Avril 2008 EDAB INFOS SOMMAIRE «DEPENDANCES» > Introduction ...2 > Concepts philosophiques autour du plaisir ...3 > Une brève histoire de drogues ...3 > Désir, plaisir et dépendances ...4 > Dépendance et addiction: qu’est-ce que la recherche nous apprend ? ...6 > Risques médicaux liés à la consommation abusive de drogues ...9 > Risques psychiatriques liés à la consommation abusive de drogues ...10 > Actualités ...11 Bulletin d’information dans le domaine des neurosciences Deuxième édition: Les dépendances Le bulletin « EDAB Infos » est né du souhait de proposer au corps enseignant un petit dossier de ressources et d’idées sur un thème de neurosciences. La « European Dana Alliance for the Brain » (EDAB) désire vous offrir une source d’inspiration pouvant susciter le débat dans des branches allant de la biologie à la physique, en passant par le français ou l’histoire, entre autres. Vous pourrez puiser de nombreuses données parmi un choix de références tirées de magazines, livres, sites internet, etc. Des informations complèteront cette brochure au gré des publications et des événements d’actualité. EDAB est heureuse de vous présenter le deuxième numéro d’ « EDAB INFOS » consacré aux « Dépendances », et espère ainsi répondre à l’intérêt de nombreux enseignants pour les neurosciences. > Autres ...12 Le but du projet de l’EDAB est de mettre à la portée du public des informations concernant les découvertes récentes dans le domaine des neurosciences, tant en ce qui concerne le cerveau sain que les maladies y relatives. Fondée en 1997 la European Dana Alliance for the Brain (EDAB) regroupe plus de 180 éminents spécialistes en neurosciences de 27 pays, dont 5 Prix Nobel. Ceux-ci ont signé une Déclaration définissant les buts à atteindre par la recherche, que ce soit sur le cerveau sain ou sur les causes, le diagnostic et la prévention des maladies neurologiques et psychiatriques. Ils sont en outre impliqués dans le domaine de la communication au public. Editeur: European Dana Alliance for the Brain (EDAB) Département de Psychiatrie / CHUV Centre de Neurosciences Psychiatriques Site de Cery 1008 Prilly / Lausanne Fax : 021 643 69 50 e-mail : [email protected] Internet: www.edab.net La manifestation la plus importante mise sur pied chaque année au mois de mars par l’EDAB, en partenariat avec les sociétés nationales de neurosciences, est la Semaine internationale du cerveau qui a lieu dans plus de 65 pays du monde entier. A travers des conférences, des forums publics, des expositions, des portes ouvertes dans les laboratoires, des interventions dans les écoles par les chercheurs, le public a accès à une palette d’informations très diversifiée dans le domaine des neurosciences. De plus, l’EDAB participe à la diffusion des informations concernant les neurosciences par la publication de nombreuses brochures (edab. dana.org/welcome_fr.cfm). 1 Avril 2008 Introduction L ’addiction est un trouble psychiatrique chronique qui se caractérise Réf. http://info.sosblog.fr/ espace-eleves-b4/MinocAziliz-b4c20.htm Réf. www.medisite.fr/medisite/ -Drogues-et-dependances-.html Les principales régions productrices de cannabis, opium et coca Réf. www.museum-marseille.org/ marseille_cerveau_types_drogues.htm par des rechutes régulières entrecoupées de périodes d’abstinence. L’hypothèse actuelle suggère que les drogues modifient le fonctionnement normal du cerveau et détournent le système de récompense cérébral de sorte que l’idéation de la drogue devient l’unique source d’intérêt et de motivation. La recherche et la consommation passent peu à peu d’une envie irrépressible à un besoin pathologique et compulsif, et ce malgré les conséquences délétères sur la santé et l’intégration sociale. La notion de dépendance est étroitement associée à la définition de l’addiction et se réfère à un état d’intoxication chronique. En effet, le spectre de la dépendance est masqué par la consommation régulière et n’apparaît de façon flagrante que lorsque l’organisme est privé de la substance régulièrement consommée. La cessation brutale de cette consommation entraîne l’apparition d’un syndrome de sevrage, ou crise de manque, composé d’un vaste ensemble de symptômes plus ou moins graves touchant le plus souvent la santé mentale (dépendance psychologique), parfois