Institut International de l'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (2iE) Université de Technologie de Compiègne (UTC) THESE pour obtenir le grade de Docteur en Sciences et technologies de l’eau, l’énergie et l’environnement (2iE) Discipline : Spécialité Génie des procédés / Catalyse chimique et en Sciences pour l’ingénieur (UTC) Discipline : Génie des procédés industriels et développement durable présentée et soutenue publiquement par François-Xavier COLLARD le 4 octobre 2012 Titre : Nouvelles stratégies catalytiques pour la gazéification de la biomasse : Influence de métaux imprégnés sur les mécanismes de pyrolyse JURY Mme Anne JULBE M. Claude MIRODATOS M. Pierre MEUKAM M. Richard CAPART M. Yezouma COULIBALY M. Joël BLIN M. Ammar BENSAKHRIA Présidente Rapporteur Rapporteur Examinateur Examinateur Co-directeur de thèse Co-directeur de thèse 2 Nouvelles stratégies catalytiques pour la gazéification de la biomasse : Influence de métaux imprégnés sur les mécanismes de pyrolyse Résumé Le développement des voies de valorisation de la biomasse par gazéification, très prometteuses pour la production de biocarburants, est ralenti à cause de la concentration trop élevée de goudrons dans le gaz produit par ce procédé. Des travaux récents ont montré que les métaux, lorsqu’ils sont imprégnés dans la biomasse, limitent la génération des goudrons primaires, produits lors de l’étape de pyrolyse qui précède les réactions d’oxydation. L’objectif principal de ce travail est d’étudier l’influence des métaux imprégnés sur les mécanismes de pyrolyse et sur les rendements en goudrons de cette étape. La réactivité du char formé, qui est dopé en métal, par rapport aux réactions d’oxydation a également été évaluée. L’étude de l’influence du fer et du nickel sur la pyrolyse des principaux polymères qui constituent la biomasse (cellulose, xylane, lignine) et d’échantillons de biomasses a permis de mettre en évidence que les métaux favorisent principalement les mécanismes de formation du char, ce qui inhibe les réactions de dépolymérisation et de fragmentation, responsables de la production des goudrons. Imprégné dans les phases amorphes des polysaccharides, le nickel catalyse aussi des réactions de dépolymérisation. Ce résultat explique que la réduction des rendements en goudrons soit plus forte avec le fer qu’avec le nickel. Par contre, le nickel est plus efficace pour limiter la production des molécules contenant un noyau benzénique et pour catalyser des réactions secondaires des matières volatiles, comme le reformage à la vapeur. Lors des expériences de gazéification de char dopé en fer, des problèmes de désactivation du catalyseur métallique, qui conduisent à un ralentissement de la cinétique de la réaction d’oxydation, sont observés. Au contraire, l’activité catalytique du nickel est stable et rend possible les réactions d’oxydation du char au CO2 à 600 °C et à la vapeur d’eau à 500 °C. Ces résultats indiquent que l’approche, qui consiste à imprégner des métaux dans la biomasse, permet d’envisager la mise en œuvre de procédés de gazéification à basse température ; ce qui limiterait le problème des goudrons et permettrait d’améliorer l’efficacité énergétique des procédés. Mots-clés : pyrolyse, biomasse, goudrons, catalyse, nickel, fer, cellulose, lignine, hémicelluloses, gazéification, char dopé en métal. New catalytic strategies for biomass gasification: Influence of impregnated metals on pyrolysis mechanisms Abstract The very promising development of the use of biomass for biofuel production by gasification is slowed down owing to too high tar concentration in the gas produced by this process. Recent works showed that, when impregnated in biomass, metals display catalytic activity that results in a significant decrease in the production of the primary tars, during the pyrolysis step, which precedes the oxidation reactions. The main aim of this work was to assess the effect of impregnated metals on pyrolysis mechanisms and on the tar yield of this step. The reactivity of the metal-doped char produced, during the oxidation reactions, was also evaluated. The study of the influence of iron and nickel on the pyrolysis conversion of the main polymers that form biomass (i.e. cellulose, xylan and lignin) and of biomass samples showed that impregnated metals mainly catalyzed the mechanisms of char formation. This phenomenon inhibited the depolymerization and fragmentation reactions, which are responsible for most tar formation. When impregnated in the amorphous phase of the polysaccharides, nickel also promoted some depolymerization reactions. This result explains the bigger decrease in tar production obtained with iron than with nickel. However, nickel was more efficient in limiting the production of molecules containing a benzene ring and to catalyze the secondary reactions of volatile compounds. During gasification tests, the conversion of the iron-doped char revealed problems of deactivation of the metal catalyst, which led to a decrease in the reaction rate of the oxidation reaction. On the contrary, the catalytic activity of nickel was stable and made possible the oxidation reactions of char at 600 °C with CO2 and at 500 °C with steam. These findings show that the approach which consists in impregnating biomass with metals, allows considering the implementation of gasification processes at low temperature, which could limit the tar problem and could improve the energy conversion efficiency of these processes. Keywords: pyrolysis, biomass, tar, catalysis, nickel, iron, cellulose, lignin, hemicelluloses, gasification, metaldoped char. Laboratoire Biomasse Energie et Biocarburants (2iE) / Transformations Intégrées de la Matière Renouvelable (UTC) 3 Remerciements Cette thèse est le fruit du plus long projet professionnel que j’aie eu l’occasion d’entreprendre. De nombreuses personnes, que je tiens à remercier ici, ont contribué à m’aider à mener ce projet à son terme par leurs apports scientifiques, ainsi que par leur amitié dans la vie de tous les jours. Je remercie Philippe Girard et Yezouma Coulibaly de m’avoir accueilli au sein de l’UTER Génie Energétique et Industriel du 2iE et de m’avoir soutenu dans mes différents projets. Je remercie mes directeurs de thèse : Joël Blin pour la confiance qu’il m’a accordée, ses conseils judicieux, son énergie et sa bonne humeur qui m’ont toujours aidé à aller de l’avant ; et Ammar Bensakhria pour son accueil chaleureux, son intérêt et son investissement, notamment dans les travaux de recherches réalisés lors de mon séjour à Compiègne. Je remercie Anne Julbe, Claude Mirodatos et Pierre Meukam d’avoir accepté de juger ce travail. Je suis heureux d’avoir participé au démarrage et à la croissance du LBEB. Ce projet m’a permis de rencontrer de nombreuses personnes d’origines et de cultures différentes, ce qui fut très enrichissant tant sur le plan professionnel que sur le plan humain. Je remercie particulièrement Madi Kabore, Yapara Kanabet, Hémou Labou et Alex Aubert pour leur contribution à ce travail et leur amitié. Un grand merci aussi à Sayon, Micha, Wilfried et Arnaud pour tous les bons moments passés ensemble et les nombreuses discussions pour refaire le monde. J’exprime aussi toute ma reconnaissance à tous ceux qui m’ont soutenu et permis de passer des moments agréables au laboratoire, notamment Reine, Odilon, Eric, Mariam, William, Salif, Charly, Gueye, Yohan, Igor, Natty et Séverin. 4 Je remercie toute l’équipe de l’UPR Biomasse-Energie du Cirad, notamment Sylvie Mouras, de m’avoir reçu et permis de réaliser de nombreuses expériences lors de mes passages à Montpellier. Je remercie très particulièrement Ghislaine Volle et Jérémy Valette, qui par leur disponibilité, leurs conseils et leur maîtrise des appareils analytiques ont contribué à la qualité des résultats de cette étude. Je vous dois beaucoup, pour diverses raisons, d’en être arrivé là. Je remercie Eric Martin pour son soutien technique sur le montage expérimental. Merci également aux autres membres de l’équipe, notamment Véro, François, Anthony, Xavier, Gabriel et Mathieu de m’avoir si bien intégré au sein du Cirad comme dans le cadre d’autres activités. Je remercie aussi Cécile Fovet-Rabot pour ses précieux conseils par rapport à la rédaction scientifique. Je pense aussi à tous mes amis qui ont rendu agréable cette aventure au Burkina Faso. Je remercie Jérôme, Amélie, Juliette, Guillaume, Elodie, Nathalie, Joseph, Brice, Sarah, Liza, Béa et Séverine pour tous les moments de joie partagés lors des soirées ouagalaises. Merci à tous les rugbymen de Ouagadougou ; je garderai de nombreux souvenirs de toutes ces rencontres qui m’ont marquées dans tous les sens du terme. Merci à Odile et Jacques de m’avoir si bien accueilli et pour leur bonne humeur qui a égayé ma vie de tous les jours. Je remercie mes parents pour leur éducation, leur dévouement et pour m’avoir toujours soutenu dans mes différents choix professionnels et personnels. Je remercie Patricia et Fabien qui ont aussi participé à mon éducation, qui m’ont donné la chance de grandir dans un environnement heureux et qui ont toujours été des modèles pour moi. Je remercie aussi Guilhem, Catherine et la famille Fournials pour tous les bons moments passés ensemble. Selon Antoine de Saint-Exupéry, « Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ». J’ai une pensée pour mes grandsparents et je dédie ce document à Emilie, Romane, Louis, Romain et Guillaume. Je tiens enfin à remercier Christel pour l’équilibre qu’elle a apporté à ma vie et toutes les belles aventures partagées et à venir. 5 Liste des abréviations 5-HMF : 5-hydroxyméthylfurfural ACP : Analyse en Composantes Principales Ademe : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie ATG : Analyse Thermogravimétrique BET : Brunauer-Emmet-Teller BJH : Barrett-Joyner-Halenda dcf : Dried catalyst free DME : Diméthyéther DRX : Diffraction des rayons X dTG : Dérivée de la courbe représentant l’évolution de la masse d’un échantillon en fonction de la température (ou du temps) Ea : Energie d’activation ECN : Energy research Center of the Netherlands EDF : Equilibrium deposition filtration FAO : Food and Agriculture Organization GC-MS : Couplage chromatographie en phase gazeuse et spectrométrie de masse GPC : Chromatographie sur Gel Perméable HAP : Hydrocarbure aromatique polycyclique IR : Infrarouge IRTF : Spectroscopie Infrarouge à Transformée de Fourier LG : Lévoglucosan 6 Table des Matières INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................................... 12 Références bibliographiques de l’Introduction Générale ................................................................................ 17 CHAPITRE I – VALORISATION ENERGETIQUE DE LA BIOMASSE – PRODUCTION DE BIOCARBURANTS DE SECONDE GENERATION PAR VOIE THERMOCHIMIQUE .......................................................................... 18 1. La biomasse végétale, source d’énergie pour un développement durable ................................................ 21 1.1. Potentiel et avancée de l’exploitation énergétique de la biomasse ....................................................... 21 1.2. Le développement des biocarburants de seconde génération ............................................................... 23 1.2.1. Réduction des émissions de gaz à effet de serre .............................................................................. 23 1.2.2. Approvisionnement en ressources .................................................................................................... 24 1.2.3. Conditions pour un développement durable .................................................................................... 24 1.2.4. Développement de bioraffineries ..................................................................................................... 24 2. Structure et composition de la biomasse .................................................................................................. 25 2.1. Cellulose .................................................................................................................................................. 26 2.2. Hémicelluloses ........................................................................................................................................ 27 2.3. Lignine ..................................................................................................................................................... 28 2.4. Structure et composition de la paroi cellulaire ....................................................................................... 29 2.5. Valorisation énergétique de la biomasse pour la substitution des ressources fossiles .......................... 30 3. Valorisation énergétique de la biomasse lignocellulosique – Les biocarburants de seconde génération ... 31 3.1. Les voies biochimiques............................................................................................................................ 31 3.1.1. La biométhanisation .......................................................................................................................... 31 3.1.2. La fermentation éthanolique ............................................................................................................ 32 3.2. Les voies thermochimiques ..................................................................................................................... 33 3.2.1. La combustion ................................................................................................................................... 33 3.2.2. La pyrolyse ......................................................................................................................................... 33 3.2.2.1. La carbonisation ........................................................................................................................ 34 3.2.2.2. La pyrolyse flash ........................................................................................................................ 34 3.2.3. La gazéification .................................................................................................................................. 35 3.2.3.1. Principe ..................................................................................................................................... 35 3.2.3.2. Voies de valorisation du gaz produit ......................................................................................... 37 3.2.3.3. Influence néfaste des produits contaminants du gaz de gazéification ..................................... 38 3.3. Bilan sur le potentiel des biocarburants de seconde génération ........................................................... 40 4. Principe et mécanismes de la conversion de la biomasse lignocellulosique par pyrolyse .......................... 41 4.1. Définitions et généralités ........................................................................................................................ 42 4.1.1. Etapes de la pyrolyse ......................................................................................................................... 42 4.1.2. Mécanismes de conversion ............................................................................................................... 43 4.1.3. Composition des produits de pyrolyse .............................................................................................. 44 4.1.3.1. Le char (ou charbon) ................................................................................................................. 44 4.1.3.2. L’huile de pyrolyse .................................................................................................................... 45 4.1.3.3. La fraction gazeuse ................................................................................................................... 45 4.2. Influence des paramètres opératoires sur les rendements de pyrolyse................................................. 45 4.2.1. Influence de la température .............................................................................................................. 46 7 4.2.2. Influence de la vitesse de chauffe ..................................................................................................... 47 4.2.3. Taille des particules ........................................................................................................................... 48 4.2.4. Temps de séjour des gaz ................................................................................................................... 49 4.3. Influence de la composition et de la structure de la biomasse .............................................................. 49 4.3.1. Conversion par pyrolyse des constituants isolés ............................................................................... 49 4.3.1.1. Conversion de la cellulose......................................................................................................... 49 4.3.1.2. Conversion des hémicelluloses ................................................................................................. 58 4.3.1.3. Conversion de la lignine ............................................................................................................ 60 4.3.2. Conversion des constituants au sein de la biomasse ........................................................................ 62 4.3.2.1. Influence des interactions avec les minéraux ........................................................................... 64 4.3.2.2. Influence des interactions entre constituants .......................................................................... 67 4.4. Influence de l’imprégnation de catalyseurs métalliques dans la biomasse sur les rendements de pyrolyse ............................................................................................................................................................ 68 4.4.1. Utilisation de catalyseurs en pyrolyse ............................................................................................... 68 4.4.2. Influence des catalyseurs métalliques imprégnés sur les mécanismes de conversion des constituants de la biomasse ......................................................................................................................... 70 4.4.2.1. Conversion de la cellulose imprégnée de métal ....................................................................... 70 4.4.2.2. Conversion des hémicelluloses imprégnées de métal .............................................................. 72 4.4.2.3. Conversion de la lignine imprégnée de métal .......................................................................... 72 4.4.3. Influence des catalyseurs métalliques imprégnés sur les rendements de pyrolyse de biomasses ... 73 4.4.4. Influence des catalyseurs métalliques sur les réactions secondaires ............................................... 73 5. Valorisation énergétique de la biomasse par gazéification : influence de l’utilisation de catalyseurs métalliques pour la production d’un gaz purifié ............................................................................................. 74 5.1. Le problème des goudrons, potentiel d’un traitement catalytique ........................................................ 75 5.1.1. Les goudrons : définition et composition .......................................................................................... 75 5.1.2. Limitation de la teneur en goudrons dans le gaz issu des procédés de gazéification ....................... 76 5.1.2.1. Optimisation des paramètres opératoires ................................................................................ 77 5.1.2.2. Epuration des goudrons par traitement physique du gaz produit par gazéification ................ 78 5.1.2.3. Craquage thermique des goudrons .......................................................................................... 78 5.1.2.4. Réduction des rendements en goudrons par voie catalytique ................................................. 78 5.2. Réaction de gazéification du char, influence du dopage en métal ......................................................... 82 5.2.1. Notion de réactivité et définitions .................................................................................................... 82 5.2.2. Influence des conditions de pyrolyse sur la nature du char .............................................................. 83 5.2.3. Influence des paramètres opératoires sur la vitesse de conversion du char .................................... 84 5.2.4. Influence de composés inorganiques sur la vitesse de conversion du char ...................................... 84 5.2.4.1. Influence des minéraux ............................................................................................................. 84 5.2.4.2. Réactivité de char dopé en métal de transition ........................................................................ 86 6. Conclusion et objectifs de recherche ........................................................................................................ 87 7. Références bibliographiques du Chapitre I................................................................................................ 88 CHAPITRE II - MATERIEL ET METHODES ..........................................................................................100 1. Matériel .................................................................................................................................................. 102 1.1. Nature et origine des constituants de la biomasse utilisés................................................................... 102 1.2. Nature et origine du matériel végétal utilisé ........................................................................................ 102 1.3. Nature et origine des sels métalliques utilisés ...................................................................................... 103 2. Préparation des échantillons imprégnés ................................................................................................. 103 2.1. Imprégnations des biomasses ............................................................................................................... 104 8 2.2. Imprégnation des constituants de la biomasse .................................................................................... 106 3. Installations expérimentales ................................................................................................................... 108 3.1. Four tubulaire ....................................................................................................................................... 108 3.1.1. Description de l’installation et principe des expériences ................................................................ 108 3.1.2. Protocole expérimental ................................................................................................................... 111 3.2. Couplage analyse thermogravimétrique / Micro-GC ............................................................................ 113 3.2.1. Description de l’installation et principe des expériences ................................................................ 113 3.2.2. Protocole expérimental ................................................................................................................... 114 3.3. Installation de gazéification à lit fixe ..................................................................................................... 115 3.3.1. Description de l’installation et principe des expériences ................................................................ 115 3.3.2. Protocole expérimental ................................................................................................................... 116 3.3.2.1. Préparation du char ................................................................................................................ 116 3.3.2.2. Gazéification du char .............................................................................................................. 117 3.3.3. Détermination des paramètres cinétiques ...................................................................................... 117 4. Techniques analytiques pour la caractérisation des échantillons et des produits de réaction ................. 119 4.1. Caractérisation des échantillons et produits de réactions solides ........................................................ 119 4.1.1. Détermination de la composition des échantillons de biomasses et des chars .............................. 