste pas à mettre des barrières douanières sur l'ensemble des importations mais à laisser entrer librement certains produits, tout en protégeant fortement une ou plusieurs activités. Il s’agit d’un protectionnisme qui se veut temporaire. 17 Plus généralement, c’est la crainte des licenciements et du chômage qui est à l’origine de mesures protectionnistes, celles-ci ayant pour objectif de protéger l’emploi dans certains secteurs exposés à la concurrence internationale. Le protectionnisme peut aussi avoir pour but de limiter l’impact de l’ouverture commerciale sur l’évolution des rémunérations de facteurs de production : les pays riches réclament ainsi du protectionnisme pour lutter contre ce qu’ils considèrent comme du dumping social de la part des pays en développement. Il est toutefois difficile de définir le dumping social : en principe les pays peuvent, et doivent interdire le commerce des productions qui ont été réalisées sans respecter les droits minimums des travailleurs définis par l’Organisation Internationale du Travail (ces droits sont la liberté d'association, l’interdiction du travail forcé, l’interdiction du travail des enfants et l’absence de discrimination sur le lieu de travail, y compris la discrimination fondée sur le sexe). Dans la pratique il est difficile d’identifier les productions qui n’ont pas respecté ces règles et les pays aux coûts salariaux très faibles, conséquence d’une main-d’oeuvre surabondante, sont souvent accusés de dumping social alors que leurs exportations reflètent leurs avantages comparatifs. Il faut aussi garder à l’esprit que les études empiriques des années 1990 et 2000 tendent à montrer que l’impact de la concurrence internationale sur les salaires dans les pays développés est moins fort que la pression à la baisse salariale par la substitution de capital au travail sous l’effet du progrès technique. Quels sont les justifications (fondements) du protectionnisme ? On peut distinguer différents objectifs au protectionnisme : -le protectionnisme défensif qui consiste en la défense d’activités nationales spécifiques ou « vieillissantes » peu compétitives qui disparaitraient si elles étaient confrontées à la concurrence internationale. -le protectionnisme éducateur qui ne doit être que temporaire. L’objectif est de protéger les « industries naissantes » de la concurrence internationale. L’idée c’est que le LE favoriserait les avantages comparatifs actuels au détriment des avantages comparatifs potentiels. Il faut donc limiter le LE pendant un temps, le temps de développer de nouveaux avantages comparatifs. Une fois ces activités développées au sein du pays, le pays peut s’ouvrir aux échanges. -la défense des emplois : réduction des importations pour les remplacer par une production nationale. Le protectionnisme évite de subir la « concurrence déloyale » des pays à bas salaire. -la protection contre le dumping social qui conduit à une pression à la baisse des salaires -Les mesures protectionnistes peuvent également être utilisées comme des représailles : un pays A impose des droits de douane à un autre pays B parce que le pays A s’oppose aux exportations du pays B. Exemple : en mars 2009, les EU ont triplé les droits de douane sur le roquefort en représailles à la décision prise par l’UE d’interdire la commercialisation de bœuf américain aux hormones sur le territoire européen. Les EU estiment que l’UE veut favoriser les éleveurs européens au détriment des éleveurs américains. (Risque d’escalade des mesures protectionnistes). Une illustration : doc 2 p. 74 : le protectionnisme défensif 1. La politique agricole commune (PAC) a été créée par le traité de Rome en 1957 et mise en place en 1962. Ses objectifs sont alors : -d’accroître la productivité de l’agriculture ; -d’assurer un niveau de vie équitable à la population agricole ; -de stabiliser les marchés ; -de garantir la sécurité des approvisionnements ; -d’assurer des prix raisonnables aux consommateurs. Les agriculteurs bénéficient : -d’aides indirectes, les « prix garantis », qui leur assurent un prix minimum pour leur production en comblant la différence entre prix du marché et prix garanti ; -d’aides directes au revenu depuis la réforme de 1992. En échange d’une baisse des prix garantis, l’UE verse des aides proportionnelles à la superficie de l’exploitation. Par ailleurs, la préférence 18 communautaire permet d’isoler l’agriculture européenne des variations des prix mondiaux en lui accordant des avantages en matière de prix par rapport aux produits importés. 2. Le commissaire européen au budget a proposé que la part des dépenses agricoles dans le budget européen baisse afin de dégager des ressources pour financer d’autres politiques européennes, comme l’énergie, la recherche ou l’immigration. La France est opposée à cette proposition car son agriculture a besoin des crédits de la PAC pour continuer à exister. Actuellement, environ 40 % du budget européen est consacré à la PAC et la France est l’un des principaux bénéficiaires de cette politique. 3. Si un accord de libre-échange était signé entre l’UE et les pays du Mercosur, les agriculteurs français ne bénéficieraient plus des aides de la PAC et seraient confrontés à la concurrence des produits agricoles à bas prix du Mercosur. Cela aurait pour conséquence une perte de parts de marché pour l’agriculture française, accompagnée d’une baisse de l’emploi agricole et des revenus des agriculteurs (qui vivent actuellement principalement des aides de la PAC). Cela pose à terme la question de l’indépendance alimentaire de l’Europe. 4. La PAC est un exemple de protectionnisme défensif dans le sens où c’est une politique d’aides et de subventions à un secteur (l’agriculture européenne) qui n’est pas en mesure d’être concurrentiel par rapport à d’autres pays d’Amérique du Sud ou d’Asie. 2. Les instruments classiques du protectionnisme Document 13 : Les modalités et instruments du protectionnisme (Eduscol) Afin de protéger le marché national de la concurrence des produits étrangers, il est tout d’abord possible de recourir à des mesures protectionnistes tarifaires qui consistent à appliquer des taxes ou droits de douane sur les importations. Les taxes ayant pour effet d’augmenter le prix des produits importés, la demande intérieure du produit taxé devrait diminuer et la production domestique augmenter ; les droits de douane représentent par ailleurs des recettes fiscales pour l’Etat. Des mesures quantitatives, non tarifaires, peuvent également être utilisées ; elles consistent à limiter la quantité de produits importés en fixant des contingents ou quotas. Les normes de différentes natures, techniques et sanitaires notamment, peuvent constituer d’autres moyens de protéger le marché intérieur de la concurrence étrangère. Il convient cependant d’insister sur le fait que les normes techniques ne sont pas par nature protectionnistes. La fixation de telles normes par l’Etat est légitime dans la perspective de la protection du consommateur. Seules les normes qui seraient discriminatoires à l’égard de l’offre étrangère peuvent être considérées comme protectionnistes. Les subventions aux exportations et le dumping (pratique consistant à vendre moins cher à l’étranger que sur son marché national) peuvent également être assimilés à des formes de protectionnisme ; il en est de même de la sous-évaluation de la monnaie nationale qui augmente la compétitivité-prix des produits exportés. Quels sont les différents instruments du protectionnisme ? -droits de douane -quotas -normes On distingue le protectionnisme tarifaire du protectionnisme non tarifaire. Le protectionnisme tarifaire consiste à imposer des droits de douane aux produits entrant sur le territoire ou à subventionner les producteurs nationaux. Le protectionnisme non tarifaire consiste à limiter l’entrée de produits étranger par la mise en place de réglementations contraignantes, de barrières administratives, de quotas. 