Chapitre 6 : Quels sont les fondements du commerce

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Thème 3 : Mondialisation des échanges et intégration européenne
Chapitre 6 : Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la
production ?
Notions : Avantage comparatif, dotation factorielle, libre-échange et protectionnisme, commerce
intra-firme, compétitivité prix et hors prix, délocalisation, externalisation, firmes multinationales,
spécialisation.
En partant d'une présentation stylisée des évolutions du commerce mondial et en faisant référence à
la notion d'avantage comparatif introduite en première, on s'interrogera sur les déterminants des
échanges internationaux de biens et services et de la spécialisation.
On analysera les avantages et les inconvénients des échanges internationaux pour les producteurs
comme pour les consommateurs. On présentera à cette occasion les fondements des politiques
protectionnistes et on en montrera les risques.
En s'appuyant sur des données concernant le commerce intra-firme et sur des exemples d'entreprises
multinationales, on abordera la mondialisation de la production. On analysera les choix de localisation
des entreprises et leurs stratégies d'internationalisation. On étudiera à cette occasion les principaux
déterminants de la division internationale du travail, en insistant sur le rôle des coûts de transport et
de communication. On montrera que la différenciation des produits peut être à l'origine et la
recherche d'une compétitivité hors prix.
On s’interrogera sur les effets d’une variation des cours de change sur l’économie des pays concernés.
On explicitera enfin la complexité des conséquences de cette internationalisation sur les pays d'accueil.
Acquis de première : gains à l'échange
Introduction : La Mondialisation des échanges, un phénomène récent ?
Document 1 : Une mise en perspective historique doc 1 p. 15 Magnard : questions 1, 2, 3 et 4.
1. Le premier âge de la mondialisation correspond à la découverte de l’Amérique au XVIe siècle, le
deuxième à la fin du XIXe siècle pendant la RI, et le troisième a commencé dans la décennie 1980.
Chaque âge est favorisé par une révolution des transports et des communications tandis qu’une
puissance (Espagne, Angleterre, Etats-Unis, successivement) domine le phénomène.
2. Le phénomène de la mondialisation n’est pas linéaire. Les périodes de recul se traduisent par une
baisse du taux d’ouverture mondial (rapport des exportations de marchandises sur le PIB) entre 1913
et 1950. Ainsi, le taux de 1913 n’est retrouve qu’en 1973. La réduction des taux d’ouverture concerne
l’ensemble des économies nationales, qu’il s’agisse des pays européens, du Japon ou des Etats- Unis.
3. Quelles que soient les périodes, le degré d’ouverture des économies nationales est très hétérogène.
Parmi les pays les plus avancés, ce sont les pays ayant le poids démographique le plus important (EtatsUnis et Japon) qui sont les moins ouverts.
4. Les facteurs permissifs sont les progrès des transports et les négociations commerciales entrainant
la libération des échanges. Les obstacles rencontres peuvent être ≪ naturels ≫ – comme des coûts de
transport particulièrement élevés – ou ≪ artificiels ≫ – comme des droits de douane, des quotas, des
prohibitions, barrières douanières.
 Le commerce international désigne les échanges internationaux de biens et de services.
L’accélération des échanges internationaux et l’interdépendance accrue des économies
conduit à parler de MO. Pour mesurer le niveau d’insertion d’un pays dans le CI, on calcule son
taux d’ouverture. Le taux d’ouverture mesure la part de la production d’une économie qui fait
l’objet d’échanges internationaux. Il se mesure en faisant :[(M+X)/2]/PIB *100.
Calculer le taux d’ouverture de la France p. 66
1
 La MO n’est pas un phénomène nouveau. On distingue 3 phases dans le processus de MO.
Le phénomène de la mondialisation n’est pas linéaire. Les périodes de recul se traduisent par une
baisse du taux d’ouverture mondial (rapport des exportations de marchandises sur le PIB) entre 1913
et 1950. Ainsi, le taux de 1913 n’est retrouve qu’en 1973. La réduction des taux d’ouverture concerne
l’ensemble des économies nationales, qu’il s’agisse des pays européens, du Japon ou des Etats- Unis.
MO = Processus en cours qui comprend plusieurs aspects. On distingue la MO des échanges qui se
mesure part la participation croissante des pays aux échanges internationaux de biens et de services,
et la MO de la production ou encore transnationalisation de la production qui fait intervenir les FMN
qui organisent leur production à l’échelle mondiale, c’est ce qu’on appelle la DIT. On peut ajouter
également la globalisation financière mais nous n’aborderons pas cette question dans ce chapitre.
Problématique : Quels sont les déterminants et les effets de la mondialisation des échanges et de
la production ?
Les deux 1è parties du cours portent sur la MO des échanges et la 3è partie porte sur la MO de la
production avec le rôle des FMN.
I. Les principales évolutions des échanges internationaux
A. Une ouverture internationale croissance
1. L’accroissement des échanges internationaux
Doc 1. p. 66 : Des économies de plus en plus ouvertes
1. Selon l’OMC, entre 2000 et 2009, le PIB mondial a augmenté d’environ 2 % par an en moyenne alors
que dans le même temps, les exportations augmentaient de 3 % par an en moyenne.
2. On constate que toutes les grandes périodes sont caractérisées par une augmentation du PIB
mondial et des exportations mondiales. La comparaison des taux annuels de croissance des
exportations et du PIB font apparaître que les périodes de croissance économique s'accompagnent
d'une croissance accrue du commerce. Précision, il est difficile d'apprécier si c'est plutôt la croissance
mondiale qui tire les échanges commerciaux ou l'inverse. Cependant, la hausse des exportations est
toujours plus importante que celle du PIB, quelle que soit la période, ce qui signifie que les économies
sont de plus en plus ouvertes les unes sur les autres depuis 1950.
3. L’année 2008 a été marquée par une crise économique importante qui a entraîné une baisse de
l’activité économique dans le monde à partir de l’année 2009. En effet, le PIB mondial a baissé de plus
de 2 % sur l’année 2009. On note, dans le même temps, une baisse spectaculaire des exportations, qui
ont diminué de 12 % environ au cours de l’année 2009.
Bilan : On observe une corrélation positive entre CI et croissance économique mais tout au long de la
période (1950-2009), le CI augmente plus que le PIB. Le CI a augmenté 3 fois plus vite que le PIB
mondial depuis 1950. Après s’être effondré pendant les 2GM, le CI connaît un essor remarquable à
partir des années 1950 avec un taux d’ouverture des économies en constante hausse (doc intro) et un
taux de croissance des exportations toujours supérieur au taux de croissance du PIB. On observe une
accélération des échanges à partir des années 1980 : nouvelle phase dans le processus de
mondialisation.
La crise de 2007-2008 a eu des répercussions négatives importantes sur les échanges internationaux.
2. Quel type d’échanges ?
Doc. 2 p. 66 Les caractéristiques de ces échanges
1. 18 902 / 2 318 = 8,15. Entre 1980 et 2010, les exportations mondiales de marchandises et de
services ont été multipliées par 8,15.
2. (367 / 2 318) x 100 = 15,8 %
(3 384 / 15 951) x 100 = 21,2 %
2
Entre 1980 et 2009, la part des exportations de services dans le total des exportations a augmenté de
5,4 points. Aujourd’hui, environ une exportation sur cinq concerne un service commercial.
3. En 2009, les produits agricoles représentent 7,3 % environ des produits exportés ; l’énergie et les
minerais représentent 14,2 % des produits exportés. Les produits manufacturés, eux, représentent
52,4 % des exportations, soit plus d’une exportation sur deux.
4. Cette baisse des exportations s’explique par la crise économique mondiale de 2008 qui a ralenti
l’activité économique et la croissance dans le monde. Les exportations ont été directement affectées
par la récession économique de certains pays.
Bilan : les échanges internationaux sont aujourd’hui principalement des échanges de produits
manufacturés : plus de la moitié des exportations en 2010 mais la part des services dans les échanges
internationaux ne cesse d’augmenter. Les échanges de services se sont développés plus tardivement
que les échanges de biens sous l’effet des progrès des techniques d’information et de communication
; ils représentent aujourd’hui environ 1/5 exportation et progressent à peu près au même rythme que
l’ensemble du commerce mondial. Du fait de leur importance, et bien que certains services restent
difficilement exportables, les échanges de services font désormais l’objet de négociations
internationales.
Complément : Du point de vue de l'économie française, un exemple d'exportation de service : les
dépenses des touristes étrangers en France. Exemple d'importation de service : la souscription d'un
contrat d'assurance par une entreprise française auprès d'une compagnie anglaise.
La part des services dans le commerce mondial reste inférieure à leur part dans la production
mondiale pour deux raisons principales :
 certains services sont par nature difficilement exportables (restauration, coiffure, services
non marchands comme l’enseignement, services aux personnes comme la santé). “ Secteur
abrité ”, c’est à dire abrité de la concurrence internationale. Ce secteur abrité peut être
considéré comme un gisement d’emplois pour lesquels le coût salarial a peu d’importance
puisqu’il n’y a pas de concurrence internationale possible.
 marchés nationaux de services sont restés jusqu'à récemment traditionnellement plus
protégés que les marchés de biens. Cependant, la libéralisation des échanges de services est
désormais à l'œuvre (cf les négociations du Cycle de Doha). Parallèlement, les progrès des
télécommunications (internet) facilitent l'achat et la vente de services à l'étranger. L'essor du
tourisme international participe également au phénomène.
2. Quelle géographie des échanges ?
Document 2 : Doc 2 p. 80 Belin : Une insertion internationale inégale
1. Forte progression de l’Asie : *3 entre 1948 et 2010.
Baisse de l’Amérique du Nord : -6,5 points de %
2. Progression entre 1948 et 1973 : + 14 points de % puis régressions : -7,4.
3. L’Afrique et l’Amérique Latine restent en marge des échanges.
Bilan : L’insertion dans le CI est inégale : depuis la fin de la 2GM, les échanges entre pays industrialisés
sont au cœur de la dynamique du CI : les pays développés représentent près de 65% des échanges
internationaux, contre près de 35% pour les PED. Néanmoins, l’Asie s’affirme comme une région qui
concentre plus de 30% des échanges de marchandises en 2010 contre moins de 14% en 1948.
Aujourd’hui la Chine est le premier pays exportateur mondial de marchandises (depuis 2009) et les
pays industrialisés restent leaders pour les exportations de services. => On peut parler d’une
tripolarisation des échanges entre l’Europe, L’Amérique du Nord et l’Asie : ces trois pays concentrent
en 2010 85% des échanges internationaux.
Document 3 : Doc 2 p. 81 Belin : Les échanges intra et inter-régionaux : question 3 modifiée
3
1. + 38,5%
2. Oui mais dans des proportions différentes selon les régions. Il s’est très fortement accru dans l’UE :
+ 20 points de %, en Asie : +16 points, +11points au MO, + 10 points en Amérique du Nord et seulement
+
4
points
en
Amérique
du
sud
et
centrale,
7points
en
Afrique.
3. Dans quelles régions le commerce intra-régional est-il majoritaire ?
Le commerce intra-régional est majoritaire dans l’UE et en Asie. Cela peut s’expliquer par la création
de zones de libre échange : UE = exemple le plus abouti d’intégration régionale. + l’APEC (Asia-Pacific
Economic Cooperation) depuis 1989 entre une vingtaine de pays d’Asie, d’Océanie et d’Amérique.
Surtout en Asie, c’est le développement économique accéléré de la région qui explique le
développement de ce commerce.
Bilan : Se développe depuis les années 1960 les échanges intra-régionaux. Comment l’expliquer ?
Notamment par la mise en place de zones de libre-échange.
Souvent ces échanges au sein de régions de même niveau de développement sont des échanges
commerciaux de produits similaires. On parle alors de commerce intra-branche : souvent le commerce
intra-régional est aussi un commerce intra-branche.
Eventuellement : Doc 4 p. 67 : Les échanges intra-branches
1. Un échange croisé est un échange commercial de produits similaires entre deux nations (exemples
de l’automobile ou de l’électronique grand public). La France importe des voitures allemandes et
l’Allemagne des voitures françaises.
2. Les pays qui participent aux échanges sont des pays qui ont des structures de demande identiques.
Ces pays sont principalement des pays développés. Ces pays sont peu spécialisés, ils misent avant tout
sur leur forte productivité et la compétitivité de leurs entreprises pour gagner des parts de marché.
3. En 2006, plus de 60 % des échanges réalisés par l’Amérique du Nord étaient des échanges intrabranches.
4. Le graphique confirme que les zones qui réalisent le plus d’échanges croisés sont les zones les plus
développées et les plus dynamiques de la planète. En effet, on constate par exemple en 2006 que
l’Amérique du Nord et l’Europe de l’Ouest ont un indice de Grubel-Lloyd supérieur à 0,5 alors que les
pays d’Afrique ont un indice proche de 0.
B. Les causes de l’ouverture
1. La réduction des coûts de transport
Doc 1. P 68 : La réduction des coûts de transport : Partie A
1. Entre 1910 et 1990, le coût du transport maritime a été divisé par deux.
=>L’accélération des échanges s’explique par la diminution des coûts de transport et de
communication permise par les innovations : bateaux à vapeur à partir de 1850, plus récemment, les
porte-conteneurs géants permettent d’amortir le coût du transport, qui devient presque négligeable
pour chaque marchandise transportée.
La plus grande partie du monde en développement est laissée à l’écart de ce processus car ces pays
n’ont pas les moyens d’investir dans des infrastructures de transport qui leur permettraient de
s’insérer dans les grandes routes commerciales.
Le développement des NTIC a également favorisé les échanges internationaux. Ces moyens modernes
permettent de transmettre massivement et très rapidement des données immatérielles (capitaux,
produits financiers, images télévisées…) dans le monde. Le développement très rapide de
l’informatique et d’Internet permet aussi une circulation immédiate des données. On assiste
actuellement à l’essor du commerce sur Internet spectaculaire.
Grâce à ces divers moyens de communication, les distances entre les hommes ne sont plus un obstacle,
les durées de transmission se réduisent, le monde semble donc de plus en plus petit.
4
2. Les accords internationaux favorisant le libre échange
http://www.youtube.com/watch?v=59ZcaQXKxWQ
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, l’ONU souhaite « libérer » le commerce international car la
crise économique de l’entre-deux guerre avait conduit les pays concernés à mettre en place de
nombreuses protections douanières et/ou réglementaires pour diminuer la concurrence avec les
produits étrangers. Ces protections étaient de nature à freiner le commerce et la croissance. C’est dans
ce contexte que le GATT est créé. Le GATT a donc été créé en 1947 lors d’un sommet à Genève entre
23 pays. Il est entré en vigueur au début de 1948. Les objectifs : l’abolition des contingents, c’est-àdire l’abolition des quantités maximales qui peuvent être importées ou exportées au cours d’une
période donnée et la diminution des droits de douane entre les parties signataires. Ainsi, en 1947, à
l’instauration du GATT, ce niveau moyen était de 40 %. En 1994, après le cycle de l’Uruguay, le niveau
moyen est d’à peine 5 %. Dans le même temps, le PIB réel a été multiplié par 5 et les échanges par 17.
Il semble donc qu’il existe un lien entre les accords de libre échange, la progression des échanges
internationaux et la croissance mondiale.
En 1995 est créée l’OMC, à partir des accords du GATT de 1947. L’OMC rassemble aujourd’hui 153
membres et a pour objectif le développement des échanges internationaux. Un des principes
fondamentaux est la « clause de la nation la plus favorisée » qui veut qu’un pays membre qui offre un
avantage à un autre membre en matière d’échange, doit automatiquement l’offrir à tous les autres
membres. Cette clause permet d’élargir les bases du libre échanges et de développer le
multilatéralisme cad d’éliminer les échanges préférentiels et discriminatoires. Elle met donc tout en
place pour faciliter les échanges, elle veille à ce que les barrières, tarifaires ou non, ne viennent pas
limiter les échanges et elle joue un rôle de régulation des échanges mondiaux. L’OMC est une sorte de
« gendarme » qui peut condamner les Etats ne respectant pas les règles du commerce international.
(ORD)
Eventuellement : Document 4 : Doc 4 p. 85 Belin : régionalisation ou internationalisation des
échanges ?
1. *300.
2. La régionalisation favorise les échanges au sein de la zone concernée : hausse des échanges intrarégionaux. Réorientation des échanges sur une base prioritairement régionale plutôt que mondiale.
Transtion : nous avons vu les principales caractéristiques de l’évolution du CI. On va maintenant se
demander ce qui détermine les échanges internationaux et la spécialisation des différents pays.
II. Avantages et limites du libre échange
A. Pourquoi recourir au libre-échange ? Les déterminants de la spécialisation
1. Les théories classiques du CI : Avantages absolus et comparatifs.
L'échange international permet la Division internationale du travail (DIT). Plutôt que de produire
l'ensemble de ce dont il a besoin, un pays peut se procurer certains biens ou services grâce à l'échange
international, en vendant une partie de sa production à l'étranger. Cela suppose qu'il produise dans
certains secteurs plus qu'il n'a besoin et qu'en contrepartie il produise moins ou pas du tout dans
d'autres secteurs. Les pays qui participent au commerce international peuvent ainsi chacun se
spécialiser dans une ou plusieurs productions, c'est ce que l'on appelle la Division internationale du
travail. Cf définition manuel : spécialisation. L’échange international permet la division internationale
du travail (DIT) qui accroît la productivité des facteurs de production et donc la richesse globale. C'est
l'argument initialement avancé par A. Smith et surtout D. Ricardo, pour qui un commerce international
libre de toute entrave est un facteur de croissance économique.
5
a) Les avantages absolus fondent la spécialisation selon Smith
Le choix de spécialisation peut être fondé sur le principe de l’avantage absolu. Les agents économiques
se spécialisent dans les activités où ils sont les meilleurs. Pour Smith, les pays vont choisir leur
spécialisation en fonction de leur avantage absolu. On utilise cette notion pour comparer les
