Gravitation à N corps Matthieu Schaller [email protected] 2 décembre 2007 Table des matières 1 Introduction 2 2 Système double 2.1 Conditions initiales . . . 2.2 Orbite des corps . . . . . 2.3 Simulation du système . 2.4 Convergence du schéma 2.5 Pas de temps adaptatif . 2 2 3 4 5 7 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Astéroı̈de au point de Lagrange 8 3.1 Conditions initiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 3.2 Conditions initiales de l’astéroı̈de . . . . . . . . . . . . . . . . 10 3.3 Perturbation des conditions initiales . . . . . . . . . . . . . . . 12 4 Conclusion 15 1 1 INTRODUCTION 1 2 Introduction Lorsqu’on débute en physique, on commence le plus souvent par l’étude de la mécanique. On apprend vite les lois de Newton ainsi que la loi de la gravitation que l’on applique aux problèmes de corps célestes en rotation. Par exemple le système terre-lune ou terre-soleil. Ce problème en apparence très simple est pourtant bien plus difficile qu’il n’y paraı̂t. En effet, si l’on considère un système à 3 corps, il n’y a plus de solution analytique aux équations du mouvement. Il est alors impossible de prévoir la trajectoire des corps par l’analyse. Il est donc impossible de prévoir l’évolution exacte du système solaire puisqu’il faut tenir compte de 10 corps (au moins) pour obtenir les équations du mouvement. Pour tenter de comprendre la trajectoire d’un tel mouvement, il faut utiliser une simulation numérique. C’est ce que nous allons faire dans cette étude. Dans un premier temps, nous allons analyser un système double afin de vérifier la validité du schéma en comparant les résultats obtenus avec ceux que l’on obtient par l’analyse. Dans un deuxième temps, nous allons observer l’évolution d’un astéroı̈de placé à un des points de Lagrange du système terre-lune. 2 Système double On considère un système constitué de deux planètes de masse m1 et m2 qui interagissent uniquement gravitationellement. 2.1 Conditions initiales Le choix d’un bon référentiel pour ce problème est primordial. On sait que le centre de masse du système n’est pas accéléré puisqu’il ne subit aucune force externe ; il est donc en translation rectiligne à vitesse constante. On peut donc choisir un référentiel lié au centre de masse sans avoir de problème. Ce sera un référentiel d’inertie. On suppose connue la position et la vitesse initiale du premier corps : x~1 (0) respectivement v~1 (0). Dans ces conditions, il faut calculer la position et la vitesse initiale du 2ème corps de telle sorte que leur trajectoire soit une ellipse (dans le référentiel du centre de masse). Cette situation est représentée sur l’image 1. La position du centre de masse du système est donnée par : P m x~ m x~ + m2 x~2 Pi i i = 1 1 = x~G (1) m1 + m2 i mi 2 SYSTÈME DOUBLE 3 Fig. 1 – Le système dans le référentiel du centre de masse Comme dans le référentiel que nous utilisons, nous avons x~G = ~0, on tire de la relation précédente : m1 x~2 = − x~1 (2) m2 De même si on cherche à calculer la quantité de mouvement du centre de masse, on obtient la relation : P m v~ m v~ + m2 v~2 Pi i i = 1 1 = v~G (3) m1 + m2 i mi Et comme on se trouve dans un réfŕentiel lié au centre de masse, on a v~G = ~0, ce qui nous donne une relation pour les vitesses : v~2 = − m1 v~1 m2 (4) Les relations 2 et 4 permettent ainsi le calcul des conditions initiales du deuxième corps. 2.2 Orbite des corps Pour caractériser pleinement une ellipse, il faut connaı̂tre par exemple son grand axe et un de ses foyers. Dans le cas qui nous intéresse, la position du foyer est connue puisqu’il sagit du centre de masse du système.