SOMMAIRE «DEPENDANCES»
Introduction ...2
Concepts philosophiques
autour du plaisir ...3
Une brève histoire de drogues ...3
Désir, plaisir et dépendances ...4
Dépendance et addiction:
qu’est-ce que la recherche
nous apprend ? ...6
Risques médicaux liés à la consom-
mation abusive de drogues ...9
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>Risques psychiatriques liés
à la consommation abusive
de drogues ...10
>Actualités ...11
>Autres ...12
EDAB INFOS
Avril 2008
Le but du projet de l’EDAB est de mettre à la portée du public des
informations concernant les découvertes récentes dans le domaine
des neurosciences, tant en ce qui concerne le cerveau sain que les
maladies y relatives.
Fondée en 1997 la European Dana Alliance for the Brain (EDAB)
regroupe plus de 180 éminents spécialistes en neurosciences de
27 pays, dont 5 Prix Nobel. Ceux-ci ont signé une Déclaration
définissant les buts à atteindre par la recherche, que ce soit sur le
cerveau sain ou sur les causes, le diagnostic et la prévention des
maladies neurologiques et psychiatriques. Ils sont en outre impli-
qués dans le domaine de la communication au public.
La manifestation la plus importante mise sur pied chaque an-
née au mois de mars par l’EDAB, en partenariat avec les socié-
tés nationales de neurosciences, est la Semaine internationale du
cerveau qui a lieu dans plus de 65 pays du monde entier. A travers
des conférences, des forums publics, des expositions, des portes
ouvertes dans les laboratoires, des interventions dans les écoles
par les chercheurs, le public a accès à une palette d’informations
très diversifiée dans le domaine des neurosciences. De plus, l’EDAB
participe à la diffusion des informations concernant les neuro-
sciences par la publication de nombreuses brochures
Editeur:
European Dana Alliance for the Brain
(EDAB)
Département de Psychiatrie / CHUV
Centre de Neurosciences Psychiatriques
Site de Cery
1008 Prilly / Lausanne
Fax : 021 643 69 50
Internet: www.edab.net
1
Bulletin d’information dans le domaine
des neurosciences
Deuxième édition: Les dépendances
Le bulletin « EDAB Infos » est né du souhait de proposer au corps
enseignant un petit dossier de ressources et d’idées sur un thème de
neurosciences. La « European Dana Alliance for the Brain » (EDAB)
désire vous offrir une source d’inspiration pouvant susciter le
débat dans des branches allant de la biologie à la physique, en
passant par le français ou l’histoire, entre autres. Vous pourrez
puiser de nombreuses données parmi un choix de références tirées
de magazines, livres, sites internet, etc. Des informations complè-
teront cette brochure au gré des publications et des événements
d’actualité.
EDAB est heureuse de vous présenter le deuxième numéro
d’ « EDAB INFOS » consacré aux « Dépendances », et espère ainsi
répondre à l’intérêt de nombreux enseignants pour les neuro-
sciences.
(edab.
dana.org/welcome_fr.cfm).
f. www.museum-marseille.org/
marseille_cerveau_types_drogues.htm
Réf. www.medisite.fr/medisite/
-Drogues-et-dependances-.html
Avril 2008
f. http://info.sosblog.fr/
espace-eleves-b4/Minoc-
Aziliz-b4c20.htm
Introduction
L’addiction est un trouble psychiatrique chronique qui se caractérise
par des rechutes régulières entrecoupées de périodes d’abstinence. L’hy-
pothèse actuelle suggère que les drogues modifient le fonctionnement
normal du cerveau et détournent le système de récompense cérébral de
sorte que l’idéation de la drogue devient l’unique source d’intérêt et de
motivation. La recherche et la consommation passent peu à peu d’une
envie irrépressible à un besoin pathologique et compulsif, et ce malgré
les conséquences délétères sur la santé et l’intégration sociale.