productivités de deux pays ou individus. Avantage absolu = avantage en terme de productivité dans la
production d’un B ou S, capacité d’un individu ou d’un pays à être plus productif que les autres
individus ou pays dans la production d’un bien ou d’un service. Lorsque l’on a un avantage absolu = on
produit le même bien ou service plus efficacement que les autres. Chaque pays achètera à l’extérieur
des produits à un prix inférieur à celui qu’il aurait pu obtenir sur son territoire.
Rappel : Adam SMITH (1723-1790) : Philosophe et universitaire écossais considéré comme l’un des
fondateurs de la pensée économique, de l’école classique et du courant libéral. Il est connu pour trois
concepts majeurs, la division du travail, la main invisible et l’avantage absolu. Ouvrage principal :
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776).
Cette théorie bien que très intéressante pose un problème : que se passe-t-il pour les pays qui n’ont
pas d’avantage absolu ? Davis Ricardo répond à cette limite :
b) Les avantages comparatifs fondent la spécialisation selon Ricardo
David RICARDO (1772-1823) : En 1817, sort la première édition des Principes de l’économie politique
et de l’impôt. Dans cet ouvrage, Ricardo aborde notamment la question de l’intérêt de l’échange
international et des risques du protectionnisme. Au cœur de son raisonnement figurent les
avantages comparatifs.
Partons d’un exemple simple pour comprendre la notion d’avantage comparatif :
Document 5 : David Beckham doit-il lui-même tondre sa pelouse ?
« David Beckham passe beaucoup de temps sur la pelouse. Faisant partie des joueurs les plus
talentueux au monde,[...] Très probablement est-il aussi doué dans d'autres activités. Par exemple,
imaginez que Beckham puisse tondre son gazon plus vite que n'importe qui au monde. S'il le peut
effectivement, cela signifie-t-il qu'il devrait le faire ? Afin de répondre à cette question, nous pouvons
utiliser les concepts de coût d'opportunité et d'avantage comparatif. Disons que David Beckham peut
tondre sa pelouse en deux heures. Durant ces deux heures, il pourrait tourner une publicité pour
Adidas et gagner, disons, 10 000 euros. Alternativement, Alejandro, son voisin, peut tondre la pelouse
de David en quatre heures. Durant ces quatre heures, il pourrait travailler dans le bar à tapas du coin
et gagner 20 euros. [...] »
Source : G. Mankiw et M. Taylor, Principes de l’économie, 2010.
1. Qui a un avantage absolu dans : le football ? Le tournage d'une publicité ? La tonte de la
pelouse ?
Beckham.
2. Calculez le coût d'opportunité de David Beckam pour la tonte de la pelouse et le coût
d'opportunité pour la tonte de la pelouse d'Alejandro.
Coût d’opportunité = coût du renoncement. 10 000€ pour Beckham et 20€ pour Alejandro.
3. Pourquoi Alejandro a-t-il un avantage comparatif dans la tonte de la pelouse ?
Car le coût d’opportunité d’Alejandro est bien inférieur à celui de Beckham.
4. Si David rémunère Alejandro 15€ pour la tonte de la pelouse, pourquoi Alejandro est-il
perdant ?
Car il gagnerait plus dans le bar à tapas. Tant que Beckham paye Alejandro plus de 20€ et moins de
10000€, les deux sont gagnants.
=>Se spécialiser là où il a un avantage comparatif et tout le monde est gagnant : les individus qui ont
un avantage absolu doivent se spécialiser là où ils ont un avantage comparatif le plus élevé et les
6
individus qui n’ont pas d’avantage absolu doivent se spécialiser dans le domaine où ils ont un
désavantage comparatif le plus faible. Grâce à cela, le niveau de production et de richesses augmente.
Document 6 : http://dessinemoileco.com/quest-ce-que-lavantage-comparatif/
Document 6 bis : Le drap et le vin chez Adam SMITH et chez David Ricardo
Heures de travail nécessaires
à la production d’une unité10
Pays
Drap
Vin
Angleterre
100
120
Portugal
90
80
1. Que se passe-t-il dans cette situation pour un pays comme l’Angleterre selon Adam Smith ?
Selon Adam Smith, un pays n’a intérêt à s’insérer sur le marché international que s’il dispose d’un
avantage absolu c’est à dire s’il est le meilleur quelque part. Dans ce cas de figure, l’Angleterre court à
sa perte car elle n’a aucun avantage absolu elle n’est pas vraiment productive pour les draps comme
pour le vin. Le commerce est un jeu à somme nulle (un gagnant =+1 et un perdant = -1  le somme
des « gains » est de 0)
2. Quel prolongement apporte D. Ricardo ?
Le Portugal est meilleur dans tous les domaines mais il est encore meilleur dans la production de vin
car il lui faut moins d’heures de travail que pour le drap : le Portugal est plus productif dans la
production de vin : il a un avantage comparé dans le vin. A l’inverse, l’Angleterre est moins productive
que le Portugal dans les deux domaines mais si on compare sa production de drap et de vin, elle est
meilleure dans le drap que dans le vin.
Si l’Angleterre se spécialise dans la production pour laquelle elle est la moins mauvaise relativement
(ici le drap) elle peut, en abandonnant l’autre réallouer sa main d’œuvre viticole à la production de vin
et donc produire plus que ce que peut faire le Portugal qui lui se spécialise dans le vin. Au final, avec
220h de travail, l’Angleterre produit 2,2unités de drap (220/100) et le Portugal avec 170h 2,125 unités
de vin (170/80). Pour Ricardo c’est un jeu à somme positive, il peut y avoir plusieurs gagnants et la
somme des gais peut dépasser 0 ! au niveau mondial, si chacun se spécialise, on réalise des gains à
l’échange 2unités<2,2unités et 2 unités<2,125unités (en autarcie, on avait : 2 unités de drap pour 190
heures de travail et 2 litres de vin pour 200h de travail donc avec la même quantité de travail on obtient
plus de draps et de vin avec la spécialisation). => Production supérieure grâce à la spécialisation.
Précision : avant ouverture : en échange d’1m de drap, on peut avoir 1,125 litre de vin au Portugal
(90/80). En échange d’1m de drap, on peut avoir 0,83 litre de vin en Angleterre. Si vous êtes Anglais,
vous avez intérêt à échanger votre drap contre du vin portugais plutôt que contre du vin anglais : avec
1m de drap anglais, vous aurez plus de vin au Portugal qu’en Angleterre. => Intérêt de l’échange.
Un exemple plus récent : L’UE a intérêt à abandonner la production de chemises bas de gamme car
elle possède un avantage comparatif dans la production d’automobiles. En effet, même si l’UE était
plus efficace dans la production de chemises et de voitures que la Chine (avantage absolu) elle est
relativement plus efficace (encore meilleure) que la Chine dans la production de voitures. Pour
fabriquer des chemises, il faut mobiliser de la main d’œuvre, des ateliers …
Notion d’avantage comparatif. Désigne une supériorité relative en termes de productivité dans la
production d’un bien par rapport à d’autres pays. Un pays dispose d’un avantage comparatif dans la
production d’un bien lorsqu’il dispose de l’avantage en termes productivité le plus fort ou du
désavantage de productivité le plus faible par rapport à ses partenaires. Un pays dispose d’un
avantage comparatif dans la production du bien pour lequel il est le meilleur ou le moins mauvais
comparativement aux autres pays. Chaque pays a donc intérêt à se spécialiser dans la production où
7
il a le plus grand avantage en terme de productivité où là où il a le plus faible désavantage en terme
de productivité et à importer ce qu’il aurait renoncé à produire. C’est la productivité qui explique
l’avantage comparatif.
Avec la théorie de Ricardo, même si un pays est en situation de supériorité dans tous les domaines, il
a quand même intérêt à se spécialiser et échanger avec d’autres pays. => Insistance sur le libre échange
qui permet à tous de s’enrichir. Des pays qui commercent entre eux produisent plus et sont donc plus
riches que s'ils vivaient chacun en autarcie: les gains à l’échange. Gains à l’échange : Surplus réalisé
par l’échange marchand de ce que l’on produit. ON note que la théorie des avantages comparatifs est
un peu plus optimiste que celle des avantages absolus : tous les participants sont gagnants (jeu à
somme positive)
La théorie de Ricardo est une des explications classiques de la DIT : Division internationale du
travail (répartition des différentes spécialisations entre les différents pays). La DIT rend compte de la
répartition des différentes spécialisations entre économies nationales.
2. Un prolongement de la théorie ricardienne: la théorie HOS
Au début du XXème siècle, reformulation néoclassique de la théorie des avantages comparatifs
introduite par Ricardo. 3 économistes sont à l’origine de la théorie HOS : E. Heckscher, B. Ohlin et P.
Samuelson : autre explication aux avantages comparatifs : ils ne s’expliquent plus par des différences
de productivité mais par des différences de dotation factorielle.
La dotation factorielle correspond à la dotation en facteurs de production (travail, capital, terre) :
elle représente la quantité des facteurs de production dont dispose le pays sur son territoire pour
produire. En fonction des caractéristiques climatiques, géographiques, socioculturelles,
économiques… un pays pourra disposer de plus ou moins de capital ou de terre. Il disposera d’une
main d’œuvre plus ou moins nombreuse (démographie), qualifiée (dépend de système éducatif) ou
productive.
La dotation factorielle fonde la spécialisation selon le modèle HOS.
Selon le modèle HOS, les pays ont intérêt à se spécialiser dans les productions mobilisant les facteurs
de production qu'ils possèdent en abondance (productions peu chères) et à importer les produits
incorporant les facteurs de production qui leur manquent (plus rares donc plus chers). Les revenus
des FdP dépendent de leur abondance relative dans le pays, un FdP rare, coutera cher et un FdP
courant, sera bon marché. Ainsi, un produit qui nécessite l’utilisation d’un FdP rare sera vendu plus
cher et donc peu compétitif au niveau international. Tout pays, a donc intérêt, selon ce théorème à se
spécialiser dans la production pour laquelle il dispose de plus de FdP.
Selon le théorème HOS, ce n’est pas tant la productivité des facteurs du pays qui va jouer mais bien
l’abondance respective de chaque facteur de production (=dotation). En effet, la rareté d’un facteur
dans un pays rend les biens qui en sont voraces pour leur fabrication coûteux à produire et donc
potentiellement non compétitifs.
Document 3 p. 69 : L’importance des dotations factorielles : questions 1 et 2
1. D’après le texte, le Brésil et la Grande-Bretagne ont tout intérêt à échanger. En effet, le Brésil dispose
de vastes étendues de terres qui lui donnent la possibilité d’exporter des produits agricoles. La GrandeBretagne, elle, dispose de peu de terre mais de beaucoup de capital : les deux pays ont donc intérêt à
échanger pour tirer pleinement parti de leur complémentarité.
Autre exemple : le capital est relativement abondant aux États-Unis, le travail relativement abondant
au Mexique, il est donc logique que le premier pays se spécialise dans la fabrication des biens qui
utilisent intensivement le capital, le Mexique se spécialisant dans la fabrication des biens qui utilisent
intensivement le travail ; les deux pays s'échangent ensuite les biens fabriqués.
8
2. Les pays se spécialisent ici en fonction de leur dotation factorielle. Le modèle HOS montre qu’un
pays a intérêt à se spécialiser dans la fabrication du bien qui utilise intensivement le facteur
(relativement) abondant du pays.
 Il existe toujours dans ce modèle HOS des avantages comparatifs, mais leur origine diffère de
celle retenue chez Ricardo : les différences des productivités relatives du travail sont
remplacées par les différences des dotations factorielles relatives.
Doc 3 p. 69 : L’importance des dotations factorielles : question 4
4. À travers l’exemple des pays asiatiques, on constate que les dotations factorielles peuvent évoluer,
modifiant la division internationale du travail. En effet, la stratégie de « remontée de filière » a permis
aux pays asiatiques de faire évoluer leur spécialisation. Tout d’abord, ils ont produit des biens utilisant
du travail très peu qualifié, puis ils ont utilisé les bénéfices liés à la vente de ces produits pour « monter
en gamme », tout en utilisant une main-d’oeuvre plus qualifiée.
La dynamique de "remontée des filières" appliquée par les pays asiatiques semble suivre le modèle HOS
: ces pays commencent par exporter des chaussettes et des t-shirts, qui exigent surtout du travail peu
qualifié dont ils disposent en abondance, puis passent progressivement aux textiles synthétiques qui
nécessitent du capital et une main-d’œuvre plus qualifiée, obtenus dans la première phase de leur
développement. Avant de se lancer, comme la Chine, dans l'exportation de vêtements remplis de
nanotechnologies, capables de changer de texture selon le temps qu'il fait, ce qui réclame une maind’œuvre qualifiée et du capital. (Arnaud Parienty, « Les mécanismes du commerce international »,
Alternatives économiques, n° 298, janvier 2011.)
Cette stratégie a permis à un pays comme la Corée du Sud de connaître un très fort développement
ces vingt dernières années, couplé à une tertiarisation de l’économie : elle a vu son PIB/ habitant
augmenter de 6,2 % par en moyenne entre 1975 et 2000 ; parallèlement la part du tertiaire a été
multipliée par 2, passant de 30,1 % à 63,7 %. Les pays concernés sont notamment Taïwan, Singapour,
la Corée du Sud, Hong Kong à partir des années 1960, la Malaisie, la Thaïlande, l’Indonésie et la Chine
à partir des années 1980.
 Les dotations factorielles peuvent se transformer au cours du temps : Les avantages
comparatifs eux-mêmes peuvent donc évoluer au cours du temps, notamment lorsqu’un
pays innove ou investit dans son système éducatif pour disposer de compétences techniques
ou de savoir-faire qui ne sont pas encore accessibles au reste du monde. Les différences entre
pays, qui expliquent leurs spécialisations, peuvent être le fruit des hasards de l’histoire ou de
la géographie mais dans la plupart des cas, un avantage de productivité est le fruit d'une
histoire : l'industrie anglaise des débuts de l'ère industrielle surpassait ses concurrentes parce
que ses entrepreneurs avaient beaucoup investi, beaucoup innové, que les ouvriers anglais
étaient bien formés. Mais les autres pays, notamment l'Allemagne ou les Etats-Unis à la fin du
19ème siècle, ont pu combler ce retard, notamment par des politiques publiques appropriées
qui ont amélioré la productivité industrielle.
 Cela a deux conséquences : d'abord que les spécialisations commerciales ne sont pas
nécessairement stables, l'avantage comparatif d'un pays pouvant évoluer et se transformer.
Mais surtout, cela implique qu'un pays peut essayer de «choisir» son avantage comparatif.
Par exemple, en développant la recherche, en investissant dans la formation initiale et
continue, en favorisant fiscalement l'investissement, un Etat peut acquérir un avantage
comparatif dans les secteurs industriels de pointe.
Illustration supplémentaire : La pauvreté du Japon en ressources naturelles n’empêche pas ce pays
d’être l’un des principaux acteurs du commerce international, en partie grâce à ces dotations acquises.
Le Japon offre sans doute la meilleure illustration du principe selon lequel, en épargnant, en
accumulant du capital et en construisant de grandes usines, un pays peu conquérir un avantage
comparatif pour des biens tels que l’acier, dont la production exige des capitaux importants. De même,
en consacrant des ressources à son système éducatif, un pays peut se construire un avantage
comparatif dans la production des biens qui demandent une main-d’oeuvre bien formée. On voit donc
9
qu’il est possible pour un pays de tirer un avantage comparatif des ressources physiques et humaines
dont il parvient à se doter.
Eventuellement : Document 7 : Les avantages comparatifs expliquent-ils le commerce
international ?
1. Sur 100 euros d’importations françaises venant de Chine en 2009, environ 15 en moyenne
concernent de l’habillement. Sur 100 euros d’exportations françaises vers la Chine, environ 23 en
moyenne concernent l’aéronautique.
2. Parmi les importations françaises en provenance de Chine, il y a de l’habillement, des ordinateurs,
des téléphones : ces productions (qui consistent essentiellement en du montage pour les deux
dernières) nécessitent surtout du travail non qualifié. Parmi les exportations françaises vers la Chine,
il y a de l’aéronautique, des machines, des produits chimiques, autant de productions qui nécessitent
du travail qualifié et du capital.
3. Ce document semble donc confirmer la théorie HOS, et plus précisément le paradoxe mis en avant
par Léontiev, qui distingue, au sein de la dotation factorielle, le travail qualifié du travail non qualifié.
Le paradoxe de Leontieff :En 1953, Leontieff tente de vérifier le modèle HOS en analysant la situation
des États-Unis. Or il constate que les exportations américaines contiennent un rapport capital-travail
plus bas que celui des importations, alors qu'on s'attend à l'inverse. Il explique ce paradoxe par le fait
que chaque pays dispose d'une productivité du travail différente, donc d'une technologie différente :
les États-Unis importent des biens intensifs en travail peu qualifié et exportent des biens intensifs en
travail fortement qualifié.
Document 8 : Bilan
 Spécialisation : répartition entre pays (mais aussi entre travailleurs, dans un couple !, entre
entreprises), des activités de production selon l’ (les) avantage(s) comparatif(s) de chaque pays, le
pays qui a le plus grand avantage comparatif (i.e. le pays relativement le plus productif). Chaque pays
a intérêt à se spécialiser dans la production des biens & services compatibles avec son (ses) avantage(s)
comparatif(s) et les autres pays à abandonner ces-mêmes productions pour se spécialiser dans celles
où ils ont un desavantage comparatif le moins grand ou un avantage comparatif le plus grand. C’est
l’avantage comparatif qui créé la spécialisation. Il en résulte ainsi une accentuation du commerce
international entre pays spécialisés et une division internationale du travail (DIT) et de la production
(DIPP = division internationale des processus productifs).
10
Selon D. Ricardo, l’avantage comparatif s’explique par des différences de productivité. Selon la théorie
HOS, c’est les différences en termes de dotation factorielle qui sont à l’origine de l’avantage
comparatif : « Un pays va exporter les biens qui nécessitent intensément, pour être produits, les
facteurs abondants du pays, et va importer les biens qui nécessitent intensément, pour être produits,
les facteurs rares du pays. Par exemple, si l’on ne considère que deux facteurs, le travail et le capital,
un pays fortement doté en capital exportera les biens qui nécessitent intensément du capital pour être
produits et importera les biens qui nécessitent intensément du travail pour être produits ».
 Production viticole
 Capital humain élevé