(1ère loi de Kepler). Il ne nous reste plus qu’à calculer le grand-axe pour pouvoir connaı̂tre précisément la trajectoire des corps. En utilisant le fait que l’éergie mécanique totale du système est conservée ainsi que les moments cinétiques de chaqu’une des deux planètes, on obtient les relations suivantes : v1max = G 2m2 + v1 (0) 2 m1 1 + m2 x1 (0)v1 0 (5) 2 SYSTÈME DOUBLE 4 où G est la constante de la gravitation universelle. On obtient également la position « maximale », c’est-à-dire la plus grande distance entre le centre de masse et la planète. x1 (0)v1 (0) x1max = (6) v1max 2.3 Simulation du système Pour tester la validité du schéma numérique, nous allons essayer d’obtenir une trajectoire correspondant aux calculs faits dans la section précédente. Les conditions initiales proposées sont résumées dans le tableau 2.3 Nom Masse de la terre Masse de la lune Position initiale de la terre Position initiale de la terre Vitesse initiale de la terre Vitesse initiale de la terre Symbole m1 m2 xx1 (0) xy1 (0) v1x (0) v1y (0) Valeur 5.9736 · 1024 kg 1.9912 · 1024 kg −108 m 0m 0 m/s −390 m/s Fig. 2 – Conditions initiales En utilisant les relations calculées plus haut ainsi que la définition de l’énergie mécanique, on trouve les valeurs représentées dans le tableau 2.3. Nom Position initiale de la lune Position initiale de la lune Vitesse initiale de la lune Vitesse initiale de la lune Enérgie mécanique totale Distance maximale entre les 2 corps Symbole xx2 (0) xy2 (0) v2x (0) v2y (0) Emec dmax Valeur 3 · 108 m 0m 0 m/s 1170 m/s −1.6626 · 1029 J 4.3719 · 109 m Fig. 3 – Conditions initiales calculées Pour tester le schéma, nous allons utiliser les conditions initiales calculées et essayer d’obtenir les valeurs exactes de la distance maximale et de l’énergie mécanique. Comme nous utilisons un algorithme de Runge-Kutta d’ordre 4, nous devrions obtenir une convergence en ∆t4 pour ces 2 valeurs. En réalisant une première simulation avec un pas de temps fixe de 1000 000 s (environ 1.1 jours) et un temps final de 108 s (environ 3 ans), on obtient la figure 4. 2 SYSTÈME DOUBLE 5 Fig. 4 – Evolution du système sur 3 ans avec un pas de temps d’environ 1 jour On observe que la trajectoire des deux planètes est bien elliptique 1 . Le centre de gravité (en rose sur la figure) ne se déplace pas, comme prévu. Cependant si l’on refait la même simulation avec un temps final plus long, par exemple 109 s (soit environ 30 ans), on obtient le graphique 5 On constate que l’orbite rétrécit avec le temps, ce qui ne correspond pas du tout à la réalité physique. Ce schéma n’est donc correct que pour certains pas de temps assez petit. Il est donc intéressant de savoir si le schéma converge correctement si l’on diminue le pas de temps. 2.4 Convergence du schéma La première grandeur que l’on peut tester est l’énergie mécanique du système. En effet, elle doit être parfaitement conservée tout au long de l’évolution du système. Si l’on choisit de représenter la différence entre l’énergie mécanique calculée plus haut et la valeur obtenue par le schéma au temps final tf inal = 3 · 108 s en fonction du pas de temps, on obtient le graphique 6. On constate d’une part que l’énergie converge vers la valeur analytique si le pas de temps diminue. On peut même constater que la convergence est 1 Les unités du graphique sont en mètres sur les 2 axes. Ce sera la même chose dans le reste du document sauf indication contraire. Ceci pour éviter une certaine lourdeur, car c’est principalement le résultat qualitatif qui nous intéresse pour ces représentations de trajectoires 2 SYSTÈME DOUBLE 6 Fig. 5 – Evolution du système sur 30 ans avec un pas de temps d’environ 1 jour Fig. 6 – Différence d’énergie en fonction du pas de temps d’ordre 4, puisque la courbe est très proche d’une droite de pente 4 (en bleu sur le graphique). En représentant cette fois la différence entre la distance maximale dmax entre les 2 corps et cette même valeur calculée plus haut, en 2 SYSTÈME DOUBLE 7 fonction à nouveau du pas de temps, on obtient le graphique 7. Fig. 7 – Distance maximale entre les 2 corps en fonction du pas de temps A nouveau, on observe une convergence d’ordre 4 du schéma, comme attendu pour un schéma Runge-Kutta 4. Finalement on peut encore essayer de représenter la distance maximale entre l’origine et le centre de masse au cours de la simulation. Cette distance devrait tendre vers 0 quand le pas de temps devient petit, puisqu’en théorie, le centre