La notion de dépendance est étroitement associée à la définition de
l’addiction et se réfère à un état d’intoxication chronique. En effet, le
spectre de la dépendance est masqué par la consommation régulière
et n’apparaît de façon flagrante que lorsque l’organisme est privé de
la substance régulièrement consommée. La cessation brutale de cette
consommation entraîne l’apparition d’un syndrome de sevrage, ou crise
de manque, composé d’un vaste ensemble de symptômes plus ou moins
graves touchant le plus souvent la santé mentale (dépendance psycholo-
gique), parfois la santé de l’organisme (dépendance physique). En règle
générale, le sevrage est une période transitoire n’excédant pas plusieurs
jours, le temps nécessaire pour que l’organisme retrouve un fonction-
nement adéquat en absence du produit précédemment consommé. La
dépendance n’explique pas la rechute qui peut intervenir après des se-
maines, des mois ou même après des années d’abstinence, c’est pour
cette raison que la dépendance ne représente qu’une composante de
l’addiction.
En outre, l’addiction ne se réfère pas uniquement à l’idéation d’une
substance. On parle d’addiction comportementale lorsqu’une activité
particulière devient le centre d’intérêt unique d’un individu (elle le
coupe du reste du monde) et que l’accomplissement compulsif de cette
activité persiste au point de représenter une source de conflits majeurs,
voire de mise en danger de la personne. Tel en est le cas pour l’acti-
vité sportive excessive, le jeu pathologique, le sexe pathologique ou la
cyberdépendance.
De nos jours, l’addiction est considérée comme une maladie à part entre,
et non plus comme un vice. Les progrès de la neurobiologie, de l’ima-
gerie cérébrale, de la génétique et de la neuropsychologie ont permis
de mettre en évidence que nous ne sommes pas tous égaux devant les
drogues, et que l’addiction est clairement le fruit d’une interaction
entre le patrimoine génétique et l’environnement ou le vécu d’un indi-
vidu. Le taux de récidive très élevé après une période d’abstinence et/ou
de désintoxication marque le douloureux constat des limites des connais-
sances et des moyens thérapeutiques. Ainsi, l’identification des facteurs
génétiques et environnementaux, ainsi qu’une meilleure connaissance
des structures cérébrales responsables de la vulnérabilité au risque de
rechute est cruciale pour le développement de nouveaux traitements
susceptibles d’enrayer le cycle infernal de l’addiction.
Pour en savoir plus:
www.primary-care.ch/pdf/2003/2003-03/2003-03-259.pdf
http://lecerveau.mcgill.ca/ash/d/d_03/d_03_cr/d_03_cr_par/d_03_cr_par.html
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Les principales régions productrices de
cannabis, opium et coca
Réf. http://infosdrogues.free.fr/
Avril 2008
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Une brève histoire des drogues
L’usage de substances psychotropes, c’est-à-dire de substances modifiant
l’humeur ou le fonctionnement de la pensée, se retrouve dans toutes
les cultures et à toutes les époques. Que ce soit à des fins thérapeu-
tiques, lors de cérémonies religieuses ou lors de rituels initiatiques ou
plus simplement par tradition, la consommation de psychotropes, com-
me la feuille de coca, le haschisch ou les boissons alcoolisées, accompa-
gne l’histoire de l’humanité reflétant de fait les premières connaissan-
ces humaines en alchimie et en botanique. Les progrès de la chimie du
XIXème siècle et la possibilité d’extraire les principes actifs contenus dans
certaines plantes (comme la cocaïne et la morphine), ou la possibilité de
synthétiser de nouvelles substances (comme l’héroïne dérivée de la mor-
phine ou les amphétamines) ont radicalement transformé la pratique
de la médecine. En outre, l’invention de la seringue hypodermique a
révolutionné la chirurgie sur les champs de bataille en Amérique (guerre
de sécession) et en Europe (guerre de 1870). Or la manifestation du mal
