Les Espagnols et
le Nouveau Monde
Au XVe siècle, Portugais et Espagnols rivalisent d’audace
pour trouver une nouvelle route menant aux Indes, le
fabuleux pays des épices. Le Génois Christophe Colomb
s’embarque en 1492 pour le compte des monarques
espagnols. Lorsqu’il pose le pied aux Antilles, il croit
aborder en Asie. À moins qu’il n’ait devant les yeux le
Paradis terrestre ? Ce génial aventurier fera une autre
erreur d’appréciation. Lors de sa 4e expédition, en 1502,
il mouille face à la presqu’île de Managua. Un bateau
indigène vient à sa rencontre. On lui offre des présents,
parmi lesquels des fèves de cacao. Mais Colomb n’y
prête aucune attention.
Dix-sept ans plus tard, en 1519, le conquistador espagnol
Hernan Cortès débarque au Mexique avec 700 hommes
et 11 bateaux. Il est bien décidé à faire fortune : or, argent,
épices sont les objets de son désir. Dans le calendrier
aztèque, 1519 se trouve être une “année du roseau“ :
lorsqu’ils voient cet homme pâle venu de la mer, monté
sur un “immense cerf“ (un cheval), les Aztèques pensent
que c’est Quetzalcoatl qui est revenu !
Un breuvage qui vaut de l’or
L’empereur aztèque Moctezuma accueille avec faste les
conquérants espagnols dans sa cité de Tenochtitlan,
bâtie au milieu d’un lac (c’est la future Mexico). Il leur
fait servir la boisson mousseuse, amère et relevée qu’il
déguste lui-même dans une vaisselle de l’or le plus
fin. Cortès, à qui l’empereur a offert une plantation de
cacaoyers, note que le chocolat “augmente la résistance
de l’organisme et le pare contre les fatigues corporelles“.
Ses compatriotes ont beau ne pas en apprécier le goût,
ils prennent l’habitude d’en boire, en l’absence de vin.
En 1521, Moctezuma est mort, l’Empire aztèque se
nomme désormais Nouvelle-Espagne, et Cortès en est
le gouverneur tout-puissant. Il est clairvoyant : la fève de
cacao, à la fois monnaie et base de la boisson des nobles
Aztèques, représente sans doute une fortune pour
l’Espagne en général, et pour lui-même en particulier.
Moctezuma se reconnaît vassal
et tributaire du roi d’Espagne devant Cortes,
Lauros-Giraudon (Musée de l’Amérique, Madrid).
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