la santé de l’organisme (dépendance physique). En règle générale, le sevrage est une période transitoire n’excédant pas plusieurs jours, le temps nécessaire pour que l’organisme retrouve un fonctionnement adéquat en absence du produit précédemment consommé. La dépendance n’explique pas la rechute qui peut intervenir après des semaines, des mois ou même après des années d’abstinence, c’est pour cette raison que la dépendance ne représente qu’une composante de l’addiction. En outre, l’addiction ne se réfère pas uniquement à l’idéation d’une substance. On parle d’addiction comportementale lorsqu’une activité particulière devient le centre d’intérêt unique d’un individu (elle le coupe du reste du monde) et que l’accomplissement compulsif de cette activité persiste au point de représenter une source de conflits majeurs, voire de mise en danger de la personne. Tel en est le cas pour l’activité sportive excessive, le jeu pathologique, le sexe pathologique ou la cyberdépendance. De nos jours, l’addiction est considérée comme une maladie à part entière, et non plus comme un vice. Les progrès de la neurobiologie, de l’imagerie cérébrale, de la génétique et de la neuropsychologie ont permis de mettre en évidence que nous ne sommes pas tous égaux devant les drogues, et que l’addiction est clairement le fruit d’une interaction entre le patrimoine génétique et l’environnement ou le vécu d’un individu. Le taux de récidive très élevé après une période d’abstinence et/ou de désintoxication marque le douloureux constat des limites des connaissances et des moyens thérapeutiques. Ainsi, l’identification des facteurs génétiques et environnementaux, ainsi qu’une meilleure connaissance des structures cérébrales responsables de la vulnérabilité au risque de rechute est cruciale pour le développement de nouveaux traitements susceptibles d’enrayer le cycle infernal de l’addiction. Pour en savoir plus: www.primary-care.ch/pdf/2003/2003-03/2003-03-259.pdf http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03/d_03_cr/d_03_cr_par/d_03_cr_par.html 2 Avril 2008 Concepts philosophiques autour du plaisir L ’addiction n’est pas un trouble de plaisir mais bel et bien une patho- John Locke, philosophe... Réf. www.memo.fr/Dossier.asp ?ID=398 logie de l’envie. Toutefois, sans quête de plaisir, il n’y a ni motivation, ni désir. Autrement dit, le moteur de toute motivation est justement la satisfaction d’une envie ou d’un désir, ce qui se traduit par la manifestation subjective de la sensation de plaisir. De nombreux philosophes se sont penchés sur les notions de plaisir et de souffrance. La quête du plaisir et l’évitement de la souffrance étaient considérés par Aristippe de Cyrène (435 à 366 av. J.-C.) ou Epicure (-342 à –270 av. J.-C.), comme des valeurs essentielles donnant un sens à la vie. La philosophie du plaisir a ensuite été rejetée pendant le Moyen-Âge à cause de son incompatibilité avec les interprétations religieuses de l’époque, pour ne réapparaître qu’à partir du XVIIème et XVIIIème siècle à travers des philosophes tels Locke, Hume et Diderot. Leurs idées donneront naissance à une approche nouvelle qui définit la recherche du plaisir comme une valeur utile, apportant le bien-être de l’individu et de la collectivité en général. Pour en savoir plus: http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03/d_03_s/d_03_s_que/d_03_s_que.html http://lecerveau.mcgill.ca/flash/a/a_03/a_03_p/a_03_p_par/a_03_p_par.html Une brève histoire des drogues L’usage de substances psychotropes, c’est-à-dire de substances modifiant Réf. http://infosdrogues.free.fr/ l’humeur ou le fonctionnement de la pensée, se retrouve dans toutes les cultures et à toutes les époques. Que ce soit à des fins thérapeutiques, lors de cérémonies religieuses ou lors de rituels initiatiques ou plus simplement par tradition, la consommation de psychotropes, comme la feuille de coca, le haschisch ou les boissons alcoolisées, accompagne l’histoire de l’humanité reflétant de fait les premières connaissances humaines en alchimie et en botanique. Les progrès de la chimie du XIXème siècle et la possibilité d’extraire les principes actifs contenus dans certaines plantes (comme la cocaïne et la morphine), ou la possibilité de synthétiser de nouvelles substances (comme