du soldat s’est bientôt étendue à la vie civile chez de nombreux patients,
qui souffrant d’une mutilation ou d’une amputation, étaient traités avec
des doses massives de morphine ou d’héroïne. L’usage médical s’est vu
emporté par une spirale de consommations abusives dont les consé-
quences étaient le plus souvent dramatiques. Freud a également vanté
les mérites de la cocaïne avant de se rendre compte des dangers de sa
consommation excessive. De même, les amphétamines étaient encore au
Concepts philosophiques autour du plaisir
L’addiction n’est pas un trouble de plaisir mais bel et bien une patho-
logie de l’envie. Toutefois, sans quête de plaisir, il n’y a ni motivation,
ni désir. Autrement dit, le moteur de toute motivation est justement la
satisfaction d’une envie ou d’un désir, ce qui se traduit par la manifes-
tation subjective de la sensation de plaisir. De nombreux philosophes
se sont penchés sur les notions de plaisir et de souffrance. La quête du
plaisir et l’évitement de la souffrance étaient considérés par Aristippe de
Cyrène (435 à 366 av. J.-C.) ou Epicure (-342 à –270 av. J.-C.), comme des
valeurs essentielles donnant un sens à la vie. La philosophie du plaisir
a ensuite été rejetée pendant le Moyen-Âge à cause de son incompa-
tibilité avec les interprétations religieuses de lépoque, pour ne réappartre
qu’à partir du XVIIème et XVIIIème siècle à travers des philosophes tels
Locke, Hume et Diderot. Leurs idées donneront naissance à une ap-
proche nouvelle qui définit la recherche du plaisir comme une valeur
utile, apportant le bien-être de l’individu et de la collectivité en géné-
ral.
Pour en savoir plus:
http://lecerveau.mcgill.ca/ash/d/d_03/d_03_s/d_03_s_que/d_03_s_que.html
http://lecerveau.mcgill.ca/ash/a/a_03/a_03_p/a_03_p_par/a_03_p_par.html
Réf. www.memo.fr/Dossier.asp
?ID=398
John Locke, philosophe...
Avril 2008
Désir, plaisir et dépendance
Si le moteur de toute motivation est la satisfaction d’une envie ou d’un
désir, on peut imaginer que le cerveau est capable d’anticiper la mani-
festation subjective de la sensation de plaisir. Clairement, il existe dans
le cerveau un ensemble de structures capables d’intégrer les besoins de
l’organisme. C’est ainsi que la régulation de la faim, de la soif, de la
température corporelle vont entraîner l’exécution de comportements
appropriés pour répondre aux besoins vitaux de l’organisme. Au milieu
des années 1950, Olds et Milner ont mis en évidence que des rats étaient
capables de fournir un effort considérable pour stimuler électriquement
certaines parties de leur cerveau. La démonstration, également repro-
duite chez l’homme, a permis de développer le concept d’un réseau neu-
ronal responsable d’une fonction de récompense cérébrale. C’est cette
fonction qui pousse à la réalisation d’un objectif donné. Elle peut gros-
sièrement se comparer au corrélat neurobiologique de la recherche de
gratification, c’est-à-dire la volonté d’obtenir ou d’assouvir un objet de
satisfaction, état d’esprit souvent lié à une certaine forme d’exaltation,
voire d’excitation.
4
INFO
TOX
?
Des traces
de certaines
drogues
peuvent être
détectées dans
les cheveux.
Vrai ou faux?
(Réponse à la page 13)
début du XXème siècle le seul remède efficace contre les crises d’asthme
souvent mortelles à cette époque.
Il est aujourd’hui difficile d’expliquer l’interdiction d’une substance psy-
chotrope uniquement par le risque de dépendance que sa consommation
peut entraîner. L’alcool et le tabac par exemple peuvent conduire à une
certaine forme d’aliénation (tabagisme excessif et alcoolisme) pouvant
entraîner de graves complications de santé, éventuellement mortelles à
plus long terme, sans que leur commerce soit prohibé.
Pour en savoir plus (Internet):
http://lecerveau.mcgill.ca/ash/d/d_03/d_03_s/d_03_s_par/d_03_s_par.html
http://droguesetcerveau.free.fr/Intro.html
Pour en savoir plus (sur papier):
Hostettmann K (2002) Tout savoir sur les plantes qui deviennent des drogues.