Innovation
Capital technologique relativement abondant

 Production

 Production
informatique
Chine
informatique


Japon
habillement

 Main-d’œuvre qualifiée relativement abondante
Allemagne

automobile haut de gamme
Pologne
électro-ménager
France
automobile



Capital relativement abondant

 Innovation

Main-d’œuvre relativement abondante 
 Production
 Terroir + climat + cépage + savoir-faire viticole


Design
 Production
+
Marques
habillement
La théorie de l’avantage comparatif explique les échanges de produits différents entre pays
différents. Mais dans les faits, l’essentiel du commerce international se réalise entre pays semblables
qui s’échangent des produits substituables. Comment, par exemple, expliquer que l’Allemagne et la
France s’échangent mutuellement des voitures ? Cette partie du commerce international semble
11
échapper aux déterminants décrits par la théorie de l’avantage comparatif, et a suscité l’apparition de
théories alternatives.
3. Les nouvelles théories du CI
Document 9: Les nouvelles théories du CI expliquent le commerce intra branche (à faire à la maison
pour mercredi 29.01)
L'avantage comparatif interdit également de rendre compte des échanges de biens très proches :
pourquoi exporter des 207 et des Clio vers l'Allemagne ou l'Italie, si c'est pour importer des Fiat Punto
ou des Volkswagen Polo en échange ? La nouvelle théorie du commerce international, initiée dans les
années 1980 par l'Américain Paul Krugman, explique ces échanges par le goût des consommateurs
pour la variété (tout le monde ne veut pas la même voiture) et par (à nouveau) les rendements
croissants : si développer un nouveau modèle coûte 2 milliards d'euros, par exemple, ce coût fixe
représente 1 000 euros par voiture si on vend 2 millions de voitures, mais 4 000 euros si on n'en vend
que 500 000. Plus le marché est grand et plus la variété de produits disponibles à un prix accessible est
grande, ce qui incite à l'échange international sans que l'avantage en termes de dotation factorielle y
soit pour quelque chose.
Arnaud Parienty, « Les mécanismes du commerce international », Alternatives Economiques n° 298,
2011.
1. Comment les nouvelles théories du CI expliquent-elles le commerce intra-branche ?
Par le goût pour la variété des consommateurs et par les rendements croissants ou économies
d’échelle. Rappel : Une économie d'échelle correspond à la baisse du coût unitaire d'un produit
lorsque la quantité produite augmente. Elle s'explique par le fait que les coûts fixes de départ sont
progressivement amortis à mesure que la production augmente.
Krugman montre que les produits ne sont pas rigoureusement identiques (une Renault n’est pas une
Opel). Ils présentent un potentiel de différentiation résultant de leur image de marque, de leurs
qualités spécifiques. En effet, le goût du consommateur pour la variété offre une part de marché à
tout exportateur qui propose une spécification différenciée d’un même produit générique. Ceci résulte
de la volonté du consommateur de se différencier en acquérant des produits ayant une image de
marque valorisante. Les fondements du commerce international ne reposent plus sur la compétitivité
prix mais sur la compétitivité hors-prix.
Par ailleurs, le commerce international permet l’accès à un large marché pour rentabiliser les
stratégies de différenciation (économies d’échelle). En effet, une firme n’a intérêt à investir pour
différencier ses produits que si elle est assurée d’en vendre un nombre suffisant pour rentabiliser son
investissement.
Ces nouvelles théories du commerce international permettent d’expliquer les échanges intrabranches.
2. Pourquoi les pays de grande taille (dont le marché intérieur est important) vont exporter plus
facilement certaines productions ?
Les productions à rendements croissants vont être accaparées par les grands pays pour une raison
simple. En situation d'autarcie, ces pays ont un coût de production plus faible puisqu’ils ont un marché
plus grand (économies d’échelle). Si on a deux pays identiques en tout sauf la taille, celui qui aura un
grand marché de production aura des économies d’échelles plus grandes, donc un coût moindre que
le pays le plus petit. Avec l'ouverture, le grand pays devient exportateur (vers les pays de petite taille).
On peut prendre l’exemple des Etats-Unis et de la production de séries télévisés. Les séries
américaines à gros budgets sont plus facilement amorties car le potentiel de spectateurs aux EtatsUnis est important : le coût de production unitaire diminue au fur et à mesure que la série va être
diffusée pour un grand nombre de spectateurs. Ainsi, ces séries seront difficilement concurrencées au
niveau international.
 La préférence pour la variété des consommateurs et les stratégies de différenciations qui en
résultent ainsi que les rendements croissants remettent donc en cause la théorie des
avantages comparatifs. Ce ne sont pas les différences de productivité ou de dotations
12
factorielles qui expliquent ici la spécialisation, mais les économies d’échelle possibles dans
certains pays et pas dans d’autres et les goûts des consommateurs.
La Division Internationale du Travail (DIT) traditionnelle était caractérisée par une spécialisation des
pays développés dans les produits manufacturés et une spécialisation des PED dans les produits
primaires.
Mais aujourd’hui une partie des pays en développement fabriquent des produits manufacturés et on
parle parfois de « Nouvelle division internationale du travail » : les pays développés produisent
essentiellement les services et la fabrication des biens est répartie entre les pays riches et certains pays
en développement, les premiers gardant les produits les plus complexes, à forte valeur ajoutée, les
seconds fabriquant les produits plus simples, plus polluants, à faible valeur ajoutée, demandant souvent
plus de place.
Document 10 : Une schématisation du commerce international
B. Les avantages et les limites du libre-échange (docs à faire à la maison pour mercredi 29 .01)
Document 11 : Les avantages et inconvénients du commerce international
A la suite de l’ouverture commerciale, les consommateurs bénéficient d’une offre de biens et services
plus abondante et plus variée qu’en autarcie, ce qui se traduit par des gains de pouvoir d’achat et de
variété. Les producteurs quant à eux peuvent trouver des débouchés supplémentaires, se procurer à
moindre coût les biens dont ils ont besoin pour produire ou encore bénéficier de transferts de
technologie (acquisition de brevets, achats de produits de haute technologie...).
Pour autant, les inconvénients du commerce international ne sont pas négligeables. C’est ainsi que
certaines productions locales, confrontées à la concurrence internationale, peuvent disparaitre,
entraînant des coûts de reconversion souvent importants. Le commerce international peut ainsi
ruiner certains producteurs dont les activités déclinent et mettre leur main-d’oeuvre au chômage.
Plus les disparitions d'activité sont brutales, plus les restructurations micro-économiques qui en
résultent risquent d'entraîner une forte récession macro-économique et des destructions d’emplois.
La concurrence des produits des pays à bas salaires est également souvent accusée dans les pays
riches de faire pression à la baisse sur les salaires, spécialement pour la main d’oeuvre peu qualifiée.
Source : Eduscol.
Doc 1 et 2 p. 72 : Le problème des délocalisations
Doc. 4 p. 73 : Le piège de l’ouverture
13
A l’aide des documents, complétez le tableau suivant :
Consommateurs
Producteurs
Travailleurs
Avantages
Inconvénients
Les avantages du libre-échange
 Pour les consommateurs
 Extension des marchés => éco d’échelle => Baisse du prix des biens => hausse pouvoir d’achat
 Hausse de la variété, diversification des produits : Effet de la concurrence : commence intrabranche.
 Hausse de la qualité : Effet de la concurrence et de l’incitation aux innovations.
 Pour les producteurs
 Débouchés supplémentaires
 Transferts technologiques : accès à des technologies étrangères permet un développement
plus rapide.
 Pression de la concurrence => incitation à innover (produits et procédés)
 Libre-échange => extension des marchés et spécialisation = efficacité dans l’utilisation des
ressources (habileté, effets d’apprentissage) => gains de productivité => baisse des coûts
unitaires => éco d’échelle => hausse profits => hausse investissement => hausse de la
production => croissance
 Pour les théoriciens favorables au libre-échange, tous les participants gagnent à participer à
l’échange. En effet, si deux pays se spécialisent dans deux productions différentes, les deux biens
seront moins chers grâce aux économies d’échelle. Donc chacun des pays aura accès à chacun des
biens à un prix plus faible. C’est un gain à l’échange : bénéfice tiré de l’échange entre individus ou
pays spécialisés
Les inconvénients
 Les délocalisations. Des productions locales, confrontées à la concurrence internationale
peuvent disparaître => coûts de reconversion importants. C’est un phénomène de destructioncréatrice. Les salariés peuvent se reconvertir mais ce n’est pas toujours simple (cf supra avec les
délocalisations) (ex textile en France). On peut expliquer ces constats par la disparition
progressive d’une production nationale : les entreprises travaillant dans le secteur du textile ont
tendance à délocaliser leur production dans des pays où la main-d’œuvre coûte moins cher,
comme la Chine ou l’Inde. Ainsi, en 2001 en Chine, le coût horaire de l’industrie manufacturière
est de 0,4 dollar contre 15,9 dollar en France (à nuancer car il faudrait raisonner en coût unitaire
en tenant compte de la productivité). Les industries soucieuses de diminuer leur coût ont par
conséquent tout intérêt à délocaliser leur production dans des pays comme la Chine.
Bien évidemment, si les frontières étaient fermées ou si les importations étaient soumises à de
forts droits de douane, elles ne pourraient pas le faire. C’est donc bien une des conséquences
néfastes du libre-échange qui peut être mise en évidence ici.
Perte de 500 000 emplois industriels en 10 ans. La part de l’industrie dans le PIB est passée de 24% à
14% (même si c’est à nuancer en raison du phénomène d’externalisation de fonctions comme
l’entretien, la cantine, la comptabilité, l’informatique, les services juridiques ou la communication).
14
On pourrait se dire que ces destructions seront compensées par des créations liées aux exportations.
Mais le contenu en emplois des exportations des pays développés est inférieur au contenu en emplois
de leurs importations. En effet, leurs exportations sont moins intenses en travail que leurs
importations. Lorsque les pays développés exportent 100 euros, ils créent moins d’emplois qu’ils n’en
détruisent lorsqu’ils importent 100 euros. Le solde en termes d’emploi est donc négatif. Nathan
document 2 p.81 bon exo pour démontrer cela
 Autre conséquence : pression à la baisse des salaires : cette situation fait pression à la baisse
des salaires dans les pays riches dans les secteurs particulièrement exposés à la concurrence
internationale. Ainsi, les inégalités ont augmenté dans presque tous les pays riches. Pierre Noël
Giraud oppose les compétitifs (salariés travaillant dans des secteurs où le pays dispose d’un
avantage comparatif), les exposés (salariés travaillant dans des secteurs où les entreprises
résidentes ne sont plus compétitives) et les protégés (salariés travaillant dans des secteurs
protégés de la concurrence internationale). Ceux qui tirent partie du processus de
mondialisation sont bien évidemment les compétitifs (une bonne part sont des salariés
qualifiés). Les exposés (une bonne part sont des salariés peu qualifiés) en revanche voient leur
situation se dégrader et connaissent un taux de chômage élevé et des réductions salariales car
les entreprises dans lesquelles ils travaillent subissent de plein fouet la concurrence des pays
à bas coût.
 Les pays spécialisés dans les produits primaires, à savoir la majorité des PED, subissent
donc une insertion défavorable dans la DIT. La conséquence en est une tendance à la
détérioration des termes de l'échange pour les PED. Toutes les spécialisations ne se valent
pas en termes de gains de productivité ou d’innovation. La théorie classique passe donc sous
silence le fait qu’il vaut sans doute mieux se spécialiser dans l’électronique que dans l’huile
de palme... Ex : monospécialisations
* Les termes de l'échange (indice des prix des produits exportés / indice des prix des produits importés
x 100) se sont détériorés pour bon nombre de PED.
Cf Exercice p. 73.
1. a/ Détérioration des termes de l’échange
b/ Équilibre des termes de l’échange
c/ Amélioration des termes de l’échange
2. 110 / 115 x 100 = 95,7. Il y a, dans ce cas, une dégradation des termes de l’échange, c’est-à-dire que
le pouvoir d’achat des exportations en produits importés diminue.
Explication : spécialisation sur les produits primaires qui ont vu leur prix baisser => PED doivent
exporter davantage pour obtenir le même volume d'importations => croissance appauvrissante (J.
BHAGWATI).
* R. Prebisch (économiste argentin) a mis en avant cette dégradation des termes de l'échange en
montrant également que les PED seraient dépendants du centre (PDEM) qui orienterait le production
de la périphérie pour la satisfaction des besoins des pays développés => théorie de la dépendance.
Prebisch a notamment argumenté que pour cette raison, les pays moins avancés devraient diversifier
leur économie et diminuer leur dépendance aux exportations en développant leur propre industrie
manufacturière.
15
Le graphique dément la « croissance appauvrissante ». Dans les années 2000, les pays en
développement ont vu leurs termes de l’échange s’améliorer, signe que la demande mondiale pour
leurs produits s’accroît. Ce constat optimiste doit cependant être nuancé : Voir extrait d’un document
de la CNUCED : « Depuis 2002, la remontée des cours des produits de base est due principalement à la
vigueur de la demande en Asie de l'Est et du Sud, en particulier en Chine et en Inde. [...]. Même si la
poursuite de la croissance en Asie de l'Est et en Asie du Sud et la reprise enregistrée dans d'autres
régions en développement devraient soutenir la demande de matières premières, le problème
fondamental de l'instabilité des prix de ces produits et de leur baisse persistante en valeur réelle par
rapport au prix des articles manufacturés, en particulier ceux exportés par les pays développés, n’est
toujours pas résolu. Il est donc impératif pour les PED de ne pas tomber dans l’excès d’optimisme
quant à leurs perspectives d’industrialisation et de diversification. Le redressement récent des marchés
de matières premières risque de détourner l’investissement – intérieur et extérieur – réalisé dans le
secteur manufacturier naissant des pays exportateurs de produits de base vers les industries
extractives. »
A retenir : certaines spécialisations sont beaucoup plus favorables au développement d’un pays. Ce
sont les productions qui disposent d’une demande mondiale dynamique. Donc le libre-échange peut
être plus favorable à certains pays qu’à d’autres.