119 4.1.2. Détermination de la teneur en métaux des échantillons de biomasse et des chars ...................... 120 4.1.2.1. Teneur en métaux naturellement présents dans la biomasse ................................................ 121 4.1.2.2. Teneur en métaux dans la biomasse imprégnée et les chars dopés en métal ....................... 121 4.1.3. Analyse de la cristallinité par diffraction des rayons X .................................................................... 122 4.1.3.1. Taux de cristallinité des échantillons de biomasse ................................................................. 122 4.1.3.2. Cristallinité du métal dans les chars ....................................................................................... 124 4.1.3.3. Taille des cristallites ................................................................................................................ 124 4.1.4. Détermination de la texture poreuse des chars .............................................................................. 124 4.2. Caractérisation de l’huile de pyrolyse ................................................................................................... 125 4.2.1. Détermination de la teneur en eau ................................................................................................. 125 4.2.2. Composition des goudrons .............................................................................................................. 125 4.2.2.1. Méthode d’analyse ................................................................................................................. 126 4.2.2.2. Méthodes de calcul des rendements ...................................................................................... 126 4.3. Composition des fractions gazeuses incondensables ........................................................................... 127 4.3.1. Méthode d’analyse .......................................................................................................................... 127 4.3.2. Méthodes de calcul ......................................................................................................................... 127 5. Références bibliographiques du Chapitre II............................................................................................. 128 CHAPITRE III – IMPACT DE L’IMPREGNATION SUR LA COMPOSITION DE LA BIOMASSE….... ............131 1. Proportions et structure des constituants majeurs de la biomasse ......................................................... 133 1.1 Biomasses brutes .................................................................................................................................. 134 1.2 Influence de l’imprégnation .................................................................................................................. 135 1.2.1 Imprégnation à pH 6,0 ..................................................................................................................... 136 1.2.2 Imprégnation à pH 1,5 ..................................................................................................................... 138 2. Teneur en minéraux ................................................................................................................................ 139 3. Teneur en métal des échantillons imprégnés .......................................................................................... 141 3.1 Principe de l’imprégnation d’espèces métalliques dans la biomasse ................................................... 141 3.2 Préparation des échantillons imprégnés de métaux ............................................................................ 142 4. Bilan de l’impact de l’imprégnation sur la composition de la biomasse .................................................. 144 5. Références bibliographiques du Chapitre III............................................................................................ 144 9 CHAPITRE IV - INFLUENCE DES METAUX IMPREGNES SUR LES RENDEMENTS DE PYROLYSE……. .....147 1. Validation de la méthode associée au dispositif expérimental................................................................ 149 1.1. Choix des paramètres expérimentaux .................................................................................................. 149 1.2. Répétabilité de la méthode expérimentale .......................................................................................... 151 2. Pyrolyse des constituants majeurs de la biomasse .................................................................................. 153 2.1. Rendements de pyrolyse des constituants isolés ................................................................................. 153 2.2. Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse de la cellulose ....................... 157 2.3. Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse du xylane ............................... 161 2.4. Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse de la lignine ........................... 164 2.5. Apport de l’étude de la pyrolyse des constituants imprégnés.............................................................. 167 3. Pyrolyse des échantillons de biomasse ................................................................................................... 170 3.1. Rendements de pyrolyse des échantillons sans métal imprégné ......................................................... 170 3.2. Influence du fer sur les rendements de pyrolyse .................................................................................. 174 3.3. Influence du nickel sur les rendements de pyrolyse ............................................................................. 179 4. Conclusion .............................................................................................................................................. 185 5. Références bibliographiques du Chapitre IV ........................................................................................... 186 CHAPITRE V – INFLUENCE DES METAUX IMPREGNES SUR LES MECANISMES DE PYROLYSE……….. 190 1. Validation de la méthode expérimentale ................................................................................................ 192 2. Mécanismes de pyrolyse des constituants imprégnés de métaux ........................................................... 193 2.1. Conversion de la lignine imprégnée de métaux .................................................................................... 193 2.2. Conversion de la cellulose imprégnée de métaux ................................................................................ 204 2.3. Conversion du xylane imprégné de métaux .......................................................................................... 212 2.4. Apport de l’étude des mécanismes de pyrolyse des constituants imprégnés ...................................... 220 3. Mécanisme de pyrolyse des biomasses imprégnées de métaux .............................................................. 221 3.1. Conversion des échantillons de biomasses bruts ................................................................................. 221 3.2. Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion de la biomasse ........................... 222 3.3. Influence du fer imprégné dans la biomasse ........................................................................................ 223 3.4. Influence du nickel imprégné dans la biomasse ................................................................................... 227 4. Bilan et interprétations des résultats de l’étude à l’aide du couplage ATG/Micro-GC ............................. 232 5. Références bibliographiques du Chapitre V ............................................................................................ 234 CHAPITRE VI - MECANISMES DE CONVERSION PRIMAIRES CATALYSES PAR LES METAUX IMPREGNES……………. .......................................................................................................................238 1. Influence des métaux sur les mécanismes de conversion des polysaccharides ....................................... 240 1.1. Réactions de déshydratation ................................................................................................................ 241 1.2. Dépolymérisation des polysaccharides dont la chaîne principale est constituée d’hexoses ................ 242 1.3. Conversion du noyau pyrane en noyau furane ..................................................................................... 243 1.4. Du noyau furane vers la formation du char .......................................................................................... 244 2. Influence des métaux sur les mécanismes de conversion de la lignine .................................................... 246 3. Conclusion .............................................................................................................................................. 247 4. Références bibliographiques du Chapitre VI ........................................................................................... 247 10 CHAPITRE VII – ETUDE DE LA GAZEIFICATION DE CHAR DOPE EN METAL ........................................249 1. 2. 3. 4. Validation de la méthode expérimentale ................................................................................................ 251 Tests de gazéification au CO2 des chars dopés en métal.......................................................................... 254 Tests de gazéification à la vapeur d’eau des chars dopés en métal ......................................................... 256 Interprétation de l’influence des métaux sur la réactivité du char .......................................................... 258 4.1. Influence des métaux sur la texture poreuse du char .......................................................................... 258 4.2. Effet catalytique des métaux ................................................................................................................ 259 5. Impact de la présence de métaux sur les réactions de gazéification ....................................................... 260 6. Références bibliographiques du Chapitre VII .......................................................................................... 261 CHAPITRE VIII - INTERET DE L’IMPREGNATION D’ESPECES METALLIQUES DANS LA BIOMASSE EN VUE DE SA VALORISATION PAR CONVERSION THERMOCHIMIQUE ………………………….. .........................263 1. Contraintes associées à l’imprégnation d’espèces métalliques dans la biomasse ................................... 265 2. Comparaison des effets catalytiques du fer et du nickel ......................................................................... 266 2.1. Effet sur les mécanismes de conversion primaires ............................................................................... 266 2.2. Effet sur les réactions secondaires ........................................................................................................ 268 2.3. Effet sur la réaction de gazéification du char........................................................................................ 269 3. Influence de la composition de la biomasse sur les rendements de pyrolyse des échantillons imprégnés de métaux ......................................................................................................................................................... 270 4. Conclusion .............................................................................................................................................. 271 5. Références bibliographiques du Chapitre VIII ......................................................................................... 272 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS…………………….. .................................................................274 Références bibliographiques des Conclusions et Recommandations ............................................................ 278 LISTE DES FIGURES………………………………………………………………………………………………....280 LISTE DES EQUATIONS ... ………………………………………………………………………………………… 284 LISTE DES TABLEAUX……………………………………………………………………………………………. ..284 LISTE DES ANNEXES……………………………………………………………………………………………… ..286 ANNEXES………............................................................................................................................. ....287 11 INTRODUCTION GENERALE Introduction Générale INTRODUCTION GENERALE « La paix, le développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et indissociables » [1]. Le Principe 25 du Sommet Planète Terre, conférence sur l’environnement et le développement organisée par les Nations Unies à Rio de Janeiro, illustre la prise de conscience à l’échelle mondiale, que le développement des populations ne doit pas se faire au détriment de l’environnement, mais de manière durable. Le développement durable est défini dans le Rapport Brundtland [2] comme un mode de développement qui répond aux besoins du présent, sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Pour ce faire, le Principe 4 du même Sommet Planète Terre [1] explique que «la protection de l'environnement doit faire partie intégrante du processus de développement et ne peut être considérée isolément». Malgré la prise de conscience croissante de l’intérêt de préserver l’environnement, le développement économique et social des civilisations se construit toujours de manière non durable, à partir de ressources majoritairement non renouvelables. Un problème critique est la surexploitation des ressources fossiles que sont le pétrole, le charbon minéral et le gaz naturel. Ces ressources constituent actuellement, comme illustré sur la Figure IG1, les principales matières premières utilisées pour la production d’énergie : elles représentent plus de 80 % des 5,1.1020 J (12 267 Mtep) produites en 2008 [3]. Biomasse et déchets Hydraulique 10% Autres sources d'énergie 1% 2% Nucléaire 6% Charbon 27% Gaz naturel 21% Pétrole 33% Figure IG1 : Contribution des différentes sources d’énergie primaire à la production énergétique de 2008 (adapté à partir des données de l’Agence Internationale de l’Energie [3]). Les ressources fossiles ont été et demeurent des piliers du développement en raison de leur forte consommation dans l’industrie, la production d’électricité, les usages domestiques et le transport. Par exemple, en 2008, 78,5 % du charbon minéral consommé était exploité dans le secteur de l’industrie et 61,4 % du pétrole consommé était utilisé pour le transport [3]. Le pétrole et le gaz naturel constituent également des matières premières de la pétrochimie, dont est issue la plupart des matériaux usuels et de nombreux produits chimiques [4]. Avec l’accroissement de la population mondiale et du niveau de vie, notamment dans les pays en voie de développement, l’Agence Internationale de l’Energie prévoit, pour les vingt prochaines années, une augmentation de la demande énergétique, qui atteindrait alors environ 6,5.1020 J (15 000 Mtep) en 2030, avec 13 Introduction Générale notamment une exploitation croissante des ressources fossiles [3]. Cependant, dans la mesure où la conversion de la biomasse en combustible fossile se réalise en plusieurs millions d’années [5], les ressources fossiles s’avèrent non renouvelables à l’échelle humaine et se raréfient. D’après les données estimant les réserves fossiles actuellement prouvées [6], une consommation équivalente à celle de 2009 provoquerait l’épuisement des ressources de pétrole en 42 ans, de gaz naturel en 63 ans et de charbon en 119 ans. En plus des problèmes d’épuisement des réserves, l’exploitation des ressources fossiles se révèle non durable en raison de son impact sur l’environnement. La combustion des énergies fossiles génère la production de gaz à effet de serre comme le CO2, qui contribuent au réchauffement climatique. En 2008, les émissions de CO2 dues à l’exploitation des combustibles fossiles ont atteint 29 381 Mt, soit deux fois plus qu’il y a 40 ans [3]. Or, parmi les gaz d’origine anthropique, le CO2 est celui qui contribue le plus à l’effet de serre (à hauteur de 76,7 %, avec une part de 56,6 % due à l’exploitation des combustibles fossiles) [7]. D’après le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), les émissions de gaz à effet de serre pourraient encore augmenter de 95 % entre 2000 et 2030, ce qui conduira inévitablement à la poursuite du réchauffement du système climatique [7]. L’impact des changements climatiques provoque déjà des incidences sur les systèmes naturels de certaines régions qui tendent à s’aggraver : risques accrus d’inondation marine, diminution des quantités d’eau douce disponible, baisse des rendements d’agriculture pluviale avec de lourdes conséquences en matière de sécurité alimentaire et de malnutrition, appauvrissement de la diversité biologique… C’est pourquoi, il est primordial de ne pas attendre l’épuisement des ressources fossiles pour trouver des solutions menant à un développement plus durable. La première proposition de l’objectif 7, « Préserver l’environnement », des Objectifs du Millénaire pour le Développement [8] pour lesquels se sont engagés les Nations Unies traduit clairement cette volonté : « Intégrer les principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance à la déperdition des ressources naturelles ». L’exemple récent de la Suède qui a réussi, en l’espace de 10 ans, a augmenté son produit intérieur brut de 42 % tout en diminuant ses émissions globales de CO2 de 9 % [9], illustre qu’il est possible de, simultanément, améliorer son niveau de vie et diminuer son empreinte carbone. La solution n’est certainement pas unique et passe par le développement de l’exploitation de diverses énergies renouvelables, dont les plus courantes sont l’énergie solaire, l’énergie hydraulique, l’énergie éolienne et l’énergie stockée sous forme de biomasse. La biomasse est considérée comme la source d’énergie la plus adaptée pour se substituer aux produits pétroliers à court terme [10, 11]. Outre la possibilité de produire de l’électricité et de la chaleur, la biomasse présente l’avantage d’être constituée majoritairement de carbone ; ce qui en fait la principale alternative pour remplacer le pétrole à la fois comme carburant liquide dans le domaine du transport, mais également pour la synthèse de molécules chimiques et de matériaux. A partir de la biomasse, les techniques de production des biocarburants conventionnels dits de première génération, comme les huiles végétales, l’éthanol et le biodiesel, ont atteint un degré de maturité très avancé. Mais les capacités de production de ces filières restent relativement limitées, dans la mesure où elles ne permettent de valoriser qu’une fraction mineure de la plante [12]. La possibilité d’exploiter presque l’intégralité de tous types de biomasse lignocellulosique par conversions thermochimique ou biochimique accroît considérablement le potentiel énergétique valorisable de la biomasse. Ces filières qui conduisent à la production de biocarburants dits de seconde génération sont encore au stade de la recherche, dans le but d’optimiser des rendements 14 Introduction Générale énergétiques encore trop faibles. Notre étude est focalisée sur la conversion thermochimique de la biomasse lignocellulosique par gazéification pour la production de gaz de synthèse. La gazéification de la biomasse implique une étape de pyrolyse, qui conduit à la formation d’un résidu solide nommé char et au dégagement de matières volatiles. Parmi ces matières volatiles, certaines sont incondensables, tandis que d’autres passent à l’état liquide à température ambiante. Cette fraction gazeuse condensable est formée d’eau et d’un mélange complexe de molécules organiques appelées goudrons. L’étape suivante, qui nécessite des températures élevées (> 700 °C), consiste en une oxydation partielle des molécules volatiles et du char formés par pyrolyse, dans le but d’obtenir un gaz combustible composé majoritairement de CO et de H2. Le gaz obtenu suit ensuite des étapes d’épuration pour éliminer les produits indésirables et de conditionnement de manière à former un gaz de synthèse, dont les voies de valorisation pour la production de biocarburants, notamment en diesel par le procédé Fischer-Tropsch, sont déjà bien maîtrisées. Le principal verrou technologique au développement de cette filière de valorisation de la biomasse par gazéification est la difficulté à obtenir un gaz de synthèse de pureté suffisante. En effet, malgré l’étape d’épuration, du fait de la forte concentration des goudrons dans le gaz produit à partir de biomasse, la concentration de ces molécules dans le gaz de synthèse est encore trop élevée. Or, la présence de ces goudrons s’avère néfaste dans la mesure où ils : - encrassent et dégradent les installations, - désactivent les catalyseurs utilisés en aval lors de la synthèse des biocarburants, - limitent les rendements de gazéification. La diminution des rendements en goudrons constituerait donc une avancée déterminante pour le développement des filières de conversion de la biomasse par gazéification. Dans ce but, une stratégie innovante consiste à insérer dans la biomasse, avant l’étape de pyrolyse, des catalyseurs qui permettent de limiter la production des goudrons au cours de la pyrolyse. Par conséquent, la quantité de goudrons à traiter lors de l’étape d’épuration diminue significativement, tout comme la pollution des installations et des catalyseurs utilisés en aval. Des travaux antérieurs ont mis en évidence l’efficacité de catalyseurs métalliques imprégnés dans la biomasse, pour limiter la formation des goudrons lors de la pyrolyse [13, 14]. L’imprégnation d’ions métalliques permet une dispersion homogène des métaux dans la biomasse et un contact intime de ceux-ci avec la matrice lignocellulosique, ce qui peut conduire à une diminution de plus de 50 % des goudrons générés au cours de la pyrolyse. L’objectif de cette étude est de mieux appréhender l’influence des métaux imprégnés sur les mécanismes de conversions thermochimiques de la biomasse lignocellulosique, et plus particulièrement de ses trois principaux constituants que sont la cellulose, les hémicelluloses et la lignine. Pour cela, dans un premier temps, nous avons étudié séparément l’influence de l’imprégnation de métal sur les mécanismes de conversion par pyrolyse de chaque constituant isolé. Afin de prendre en compte l’influence des interactions entre les constituants sur les mécanismes de conversion, nous avons ensuite étudié l’influence de l’imprégnation de métal sur les rendements de pyrolyse de trois biomasses ayant des teneurs en constituants variables. Les expériences de pyrolyse des échantillons imprégnés de métaux ont été réalisées : - à l’échelle du lit dans un four tubulaire pour étudier les rendements de pyrolyse et, en particulier, la composition des matières volatiles produites ; 15 Introduction Générale - à l’échelle de la particule à l’aide d’un analyseur thermogravimétrique couplé à une Micro-GC pour suivre l’évolution de la conversion de l’échantillon et de la composition des gaz incondensables dégagés en fonction de la température. Outre la diminution de la production de goudrons attendue, l’autre modification principale, due à la présence de métaux imprégnés dans la biomasse, est l’obtention en fin de pyrolyse d’un résidu carboné contenant une forte teneur en métal, qui sera nommé, par la suite, char dopé en métal. Dans les procédés de gazéification de la biomasse, l’étape de conversion du char en gaz est celle qui limite cinétiquement le procédé. Dans la mesure où la présence de métaux dans le char influe certainement sur sa réactivité, il est important de s’assurer que la cinétique de conversion du char n’est pas affectée négativement, lorsque celui-ci est dopé en métal. C’est pourquoi, nous nous sommes finalement intéressés à la réactivité du char dopé en métal, à l’aide d’une installation de gazéification à lit fixe. Nos travaux se décomposent en 8 parties. Le chapitre I consiste à préciser le cadre de l’étude et à détailler les différentes filières de production de biocarburants de seconde génération. Une attention particulière est ensuite consacrée aux procédés de gazéification de la biomasse. Le cœur de l’étude bibliographique est focalisé sur les mécanismes de pyrolyse des constituants majeurs de la biomasse. Les résultats de la littérature, concernant l’influence de catalyseurs métalliques sur les étapes de pyrolyse et de gazéification, ont également été recensés et analysés. Les méthodes de préparation des échantillons imprégnés et les dispositifs expérimentaux utilisés pour notre étude sont décrits dans le chapitre II. Les diverses techniques analytiques exploitées pour étudier les échantillons et produits de pyrolyse y sont également présentées. Le chapitre III consiste en une description des échantillons qui ont été préparés pour les expériences de pyrolyse. Outre la teneur en métaux imprégnés, l’impact de l’imprégnation sur la proportion des constituants et la teneur en minéraux a été analysé. Les chapitres IV et V sont consacrés à l’étude expérimentale de la pyrolyse des constituants et des biomasses imprégnés de métaux. Dans le chapitre IV, nous avons étudié l’influence des métaux imprégnés sur les rendements des produits de pyrolyse dans un four tubulaire. Dans le chapitre V, les étapes de la conversion des mêmes échantillons ont été étudiées à l’aide d’un analyseur thermogravimétrique couplé à une Micro-GC, dans le but d’investiguer l’influence des métaux imprégnés sur les mécanismes de conversion des constituants de la biomasse. L’ensemble des résultats obtenus dans les chapitres IV et V ont permis de proposer un certain nombre de mécanismes, expliquant l’influence des métaux imprégnés sur la conversion de la biomasse. Ces mécanismes sont exposés dans le chapitre VI. Dans le chapitre VII sont présentés les résultats de l’étude de l’impact de la présence de métaux dans le char sur la cinétique de sa conversion par gazéification. En se basant sur l’ensemble des résultats obtenus dans les quatre chapitres précédents, une discussion sur les opportunités apportées par l’imprégnation de métaux dans la biomasse, dans l’optique de la valoriser par conversion thermochimique, a finalement été réalisée au Chapitre VIII. 16 Introduction Générale Références bibliographiques de l’Introduction Générale 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. ONU, Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, 1992. http://www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm Brundtland, G.H. and M. Khalid, Our Common Future, 1987. Oxford, Oxford University Press. IEA, Key World Energy Statistics, 2010. http://www.iea.org/publications/ Matar, S. and L.F. Hatch, Chemistry of petrochemical processes, 2001. Woburn, Gulf Professional Publishing. McKendry, P., Energy production from biomass (part 1): overview of biomass. Bioresource Technology, 2002. 