3. La manipulation des cours de change, un protectionnisme déguisé ? La manipulation des taux de change peut être considérée comme une forme de protectionnisme déguisé. Retour sur le vocabulaire : 19 Le marché des changes est le lieu fictif sur lequel les monnaies s’échangent entre elles cad sur lequel se confrontent les offres et demandes de devises étrangères et assure la détermination des cours ou taux de change = prix d’une monnaie par rapport à une autre. Par exemple : pour 1€, je peux avoir : 1.36753 $ 0.82482 £ 8.271 CNY (Yuan chinois ou renminbi) 139.98 JPY Depuis le début des années 1970, les monnaies flottent librement par rapport aux autres devises : régime de changes flexibles = le taux de change fluctue donc, au gré de l'offre et de la demande de devises sur le marché des changes. Les variations des cours de change peuvent être très importantes. Dans les faits, les autorités monétaires interviennent souvent pour contrôler leur taux de change ? On parle alors de dépréciation ou d’appréciation des monnaies les unes par rapport aux autres. Certains pays maintiennent artificiellement leur monnaie à un niveau relativement bas malgré une bonne santé économique ; comme la Chine avec son yuan, que l’État contrôle. Les partenaires commerciaux de la Chine (surtout EU et UE) accusent depuis des années Pékin de maintenir artificiellement bas le niveau du Yuan. Mais la Chine n’est pas le seul pays concerné. Le Brésil, la Corée du Sud sont également en cause ou d’autres pays asiatiques comme Hong Kong ou Singapour. Les États-Unis manipulent aussi leur monnaie : ils font en sorte de maintenir un dollar relativement faible pour - sinon sauver - soutenir leur propre croissance, et partant, celle du reste du monde. Pour cela, la Réserve fédérale (Fed) injecte des quantités astronomiques de dollars dans l’économie en maintenant des taux d’intérêt quasi-nuls, pour perfuser en permanence l’investissement, l’emploi et la consommation des Américains. 0ffre de $ importante => dépréciation du $. L’UE adopte la stratégie du pacifisme : la BCE focalise son attention sur les déficits publics, la dette publique et l’inflation. Elle n’a pas d’objectif de croissance économique (contrairement à la Fed), qui pourrait l’inciter à «jouer» sur l’euro pour l’atteindre. Résultat, l’euro est plutôt fort, notamment par rapport au dollar. Quel peut-être l’intérêt de maintenir sa monnaie à un niveau bas ? La dépréciation d’une monnaie ou sa sous-évaluation permet de doper les exportations et donc la croissance : plus la monnaie est faible, plus les exportations nationales sont compétitives. Problème : cette politique est menée au détriment des partenaires commerciaux et accentue les déséquilibres. Conséquences : Les gagnants : les entreprises du pays qui sous-évalue sa monnaie. Les perdants : Ce sont les entreprises européennes qui exportent beaucoup en dehors de la zone euro qui sont directement pénalisées parce que l’euro fort augmente le prix des produits qu’elles exportent. C’est le cas d’Airbus par exemple qui est en concurrence directe avec Boeing pour des produits très similaires. La hausse de l’euro pénalise fortement Airbus qui vend ses avions en dollars. Deux réactions sont possibles - soit elle ne change pas sont prix de vente, et elle reçoit moins d’euros pour les dollars obtenus par ses ventes => baisse du chiffre d’affaires et du profit. - soit elle augmente le prix de vente en dollars pour maintenir son chiffre d’affaires en euros => perte de compétitivité prix. Ceux pour qui ça ne change rien : Pour les entreprises qui exportent dans la zone euro, l’euro fort n’a aucun impact sur leurs exportations ; c’est même plutôt bénéfique car elles peuvent s’approvisionner à l’étranger à moindres frais puisque les importations sont moins chères. C’est le cas de beaucoup de PME, qui ne commercent 20 qu’au niveau national ou européen ; elles ne sont pas du tout affectées par l’euro fort. Pour les entreprises dont la compétitivité repose sur l’innovation, la haute technologie ou le luxe, les variations de prix n’ont pas un impact très important. C’est le cas d’LVMH (Louis Vuitton Moët Hennessy); leurs produits de luxe sont demandés pour leur qualité, leur renommée, leur caractère unique, etc. Donc, même si le prix de ces produits augmente à l’exportation, ce n’est pas un problème pour les consommateurs concernés. Donc, les effets des variations des cours du change sur la valeur des échanges commerciaux dépendent à la fois de l’élasticité (sensibilité) des exportations et des importations par rapport au cours du change. Eventuellement : Doc 4 p. 101 Hatier : Les risques économiques liés à l’instabilité des changes 1. Dans le premier cas (Suisse, Japon, Chine et pays d'Asie, Brésil), l’objectif est de soutenir la croissance nationale en dopant les exportations. Le moyen pour y parvenir est de dévaluer ou de faire se déprécier la monnaie nationale sur le marché des changes, ce qui augmente la compétitivité-prix des produits nationaux au détriment des pays voisins. Dans le second cas (États-Unis, Royaume-Uni), l’objectif est de soutenir la croissance nationale en abaissant les taux d’intérêt. En conséquence, la baisse de rendements des placements fait fuir les investisseurs vers des placements dans d’autres devises dont l’euro qui s’apprécie, pénalisant ainsi les exportations hors zone-euro et la croissance de la zone. 2. Cette situation attise les tensions commerciales et peut conduire à des mesures protectionnistes de rétorsion si aucune solution globale n’est trouvée au problème. 