Ainsi, contrairement à ce qu'affirme l'analyse ricardienne de l'échange, tous les pays ne
gagnent pas forcément à l'échange, cela dépend du type de spécialisation.
Le débat autour de la mondialisation s’organise autour de trois pôles :
 Ceux qui y sont favorables sans conditions : les libéraux. Pour eux, la mondialisation accroitrait
l’efficacité économique (grâce notamment à l’accroissement de la concurrence et la réduction
de la place des Etats, la liberté de circulation des capitaux), la richesse mondiale, réduirait la
pauvreté. A terme, tout le monde sera gagnant. Les marchés sont les meilleures instances de
régulation.
 Ceux qui pensent qu’elle est en soi bénéfique, mais à condition qu’elle soit beaucoup mieux
gouvernée : les réformistes. La libéralisation est porteuse de progrès économiques, mais elle
doit être maîtrisée par les gouvernements et des institutions de gouvernance mondiale dont
il faut renforcer les pouvoirs.
 Ceux qui pensent qu’elle amplifie et généralise dramatiquement les méfaits intrinsèques du
capitalisme : les altermondialistes. Donne trop de pouvoir aux firmes multinationales
soumises aux appétits de leurs actionnaires et dirigeants, affaiblit le pouvoir des Etats. Ces
FMN surexploitent les peuples et détruisent la planète. La concurrence généralisée tirerait les
droits sociaux vers le bas et réduirait les ressources des Etats (dumpings social et fiscal). La
mondialisation accroit les inégalités mondiales. La globalisation financière ferait se succéder
les crises financières.
16
Précision : Importance de cette idée : l’internationalisation des échanges n’est pas un phénomène
naturel sur lequel les hommes n’ont pas de prise, c’est un phénomène qui comme souvent résulte
de décisions politiques. : accords de LE que de nouvelles politiques peuvent remettre en cause : les
pol protectionnistes.
Doc 1 p. 70 : Libre échange, croissance et développement : à utiliser comme exo sur
corrélation/causalité.
C. Le protectionnisme, la solution aux limites du libre-échange ? (docs à faire à la maison pour
vendredi 31.01)
1. Les fondements du protectionnisme et ses outils
 Libre-échange : doctrine s’appuyant sur la théorie des avantages comparatifs prônant la disparition
de tout obstacle douanier (quotas), fiscal (droits de douane), monétaire (monnaie sous-évaluée) ou
règlementaire (normes environnementales, qualité) dans les échanges internationaux afin de les
faciliter dans une « concurrence libre et non faussée » au bénéfice de tous les participants (gain à
l’échange).
Protectionnisme : doctrine, ou ensemble de pratiques, qui recommande d’instaurer des obstacles aux
échanges afin de favoriser les producteurs domestiques en leur réservant le marché intérieur et/ou en
stimulant artificiellement les exportations.
Attention ces deux positions sont dans un continuum :
Par conséquent, ne jamais oublier dans un sujet que :
Gains du protectionnisme = Ce qu’on perd avec du libre-échange
Gains du libre-échange = Ce qu’on perd avec du protectionnisme
Document 12 : Les fondements des politiques protectionnistes (Eduscol)
Le protectionnisme vise à interdire ou limiter les importations de biens et services afin de protéger
les entreprises et activités nationales de la concurrence extérieure. La mise en place de telles
politiques peut se faire suivant diverses modalités et n’est pas sans risques.
Un pays peut pratiquer le protectionnisme parce qu’il refuse l’abandon de certaines activités pour
des raisons variées, stratégiques ou culturelles par exemple (nucléaire, cinéma…).
Certaines spécialisations ne pouvant pas servir de moteur pour la croissance économique, les pays
peuvent choisir de pratiquer un protectionnisme dit éducateur en faveur de certains secteurs
d’activité, de manière à leur donner le temps de se développer et de se moderniser avant d’affronter
la concurrence internationale. Le protectionnisme éducateur ne consiste pas à mettre des barrières
douanières sur l'ensemble des importations mais à laisser entrer librement certains produits, tout en
protégeant fortement une ou plusieurs activités. Il s’agit d’un protectionnisme qui se veut temporaire.
17
Plus généralement, c’est la crainte des licenciements et du chômage qui est à l’origine de mesures
protectionnistes, celles-ci ayant pour objectif de protéger l’emploi dans certains secteurs exposés à
la concurrence internationale.
Le protectionnisme peut aussi avoir pour but de limiter l’impact de l’ouverture commerciale sur
l’évolution des rémunérations de facteurs de production : les pays riches réclament ainsi du
protectionnisme pour lutter contre ce qu’ils considèrent comme du dumping social de la part des pays
en développement. Il est toutefois difficile de définir le dumping social : en principe les pays peuvent,
et doivent interdire le commerce des productions qui ont été réalisées sans respecter les droits
minimums des travailleurs définis par l’Organisation Internationale du Travail (ces droits sont la liberté
d'association, l’interdiction du travail forcé, l’interdiction du travail des enfants et l’absence de
discrimination sur le lieu de travail, y compris la discrimination fondée sur le sexe). Dans la pratique il
est difficile d’identifier les productions qui n’ont pas respecté ces règles et les pays aux coûts salariaux
très faibles, conséquence d’une main-d’oeuvre surabondante, sont souvent accusés de dumping social
alors que leurs exportations reflètent leurs avantages comparatifs. Il faut aussi garder à l’esprit que les
études empiriques des années 1990 et 2000 tendent à montrer que l’impact de la concurrence
internationale sur les salaires dans les pays développés est moins fort que la pression à la baisse
salariale par la substitution de capital au travail sous l’effet du progrès technique.
Quels sont les justifications (fondements) du protectionnisme ?
On peut distinguer différents objectifs au protectionnisme :
-le protectionnisme défensif qui consiste en la défense d’activités nationales spécifiques ou
« vieillissantes » peu compétitives qui disparaitraient si elles étaient confrontées à la concurrence
internationale.
-le protectionnisme éducateur qui ne doit être que temporaire. L’objectif est de protéger les
« industries naissantes » de la concurrence internationale. L’idée c’est que le LE favoriserait les
avantages comparatifs actuels au détriment des avantages comparatifs potentiels. Il faut donc limiter
le LE pendant un temps, le temps de développer de nouveaux avantages comparatifs. Une fois ces
activités développées au sein du pays, le pays peut s’ouvrir aux échanges.
-la défense des emplois : réduction des importations pour les remplacer par une production nationale.
Le protectionnisme évite de subir la « concurrence déloyale » des pays à bas salaire.
-la protection contre le dumping social qui conduit à une pression à la baisse des salaires
-Les mesures protectionnistes peuvent également être utilisées comme des représailles : un pays A
impose des droits de douane à un autre pays B parce que le pays A s’oppose aux exportations du pays
B. Exemple : en mars 2009, les EU ont triplé les droits de douane sur le roquefort en représailles à la
décision prise par l’UE d’interdire la commercialisation de bœuf américain aux hormones sur le
territoire européen. Les EU estiment que l’UE veut favoriser les éleveurs européens au détriment des
éleveurs américains. (Risque d’escalade des mesures protectionnistes).
Une illustration : doc 2 p. 74 : le protectionnisme défensif
1. La politique agricole commune (PAC) a été créée par le traité de Rome en 1957 et mise en place en
1962. Ses objectifs sont alors :
-d’accroître la productivité de l’agriculture ;
-d’assurer un niveau de vie équitable à la population agricole ;
-de stabiliser les marchés ;
-de garantir la sécurité des approvisionnements ;
-d’assurer des prix raisonnables aux consommateurs.
Les agriculteurs bénéficient :
-d’aides indirectes, les « prix garantis », qui leur assurent un prix minimum pour leur production en
comblant la différence entre prix du marché et prix garanti ;
-d’aides directes au revenu depuis la réforme de 1992. En échange d’une baisse des prix garantis, l’UE
verse des aides proportionnelles à la superficie de l’exploitation. Par ailleurs, la préférence
18
communautaire permet d’isoler l’agriculture européenne des variations des prix mondiaux en lui
accordant des avantages en matière de prix par rapport aux produits importés.
2. Le commissaire européen au budget a proposé que la part des dépenses agricoles dans le budget
européen baisse afin de dégager des ressources pour financer d’autres politiques européennes,
comme l’énergie, la recherche ou l’immigration. La France est opposée à cette proposition car son
agriculture a besoin des crédits de la PAC pour continuer à exister. Actuellement, environ 40 % du
budget européen est consacré à la PAC et la France est l’un des principaux bénéficiaires de cette
politique.
3. Si un accord de libre-échange était signé entre l’UE et les pays du Mercosur, les agriculteurs français
ne bénéficieraient plus des aides de la PAC et seraient confrontés à la concurrence des produits
agricoles à bas prix du Mercosur. Cela aurait pour conséquence une perte de parts de marché pour
l’agriculture française, accompagnée d’une baisse de l’emploi agricole et des revenus des agriculteurs
(qui vivent actuellement principalement des aides de la PAC). Cela pose à terme la question de
l’indépendance alimentaire de l’Europe.
4. La PAC est un exemple de protectionnisme défensif dans le sens où c’est une politique d’aides et de
subventions à un secteur (l’agriculture européenne) qui n’est pas en mesure d’être concurrentiel par
rapport à d’autres pays d’Amérique du Sud ou d’Asie.
2. Les instruments classiques du protectionnisme
Document 13 : Les modalités et instruments du protectionnisme (Eduscol)
Afin de protéger le marché national de la concurrence des produits étrangers, il est tout d’abord
possible de recourir à des mesures protectionnistes tarifaires qui consistent à appliquer des taxes ou
droits de douane sur les importations. Les taxes ayant pour effet d’augmenter le prix des produits
importés, la demande intérieure du produit taxé devrait diminuer et la production domestique
augmenter ; les droits de douane représentent par ailleurs des recettes fiscales pour l’Etat. Des
mesures quantitatives, non tarifaires, peuvent également être utilisées ; elles consistent à limiter la
quantité de produits importés en fixant des contingents ou quotas. Les normes de différentes natures,
techniques et sanitaires notamment, peuvent constituer d’autres moyens de protéger le marché
intérieur de la concurrence étrangère. Il convient cependant d’insister sur le fait que les normes
techniques ne sont pas par nature protectionnistes. La fixation de telles normes par l’Etat est légitime
dans la perspective de la protection du consommateur. Seules les normes qui seraient discriminatoires
à l’égard de l’offre étrangère peuvent être considérées comme protectionnistes. Les subventions aux
exportations et le dumping (pratique consistant à vendre moins cher à l’étranger que sur son marché
national) peuvent également être assimilés à des formes de protectionnisme ; il en est de même de la
sous-évaluation de la monnaie nationale qui augmente la compétitivité-prix des produits exportés.
Quels sont les différents instruments du protectionnisme ?
-droits de douane
-quotas
-normes