l’héroïne dérivée de la morphine ou les amphétamines) ont radicalement transformé la pratique de la médecine. En outre, l’invention de la seringue hypodermique a révolutionné la chirurgie sur les champs de bataille en Amérique (guerre de sécession) et en Europe (guerre de 1870). Or la manifestation du mal du soldat s’est bientôt étendue à la vie civile chez de nombreux patients, qui souffrant d’une mutilation ou d’une amputation, étaient traités avec des doses massives de morphine ou d’héroïne. L’usage médical s’est vu emporté par une spirale de consommations abusives dont les conséquences étaient le plus souvent dramatiques. Freud a également vanté les mérites de la cocaïne avant de se rendre compte des dangers de sa consommation excessive. De même, les amphétamines étaient encore au 3 Avril 2008 TOX? IN FO Des traces de certaines drogues peuvent être détectées dans les cheveux. Vrai ou faux? (Réponse à la page 13) début du XXème siècle le seul remède efficace contre les crises d’asthme souvent mortelles à cette époque. Il est aujourd’hui difficile d’expliquer l’interdiction d’une substance psychotrope uniquement par le risque de dépendance que sa consommation peut entraîner. L’alcool et le tabac par exemple peuvent conduire à une certaine forme d’aliénation (tabagisme excessif et alcoolisme) pouvant entraîner de graves complications de santé, éventuellement mortelles à plus long terme, sans que leur commerce soit prohibé. Pour en savoir plus (Internet): http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03/d_03_s/d_03_s_par/d_03_s_par.html http://droguesetcerveau.free.fr/Intro.html Pour en savoir plus (sur papier): Hostettmann K (2002) Tout savoir sur les plantes qui deviennent des drogues. Editions Favre (livre) Rosenzweig M (1998) Les drogues dans l’histoire, entre remède et poison. Editions De Boeck Université (livre) Rivier L (2006) CANNABIS.CH. Aspects ethnotoxicologiques du chanvre en Suisse. Editions du Flon (livre) Richard D (1994) La coca et la cocaïne. Collection « Que sais-je ? » Editions Presses Universitaires de France (livre) Senon J-L, Richard D (2002) Le cannabis. Collection « Que sais-je ? » Editions Presses Universitaires de France (livre) Désir, plaisir et dépendance Si le moteur de toute motivation est la satisfaction d’une envie ou d’un désir, on peut imaginer que le cerveau est capable d’anticiper la manifestation subjective de la sensation de plaisir. Clairement, il existe dans le cerveau un ensemble de structures capables d’intégrer les besoins de l’organisme. C’est ainsi que la régulation de la faim, de la soif, de la température corporelle vont entraîner l’exécution de comportements appropriés pour répondre aux besoins vitaux de l’organisme. Au milieu des années 1950, Olds et Milner ont mis en évidence que des rats étaient capables de fournir un effort considérable pour stimuler électriquement certaines parties de leur cerveau. La démonstration, également reproduite chez l’homme, a permis de développer le concept d’un réseau neuronal responsable d’une fonction de récompense cérébrale. C’est cette fonction qui pousse à la réalisation d’un objectif donné. Elle peut grossièrement se comparer au corrélat neurobiologique de la recherche de gratification, c’est-à-dire la volonté d’obtenir ou d’assouvir un objet de satisfaction, état d’esprit souvent lié à une certaine forme d’exaltation, voire d’excitation. 4 Avril 2008 Dopamine Réf. www.3dchem.com/molecules. asp?ID=289 Réf. www.toxicoquebec.com/actus/ index.php?2006/04/24/1137-droguesplaisir-et-douleur Historiquement, un neuromédiateur a été associé à la fonction de récompense cérébrale et à la motivation : la dopamine (DA). La dopamine n’est pas le seul neurotransmetteur impliqué dans la régulation de la fonction de récompense cérébrale, mais en représente néanmoins un élément important. De nombreux auteurs ont, en effet, confirmé l’étroite corrélation entre libération de dopamine et comportements motivés (recherche d’eau, de nourriture, de partenaire sexuel). On considère aujourd’hui que la dopamine n’est pas le neurotransmetteur du plaisir, mais confère plutôt une valeur particulière à une stimulation sensorielle, émotionnelle ou affective reconnue comme pertinente pour le bien-être de l’individu ou de l’animal. De cette façon, la