3. Le terme de « guerre des monnaies » désigne en premier lieu le conflit entre pays quant au niveau optimal que devraient avoir les taux de change. Certains pays (Chine, Japon, Corée…) sont accusés de sous-évaluer leur monnaie, tandis que d’autres (certains pays de la zone euro…) se plaignent des inconvénients d’une monnaie surévaluée. Mais ce conflit se double d’un enjeu commercial. En manipulant le taux de change de leurs monnaies, certains pays attisent les tensions commerciales, qui risquent de conduire à un repli des échanges commerciaux mondiaux. L’enjeu devient alors économique, car on risque d’aboutir à un ralentissement généralisé de la croissance dans le monde. Enfin, le dernier enjeu est de nature politique. Les pays sont-ils en mesure de s’entendre pour redéfinir des règles du jeu équitables (cf. négociations du G20) ? Dans le cas contraire, l’avenir reste à la merci d’une crise spéculative, qui pourrait provoquer une récession mondiale. Si les partenaires commerciaux adoptent la même politique, personne ne gagne et tout le monde dévalue. Stratégie non coopératives. (Voir courbe en J.) Pour résumer : effets d’une variation des taux de change sur l’économie des pays concernés : Les effets d’une appréciation de la monnaie : 1er effet : augmente le prix des exportations => baisse des quantités exportées => baisse de la compétitivité-prix à court terme mais : génère une incitation à innover pour développer la compétitivité hors-prix (qualité…) à long terme. Compétitivité prix = capacité d’une entreprise à maintenir ou gagner des parts de marché grâce à des coûts de production et donc des prix de vente plus faibles que ses concurrents. Compétitivité hors prix ou structurelle = capacité d’une entreprise à maintenir ou ganger des parts de marché grâce à une stratégie de différenciation portant sur les caractéristiques du produit (qualité, publicité, SAV). On améliore la qualité du produit par l’innovation notamment. Cela permet d’échapper à la concurrence et de fixer un prix supérieur à celui du marché. 2è effet : diminue le prix des importations => hausse des quantités importées, ce qui réduit la facture des approvisionnements tels que les importations de pétrole et de gaz + accroît le pouvoir d’achat pour les acquisitions de biens et services facturés dans les monnaies plus faibles. Autres effets : -réduit le coût des investissements à l’étranger. En effet avec une monnaie forte les acquisitions à l'étranger reviennent moins chères. 21 - attire les capitaux étrangers car la monnaie a un fort pouvoir d’achat et est stable (monnaie de réserve…) Schéma p. 117 Belin À l’inverse, une dépréciation de la monnaie. 1er effet : baisse du prix des exportations => amélioration de la compétitivité-prix 2è effet : augmente le prix des importations. Cela met en jeu la compétitivité prix : la monnaie forte rend la production de biens moins compétitive par rapport aux biens importés. En effet, lorsque qu'une monnaie est forte, le coût de production des biens est relativement plus élevé que ceux des pays à monnaie faible. Risque d’une guerre des monnaies qui menace les échanges internationaux et donc la croissance mondiale. Si la dépréciation compétitive du taux de change est susceptible d’aider un pays pris individuellement, elle devient vite un jeu où il n’y a, au bout du compte, que des perdants lorsqu’elle se généralise. Exemple : Guerre Yuan/dollar. La politique monétaire américaine diminue la valeur du dollar. Donc la valeur du yuan augmente automatiquement, ce qui pénalise les exportations chinoises. C’est pourquoi la banque centrale chinoise vend du yuan pour déprécier la valeur de sa monnaie et maintenir la compétitivité-prix de ses exportations. Les Japonais font de leur côté, tout pour éviter une appréciation du Yen. Or, les monnaies ne peuvent pas toutes reculer en même temps, l’une d’entre elles au moins doit s’apprécier…c’est l’euro. Non pas parce que l’économie de la zone € va bien mais parce que, sur le plan politique, comparé aux EU ou à l’Asie, elle est mal préparée et mal organisée pour se défendre dans une telle guerre des taux de change. Il semblerait que les EU et la Chine cesseront de dévaluer leur monnaie si la menace de l’inflation devient plus importante. (Source : C. de Boissieu, « De la crise financière à la crise des monnaies », Questions internationales, juin 2010) C’est un enjeu essentiel des négociations internationales. Précision : comment fait la Chine pour sous évaluer sa monnaie ? Grâce à ses exportations massives, la Chine enregistre d’importantes rentrées de $. Au lieu de les recycler dans son économie, ce qui ferait grimper sa devise, elle les utilise pour acheter des Bons du Trésor américain qui viennent gonfler ses réserves internationales de change. De plus, la banque centrale chinoise achète des devises étrangères et vend sa propre monnaie sur le marché des changes. (Réserves de change chinoises sont les plus importantes du monde : plus de 2 600 milliards de $ fin 2011). 3. Les limites du protectionnisme Document 14 : Les risques du protectionnisme (Eduscol) Protéger trop systématiquement les producteurs nationaux contre la concurrence internationale présente tout d’abord le risque de faire bénéficier en priorité les activités et entreprises locales les moins efficaces des mesures protectionnistes, au détriment des gains de productivité et de la croissance. Le prix des produits sera plus élevé, au détriment du pouvoir d’achat des consommateurs. Plus globalement, les risques de mesures de rétorsion ne sont pas négligeables, ainsi que ceux liés à l’appauvrissement des autres pays puisque ce sont leurs exportations qui sont freinées. Parallèlement à la baisse des importations engendrée par les mesures protectionnistes, ce sont donc les exportations qui risquent de diminuer et l’on peut de plus craindre des effets cumulatifs récessifs au niveau mondial. En revanche, si les pays essayent d’encourager leurs entreprises à exporter, ils peuvent espérer que la croissance proviendra à la fois des économies d’échelle obtenues en vendant sur les marchés internationaux et des efforts d’innovation réalisés pour gagner des parts de marché international. Les stratégies exportatrices doivent toutefois être acceptées par les partenaires internationaux pour éviter qu’elles ne déclenchent des mesures de rétorsion pénalisant les débouchés que le commerce international apporte aux exportateurs. Les pratiques d’aides directes aux exportations sont donc désormais interdites par les autorités de régulation du commerce international car elles sont assimilables à du protectionnisme et pourraient déclencher des mesures de représailles commerciales 22 à l’échelle internationale : compte tenu de l’ampleur prise par les échanges internationaux, la généralisation du protectionnisme ferait s’effondrer les débouchés internationaux des entreprises dans des proportions supérieures à celles qu’elle leur apporterait à l’échelle locale. Par ailleurs, dans les pays où la concurrence des pays à faibles coûts salariaux risque de faire baisser les salaires de la main-d’oeuvre peu qualifiée, plutôt que de barrières protectionnistes qui privent les pays à bas salaires d’exportations favorables à leur développement, l’ouverture internationale, qui engendre des gains, pourrait être accompagnée d’une politique redistributive compensant la baisse des salaires, ce qui permettrait également à la population des pays concernés de bénéficier d’importations bon marché. Quels sont les risques du protectionnisme ? Ou doc 3 p. 75 : Le protectionnisme, un frein à la croissance ? 1. Les mesures protectionnistes entraînent un renchérissement du prix des produits, lié à une absence de concurrence. Cette hausse des prix nuit au pouvoir d’achat des consommateurs et donc à la croissance économique. Par ailleurs, le protectionnisme entraîne une augmentation du coût de production pour les entreprises, dans la mesure où le prix des consommations intermédiaires augmente. La production est donc moins importante, ce qui entraîne mécaniquement une moindre diversification des produits. 