ENS Cachan, juillet 2001 Kamil Fadel
2
mière peut exister sous forme d’un photon. C’est dans ce contexte que la théorie quantique de
la lumière prend toute son importance et son emploi devient pertinent.
Photon et effet photoélectrique
C’est en utilisant la loi de Wien qu’Einstein montre que pour une fréquence ν donnée,
l’expression de la dépendance en volume de l’entropie du rayonnement du corps noir est simi-
laire à celle d’un gaz parfait, comme si le rayonnement était constitué de quanta d’énergie hν
indépendants. Ainsi, en 1905, il avance l’hypothèse de la nature quantique de la lumière, hy-
pothèse grâce à laquelle il parvient à rendre compte d’un certain nombre de phénomènes, no-
tamment de l’effet photoélectrique. Pourtant, si l’hypothèse des quanta permet d’expliquer
l’effet photoélectrique, elle n’est pas indispensable. Aussi, dès le début, beaucoup de physi-
ciens dont P. Lenard, M. Planck, H. Lorentz, P. Debye, A. Sommerfeld… sont hostiles au
concept de quanta de lumière arguant que l’effet photoélectrique ne démontre que le caractère
quantique du détecteur, mais en aucun cas celui de l’objet (la lumière) détecté. En 1911, Eins-
tein commence lui-même à douter. Aussi, il propose qu’une expérience destinée à mesurer,
dans l’effet photoélectrique, le délai séparant la réception de lumière et l’émission électroni-
que soit réalisée. Il se voit décerner le prix Nobel de physique de 1921 pour sa découverte de
la loi de l’effet photoélectrique établie en 1905. Beaucoup d’encre continue pourtant à couler
sur le sujet et de nombreuses théories concurrentes sont proposées. Parmi celles-ci, la théorie
de E. Jaynes, W. Lamb et M. Scully (1969) qui rend parfaitement compte de l’ensemble des
résultats expérimentaux sans pour autant faire appel au concept de photon. Dans cette théorie,
l’énergie des atomes est quantifiée, mais la lumière elle-même ne l’est pas : elle est considé-
rée comme une onde électromagnétique classique ne présentant aucun caractère corpusculaire.
Et en effet, encore aujourd’hui, une théorie « semi-classique », c’est à dire alliant une descrip-
tion classique de la lumière à une description quantique de la matière est la plupart du temps
amplement suffisante, car elle permet de décrire d’une manière tout à fait satisfaisante la
quasi-totalité des phénomènes optiques connus : laser, effet photoélectrique, effet Compton...
Sachant cela, il est alors légitime de se demander dans quel contexte le concept de quantum de
lumière devient indispensable et s’il existe une expérience démontrant l’existence du photon ?
En somme, une théorie quantique de la lumière est-elle vraiment nécessaire ?