On distingue le protectionnisme tarifaire du protectionnisme non tarifaire. Le
protectionnisme tarifaire consiste à imposer des droits de douane aux produits entrant sur
le territoire ou à subventionner les producteurs nationaux. Le protectionnisme non tarifaire
consiste à limiter l’entrée de produits étranger par la mise en place de réglementations
contraignantes, de barrières administratives, de quotas.
3. La manipulation des cours de change, un protectionnisme déguisé ?
La manipulation des taux de change peut être considérée comme une forme de protectionnisme
déguisé.
Retour sur le vocabulaire :
19
 Le marché des changes est le lieu fictif sur lequel les monnaies s’échangent entre elles cad sur
lequel se confrontent les offres et demandes de devises étrangères et assure la détermination des
cours ou taux de change = prix d’une monnaie par rapport à une autre. Par exemple : pour 1€, je peux
avoir :
1.36753
$
0.82482
£
8.271 CNY (Yuan chinois ou renminbi)
139.98 JPY
Depuis le début des années 1970, les monnaies flottent librement par rapport aux autres devises :
régime de changes flexibles = le taux de change fluctue donc, au gré de l'offre et de la demande de
devises sur le marché des changes. Les variations des cours de change peuvent être très importantes.
Dans les faits, les autorités monétaires interviennent souvent pour contrôler leur taux de change ? On
parle alors de dépréciation ou d’appréciation des monnaies les unes par rapport aux autres.
Certains pays maintiennent artificiellement leur monnaie à un niveau relativement bas malgré une
bonne santé économique ; comme la Chine avec son yuan, que l’État contrôle. Les partenaires
commerciaux de la Chine (surtout EU et UE) accusent depuis des années Pékin de maintenir
artificiellement bas le niveau du Yuan. Mais la Chine n’est pas le seul pays concerné. Le Brésil, la Corée
du Sud sont également en cause ou d’autres pays asiatiques comme Hong Kong ou Singapour. Les
États-Unis manipulent aussi leur monnaie : ils font en sorte de maintenir un dollar relativement faible
pour - sinon sauver - soutenir leur propre croissance, et partant, celle du reste du monde. Pour cela, la
Réserve fédérale (Fed) injecte des quantités astronomiques de dollars dans l’économie en maintenant
des taux d’intérêt quasi-nuls, pour perfuser en permanence l’investissement, l’emploi et la
consommation des Américains. 0ffre de $ importante => dépréciation du $.
L’UE adopte la stratégie du pacifisme : la BCE focalise son attention sur les déficits publics, la dette
publique et l’inflation. Elle n’a pas d’objectif de croissance économique (contrairement à la Fed), qui
pourrait l’inciter à «jouer» sur l’euro pour l’atteindre. Résultat, l’euro est plutôt fort, notamment par
rapport au dollar.
Quel peut-être l’intérêt de maintenir sa monnaie à un niveau bas ?
La dépréciation d’une monnaie ou sa sous-évaluation permet de doper les exportations et donc la
croissance : plus la monnaie est faible, plus les exportations nationales sont compétitives.
Problème : cette politique est menée au détriment des partenaires commerciaux et accentue les
déséquilibres.
Conséquences :
 Les gagnants : les entreprises du pays qui sous-évalue sa monnaie.
 Les perdants : Ce sont les entreprises européennes qui exportent beaucoup en dehors de la
zone euro qui sont directement pénalisées parce que l’euro fort augmente le prix des produits
qu’elles exportent.
C’est le cas d’Airbus par exemple qui est en concurrence directe avec Boeing pour des produits très
similaires. La hausse de l’euro pénalise fortement Airbus qui vend ses avions en dollars.
Deux réactions sont possibles
- soit elle ne change pas sont prix de vente, et elle reçoit moins d’euros pour les dollars obtenus par
ses ventes => baisse du chiffre d’affaires et du profit.
- soit elle augmente le prix de vente en dollars pour maintenir son chiffre d’affaires en euros => perte
de compétitivité prix.
 Ceux pour qui ça ne change rien :
Pour les entreprises qui exportent dans la zone euro, l’euro fort n’a aucun impact sur leurs
exportations ; c’est même plutôt bénéfique car elles peuvent s’approvisionner à l’étranger à moindres
frais puisque les importations sont moins chères. C’est le cas de beaucoup de PME, qui ne commercent
20
qu’au niveau national ou européen ; elles ne sont pas du tout affectées par l’euro fort. Pour les
entreprises dont la compétitivité repose sur l’innovation, la haute technologie ou le luxe, les
variations de prix n’ont pas un impact très important. C’est le cas d’LVMH (Louis Vuitton Moët
Hennessy); leurs produits de luxe sont demandés pour leur qualité, leur renommée, leur caractère
unique, etc. Donc, même si le prix de ces produits augmente à l’exportation, ce n’est pas un problème
pour les consommateurs concernés.
Donc, les effets des variations des cours du change sur la valeur des échanges commerciaux
dépendent à la fois de l’élasticité (sensibilité) des exportations et des importations par rapport au
cours du change.
Eventuellement : Doc 4 p. 101 Hatier : Les risques économiques liés à l’instabilité des changes
1. Dans le premier cas (Suisse, Japon, Chine et pays d'Asie, Brésil), l’objectif est de soutenir la croissance
nationale en dopant les exportations. Le moyen pour y parvenir est de dévaluer ou de faire se déprécier
la monnaie nationale sur le marché des changes, ce qui augmente la compétitivité-prix des produits
nationaux au détriment des pays voisins.
Dans le second cas (États-Unis, Royaume-Uni), l’objectif est de soutenir la croissance nationale en
abaissant les taux d’intérêt. En conséquence, la baisse de rendements des placements fait fuir les
investisseurs vers des placements dans d’autres devises dont l’euro qui s’apprécie, pénalisant ainsi les
exportations hors zone-euro et la croissance de la zone.
2. Cette situation attise les tensions commerciales et peut conduire à des mesures protectionnistes de
rétorsion si aucune solution globale n’est trouvée au problème.
3. Le terme de « guerre des monnaies » désigne en premier lieu le conflit entre pays quant au niveau
optimal que devraient avoir les taux de change. Certains pays (Chine, Japon, Corée…) sont accusés de
sous-évaluer leur monnaie, tandis que d’autres (certains pays de la zone euro…) se plaignent des
inconvénients d’une monnaie surévaluée.
Mais ce conflit se double d’un enjeu commercial. En manipulant le taux de change de leurs monnaies,
certains pays attisent les tensions commerciales, qui risquent de conduire à un repli des échanges
commerciaux mondiaux. L’enjeu devient alors économique, car on risque d’aboutir à un
ralentissement généralisé de la croissance dans le monde.
Enfin, le dernier enjeu est de nature politique. Les pays sont-ils en mesure de s’entendre pour redéfinir
des règles du jeu équitables (cf. négociations du G20) ? Dans le cas contraire, l’avenir reste à la merci
d’une crise spéculative, qui pourrait provoquer une récession mondiale.
Si les partenaires commerciaux adoptent la même politique, personne ne gagne et tout le monde
dévalue. Stratégie non coopératives. (Voir courbe en J.)
Pour résumer : effets d’une variation des taux de change sur l’économie des pays concernés :
 Les effets d’une appréciation de la monnaie :
1er effet : augmente le prix des exportations => baisse des quantités exportées => baisse de la
compétitivité-prix à court terme mais : génère une incitation à innover pour développer la
compétitivité hors-prix (qualité…) à long terme.
Compétitivité prix = capacité d’une entreprise à maintenir ou gagner des parts de marché grâce à des
coûts de production et donc des prix de vente plus faibles que ses concurrents.
Compétitivité hors prix ou structurelle = capacité d’une entreprise à maintenir ou ganger des parts de
marché grâce à une stratégie de différenciation portant sur les caractéristiques du produit (qualité,
publicité, SAV). On améliore la qualité du produit par l’innovation notamment. Cela permet d’échapper
à la concurrence et de fixer un prix supérieur à celui du marché.
2è effet : diminue le prix des importations => hausse des quantités importées, ce qui réduit la facture
des approvisionnements tels que les importations de pétrole et de gaz + accroît le pouvoir d’achat
pour les acquisitions de biens et services facturés dans les monnaies plus faibles.
Autres effets :
-réduit le coût des investissements à l’étranger. En effet avec une monnaie forte les acquisitions à
l'étranger reviennent moins chères.
21
- attire les capitaux étrangers car la monnaie a un fort pouvoir d’achat et est stable (monnaie de
réserve…)
Schéma p. 117 Belin
 À l’inverse, une dépréciation de la monnaie.
1er effet : baisse du prix des exportations => amélioration de la compétitivité-prix
2è effet : augmente le prix des importations.
Cela met en jeu la compétitivité prix : la monnaie forte rend la production de biens moins compétitive
par rapport aux biens importés. En effet, lorsque qu'une monnaie est forte, le coût de production des
biens est relativement plus élevé que ceux des pays à monnaie faible.
Risque d’une guerre des monnaies qui menace les échanges internationaux et donc la croissance
mondiale. Si la dépréciation compétitive du taux de change est susceptible d’aider un pays pris
individuellement, elle devient vite un jeu où il n’y a, au bout du compte, que des perdants lorsqu’elle
se généralise. Exemple : Guerre Yuan/dollar. La politique monétaire américaine diminue la valeur du
dollar. Donc la valeur du yuan augmente automatiquement, ce qui pénalise les exportations chinoises.
C’est pourquoi la banque centrale chinoise vend du yuan pour déprécier la valeur de sa monnaie et
maintenir la compétitivité-prix de ses exportations. Les Japonais font de leur côté, tout pour éviter une
appréciation du Yen. Or, les monnaies ne peuvent pas toutes reculer en même temps, l’une d’entre
elles au moins doit s’apprécier…c’est l’euro. Non pas parce que l’économie de la zone € va bien mais
parce que, sur le plan politique, comparé aux EU ou à l’Asie, elle est mal préparée et mal organisée
pour se défendre dans une telle guerre des taux de change. Il semblerait que les EU et la Chine
cesseront de dévaluer leur monnaie si la menace de l’inflation devient plus importante. (Source : C. de
Boissieu, « De la crise financière à la crise des monnaies », Questions internationales, juin 2010)
C’est un enjeu essentiel des négociations internationales.
Précision : comment fait la Chine pour sous évaluer sa monnaie ? Grâce à ses exportations massives,
la Chine enregistre d’importantes rentrées de $. Au lieu de les recycler dans son économie, ce qui ferait
grimper sa devise, elle les utilise pour acheter des Bons du Trésor américain qui viennent gonfler ses
réserves internationales de change. De plus, la banque centrale chinoise achète des devises étrangères
et vend sa propre monnaie sur le marché des changes. (Réserves de change chinoises sont les plus
importantes du monde : plus de 2 600 milliards de $ fin 2011).
3. Les limites du protectionnisme
Document 14 : Les risques du protectionnisme (Eduscol)
Protéger trop systématiquement les producteurs nationaux contre la concurrence internationale
présente tout d’abord le risque de faire bénéficier en priorité les activités et entreprises locales les
moins efficaces des mesures protectionnistes, au détriment des gains de productivité et de la
croissance. Le prix des produits sera plus élevé, au détriment du pouvoir d’achat des
consommateurs.
Plus globalement, les risques de mesures de rétorsion ne sont pas négligeables, ainsi que ceux liés à
l’appauvrissement des autres pays puisque ce sont leurs exportations qui sont freinées. Parallèlement
à la baisse des importations engendrée par les mesures protectionnistes, ce sont donc les exportations
qui risquent de diminuer et l’on peut de plus craindre des effets cumulatifs récessifs au niveau mondial.
En revanche, si les pays essayent d’encourager leurs entreprises à exporter, ils peuvent espérer que la
croissance proviendra à la fois des économies d’échelle obtenues en vendant sur les marchés
internationaux et des efforts d’innovation réalisés pour gagner des parts de marché international. Les
stratégies exportatrices doivent toutefois être acceptées par les partenaires internationaux pour éviter
qu’elles ne déclenchent des mesures de rétorsion pénalisant les débouchés que le commerce
international apporte aux exportateurs. Les pratiques d’aides directes aux exportations sont donc
désormais interdites par les autorités de régulation du commerce international car elles sont
assimilables à du protectionnisme et pourraient déclencher des mesures de représailles commerciales
22
à l’échelle internationale : compte tenu de l’ampleur prise par les échanges internationaux, la
généralisation du protectionnisme ferait s’effondrer les débouchés internationaux des entreprises
dans des proportions supérieures à celles qu’elle leur apporterait à l’échelle locale.
Par ailleurs, dans les pays où la concurrence des pays à faibles coûts salariaux risque de faire baisser
les salaires de la main-d’oeuvre peu qualifiée, plutôt que de barrières protectionnistes qui privent les
pays à bas salaires d’exportations favorables à leur développement, l’ouverture internationale, qui
engendre des gains, pourrait être accompagnée d’une politique redistributive compensant la baisse
des salaires, ce qui permettrait également à la population des pays concernés de bénéficier
d’importations bon marché.
Quels sont les risques du protectionnisme ?
Ou doc 3 p. 75 : Le protectionnisme, un frein à la croissance ?
1. Les mesures protectionnistes entraînent un renchérissement du prix des produits, lié à une absence
de concurrence. Cette hausse des prix nuit au pouvoir d’achat des consommateurs et donc à la
croissance économique. Par ailleurs, le protectionnisme entraîne une augmentation du coût de
production pour les entreprises, dans la mesure où le prix des consommations intermédiaires
augmente. La production est donc moins importante, ce qui entraîne mécaniquement une moindre
diversification des produits.
2. Le protectionnisme nuit à la croissance et à l’emploi. Protectionnisme => hausse des prix => les
agents consomment moins => les entreprises produisent moins => il y a moins de croissance et
d’emploi.
3. Les pays en développement n’ont pas les moyens de mettre en oeuvre des politiques
protectionnistes : ils n’ont pas les ressources budgétaires pour accorder des subventions. Par
conséquent, ils ont beaucoup de difficultés pour être compétitifs et accéder aux marchés. Le secteur
de l’agriculture illustre bien ce problème : les pays développés subventionnent fortement leur
agriculture (en 2007, 258 milliards de dollars de subventions pour l’agriculture dans la zone OCDE), ce
qui fausse fortement la production et pénalise les pays en développement qui perdent des parts de
marché.
23
III. La mondialisation de la production
Notions : commerce intra-firme, compétitivité prix et hors prix, délocalisation, externalisation, firmes
multinationales, spécialisation.
En s'appuyant sur des données concernant le commerce intra-firme et sur des exemples d'entreprises
multinationales, on abordera la mondialisation de la production. On analysera les choix de localisation
des entreprises et leurs stratégies d'internationalisation. On étudiera à cette occasion les principaux
déterminants de la division internationale du travail, en insistant sur le rôle des coûts de transport et
de communication. On montrera que la différenciation des produits peut être à l'origine et la
recherche d'une compétitivité hors prix.
Dans cette partie on va s’intéresser au rôle croissant des FMN dans le commerce international.
A. L’essor des FMN
1. L’augmentation du nombre de FMN
 Une firme multinationale ou transnationale est une firme qui possède au moins une unité de
production à l’étranger et produit grâce à elle hors de son territoire d’origine. Cette unité de
production à l’étranger est sa filiale. Une FMN réalise sa production dans au moins 2 pays. Exemple :
Wall-Mart, Royal Dutch Shell, Exxon Mobil…
Une FMN est constituée d’une société-mère (résidente d’un pays) et d’au moins une filiale résidente
d’un autre pays. D’un point de vue statistique, on considère que dès qu’une entreprise possède au
moins 10% du capital d’une entreprise étrangère, cette dernière est une filiale de la première qui est
la maison mère.
=> Une firme multinationale ou transnationale est une firme qui possède au moins une unité de
production à l’étranger et produit grâce à elle hors de son territoire d’origine. Dès lors qu’une société
résidente dans un pays détient plus de 10% du capital dans une autre société résidente dans un autre
pays, on est en présence d’une FMN. La première est appelée société-mère, la seconde est considérée
comme une filiale (société dont le capital social est détenu à plus de 50% par la société-mère) ou
société affiliée (entre 10 et 50% du capital social). Elles contrôlent des opérations dans plusieurs pays
depuis la maison-mère située dans le pays d’origine.
Leur puissance économique en fait des acteurs au pouvoir presque équivalent à celui des Etats mais
leur action est contrainte par les autres acteurs de l’espace mondial (Etats, ONG, organisations
internationales).
Attention : il ne suffit pas qu’une entreprise vende dans plusieurs pays pour être considérée comme
une FTN. Le critère indispensable est que cette firme produise dans au moins deux pays.
Document 15 :
24
Doc. 1 p. 76 : l’augmentation du nombre de FTN
1. Entre 1990 et 2007, le nombre firmes transnationales a augmenté de 2,81 % par an en moyenne.
2. On constate que le nombre de filiales augmente plus rapidement que le nombre de firmes
transnationales, ce qui signifie que le nombre moyen de filiales par firme a tendance à augmenter.
Cela signifie concrètement que les firmes sont de plus en plus ouvertes sur l’extérieur et qu’elles
développent de plus en plus d’activités dans d’autres pays du monde.
2. Les FMN et le commerce intra-firme
Les FMN sont au cœur du CI avec le commerce intra-firme. La croissance du commerce mondial est
portée par le commerce des filiales (commerce intra-firme).
Doc. 3 p. 77 : DIPP et commerce intra-firme.
1. DIPP = décomposition internationale des processus productifs : séparation de la production d’un
bien final en opérations distinctes effectuées dans des pays différents.
2. Les firmes transnationales pratiquent la DIPP afin de minimiser les coûts. En effet, en répartissant la
production d’un même bien final dans différents pays, elles profitent des avantages comparatifs de
25
chaque pays dans la fabrication de telle ou telle partie du produit final. Le produit final est alors moins
cher à produire que s’il avait été produit dans un seul pays.
3. La DIPP amplifie le commerce international, puisque les éléments produits dans différents pays
doivent par la suite être exportés avant d’être assemblés sur un même lieu (le produit final étant luimême potentiellement réexporté). Le deuxième phénomène notable est l’augmentation du commerce
intra-firme : dans le cadre de la DIPP, les filiales sont amenées à échanger des produits entre elles.
Poids important : elles réalisent 33% du PIB mondial contre 17% dans les années 1960. Elles sont à
l’origine des 2/3 du commerce international dont 1/3 est un commerce entre les filiales des groupes.
13- Ne pas confondre

 Commerce de B&S entre pays appartenant à
Commerce intra-zone (ou intra-région) 
spécialisation proche
 Commerce de B&S similaires entre pays à

 Commerce de B&S intermédiaires entre
Commerce intra-branche
la même région
Commerce intra-firme
filiales de la même FMN
Document 16 : Une illustration de la DIPP : la fabrication du Nutella :
L'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) s'est penchée sur la
mondialisation et, pour en faire la démonstration, a pris la célèbre pâte à tartiner Nutella comme
référence. Grâce au graphique réalisé pour ce rapport, on ne peut que constater que c'est bien
l'ensemble de la planète qui s'active pour concocter cette crème de chocolat aux noisettes.
Le Nutella, en chiffres, ça donne 250.000 tonnes produites chaque année, consommées dans 75 pays
à travers le monde. D'ailleurs, question consommation, on constate que ce ne sont pas forcément les
pays auxquels on s'attend le plus qui craquent pour cette pâte à tartiner (croix mauves): le Japon, la
Chine,
l'Inde,
l'Afrique
du
Sud,
le
Mexique
notamment.
26
Pour ce qui est des ingrédients (les points verts sur la carte), on remarque que le sucre provient
essentiellement du Brésil, le cacao du Nigeria, la très décriée huile de palme de Malaisie, les noisettes
de Turquie et la vanilline, arôme de vanille de synthèse, de France. C'est donc la planète entière (ou
presque) qui participe à l'élaboration du Nutella.
3. Comment une firme devient-elle une FMN ?
Une firme devient une FMN par plusieurs moyens :
 En réalisant des IDE :
IDE = acquisition d’actions ou de parts de propriété dans une entreprise située à l’étranger dans le
but d’exercer une influence sur sa gestion. Selon le FMI : « engagements de capitaux effectués en vue
d'acquérir un intérêt durable, voire une prise de contrôle, dans une entreprise exerçant ses activités
à l'étranger ». Par convention, on considère qu’il y a intérêt durable et donc investissement direct
lorsqu’une entreprise détient au moins 10 % du capital (ou des droits de vote) d’une entreprise
résidente d’un pays autre que le sien.
Les IDE correspondent à des mouvements de capitaux.
Le FMI distingue différents types d’IDE :
- la création d’une nouvelle unité de production (filiale) dans un autre pays (ex : Renault au Brésil ou
à Tanger au Maroc)
-l’acquisition d’au moins 10% du capital social d’une entreprise étrangère déjà existante. Si
l'entreprise détient moins de 10 % du capital social d'une autre entreprise, il s'agit d'un investissement
de portefeuille ; sinon, c'est un IDE. (ex : Renault a ainsi racheté le constructeur roumain Dacia pour
produire la Logan)Remarque importante : IDE => logique industrielle de prise de production (intérêt
durable dans une entreprise, long terme) alors que investissements de portefeuille => logique de
placement et de rentabilité (court terme, investissements spéculatifs) => globalisation financière
(-réinvestissement de ses bénéfices par une filiale ou une succursale située à l’étranger.
-les opérations entre la maison mère d’une FMN et ses filiales. )
Ne pas confondre IDE et délocalisations : une part marginale des IDE sont des délocalisations, mais
toutes les délocalisations sont des IDE. En effet, une entreprise qui réalise un IDE ne ferme pas
forcément d’unités de production locale ; par exemple si Total crée une filiale en Afrique pour
extraire du pétrole, cette production ne pouvait pas être réalisé en France. Mais une firme qui ferme
une unité de production locale pour l’installer à l’étranger réalise un IDE.