2. Le protectionnisme nuit à la croissance et à l’emploi. Protectionnisme => hausse des prix => les agents consomment moins => les entreprises produisent moins => il y a moins de croissance et d’emploi. 3. Les pays en développement n’ont pas les moyens de mettre en oeuvre des politiques protectionnistes : ils n’ont pas les ressources budgétaires pour accorder des subventions. Par conséquent, ils ont beaucoup de difficultés pour être compétitifs et accéder aux marchés. Le secteur de l’agriculture illustre bien ce problème : les pays développés subventionnent fortement leur agriculture (en 2007, 258 milliards de dollars de subventions pour l’agriculture dans la zone OCDE), ce qui fausse fortement la production et pénalise les pays en développement qui perdent des parts de marché. 23 III. La mondialisation de la production Notions : commerce intra-firme, compétitivité prix et hors prix, délocalisation, externalisation, firmes multinationales, spécialisation. En s'appuyant sur des données concernant le commerce intra-firme et sur des exemples d'entreprises multinationales, on abordera la mondialisation de la production. On analysera les choix de localisation des entreprises et leurs stratégies d'internationalisation. On étudiera à cette occasion les principaux déterminants de la division internationale du travail, en insistant sur le rôle des coûts de transport et de communication. On montrera que la différenciation des produits peut être à l'origine et la recherche d'une compétitivité hors prix. Dans cette partie on va s’intéresser au rôle croissant des FMN dans le commerce international. A. L’essor des FMN 1. L’augmentation du nombre de FMN Une firme multinationale ou transnationale est une firme qui possède au moins une unité de production à l’étranger et produit grâce à elle hors de son territoire d’origine. Cette unité de production à l’étranger est sa filiale. Une FMN réalise sa production dans au moins 2 pays. Exemple : Wall-Mart, Royal Dutch Shell, Exxon Mobil… Une FMN est constituée d’une société-mère (résidente d’un pays) et d’au moins une filiale résidente d’un autre pays. D’un point de vue statistique, on considère que dès qu’une entreprise possède au moins 10% du capital d’une entreprise étrangère, cette dernière est une filiale de la première qui est la maison mère. => Une firme multinationale ou transnationale est une firme qui possède au moins une unité de production à l’étranger et produit grâce à elle hors de son territoire d’origine. Dès lors qu’une société résidente dans un pays détient plus de 10% du capital dans une autre société résidente dans un autre pays, on est en présence d’une FMN. La première est appelée société-mère, la seconde est considérée comme une filiale (société dont le capital social est détenu à plus de 50% par la société-mère) ou société affiliée (entre 10 et 50% du capital social). Elles contrôlent des opérations dans plusieurs pays depuis la maison-mère située dans le pays d’origine. Leur puissance économique en fait des acteurs au pouvoir presque équivalent à celui des Etats mais leur action est contrainte par les autres acteurs de l’espace mondial (Etats, ONG, organisations internationales). Attention : il ne suffit pas qu’une entreprise vende dans plusieurs pays pour être considérée comme une FTN. Le critère indispensable est que cette firme produise dans au moins deux pays. Document 15 : 24 Doc. 1 p. 76 : l’augmentation du nombre de FTN 1. Entre 1990 et 2007, le nombre firmes transnationales a augmenté de 2,81 % par an en moyenne. 2. On constate que le nombre de filiales augmente plus rapidement que le nombre de firmes transnationales, ce qui signifie que le nombre moyen de filiales par firme a tendance à augmenter. Cela signifie concrètement que les firmes sont de plus en plus ouvertes sur l’extérieur et qu’elles développent de plus en plus d’activités dans d’autres pays du monde. 2. Les FMN et le commerce intra-firme Les FMN sont au cœur du CI avec le commerce intra-firme. La croissance du commerce mondial est portée par le commerce des filiales (commerce intra-firme). Doc. 3 p. 77 : DIPP et commerce intra-firme. 1. DIPP = décomposition internationale des processus productifs : séparation de la production d’un bien final en opérations distinctes effectuées dans des pays différents. 2. Les firmes transnationales pratiquent la DIPP afin de minimiser les coûts. En effet, en répartissant la production d’un même bien final dans différents pays, elles profitent des avantages comparatifs de 25 chaque pays dans la fabrication de telle ou telle partie du produit final. Le produit final est alors moins cher à produire que s’il avait été produit dans un seul pays. 3. La DIPP amplifie le commerce international, puisque les éléments produits dans différents pays doivent par la suite être exportés avant d’être assemblés sur un même lieu (le produit final étant luimême potentiellement réexporté). Le deuxième phénomène notable est l’augmentation du commerce intra-firme : dans le cadre de la DIPP, les filiales sont amenées à échanger des produits entre elles. Poids important : elles réalisent 33% du PIB mondial contre 17% dans les années 1960. Elles sont à l’origine des 2/3 du commerce international dont 1/3 est un commerce entre les filiales des groupes. 13- Ne pas confondre Commerce de B&S entre pays appartenant à Commerce intra-zone (ou intra-région) spécialisation proche Commerce de B&S similaires entre pays à Commerce de B&S intermédiaires entre Commerce intra-branche la même région Commerce intra-firme filiales de la même FMN Document 16 : Une illustration de la DIPP : la fabrication du Nutella : L'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) s'est penchée sur la mondialisation et, pour en faire la démonstration, a pris la célèbre pâte à tartiner Nutella comme référence. Grâce au graphique réalisé pour ce rapport, on ne peut que constater que c'est bien l'ensemble de la planète qui s'active pour concocter cette crème de chocolat aux noisettes. Le Nutella, en chiffres, ça donne 250.000 tonnes produites chaque année, consommées dans 75 pays à travers le monde. D'ailleurs, question consommation, on constate que ce ne sont pas forcément les pays auxquels on s'attend le plus qui craquent pour cette pâte à tartiner (croix mauves): le Japon, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud, le Mexique notamment. 26 Pour ce qui est des ingrédients (les points verts sur la carte), on remarque que le sucre provient essentiellement du Brésil, le cacao du Nigeria, la très décriée huile de palme de Malaisie, les noisettes de Turquie et la vanilline, arôme de vanille de synthèse, de France. C'est donc la planète entière (ou presque) qui participe à l'élaboration du Nutella. 