83(1): p. 37-46. BP, Statistical Review of World Energy, 2010. http://www.bp.com/statisticalreview GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques, 2008. Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report PNUD, Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), 2005. Programme des Nations Unies pour le Développement, http://www.undp.org/french/mdg/basics.shtml SEA, The development of the Swedish Climate Strategy, 2008. Swedish Energy Agency, http://www.energimyndigheten.se Bridgwater, A.V., Renewable fuels and chemicals by thermal processing of biomass. Chemical Engineering Journal, 2003. 91(2-3): p. 87-102. Demirbas, M.F., M. Balat, and H. Balat, Potential contribution of biomass to the sustainable energy development. Energy Conversion and Management, 2009. 50(7): p. 1746-1760. Broust, F., P. Girard, and L. Van de Steene, Biocarburants de seconde génération, 2008. Techniques de l'ingénieur, http://www.techniques-ingenieur.fr Bru, K., J. Blin, A. Julbe, et al., Pyrolysis of metal impregnated biomass: An innovative catalytic way to produce gas fuel. Journal of Analytical and Applied Pyrolysis, 2007. 78(2): p. 291-300. Richardson, Y., Nouvelles stratégies catalytiques pour la gazéification de la biomasse : Génération in-situ de nanoparticules à base de nickel ou de fer au cours de l'étape de pyrolyse, 2010. Thèse de doctorat, Université Montpellier 2. 17 CHAPITRE I VALORISATION ENERGETIQUE DE LA BIOMASSE – PRODUCTION DE BIOCARBURANTS DE SECONDE GENERATION PAR VOIE THERMOCHIMIQUE Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse CHAPITRE I – VALORISATION ENERGETIQUE DE LA BIOMASSE – PRODUCTION DE BIOCARBURANTS DE SECONDE GENERATION PAR VOIE THERMOCHIMIQUE TABLE DES MATIERES 1. La biomasse végétale, source d’énergie pour un développement durable ............................................. 21 1.1. Potentiel et avancée de l’exploitation énergétique de la biomasse ....................................................... 21 1.2. Le développement des biocarburants de seconde génération ............................................................... 23 1.2.1. Réduction des émissions de gaz à effet de serre .............................................................................. 23 1.2.2. Approvisionnement en ressources .................................................................................................... 24 1.2.3. Conditions pour un développement durable .................................................................................... 24 1.2.4. Développement de bioraffineries ..................................................................................................... 24 2. Structure et composition de la biomasse ............................................................................................... 25 2.1. Cellulose .................................................................................................................................................. 26 2.2. Hémicelluloses ........................................................................................................................................ 27 2.3. Lignine ..................................................................................................................................................... 28 2.4. Structure et composition de la paroi cellulaire ....................................................................................... 29 2.5. Valorisation énergétique de la biomasse pour la substitution des ressources fossiles .......................... 30 3. Valorisation énergétique de la biomasse lignocellulosique – Les biocarburants de seconde génération 31 3.1. Les voies biochimiques............................................................................................................................ 31 3.1.1. La biométhanisation .......................................................................................................................... 31 3.1.2. La fermentation éthanolique ............................................................................................................ 32 3.2. Les voies thermochimiques ..................................................................................................................... 33 3.2.1. La combustion ................................................................................................................................... 33 3.2.2. La pyrolyse ......................................................................................................................................... 33 3.2.2.1. La carbonisation ........................................................................................................................ 34 3.2.2.2. La pyrolyse flash ........................................................................................................................ 34 3.2.3. La gazéification .................................................................................................................................. 35 3.2.3.1. Principe ..................................................................................................................................... 35 3.2.3.2. Voies de valorisation du gaz produit ......................................................................................... 37 3.2.3.3. Influence néfaste des produits contaminants du gaz de gazéification ..................................... 38 3.3. Bilan sur le potentiel des biocarburants de seconde génération ........................................................... 40 4. Principe et mécanismes de la conversion de la biomasse lignocellulosique par pyrolyse ....................... 41 4.1. Définitions et généralités ........................................................................................................................ 42 4.1.1. Etapes de la pyrolyse ......................................................................................................................... 42 4.1.2. Mécanismes de conversion ............................................................................................................... 43 4.1.3. Composition des produits de pyrolyse .............................................................................................. 44 4.1.3.1. Le char (ou charbon) ................................................................................................................. 44 4.1.3.2. L’huile de pyrolyse .................................................................................................................... 45 4.1.3.3. La fraction gazeuse ................................................................................................................... 45 4.2. Influence des paramètres opératoires sur les rendements de pyrolyse................................................. 45 4.2.1. Influence de la température .............................................................................................................. 46 19 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 4.2.2. Influence de la vitesse de chauffe ..................................................................................................... 47 4.2.3. Taille des particules ........................................................................................................................... 48 4.2.4. Temps de séjour des gaz ................................................................................................................... 49 4.3. Influence de la composition et de la structure de la biomasse .............................................................. 49 4.3.1. Conversion par pyrolyse des constituants isolés ............................................................................... 49 4.3.1.1. Conversion de la cellulose......................................................................................................... 49 4.3.1.2. Conversion des hémicelluloses ................................................................................................. 58 4.3.1.3. Conversion de la lignine ............................................................................................................ 60 4.3.2. Conversion des constituants au sein de la biomasse ........................................................................ 62 4.3.2.1. Influence des interactions avec les minéraux ........................................................................... 64 4.3.2.2. Influence des interactions entre constituants .......................................................................... 67 4.4. Influence de l’imprégnation de catalyseurs métalliques dans la biomasse sur les rendements de pyrolyse ............................................................................................................................................................ 68 4.4.1. Utilisation de catalyseurs en pyrolyse ............................................................................................... 68 4.4.2. Influence des catalyseurs métalliques imprégnés sur les mécanismes de conversion des constituants de la biomasse ......................................................................................................................... 70 4.4.2.1. Conversion de la cellulose imprégnée de métal ....................................................................... 70 4.4.2.2. Conversion des hémicelluloses imprégnées de métal .............................................................. 72 4.4.2.3. Conversion de la lignine imprégnée de métal .......................................................................... 72 4.4.3. Influence des catalyseurs métalliques imprégnés sur les rendements de pyrolyse de biomasses ... 73 4.4.4. Influence des catalyseurs métalliques sur les réactions secondaires ............................................... 73 5. Valorisation énergétique de la biomasse par gazéification : influence de l’utilisation de catalyseurs métalliques pour la production d’un gaz purifié ............................................................................................. 74 5.1. Le problème des goudrons, potentiel d’un traitement catalytique ........................................................ 75 5.1.1. Les goudrons : définition et composition .......................................................................................... 75 5.1.2. Limitation de la teneur en goudrons dans le gaz issu des procédés de gazéification ....................... 76 5.1.2.1. Optimisation des paramètres opératoires ................................................................................ 77 5.1.2.2. Epuration des goudrons par traitement physique du gaz produit par gazéification ................ 78 5.1.2.3. Craquage thermique des goudrons .......................................................................................... 78 5.1.2.4. Réduction des rendements en goudrons par voie catalytique ................................................. 78 5.2. Réaction de gazéification du char, influence du dopage en métal ......................................................... 82 5.2.1. Notion de réactivité et définitions .................................................................................................... 82 5.2.2. Influence des conditions de pyrolyse sur la nature du char .............................................................. 83 5.2.3. Influence des paramètres opératoires sur la vitesse de conversion du char .................................... 84 5.2.4. Influence de composés inorganiques sur la vitesse de conversion du char ...................................... 84 5.2.4.1. Influence des minéraux ............................................................................................................. 84 5.2.4.2. Réactivité de char dopé en métal de transition ........................................................................ 86 6. Conclusion et objectifs de recherche ...................................................................................................... 87 7. Références bibliographiques du Chapitre I ............................................................................................. 88 20 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse CHAPITRE I – VALORISATION ENERGETIQUE DE LA BIOMASSE – PRODUCTION DE BIOCARBURANTS DE SECONDE GENERATION PAR VOIE THERMOCHIMIQUE 1. La biomasse végétale, source d’énergie pour un développement durable 1.1. Potentiel et avancée de l’exploitation énergétique de la biomasse Le terme biomasse désigne l’ensemble des matériaux non fossiles d’origine biologique. La biomasse comprend toutes les matières organiques des organismes vivants des divers écosystèmes et des produits qui en dérivent [1]. D’après la FAO, le rayonnement solaire atteignant la surface de la Terre représente, chaque année, une quantité d’énergie d’environ 5,7.1024 J [2]. Une partie de cette énergie solaire est exploitée par les végétaux et les organismes photosynthétiques pour leur croissance, lors de réactions de photosynthèse (Équation I-1). Équation I-1 : Réactions de photosynthèse. 6 CO2 + 12 H2O + énergie solaire → C6H12O6 + 6 O2 + 6 H2O Ainsi, les ressources en biomasse d’origine photosynthétique peuvent être considérées comme de la matière organique, dans laquelle l’énergie solaire est stockée sous forme de liaisons chimiques [3]. L’énergie primaire produite par photosynthèse sous forme de biomasse (3.10 21 J/an) représenterait près de 10 fois la quantité d’énergie consommée, chaque année, par l’ensemble des êtres humains [2]. C’est pourquoi, en se basant sur son potentiel énergétique, la biomasse peut être considérée comme une des options sérieuses pour la substitution des ressources fossiles pour les applications énergétiques. Cette étude est plus particulièrement focalisée sur la valorisation énergétique de la biomasse végétale terrestre, qui représente environ 50 % de la biomasse produite par photosynthèse [4] et qui contribue, actuellement, à plus de 98 % de la consommation énergétique provenant de la biomasse [5]. Selon Naik et al. [6], la part de la biomasse exploitée pour diverses applications (alimentation, énergie, industrie, matériaux) ne représenterait que 1,25 % de la ressource, ce qui signifie que plus de 98 % des stocks sont disponibles et demeurent inexploités. Il convient enfin de préciser que l’exploitation des organismes photosynthétiques aquatiques, tels que les microalgues, se révèle être également une voie prometteuse pour la production de biocarburants, en raison des fortes capacités de production en lipides ou en substances glucidiques de ces organismes [7, 8]. Depuis la découverte du feu, la biomasse a toujours été une des principales sources d’énergie pour la cuisson des aliments et le chauffage. Cette utilisation traditionnelle est toujours d’actualité puisque la biomasse demeure la principale source d’énergie pour plus de la moitié de la population mondiale [9], notamment dans les pays les moins développés (86 % au Bhoutan, 97 % au Népal, 81 % en Afrique Est Sahélienne) [10]. Depuis le début du 21ème siècle, environ 50.1018 J de biomasse sont consommés, chaque année, à des fins énergétiques [2, 9], ce qui représente selon les années entre 10 % et 15 % de la consommation énergétique mondiale. Sur ces 50.1018 J, plus de 80 % sont exploités de manière traditionnelle, c'est-à-dire par simple combustion [11]. Cette exploitation n’est pas optimale et, souvent, non durable, dans la mesure où les techniques de combustion utilisées ont généralement des rendements très faibles et que les ressources en biomasse ne sont pas renouvelées dans certaines régions. 21 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Afin d’exploiter pleinement le potentiel énergétique de la biomasse et de remplacer progressivement les combustibles fossiles, une nouvelle approche et des technologies modernes pour extraire le contenu énergétique de la biomasse, avec la meilleure efficacité possible et à moindre coût, sont indispensables. Les technologies de production des biocarburants sont classées par génération, en général, suivant le type de technologie ou la nature de la biomasse utilisée [6, 12], mais aucune définition n’a été acceptée universellement. Dans le cadre de cette étude, nous considèrerons que les biocarburants dits de « première génération » sont ceux obtenus à partir des composés extraits des organes de réserve des végétaux ; tandis que les biocarburants dits de « seconde génération » sont produits essentiellement à partir des matières lignocellulosiques des végétaux [12]. Les technologies de production de biocarburants de première génération, pouvant se substituer aux ressources fossiles, sont mâtures. En effet, des biocarburants produits à partir des substances glucidiques ou lipidiques, présentes dans les organes de réserve des végétaux, sont disponibles sur le marché depuis plusieurs dizaines d’années [12]. A partir des substances glucidiques telles que le sucre de la racine de betterave sucrière ou de la tige de canne à sucre, l’amidon des tubercules de pomme de terre, des racines de manioc ou des grains de plantes céréalières comme le maïs, le blé ou le riz, il est possible d’obtenir, par voie fermentaire, du bioéthanol. Celui-ci, incorporé à faible concentration (< 10 %), peut être utilisé comme carburant dans des moteurs à essence. Dans le cas de l’alimentation de véhicules utilisant la technologie Flex fuel, très développée au Brésil [6], le bioéthanol peut être mélangé à hauteur de 85 % avec de l’essence. A partir de biomasses oléagineuses comme le colza, le tournesol, le soja ou le Jatropha Curcas, les huiles végétales des graines peuvent être extraites, afin de les utiliser pures ou après transformation en biodiesel, dans les moteurs diesel. En 2009, 73 954.106 L de bioéthanol et 17 929.106 L de biodiesel ont été produits, ce qui représente au total un contenu énergétique de 2,2.1018 J [13], soit le contenu de 2,5 % du pétrole consommé chaque année dans le domaine des transports. Le développement de la filière biocarburants de première génération est un premier pas vers la substitution des ressources fossiles et constitue également une opportunité pour l’accès à l’énergie dans les zones rurales reculées. Cependant, il est peu probable que les capacités de production de cette filière augmentent considérablement et puissent répondre aux besoins énergétiques mondiaux dans la mesure où : - seule une fraction de la plante est valorisée, ce qui conduit à des rendements relativement faibles (le plus souvent inférieur à 70 GJ/ha) et une capacité de production limitée [12]; - les substances exploitées peuvent être, dans la majeure partie des cas, utilisées à des fins alimentaires. Leur valorisation énergétique provoque l’augmentation du prix de certaines denrées de base, ce qui peut menacer la sécurité alimentaire dans certains pays [2]. Dans le but de valoriser une plus forte proportion de l’énergie primaire, accumulée sous forme de biomasse (3.1021 J par an), les procédés de seconde génération font l’objet de nombreuses recherches. En effet, alors que les procédés de production des biocarburants de première génération n’exploitent qu’une partie des cultures énergétiques, la mise en œuvre des procédés de seconde génération a pour but de valoriser la plus grande fraction possible de la matière lignocellulosique contenue dans la biomasse. Cette matière, qui peut représenter jusqu’à 99 % de la matière sèche de certains bois [14], présente l’avantage d’être abondante, disponible et très peu utilisée pour l’alimentation. Les principales sources sont les cultures dédiées à croissance rapide (eucalyptus, miscanthus…), mais aussi les déchets forestiers, agricoles et industriels. Les recherches les plus avancées, visant à convertir la biomasse lignocellulosique en biocarburants de seconde génération, sont basées sur des transformations biochimiques ou thermochimiques, qui seront détaillées au 22 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse paragraphe I.3. Dans le cas de la conversion de cultures dédiées, des rendements énergétiques de plus de 120 GL/ha pourraient être atteints [12]. Ainsi, selon Hoogwijk et al. [15], la biomasse pourrait fournir jusqu’à 50 % de l’énergie primaire mondiale. Cette proportion dépendra notamment des possibilités de renouveler les ressources et du développement des technologies de conversion. En effet, la production des biocarburants de seconde génération est encore au stade de la recherche ou du pilote de démonstration [6, 12] et certains verrous technologiques doivent être levés, pour que cette filière procure de meilleurs rendements énergétiques. 1.2. Le développement des biocarburants de seconde génération Les perspectives de développement des biocarburants s’avèrent prometteuses, pour réduire les émissions anthropiques des gaz à effet de serre issus de la combustion des carburants fossiles, à la condition que la gestion des ressources se fasse de manière durable. Le concept de bioraffinerie, qui se développe ces dernières années, est un exemple de développement technologique qui traduit bien le souci d’une exploitation optimale des ressources en biomasse. 1.2.1. Réduction des émissions de gaz à effet de serre L’essentiel du carbone accumulé lors de la croissance de la biomasse provient du CO2 atmosphérique, consommé lors de la réaction de photosynthèse. Ainsi, la quantité de CO2 dégagée, en rapport avec l’exploitation des biocarburants, ne peut dépasser celle qui a été prélevée à l’atmosphère. Cette hypothèse est respectée si la filière de production de ces biocarburants ne dégage pas de molécules de CO2 supplémentaires et si, dans le même temps, un stock de biomasse, équivalent à celui consommé, a repoussé. Dans le cas où ces conditions sont respectées, l’exploitation des biocarburants s’avère être une alternative durable à celle des ressources fossiles, tant au niveau des possibilités de régénération des ressources que des rejets des gaz à effet de serre. En effet, en ce qui concerne les ressources fossiles, dont le carbone provient également du CO2 atmosphérique, la vitesse de consommation actuelle est bien plus élevée que celle de formation (plusieurs millions d’années), ce qui explique l’épuisement des stocks et un déséquilibre global au niveau des émissions de carbone. De plus, par rapport aux combustibles fossiles, la biomasse contient des quantités faibles en soufre et en azote. Son exploitation conduit à de plus faibles émissions de dioxyde de soufre et d’oxydes d’azote, qui sont les principaux polluants responsables des pluies acides [5]. Figure I-1 : Coût et émission de gaz à effet de serre pour la production de carburants selon différentes technologies (adapté de [9]). 