Fatma Smaoui & Salma Smiri
Proceedings of the Marketing Spring Colloquy (URAM), Vol. 7, 2016
peuvent être motivés par des facteurs aussi
divers que le développement international de
l’entreprise, le décision de bâtir une marque
globale, le changement dans la structure du
capital de l’entreprise suite à un rachat ou une
fusion, une diversification de l’activité,
l’adoption d’un nouveau positionnement ou le
désir de rajeunir l’image (Muzellek et al.,
2003, Tsai et al., 2015 , Goi et Goi, 2011).
Le changement de nom de marque n’est pas
sans conséquences sur le comportement du
consommateur. S’attaquant à deux fonction
principales de la marque, à savoir
l’identification et la garantie, le rebranding
risque de perturber la relation du
consommateur avec la marque et l’entreprise
(Collange et al., 2004, Muzellek et al., 2007).
S’il ne se sent pas impliqué dans ce
changement et s’il ne perçoit pas un bénéfice
particulier, le consommateur peut se détacher
de la marque et modifier ses habitudes
d’achat (Pawels Delassus, et al., 2014). En
réalité, l’effet du rebranding sur le
consommateur varie en fonction de plusieurs
facteurs. En se basant sur la théorie de la
catégorisation (Rosch, 1975), certains
chercheurs suggèrent que l’effet du
changement du nom de marque variera selon
le niveau de cohérence perceptuelle entre les
deux marques ou entre la nouvelle marque et
le produit marqué, communément appelé
« fit ». Plus cette cohérence est élevé et plus
les chances d’un effet positif sur l’intention
d'achat du consommateur sont élevées (Tsae
et al., 2015). D’autres facteurs tels que le
statut de la nouvelle marque et sa notoriété,
les niveaux de marquage (un ou plusieurs
niveaux de marquage du produit), ou
l’ampleur du changement du nom de marque
peuvent aussi expliquer l’effet d’un
rebranding sur le consommateur. En général,
plus l’entreprise modifie d’éléments d’identité
du produit, plus les consommateurs risquent
d’être déstabilisés (Collange et al., 2004). De
tous les éléments de l’identité du produit,
c’est le changement du nom qui est le plus
fondamental (Aaker et Joachimsthaler, 2000).
3- LA RESISTANCE DU CONSOMMATEUR AU
CHANGEMENT DU NOM DE MARQUE ET LE BOYCOTT
Dans certains cas, les consommateurs peuvent
présenter une résistance au changement du
nom de marque, notamment s’ils ne sont pas
suffisamment informés des raisons de ce
changement, s’ils ne perçoivent pas de
bénéfice particulier, ou s’ils sont fortement
attachés à la marque substituée (Pauwels
Delassus et al., 2014). Ils pourraient éprouver
des émotions négatives telles que le
mécontentement, la colère ou la déception ;
ils peuvent même se sentir trahis par leur
marque (Tsae et al., 2015, Makarem et Jae,
2016). La résistance du consommateur prend
plusieurs formes passives et actives, qui
peuvent s’inscrire sur un continuum allant de
l’évitement jusqu’au boycott, ou même
l’activisme anti-marques (Cambefort, 2015).
L’intensité de ces émotions et l’ampleur de la
déception peuvent amener certains
consommateurs à appeler au boycott de la
marque ou à y participer.
Le boycott est une forme offensive de
résistance du consommateur (Roux, 2007).
Fournier (1998b) le catégorise comme un
comportement de rébellion active à un
comportement non éthique, non responsable
ou non justifié de l’entreprise. Le boycott se
définit comme « une tentative par une ou
plusieurs parties de parvenir à certains
objectifs en poussant les consommateurs à
s’abstenir de faire certains achats sur le
marché » (Friedman, 1985, p. 97).
Bien qu’il s’agisse d’une action « anti-
consommation » collective planifiée (Garett et
al., 1987), le comportement de boycott est
aussi une réponse individuelle à une
entreprise ou à une cause (Makarem et Jae,
2016). Il permet au consommateur d’exprimer
de l’insatisfaction à l’égard d’une l’entreprise,
d’adopter un comportement socialement
responsable et de chercher à prendre du
pouvoir à l’égard de la firme (consumer
empowerment) (Klein et al., 2004). Les
conséquences du boycott au niveau de
l’entreprise peuvent être néfastes, on peut
observer une nette dégradation de l’image,
une baisse des ventes et une perte en
efficacité marketing (Cissé-Depardon et
N’Goala, 2009). La littérature distingue deux
grands types de boycott selon les motivations
des consommateurs (Friedman, 1985) :
- le boycott instrumental qui a pour objectif de
contraindre la cible à changer une pratique ou
une politique spécifique, comme par exemple