3. Comment une firme devient-elle une FMN ? Une firme devient une FMN par plusieurs moyens : En réalisant des IDE : IDE = acquisition d’actions ou de parts de propriété dans une entreprise située à l’étranger dans le but d’exercer une influence sur sa gestion. Selon le FMI : « engagements de capitaux effectués en vue d'acquérir un intérêt durable, voire une prise de contrôle, dans une entreprise exerçant ses activités à l'étranger ». Par convention, on considère qu’il y a intérêt durable et donc investissement direct lorsqu’une entreprise détient au moins 10 % du capital (ou des droits de vote) d’une entreprise résidente d’un pays autre que le sien. Les IDE correspondent à des mouvements de capitaux. Le FMI distingue différents types d’IDE : - la création d’une nouvelle unité de production (filiale) dans un autre pays (ex : Renault au Brésil ou à Tanger au Maroc) -l’acquisition d’au moins 10% du capital social d’une entreprise étrangère déjà existante. Si l'entreprise détient moins de 10 % du capital social d'une autre entreprise, il s'agit d'un investissement de portefeuille ; sinon, c'est un IDE. (ex : Renault a ainsi racheté le constructeur roumain Dacia pour produire la Logan)Remarque importante : IDE => logique industrielle de prise de production (intérêt durable dans une entreprise, long terme) alors que investissements de portefeuille => logique de placement et de rentabilité (court terme, investissements spéculatifs) => globalisation financière (-réinvestissement de ses bénéfices par une filiale ou une succursale située à l’étranger. -les opérations entre la maison mère d’une FMN et ses filiales. ) Ne pas confondre IDE et délocalisations : une part marginale des IDE sont des délocalisations, mais toutes les délocalisations sont des IDE. En effet, une entreprise qui réalise un IDE ne ferme pas forcément d’unités de production locale ; par exemple si Total crée une filiale en Afrique pour extraire du pétrole, cette production ne pouvait pas être réalisé en France. Mais une firme qui ferme une unité de production locale pour l’installer à l’étranger réalise un IDE. Ne pas confondre externalisation et délocalisation : Délocaliser consiste à fermer une unité de production pour ouvrir la même dans un autre pays. Externaliser consiste à sous-traiter une partie de ses activités (mais pas forcément par une entreprise située à l’étranger). Externalisation (NPT) : Sous-traitance d’une partie des activités de l’entreprise à une autre entreprise. Il s’agit de faire produire par une entreprise extérieure une partie de sa production. Sous-traitance, cession de licences, franchises (droit d’utiliser l’enseigne ou la marque). Exercice : Remplissez le tableau ci-dessous en cochant les cases pertinentes. IDE Externalisation Coca cola vend sa licence à des producteurs locaux x Apple fait assembler l’Iphone par des entreprises chinoises x Délocalisation 27 Renault rachète son concurrent japonais x Nissan Benetton fait fabriquer des pièces au Bangladesh x Tefal réimplante sa production de grilles x pain en Roumanie x L’entreprise PSA crée une filiale en x Roumanie pour produire des voitures destinées au marché roumain L’entreprise Renault ferme une usine à x Vilvorde pour en créer une en Hongrie Jean-Louis David ouvre un salon à Milan x x L’entreprise Renault décide de sous-traiter la production des sièges à un équipementier Roumain alors que la fabrication avait lieu en France x x L’entreprise Renault rachète 15% des x actions d’un équipementier belge qui lui fournira dorénavant certaines pièces L’entreprise PSA rachète 5% des actions d’un équipementier allemand Document 17 : La mondialisation de la production (Eduscol) Pour évaluer l'ampleur du développement des firmes multinationales, il est fréquent de recourir à la mesure des investissements directs à l'étranger (IDE), dont on constate une vive accélération à partir du milieu des années 1980. On peut également se référer au nombre de sociétés mères et filiales, au chiffre d’affaires ou à la valeur de la production réalisée, au nombre de salariés, etc. En 1977, il y avait 11 000 sociétés mères et 82 000 filiales internationales ; en l’an 2000 il y avait plus de 63 000 sociétés mères et plus de 820 000 filiales internationales. Les firmes multinationales ont réalisé une production d’environ 16 000 milliards de dollars en 2010, soit environ le quart du PIB mondial ; la même année, la valeur ajoutée par les filiales implantées à l’étranger représentait environ 6 600 milliards de dollars et ces filiales faisaient travailler environ 68 millions de personnes. En 2008, l’entreprise multinationale possédant le plus grand stock d’actifs hors de son territoire d’origine était General Electric dont la moitié du capital était détenue hors des Etats-Unis, son territoire d’origine ; General Electric faisait travailler 323 000 personnes dont 171 000 hors des Etats-Unis. Les firmes multinationales peuvent aussi être des entreprises financières : en 2009, Citigroup, d’origine américaine, était implantée dans 75 pays hôtes ; BNP Paribas était implantée dans 61 pays et disposait de 596 filiales à l’étranger. 25- Cochez a) Les flux d’IDE s’accélèrent dès : les « trente glorieuses » les années 1980 les années 2000 28 b) En 20 ans, le nombre des FMN a été multiplié par 2 6 c) En 20 ans le nombre de filiales internationales a été multiplié par 2 10 6 d) En 2010 la production des FMN représente 10% du PIB mondial 25% 10 50% Forte accélération des IDE et des investissements de portefeuille depuis les années 1980 Jusque dans les années 60, dans la plupart des pays, l’entrée et la sortie de capitaux est fortement règlementée. Dans les années 1970, puis dans les années 1980, on assiste à une libéralisation des marchés financiers => globalisation financière qui vise à la constitution d'un marché global des capitaux. Document 18 : L’évolution de la géographie des IDE : Flux d’IDE entrants Flux d’IDE sortants 1970 2010 1970 2010 Monde (millions $) 13 346 1 243 671 14 151 1 323 337 Economies développées 71,1% 48,4% 99,6% 70,7% Dont UE 39,2% 24,5% 35,8% 30,8% Dont Etats-Unis 9,4% 18,4% 53,6% 21,4% Dont France 4,7% 2,7% 2,6% 6,4% Economies en 28,9% développement et en transition 51,2% 0,4% 29,3% Dont BRIC* 3,3% 17,7% 0,1% 11,1% Dont Afrique 9,5% 4,4% 0,1% 0,5% Dont Chine 0 8,5% 0 5,1% Dont Roumanie 0 0,8% 0 0,01% Source : CNUCED 2011 BRIC = Brésil, Russie, Inde, Chine (les 4 plus grands pays émergents) Question : EC2 Après avoir présenté le document, vous commenterez les évolutions des flux mondiaux d’IDE. Entre 1970 et 2010, explosion des IDE : IDE entrants multipliés par 93 (hausse de plus de 9 000%) Même constat pour les IDE sortants. On observe également une évolution de la géographie de ces mouvements de capitaux : - dans les années 1970, majorité des IDE provenait des PDEM vers les PDEM : 71,1% des IDE avaient pour destination les pays développés et 99,6% des IDE provenaient de ces pays. - depuis les années 2000 et notamment depuis 2010, le poids écrasant des pays riches parmi les pays de départ ou de destination des IDE tend pourtant à se réduire : les flux d’IDE entrants et sortants des pays développés ont diminués : les PED effectuent désormais près d’un tiers des IDE (multiplication par 73) et plus de la moitié des IDE sont effectués dans des PED, en particulier 29 dans les BRIC et en notamment en Chine : de plus en plus de FMN ont été implantées dans les pays du sud-est asiatique et en Chine : la Chine attire elle seule 8.5% des IDE à destination des PED. => Si la mondialisation s’est traduite par une croissance permanente des échanges internationaux, on doit souligner qu’elle s’accompagne, depuis les années 1980, d’une réelle explosion des IDE. Ils constituent les principaux moteurs