23 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse A partir d’une étude de la FAO, une estimation de l’influence de la technologie de production des biocarburants sur les émissions de gaz à effet de serre a été effectuée. Les résultats, illustrés sur la Figure I-1, montrent que l’exploitation des biocarburants de seconde génération permet une réduction des émissions de gaz à effet de serre, généralement plus importante que celle des biocarburants de première génération. 1.2.2. Approvisionnement en ressources Contrairement aux ressources fossiles, les stocks de biomasse sont globalement assez bien répartis sur la planète. Dans certaines régions, l’utilisation de la biomasse à des fins énergétiques, pourrait permettre d’assurer un approvisionnement local fiable, qui réduirait la dépendance énergétique des populations vis-à-vis des pays producteurs de pétrole. Ainsi, l’exploitation énergétique de la biomasse pourrait contribuer au développement des régions ne possédant pas de ressources fossiles, notamment dans les pays les plus pauvres. Par rapport aux autres sources d’énergie renouvelable (solaire, hydraulique, éolien), la biomasse présente l’avantage de stocker l’énergie sous forme chimique. Ainsi, selon les besoins, sa valorisation peut permettre de fournir des vecteurs énergétiques solides, liquides ou gazeux, qui peuvent être stockés ou transportés. 1.2.3. Conditions pour un développement durable Pour être considéré comme durable, un développement doit permettre de répondre aux besoins du présent, sans compromettre les possibilités des générations futures. L’exploitation de la biomasse est très prometteuse pour produire de l’énergie de façon durable, à condition de respecter certaines conditions. La plus importante est la régénération des stocks consommés. Pour espérer atteindre un bilan carbone neutre, il est indispensable que la production annuelle de biomasse soit au moins équivalente à celle consommée. De plus, des mesures de sauvegardes spécifiques sont obligatoires par rapport à la mise en place de ces cultures bioénergétiques, afin qu’elles ne constituent pas une menace pour la qualité des ressources naturelles, telles que l’eau et la terre. L’utilisation excessive d’engrais et de pesticides nocifs pour l’environnement sont à proscrire dans la mesure où, en plus de problèmes de pollution des sols, leur usage accroît les émissions de gaz à effet de serre [2]. De même, le défrichement des forêts naturelles pour libérer des terres fertiles, qui porte préjudice à la biodiversité, ne doit plus être pratiqué [10]. 1.2.4. Développement de bioraffineries Le concept de bioraffinerie repose sur le modèle des raffineries pétrolières, qui permettent, à partir du pétrole, de produire des carburants, ainsi que de nombreux produits dérivés (matières plastiques, fibre synthétique, produits pharmaceutiques, solvant, engrais…). Les différentes propositions de définition d’une bioraffinerie regroupent en général certains critères principaux [6, 11, 16, 17] : c’est un ensemble industriel exploitant différentes technologies interdépendantes pour transformer et raffiner des matières premières issues de la biomasse, en une gamme de produits à valeur ajoutée. Une consommation énergétique externe minimum, la conversion de la biomasse générant le moins de déchets possibles et un taux d’émissions minimum sont des critères également fréquemment cités. Les procédés technologiques consistent essentiellement en un fractionnement de la biomasse et des conversions par voies biochimiques et thermochimiques. Les principales applications sont la production de biocarburants, d’aliments, de biomatériaux, de produits chimiques et d’énergie sous forme électrique et thermique. L’énergie produite alimente en priorité la bioraffinerie et l’éventuel 24 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse excès peut être revendu. Une bioraffinerie suffisamment flexible, pour pouvoir valoriser une grande diversité de biomasses en divers produits à valeur ajoutée, constitue un avantage supplémentaire. Selon un rapport de l’Ademe [16], de nombreux projets de bioraffineries, dont le produit principal est le bioéthanol ou le biodiesel, ont vu le jour depuis 2010. Un pilote de bioraffinerie basée sur la valorisation complète de plantes oléagineuses est en cours de développement dans le cadre du projet PIVERT. Ce projet, soutenu par l’Université de Technologie de Compiègne, est le premier Institut d'Excellence dans le domaine des Energies Décarbonées (IEED) dédié au développement de la chimie du végétal en France. Par contre, les projets de bioraffineries, dont l’activité majeure est la production de biocarburants de seconde génération, sont encore rares, du fait du manque d’efficacité et de maîtrise des procédés industriels. De même, les bioraffineries produisant des intermédiaires de synthèse pour la chimie sont en petits nombres. Parmi les molécules d’intérêt susceptibles d’être produites à partir de la biomasse, les phénols et les furanes peuvent être notamment utilisés comme intermédiaires de synthèse pour la production de biomatériaux et de produits pharmaceutiques [18-20]. Les molécules de sucre, dérivées des polysaccharides, sont aussi très intéressantes pour la synthèse de molécules biologiquement actives, en raison de leur abondance dans la biomasse et du fait qu’elles contiennent des carbones asymétriques [18, 21, 22]. 2. Structure et composition de la biomasse Les biomasses végétales sont des organismes qui résultent d’un assemblage de tissus, qui sont issus de la croissance, de la différenciation et de la mort de cellules organisées pour établir une structure fonctionnelle. C’est à l’intérieur des cellules, qui constituent l’unité structurale des végétaux, que se produisent les réactions de photosynthèse qui convertissent l’énergie solaire sous forme de liaisons chimiques (Équation I-1). Les principaux éléments formant la biomasse sont le carbone, l’oxygène, l’hydrogène, l’azote et le soufre (Tableau I-1). La biomasse contient également, en plus faible proportion, des éléments inorganiques comme le phosphore, le silicium, le chlore, des métaux alcalins (potassium, sodium), des métaux alcalino-terreux (calcium, magnésium) et des métaux de transition (cuivre, fer, zinc, manganèse…). Ces éléments inorganiques sont absorbés, sous forme de sels minéraux, par les végétaux dans lesquels ils remplissent des fonctions variées. Lors de la combustion de la biomasse, l’essentiel des matières inorganiques se retrouvent sous forme oxydée dans les cendres de combustion. C’est pourquoi, il est généralement bien admis, qu’à une biomasse qui contient une teneur élevée en matières inorganiques, est associé un taux de cendres élevé. Tableau I-1 : Composition élémentaire et pouvoir calorifique inférieur (PCI) de biomasses de différentes natures. Des valeurs caractéristiques des combustibles fossiles sont données à titre comparatif (adapté de [10, 23]). Bois Paille de blé Paille d'orge Charbon bitumineux Diesel C 51,6 48,5 45,7 73,1 87,0 H 6,3 5,5 6,1 5,5 13,0 Composition (%) O N 41,5 0,1 39,0 0,3 38,3 0,4 8,7 1,4 0,0 0,0 S 0,1 0,1 0,1 1,7 0,1 Cendres 1,0 4,0 6,0 9,0 0,0 PCI (MJ/kg) 18,6 17,3 16,1 34,0 42,0 Dans le cas des végétaux, la cellule est confinée à l’intérieur d’une paroi cellulaire rigide qui constitue le squelette de l’organisme. Cette paroi est composée essentiellement de trois polymères que sont la cellulose, les hémicelluloses et la lignine. Ces trois biopolymères sont les principaux constituants des 25 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse végétaux et peuvent représenter plus de 99 % de la matière sèche, notamment pour certains bois. Les autres composés présents dans les végétaux sont essentiellement des composés extractibles (lipides, cires, résines, tanins) [14]. Dans l’objectif d’étudier, par la suite, les mécanismes de conversion de la biomasse, une description précise de la composition et de la structure chimique des principaux constituants est donnée dans les paragraphes qui suivent. 2.1. Cellulose La cellulose, biopolymère le plus abondant sur la Terre (environ 50 % de la matière sèche de biomasse), est formée à partir de D-glucose. Une liaison de type β-1,4 entre deux molécules de Dglucose provoque la libération d’une molécule d’eau et la synthèse de la cellobiose, qui est l’unité monomère à partir de laquelle est formée la cellulose (Figure I-2). L’association des unités monomères conduit à la formation d’une chaîne sans ramification, dont le degré de polymérisation peut atteindre la valeur de 5000 pour le bois [14]. Figure I-2 : Composition de la molécule de cellulose : le D-glucose se trouve sous forme de glucopyranose. Le carbone numéroté C1 correspond à celui qui est le plus oxydé selon la représentation de Fischer du D-glucose(adapté de [24]). Les nombreuses fonctions hydroxyles du polymère ont pour conséquence la formation de liaisons hydrogènes intramoléculaires qui le stabilisent, mais également intermoléculaires (Figure I-3), qui permettent aux chaînes de s’associer de manière parallèle. L’assemblage tridimensionnel obtenu, d’un diamètre de quelques nanomètres, est appelé microfibrille. En fonction de l’arrangement des molécules, des zones de cellulose dites cristallines (hautement ordonnées) ou amorphes (désordonnées) sont alternées [25]. Dans la plupart des bois, le taux de cristallinité de la cellulose varie entre 60 % et 70 % [14], ce qui confère une grande résistance mécanique aux parois cellulaires. Figure I-3 : Liaisons hydrogènes intramoléculaires et intermoléculaires au sein d’une cellulose cristalline [24]. 26 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 2.2. Hémicelluloses Les hémicelluloses sont des polysaccharides qui, contrairement à la cellulose, sont formées à partir de différents monosaccharides (également nommés oses), ce qui explique qu’elles soient parfois appelées polyoses. Les unités monosaccharidiques à partir desquelles sont formées les hémicelluloses sont des pentoses, des hexoses, des acides hexuroniques et des désoxy-hexoses, dont les plus courantes sont présentées sur la Figure I-4. Figure I-4 : Principaux sucres composant les hémicelluloses (adapté de [14]). Les acides hexuroniques correspondent à des hexoses dont la fonction alcool primaire a été oxydée en une fonction acide. Les désoxy-hexoses correspondent à des hexoses auxquels le groupement hydroxyle de l’alcool primaire a été remplacé par un atome d’hydrogène. La numérotation des atomes de carbone, suivant la nomenclature, a été indiquée dans le cas du xylose. Les hémicelluloses sont composées d’une chaîne principale linéaire constituée, le plus souvent, par l’assemblage de molécules d’une unique ou de deux unités monosaccharidiques. Sur cette chaîne principale formée d’une centaine d’oses, des ramifications de quelques unités monosaccharidiques sont greffées. De plus, certaines fonctions alcool des oses sont substituées par des groupements acétyles [14, 26, 27]. Ainsi, selon la composition de la chaîne principale, son degré de substitution, la composition et la longueur des ramifications, la structure des hémicelluloses présente une très grande variété, qui dépend principalement de la nature de la biomasse étudiée [27, 28]. Les molécules constitutives des hémicelluloses les plus courantes sont les xylanes et les glucomannanes [29, 30]. La chaîne principale des xylanes est formée à partir de molécules de xylose associées par des liaisons de type β-1,4 (Figure I-5), tandis que celle des glucomannanes est constituée de molécules de mannose et de glucose, qui sont également associées par des liaisons β-1,4 (Figure I-6). Les hémicelluloses des végétaux angiospermes sont composées très majoritairement de xylanes [30-32]. Par exemple, la composition des bois durs comprend en général 15-30 % de xylanes et 2-5 % de glucomannanes [31]. 27 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Figure I-5 : Exemple de structure chimique de xylane (ici l’O-acétyl-4-O-méthylglucuronoxylane du bois de feuillu) [33]. La chaîne principale est constituée uniquement à partir de molécules de D-xylose qui s’associent sous forme xylopyranose par des liaisons β-1,4. Des ramifications se font par des liaisons (1,2) avec des molécules d’acide 4-O-méthylglucuronique. Certaines molécules de xylopyranose sont acétylées au niveau des atomes de carbone en position C2 ou C3 [28]. Figure I-6 : Exemple de structure chimique de glucomannane (ici l’O-acétyle-galactoglucomannane) [33]. La chaîne principale est constituée à partir de molécules de D-glucose et de D-mannose associées par des liaisons de type β-1,4. La présence de ramifications composées de molécules de sucre (ici de D-galactose) et de fonctions acétyles sont fréquentes [34]. Du fait de la présence de ramifications sur les chaînes d’hémicelluloses, la matrice obtenue par l’association de plusieurs chaînes est moins ordonnée que dans le cas de la cellulose et se trouve à l’état amorphe. Le degré de polymérisation des hémicelluloses est nettement inférieur à celui de la cellulose. Par exemple, il est généralement compris entre 100 et 200 dans les molécules de xylane du bois [29, 35]. 2.3. Lignine La lignine constitue, après la cellulose, la plus importante source de matière organique à la surface de la Terre. La lignine est un polymère aromatique complexe qui consiste en un arrangement tridimensionnel de 3 unités monomères, ayant en commun une chaîne de 3 atomes de carbone reliée à un noyau aromatique, substitué par une fonction hydroxyle en para (motif phénylpropane). Ces monomères, qui ne diffèrent que par le degré de substitution du noyau phényl, sont : l’alcool pcoumarylique, l’alcool coniférylique et l’alcool sinapylique (Figure I-7). Suite à leur incorporation dans le polymère, les unités monomères sont respectivement nommées H (p-hydroxyphényl), G (guaïacyl) et S (syringyl). 28 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Figure I-7 : Structure du motif phénylpropane et des monolignols. Les indices spécifiés pour chaque carbone correspondent à la nomenclature utilisée pour le motif phénylpropane des lignines. Les trois unités monomères diffèrent par l’éventuelle substitution d’un atome d’hydrogène par un groupement méthoxyl sur les carbones en C 3 ou en C5 du cycle aromatique. Selon l’espèce considérée, les proportions de chaque unité sont variables. Il a été constaté que les végétaux gymnospermes sont essentiellement constitués d’unités de type G, les végétaux angiospermes dicotylédones d’unités de type G et S, et les angiospermes monocotylédones d’un mélange des 3 unités [36, 37]. De plus, au sein d’une même espèce et d’une même plante, les proportions de chaque unité varient selon le tissu considéré [38]. La complexité de la lignine, qui est un polymère amorphe, vient des multiples types de liaisons possibles entre les différentes unités monomères. La liaison de type β-O-4 est la plus commune, les autres les plus fréquentes sont également présentées sur la Figure I-8. Les noyaux aromatiques de la lignine confèrent aux parois cellulaires leur caractère hydrophobe, nécessaire à la circulation de liquides dans les végétaux. Figure I-8 : Principales liaisons entre les unités monolignols de lignine de bois dur (adapté de [39]). 2.4. Structure et composition de la paroi cellulaire Une description de la formation et de la structure de la paroi cellulaire est nécessaire pour comprendre les associations entre les différents polymères qui la constituent. Suite à la division 29 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse cellulaire, une cloison primitive, nommée lamelle moyenne, permet de séparer les deux cellules filles. De part et d’autre de cette lamelle vont se développer les parois de chaque cellule suivant un arrangement concentrique. En premier lieu, une paroi primaire relativement souple se dépose au cours de la croissance de la cellule. A l’intérieur de cette paroi primaire, pour la plupart des cellules adultes, il se forme une paroi secondaire rigide, constituée elle-même de plusieurs couches, et parfois une paroi tertiaire (Figure I-9). Chaque paroi est constituée suivant le même processus. En premier lieu, la cellulose se dépose sous forme de microfibrilles, dont l’orientation aura un rôle prépondérant par rapport aux propriétés mécaniques de la cellule. Les microfibrilles sont ensuite reliées entre elles par des molécules d’hémicelluloses. Des liaisons hydrogènes ont été mises en évidence pour expliquer la cohésion à l’interface cellulose – hémicellulose [40, 41]. Enfin la lignine se dépose de manière irréversible, dans les espaces restés vides, pour consolider l’ensemble. En plus de liaisons hydrogènes, des liaisons covalentes de type éther et ester ont été observées entre la lignine et les polysaccharides [40, 42]. Suite à la mort des cellules, la paroi va permettre d’assurer des fonctions telles que la circulation de la sève, la protection contre les agents extérieurs et le soutien. La couche S2 de la paroi secondaire, qui est la plus épaisse, peut représenter à elle seule jusqu’à 90 % de la paroi cellulaire [14] et 80 % de la matière sèche du végétal, notamment dans le cas du bois [43]. Figure I-9 : Structure schématique (à gauche) et observée par microscopie électronique en transmission (à droite) de la paroi d’une cellule végétale [44]. Dans la paroi primaire, les microfibrilles sont fines et orientées de manière très variable. Dans la paroi secondaire, les microfibrilles, plus larges, sont agencées presque parallèlement, ce qui confère leur rigidité aux parois cellulaires. 2.5. Valorisation énergétique de la biomasse pour la substitution des ressources fossiles Dans l’objectif d’utiliser la biomasse comme produit de substitution aux carburants fossiles, une comparaison de ces ressources au niveau de leur composition et de leur potentiel énergétique est nécessaire. L’analyse élémentaire révèle que les matières lignocellulosiques contiennent environ 50 % de carbone, 40 % d’oxygène et 6 % d’hydrogène. Par rapport aux combustibles fossiles, la teneur en oxygène est bien plus élevée, tandis que celle en carbone est inférieure, ce qui explique un pouvoir calorifique plus faible (Tableau I-1). Un des principaux enjeux, pour la substitution des 30 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse ressources fossiles par la biomasse, consiste à développer des technologies efficaces pour densifier le contenu énergétique des biomasses. Les mesures de pouvoir calorifique, exposée dans le Tableau I-1, montrent que, malgré une composition en atomes de C, H et O sensiblement identique, le contenu énergétique de deux biomasses peut varier de plus de 15 %. La plupart des recherches sur la valorisation énergétique de la biomasse ont montré que, dans le cadre de l’exploitation d’un procédé donné, il est plus pertinent, dans le but d’estimer le potentiel énergétique d’un matériel, de s’intéresser à sa composition en termes d’analyse immédiate ou des principaux constituants (cellulose, hémicelluloses, lignine) qu’à sa composition élémentaire [45, 46]. L’analyse immédiate fractionne la biomasse en quatre parties : l’eau, les matières volatiles, le carbone fixe et les cendres. Globalement, la lignine est le constituant qui contient le plus de carbone fixe, fraction dont le contenu énergétique est le plus élevé, devant les hémicelluloses, puis la cellulose [45]. De plus, pour certains procédés de conversion énergétique de la biomasse, les rendements sont très variables selon le constituant considéré [1, 11]. C’est pourquoi, dans la mesure où les proportions de chaque constituant peuvent varier du simple au double, selon la nature de la biomasse exploitée, la composition des ressources disponibles pourra influer sur le choix de la technologie à utiliser. Enfin, le développement de la valorisation énergétique de la biomasse nécessite que les procédés de conversion permettent d’obtenir des produits de qualité constante, facilement transportables et compatibles avec les technologies exploitant les ressources fossiles. Ainsi, la production, à partir de la biomasse, d’un carburant liquide pouvant être utilisé dans les moteurs à combustion ou à explosion, constitue un des principaux défis. 3. Valorisation énergétique de la biomasse lignocellulosique – Les biocarburants de seconde génération Comme expliqué au paragraphe I.1, à l’échelle mondiale, la production actuelle de bioéthanol et de biodiesel, en utilisant les procédés de première génération, représente, par rapport à la consommation des carburants issus des ressources fossiles, une faible quantité. Dans la mesure où les perspectives de développement des procédés de première génération ne laissent pas entrevoir une croissance suffisante, il est indispensable de rechercher d’autres filières de production de carburants pouvant se substituer aux ressources fossiles. Nos travaux de recherche sont focalisés sur les possibilités de valorisation énergétique de la biomasse lignocellulosique, du fait de sa grande disponibilité. En raison des très faibles rendements énergétiques de l’exploitation traditionnelle, par combustion, de la biomasse et de son impact négatif sur l’environnement, il est primordial de développer des nouvelles technologies, présentant une efficacité énergétique nettement supérieure. Parmi ces technologies dites de seconde génération, les voies les plus prometteuses consistent en des conversions biochimiques ou thermochimiques de la biomasse. 3.1. Les voies biochimiques 3.1.1. La biométhanisation La biométhanisation ou fermentation méthanique consiste en une digestion anaérobique de matière organique, qui résulte en la formation d’un gaz combustible appelé biogaz. Cette réaction a été décrite dès le XVIIème siècle et la première installation de biométhanisation a été construite en Inde 31 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse en 1857 [1]. Le gaz est composé essentiellement de CH4 (50-90 %), CO2 (10-40 %), H2 (1-3 %) et H2S (0,1-0,5 %) [1, 6]. Le résidu solide de la biométhanisation peut servir d’amendement ou de fertilisant agricole. Les conditions requises pour cette réaction sont un digesteur étanche et un milieu saturé en eau, ce qui nécessite la valorisation de biomasse ayant un taux d’humidité supérieur à 50 %. La biométhanisation est réalisée en plusieurs étapes par des micro-organismes spécifiques naturellement très répandus dans la biomasse : 1) hydrolyse des polymères, 2) acidogénèse et acétagénèse, 3) méthanogénèse. Le PCI du CH4 étant de 36,5 MJ/Nm3, celui d’un biogaz contenant 60 % de CH4 est d’environ 22 MJ/Nm3. Le contenu énergétique du biogaz représente 20 à 40 % de la valeur énergétique stockée initialement dans la biomasse [46, 47]. Il peut être exploité pour la production de chaleur par combustion en chaudière, d’électricité en utilisant des moteurs thermiques ou des turbines à vapeur ou en cogénération pour augmenter les rendements énergétiques. Il peut également être épuré en éliminant les molécules de CO2, H2S et H2O, afin d’être d’une qualité suffisante pour être injecté dans le réseau de gaz naturel [1, 6, 46]. Cette technologie est bien maîtrisée et certaines installations industrielles l’exploitent déjà. De nombreuses stations d’épuration, dans le monde, sont également équipées de digesteurs. Il est d’autant plus utile de valoriser le CH4 formé naturellement lors de la décomposition des matières organiques, que la contribution de ce gaz à l’effet de serre est assez importante. En effet, le potentiel de réchauffement global (PRG) d’une molécule de CH4 est 23 fois plus élevé que celui d’une molécule de CO2 [1]. Il a été estimé qu’il serait possible de produire annuellement une quantité de biogaz correspondant à 12 % de la consommation mondiale de gaz naturel [1]. Un des inconvénients de la biométhanisation est la cinétique de conversion de la biomasse en biogaz (de l’ordre de 20 jours à 55 °C et de plus de 30 jours à 35 °C [1]), ce qui implique des réacteurs de grande taille pour traiter des volumes importants. Un autre problème est que la lignine est très mal digérée par biométhanisation, ainsi les rendements de conversion sont d’autant plus faibles que les biomasses ont une teneur élevée en lignine [1]. 