Ne pas confondre externalisation et délocalisation : Délocaliser consiste à fermer une unité
de production pour ouvrir la même dans un autre pays. Externaliser consiste à sous-traiter une
partie de ses activités (mais pas forcément par une entreprise située à l’étranger).
Externalisation (NPT) : Sous-traitance d’une partie des activités de l’entreprise à une autre
entreprise. Il s’agit de faire produire par une entreprise extérieure une partie de sa production.
Sous-traitance, cession de licences, franchises (droit d’utiliser l’enseigne ou la marque).
Exercice : Remplissez le tableau ci-dessous en cochant les cases pertinentes.
IDE
Externalisation
Coca cola vend sa licence à des producteurs
locaux
x
Apple fait assembler l’Iphone par des
entreprises chinoises
x
Délocalisation
27
Renault rachète son concurrent japonais x
Nissan
Benetton fait fabriquer des pièces au
Bangladesh
x
Tefal réimplante sa production de grilles x
pain en Roumanie
x
L’entreprise PSA crée une filiale en x
Roumanie pour produire des voitures
destinées au marché roumain
L’entreprise Renault ferme une usine à x
Vilvorde pour en créer une en Hongrie
Jean-Louis David ouvre un salon à Milan
x
x
L’entreprise Renault décide de sous-traiter
la production des sièges à un équipementier
Roumain alors que la fabrication avait lieu en
France
x
x
L’entreprise Renault rachète 15% des x
actions d’un équipementier belge qui lui
fournira dorénavant certaines pièces
L’entreprise PSA rachète 5% des actions d’un
équipementier allemand
Document 17 : La mondialisation de la production (Eduscol)
Pour évaluer l'ampleur du développement des firmes multinationales, il est fréquent de recourir à la
mesure des investissements directs à l'étranger (IDE), dont on constate une vive accélération à partir
du milieu des années 1980. On peut également se référer au nombre de sociétés mères et filiales, au
chiffre d’affaires ou à la valeur de la production réalisée, au nombre de salariés, etc.
En 1977, il y avait 11 000 sociétés mères et 82 000 filiales internationales ; en l’an 2000 il y avait plus
de 63 000 sociétés mères et plus de 820 000 filiales internationales.
Les firmes multinationales ont réalisé une production d’environ 16 000 milliards de dollars en 2010,
soit environ le quart du PIB mondial ; la même année, la valeur ajoutée par les filiales implantées à
l’étranger représentait environ 6 600 milliards de dollars et ces filiales faisaient travailler environ 68
millions de personnes.
En 2008, l’entreprise multinationale possédant le plus grand stock d’actifs hors de son territoire
d’origine était General Electric dont la moitié du capital était détenue hors des Etats-Unis, son territoire
d’origine ; General Electric faisait travailler 323 000 personnes dont 171 000 hors des Etats-Unis. Les
firmes multinationales peuvent aussi être des entreprises financières : en 2009, Citigroup, d’origine
américaine, était implantée dans 75 pays hôtes ; BNP Paribas était implantée dans 61 pays et disposait
de 596 filiales à l’étranger.
25- Cochez
a) Les flux d’IDE s’accélèrent dès :  les « trente glorieuses »
 les années 1980 les années 2000
28
b) En 20 ans, le nombre des FMN a été multiplié par
2
6
c) En 20 ans le nombre de filiales internationales a été multiplié par
2
 10
6
d) En 2010 la production des FMN représente  10% du PIB mondial  25%
 10
 50%
Forte accélération des IDE et des investissements de portefeuille depuis les années 1980
Jusque dans les années 60, dans la plupart des pays, l’entrée et la sortie de capitaux est fortement
règlementée. Dans les années 1970, puis dans les années 1980, on assiste à une libéralisation des
marchés financiers => globalisation financière qui vise à la constitution d'un marché global des
capitaux.
Document 18 : L’évolution de la géographie des IDE :
Flux d’IDE entrants
Flux d’IDE sortants
1970
2010
1970
2010
Monde (millions $)
13 346
1 243 671
14 151
1 323 337
Economies
développées
71,1%
48,4%
99,6%
70,7%
Dont UE
39,2%
24,5%
35,8%
30,8%
Dont Etats-Unis
9,4%
18,4%
53,6%
21,4%
Dont France
4,7%
2,7%
2,6%
6,4%
Economies
en 28,9%
développement et
en transition
51,2%
0,4%
29,3%
Dont BRIC*
3,3%
17,7%
0,1%
11,1%
Dont Afrique
9,5%
4,4%
0,1%
0,5%
Dont Chine
0
8,5%
0
5,1%
Dont Roumanie
0
0,8%
0
0,01%
Source : CNUCED 2011
BRIC = Brésil, Russie, Inde, Chine (les 4 plus grands pays émergents)
Question : EC2 Après avoir présenté le document, vous commenterez les évolutions des flux
mondiaux d’IDE.
Entre 1970 et 2010, explosion des IDE : IDE entrants multipliés par 93 (hausse de plus de 9 000%)
Même constat pour les IDE sortants.
On observe également une évolution de la géographie de ces mouvements de capitaux :
- dans les années 1970, majorité des IDE provenait des PDEM vers les PDEM : 71,1% des IDE avaient
pour destination les pays développés et 99,6% des IDE provenaient de ces pays.
- depuis les années 2000 et notamment depuis 2010, le poids écrasant des pays riches parmi les pays
de départ ou de destination des IDE tend pourtant à se réduire : les flux d’IDE entrants et sortants
des pays développés ont diminués : les PED effectuent désormais près d’un tiers des
IDE (multiplication par 73) et plus de la moitié des IDE sont effectués dans des PED, en particulier
29
dans les BRIC et en notamment en Chine : de plus en plus de FMN ont été implantées dans les pays
du sud-est asiatique et en Chine : la Chine attire elle seule 8.5% des IDE à destination des PED.
=> Si la mondialisation s’est traduite par une croissance permanente des échanges internationaux, on
doit souligner qu’elle s’accompagne, depuis les années 1980, d’une réelle explosion des IDE. Ils
constituent les principaux moteurs de la mondialisation. Ils ont fait exploser le nombre de firmes
transnationales qui sont devenus des acteurs incontournables et tout puissants du commerce mondial.
Leur puissance économique en fait des acteurs au pouvoir presque équivalent à celui des Etats mais
leur action est contrainte par les autres acteurs de l’espace mondial (Etats, ONG, organisations
internationales).
B. Les déterminants de la DIPP
Parce que les échanges de marchandises et de capitaux se réalisent pratiquement sans entrave
aujourd’hui, les firmes ne réfléchissent plus, ou en tout cas de moins en moins, leur stratégie à
l’échelon national. C’est le marché mondial qui compte. La logique de décision des entreprises s’est
transformée, ce qui transforme les conditions de la production à l’intérieur même des économies
nationales, qui ne peuvent plus être “ indépendantes ” du reste du monde économique.
Principal objectif : FMN recherchent la compétitivité = capacité pour une entreprise à maintenir ou
accroître ses parts de marché aussi bien sur le marché intérieur qu'extérieur. S
Doc 3 p. 79 : Les stratégies des FTN : question 1 seulement
 On peut distinguer 2 grandes stratégies des FTN :
-stratégie de marché : les firmes installent des filiales à l’étranger pour accéder à de nouveaux
marchés, de nouveaux clients potentiels. Les entreprises effectuent des IDE dans des pays où la
consommation est importante, afin de satisfaire une demande locale. Compétitivité hors-prix
-et stratégie de rationalisation cad stratégie stratégie qui relève de la compétitivité prix. On cherche
à exploiter les avantages comparatifs des différents pays en y installant les segments de la production
là où la production peut être réalisée de la manière la plus compétitive. => division internationale du
processus de production (DIPP) = éclatement géographique de la production entre différents
territoires en fonction des avantages comparatifs de chacun. L’objectif est de diminuer les coûts de
production, avant de réexporter les produits finis vers les zones où la consommation est forte.
La première stratégie relève de la compétitivité hors prix alors que la deuxième relève de la
compétitivité prix.
1. Des stratégies reposant sur la compétitivité-prix
Les IDE tirent parti de coûts de production (en capital, en intrants, en salaires) plus faibles dans les
pays hôtes et d'économies d'échelle dues à la forte spécialisation de filiales-ateliers. Celles-ci
produisent les composants des produits de la société mère ; les exportent vers le pays d'origine vers
des filiales localisées en pays tiers.
Pour aller plus loin : Se développe un commerce intra-firme (commerce captif) (échanges de biens à
l’intérieur d’une FTN, c’est-à-dire entre la maison mère et ses filiales ou entre ses filiales) fondé sur
les prix de cession du commerce intra-firme et l’optimisation fiscale.
- Les prix de cession ou prix de transfert sont des prix « hors marché ».
Ils sont fixés par la direction de la FMN qui coordonne les activités. Il ne reflète pas le rapport entre
l’offre et la demande, la rareté du bien ou sa valeur… Il n’y a pas de concurrence…Le commerce intrafirme est organisé par ces prix de cession.
30
- Les FMN ont des stratégies d’optimisation fiscale : les filiales implantées dans les zones à faible
pression fiscale font les bénéfices élevés alors que les FMN dans les zones où l’impôt est élevé ne
font pas de bénéfices. Les prix de cession interne à la FMN permettent de déplacer les bénéfices
d’une filiale à l’autre.
Moyens : externaliser ou délocaliser pour baisser son coût de production
 L’externalisation
 Externaliser : faire faire une partie de sa production qui était réalisée par ses propres salariés, par
une autre entreprise, appelée sous-traitant (« outsourcing »). Les sous-traitants peuvent être
nationaux ou étrangers.
Ces modes de production sans participation au capital concernent principalement la sous-traitance
internationale (Apple et Foxconn pour la réalisation de ses produits), la production internationale sous
licence (Les lunettes Armani a confié ses licences à Luxottica), la franchise (les restaurants McDonald
ou KFC se sont développés ainsi dans le monde entier)
Avantage de l’externalisation
- Le sous-traitant est un spécialiste. Il produit pour plusieurs
autres entreprises
- A ce titre il a une échelle de production plus importante
pour la production considérée. Il bénéficie d’économies
d’échelle => baisse des coûts.
-Il maîtrise également mieux la technologie nécessaire et
investit pus dans l’innovation.
- La main d’œuvre peut être moins chère, ou plus
compétente…
- Adaptation à la demande grâce à une organisation plus
flexible qui fait supporter le risque de ralentissement de
l’activité aux sous-traitants.
Limites de l’externalisation
- L’entreprise donneuse d’ordre ne maîtrise pas
parfaitement la qualité de la production, ni les délais.
 La délocalisation :
Les firmes peuvent réaliser des IDE verticaux, dits de délocalisation, lorsqu’elles s’efforcent d’alléger
leurs coûts grâce à une DIPP.
 Une délocalisation est réalisée lorsqu’une firme ferme l’une de ses unités de production sur le sol
national pour en ouvrir une équivalente à l’étranger et importer ensuite cette production (ex : Renault
: fermeture de Vilvorde et ouverture au Brésil).
Remarque : les délocalisations ne sont pas que destructrices d’emplois, elles en créent aussi (effets
directs et indirects)
Donc, la délocalisation est décidée en général pour profiter de coûts de production plus faibles et ainsi
améliorer la compétitivité prix. C’est le cas des délocalisations vers les PED.
Mais il ne faut pas limiter l’analyse au simple coût de la main d’œuvre ; la productivité est également
un élément important du calcul. C’est en fait la main d’œuvre peu qualifiée des pays riches qui est en
concurrence avec la main d’œuvre des PED. Les pays développés attirent une grande partie des IDE
de part leurs avantages : main d’œuvre qualifiée et productive, consommation et niveau de vie élevé
qui offrent des débouchés aux entreprises…
Remarque : les relocalisations se multiplient en raison de la mauvaise qualité des B/S.
2. Des stratégies reposant sur la compétitivité hors prix
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 Compétitivité hors-prix (ou structurelle) = capacité à imposer ses produits indépendamment de
leur prix : qualité, services accompagnant le produit, capacité de s'adapter à la demande diversifiée
par rapport aux goûts ou aux revenus.
Document 19 : Les multiples facettes de la compétitivité
Même dans les industries comme le textile, le coût du travail ne représente qu'un déterminant
relativement secondaire dans les choix stratégiques des entreprises. Les infrastructures de transport,
le risque de change, le prix des assurances, les droits de douane et le coût d'importation des matières
premières contribuent souvent à augmenter les coûts de production dans les pays où le travail n'est
pas très cher. Et même si les salaires y sont très bas, personne n'ira jamais ouvrir d'usine en Sierra