de la mondialisation. Ils ont fait exploser le nombre de firmes transnationales qui sont devenus des acteurs incontournables et tout puissants du commerce mondial. Leur puissance économique en fait des acteurs au pouvoir presque équivalent à celui des Etats mais leur action est contrainte par les autres acteurs de l’espace mondial (Etats, ONG, organisations internationales). B. Les déterminants de la DIPP Parce que les échanges de marchandises et de capitaux se réalisent pratiquement sans entrave aujourd’hui, les firmes ne réfléchissent plus, ou en tout cas de moins en moins, leur stratégie à l’échelon national. C’est le marché mondial qui compte. La logique de décision des entreprises s’est transformée, ce qui transforme les conditions de la production à l’intérieur même des économies nationales, qui ne peuvent plus être “ indépendantes ” du reste du monde économique. Principal objectif : FMN recherchent la compétitivité = capacité pour une entreprise à maintenir ou accroître ses parts de marché aussi bien sur le marché intérieur qu'extérieur. S Doc 3 p. 79 : Les stratégies des FTN : question 1 seulement On peut distinguer 2 grandes stratégies des FTN : -stratégie de marché : les firmes installent des filiales à l’étranger pour accéder à de nouveaux marchés, de nouveaux clients potentiels. Les entreprises effectuent des IDE dans des pays où la consommation est importante, afin de satisfaire une demande locale. Compétitivité hors-prix -et stratégie de rationalisation cad stratégie stratégie qui relève de la compétitivité prix. On cherche à exploiter les avantages comparatifs des différents pays en y installant les segments de la production là où la production peut être réalisée de la manière la plus compétitive. => division internationale du processus de production (DIPP) = éclatement géographique de la production entre différents territoires en fonction des avantages comparatifs de chacun. L’objectif est de diminuer les coûts de production, avant de réexporter les produits finis vers les zones où la consommation est forte. La première stratégie relève de la compétitivité hors prix alors que la deuxième relève de la compétitivité prix. 1. Des stratégies reposant sur la compétitivité-prix Les IDE tirent parti de coûts de production (en capital, en intrants, en salaires) plus faibles dans les pays hôtes et d'économies d'échelle dues à la forte spécialisation de filiales-ateliers. Celles-ci produisent les composants des produits de la société mère ; les exportent vers le pays d'origine vers des filiales localisées en pays tiers. Pour aller plus loin : Se développe un commerce intra-firme (commerce captif) (échanges de biens à l’intérieur d’une FTN, c’est-à-dire entre la maison mère et ses filiales ou entre ses filiales) fondé sur les prix de cession du commerce intra-firme et l’optimisation fiscale. - Les prix de cession ou prix de transfert sont des prix « hors marché ». Ils sont fixés par la direction de la FMN qui coordonne les activités. Il ne reflète pas le rapport entre l’offre et la demande, la rareté du bien ou sa valeur… Il n’y a pas de concurrence…Le commerce intrafirme est organisé par ces prix de cession. 30 - Les FMN ont des stratégies d’optimisation fiscale : les filiales implantées dans les zones à faible pression fiscale font les bénéfices élevés alors que les FMN dans les zones où l’impôt est élevé ne font pas de bénéfices. Les prix de cession interne à la FMN permettent de déplacer les bénéfices d’une filiale à l’autre. Moyens : externaliser ou délocaliser pour baisser son coût de production L’externalisation Externaliser : faire faire une partie de sa production qui était réalisée par ses propres salariés, par une autre entreprise, appelée sous-traitant (« outsourcing »). Les sous-traitants peuvent être nationaux ou étrangers. Ces modes de production sans participation au capital concernent principalement la sous-traitance internationale (Apple et Foxconn pour la réalisation de ses produits), la production internationale sous licence (Les lunettes Armani a confié ses licences à Luxottica), la franchise (les restaurants McDonald ou KFC se sont développés ainsi dans le monde entier) Avantage de l’externalisation - Le sous-traitant est un spécialiste. Il produit pour plusieurs autres entreprises - A ce titre il a une échelle de production plus importante pour la production considérée. Il bénéficie d’économies d’échelle => baisse des coûts. -Il maîtrise également mieux la technologie nécessaire et investit pus dans l’innovation. - La main d’œuvre peut être moins chère, ou plus compétente… - Adaptation à la demande grâce à une organisation plus flexible qui fait supporter le risque de ralentissement de l’activité aux sous-traitants. Limites de l’externalisation - L’entreprise donneuse d’ordre ne maîtrise pas parfaitement la qualité de la production, ni les délais. La délocalisation : Les firmes peuvent réaliser des IDE verticaux, dits de délocalisation, lorsqu’elles s’efforcent d’alléger leurs coûts grâce à une DIPP. Une délocalisation est réalisée lorsqu’une firme ferme l’une de ses unités de production sur le sol national pour en ouvrir une équivalente à l’étranger et importer ensuite cette production (ex : Renault : fermeture de Vilvorde et ouverture au Brésil). Remarque : les délocalisations ne sont pas que destructrices d’emplois, elles en créent aussi (effets directs et indirects) Donc, la délocalisation est décidée en général pour profiter de coûts de production plus faibles et ainsi améliorer la compétitivité prix. C’est le cas des délocalisations vers les PED. Mais il ne faut pas limiter l’analyse au simple coût de la main d’œuvre ; la productivité est également un élément important du calcul. C’est en fait la main d’œuvre peu qualifiée des pays riches qui est en concurrence avec la main d’œuvre des PED. Les pays développés attirent une grande partie des IDE de part leurs avantages : main d’œuvre qualifiée et productive, consommation et niveau de vie élevé qui offrent des débouchés aux entreprises… Remarque : les relocalisations se multiplient en raison de la mauvaise qualité des B/S. 2. Des stratégies reposant sur la compétitivité hors prix 31 Compétitivité hors-prix (ou structurelle) = capacité à imposer ses produits indépendamment de leur prix : qualité, services accompagnant le produit, capacité de s'adapter à la demande diversifiée par rapport aux goûts ou aux revenus. Document 19 : Les multiples facettes de la compétitivité Même dans les industries comme le textile, le coût du travail ne représente qu'un déterminant relativement secondaire dans les choix stratégiques des entreprises. Les infrastructures de transport, le risque de change, le prix des assurances, les droits de douane et le coût d'importation des matières premières contribuent souvent à augmenter les coûts de production dans les pays où le travail n'est pas très cher. Et même si les salaires y sont très bas, personne n'ira jamais ouvrir d'usine en Sierra Leone ou en Haïti. Ce qui compte pour une entreprise, c'est ce qu'on appelle le coût unitaire, c'est-àdire le coût du travail corrigé de la productivité du travail. Et là où les travailleurs sont instruits, motivés et bien entraînés, ce coût peut-être beaucoup plus bas que dans certains pays en développement. Par ailleurs, des productions a priori menacées de délocalisation se maintiennent bien dans des pays à hauts salaires. […] Il est même possible, dans des économies à hauts salaires, de créer une entreprise traditionnelle qui dégage des bénéfices en se focalisant sur l'innovation, le design et les activités à forte valeur ajoutée. […] Les seules ressources capables de créer des avantages comparatifs aujourd'hui résident dans la capacité des entreprises à promouvoir des stratégies fondées sur l'innovation, la conception, la qualité, la réputation de la marque, la proximité avec le client, etc. Suzanne Berger, « La mondialisation n'est pas une voie à sens unique », Alternatives économiques, n°244, février 2006 Question : Montrez que le coût de la main-d’oeuvre n’est pas l’unique facteur de localisation d’une FMN (i.e. repérez tous les autres déterminants de la localisation des firmes). 