3.1.2. La fermentation éthanolique Si le bioéthanol peut être produit par des procédés de première génération à partir de molécules contenues dans les organes de réserve des plantes, d’autres technologies plus récentes permettent sa production à partir de biomasse lignocellulosique par fermentation éthanolique [3, 6, 10, 12]. La première étape consiste en des réactions d’hydrolyse acide ou enzymatique des polysaccharides (cellulose et hémicelluloses), afin de former des monosaccharides. Ces derniers subissent alors des réactions de fermentation, en présence de levures ou d’autres micro-organismes, pour être convertis en éthanol. Enfin, une distillation, coûteuse énergétiquement [3], permet d’isoler l’éthanol. Ce procédé est plus complexe que celui de production de bioéthanol par les procédés de première génération, car il est nécessaire d’hydrolyser les longues chaînes des polysaccharides, qui constituent la matière première [12, 46]. Quel que soit le procédé de production du bioéthanol, les possibilités de valorisation sont identiques, notamment comme carburant dans le secteur des transports. Le développement du procédé de valorisation de la biomasse par fermentation éthanolique, qui est encore à l’échelle du pilote [11], nécessite une meilleure efficacité énergétique, surtout au niveau de la méthode d’isolation de l’éthanol. Un des inconvénients de ce procédé de valorisation des polysaccharides est qu’il ne permet pas non plus de convertir la lignine contenue dans la biomasse [10, 12]. 32 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 3.2. Les voies thermochimiques Les voies thermochimiques, qui reposent sur une conversion de la biomasse par l’effet de la chaleur, présentent l’intérêt de pouvoir valoriser l’intégralité de la matière organique de la ressource. Les principales conversions thermochimiques, qui diffèrent suivant la proportion d’agent oxydant présente dans le milieu réactionnel, sont : la combustion, la pyrolyse et la gazéification. Cependant, il est utile de signaler que, pour chacun de ces procédés, la première étape consiste en une dévolatilisation du biocombustible (élimination des matières volatiles) ; l’éventuel agent oxydant intervenant dans une étape ultérieure. Il convient également de préciser, que pour les différentes conversions thermochimiques de la biomasse, l’évaporation de l’humidité de la biomasse est consommatrice d’énergie. Ainsi, les rendements seront d’autant plus élevés que le taux d’humidité de la biomasse convertie sera faible. 3.2.1. La combustion La voie de valorisation énergétique de la biomasse par des procédés de combustion est la plus ancienne et la plus utilisée actuellement [48]. Elle consiste à oxyder la biomasse en présence d’air. L’apport d’énergie initial provient d’une source externe. La montée en température provoque, dans un premier temps, le dégagement des matières volatiles. Lorsque les matières volatiles entrent en contact avec l’oxygène de l’air, elles sont converties par oxydation homogène. Ensuite, des réactions d’oxydation hétérogène, en présence d’oxygène, permettent la conversion du résidu carboné. La réaction de combustion est exothermique et conduit à la production de H2O, de CO2, de cendres et d’énergie sous forme de chaleur. Les principaux procédés industriels utilisent des réacteurs à lit fixe ou fluidisé [1] et sont équipés d’échangeurs pour transmettre la chaleur à un fluide. Ce fluide peut être utilisé pour transporter la chaleur vers un réseau secondaire ou être vaporisé pour la production d’électricité à l’aide d’un moteur à vapeur ou d’une turbine à vapeur [1, 49]. La conversion par combustion n’est possible que pour une biomasse ayant un taux d’humidité inférieur à 60 % [1]. Cette filière est compétitive dans le cas où elle exploite des déchets forestiers, agricoles ou de l’industrie, mais les rendements sont assez faibles : par exemple, dans la cadre de la production d’électricité, ils atteignent environ 15 % pour des installations de quelques kW et jusqu’à 30 % pour des installations de 100 MW [49]. L’énergie fournie doit être exploitée pour un usage direct dans des installations fixes et ne permet donc pas de se substituer aux carburants fossiles pour des applications comme le transport. 3.2.2. La pyrolyse La pyrolyse consiste en la conversion de matières par l’action de la chaleur sous atmosphère inerte. Dans le cas de l’utilisation de la biomasse comme matière première, les constituants organiques sont convertis, comme illustré sur la Figure I-10, en trois types de produits : un solide appelé charbon ou char, une fraction liquide appelée huile de pyrolyse, et une fraction gazeuse incondensable, formée majoritairement de CO, CO2, CH4 et H2. Jusqu’à 200 °C, cette réaction est endothermique et nécessite l’apport d’une source d’énergie externe. Ensuite, la réaction devient exothermique et la conversion de la biomasse est fortement accélérée [50]. Les procédés de pyrolyse sont très efficaces pour la valorisation énergétique de la biomasse, dans la mesure où tous les produits sont combustibles, donc utilisables à des fins énergétiques. Selon les procédés, les principaux paramètres de réaction, que sont la température maximale, la vitesse de chauffe, la taille des particules et le temps de séjour des gaz, peuvent être ajustés afin de favoriser les rendements d’un produit cible. La conversion de la 33 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse biomasse par voie thermochimique débute toujours par des étapes de séchage, puis de pyrolyse. Ainsi, la pyrolyse constitue une étape majeure de tous les procédés de combustion, carbonisation, pyrolyse flash et gazéification. Le cas de la combustion vient d’être développé au paragraphe I.3.2.1 et celui de la gazéification sera abordé dans la partie I.3.2.3. Ce paragraphe est focalisé spécifiquement sur la carbonisation et la pyrolyse flash, dont les produits cibles sont respectivement le charbon et l’huile de pyrolyse. 3.2.2.1. La carbonisation La carbonisation est réalisée par pyrolyse lente ou conventionnelle. Les conditions optimales pour la production du charbon sont : une faible vitesse de chauffe (1-10 °C/min), une température maximale d’environ 450 °C et un temps de séjour des gaz élevé (> 10 s) [1, 6, 51]. Une carbonisation bien conduite produit un charbon composé à plus de 90 % d’atomes de carbone, contenant plus de 80 % de carbone fixe et ayant un PCI de 27-32 MJ/kg [1]. La récupération et la valorisation des matières volatiles dégagées influent sur l’efficacité des procédés. Les trois principaux procédés de fabrication du charbon, qui diffèrent essentiellement par le mode d’apport de l’énergie pour initier la pyrolyse, sont les carbonisations par combustion partielle, par chauffage externe et par contact des gaz chauds [1]. Pour les procédés les plus performants, les rendements massiques, qui peuvent varier selon la composition des biomasses, atteignent en moyenne 30 % et les rendements énergétiques sont d’environ 60 % [1, 51]. Par rapport à la biomasse initiale, le charbon présente l’avantage de contenir deux fois plus d’énergie par unité de masse et d’être facile à conditionner dans des sacs. En plus de son utilisation courante comme combustible pour produire de la chaleur et de l’électricité, le charbon peut également être utilisé comme charbon actif, après optimisation de sa structure poreuse (par activation physique ou chimique) ou comme réducteur en métallurgie [1, 51]. A titre d’exemple, le Brésil, qui est le premier producteur mondial de charbon de bois, utilisait en 2006 environ 67 % de sa production annuelle (près de 8 millions de tonnes) dans le secteur sidérurgique [52]. Par rapport aux applications énergétiques exploitant des combustibles liquides, notamment dans le domaine du transport, le charbon en l’état ne peut se substituer aux carburants fossiles. Pour ce type d’application, la conversion du charbon par gazéification (I.3.2.3) se présente comme une alternative prometteuse. 3.2.2.2. La pyrolyse flash La conversion de la biomasse par pyrolyse flash se développe dans le but d’optimiser la production de l’huile de pyrolyse. Cette conversion est réalisée avec des vitesses de chauffe très élevées, une température d’environ 500-550 °C et des temps de séjour des gaz dans la zone chaude du réacteur très courts (< 0,5 s). Un refroidissement rapide des matières volatiles dégagées de la biomasse est également préconisé, pour éviter des réactions secondaires de craquage des matières volatiles en phase gazeuse, qui favorisent plutôt les rendements en gaz incondensable [1, 6, 49, 51]. Suivant la vitesse de chauffe certains auteurs différencient la pyrolyse rapide (quelques centaines de °C/min) et la pyrolyse flash (de l’ordre de 1000 °C/s) [6, 51]. Pour favoriser les transferts de chaleur, ces vitesses de chauffe nécessitent de traiter des particules ayant un taux d’humidité inférieur à 10 % et préalablement broyées de manière à obtenir une faible granulométrie (< 1 mm) [1, 6, 51]. Les procédés technologiques développés sont basés le plus souvent sur l’utilisation de réacteurs à lit fluidisé [1]. Les rendements massiques en huile de pyrolyse, peuvent atteindre plus de 75 % [1, 6, 51, 53]. L’huile formée est un liquide qui contient 15-30 % d’eau et est constituée d’un mélange complexe de molécules organiques, qui sera détaillé au paragraphe I.4.1.3.2 [1, 5, 49]. La 34 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse composition élémentaire de l’huile est généralement assez semblable à celle de la biomasse initiale et son pouvoir calorifique inférieur est d’environ 16-19 MJ/kg, ce qui correspond à un rendement énergétique de près de 80 % [1, 5, 49]. Un des avantages de l’huile de pyrolyse par rapport à la biomasse est qu’elle est facilement stockable et transportable. Cette huile peut être valorisée par combustion pour la production de chaleur et d’électricité dans des installations statiques [5, 6, 49, 51]. Une fraction de l’huile de pyrolyse peut également être valorisée pour des applications non énergétiques. En effet, certaines des molécules qui la composent sont des produits à haute valeur ajoutée. Ces molécules peuvent être extraites pour être utilisées comme arôme ou comme intermédiaires pour la synthèse de résines, de produits pharmaceutiques [6, 49]… Par contre, du fait de leurs caractéristiques physico-chimiques très différentes de celles des carburants conventionnels d’origine fossile, l’exploitation d’huile de pyrolyse est susceptible de dégrader prématurément les installations et rend difficile son utilisation pour certaines applications plus spécifiques [49]. En effet, les huiles de pyrolyse sont acides (pH < 3) [1, 5, 49], ce qui peut provoquer des phénomènes de corrosion, dans les équipements industriels. Elles contiennent également des particules insolubles (environ 0,5 %) [1], entraînées dans l’huile lors de la conversion, qui sont susceptibles de se déposer, au cours de différents procédés de valorisation de l’huile, avec pour conséquence, selon la voie de valorisation, des problèmes d’encrassement, de désactivation de catalyseurs ou de dégradation des turbines. Un autre inconvénient est que des modifications, au niveau des installations, sont nécessaires pour valoriser l’huile de pyrolyse par combustion directe dans des moteurs diesel, à cause de sa viscosité bien plus élevée que celle du diesel [5, 49]. De plus, l’huile de pyrolyse est peu stable et des réactions chimiques conduisant à une élévation de sa viscosité peuvent se produire lors de son stockage. Aussi, en plus d’influer négativement sur son pouvoir calorifique, la forte teneur en oxygène de l’huile a pour conséquence une faible miscibilité avec les hydrocarbures [49]. Une étape de raffinage, coûteuse et actuellement insuffisamment maîtrisée, est donc indispensable dans l’optique d’incorporer l’huile en mélange avec les carburants d’origine fossile, notamment dans le domaine des transports [49]. Du fait de rendements énergétiques élevés et des avantages à exploiter un carburant sous forme liquide, la conversion de la biomasse en huile par pyrolyse flash est très prometteuse. Cependant, cette filière n’est pas encore mature et des recherches sont encore nécessaires, afin d’optimiser les caractéristiques de l’huile, dans le but de la substituer aux carburants liquides d’origine fossile. 3.2.3. La gazéification 3.2.3.1. Principe La gazéification consiste en une oxydation partielle d’un matériau carboné à haute température, dans le but d’obtenir un gaz combustible constitué majoritairement de CO et H2. Ce procédé n’est pas récent et les premières applications industrielles datent de 1839, à partir de charbon minéral comme matière première [47]. Les procédés de valorisation de la biomasse par gazéification ont commencé à se développer à la fin du XXème siècle. Pour éviter des temps de conversion trop longs, cette réaction est généralement réalisée à des températures supérieures à 800 °C [12, 47, 51]. L’agent oxydant peut être la vapeur d’eau, le dioxyde de carbone ou l’oxygène, utilisé pur ou en mélange dans l’air. Sur la Figure I-10 sont schématisés les principaux mécanismes qui se produisent au cours de la gazéification ; ceux-ci peuvent se résumer en 3 étapes principales : 35 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 1) Séchage et pyrolyse de la biomasse : la montée en température des particules conduit à l’évaporation de l’eau contenue dans la biomasse, puis au dégagement de matières volatiles, composées de gaz incondensables et de molécules organiques condensables, appelées ici goudrons primaires (ce choix sera justifié au paragraphe I.5.1.1). Le résidu solide de la pyrolyse est un charbon couramment dénommé « char ». 2) Suite à l’étape de dévolatilisation, les matières volatiles subissent des réactions secondaires, dues à la température élevée, et réagissent avec l’agent oxydant, ce qui donne lieu à la formation de molécules de gaz incondensables supplémentaires et de goudrons secondaires et tertiaires. 3) L’oxydation hétérogène du carbone contenu dans le char par l’agent oxydant, ainsi que par les molécules de H2O et CO2 formées lors des étapes précédentes, conduit à la gazéification du carbone et produit essentiellement des molécules de CO et de H2. Selon la molécule impliquée dans l’oxydation du char, les différentes réactions possibles sont : - la combustion partielle : - 111 kJ/mol (R1) - la vapogazéification : + 131 kJ/mol (R2) - la réaction de Boudouard : + 173 kJ/mol (R3) La réaction d’oxydation hétérogène du carbone est l’étape qui limite cinétiquement le procédé de gazéification [47, 49]. Elle nécessite une température élevée, afin de fournir l’énergie nécessaire pour rendre possible la réaction d’oxydation, surtout lorsque cette réaction est endothermique, c'est-àdire quand l’agent oxydant est H2O ou CO2 (R2 et R3). Séchage + pyrolyse Réaction avec l’agent oxydant (O2 ou H2O ou CO2) Goudrons secondaires Goudrons tertiaires O2 ou H2O ou CO2 Goudrons primaires oxydation homogène oxydation homogène + craquage + craquage CO + H2 + CH4 H2O + CO + CO2 + CH4 + H2 H2O + CO + CO2 + CH4 + H2 CO + H2 + CH4 Biomasse oxydation hétérogène C + ½ O2 → CO C + H2O → CO + H2 C + CO2 2 CO Char Cendres O2 ou H2O ou CO2 Figure I-10 : Principales étapes de la gazéification de la biomasse. En phase gazeuse, d’autres réactions réversibles peuvent se produire, notamment : - la réaction du gaz à l’eau : - 41 kJ/mol (R4) (appelée aussi Water Gas Shift réaction) - le reformage à la vapeur : endothermique(R5) 36 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Le principal produit de la gazéification de la biomasse est une fraction gazeuse, formée majoritairement de CO et H2, ainsi que de plus faibles quantités de CO2 et de CH4. Les procédés les plus performants permettent de transférer plus de 75 % du contenu énergétique initial de la biomasse à la fraction gazeuse [1]. Les autres produits sont les cendres, ainsi que des particules de char et des goudrons qui n’ont pas été complètement convertis. Ces produits sont à surveiller, dans la mesure où ils se révèlent être des contaminants lors de certaines applications, visant à valoriser le gaz produit. De plus, la présence de goudrons et de particules de char est signe d’une conversion incomplète, qui affecte négativement le rendement énergétique du procédé. Une gamme très large de procédés de gazéification de la biomasse existe, allant de l’installation rudimentaire à lit fixe à des installations industrielles, utilisant des technologies faisant intervenir des lits entraînés ou fluidisés [1, 12, 49]. Le gaz produit, difficile à stocker et à transporter, est généralement transformé sur site [49]. 3.2.3.2. Voies de valorisation du gaz produit Dans le cas où l’agent oxydant utilisé lors de la gazéification est de l’air, le gaz combustible est dilué avec de l’azote et a un pouvoir calorifique compris entre 4 et 6 MJ/Nm3 [1, 49, 51]. Il est généralement valorisé par combustion dans des chaudières, des turbines à gaz ou des moteurs thermiques pour produire de la chaleur et de l’électricité. Les rendements énergétiques de la filière complète (gazéification puis combustion du gaz produit) sont d’environ 25-35 % et peuvent alimenter des installations, ayant un potentiel de puissances électriques allant de 100 kW à plus de 100 MW [1, 47]. Des installations modernes de forte puissance utilisant des procédés à cycle combiné permettraient d’atteindre des rendements de 50 % [49]. La production d’électricité, à partir de la gazéification de la biomasse, est en cours d’expérimentation dans plusieurs pays, notamment en Finlande où la capacité de puissance de l’ensemble des installations est de plus de 1500 MW [47]. Dans le cas où l’agent oxydant est de l’oxygène pur ou de la vapeur d’eau, le pouvoir calorifique du gaz obtenu est d’environ 12-15 MJ/Nm3 [1, 49, 51, 54]. Ce gaz suit ensuite une étape de conditionnement, afin d’obtenir un gaz dit « de synthèse », constitué essentiellement de CO et H2, valorisable pour la synthèse de carburants liquides, de produits chimiques ou la génération de H2. Les procédés de conversion du gaz de synthèse en des produits à valeur ajoutée sont bien maîtrisés, puisque ces technologies sont déjà couramment exploitées pour la valorisation du gaz de synthèse, produit à partir de matières premières comme le gaz naturel ou le charbon d’origine fossile [54, 55]. La principale difficulté du procédé à partir de la biomasse consiste en la production d’un gaz de synthèse de qualité, avec un taux d’impuretés très faible. Le problème de l’obtention d’un gaz de grande pureté est abordé en détail dans le paragraphe I.5.1. Pour certaines applications exploitant le gaz de synthèse, notamment la production d’hydrocarbures, il est généralement nécessaire d’augmenter le ratio molaire H2/CO. La valeur de ce ratio est ajustée par des réactions de reformage à la vapeur du CH4 et des autres hydrocarbures gazeux (réaction R5) [54], ainsi que par la réaction du gaz à l’eau (R4). Des techniques de séparation permettent ensuite d’éliminer le CO2 du mélange gazeux [12]. Le gaz de synthèse est une source de production de molécules chimiques et de carburants liquides comme le diesel de synthèse, le méthanol et le diméthyléther (DME) [12, 54]. L’ensemble des étapes de la production de carburants liquides à partir de la biomasse est détaillé sur la Figure I-11. 37 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Figure I-11 : Différentes étapes de la production de carburants liquides de synthèse à partir de la biomasse (adapté de [12]). Une voie de valorisation du gaz de synthèse très prometteuse est la production de diesel par le procédé Fischer-Tropsch [12, 47]. Ce procédé consiste à convertir le gaz de synthèse en un mélange d’hydrocarbures de longueurs de chaînes différentes. Cette réaction de synthèse s’opère entre 200 et 350 °C, sous pression (10-40 bars) et en présence de catalyseur, le plus souvent à base de fer ou de cobalt. La croissance de la chaîne carbonée se fait suivant la réaction : CO + 2 H2 → -CH2- + H2O Le procédé, dont le bon déroulement nécessite un ratio molaire H2/CO supérieur à 2, a pour équation bilan : [12] Les produits de synthèse sont des hydrocarbures qui peuvent être classifiés suivant la longueur de leur chaîne carbonée, selon 5 groupes : hydrocarbures légers (C1-C2), gaz de pétrole liquéfié (C3-C4), naphtas (C5-C11), gazole (C12-C20), cires (>C20) [12, 47]. Le carburant diesel, synthétisé puis isolé par ce procédé, est très pur, compatible avec les moteurs diesel et présente des caractéristiques supérieures au carburant diesel d’origine fossile, notamment par rapport à son indice de cétane et les faibles émissions polluantes dégagées lors de sa combustion [12, 47, 54]. Une autre voie de valorisation du gaz de synthèse consiste à orienter le procédé vers une production maximale de dihydrogène. Certains experts considèrent que cette molécule aura dans l’avenir un rôle majeur dans la fourniture d’énergie. Les molécules de dihydrogène possèdent des caractéristiques intéressantes comme carburant pour l’alimentation de moteur à combustion interne, notamment un indice d’octane élevé et de très faibles émissions de polluants. Par unité de masse, le dihydrogène contient 2,6 fois plus d’énergie que l’essence ; par contre, l’inconvénient est que le stockage de cette énergie nécessite un volume 4 fois plus élevé [47]. Une autre perspective prometteuse est la production de H2, afin d’alimenter des piles à combustible pour la production d’électricité dans des centrales électriques ou d’alimenter divers appareils électroniques. 3.2.3.3. Influence néfaste des produits contaminants du gaz de gazéification Les principaux contaminants contenus dans le gaz produit par gazéification sont des particules, des composés azotés et soufrés, des métaux alcalins et des goudrons. Les particules sont des résidus solides, incomplètement transformés (< 2%) [48], qui sont très légers et peuvent être entraînés dans le gaz. Pour éviter leur condensation dans les installations situées en 38 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse aval du réacteur, les particules peuvent être piégées dans un cyclone ou par d’autres méthodes physiques [12, 48]. Dans le cas de valorisation par combustion, les composés azotés, majoritairement sous forme d’ammoniaque, sont essentiellement convertis en NOx. Pour limiter le dégagement de ces gaz polluants, il est possible de convertir l’ammoniaque en N2 à l’aide de catalyseurs (dolomites ou à base de fer ou de nickel) [56], ou de l’absorber à froid par lavage à l’eau [48]. Les composés soufrés sont des poisons pour de nombreux catalyseurs et leur concentration doit être limitée pour certaines applications exploitant le gaz de synthèse (< 0,1 mg/Nm3). Une teneur limite en composés soufrés de 1 ppm est également préconisée dans le cas de l’alimentation des piles à combustibles, dont ils perturbent le fonctionnement [48]. Des techniques de séparation des composés soufrés sont déjà connues, dans la mesure où elles sont largement exploitées, dans le cadre de la production de gaz de synthèse à partir de ressources fossiles, dont la teneur en soufre est plus élevée que dans la biomasse. Les méthodes de séparation par lavage à l’eau ou par absorption sur des oxydes de métaux sont très efficaces [48]. Au cours de la gazéification, certains éléments inorganiques présents dans la biomasse, notamment les métaux alcalins (K et Na), peuvent se retrouver sous des formes qui sont volatiles à des températures supérieures à 700 °C. Leur dépôt dans des zones froides en aval du réacteur de gazéification est problématique. Dans le cas de l’utilisation de turbines, les dépôts peuvent déséquilibrer et endommager le système. Ces métaux sont également responsables de corrosion, en cas de contact avec des organes métalliques et de désactivation de catalyseurs. L’épuration des métaux alcalins contenus dans le gaz est possible par des techniques de filtration ou de lavage à l’eau du gaz refroidi [48]. Les goudrons contenus dans les gaz de gazéification sont des molécules organiques condensables à température ambiante, dont les précurseurs (goudrons primaires) sont générés au cours de la pyrolyse. Au cours du procédé, ces précurseurs subissent différentes réactions secondaires jusqu’à former des goudrons très stables. Lorsque le gaz est directement valorisé par combustion, les goudrons sont oxydés et leur contenu énergétique est exploité. Pour ce qui est des autres exploitations du gaz de gazéification, la condensation des goudrons dans les zones froides de l’installation diminue les rendements du procédé et encrasse, voire provoque la corrosion de certains organes. Ainsi, une teneur en goudrons inférieure à 100 mg/Nm3 est préconisée dans le cas de l’utilisation du gaz produit pour alimenter des moteurs à combustion interne [57]. En ce qui concerne la synthèse de carburants liquides et la production de dihydrogène, la présence des goudrons est encore plus problématique, dans la mesure où ils désactivent les catalyseurs utilisés pour le reformage ou les réactions de synthèse, et réduisent considérablement l’efficacité des piles à combustible [48]. Bien que des valeurs précises n’aient pas été arrêtées, les concentrations limites en goudrons, préconisées pour ces applications, sont de l’ordre de 0,1 mg/Nm3 [48], alors que le gaz produit contient, en général, des teneurs qui varient de 1 à 100 g/Nm3 (soit une quantité 1 000 à 100 000 fois trop élevée) selon le procédé utilisé [58-60]. Des techniques de séparation physique ou de craquage des goudrons ont été développées et seront présentées au paragraphe I.5.1, mais cellesci affectent fortement les rendements énergétiques. La réduction de la teneur en goudrons des produits de gazéification constitue ainsi le principal facteur limitant le développement de la production de carburants, par gazéification de la biomasse. En conclusion, plusieurs techniques ont été développées pour éliminer les différents types de contaminants du gaz produit par gazéification. Pour une meilleure efficacité énergétique, les 39 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse méthodes permettant d’éliminer un maximum de contaminants en un minimum d’étapes doivent être favorisées. De plus, des progrès sont encore indispensables pour l’élimination des goudrons, notamment pour les applications réalisées à partir du gaz de synthèse. 