fonction de récompense renforce l’intérêt porté à tout de ce qui peut apporter du plaisir et favorise l’apprentissage de la meilleure façon d’y parvenir. Egalement, elle va conditionner le comportement volontaire et la prise de décision en fonction de la balance entre les bénéfices et les risques d’une action et enfin conforter la sensation de bien-être et les émotions positives. Ainsi quand une personne mange par exemple une nourriture qui lui est agréable, son cerveau interprète une multitude de signaux internes et externes, prenant ainsi en compte son appétit bien sûr, mais aussi le contexte de la situation (par exemple le restaurant, les convives, l’occasion du repas…), la saveur du plat, la qualité du service, le prix de l’addition, … Le tout est intégré et retenu par le cerveau afin de répéter ou non cette expérience. Il est en de même pour le nourrisson qui va trouver le réconfort et la satiété au contact du sein maternel, ce qui le poussera à retenir l’enchaînement des actions qui ont conduit à la présence de cette mère nourricière. Le cerveau est capable de s’adapter à une multitude de situations et peut retenir d’innombrables sources de plaisir ou de bien-être (aliments, boissons, activités professionnelles, sportives, ludiques, musique, spectacle, lecture, relations affectives, amicales, sentimentales ou sexuelles, …). Les difficultés apparaissent lorsqu’une seule source de plaisir attire l’attention exclusive de la pensée. Au fur et à mesure que la satisfaction d’un individu ne dépend plus que d’une seule source (que ce soit une activité ou une substance) et que cet individu se coupe de tout lien avec l’extérieur, alors le normal laisse place au pathologique, et l’addiction vient gangrener la vie de cette personne. A l’origine d’un tel glissement, il y a notamment une réponse exagérée de la fonction de récompense cérébrale qui confère une valeur exagérément importante à la substance ou à l’activité incriminée. Dans le cas des drogues, il y a justement un court-circuit dramatique des structures cérébrales impliquées dans le traitement de la fonction de récompense. La lente alchimie cérébrale qui conduit normalement à apprécier et à ne pas oublier une situation, une relation ou une consommation est dépassée à une explosion fulgurante et retentissante lorsque le cerveau est immergé par une substance toxicomanogène. Comme un coup de foudre, l’attention devient de plus en plus accaparée, et tout ce qui peut rappeler la drogue est incrusté dans le cerveau et revient hanter régulièrement l’esprit du toxicomane. 5 Avril 2008 Pour en savoir plus (Internet): http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03/d_03_p/d_03_p_par/d_03_p_par.html http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03/d_03_cl/d_03_cl_par/d_03_cl_par.html www.wadsworth.com/psychology_d/templates/student_resources/ 0155060678_rathus/ps/ps02.html (en anglais) Pour en savoir plus (sur papier): Olds J, Milner P (1954) Positive reinforcement produced by electrical stimulation of septal area and other regions of rat brain. J Comp Physiol Psychol. 47 : 419-27. Wise RA (2004) Dopamine, learning and motivation. Nat Rev Neurosci. 5 : 483-494. Réf. www.nida.nih.gov/ Dépendance et addiction: qu’est-ce que la recherche nous apprend ? Le cerveau est composé entre autres d’environ 100 milliards de cellules Réf. http://droguesetcerveau.free.fr/ nerveuses et chaque neurone peut émettre jusqu’à 10 000 contacts avec d’autres neurones. La fonction du neurone est d’intégrer les informations qu’il reçoit et de les communiquer à d’autres neurones. La morphologie du neurone est particulière : chaque cellule est composée d’un corps cellulaire central où se trouve l’ADN et de prolongements périphériques qui permettent les nombreuses connections aux autres neurones. On parle d’arborisations dendritiques et de réseaux neuronaux. L’information transite dans les réseaux généralement sous deux formes distinctes: sous forme électrique (à l’intérieur du neurone) et sous forme chimique (au point de contact entre deux neurones, appelé synapse). C’est à ce niveau que le neurone pré-synaptique libère ses neurotransmetteurs que le neurone post-synaptique va détecter grâce à des récepteurs localisés à sa surface. En interférant avec le processus de