de masse ne se déplace pas. Le résultat est représenté sur la figure 8. A première vue, le schéma semble diverger ou en tout cas ne pas converger comme attendu. Cependant, si l’on regarde l’échelle du graphique on voit que le centre de masse s’est déplacé que de moins d’1 mm, quelque soit le pas de temps choisi ! L’erreur ici est trop faible pour être dûe au schéma, c’est une erreur dûe à la représentation en mémoire des nombres qui implique un arrondi des valeurs. L’erreur est ici tellement fabile qu’elle est négligeable. Le schéma est donc bien convergent si l’on diminue le pas de temps. Malheureusement, pour obtenir une bonne précision il faut réaliser énormément de pas de temps. Pour diminuer cela, on peut utiliser un pas de temps variable qui s’adapte aux conditions et évolue au cours du temps. 2.5 Pas de temps adaptatif Pour utiliser un schéma adaptatif, il faut fixer une précision, c’est-à-dire une valeur maximale qui ne doit pas être dépassée en faisant un pas plutôt que 3 ASTÉROÏDE AU POINT DE LAGRANGE 8 Fig. 8 – Distance maximale entre le centre de masse et l’origine en fonction du pas de temps deux. Il en résulte que le schéma est beaucoup plus rapide que si l’on choisit un pas de temps fixe. Toute la difficulté réside dans le choix de la précison. On essaye ici d’avoir une précision sur la distance maximale de l’ordre de −dM axCalcule |≤ 10−4 . En choisissant un 0.01%, c’est-à-dire un rapport | dmax dM axCalcule temps final de 109 s,(soit environ 30 ans), on obtient une précision nécessaire d’environ 2500 m pour obtenir un rapport plus faible que 0.01%. En utilisant cette précision, il faut un peu plus de 1600 pas pour arriver au temps final. Alors que si l’on choisit un pas de temps fixe avec la même précision sur le rapport des distances maximale, il faut prendre un pas de temps de 100 000 s. Il faut alors 1000 000 pas pour atteindre le temps final. Il faut donc 60 fois moins d’opérations pour un résultat avec une précsion comparable. C’est ce schéma avec le pas de temps adaptatif qui sera utilisé dans la suite de ce travail. 3 Astéroı̈de au point de Lagrange Dans un système constitué de 2 corps, il existe un ensemble de points, appelés points de Lagrange, où la force d’attraction des 2 corps est égale et opposée. Ainsi, un corps de petite masse par rapport aux 2 autres sera en équilibre (instable) à ce point. Pour un système de 2 corps, il existe exactement 5 points de Lagrange, 3 situés sur l’axe reliant les 2 corps et 2 autres 3 ASTÉROÏDE AU POINT DE LAGRANGE 9 situés au sommets des 2 triangles équilatéraux dont les autres sommets sont sur les 2 corps. Ce sont ces deux derniers points qui vont nous intéresser dans la suite. 3.1 Conditions initiales On fait l’hypothèse simplificatrice que la trajectoire de la lune et de la terre sont des cercles parfaits. On peut ainsi utiliser la distance terre-lune d = 384399 km comme constante. En utilisant la relation 2 et le fait que x1 + x2 = 384399, on obtient les valeurs suivantes pour les positions initiales de la terre et de la lune : Nom Position Position Position Position Symbole initiale de la terre xx1 (0) initiale de la terre xy1 (0) initiale de la lune xx2 (0) initiale de la lune xy2 (0) Valeur −4.671 · 106 m 0m 3.797 · 108 m 0m Fig. 9 – Positions initiales Comme l’on considère que le mouvement est circulaire, on a une accélération v2 centripète pour la lune donnée par a = x22 . La force qui cause cette accélération est évidemment la force gravaitationelle dûe à l’autre planète. On a ainsi par la deuxième loi de Newton, la relation suivante : r m1 m2 Gm1 x2 v22 G 2 = m2 ⇒ v2 = (7) d x2 d2 On a ainsi en utilisant la relation 4, les vitesses initiales du système : Nom Position Position Position Position Symbole initiale de la terre v1x (0) initiale de la terre v1y (0) initiale de la lune v2x (0) initiale de la lune v2y (0) Valeur −12.45 m/s 0 m/s 1012 m/s 0 m/s Fig. 10 – Vitesses initiales Le problème à 2 corps est ainsi entièrement déterminé. Si l’on réalise une simulation avec ces valeurs et un pas de temps adaptatif avec une précision d’environ 2500 m , on obtient le graphique 11. 