Leone ou en Haïti. Ce qui compte pour une entreprise, c'est ce qu'on appelle le coût unitaire, c'est-àdire le coût du travail corrigé de la productivité du travail. Et là où les travailleurs sont instruits, motivés
et bien entraînés, ce coût peut-être beaucoup plus bas que dans certains pays en développement. Par
ailleurs, des productions a priori menacées de délocalisation se maintiennent bien dans des pays à
hauts salaires. […] Il est même possible, dans des économies à hauts salaires, de créer une entreprise
traditionnelle qui dégage des bénéfices en se focalisant sur l'innovation, le design et les activités à forte
valeur ajoutée. […] Les seules ressources capables de créer des avantages comparatifs aujourd'hui
résident dans la capacité des entreprises à promouvoir des stratégies fondées sur l'innovation, la
conception, la qualité, la réputation de la marque, la proximité avec le client, etc.
Suzanne Berger, « La mondialisation n'est pas une voie à sens unique », Alternatives économiques,
n°244, février 2006
Question : Montrez que le coût de la main-d’oeuvre n’est pas l’unique facteur de localisation d’une
FMN (i.e. repérez tous les autres déterminants de la localisation des firmes).
2 moyens :
-La stratégie de marché relève de la compétitivité hors prix : s’implanter sur un marché pour mieux
suivre l’évolution des goûts des consommateurs et de conquérir des marchés locaux. Plutôt flux
nord/nord ou nord/émergents.
-la stratégie de différenciation qui mise sur l’innovation, la qualité: renforce le commerce
intrabranche, plutôt nord/nord
2 types de différenciation :
- diversification verticale (développement des gammes de qualité => Ex : Peugeot 107 à 9 700 euros
/ Peugeot 508 RXH à 45 800 euros)
- diversification horizontale (produits différenciés par des petites différences => Ex : TOYOTA AYGO à
9 400 euros / Peugeot 107 à 9 700 euros)
Schéma de synthèse (remédiation) :
Prix
Compétitivité
Hors prix
Baisse du coût de
production
Satisfaire la demande
DIPP
Délocalisation ou externalisation
Différenciation de la production :
innovation, qualité
Adaptation à la demande
Document 20 : Zara : à la recherche de la compétitivité hors-prix
Zara, entreprise familiale espagnole, a connu une croissance extraordinaire au cours des cinq dernières
années, avec des ventes s'élevant à 5,6 milliards de dollars en 2004, période pendant laquelle la plupart
des fabricants européens ont connu des difficultés. Zara est une firme à intégration verticale1 qui
32
concentre de nombreuses fonctions : elle tisse et teint environ 40 % du tissu qu'elle utilise, conçoit les
vêtements, les découpe, organise toute la logistique de distribution, possède et gère quelque 600
magasins, surtout en Europe [...]. Elle sous-traite toute la couture, auprès de 500 ateliers implantés
près de son siège social, de ses usines et de ses centres de distribution. Environ la moitié des produits
Zara sont fabriqués dans le cercle étroit de la maison mère, par des fournisseurs attitrés, dans la région
de La Corogne. Les principaux concurrents, H & M et Gap, n'ont aucune production interne (et font
presque tout fabriquer à l'étranger).
Zara se distingue de ses plus proches homologues par la rapidité avec laquelle ses vêtements passent
du stade du design à celui de la commercialisation. Les boutiques Zara renouvellent leur offre toutes
les deux semaines, avec de nouveaux produits qui arrivent constamment. Les clients viennent souvent
voir les derniers arrivages. Parce que Zara adapte sa production à la demande et produit en moins
grande quantité que ses concurrents [...].
Comme les grandes marques américaines ont depuis longtemps renoncé à la fabrication, confiée
surtout à l'Asie, le modèle Zara leur paraît inconcevable. [Selon un concurrent], « Zara est le roi de la
vitesse. [...] Sans ce genre de contrôle local, on ne peut réduire à deux mois une opération qui en prend
six ou sept. Zara réunit tout : design, tissu, assemblage, transport. Les autres grossistes ont réparti leur
production un peu partout, au Sri Lanka, en Jordanie, en Afrique du Sud [...] »
Suzanne BERGER, Made in monde, Seuil, coll. Points Économie, 2007.
1. Cela signifie que Zara maîtrise toutes les étapes du processus productif, de la conception à la distribution, en
passant par l'assemblage.
1. Quelle est la stratégie de production adoptée par Zara et pourquoi ?
Zara externalise peu sa production, au contraire elle cherche à maîtriser toutes les étapes du processus
de production (intégration verticale). Le but de l’entreprise est d’être très réactive, et pour cela elle ne
peut sous-traiter sous peine d’augmenter les délais. Zara renouvelle ses collections, en partie, toutes
les deux semaines, pour fidéliser les clients (obligés de revenir régulièrement voir les nouveautés). Cela
réclame une grande réactivité, une capacité à agir rapidement.
Rappel : externalisation = sous-traitance.
2. Les coûts de production de Zara sont-ils plus importants que ceux des concurrents ?
Les coûts de production de Zara ne sont pas nécessairement plus importants parce que l’entreprise
économise sur les coûts de transport, sur les coûts liés aux défauts ; l’entreprise répond directement
à la demande, ce qui évite les stocks, etc.
Document 21 : Meccano relocalise sa production en France
Le fabricant de jouets de construction Meccano vient de décider de relocaliser une partie de sa
fabrication aujourd'hui réalisée en Chine. L'objectif est d'augmenter de 20 % sur les deux années à
venir la production de son usine calaisienne et d'y fabriquer cinq des neuf gammes du catalogue.
En 2005, l'entreprise avait investi 6 millions d'euros dans la refonte de son outil industriel calaisien et,
en février 2008, elle avait inauguré à proximité une plate-forme logistique de 16000 m2 exploitée pour
son compte par Géodis.
Dans le contexte actuel de la crise mondiale, le marché du jouet révèle une grande stabilité grâce au
choix des consommateurs de préserver leurs enfants. Aussi, même si les coûts de production en France
restent plus élevés que dans d'autres zones géographiques, Meccano a décidé de miser sur le «made
in France» en pensant que les consommateurs seront sensibles à sa démarche. Et surtout, relocaliser
en France lui permet de gagner en flexibilité, en réactivité et en coût de transport.
La direction parle de 4 à 8 semaines de transport en moins. Meccano est convaincu qu'un gain de 2
mois sur les délais de livraison optimisera à terme la demande. Cette relocalisation partielle pérennise
l'avenir du site calaisien et l'emploi de ses soixante salariés.
Geneviève HERMANN, « Meccano rapatrie à Calais de la production chinoise»,
www.usinenouvelle.com, 12 février 2010.
Question : Pourquoi Meccano a décidé de relocaliser sa production en France ?
Meccano joue sur l’image de marque du « made in France » dans le contexte de certains scandales
des jeux chinois défectueux + être au plus près de la demande, être réactif = stratégie de
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différenciation (compétitivité hors-prix). Exemple de relocalisation qui montre que les stratégies des
firmes ne peuvent être analysées uniquement comme la recherche du moindre coût.
A nuancer toutefois : actuellement on observe une relocalisation pour 10 délocalisations. Un peu plus
aux Etats-Unis (General Motors a relocalisé une partie de sa production par exemple). Certains
économistes considèrent qu’à l’avenir le chiffre des relocalisations devrait augmenter avec la montée
des coûts salariaux dans certains PED ou émergeants.
TROIS GRANDS OBJECTIFS A RETENIR :
Faiblesse des coûts salariaux pour compétitivité-prix (plutôt flux Nord/Sud).
Qualité de la main-d’œuvre et des infrastructures pour compétitivité-prix (productivité) et
compétitivité hors-prix (qualité, innovation, diversification, réactivité face aux demandes
des consommateurs). Plutôt flux Nord/Nord.
Taille du marché : plutôt flux Nord/nord ou Nord/pays émergeants. S’implanter pour
écouler la production.
Synthèse sur les déterminants des stratégies d’internationalisation des FMN
L’internationalisation de la production est l’autre aspect de la mondialisation, avec
l’internationalisation des échanges (l’internationalisation des échanges a été abordée dans le I) et le
II) du cours). Les FMN jouent un rôle central dans le processus d’internationalisation de la production.
Les FMN envisagent leur production au niveau mondial et divisent les processus productifs en de
multiples étapes localisées dans le monde entier (division internationale des processus productifs), ce
qui favorise le commerce intra-firme (les FMN sont à l’origine des 2/3 du commerce intra-firme). Les
FMN adoptent différentes stratégies d’internationalisation en fonction de leurs objectifs :
1. Stratégies axées sur la compétitivité prix :
 Les FMN cherchent en permanence à améliorer leur compétitivité, c’est-à-dire à augmenter
leurs parts de marché. Elles cherchent en particulier à améliorer leur compétitivité-prix en
diminuant au maximum leurs coûts de production, notamment les coûts salariaux. Cela
correspond à une stratégie de rationalisation. Dans la stratégie de compétitivité-prix, la
question du niveau des salaires n’est pas la seule à intervenir, le niveau de la productivité des
salariés est également déterminant (un salarié européen au salaire plus élevé qu’un salarié
indien peut être privilégié par une entreprise au salarié indien qui sera bien moins productif).
Pour alléger leurs coûts, les entreprises multinationales peuvent également multiplier les
implantations dans les pays à faible pression fiscale et faire enregistrer leurs activités dans ces
territoires à très faible pression fiscale. Les entreprises multinationales peuvent aussi jouer
avec les prix de transfert, c’est-à-dire les prix auxquels leurs filiales se facturent entre elles les
échanges intrafirmes, pour faire apparaître les bénéfices comptables là où la fiscalité est la
plus avantageuse.
Pour aller plus loin : Une illustration de l’optimisation fiscale
Pourquoi Google paie-t-il si peu d’impôts ?
Christian Chavagneux, Alternatives Economiques n° 319 - décembre 2012
L'entreprise américaine Google est sous le coup d'une enquête serrée du fisc français. Ses inspecteurs (leurs confrères
britanniques, australiens et indiens sont dans le même cas) pensent que le moteur de recherche en fait un peu trop pour éviter
de payer l'impôt sur les sociétés. Les spécialistes des paradis fiscaux ont mis depuis longtemps en évidence le fait que les
leaders des nouvelles technologies de la communication (Apple, Facebook…) ont tous recours à peu près aux mêmes
techniques pour "optimiser" de manière assez agressive leur taux d'imposition. La manipulation requiert d'utiliser les services,
a priori légaux, offerts par plusieurs pays.
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Doublette irlandaise
Lorsqu'une entreprise française veut faire de la publicité sur Google, elle a la surprise de recevoir une facture d'une filiale
irlandaise du groupe. On se dit alors que le géant américain souhaite tout bonnement bénéficier du taux d'imposition des
sociétés qui n'est là-bas que de 12,5 %, contre 33 % en France. Google aurait donc trouvé un moyen simple de minimiser ses
impôts. D'autant que le moteur de recherche ne dispose pas seulement d'une mais de deux filiales en Irlande, la seconde
gérant les droits sur les brevets que possède l'entreprise. Les redevances ainsi récoltées sont donc elles aussi soumises à un
régime fiscal très favorable.
Sandwich hollandais
Mais en fait, le schéma est encore un peu plus compliqué que cela, car les profits réalisés en Irlande n'y restent pas. Bénéficiant
de la libre circulation des capitaux au sein de la zone euro et des accords fiscaux en vigueur entre les deux pays, l'argent récolté
en Irlande partirait aux Pays-Bas. Un Etat auquel on ne pense pas forcément lorsque l'on évoque les paradis fiscaux mais qui,
avec sa législation fiscale complaisante et ses 20 000 et quelques sociétés boîtes aux lettres installées à Amsterdam, sert de
territoire de transit - d'où le sandwich - avant que les fonds soient réexpédiés vers des territoires plus exotiques comme les Iles
vierges britanniques pour Apple. On suppose que c'est la filiale de Google située aux Bermudes qui détient le droit d'utilisation
de la marque Google pour le monde entier. Elle fait alors payer ce droit à la filiale hollandaise, à un prix tel que l'essentiel de
la base taxable réalisée par Google en dehors des Etats-Unis se trouve rapatriée vers ce territoire au climat fiscal plus que
clément.
On comprend mieux pourquoi en pleine période de disette budgétaire, les fiscs des grands pays ont fini par trouver le sandwich
hollandais et sa sauce irlandaise un peu écoeurant.