Editions Favre (livre)
Rosenzweig M (1998) Les drogues dans l’histoire, entre remède et poison.
Editions De Boeck Université (livre)
Rivier L (2006) CANNABIS.CH. Aspects ethnotoxicologiques du chanvre
en Suisse. Editions du Flon (livre)
Richard D (1994) La coca et la cocaïne. Collection « Que sais-je ? »
Editions Presses Universitaires de France (livre)
Senon J-L, Richard D (2002) Le cannabis. Collection « Que sais-je ? »
Editions Presses Universitaires de France (livre)
Réf. www.toxicoquebec.com/actus/
index.php?2006/04/24/1137-drogues-
plaisir-et-douleur
Réf. www.3dchem.com/molecules.
asp?ID=289
Avril 2008
5
Historiquement, un neuromédiateur a été associé à la fonction de ré-
compense cérébrale et à la motivation : la dopamine (DA). La dopamine
n’est pas le seul neurotransmetteur impliqué dans la régulation de la
fonction de récompense cérébrale, mais en représente néanmoins un
élément important. De nombreux auteurs ont, en effet, confirmé l’étroite
corrélation entre libération de dopamine et comportements motivés
(recherche d’eau, de nourriture, de partenaire sexuel). On considère
aujourd’hui que la dopamine n’est pas le neurotransmetteur du plaisir,
mais confère plutôt une valeur particulière à une stimulation sensorielle,
émotionnelle ou affective reconnue comme pertinente pour le bien-être
de l’individu ou de l’animal. De cette façon, la fonction de récompense
renforce l’intérêt porté à tout de ce qui peut apporter du plaisir et favo-
rise l’apprentissage de la meilleure façon d’y parvenir. Egalement, elle
va conditionner le comportement volontaire et la prise de décision en
fonction de la balance entre les bénéfices et les risques d’une action et
enfin conforter la sensation de bien-être et les émotions positives.
Ainsi quand une personne mange par exemple une nourriture qui lui
est agréable, son cerveau interprète une multitude de signaux internes
et externes, prenant ainsi en compte son appétit bien sûr, mais aussi le
contexte de la situation (par exemple le restaurant, les convives, l’oc-
casion du repas…), la saveur du plat, la qualité du service, le prix de
l’addition, … Le tout est intégré et retenu par le cerveau afin de répéter
ou non cette expérience. Il est en de même pour le nourrisson qui va
trouver le réconfort et la satiété au contact du sein maternel, ce qui le
poussera à retenir l’enchaînement des actions qui ont conduit à la pré-
sence de cette mère nourricière.
Le cerveau est capable de s’adapter à une multitude de situations et
peut retenir d’innombrables sources de plaisir ou de bien-être (aliments,
boissons, activités professionnelles, sportives, ludiques, musique, spec-
tacle, lecture, relations affectives, amicales, sentimentales ou sexuelles,
…). Les difficultés apparaissent lorsqu’une seule source de plaisir attire
l’attention exclusive de la pensée. Au fur et à mesure que la satisfaction
d’un individu ne dépend plus que d’une seule source (que ce soit une
activité ou une substance) et que cet individu se coupe de tout lien avec
l’extérieur, alors le normal laisse place au pathologique, et l’addiction
vient gangrener la vie de cette personne.
A l’origine d’un tel glissement, il y a notamment une réponse exagérée
de la fonction de récompense cérébrale qui confère une valeur exagé-
rément importante à la substance ou à l’activité incriminée. Dans le cas
des drogues, il y a justement un court-circuit dramatique des structures
cérébrales impliquées dans le traitement de la fonction de récompense.
La lente alchimie cérébrale qui conduit normalement à apprécier et à
ne pas oublier une situation, une relation ou une consommation est dé-
passée à une explosion fulgurante et retentissante lorsque le cerveau
est immergé par une substance toxicomanogène. Comme un coup de
foudre, l’attention devient de plus en plus accaparée, et tout ce qui peut
rappeler la drogue est incrusté dans le cerveau et revient hanter réguliè-
rement l’esprit du toxicomane.
Dopamine
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