libération au niveau pré-synaptique ou avec la fixation des neurotransmetteurs au niveau post-synaptique, les substances psychotropes perturbent le système de communication entre les cellules nerveuses et modifient le fonctionnement de la pensée. Toute perturbation du fonctionnement de la pensée par des substances psychoactives ne se traduit pas forcément par le risque de développer une addiction. Les antidépresseurs et les neuroleptiques ne sont pas source de dépendance, et les sédatifs ou anxiolytiques ne le sont pas systématiquement. Pour qu’une addiction se développe, il faut que le système de récompense cérébral soit altéré. C’est une observation que la neuropharmacologie a permis de démontrer : toutes les substances pouvant mener à 6 Avril 2008 Réf. www.danger-sante.org/ category/tabac/ une consommation abusive (alcool, cocaïne, crack, amphétamine, méthamphétamine, héroïne, morphine, nicotine, cannabis, champignons hallucinogènes, GHB, LSD, ecstasy, solvants inhalés ou colles, et même la caféine) ont comme point commun d’altérer, directement ou indirectement, la fonction de récompense cérébrale. Plusieurs théories se complètent, parfois s’opposent, pour expliquer les troubles neurobiologiques associés à la manifestation de la pathologie addictive. L’accent, pour certains scientifiques, est mis sur la sensibilisation de la fonction de récompense, ce qui traduit le fait que les structures cérébrales se cristallisent autour de tout ce qui a trait à la drogue, de sorte que chaque consommation accentue l’attirance pour la drogue, et conditionne une hypermotivation pour la consommation suivante via une incrustation aberrante et indélébile de la recherche de drogue dans la mémoire. Pour d’autres chercheurs, la répétition régulière de l’usage de drogue entraîne une forme d’automatisation gestuelle et comportementale, avec une déconnexion du cortex préfrontal (siège de la réflexion) qui ne parvient plus à entraver cette habitude conditionnée. Il est également mis en avant que la fonction de récompense tend à s’adapter aux stimulations excessives engendrées par l’usage de drogue, et développe un ensemble de contre-régulations sensées s’opposer aux effets de la drogue. Pour certains scientifiques, c’est cette levée de boucliers qui entraîne les souffrances morales et physiques que rencontrent les toxicomanes. Enfin, quelques chercheurs proposent que la fonction de récompense cérébrale soit composée d’une structure codant pour la recherche de récompense à court terme et d’une autre structure codant pour la recherche de récompense à long terme. Les drogues amplifieraient le fonctionnement à court terme en négligeant le long terme, d’où une forme de myopie quant aux conséquences futures liées à la consommation excessive de drogue. Pour en savoir plus (Internet): Réf. www.ies-geneve.ch/questiondrogue/index.html www.apteronote.com/revue/neurone/printer_77.shtml http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03/d_03_cr/d_03_cr_par/d_03_cr_par.html http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03/d_03_cr/d_03_cr_que/d_03_cr_que.html http://lecerveau.mcgill.ca/flash/d/d_03/d_03_cl/d_03_cl_que/d_03_cl_que.html www.who.int/substance_abuse/publications/en/Neuroscience_F.pdf www.drogues-dependance.fr/ www.romandieaddiction.ch/textes/flash/200203_flash.pdf 7 Avril 2008 Pour en savoir plus (sur papier): Balland B, Lüscher C (2007) L’addiction: une maladie de l’apprentissage et de la mémoire. Dépendances. N°31, p18-19 (revue). Dépendances, pourquoi nous ne sommes pas tous égaux. Science et Vie. N° 1076, Mai 2007, p70-71 (revue). Kalivas PW and Volkov ND (2005) The neural basis of addiction: a pathology of motivation and choice. American Journal of Psychiatry. Vol°162, N°8, p1403-13 (revue spécialisée). Feuilles de cannabis Réf. www.prevention.ch/ cannabisenparlerauxados.htm A méditer... « Le dernier degré du bonheur est l’absence de tout mal » « Mon coeur est saturé de plaisir quand j’ai du pain et de l’eau » Epicure www.evene.fr/celebre/biographie/epicure-979.php?citations Réf. http://infosdrogues. free.fr/sommaire.htm 8 Avril 2008 Risques médicaux liés à la consommation abusive de drogues. La consommation de drogue ne met pas systématiquement le diagnos- Réf. www.amazon.fr/droguessavoir-effets-risques-l%C3% A9gislation/dp/2708135325 