Les FMN disposent de trois grands moyens pour améliorer leur compétitivité-prix: la DIPP,
c’est-à-dire la localisation de chaque étape de la production sur le territoire considéré comme
le plus efficace, les délocalisations et l’externalisation d’une partie de leur production. Une
FMN peut pratiquer les trois méthodes à la fois.
2. Stratégies axées sur la compétitivité hors-prix.
 La demande porte sur des produits différenciés (différence de qualité) et pas nécessairement
sur les biens les moins chers. Quant aux entreprises, elles peuvent compenser une faible
compétitivité-prix par une forte compétitivité hors-prix. Ainsi, la compétitivité-prix n’est pas
la seule stratégie que peuvent adopter les FMN. Les FMN disposent alors de deux stratégies
pour améliorer leur compétitivité hors-prix :
-Dans le cas d’une stratégie de compétitivité hors-prix, les FMN vont privilégier la différenciation des
produits. Les entreprises doivent alors fonder leur stratégie sur l’innovation et donc la R&D mais aussi
sur le marketing. Les pays développés conservent souvent un avantage comparatif dans la R&D. Voilà
pourquoi les territoires des pays développés ne sont pas nécessairement voués à voir disparaitre
toutes leurs activités industrielles. La différenciation des produits explique le développement du
commerce inter-branche de produits similaires entre pays développés.
-Si les stratégies d'allégement des coûts sont les plus connues, les firmes multinationales s'implantent
aussi, et peut-être surtout, là où elles obtiennent des débouchés, et là où elles une main-d’œuvre aux
compétences diversifiées, des infrastructures de transport et de communication efficaces. Les
entreprises cherchent à s’implanter à proximité des consommateurs pour mieux connaître et
conquérir des marchés locaux ; de même, lorsque les coûts de transport restent élevés (par exemple
pour la production d’automobiles), les entreprises ont intérêt à aller s’implanter là où elles écouleront
la production. Cela correspond à une stratégie de marché.
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