COURNOT lui nomme la philosophie de l’histoire de COMTE «théologie de
l’histoire». Il introduit le rôle de l’événement et du hasard. Selon lui une génération
représente «un siècle à peu près… trois générations mises bout à bout.» ainsi, l’expérience
transmise par les 2 générations imprime la dernière et fait ainsi perdurer les mêmes idées au
cours d’un siècle. Or, il fait remarquer lui-même que les générations s’imbriquent et ne se
suivent pas graduellement, seule la lecture de l’histoire saura traduire comment les idées
évoluent. Or il reste convaincu que l’influence d’une période séculaire fait perdurer les idées
transmises par ses individus et que celles-ci s’estompent ceux-ci mourant.
Au même titre que COMTE, COURNOT fait de l’«esprit » et des «idées» l’objet principal de
l’histoire.
DILTHEY propose d’évaluer la génération non seulement en termes de temps, mais
aussi de «vie humaine». Pour lui il s’agit d’un rapport de « contemporanéité des individus»
qui est un apport majeur de ses travaux. Un groupe restreint d’individus ayant vécu les mêmes
influences ont des liens plus étroits et font donc partie d’une même génération. Ainsi à travers
les générations nous voyons l’émancipation de l’esprit humain par rapport aux traditions.
Pour résumer ces 3 ponts de vue qui ont été le point de départ de l’étude des
générations, nous avons 3 points de vue :
Un progrès continu chez COMTE
L’intervention du hasard chez COURNOT
L’historicité chez DILTHEY et la liberté de l’homme
Les 1ers travaux à l’aide de ces méthodes ont été menés en France par Justin Dromel dans
le domaine de la politique. A la même époque, l’allemand G RUMELIN écrit un essai sur la
durée et le concept d’une génération. Il porte un grand intérêt statistique et démographique à
son étude en y introduisant la généalogie, ne prenant en compte que les hommes en laissant de
coté les mères et les sociétés polygames. Il obtient des durées allant de 32 ans et demi à 39
ans. Son grand intérêt pour les statistiques et la généalogie font en sorte que le terme de
génération semble alors superflu, celui-ci ayant pour objet la connaissance.
Ainsi la notion de génération disparaitra au début du XXe siècle de l’histoire, car on
estimait le terme de démographie plus approprié et «le meilleur instrument d’analyse pour
l’histoire» selon P. Chaunu, car la démographie traite de l’évolution des populations, de la
succession des générations. Les théories des générations portaient surtout sur l’esprit et son
évolution ainsi que celle de la culture générale. Le terme de génération utilisé en histoire ne
servait en fait que de mètre de l’histoire, ce qui explique son éclipse au profit de la
démographie.
Les générations contemporaines: la régulation sociale des âges
Le terme de génération ressurgira dans les sciences humaines vers les années 50 avec
le souci de définir, non plus l’histoire, mais l’organisation sociale dans des champs de la
sociologie de la famille et des âges. Ainsi, dans l’étude de l’organisation sociale on prendra en
compte les groupes sociaux, leurs rapports entre eux et leurs représentations sociales.