Réf. www.infordrogues.be/pdf/ minilivre_web.pdf tique vital en jeu. Toutefois, toutes les substances ne sont pas égales quant aux risques encourus par leur consommation. Les risques médicaux dépendent des propriétés pharmacologiques des différentes drogues, mais aussi de leurs modes de consommation. Les substances injectées par voie intraveineuse présentent un risque d’infections lié aux conditions sanitaires de l’injection. Au risque de transmission de virus (VIH, hépatite) s’additionne le risque de développer une septicémie (infection de l’organisme par une colonie de bactéries), une polynévrite (irritation du tissu nerveux périphérique) ou une thrombose, le risque le plus grave étant l’arrêt cardio-respiratoire en cas d’overdose (héroïne). La consommation nasale de cocaïne entraîne des complications au niveau des sinus, des lésions du cartilage nasal, voire des hémorragies, et peut entraîner une crise cardiaque chez les personnes fragiles ou en cas de consommation excessive. La consommation d’ecstasy perturbe la régulation de la température corporelle pouvant entraîner un risque grave de déshydratation, voire la mort en cas d’élévation excessive de la température cérébrale. La fumée de tabac entraîne des complications cardiovasculaires, un risque majoré de cancer (poumon, larynx, pharynx, peau), le cannabis vulnérabilise l’organisme aux bronchites chroniques en plus des risques liés à la fumée aspirée. La consommation excessive ponctuelle d’alcool peut s’accompagner d’un coma éthylique pouvant s’avérer mortel (notamment par suffocation liée à l’obstruction des voies aériennes après régurgitation), et la consommation excessive chronique majore les risques de complications cardiovasculaires, de cirrhose et de cancer du foie entre autres. En outre, l’arrêt de la consommation, après un usage régulier excessif, s’accompagne de la manifestation d’un syndrome de sevrage (ou de dépendance physique). Le plus flagrant est le sevrage aux opiacés qui s’accompagne de nausées, voire de vomissements, de douleurs articulaires et musculaires, de diarrhée, de secrétions lacrymale, nasale et salivaire entraînant une déshydratation importante, de sueur accompagnée de pilo-érection et de fièvre. Le sevrage à l’alcool perturbe le fonctionnement du système nerveux végétatif, entraîne des tremblements de la main, des nausées voire des vomissements, éventuellement des convulsions. Le sevrage à la cocaïne et à la nicotine peut s’accompagner d’une augmentation de l’appétit, d’un gain de poids et de troubles du rythme cardiaque (cocaïne). Pour en savoir plus: www.drogues-dependance.fr/ 9 Avril 2008 Risques psychiatriques liés à la consommation abusive de drogues La consommation de drogues ne s’accompagne pas systématiquement Réf. http://psydoc-fr.broca.inserm. fr/toxicomanies/Bibliographie/biblio_index.htm de conséquences gravissimes pour la santé mentale. Il est toutefois important de noter que la consommation excessive de toute drogue, quelle qu’elle soit, entraîne une dépendance dite psychologique, et donc la manifestation d’une détérioration transitoire de l’humeur et de la pensée proportionnelle à la durée de l’intoxication. Le sevrage à l’héroïne entraîne une profonde angoisse et une dégradation de l’humeur (tristesse, dépression), des troubles du sommeil (insomnies). Le sevrage alcoolique entraîne une forte anxiété, des insomnies, un état déprimé et, dans les cas les plus dramatiques, des crises d’hallucinations (delirium tremens). L’arrêt de la cocaïne peut s’accompagner d’une profonde fatigue, d’insomnies, de cauchemars voire de terreurs nocturnes, d’humeur lunatique et dépressive, d’anxiété, d’irritabilité, de nervosité, d’agitation, de difficulté de concentration. L’arrêt de la cigarette et du cannabis peut conduire à un état de nervosité, d’irritabilité, d’humeur lunatique, voire dépressive, à des insomnies et des difficultés de concentration. En outre, il ne fait aucun doute que la consommation excessive et chronique de drogues représente un danger potentiel réel pour la santé mentale, car les propriétés psychotropes des drogues modifient justement le fonctionnement de la pensée. C’est précisément dans ce domaine que la vulnérabilité inter-individuelle joue un rôle très important. La question