3.3. Bilan sur le potentiel des biocarburants de seconde génération Sur la Figure I-12 sont récapitulées les principales voies de production de biocarburants susceptibles de se substituer aux carburants d’origine fossile, pour la production d’énergie. Du fait de la disponibilité de la biomasse lignocellulosique et du meilleur bilan énergétique et environnemental associé à leur production, les biocarburants de seconde génération se révèlent être plus prometteurs que ceux de première génération. Parmi les procédés de seconde génération, le potentiel des voies de conversion biochimique est intéressant pour la valorisation de biomasses ayant des taux d’humidité ou d’holocellulose élevés. Les voies de conversions thermochimiques présentent l’avantage de valoriser l’intégralité de la matière organique des biomasses lignocellulosiques. De part son potentiel de production et la qualité du carburant obtenu, la filière gazéification – conversion Fischer-Tropsch se révèle très prometteuse [12, 54]. Dans le cas de cultures dédiées, des rendements énergétiques supérieurs à 130 GJ/ha seraient possibles [12]. Cependant, la teneur élevée en goudrons contenue dans le gaz produit lors de la gazéification s’avère être le principal verrou technologique limitant le développement de cette filière [58, 60]. Les recherches se concentrent donc sur la mise au point de procédés limitant la production des goudrons ou permettant une épuration du gaz plus efficace. Figure I-12 : Principales voies de production de biocarburants pour la substitution des carburants fossiles (1 : procédé de ère nde 1 génération, 2 : procédé de 2 génération, GPL : gaz de pétrole liquéfié, GNL : gaz naturel liquéfié, DME : diméthyléther, adapté de [12]). 40 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Au cours de la gazéification, selon le stade de conversion des molécules organiques condensables, les goudrons primaires, secondaires et tertiaires sont distingués (Figure I-10). Une description plus précise de la composition de ces familles de goudrons est proposée au paragraphe I.5.1.1. Dans la mesure où les goudrons primaires, générés au cours de la pyrolyse, sont les précurseurs des autres types de goudrons ; nous avons étudié au paragraphe I.4 les mécanismes de pyrolyse de la biomasse, dans le but de mieux comprendre les facteurs influençant la formation de ces molécules. Dans cette partie et la suite de ce document, l’appellation « goudrons », sans distinction de la classe (primaire, secondaire, tertiaire), désignera toutes les molécules organiques condensables présentes soit sous forme de matières volatiles, soit sous forme condensée dans l’huile de pyrolyse. Par la suite, nous avons comparé les différentes technologies proposées pour l’épuration du gaz de gazéification, sans oublier de considérer leur impact sur le bilan énergétique de la filière. Cette revue bibliographique constitue le paragraphe I.5. Dans ces deux paragraphes (I.4 et I.5), une importance particulière a été accordée à l’influence de catalyseurs sur les rendements en goudrons. 4. Principe et mécanismes de la conversion de la biomasse lignocellulosique par pyrolyse Cette étude bibliographique a pour objectif de réaliser un état de l’art concernant les mécanismes de pyrolyse de la biomasse et l’influence de catalyseurs métalliques sur ces mécanismes. Dans un premier temps, une analyse de l’état des connaissances sur les différentes étapes de la conversion de la biomasse par pyrolyse et sur l’influence des conditions opératoires, sur les rendements de conversion, a été effectuée. Par la suite, une étude sur les réactions mises en jeu, lors de la conversion de ses constituants majeurs, a eu pour but de décrire le plus précisément possible les mécanismes de pyrolyse de la biomasse. Enfin, une attention particulière a été portée aux travaux concernant l’influence de catalyseurs, sur les rendements de pyrolyse. Afin de pouvoir comparer les résultats des différents auteurs tous les rendements énoncés sont spécifiés par rapport à la masse initiale de biomasse, anhydre et sans catalyseur (également appelée masse dcf : dried catalyst free). Selon les produits ciblés, la pyrolyse de la biomasse peut être réalisée suivant des conditions opératoires très variables [49, 51]. Ainsi, notre étude recense des travaux effectués dans un grand nombre de types de réacteurs et avec des paramètres expérimentaux très variables. Une attention particulière a été accordée aux études réalisées par analyse thermogravimétrique (ATG). Cette technique d’analyse permet de suivre l’évolution de la perte de masse d’un échantillon de biomasse au cours de la montée en température du réacteur [61, 62]. L’ATG est fréquemment utilisée pour déterminer à partir de quelle température se produisent les principales réactions de pyrolyse, c’està-dire celles qui conduisent à une perte de masse significative de l’échantillon. Elle donne également accès au signal (- dTG), dont les pics de la courbe représentative correspondent à des maxima de perte de masse (voir description de l’ATG au paragraphe II.3.2). Cependant, les températures auxquelles se produisent les différentes pertes de masse dépendent du gradient de température appliqué [25, 63]. Afin de se baser sur des valeurs comparables et les plus précises possibles, nous avons décidé d’étudier, en ce qui concerne les résultats d’ATG, uniquement les travaux faisant intervenir des gradients de température inférieurs ou égaux à 20 °C/min. Dans cette étude bibliographique, des travaux réalisées à l’aide d’autres techniques d’analyse et avec des vitesses de chauffe pouvant être supérieures à 20 °C/min ont également été exploités, afin d’appréhender, 41 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse notamment, l’influence de la vitesse de chauffe sur les mécanismes de pyrolyse et les rendements des produits obtenus. 4.1. Définitions et généralités Suite à la description des différentes étapes de la pyrolyse de la biomasse, cette partie a pour but de présenter les principaux mécanismes mis en jeu, lors de la conversion des polymères qui constituent la biomasse, puis de caractériser les produits qui en résultent. 4.1.1. Etapes de la pyrolyse La pyrolyse consiste en une conversion de matières par l’action de la chaleur en absence d’agent oxydant. L’augmentation de la température et l’atmosphère inerte peuvent être assurées par le balayage d’un gaz inerte chaud, dans l’environnement des matières solides à convertir. La chaleur fournie par le gaz inerte aux matières solides permet l’augmentation de la température nécessaire à leur conversion. Lors de la pyrolyse de la biomasse lignocellulosique, l’augmentation de la température entraîne le dégagement de matières volatiles et provoque la formation d’un résidu solide appelé char ou charbon. Parmi les matières volatiles, les gaz incondensables sont distingués des gaz condensables, qui sont ceux qui vont former une fraction liquide, appelée huile de pyrolyse. Cette huile de pyrolyse est composée d’eau et d’un mélange complexe de molécules organiques, appelées goudrons dans cette étude [64]. L’étude de la pyrolyse de la biomasse par ATG couplée à la Spectroscopie Infrarouge à Transformée de Fourier (IRTF) conduit à la distinction de phases caractéristiques [61, 62]. La Spectroscopie IRTF permet d’identifier les principales fonctions chimiques, contenues dans les molécules présentes dans la fraction analysée. Cette analyse peut être réalisée en direct sur les matières volatiles dégagées au cours de la pyrolyse, ainsi que sur le solide résiduel suite à des conversions réalisées à différentes températures [61, 65]. Pour une vitesse de chauffe inférieure ou égale à 20 °C/min, trois phases principales se dégagent [61, 62] : - Pour des températures inférieures à 150 °C, la perte de masse des échantillons est essentiellement due à l’évaporation de l’eau, liée physiquement à la biomasse. Aucune modification majeure de la structure chimique de l’échantillon ne se produit, ce qui est confirmé par une allure presque inchangée du spectre IRTF du matériel étudié [61] : les bandes ayant les plus fortes intensités correspondent aux liaisons simples C-H aliphatiques, O-H des fonctions hydroxyles, C-O caractéristiques des éthers et des alcools primaires et secondaires, ainsi qu’aux doubles liaisons C=O et C=C [61, 66]. Par la suite, nous nous intéresserons uniquement aux réactions qui se produisent à plus haute température et tous les rendements seront exprimés par rapport à la masse sèche de biomasse. - Lorsque la température augmente de 150 °C à 450 °C, une très forte perte de masse se produit. Selon les biomasses, entre 50 et 80 % de la matière sèche initiale peut être volatilisée sur cette gamme de température [64, 67, 68]. Par rapport au matériel initial, l’intensité de plusieurs bandes du spectre IRTF diminue fortement. Les bandes, dont l’intensité diminue le plus, correspondent aux liaisons O-H, C-O et C-H aliphatique, tandis que l’intensité des bandes caractéristiques des noyaux aromatiques augmente [61, 65, 66]. Les fonctions chimiques les moins stables, converties en premier, sont celles contenant de l’oxygène [69, 70]. Leur conversion conduit à la libération de diverses molécules oxygénées, dont les plus courantes sont H2O, CO2, CO [66, 71, 72] et des molécules de goudrons, qui 42 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse - sont essentiellement formées sur cette gamme de température [73]. Lors de cette phase, la composition chimique du matériel lignocellulosique est fortement modifiée, ainsi que sa structure dont la proportion en motifs aromatiques augmente [61]. Une augmentation de la température au dessus de 450 °C jusqu’à 900 °C conduit à une faible et progressive perte de masse. Les fonctions oxygénées résiduelles sont éliminées [61] et la structure du char devient de plus en plus aromatique [71]. A 800 °C les bandes IRTF correspondant aux liaisons O-H, C-H aliphatique, C-O, C=O et C=C non conjuguée ont disparu [71]. Les principales molécules dégagées sur cette gamme de température sont les gaz incondensables CO, CH4 et H2 [65, 67, 71]. 4.1.2. Mécanismes de conversion Lors de la pyrolyse de la biomasse, de multiples réactions se produisent. Certains auteurs ont essayé de décrire les mécanismes principaux, responsables de la conversion de chacun des constituants majeurs, qui composent la biomasse. Des points communs ont été mis en évidence au niveau des mécanismes de conversion de ces biopolymères. Ce paragraphe a pour but d’expliciter les termes qui seront utilisés dans la suite de ce document ; ce qui est d’autant plus nécessaire que des termes différents sont parfois utilisés dans la littérature pour une même réaction. La difficulté vient aussi du fait que certaines des réactions, qui ont lieu au sein de la matrice solide, peuvent également se dérouler en phase gazeuse, à partir des molécules volatiles dégagées. Dans ce document, le terme « matrice solide » correspond à l’intermédiaire entre la biomasse d’origine et le char obtenu en fin de pyrolyse. Les principaux mécanismes primaires identifiés au sein de la matrice solide sont : - La formation du char (ou carbonisation) : les différents auteurs ayant étudié cette réaction [25, 61, 74-77] s’accordent sur le fait que des réactions permettant la formation de cycles, puis de noyaux aromatiques supplémentaires contribuent à la formation du char. Ensuite, un réarrangement des noyaux aromatiques conduit à une plus forte réticulation entre ces noyaux aromatiques [74, 77]. Toutes ces réactions associées à la formation du char sont généralement accompagnées d’un dégagement de molécules volatiles de faibles masses molaires [76, 78, 79]. - La dépolymérisation : cette réaction consiste en la rupture des liaisons covalentes entre les unités constitutives des polymères, que sont les monomères. Elle conduit à une diminution du degré de polymérisation des macromolécules de la biomasse [76, 80]. Au fur et à mesure de la dépolymérisation, les molécules formées contiennent de moins en moins d’unités monomères jusqu’à n’en contenir que quelques unités (oligomères) [25, 81-84]. La dépolymérisation se poursuit jusqu’à ce que la molécule formée devienne volatile et se dégage de la matrice solide [85]. Dans le cas d’une dépolymérisation complète, des molécules de composition chimique et de structure très proches de celle des unités monomères sont formées [65, 76]. - La fragmentation : cette réaction est généralement favorisée à des hautes températures de pyrolyse, auxquelles de nombreuses liaisons chimiques sont instables. La fragmentation consiste en la rupture de diverses liaisons au sein des unités monomères [81, 84, 86]. Par conséquent, les produits de fragmentation sont généralement des molécules à courte chaîne et de faible masse molaire [76, 80, 84]. 43 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Les produits volatils, formés au sein de la matrice solide par un des mécanismes primaires présentés ci-dessus peuvent ensuite subir diverses réactions secondaires susceptibles de modifier leur structure [87, 88] : - Recondensation : cette réaction se produit lors de la recombinaison, entre elles, de plusieurs molécules volatiles instables [70] à l’intérieur de la particule [64, 89]. Lorsque la recombinaison donne lieu à la formation de molécules de masse molaire plus élevée, il arrive que, dans les conditions de conversion, les molécules formées ne soient pas volatiles et se condensent [64, 65, 90, 91]. Le dépôt organique formé par cette recondensation constitue un char secondaire [64, 89, 90, 92]. - Craquage : cette réaction se produit en phase gazeuse lorsque les molécules volatiles sont instables dans les conditions de température imposées au sein du réacteur. Comme dans le cas de la fragmentation, diverses liaisons chimiques se cassent pour donner des molécules de plus faible masse molaire [64, 93]. Certaines molécules gazeuses comme CO, CH4 et H2 sont généralement formées lors du craquage de molécules volatiles dégagées de la biomasse [64, 87, 88, 94]. Ces réactions de craquage peuvent être catalysées à la surface du charbon [53, 64, 76] ou de divers catalyseurs [53, 60, 95]. - Autres recombinaisons : lorsque les molécules volatiles subissent des réactions secondaires catalysées sur des surfaces chaudes du réacteur ou par des catalyseurs, un dépôt se forme parfois au niveau de la surface catalytique. Ce dépôt, qui résulte d’une recombinaison de matières volatiles, est appelé coke [53, 96]. Constitué de molécules à longue chaîne (> C12) de type alcane ou alcène et de HAP [96], le coke contient une forte proportion d’atomes de carbone [97]. Si la surface catalytique provient du matériel initial (catalyseur présent dans la matrice solide), le coke fait parti du résidu solide et peut être considéré comme un char secondaire, issu de réactions de recondensation. D’autres recombinaisons peuvent également se produire en phase gazeuse pour former des HAP et des suies [87, 98]. La difficulté de l’étude des mécanismes mis en jeu lors de la pyrolyse vient du fait, qu’outre la complexité et la variabilité de la composition de la biomasse, les réactions des mécanismes primaires et secondaires présentées dans cette partie se produisent de manière simultanée ; ce qui conduit à une grande diversité de produits. Il est tout de même possible d’identifier plusieurs caractéristiques communes aux produits de pyrolyse, celles-ci sont décrites dans le paragraphe suivant. 4.1.3. Composition des produits de pyrolyse 4.1.3.1. Le char (ou charbon) Le char est le résidu solide obtenu en fin de pyrolyse. Comme spécifié précédemment, les fonctions oxygénées, thermiquement peu stables [69, 70], sont fortement impliquées, lors de la pyrolyse, dans le dégagement en grande quantité de molécules volatiles oxygénées. Au contraire, les noyaux aromatiques sont très stables [97, 99] et contribuent à la formation du char [61, 66, 74]. L’analyse élémentaire montre que la pyrolyse conduit, dans la matrice solide, à une augmentation de la teneur en carbone et à une diminution de celles en oxygène et en hydrogène [61, 64, 65]. Au cours de la conversion, l’essentiel des matières inorganiques demeure dans le char [64, 86, 100]. Par rapport au matériel initial, le dégagement de matières volatiles, la formation d’une structure plus aromatique et la faible volatilité des matières inorganiques ont pour conséquence des taux de carbone fixe [94, 101] et de cendres [64, 86] plus élevés dans le char. 44 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 4.1.3.2. L’huile de pyrolyse L’huile de pyrolyse (ou bio-oil) est la fraction liquide obtenue par refroidissement des matières volatiles condensables à température ambiante. Elle est composée d’eau et d’un mélange complexe de molécules organiques appelé goudrons [87, 93]. L’eau dégagée à une température inférieure à 200 °C provient de l’humidité de la biomasse. A des températures supérieures à 220 °C, d’autres molécules d’eau sont éliminées de la biomasse anhydre suite à leur formation par des réactions thermochimiques [53, 102]. Cette eau dite pyrolytique représente en général entre 10 et 20 % de la masse de biomasse anhydre [53, 64]. Pour des températures de pyrolyse inférieures à 600 °C, la fraction organique présente une composition élémentaire assez proche de celle du biocombustible, dont elle est issue [64]. Parmi les goudrons, plusieurs centaines de molécules ont été identifiées [93, 103, 104]. Les plus fréquemment citées sont [27, 51, 90, 105] : - des molécules à chaînes courtes (C1 à C4), provenant majoritairement de réactions de fragmentation et de craquage, contenant des fonctions alcool, carbonyle ou carboxyle : méthanol, formaldéhyde, acide formique, acétaldéhyde, hydroxyacétaldéhyde, acide acétique, acétone, hydroxyacétone ; - des molécules issues de la dépolymérisation des polysaccharides et leurs dérivés : lévoglucosan, lévoglucosénone, furfural ; - des molécules issues de la dépolymérisation de la lignine et leurs dérivés : eugénol, guaiacol, crésol, phénol ; - des molécules aromatiques désoxygénées, formées suite à des réactions secondaires caractéristiques de conditions sévères de craquage : benzène, toluène, xylène. De plus, plusieurs études signalent la présence, parmi les goudrons, de nombreuses molécules complexes non identifiées [81, 84]. D’après plusieurs auteurs, ces molécules sont des oligomères résultant d’une dépolymérisation incomplète des macromolécules de la biomasse lignocellulosique [81, 84, 85, 103, 106]. La caractérisation de ces molécules par GPC (Chromatographie sur Gel Perméable) montre que la masse molaire de ces oligomères peut atteindre la valeur de 1 500 g/mol [85]. Cependant, la plupart des molécules analysées ont une masse molaire comprise entre 200 et 500 g/mol, ce qui correspond majoritairement à des molécules de type dimère et trimère [85, 103]. Selon Mullen et al., la quantité d’oligomères présents dans l’huile de pyrolyse pourrait représenter jusqu’à 30 % de la biomasse convertie [85]. 4.1.3.3. La fraction gazeuse La fraction gazeuse obtenue par pyrolyse est constituée de molécules de faible masse molaire, incondensables à température ambiante. Quel que soit le type de biomasse convertie, la fraction gazeuse est majoritairement composée de monoxyde de carbone (CO), dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et dihydrogène (H2) [65, 105, 107]. Les autres molécules régulièrement identifiées sont l’éthane (C2H6), l’éthène (C2H4), l’éthyne (C2H2) et le propane (C3H8) [62, 88, 105, 108]. 4.2. Influence des paramètres opératoires sur les rendements de pyrolyse Les principaux paramètres qui influent sur les rendements de pyrolyse sont : la température à laquelle se produit la conversion, la vitesse de chauffe de la biomasse, la taille des particules converties et le temps de séjour des matières volatiles dans la zone chaude du réacteur. Le temps de séjour a un impact sur la quantité des réactions secondaires subies par les matières volatiles, tandis 45 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse que les autres paramètres ont à la fois un impact sur les mécanismes de conversion primaires et secondaires. 4.2.1. Influence de la température Une évolution caractéristique des rendements des produits de pyrolyse en fonction de la température est présentée sur la Figure I-13. L’augmentation de la température d’un échantillon de biomasse provoque la rupture de liaisons chimiques, ce qui conduit à la formation de matières volatiles qui se dégagent, avec pour conséquence une diminution progressive de la masse de l’échantillon. L’étude par ATG montre qu’après la forte perte de masse entre 200 et 450 °C, les rendements en char continuent à diminuer faiblement lorsque la température augmente jusqu’à 1000 °C [61, 109] pour atteindre des valeurs comprises entre 10 et 20 % [64], voire légèrement supérieures, pour des biomasses ayant des fortes teneurs en cendres [61, 109]. Figure I-13 : Effet de la température sur les rendements des produits de la pyrolyse de tiges de maïs (adapté de [110]). Pour des températures comprises entre 200 et 450 °C, de nombreuses fonctions oxygénées sont converties, ce qui provoque notamment le dégagement de molécules oxygénées, telles que H2O, CO et CO2. Simultanément, la structure de la matrice solide devient de plus en plus aromatique, ce qui explique que les atomes de carbone se concentrent dans le char, tandis que les teneurs en oxygène et en hydrogène diminuent. Cette tendance, observée dans de nombreux travaux [61, 64, 65], est illustrée sur la Figure I-14. Figure I-14 : Ratios O/C et H/C pour le bois de pin et les chars obtenus lors de la pyrolyse à différentes températures de ce même bois (adapté de [65]). 