2 moyens : -La stratégie de marché relève de la compétitivité hors prix : s’implanter sur un marché pour mieux suivre l’évolution des goûts des consommateurs et de conquérir des marchés locaux. Plutôt flux nord/nord ou nord/émergents. -la stratégie de différenciation qui mise sur l’innovation, la qualité: renforce le commerce intrabranche, plutôt nord/nord 2 types de différenciation : - diversification verticale (développement des gammes de qualité => Ex : Peugeot 107 à 9 700 euros / Peugeot 508 RXH à 45 800 euros) - diversification horizontale (produits différenciés par des petites différences => Ex : TOYOTA AYGO à 9 400 euros / Peugeot 107 à 9 700 euros) Schéma de synthèse (remédiation) : Prix Compétitivité Hors prix Baisse du coût de production Satisfaire la demande DIPP Délocalisation ou externalisation Différenciation de la production : innovation, qualité Adaptation à la demande Document 20 : Zara : à la recherche de la compétitivité hors-prix Zara, entreprise familiale espagnole, a connu une croissance extraordinaire au cours des cinq dernières années, avec des ventes s'élevant à 5,6 milliards de dollars en 2004, période pendant laquelle la plupart des fabricants européens ont connu des difficultés. Zara est une firme à intégration verticale1 qui 32 concentre de nombreuses fonctions : elle tisse et teint environ 40 % du tissu qu'elle utilise, conçoit les vêtements, les découpe, organise toute la logistique de distribution, possède et gère quelque 600 magasins, surtout en Europe [...]. Elle sous-traite toute la couture, auprès de 500 ateliers implantés près de son siège social, de ses usines et de ses centres de distribution. Environ la moitié des produits Zara sont fabriqués dans le cercle étroit de la maison mère, par des fournisseurs attitrés, dans la région de La Corogne. Les principaux concurrents, H & M et Gap, n'ont aucune production interne (et font presque tout fabriquer à l'étranger). Zara se distingue de ses plus proches homologues par la rapidité avec laquelle ses vêtements passent du stade du design à celui de la commercialisation. Les boutiques Zara renouvellent leur offre toutes les deux semaines, avec de nouveaux produits qui arrivent constamment. Les clients viennent souvent voir les derniers arrivages. Parce que Zara adapte sa production à la demande et produit en moins grande quantité que ses concurrents [...]. Comme les grandes marques américaines ont depuis longtemps renoncé à la fabrication, confiée surtout à l'Asie, le modèle Zara leur paraît inconcevable. [Selon un concurrent], « Zara est le roi de la vitesse. [...] Sans ce genre de contrôle local, on ne peut réduire à deux mois une opération qui en prend six ou sept. Zara réunit tout : design, tissu, assemblage, transport. Les autres grossistes ont réparti leur production un peu partout, au Sri Lanka, en Jordanie, en Afrique du Sud [...] » Suzanne BERGER, Made in monde, Seuil, coll. Points Économie, 2007. 1. Cela signifie que Zara maîtrise toutes les étapes du processus productif, de la conception à la distribution, en passant par l'assemblage. 1. Quelle est la stratégie de production adoptée par Zara et pourquoi ? Zara externalise peu sa production, au contraire elle cherche à maîtriser toutes les étapes du processus de production (intégration verticale). Le but de l’entreprise est d’être très réactive, et pour cela elle ne peut sous-traiter sous peine d’augmenter les délais. Zara renouvelle ses collections, en partie, toutes les deux semaines, pour fidéliser les clients (obligés de revenir régulièrement voir les nouveautés). Cela réclame une grande réactivité, une capacité à agir rapidement. Rappel : externalisation = sous-traitance. 2. Les coûts de production de Zara sont-ils plus importants que ceux des concurrents ? Les coûts de production de Zara ne sont pas nécessairement plus importants parce que l’entreprise économise sur les coûts de transport, sur les coûts liés aux défauts ; l’entreprise répond directement à la demande, ce qui évite les stocks, etc. Document 21 : Meccano relocalise sa production en France Le fabricant de jouets de construction Meccano vient de décider de relocaliser une partie de sa fabrication aujourd'hui réalisée en Chine. L'objectif est d'augmenter de 20 % sur les deux années à venir la production de son usine calaisienne et d'y fabriquer cinq des neuf gammes du catalogue. En 2005, l'entreprise avait investi 6 millions d'euros dans la refonte de son outil industriel calaisien et, en février 2008, elle avait inauguré à proximité une plate-forme logistique de 16000 m2 exploitée pour son compte par Géodis. Dans le contexte actuel de la crise mondiale, le marché du jouet révèle une grande stabilité grâce au choix des consommateurs de préserver leurs enfants. Aussi, même si les coûts de production en France restent plus élevés que dans d'autres zones géographiques, Meccano a décidé de miser sur le «made in France» en pensant que les consommateurs seront sensibles à sa démarche. Et surtout, relocaliser en France lui permet de gagner en flexibilité, en réactivité et en coût de transport. La direction parle de 4 à 8 semaines de transport en moins. Meccano est convaincu qu'un gain de 2 mois sur les délais de livraison optimisera à terme la demande. Cette relocalisation partielle pérennise l'avenir du site calaisien et l'emploi de ses soixante salariés. Geneviève HERMANN, « Meccano rapatrie à Calais de la production chinoise», www.usinenouvelle.com, 12 février 2010. Question : Pourquoi Meccano a décidé de relocaliser sa production en France ? Meccano joue sur l’image de marque du « made in France » dans le contexte de certains scandales des jeux chinois défectueux + être au plus près de la demande, être réactif = stratégie de 33 différenciation (compétitivité hors-prix). Exemple de relocalisation qui montre que les stratégies des firmes ne peuvent être analysées uniquement comme la recherche du moindre coût. A nuancer toutefois : actuellement on observe une relocalisation pour 10 délocalisations. Un peu plus aux Etats-Unis (General Motors a relocalisé une partie de sa production par exemple). Certains économistes considèrent qu’à l’avenir le chiffre des relocalisations devrait augmenter avec la montée des coûts salariaux dans