de savoir si ces modifications peuvent persister dans le temps est sujet à débat dans la communauté scientifique et médicale. L’excès de cocaïne entraîne classiquement un état paranoïde, et parfois se traduit par des psychoses tactiles caractéristiques (sensation d’insectes ou de parasites grouillant sous la peau). L’abus de cannabis détériore également le traitement rationnel de la pensée (état confusionnel) qui s’accompagne parfois de crises d’anxiété ou de paranoïa, et dans les cas les plus dramatiques, d’accès psychotiques. Il n’est toutefois pas établi que la consommation de cannabis soit responsable de la schizophrénie. Le consensus actuel retient l’idée que le recours à une drogue peut s’expliquer parfois par une tentative d’auto-médication (hyperactivité et trouble de l’attention et abus de cocaïne ; schizophrénie et abus de tabac et de cannabis). La consommation d’héroïne pourrait traduire un vécu émotionnel traumatique (agression ou maltraitance au cours de la petite enfance ou de l’adolescence, traumatisme de séparation, faille narcissique, …). Quoiqu’il en soit, l’abus de drogues ne peut qu’aggraver le trouble psychiatrique naissant ou déjà installé, précipitant de fait le patient dans un état critique nécessitant un suivi psychiatrique conséquent. 10 Avril 2008 Actualités Cocaïne : sur le fil du rasoir La cocaïne est une substance psychotrope, dont la consommation est plus Réf. http://svt.ac-rouen.fr/perso/ synapse-dopamine/synapse.html en plus fréquente chez les personnes jeunes (entre 18 et 35 ans). Cette substance agit au niveau du système de récompense cérébral, induisant un intense effet d’euphorie. Cependant, les effets de bien-être sont accompagnés d’effets négatifs d’une nature particulièrement grave. Tout d’abord, la cocaïne est une drogue qui induit rapidement une addiction. De plus, les propriétés de la substance psychotrope affectent autant l’organisme que le psychisme du sujet. D’après « médecins suisses contre la drogue », la cocaïne a un effet constrictif sur les vaisseaux sanguins, qui peut générer 1) des caillots sanguins (risque d’infarctus) et 2) un manque important d’oxygène (risque d’arrêt cardiaque). Egalement, les effets sur le psychisme sont dévastateurs, car ils induisent des états confusionnels (hallucinations, délire de persécution) et dépressifs, pouvant mener dans certains cas au suicide. Pour en savoir plus: www.aegd.ch/02franz/pdf_fr/V%C3%A9rit%C3%A9 sur Coca%C3%AFne.pdf www.infoset.ch/inst/relier/archives/zoom/zoom_200610.html www.lefigaro.fr/sciences/20060410.FIG000000231_cocaine_consommation_ et_risques_en_hausse.html Cocaïne Réf. www.urgence-pratique.com/ 2articles/medic/Toxico.htm 11 Avril 2008 Autres « La légende de Coca » Réf. www.voyage-bolivie.com/ yungas/legende-coca.htm « Coca. Connaissez-vous la tristesse ? Et bien telle était la couleur des yeux de Coca, une magnifique jeune indienne qui habitait jadis un village de Collasuyo, au sud de l’Empire Inca. Malgré son visage aux traits parfaits, sa peau lisse comme celle d’une pêche et ses magnifiques cheveux noirs, Coca était vaniteuse et égoïste. Chaque soir, elle se rendait sur une petite colline afin d’y rencontrer de nombreux amants. Or, Coca se moquait bien des hommes et de leur amour : elle les séduisait, mais finissait toujours par les rejeter. D’un bout à l’autre de l’Empire, la rumeur s’enflait : Coca semait le malheur dans le cœur des hommes et sa beauté sublime brisait les foyers. Tant et si bien qu’un soir, les sages vinrent trouver l’Inca et lui dirent : « nous avons bien observé les astres et les viscères de plusieurs lamas blancs : tout indique que Coca est à l’origine de grands malheurs qui vont s’abattre sur notre Empire. Le salut de notre peuple exige la mort de Coca, mais de son corps on devra faire quatre morceaux qui seront enterrés dans les jardins des temples aux quatre coins de l’Empire. Une nouvelle plante poussera, qui sera toujours une source de réconfort pour les gens de notre race. » Ainsi fut fait, on sacrifia Coca et les morceaux de son corps furent ensevelis aux quatre coins du pays. Quelques temps plus tard, l’on vit surgir de terre des arbustes vivaces aux belles feuilles ovales qu’on appela « coca » en souvenir de la belle jeune fille sacrifiée. » Pour en savoir plus: