peut être complétée au cours de la consultation d’anesthésie
par l’évaluation de la proéminence des incisives supérieures,
de la mobilitémandibulaire (sub-luxation nulle ou impossi-
ble) et cervicale (mobilitéde la tête et du cou comprise
entre 80–100°ou<80°)(Grade D).
Les critères paracliniques n’ont pas démontréleur intérêt
dans le dépistage d’une ID.
Signes prédictifs d’une ventilation au masque
difficile (VMD)
Il n’existe pas actuellement de définition consensuelle
d’une VMD, il paraîtdès lors licite de conserver la définition
de la conférence d’experts de la Sfar (1996) qui parle de
ventilation inefficace lorsque l’on n’obtient pas une SpO
2
>
90 % en ventilant en O
2
pur un sujet aux poumons non
pathologiques.
Cinq critères prédictifs d’une VMD sont retenus : âge >
55 ans, index de masse corporelle IMC > 26 kg/m
2
,édenta-
tion, ronflements, barbe. Ils doivent être recherchésen
consultation d’anesthésie ainsi que l’existence d’anomalies
morphologiques faciales. En l’absence de ces critères une
ventilation au masque facile est hautement probable (Grade
D).
La détection de facteurs d’ID doit s’accompagner de la
recherche de facteurs de VMD car leur association est
susceptible de dépister les situations les plus critiques en
terme de morbiditéliéeàl’anesthésie (Grade E).
QUESTION2-DEQUEL MATÉRIEL DOIT-ON
DISPOSER POUR LA PRISE EN CHARGE DES
VOIES AÉRIENNES ET QUELLES SONT LES
ALTERNATIVES ÀLA SONDE D’INTUBATION
(MASQUE FACIAL, MASQUE LARYNGÉET
TUBE LARYNGÉ) ? QUELLE MAINTENANCE
POUR CE MATÉRIEL ?
Matériel d’intubation standard
Un plateau standard d’intubation peut rassembler : son-
de(s) d’intubation àusage unique, laryngoscope, plusieurs
tailles de lames courbes, lame droite, masque facial de taille
adaptéeavecfiltre antibactérien, canule(s) de Guedel, man-
drin(s), pince de Magill, manomètre de contrôle des pres-
sions, stéthoscope, sparadrap, gels lubrifiants.
Il est recommandéde choisir la plus petite taille de sonde
compatible avec une ventilation efficace sans fuite et une
pression dans le ballonnet dans les limites préconisées (cf.
Question 5). Il est habituel de disposer de sondes 6,5–7–7,5
mm chez la femme et 7–7,5–8 mm chez l’homme (Grade
E).
Alternatives àla sonde d’intubation endotrachéale
Masque facial, masques laryngés ou tube laryngésont des
alternatives àl’intubation en l’absence de risque de régurgi-
tation (Grade E).
Maintenance et hygiène du matériel pour la prise
en charge des voies aériennes
La stérilisation du matériel doit être conforme àdivers
textes réglementaires (circulaires DGS/DH n°645 du
29 décembre 2000 et n°DGS/5C/DHOS/E2/2001/138 du
14 mars 2001) et doit inclure une traçabilitéde la procédure
elle-même ainsi que le suivi des dispositifs ainsi traités(dé-
cret du 5 décembre 2001).
Tout matériel réutilisable doit être vérifié avant chaque
utilisation selon une procédure standardisée.
Chaque utilisateur est responsable du respect de l’ensem-
ble de ces bonnes pratiques.
QUESTION3-PRÉ-OXYGÉNATION ET
MANŒUVRES DE CONTRÔLE DE LA
PERMÉABILITÉDES VOIES AÉRIENNES
Physiopathologie
L’oxygénation préalable àl’anesthésie générale, ou pré-
oxygénation, a pour objectif de réduire le risque d’hypoxé-
mie pendant l’induction et la sécurisation des voies aérien-
nes en augmentant les réservesdel’organisme en oxygène.
Le temps d’apnée est d’autant plus court que la capacité
résiduelle fonctionnelle (CRF) est faible, que la pression
alvéolaire moyenne en oxygène (PAO
2
) est basse et que la
consommation d’oxygène de l’organisme est élevée. En oxy-
gène pur, le remplacement de l’azote alvéolaire par l’oxy-
gène (dénitrogénation) et l’augmentation des réserves tissu-
laires en oxygène permettent de doubler le temps d’apnée
(6 min). Plusieurs situations physiologiques ou pathologiques
(grossesse, obésité, sujet âgé, BPCO) peuvent modifier la
duréenécessaire àune dénitrogénation complète et/ou
altérer les réserves en oxygène obtenues par la pré-
oxygénation.
Méthodes de pré-oxygénation
La ventilation spontanée pendant trois min àFIO
2
= 1 est
la méthode de référence (Grade C).D’autres méthodes
ont étéproposées pour raccourcir la duréedepré-
oxygénation (4 manœuvres consécutives de capacitévitale,
8 respirations profondes pendant 1 min), mais sont difficiles
àréaliser (Grade D). Quelle que soit la méthode utilisée, le
matériel doit être adaptéet étanche, particulièrement au
niveau du masque facial (Grade D). La coopération du
patient est un facteur déterminant de la réussite de la
pré-oxygénation ; elle est facilitée par une information préa-
lable délivrée lors de la consultation d’anesthésie.
La pré-oxygénation est impérative lors de l’induction
d’une anesthésie pour laquelle il existe un risque potentiel
de désaturation avant la sécurisation des voies aériennes
(Grade E) :séquence d’induction rapide, présence de
critères de ventilation au masque ou d’intubation difficiles,
diminution de la CRF... En dehors de ces situations, il est
746 Conférence de consensus / Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 22 (2003) 745–749