46 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Une augmentation de la température à des valeurs plus élevées conduit principalement au dégagement de molécules de CO, CH4 et H2 [65, 67, 71]. Il en résulte une diminution de la teneur en hydrogène plus forte que celle en oxygène [61, 64, 65]. A 800 °C, l’essentiel des liaisons C-O ont été rompues [71]. L’oxygène résiduel dans le charbon proviendrait des matières inorganiques, dont certaines sont sous forme d’oxydes [111, 112]. De nombreuses études se sont intéressées à l’influence de la température sur les rendements et la composition des matières volatiles formées [51, 53, 84, 91, 113]. Les rendements en huile de pyrolyse augmentent avec la température jusqu’à une température optimale qui varie de 400 à 600 °C, en fonction des autres paramètres opératoires appliqués [51, 53] ; les valeurs les plus fréquemment citées avoisinent 500 °C [53, 84, 94, 113]. A cette température, les mécanismes de dépolymérisation de la biomasse sont favorisés [76]. A des températures de conversion supérieures, les rendements en huile diminuent, tandis que ceux en gaz incondensable augmentent, compensant, à la fois, les diminutions de rendements en huile et en char (Figure I-13). La formation de gaz provient de réactions de fragmentation de la matrice solide, qui deviennent importantes à partir de 600 °C [76], et du craquage des matières volatiles [76, 94, 113] en molécules de plus faible masse molaire dont certaines sont incondensables. D’après Neves et al. [64], le craquage des matières volatiles, catalysé par le char, se produit à partir de 500 °C. D’autres auteurs ont mis en évidence l’existence de réactions de craquage homogène en phase gazeuse, dans des réacteurs chauffés à plus de 550 °C [87, 88, 93]. En ce qui concerne la formation des HAP, celle-ci est favorisée par une augmentation de la température. Les HAP peuvent être produits à partir du solide au cours de son réarrangement en une structure aromatique polycyclique à partir de 400 °C [74]. Ils peuvent également provenir de recombinaisons des matières volatiles [65, 87, 114], mais cette réaction nécessite des températures bien plus élevées (> 800 °C) [87]. Lors de la forte perte de masse entre 200 et 450 °C, les principales molécules de gaz incondensables formées sont CO2 et CO. Pour des températures de conversion inférieures à 500 °C, la fraction molaire de ces deux molécules représente généralement plus de 80 % de la phase gazeuse produite [64, 69]. Très peu de CO2 supplémentaire est formé à des températures de pyrolyse supérieures à 500 °C [64, 67]. Pour des températures de conversion supérieures à 500 °C, l’augmentation des rendements en gaz incondensable est due à une plus forte production de CO, H2 et CH4 [62, 64, 67], formées essentiellement par des réactions de fragmentation et de craquage [76]. A partir de 600 °C, plus la température augmente, plus ces deux réactions deviennent fréquentes. Dans la mesure où ces deux réactions conduisent à la formation des mêmes produits, il est parfois difficile de déterminer laquelle est prépondérante. 4.2.2. Influence de la vitesse de chauffe La vitesse de chauffe influe sur la prépondérance des différents mécanismes primaires et ainsi, comme illustré sur la Figure I-15, sur les rendements des produits de pyrolyse. Il a été démontré qu’une vitesse de chauffe faible (quelques °C/min) favorise la carbonisation donc les rendements en char [51, 76, 77], tandis qu’une vitesse de chauffe très élevée (> 100 °C/s) facilite la production des matières volatiles par dépolymérisation ou fragmentation [51, 53]. Lorsque la particule de biomasse est chauffée lentement et qu’un type de liaison chimique est rompu, des réactions de réarrangement se produisent dans les polymères. Celles-ci ont pour conséquence la formation d’une matrice thermiquement plus stable, ce qui conduit à des rendements élevés en char [106]. Au contraire, lorsque la vitesse de chauffe est plus élevée, 47 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse plusieurs types de liaisons chimiques sont rompus en un espace de temps plus court, ce qui facilite le dégagement de matières volatiles, avant que des réactions de réarrangement n’aient pu se produire. Cette rapide volatilisation favorise la diffusion des matières volatiles et a tendance à limiter les réactions secondaires dans la matrice solide, ce qui contribue également à diminuer les rendements en char [64, 106]. Lorsque la particule est chauffée rapidement, dans le cas où la température de conversion n’est pas propice aux réactions de fragmentation et de craquage (< 550 °C), les réactions de dépolymérisation sont prépondérantes, ce qui permet d’obtenir des rendements en huile de pyrolyse pouvant atteindre 75 % [64, 94] ; tandis que dans le cas où la température du réacteur est d’au moins 800 °C, les réactions de fragmentation et de craquage deviennent prépondérantes et les rendements en huile peuvent chuter à moins de 30 % [64]. Figure I-15 : Effet de la vitesse de chauffe sur les rendements des produits de la pyrolyse de tiges de maïs (adapté de [110]). 4.2.3. Taille des particules La taille des particules influe sur la vitesse à laquelle le transfert de chaleur va se produire au sein de la particule. D’après di Blasi et al. [106], la vitesse de chauffe au centre d’une particule de 0,2 mm est 100 fois plus rapide que dans le cas d’une particule de 1,4 mm. Selon d’autres travaux [64, 77, 106], pour des particules de diamètre inférieur à 2 mm, l’augmentation de la taille des particules a pour effet une diminution des rendements en huile de pyrolyse, associée à une augmentation de ceux en char et en gaz, c'est-à-dire le même effet que celui observé lorsque la vitesse de chauffe diminue [64]. En effet, la résistance au transfert de chaleur, de la surface vers le centre, des particules fines est négligeable, ce qui implique une température homogène au sein de la particule. Les réactions primaires de pyrolyse se produisent simultanément dans toute la particule, ce qui limite les possibilités de réarrangement au sein de la matrice et donc les rendements en char [64, 106]. Dans le cas de particules de taille plus importante, la vitesse de chauffe au centre de la particule est plus lente qu’en surface. En conséquence, les rendements en char et en gaz sont plus élevés, en raison de plus nombreuses réactions primaires de réarrangement, principalement au centre de la particule. Une plus forte probabilité de réactions secondaires, qui convertissent les molécules de goudrons, contribue également à limiter les rendements en huile [64, 106]. En effet, plus la taille des particules est grande, plus le temps de séjour des matières volatiles, à l’intérieur de celle-ci, est long et plus les possibilités de réactions de recondensation et de craquage sont élevées. Pour des particules de diamètre inférieur à 2 mm, une réduction de la taille des particules peut provoquer une augmentation de plus de 30 % des rendements en huile de pyrolyse [64]. Pour des particules de 48 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse diamètre supérieur à 2 mm, la température au sein de la particule n’est pas homogène et une augmentation de la taille modifie peu les rendements [106]. 4.2.4. Temps de séjour des gaz Lorsque la température dans le réacteur est assez élevée pour que des réactions secondaires se produisent (> 500 °C), le temps de séjour des gaz dans les zones chaudes influe sur la quantité de réactions secondaires, subies par les matières volatiles. Plus le temps de séjour des matières volatiles est court, plus les réactions secondaires sont limitées [91, 115, 116]. Plusieurs auteurs ont montré qu’une augmentation du débit du gaz inerte dans le réacteur limite les réactions de recondensation [65] et surtout les réactions de craquage [65, 116, 117]. L’augmentation du débit de gaz inerte raccourcit la durée pendant laquelle les matières volatiles sont soumises à des températures élevées, auxquelles certaines sont instables. Ainsi, les principales conséquences d’un temps de séjour plus faible dans le réacteur sont un rendement en huile plus élevé et une production de gaz plus faible [25, 77, 94]. 4.3. Influence de la composition et de la structure de la biomasse Les différences de composition et de structure de la cellulose, des hémicelluloses et de la lignine impliquent des variations au niveau des mécanismes de conversion par pyrolyse de ces polymères. L’étude individuelle, pour chaque constituant majeur de la biomasse, des mécanismes de conversion est indispensable pour comprendre les étapes de la pyrolyse de la biomasse. Par la suite, l’étude de l’influence des interactions avec les matières minérales, et entre les constituants, a pour but une compréhension plus précise des mécanismes se déroulant au sein de la biomasse, au cours de la pyrolyse. 4.3.1. Conversion par pyrolyse des constituants isolés Pour chacun des constituants majeurs de la biomasse, l’objet de l’étude bibliographique est de déterminer à quelles températures se déroulent les étapes de leur conversion, quelles sont les principales réactions chimiques qui se produisent et quels sont les principaux produits obtenus par les différents mécanismes de conversion. L’influence des minéraux sur les rendements de ces produits a également été abordée. 4.3.1.1. Conversion de la cellulose L’essentiel des travaux traitant de la pyrolyse de la cellulose ont été réalisés à partir de cellulose cristalline. Dans cette partie, une étude concernant l’influence de la cristallinité sur les mécanismes de conversion de la cellulose a également été effectuée. a) Etapes de la conversion et rendements De nombreux travaux ont étudié la conversion par pyrolyse de la cellulose en ATG [25, 45, 50, 109, 118-121]. Pour des vitesses de chauffe, d’au maximum 20 °C/min, la forte perte de masse de la cellulose se produit sur une gamme de température comprise entre 300 °C et 400 °C, avec un maximum variant de 330 °C à 370 °C. L’augmentation de la température de 400 °C à 900 °C conduit à une perte de masse plus faible et progressive, due essentiellement au dégagement de molécules gazeuses, provoqué par des réactions de réarrangement dans le char. A partir de températures supérieures à 500 °C, les rendements en char sont inférieurs à 20 % [109, 120] et même parfois à 10 % [25, 45, 50, 118, 121]. D’après les analyses de la composition des matières volatiles produites par 49 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse pyrolyse, lors d’études effectuées en ATG ou à plus grande échelle avec des vitesses de chauffe plus élevées [25, 50, 90], globalement, les rendements observés sont de 50-80 % pour l’huile de pyrolyse (rendements en eau pyrolytique de 5-15 %) et de 10-25 % pour les gaz incondensables, voire jusqu’à 35 % pour des vitesses de chauffe et des températures élevées (> 700 °C) [45, 90, 102, 122]. La fraction gazeuse est constituée majoritairement de CO (5-15 % de la masse sèche de cellulose), puis de CO2 (3-10 %), tandis que les molécules de CH4 (< 3 %) et H2 (< 1 %) sont produites avec de plus faibles rendements [25, 45, 50, 120, 122]. b) Mécanismes de conversion de la cellulose par pyrolyse De multiples travaux de recherches se sont focalisés sur la conversion de la cellulose par pyrolyse. Cependant, les différents mécanismes proposés [76, 79, 114, 123] donnent encore lieu à de nombreuses discussions. Un des premiers mécanismes de conversion proposé est celui de Shafizadeh, présenté sur la Figure I-16 [79]. Figure I-16 : Mécanisme de conversion de la cellulose selon Shafizadeh (adapté de [79]). Selon cet auteur, les premières réactions qui se produisent consistent en une dépolymérisation partielle de la cellulose par transglycosylation (rupture de la liaison glycosidique), qui conduit à la formation d’une cellulose dite activée. Ensuite, deux réactions sont en compétition : une dépolymérisation plus complète, qui produit des matières volatiles, et la formation du char par des réactions de réarrangement couplées avec le dégagement de molécules gazeuses incondensables. Par sa simplicité, ce mécanisme est bien accepté. Cependant, pour rendre compte des différentes voies de formation des produits, un mécanisme plus détaillé est nécessaire. Le mécanisme de Waterloo, présenté sur la Figure I-17, est également fréquemment cité comme référence [76]. Dans ce mécanisme, le char est formé suite à des réactions de déshydratation de la cellulose, en compétition avec la formation de la cellulose activée, point qui sera abordé dans cette partie. Le principal apport de cette version est qu’elle détaille les mécanismes primaires responsables de la formation des goudrons. D’après le mécanisme de Waterloo, les produits de dépolymérisation sont des anhydrosaccharides, tandis que ceux de fragmentation sont des composés de faible masse molaire contenant des fonctions carbonyle, acide ou alcool. Figure I-17 : Mécanisme de Waterloo proposé pour décrire la conversion de la cellulose (adapté de [76]). 50 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Banyasz et al. [79], en s’appuyant sur le mécanisme de Waterloo, précisent que du CO est également dégagé lors des réactions de fragmentation, et que les goudrons, formés par les mécanismes de dépolymérisation, peuvent se recondenser par des réactions secondaires en un char secondaire, selon un mécanisme auquel est associé un dégagement de CO2. Enfin, Mamleev et al. [123] s’appuient sur une revue bibliographique très précise pour proposer le mécanisme présenté sur la Figure I-18, dans lequel les deux réactions en compétition sont l’ouverture des cycles et la dépolymérisation. Gaz 1 Initiation + CO2 + Gaz2 Lévoglucosan et autres anhydrosaccharides Figure I-18 : Mécanisme de conversion de la cellulose selon Mamleev [123] (HMF : 5-hydroxyméthyl-2-furfural). Selon ce point de vue, les mécanismes primaires de formation du char et de fragmentation ont donc, pour même étape préliminaire, l’ouverture du cycle glucopyranose. L’ouverture du cycle est suivie soit de réactions de réarrangement, qui conduisent à la formation d’un char 1, soit de réactions de fragmentation, qui produisent des molécules de faible masse molaire. La dépolymérisation produit des (oligo)saccharides qui peuvent subir d’autres réactions, notamment des réactions de déshydratation pour former des anhydro(oligo)saccharides, ou des réactions de recombinaison qui conduisent à la formation d’un char 2. De plus, les auteurs proposent que les molécules d’eau et d’acides (acide formique, acide acétique) formées catalysent les réactions primaires. Avant que la cellulose n’atteigne la température de 300 °C, stade auquel la perte de masse devient forte, la cellulose subit quelques modifications au niveau de sa structure chimique pour former un intermédiaire nommé, selon les auteurs [76, 79, 122], cellulose activée ou anhydrocellulose. Certains proposent même la formation en compétition de ces deux intermédiaires [79]. Les probabilités de formation de chacun des intermédiaires sont discutées ci-dessous. L’anhydrocellulose serait formée par de multiples réactions de déshydratation de la cellulose. Ensuite, lors de la montée en température à des valeurs supérieures à 300 °C, le réarrangement de cet intermédiaire conduirait à la formation de char et de molécules gazeuses incondensables. L’idée de la formation de cet intermédiaire découle du fait que l’eau est la principale molécule, qui se dégage de la cellulose en début de conversion (dès 200 °C) [45, 62, 102], tandis que les molécules de CO, CO2 et de goudrons ne sont pas détectées avant 280 °C [45, 50]. De plus, il est bien connu que lorsque la vitesse de chauffe est faible, les rendements en char sont élevés. Une faible vitesse de chauffe permettrait donc un plus grand nombre de réactions de déshydratation 51 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse pour former l’anhydrocellulose, avant que les autres réactions ne se produisent, ce qui favorise un fort rendement en char. D’après l’étude très complète sur la déshydratation de la cellulose de Scheirs et al. [102], les réactions de déshydratation peuvent être intermoléculaires (entre deux molécules de glucopyranose différentes) ou intramoléculaires (au sein d’une molécule de glucopyranose). Comme illustré sur la Figure I-19, les réactions intermoléculaires conduisent à la formation de fonctions éthers et à une plus forte réticulation de la matrice carbonée. Figure I-19 : Liaison éther formée par déshydratation intermoléculaire à partir de la fonction hydroxyle du carbone C6 de la molécule du dessus et d’un autre carbone (généralement C’2 ou C’3 [123]) de la molécule du dessous [102]. Les réactions de déshydratation intramoléculaires conduisent à la formation de double liaison C=C. La fonction hydroxyle la moins stable serait celle située sur le carbone en C3 et son élimination donnerait une double liaison entre C2 et C3, comme illustré sur la Figure I-20. Figure I-20 : Double liaison C=C entre C2 et C3 formée par déshydratation intramoléculaire [102]. - L’étude de la pyrolyse à 250 °C pendant 5 h, suivie de l’analyse IR du char, a montré que les réactions de déshydratation intermoléculaires sont prédominantes et que seule 1 molécule de glucopyranose sur 20 contenait une double liaison C=C [102]. Les réactions de déshydratation entre 200 et 250 °C conduisent donc surtout à une augmentation de la réticulation au sein de la matrice carbonée ; par contre, la structure de celle-ci est encore très différente de celle d’un char, qui est constitué principalement de noyaux aromatiques [74]. La cellulose activée serait un polymère issu de la dépolymérisation partielle de la cellulose dont le degré de polymérisation moyen serait d’environ 200, c’est-à-dire plus de 10 fois moins de la valeur moyenne observée pour la cellulose à l’état initial [114]. Une dépolymérisation progressive se ferait avant le stade de forte perte de masse, ce qui permettrait de former une cellulose activée, qui se convertit très rapidement sur une gamme de température très étroite [124]. Lédé et al. [125] ont réussi à isoler, au cours de la pyrolyse de cellulose, un intermédiaire liquide, composé essentiellement d’oligomères, ce qui confirme l’hypothèse d’une cellulose activée issue d’une dépolymérisation partielle. 52 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Aux vues des résultats fournis par l’étude bibliographique sur l’existence d’un intermédiaire, formé avant la forte perte de masse de la cellulose (300 °C), les éventuelles réactions de déshydratation et de dépolymérisation ne sont pas incompatibles et peuvent même se produire simultanément. La déshydratation débute dès 200 °C et justifie la perte de masse de la cellulose avant 300 °C. D’après les calculs de Mamleev [123], la dépolymérisation par transglycosylation est une réaction qui, bien que très lente, est possible avant 300 °C et s’accélère quand la température augmente. Théoriquement, il faudrait environ 22 h à 260 °C, pour convertir toute la cellulose en lévoglucosan, contre 42 min à 305 °C. En outre, il a été démontré que l’eau dégagée de la biomasse catalyse les réactions de dépolymérisation [102, 123]. Ainsi, cette étude bibliographique nous amène à conclure que l’intermédiaire formé avant la forte perte de masse, appelé anhydrocellulose ou cellulose activée, est une cellulose partiellement dépolymérisée et déshydratée, ce qui est confirmé par les valeurs des masses molaires des molécules composant l’intermédiaire isolé par Lédé et al., dont certaines diffèrent de 18, ce qui correspond à la masse molaire d’une molécule d’eau [123]. A partir de l’étude bibliographique sur les mécanismes de conversion de la cellulose, un mécanisme détaillé, reprenant les termes définis précédemment et sur lequel nous nous baserons par la suite pour étudier l’influence de différents paramètres sur les rendements, est proposé sur la Figure I-21. Ce mécanisme est constitué des 3 types de réactions primaires et des 2 principales réactions secondaires, présentées au paragraphe I.4.1.2. Figure I-21 : Proposition de mécanisme de conversion de la cellulose. Bien que notre étude soutienne la formation, en début de conversion, d’un intermédiaire partiellement déshydraté et dépolymérisé, nous avons fait le choix de ne pas faire apparaître cet intermédiaire dans notre mécanisme. Ce choix vient du fait que les conditions opératoires menant à la formation de l’intermédiaire influent significativement, par la suite, sur la prépondérance des 3 mécanismes primaires. Par exemple, dans le cas d’une forte déshydratation, la formation du char est favorisée. Ainsi, il nous paraît préférable de ne pas dissocier les réactions de déshydratation, qui se produisent en début de conversion, des mécanismes de formation du char. Dans le mécanisme proposé, la formation du char se fait par des réactions de déshydratation et de réarrangement, qui provoquent, comme dans les mécanismes de Waterloo et de Mamleev, la production d’eau et de molécules de gaz incondensables. Le char de cellulose est composé de noyaux benzéniques arrangés suivant une structure polycyclique [74, 126]. Les cycles de type glucopyranose, initialement présents dans la cellulose, sont formés de 5 atomes de carbone et d’un atome d’oxygène. Pour que des cycles benzéniques se forment, une étape d’ouverture du cycle glucopyranose est indispensable [127]. Les réactions de fragmentation provoquent, elles, très 53 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse rapidement la rupture successive de plusieurs liaisons du cycle glucopyranose, ce qui conduit à la formation de molécules de faibles masses molaires. Bien que les mécanismes de formation du char et de fragmentation aient pour point commun l’ouverture du cycle glucopyranose, dans la mesure où ces mécanismes font intervenir des réactions très différentes, qui se produisent à des températures également très différentes (paragraphe I.4.2.2), il nous semble nécessaire de distinguer ces deux mécanismes. Enfin, comme proposé par la plupart des auteurs, un mécanisme primaire de dépolymérisation, qui produit des dérivés du glucose plus ou moins déshydratés, est également possible. c) Produits formés par la conversion de la cellulose Dans ce paragraphe sont présentés les principaux produits, formés par chacun des trois mécanismes de conversion primaires et par les principales réactions secondaires, au cours de la pyrolyse de la cellulose. - Produits associés à la formation du char La carbonisation de la cellulose résulte de l’ouverture de cycles glucopyranoses [127] et de la formation de cycles aromatiques. Une structure carbonée aromatique implique la formation de doubles liaisons C=C et l’élimination d’un grand nombre d’atomes d’oxygène. Il est clair que les réactions de déshydratation ont un rôle déterminant dans la formation du char. Dans un premier temps, les réactions de déshydratation intermoléculaires permettent une plus forte réticulation de la matrice [102] et limitent ainsi la formation de matières volatiles. Par la suite, les réactions de déshydratation intramoléculaires conduisent à l’élimination des groupements hydroxyles et à la formation de doubles liaisons C=C [102]. Il est probable que des réactions de réarrangement conduisent à la formation de fonctions carboxyles et carbonyles [126], qui sont ensuite volatilisées sous forme de molécules de faible masse molaire, dont les plus souvent citées sont CO2 et CO [78, 79, 81, 114, 126]. La structure fortement aromatique du char de cellulose se forme entre 300 °C et 400 °C [74, 126]. Lorsque la température du polymère atteint 350 °C, tous les cycles pyranes du polymère ont déjà été transformés [126]. Un chauffage à des températures supérieures à 400 °C conduit au dégagement de CO, CH4 et H2 [25, 128], par des réactions de réarrangement en une structure polycyclique plus condensée [74]. - Produits de dépolymérisation La dépolymérisation de la cellulose consiste en la rupture de la liaison β-1,4 entre les molécules de glucopyranoses. Cette réaction, dite de transglycosylation, est généralement suivie de réactions de réarrangement intramoléculaire pour stabiliser les deux nouvelles extrémités de chaîne formées [117, 118, 123]. La dépolymérisation conduit à la formation d’oligomères dont le degré de polymérisation devient de plus en plus faible, jusqu’à ce que ces molécules soient volatilisées et quittent la matrice. Ainsi, l’huile de pyrolyse de la cellulose est constituée de divers anhydrooligosaccharides [81, 125, 129] et anhydrosaccharides [27, 81, 118]. Le principal anhydrosaccharide produit, dont les rendements peuvent atteindre 60 %, est le lévoglucosan (1,6-anhydro-βglucopyranose) [45, 93, 129, 130]. Un mécanisme possible de la formation du lévoglucosan est présenté sur la Figure I-22. D’autres molécules de monosaccharides ont été détectées dans les huiles de pyrolyse de la cellulose. Ce sont généralement des dérivés de glucose partiellement déshydratés [81, 130] dont la plus courante est la lévoglucosénone (C6H6O3), qui correspond à une molécule de lévoglucosan (C6H10O5) ayant subi deux réactions de déshydratation. 