http://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/UVLibre/0001/bin54/mythes.htm - Coca Réf. www.agora-international. com/cgi-bin/librairie/reference/ LEZ021 Prévention – Documents pédagogiques D’innombrables sites Internet et brochures existent sur la prévention des dépendances. Voici quelques sources : www.prevtech.ch/ www.saferparty.ch/fr/contact/links/index.asp www.sfa-ispa.ch/ www.bag.admin.ch/themen/drogen/index.html?lang=fr www.educationetsante.ch/dyn/78094.asp www.prometa.ch/ www.jeu-excessif.ch/ www.romandieaddiction.ch/ http://www.hug-ge.ch/_library/pdf/Actualite_sante/NANT-adolescents-addictions.pdf 12 Avril 2008 Egalement, il existe une brochure sur le cannabis que vous pouvez vous procurer auprès de l’institut suisse de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies (ISPA), Case postale 870, 1001 Lausanne: TOX? IN FO Des traces de certaines drogues peuvent être détectées dans les cheveux. Vrai! www.sfa-ispa.ch/index.php?ID theme=4&IDarticle=1025&IDca t1visible=1&langue=f CANNABIS – en parler avec les ados. Jeux, Quiz et Tests D’innombrables sites Internet et brochures existent sur la prévention des dépendances. Voici quelques sources : www.cyes.info/cirdd/tabac/quizz_tabac.php http://droguestory.free.fr/html/quiz.html www.fumercafaitdumal.ch/topic5524.html Si vous avez des questions ou besoin d’aide Suisse www.ciao.ch/ www.toxi.ch/fre/welcome.html www.romandieaddiction.ch/ Tox téléphone Suisse 145 (D F I) France http://f21.www.france-examen.com/adresses-sites-prevention-77906.html Belgique www.feditobxl.be/ Québec www.drogue-aidereference.qc.ca/ 13 Avril 2008 Nombreuses données Europe Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies, OEDT http://ar2006.emcdda.europa.eu/fr/home-fr.html Suisse www.ispa.ch/ Un peu de lecture… NOUVEAU : maintenant disponible en français, allemand, anglais, espagnol, italien, japonais… À chacun son cerveau Plasticité neuronale et Inconscient François Ansermet, Pierre Magistretti Editeur : OdileJacob Et si, selon le vœu même de Freud, la psychanalyse pouvait trouver un appui dans les neurosciences ? Et si, réciproquement, celles-ci gagnaient à intégrer leurs découvertes au modèle psychanalytique ? François Ansermet et Pierre Magistretti nous proposent ici une articulation originale entre deux disciplines souvent présentées comme antagonistes. Le point de rencontre : les mécanismes de plasticité neuronale grâce auxquels le cerveau reste ouvert au changement et modulable par l’expérience. En tout cas, le moment semble enfin venu d’explorer les bases biologiques de l’inconscient à travers un nouveau paradigme. Psychanalyste, François Ansermet est professeur de pédopsychiatrie à la faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne et médecin-chef au service universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Professeur de neurosciences à l’École polytechnique fédérale et à l’Université de Lausanne, Pierre Magistretti est directeur du centre de neurosciences psychiatriques du Centre hospitalier universitaire vaudois. Il a été président de la Fédération européenne des sociétés de neurosciences. ISBN 2-7381-1532-2, 10-2004, 145 x 220, 270 pages. 14 Avril 2008 REFERENCES GENERALES (Livres) Reynaud M (2005) Addictions et psychiatrie. Congrès de psychiatrie et de neurologie de la langue française. Editeur: Masson (1ère édition). Lowinson JH, Ruiz P, Millman RB, Langrod JG (2005) Substance abuse : a comprehensive textbook. Editeur: Lippincott Williams Wilkins (4ème édition). Avec la précieuse collaboration de Benjamin Boutrel : Dr Benjamin Boutrel, PD MER Centre de Neurosciences Psychiatriques (CNP) & Service Universitaire de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent (SUPEA) Site de Cery CH -1008 Prilly-Lausanne Tél. ++41 (0)21 643 69 47 Fax : ++41 (0)21 643 69 50 E-mail : [email protected] A méditer... « Le plaisir et la douleur, et ce qui les produit, savoir, le bien et le mal, sont les pivots sur lesquels roulent toutes nos passions » [ John Locke ] - De l’entendement humain www.evene.fr/celebre/biographie/john-locke-1245.php La European Dana Alliance for the Brain n’est pas responsable des informations ou services proposés par les ressources citées et n’est pas en mesure de fournir les documents qu’elle n’a pas publiés. 15