certains PED ou émergeants. TROIS GRANDS OBJECTIFS A RETENIR : Faiblesse des coûts salariaux pour compétitivité-prix (plutôt flux Nord/Sud). Qualité de la main-d’œuvre et des infrastructures pour compétitivité-prix (productivité) et compétitivité hors-prix (qualité, innovation, diversification, réactivité face aux demandes des consommateurs). Plutôt flux Nord/Nord. Taille du marché : plutôt flux Nord/nord ou Nord/pays émergeants. S’implanter pour écouler la production. Synthèse sur les déterminants des stratégies d’internationalisation des FMN L’internationalisation de la production est l’autre aspect de la mondialisation, avec l’internationalisation des échanges (l’internationalisation des échanges a été abordée dans le I) et le II) du cours). Les FMN jouent un rôle central dans le processus d’internationalisation de la production. Les FMN envisagent leur production au niveau mondial et divisent les processus productifs en de multiples étapes localisées dans le monde entier (division internationale des processus productifs), ce qui favorise le commerce intra-firme (les FMN sont à l’origine des 2/3 du commerce intra-firme). Les FMN adoptent différentes stratégies d’internationalisation en fonction de leurs objectifs : 1. Stratégies axées sur la compétitivité prix : Les FMN cherchent en permanence à améliorer leur compétitivité, c’est-à-dire à augmenter leurs parts de marché. Elles cherchent en particulier à améliorer leur compétitivité-prix en diminuant au maximum leurs coûts de production, notamment les coûts salariaux. Cela correspond à une stratégie de rationalisation. Dans la stratégie de compétitivité-prix, la question du niveau des salaires n’est pas la seule à intervenir, le niveau de la productivité des salariés est également déterminant (un salarié européen au salaire plus élevé qu’un salarié indien peut être privilégié par une entreprise au salarié indien qui sera bien moins productif). Pour alléger leurs coûts, les entreprises multinationales peuvent également multiplier les implantations dans les pays à faible pression fiscale et faire enregistrer leurs activités dans ces territoires à très faible pression fiscale. Les entreprises multinationales peuvent aussi jouer avec les prix de transfert, c’est-à-dire les prix auxquels leurs filiales se facturent entre elles les échanges intrafirmes, pour faire apparaître les bénéfices comptables là où la fiscalité est la plus avantageuse. Pour aller plus loin : Une illustration de l’optimisation fiscale Pourquoi Google paie-t-il si peu d’impôts ? Christian Chavagneux, Alternatives Economiques n° 319 - décembre 2012 L'entreprise américaine Google est sous le coup d'une enquête serrée du fisc français. Ses inspecteurs (leurs confrères britanniques, australiens et indiens sont dans le même cas) pensent que le moteur de recherche en fait un peu trop pour éviter de payer l'impôt sur les sociétés. Les spécialistes des paradis fiscaux ont mis depuis longtemps en évidence le fait que les leaders des nouvelles technologies de la communication (Apple, Facebook…) ont tous recours à peu près aux mêmes techniques pour "optimiser" de manière assez agressive leur taux d'imposition. La manipulation requiert d'utiliser les services, a priori légaux, offerts par plusieurs pays. 34 Doublette irlandaise Lorsqu'une entreprise française veut faire de la publicité sur Google, elle a la surprise de recevoir une facture d'une filiale irlandaise du groupe. On se dit alors que le géant américain souhaite tout bonnement bénéficier du taux d'imposition des sociétés qui n'est là-bas que de 12,5 %, contre 33 % en France. Google aurait donc trouvé un moyen simple de minimiser ses impôts. D'autant que le moteur de recherche ne dispose pas seulement d'une mais de deux filiales en Irlande, la seconde gérant les droits sur les brevets que possède l'entreprise. Les redevances ainsi récoltées sont donc elles aussi soumises à un régime fiscal très favorable. Sandwich hollandais Mais en fait, le schéma est encore un peu plus compliqué que cela, car les profits réalisés en Irlande n'y restent pas. Bénéficiant de la libre circulation des capitaux au sein de la zone euro et des accords fiscaux en vigueur entre les deux pays, l'argent récolté en Irlande partirait aux Pays-Bas. Un Etat auquel on ne pense pas forcément lorsque l'on évoque les paradis fiscaux mais qui, avec sa législation fiscale complaisante et ses 20 000 et quelques sociétés boîtes aux lettres installées à Amsterdam, sert de territoire de transit - d'où le sandwich - avant que les fonds soient réexpédiés vers des territoires plus exotiques comme les Iles vierges britanniques pour Apple. On suppose que c'est la filiale de Google située aux Bermudes qui détient le droit d'utilisation de la marque Google pour le monde entier. Elle fait alors payer ce droit à la filiale hollandaise, à un prix tel que l'essentiel de la base taxable réalisée par Google en dehors des Etats-Unis se trouve rapatriée vers ce territoire au climat fiscal plus que clément. On comprend mieux pourquoi en pleine période de disette budgétaire, les fiscs des grands pays ont fini par trouver le sandwich hollandais et sa sauce irlandaise un peu écoeurant. Les FMN disposent de trois grands moyens pour améliorer leur compétitivité-prix: la DIPP, c’est-à-dire la localisation de chaque étape de la production sur le territoire considéré comme le plus efficace, les délocalisations et l’externalisation d’une partie de leur production. Une FMN peut pratiquer les trois méthodes à la fois. 2. Stratégies axées sur la compétitivité hors-prix. La demande porte sur des produits différenciés (différence de qualité) et pas nécessairement sur les biens les moins chers. Quant aux entreprises, elles peuvent compenser une faible compétitivité-prix par une forte compétitivité hors-prix. Ainsi, la compétitivité-prix n’est pas la seule stratégie que peuvent adopter les FMN. Les FMN disposent alors de deux stratégies pour améliorer leur compétitivité hors-prix : -Dans le cas d’une stratégie de compétitivité hors-prix, les FMN vont privilégier la différenciation des produits. Les entreprises doivent alors fonder leur stratégie sur l’innovation et donc la R&D mais aussi sur le marketing. Les pays développés conservent souvent un avantage comparatif dans la R&D. Voilà pourquoi les territoires des pays développés ne sont pas nécessairement voués à voir disparaitre toutes leurs activités industrielles. La différenciation des produits explique le développement du commerce inter-branche de produits similaires entre pays développés. -Si les stratégies d'allégement des coûts sont les plus connues, les firmes multinationales s'implantent aussi, et peut-être surtout, là où elles obtiennent des débouchés, et là où elles une main-d’œuvre aux compétences diversifiées, des infrastructures de transport et de communication efficaces. Les entreprises cherchent à s’implanter à proximité des consommateurs pour mieux connaître et conquérir des marchés locaux ; de même, lorsque les coûts de transport restent élevés (par exemple pour la production d’automobiles), les entreprises ont intérêt à aller s’implanter là où elles écouleront la production. Cela correspond à une stratégie de marché. 35