3 ASTÉROÏDE AU POINT DE LAGRANGE 10 Fig. 11 – Système terre-lune 3.2 Conditions initiales de l’astéroı̈de L’astéroı̈de est placé au sommet d’un triangle équilatéral, comme le montre la figure 12. Sa vitesse initiale est donnée par la relation v~3 (0) = Ωre~θ où Ω est la vitesse angulaire du système terre-lune. En effectuant quelques calculs géométriques et trigonométriques, on obtient les conditions initiales suivantes : Nom Position initiale de l’astéroı̈de Position initiale de l’astéroı̈de Vitesse initiale de l’astéroı̈de Vitesse initiale de l’astéroı̈de Symbole xx3 (0) xy3 (0) v3x (0) v3y (0) Valeur 1.875 · 108 m 3.329 · 108 m −887.1 m/s 499.7 m/s Fig. 13 – Conditions initiales de l’astéroı̈de 3 ASTÉROÏDE AU POINT DE LAGRANGE 11 Fig. 12 – Position de l’astéroı̈de Si l’on initialise l’astéroı̈de avec les conditions calculées ci-dessus, on obtient la trajectoire représentée sur le graphique 14. On a ici un temps final de 109 s, soit 30 ans et une précision de 2500 m. Fig. 14 – Trajectoire de l’astéroı̈de L’astéroı̈de semble tourner avec les deux autres corps 2 . Cependant pour obteni une meilleure représentation, il vaut mieux se placer dans un référentiel tournant. En se plaçant dans ce référentiel, on obtient les trajectoire dessinées sur le graphique 15. 2 On pourrait penser que les trajectoires ne sont plus circulaires. Cependant, si l’on regarde les échelles des graphes, on a bien des demi-axes égaux. Ce sont donc des cercles 3 ASTÉROÏDE AU POINT DE LAGRANGE 12 Fig. 15 – Trajectoire de l’astéroı̈de dans un référentiel tournant Qualitativement, on voit que l’astéroı̈de ne se déplace pas ou peu. Pour corroborer ce résultat, on peut représenter la distance entre la terre et l’astéroı̈de ainsi que entre la lune et l’astéroı̈de en fonction du temps, comme le montre la figure 16. La distance semble en moyenne être constante. Elle diminue un peu avec le temps, mais cela est dû à la précision numérique de l’ordinateur. On peut donc conclure que le point de Lagrange est effectivement un point d’équilibre. Il reste alors à savoir si ce point est stable ou instable. 3.3 Perturbation des conditions initiales Une manière de perturber les conditions initiales est de multiplier la vitesse par = 1 + 0.02. En prenant les mêmes conditions que précédemment mais avec temps final de 108 s, soit 3 ans. La trajectoire obtenue est représentée sur le graphique 17. On voit très nettement que la trajectoire n’est plus rǵulière. Si l’on se place dans le référentiel en rotation avec le système terre-lune, on confirme cette impression, comme le montre la figure 18. La trajectoire emvle même diverger. Pour esayer d’observer cela, il suffit de laisser tourner la simulation plus longtemps. Par exemple 109 s, soit 30 ans. Le résultat est présenté sur la figure 19. 3 ASTÉROÏDE AU POINT DE LAGRANGE 13 Fig. 16 – Distance entre l’astéroı̈de et les 2 corps Fig. 17 – Trajectoire de l’astéroı̈de On voit clairement que l’astéroı̈de est ejecté hors du système terre-lune. Une légère variation (2%) des conditions initiales a conduit à un résultat 3 ASTÉROÏDE AU POINT DE LAGRANGE 14 Fig. 18 – Trajectoire de l’astéroı̈de dans le référentiel en rotation Fig. 19 – Trajectoire de l’astéroı̈de éjecté complètement différent sur seulement 30 ans. On peut donc conclure sans ambiguı̈té que ce point de Lagrange est un point déquilibre instable. 4 CONCLUSION 4 15 Conclusion Ces simulations ont permi d’observer le phénomène intéressant qu’est le point de Lagrange d’un système double. Ces résultats n’auraient pas pû être obtenus par l’analyse, ce qui rend ce travail d’autant plus intéressant. Ce travail nous a aussi permi de découvrir un domaine en évolution de la physique puisque les équipotentielles gravitationelles intéressent beaucoup les agences spatiales dans le but déconomiser de l’énergie lors des vols spatiaux. Il faudrait cependant améliorer le modèle et la précision des calculs pour obtenir une simulation réaliste d’un tel système.