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plaisir-et-douleur
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Avril 2008
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Historiquement, un neuromédiateur a été associé à la fonction de ré-
compense cérébrale et à la motivation : la dopamine (DA). La dopamine
n’est pas le seul neurotransmetteur impliqué dans la régulation de la
fonction de récompense cérébrale, mais en représente néanmoins un
élément important. De nombreux auteurs ont, en effet, confirmé l’étroite
corrélation entre libération de dopamine et comportements motivés
(recherche d’eau, de nourriture, de partenaire sexuel). On considère
aujourd’hui que la dopamine n’est pas le neurotransmetteur du plaisir,
mais confère plutôt une valeur particulière à une stimulation sensorielle,
émotionnelle ou affective reconnue comme pertinente pour le bien-être
de l’individu ou de l’animal. De cette façon, la fonction de récompense
renforce l’intérêt porté à tout de ce qui peut apporter du plaisir et favo-
rise l’apprentissage de la meilleure façon d’y parvenir. Egalement, elle
va conditionner le comportement volontaire et la prise de décision en
fonction de la balance entre les bénéfices et les risques d’une action et
enfin conforter la sensation de bien-être et les émotions positives.
Ainsi quand une personne mange par exemple une nourriture qui lui
est agréable, son cerveau interprète une multitude de signaux internes
et externes, prenant ainsi en compte son appétit bien sûr, mais aussi le
contexte de la situation (par exemple le restaurant, les convives, l’oc-
casion du repas…), la saveur du plat, la qualité du service, le prix de
l’addition, … Le tout est intégré et retenu par le cerveau afin de répéter
ou non cette expérience. Il est en de même pour le nourrisson qui va
trouver le réconfort et la satiété au contact du sein maternel, ce qui le
poussera à retenir l’enchaînement des actions qui ont conduit à la pré-
sence de cette mère nourricière.
Le cerveau est capable de s’adapter à une multitude de situations et
peut retenir d’innombrables sources de plaisir ou de bien-être (aliments,
boissons, activités professionnelles, sportives, ludiques, musique, spec-
tacle, lecture, relations affectives, amicales, sentimentales ou sexuelles,
…). Les difficultés apparaissent lorsqu’une seule source de plaisir attire
l’attention exclusive de la pensée. Au fur et à mesure que la satisfaction
d’un individu ne dépend plus que d’une seule source (que ce soit une
activité ou une substance) et que cet individu se coupe de tout lien avec
l’extérieur, alors le normal laisse place au pathologique, et l’addiction
vient gangrener la vie de cette personne.
A l’origine d’un tel glissement, il y a notamment une réponse exagérée
de la fonction de récompense cérébrale qui confère une valeur exagé-
rément importante à la substance ou à l’activité incriminée. Dans le cas
des drogues, il y a justement un court-circuit dramatique des structures
cérébrales impliquées dans le traitement de la fonction de récompense.
La lente alchimie cérébrale qui conduit normalement à apprécier et à
ne pas oublier une situation, une relation ou une consommation est dé-
passée à une explosion fulgurante et retentissante lorsque le cerveau
est immergé par une substance toxicomanogène. Comme un coup de
foudre, l’attention devient de plus en plus accaparée, et tout ce qui peut
rappeler la drogue est incrusté dans le cerveau et revient hanter réguliè-
rement l’esprit du toxicomane.
Dopamine