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Développement durable : un concept à
(re)découvrir
jeudi 26 novembre 2015, par Cécile de Schoutheete
Dans mon exploration de la thématique développement durable, j’avais envie de vous proposer
des extraits du petit livre « Le Développement durable : entre mythe et utopie » publié en 2009
par Paul-Marie Boulanger de l’Institut du Développement durable.
A force d’être utilisé à toutes les sauces, le terme développement durable peut paraître au mieux creux,
au pire suspect de recouvrir d’une mince couche verte la poursuite du « business as usual ». On lui
préfère de plus en plus le terme de « transition ». On aurait pourtant tort de balayer trop vite le concept
du « développement durable » qui est peut-être victime de son succès.
Le texte de Paul-Marie Boulanger propose (entre autre) un retour sur le contexte historique de
l’émergence du concept, sa spécificité par rapport aux autres discours sur l’environnement et sa
signification pour ces auteurs. De quoi (re)découvrir le développement durable qui est au final encore
souvent mal compris et surtout trop peu mis en pratique.
La naissance d’un nouveau discours
L’émergence du concept et du discours du développement durable ne se comprend qu’en référence aux
autres concepts et aux autres discours sur l’économie et l’environnement qui préexistaient à son
apparition et qu’il avait l’ambition de dépasser ou d’englober.
En 1983, les Nations unies créent la Commission pour l’Environnement et le Développement qui devait
véritablement officialiser le concept de Développement Durable. A ce moment, le monde est encore – mais
plus pour longtemps– divisé en deux grands blocs. Parallèlement à cet axe capitalisme-socialisme, et
intimement lié à celui-ci, le monde s’articule autour de deux visions opposées du développement et du
sous-développement avec, d’un côté, la triade « croissance-modernisation-capitalisme » et, de l’autre, la
triade « colonialisme-libération-socialisme ». Au moment où l’idée de développement durable commence
son existence, d’abord souterraine, puis très rapidement au grand jour, ces grands mythes historiques qui
ont animé jusqu’alors les politiques nationales et les relations internationales sont en perte de vitesse.
Un des facteurs, peut-être le plus puissant, de leur décrédibilisation est l’irruption de l’environnement
naturel sur la scène publique, déboulant comme un chien dans le jeu de quilles ritualisé de la rivalité
Est-Ouest, du clivage Gauche-Droite et des tensions Nord-Sud. La puissance de ce facteur tient à ce qu’il
les renvoie dos à dos, chacun d’entre eux ayant une part de responsabilité dans l’état de plus en plus
inquiétant de l’environnement.
Si la montée en puissance de ces discours sur l’environnement posait un défi considérable aux institutions
des Nations unies focalisées jusqu’ici sur leurs objectifs de paix mondiale et de développement
économique, elle leur offrait une occasion unique de dépasser les clivages idéologiques et géo-politiques