54 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Rupture de liaison glycosidique Autre fragment pouvant former du LG Figure I-22 : Mécanisme de formation du lévoglucosan (LG) lors de la pyrolyse de la cellulose (adapté de [81]). Le détachement de la molécule de lévoglucosan conduit à la formation d’un fragment, dont la molécule en bout de chaîne peut réagir à nouveau, pour former une autre molécule de lévoglucosan. Des molécules contenant un motif furane (furfural, 2-furanméthanol, 5-hydroxyméthylfurfural) sont fréquemment identifiées dans les huiles de pyrolyse [25, 27, 81, 131] et sont aussi considérées comme des produits dérivés de la dépolymérisation de la cellulose [81]. En effet, plusieurs auteurs ont identifié dans les huiles de pyrolyse un mélange de lévoglucosan sous les formes pyranose et furanose [129, 132], ce qui prouve la possibilité d’une conversion du cycle de type pyrane en un cycle furane. Plusieurs travaux [25, 81, 102, 112] ont proposé que cette réaction se déroule par une réaction de cyclisation entre l’atome d’oxygène inclus dans le cycle et le carbone en C2, comme illustré sur la Figure I-23. Figure I-23 : Mécanisme de formation du 5-hydroxyméthylfurfural lors de la pyrolyse de la cellulose [102]. La formation d’un cycle furane à partir d’un cycle pyrane se fait par formation d’une liaison C 2-O et rupture de la liaison C1-O. 55 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Cette réaction est d’autant plus probable qu’elle conduit à la rupture de la liaison C1-O qui est une des plus faibles du cycle pyrane [79]. D’après Patwardhan et al. [131], la formation de molécules de type furane est favorisée cinétiquement dans la mesure où le noyau aromatique furane est plus stable que le noyau pyrane. Pastorova et al. [126] ont montré, à partir d’analyses RMN et FTIR, que la proportion de cycles furanes augmentait dans le char entre 250 et 300 °C, tandis que celle de cycles pyranes diminuaient. Ainsi, il est probable que des molécules volatiles contenant un cycle furane soient formées, lors de la forte perte de masse (T > 300 °C) due à la dépolymérisation complète de la cellulose. Une fois le motif furane formé, l’obtention des différentes molécules contenant un noyau furane, identifiées dans les huiles de pyrolyse, s’explique par des réactions de réarrangement. - Produits de fragmentation Les réactions de fragmentation conduisent à la rupture des cycles et d’autres liaisons covalentes du polymère, pour former des molécules de faible masse molaire [25, 131]. La rupture du cycle pyrane se fait préférentiellement au niveau des liaisons C1-O et C2-C3 qui sont les plus faibles [79]. Les principaux produits de fragmentation de la cellulose sont des molécules linéaires de courte chaîne (2 à 4 atomes de carbone) contenant des fonctions carbonyle, alcool et ester dont les plus courantes sont l’hydroxyacétaldéhyde, l’hydroxyacétone et l’acétone [25, 76, 81]. - Produits des réactions secondaires L’étude de la composition des produits formés, suite à des réactions secondaires, a été réalisée en faisant varier le temps de séjour des matières volatiles et la température de leur environnement [25, 81, 117, 129]. Il en ressort que les molécules les plus sensibles aux réactions de craquage sont les anhydrosaccharides, dont certains sont instables à partir de 550 °C et même 500 °C dans le cas de la lévoglucosénone [25, 81, 129]. Des conditions propices aux réactions de craquage résultent en une forte augmentation de la production de CO, qui peut être doublée [25, 117, 129]. Les autres molécules, dont le rendement augmente, sont notamment l’acétaldéhyde, l’acide formique, l’hydroxyacétone, le CH4 et le H2 [25, 129]. Plusieurs auteurs se sont intéressés aux réactions de craquage du lévoglucosan, le principal produit de dépolymérisation de la cellulose. Le lévoglucosan est peu réactif à des températures inférieures à 600 °C [81, 127, 133]. A des températures plus élevées, il est converti principalement en molécules contenant un noyau furane, en hydroxyacétaldéhyde et en CO [25, 134]. Dans le cas de conditions de craquage plus sévères (> 700 °C), les furanes et l’hydroxyacétaldéhyde sont également craqués [129, 133]. d) Influence de la cristallinité de la cellulose Plusieurs auteurs ont signalé que les proportions des phases cristalline et amorphe dans la cellulose influaient sur la cinétique et les mécanismes de conversion par pyrolyse [135-137]. D’après Kawamoto et al. [136], la conversion de la région cristalline nécessite une énergie d’activation de 256 kJ/mol, alors que cette énergie n’est que de 124 kJ/mol pour la région amorphe. La perte de la structure cristalline débuterait dès 250 °C [126]. Avec une vitesse de chauffe de 10 °C/min, l’analyse en DRX montre que les zones cristallines de cellulose ont complètement disparu à 400 °C [65]. L’influence de la cristallinité sur la quantité d’énergie nécessaire pour convertir la cellulose est confirmée par ATG : plus la cristallinité de la cellulose est élevée, plus la température pour atteindre le maximum de perte de masse est élevée [135, 137]. De plus, il a été constaté qu’une plus forte cristallinité conduit à des rendements en char plus faibles [135-137]. Dans la cellulose cristalline, qui est très structurée et stabilisée par des liaisons hydrogènes, les réactions de déshydratation, en début de conversion, sont certainement moins fréquentes que dans la cellulose amorphe. Par 56 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse conséquent, la matrice est moins réticulée, ce qui conduit à une plus forte dépolymérisation et à de plus faibles rendements en char. Cette hypothèse est appuyée par plusieurs travaux, qui stipulent que la cellulose cristalline produit par pyrolyse des quantités plus élevés de lévoglucosan que la cellulose amorphe [14, 136]. Enfin, les travaux de Zhang et al. présentent un intérêt particulier, en raison de l’analyse de la composition de la fraction gazeuse dégagée au cours de la pyrolyse [137]. Dans cette étude, il a été observé que le fait de diviser d’un facteur 5 le taux de cristallinité de la cellulose, pouvait permettre d’obtenir des rendements en char presque 5 fois plus élevés. L’analyse de la composition des gaz a montré que la réduction du taux de cristallinité avait conduit, par pyrolyse à 400 °C, à l’obtention d’une fraction gazeuse, contenant plus de CO2 et une quantité 5 fois plus faible de CO, ce qui indique que la réaction de formation du char dégage plus de CO2 que de CO. e) Influence des minéraux sur la conversion de la cellulose Plusieurs travaux ont montré que les minéraux naturellement présents dans la biomasse avaient une influence considérable, sur les rendements de pyrolyse des produits issus de la conversion de la cellulose [86, 100]. Afin de mieux comprendre l’influence des minéraux, plusieurs études ont consisté à investiguer la conversion d’échantillons de cellulose mélangés à des minéraux [93, 112, 138, 139]. Les principaux éléments identifiés par rapport à leur effet catalytique sont les métaux alcalins et alcalino-terreux [93, 112, 130, 138]. L’essentiel des auteurs s’accordent sur le fait que le sodium et le potassium ont une influence marquée sur les mécanismes de conversion de la cellulose, tandis que l’influence du calcium et du magnésium est plus discutée [138]. L’étude par ATG montre que l’effet catalytique des minéraux insérés dans la cellulose se traduit, dans un premier temps, par un début de conversion de la cellulose à des températures inférieures à 300 °C, c'est-à-dire plus basses qu’en l’absence de minéraux [72, 130, 138]. Des études concernant l’influence de l’addition de K+ ont même montré l’apparition d’un pic de perte de masse, sur la courbe représentant le signal (- dTG), à une température d’environ 250 °C [130, 140]. En ce qui concerne la température du maximum de perte de masse, qui correspond à la température à laquelle la dépolymérisation de la cellulose est la plus importante, certains auteurs ont observé une diminution de sa valeur, en présence de minéraux, de plus de 40 °C [130, 141], tandis que d’autres l’ont trouvé inchangée [72, 138, 140]. Ces variations peuvent s’expliquer par des différences au niveau de la nature des sels étudiés (métal et contre-anion) et de la méthode d’addition des minéraux [72, 138, 140]. Lorsque les minéraux ne sont pas répartis de manière homogène dans la cellulose, seules quelques réactions sont catalysées localement alors que les autres ne sont pas influencées, d’où la non variation de la température du maximum de perte de masse [72]. Dans tous les cas, lorsque des minéraux sont mélangés à la cellulose, l’intensité du pic de perte de masse du signal (- dTG) est atténuée [72, 130, 140]. Au niveau des rendements de pyrolyse, plusieurs auteurs ont observé que l’addition de minéraux, notamment de sels de métaux alcalins, conduisait à une forte augmentation de la production de char : selon les travaux, cette dernière peut passer de 1 % à 10 % par addition de carbonate ou d’hydroxyde de K+ ou Na+ [93], de 7,7 % à 27,7 % par addition d’acétate de K+ [130], de 5,3 % à 18,4 % par addition de chlorure de K+ et de 6,6 % à 32,1 % par addition de carbonate de K+ [112]. La présence de minéraux a également pour conséquence une diminution significative des rendements en huile de pyrolyse, notamment en lévoglucosan, avec toujours un effet catalytique des métaux alcalins très marqué : Patwardhan et al. [112] ont montré que l’ajout de 1 % de cendres de biomasse divisait par 2 le rendement en lévoglucosan, alors que l’ajout de 1 % de KCl divisait ce même rendement par 3. En ce qui concerne la composition de l’huile de pyrolyse, suite à l’addition de 57 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse minéraux à la cellulose, la proportion de molécules de faible masse molaire et de type furane augmente [93, 139]. Ces résultats ont conduit, dans un premier temps, à l’hypothèse que la présence de minéraux favorisait les réactions secondaires comme le craquage du lévoglucosan en molécules de plus petites tailles [142, 143]. Patwardhan et al. [112] ont étudié la pyrolyse de lévoglucosan en présence de cendres de biomasse. Ils ont montré que les réactions de craquage du lévoglucosan ne permettaient pas d’expliquer l’augmentation des productions de char et de nombreuses molécules formées lors de pyrolyse de la cellulose, mélangée à des cendres. Il en découle que les minéraux catalysent également des réactions primaires de pyrolyse au sein de la cellulose. L’augmentation des rendements en char s’explique par un effet catalytique des minéraux, qui favorisent les réactions de déshydratation, de décarboxylation et de réarrangement au sein de la matrice [72, 141, 144]. Cet effet catalytique explique le début de conversion de la cellulose à des températures plus faibles et la formation de molécules d’eau et de CO2 à ces mêmes températures [72, 138, 145]. Une diminution de la cristallinité de la cellulose due, en présence de minéraux, à l’affaiblissement des liaisons hydrogènes au sein de la phase cristalline pourrait également contribuer à l’évolution des rendements observée [145, 146]. En plus des réactions de formation du char, les minéraux catalysent également des réactions de fragmentation ou de craquage des matières volatiles [112, 145]. En effet, Patwardhan et al. [112] ont observé que la température de formation des produits, caractéristiques de ces réactions était abaissée à 450 °C en présence de minéraux. 4.3.1.2. Conversion des hémicelluloses Les hémicelluloses et la cellulose sont des polysaccharides dont la composition diffère fortement. Les hémicelluloses sont constituées de chaînes ramifiées, composées de différents sucres, qui forment une structure amorphe, tandis que la cellulose, uniquement constituée de glucose, est composée d’une phase cristalline majoritaire et d’une phase amorphe. De plus, lors de l’étude individuelle de la conversion de ces deux constituants, la teneur en cendres de la cellulose est généralement très faible, alors qu’elle peut dépasser 5 % pour les hémicelluloses [108, 119]. A partir de ces observations, par rapport aux mécanismes et rendements de conversion décrits pour la cellulose, des différences sont attendues lors de la pyrolyse des hémicelluloses. Enfin, il faut noter que l’essentiel des travaux, qui étudient la conversion des hémicelluloses, sont réalisés à partir du xylane, car ce polymère est le principal composant des hémicelluloses des végétaux angiospermes et est disponible dans le commerce. Quelques travaux se sont également focalisés sur la conversion du glucomannane, le deuxième composant principal des hémicelluloses [27, 90]. a) Etapes de la conversion des hémicelluloses et rendements D’après les travaux répertoriés, ayant étudié par ATG la conversion du xylane, avec des vitesses de chauffe au maximum de 20 °C/min et sous atmosphère inerte [35, 45, 50, 118-120, 147, 148], la perte de masse principale se déroule sur une gamme de température comprise entre 200 et 350 °C. La représentation graphique de la perte de masse, en fonction de la température, est constituée d’un maximum à une température d’environ 290 °C, et d’un épaulement, plus ou moins prononcé selon les études, à une température proche de 230 °C. Généralement, la pyrolyse de xylane, dans différents types de réacteurs et pour des températures maximales comprises entre 600 et 900 °C, conduit à des rendements de 20 à 30 % en char, de 40 à 60 % en huile de pyrolyse (rendements en eau pyrolytique de 20 à 30 %) et de 30 à 40 % en gaz incondensables [35, 45, 50, 120, 148]. Les gaz incondensables produits sont majoritairement des molécules de CO2 (15-25 %), puis de CO (5-15 %), alors que les rendements en CH4 (< 3 %) et H2 (< 3 %) sont plus faibles [35, 45, 50, 120]. 58 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse b) Mécanismes de conversion des hémicelluloses par pyrolyse Les hémicelluloses étant également des polysaccharides, leurs mécanismes de conversion primaire par pyrolyse sont semblables à ceux de la cellulose [93] : formation du char, dépolymérisation en anhydrosaccharides et fragmentation. Pour les hémicelluloses, la dépolymérisation se fait par rupture des liaisons entre la chaîne principale et les chaînes latérales, ainsi que par la rupture des liaisons entre les unités monomères au sein des chaînes principales et des chaînes latérales. La perte de masse à des températures faibles (< 250 °C) est attribuée à des réactions de déshydratation, ainsi qu’à la fragmentation des fonctions chimiques les plus instables (acétyle, méthoxy et carboxyle) et des liaisons avec les chaînes latérales [35, 148-150]. La perte de masse maximale, à une température d’environ 290 °C, est principalement due à une forte dépolymérisation des hémicelluloses [130, 151]. Cette dépolymérisation intervient à une température plus faible que dans le cas de la cellulose, du fait du caractère amorphe des hémicelluloses [27, 152]. Pour des températures supérieures à 350 °C, des réactions de réarrangement contribuent à une plus forte structuration du char et au dégagement de molécules de gaz incondensables [148]. Les rendements en char, plus élevés pour les hémicelluloses que pour la cellulose, peuvent être expliqués par la différence de cristallinité de ces polysaccharides (voir paragraphe I.4.3.1.1). Il est également possible que les minéraux, présents en plus grande quantité dans les hémicelluloses que dans la cellulose [31, 130], influent sur ces rendements. Cependant, Hosoya et al. [90] ont montré que, même après la déminéralisation des polymères, le glucomannane et le xylane donnaient, par pyrolyse, des rendements en char respectivement 3 fois et 2 fois plus élevés que la cellulose. c) Produits formés par conversion des hémicelluloses La formation du char se fait, selon les mêmes mécanismes que dans le cas de la cellulose, par réticulation de la matrice carbonée, dégagement de molécules de faible masse molaire, dont les principales sont l’eau, le CO2 et le CO, et formation de noyaux aromatiques [130]. A des températures de conversion supérieures à 400 °C, les réactions de réarrangement provoquent un dégagement supplémentaire de gaz incondensables [35]. La dépolymérisation par rupture des liaisons glycosidiques des chaînes principales, conduit à la formation d’anhydrosaccharides et de molécules dérivées [130]. Le lévoglucosan et le lévomannosan (1,6-anhydro-β-D-mannopyranose) ont notamment été identifiés dans les huiles de pyrolyse obtenues à partir du glucomannane [27, 90]. La dépolymérisation du xylane conduit à la formation du 1,4-anhydro-D-xylopyranose. Cependant, cette molécule est bien moins stable que le lévoglucosan [35, 84] et subit très rapidement des réactions de réarrangement, notamment de conversion du cycle pyrane en un cycle furane, d’où la forte proportion de molécules comme le furfural, dans les huiles de pyrolyse du xylane [35, 65, 90, 148]. Les hémicelluloses contiennent diverses fonctions chimiques, dont certaines sont instables et sont fragmentées à des températures aussi basses que 250 °C. Les principales réactions, qui se produisent à ces basses températures, sont les fragmentations : - des groupements acétyles (-CO-CH3), ce qui conduit à la formation d’acide acétique [35, 65, 118, 148, 149] et pourrait également être à l’origine d’une partie de la production de CO2 [35, 148, 149] - des unités d’acide hexuronique : la fonction méthoxy (-O-CH3) serait une source de production du méthanol [35, 70, 72, 149] et le groupement -COOH conduirait à la formation de CO2 [35, 149]. 59 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse A des températures de pyrolyse supérieures à 500 °C, des réactions de fragmentation des cycles se produisent également, ce qui résulte en la formation de diverses molécules de faible masse molaire, dont les principales sont l’hydroxyacétone, l’acétone et le CO [27, 35, 148, 153]. d) Influence des minéraux Dans la biomasse, les matières inorganiques minérales sont majoritairement associées aux hémicelluloses [139, 154], ce qui explique le taux de cendres élevé des hémicelluloses commercialisées. Etant donné les propriétés catalytiques des minéraux sur la conversion de la cellulose, il est probable que les minéraux contribuent également à la formation du char et à la limitation de la production d’anhydrosaccharides, lors de la conversion des hémicelluloses. Quelques auteurs [72, 130, 144, 155] ont étudié l’influence de l’ajout de minéraux, lors de la pyrolyse des hémicelluloses. Peu de modifications au niveau des températures de conversion ont été constatées [72, 130, 144, 155]. Ces résultats s’expliquent par la forte teneur en minéraux naturellement présents dans les hémicelluloses ; un ajout supplémentaire de minéraux ne modifie que très peu leur conversion par pyrolyse [72, 130]. L’addition de plus de 1 % de K+ à des échantillons de xylane conduit à une faible augmentation de la production de char, ce qui semblerait montrer que certains minéraux catalysent la formation du char [72, 144]. Cette hypothèse est appuyée par Jensen et al. [72], qui ont comparé par ATG la conversion de xylane non traité à celle de xylane imprégné de K+. A partir de l’échantillon imprégné, les productions d’eau et de CO2 sont plus importantes et la perte de masse, sur la gamme de température correspondant à la forte dépolymérisation du xylane (2ème pic de la courbe représentative du signal - dTG), est plus faible. Les résultats obtenus par Yang et al. [155] se démarquent dans la mesure où dans cette étude, l’addition de différents sels de métaux alcalins aux hémicelluloses conduit à une progression des rendements en char bien plus marquée que dans les autres études (de 33 % à 40 % suite à l’addition de 10 % de sels alcalins). Cependant, cette étude doit être comparée avec précaution aux autres travaux effectués, car ni l’origine des hémicelluloses ni leur teneur initiale en cendres ne sont précisées. 4.3.1.3. Conversion de la lignine a) Etapes de la conversion de la lignine et rendements Par rapport aux molécules constitutives de l’holocellulose, la lignine contient une plus grande diversité de liaisons chimiques. La stabilité des différents types de liaisons étant variable, il en résulte, lors de l’étude de la pyrolyse de la lignine par ATG, une perte de masse progressive sur une gamme de température très large (200 - 500 °C) [45, 118, 120]. En raison de la stabilité des noyaux aromatiques et de leur possibilité de réarrangement pour former une structure polycylique [116, 156, 157], les rendements de pyrolyse en char atteignent, en général, des valeurs comprises entre 30 et 50 % [45, 50, 119, 120, 147]. La température à laquelle se produit la plus forte perte de masse est, selon les auteurs, comprise entre 375 °C et 400 °C [50, 119, 120]. Généralement, la pyrolyse de lignine, dans différents types de réacteurs et pour des températures maximales inférieures à 900 °C, conduit à des rendements de 20 à 35 % en huile de pyrolyse (rendement en eau pyrolytique de 8 à 15 %) et de 15 à 35 % en gaz incondensables [45, 115, 120]. Les principaux gaz produits sont CO (5-20 %), CO2 (5-15 %), CH4 (3-6 %) et H2 (0,3-3 %) [45, 75, 88, 120]. b) Mécanismes de conversion de la lignine par pyrolyse Du fait de différences au niveau des énergies de liaisons, les principales liaisons chimiques au sein des monolignols et entre les monolignols présentent une stabilité thermique très variable (Figure 60 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse I-24). Les liaisons formées par une fonction éther, dont prend part l’atome de carbone en α ou en β de la chaîne alkyle, sont parmi les moins stables [84, 116, 156]. D’après Melkior et al. [150], la liaison β-O-4 réagit à partir de 245 °C. Les liaisons entre les chaînes alkyles sont également relativement fragiles [84, 156], tandis que celles entre deux atomes de carbone reliant des cycles aromatiques sont plus résistantes [156]. En conséquence de la fragilité de certaines liaisons entre monomères, des dérivés de monolignols sont déjà détectés dans les matières volatiles dégagées à des températures de conversion inférieures à 290 °C [158, 159]. Les chaînes alkyles des monolignols sont également peu stables thermiquement et leur fragmentation produit des molécules à chaîne courte [158, 160]. Plus les conditions opératoires favorisent les réactions de fragmentation, plus la chaîne alkyle se raccourcit et devient saturée [161], jusqu’à n’être constituée que d’un groupement -CH3, voire être entièrement séparée du noyau aromatique et substituée par un atome d’hydrogène [157]. Figure I-24 : Energie de liaison (J/mol) des principales liaisons chimiques présentes dans la structure de lignine [162]. Au fur et à mesure que la température augmente, différents types de liaisons se rompent et diverses molécules volatiles se dégagent. Selon plusieurs travaux, la température à laquelle la formation de molécules dérivées des monolignols, contenant un noyau de type phénol, est la plus forte est d’environ 400 °C, ce qui correspond à la température du maximum de perte de masse [163, 164]. Les noyaux aromatiques sont très stables thermiquement [157], ce qui explique que de nombreuses molécules aromatiques soient détectées dans les huiles de pyrolyse, même pour des conversions à des températures supérieures à 900 °C [27, 105]. Par contre, les groupements fonctionnels (autres que la chaîne alkyle) qu’ils portent, ainsi que les liaisons chimiques avec ces groupements, sont moins stables et sont transformés à différentes températures. Les fonctions méthoxy pourraient réagir dès 250 °C [157] ; cependant, leur disparition est plus fréquemment observée pour des températures proches de 400 °C [67, 75, 156]. D’après Hosoya et al. [161], la fonction méthoxy peut être substituée par des groupements –OH ou –CH3, qui peuvent également réagir, mais à plus haute température. L’analyse FTIR montre que la fragmentation des groupements –CH3 en substitution du noyau phénol débute à partir d’une température comprise entre 500 °C et 600 °C [165]. La fonction hydroxyle du noyau phénol est encore stable à 550 °C et réagit à partir de températures plus élevées [157, 161]. Peu d’auteurs ont proposé un mécanisme expliquant la disparition de cette fonction hydroxyle. Enfin, la formation du char résulte principalement du réarrangement des noyaux aromatiques en une structure polycylique [74, 75, 116, 156]. c) Produits formés par la conversion de la lignine La fragmentation de la chaîne alkyle conduit à la formation de molécules linéaires, contenant le plus souvent un à trois atomes de carbone. En début de pyrolyse, les atomes de carbone de la chaîne alkyle, en liaison avec des atomes d’oxygène, sont fréquemment oxydés, ce qui résulte en la 61 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse formation de fonctions carbonyle, voire acide carboxylique [152]. La rupture de la liaison entre Cβ et Cγ peut conduire à la formation de méthanol, de formaldéhyde, d’acide formique, de CO ou de CO2 [75, 152, 158, 160]. Les autres molécules, fréquemment identifiées comme produits de la fragmentation de la chaîne alkyle, sont des molécules à chaîne courte comme l’acide acétique [70, 115, 164]. En ce qui concerne les autres groupements liés aux noyaux aromatiques, la fragmentation de la fonction méthoxy peut produire du méthanol [75, 120, 158] ou du CH4 [62, 65, 67, 75, 116, 165]. Cette dernière molécule est également formée entre 500 °C et 600 °C, lors des réactions de réarrangement au sein du char [62, 67, 72, 75]. Les produits de dépolymérisation de la lignine sont des dérivés des monolignols, qui contiennent au minimum un cycle benzénique [84, 164]. La composition de la chaîne alkyle et des groupements en substitution du cycle aromatique dépendent des éventuelles réactions de fragmentation et de craquage. Les molécules les plus couramment identifiées dans les huiles de pyrolyse de la lignine sont des phénols, guaiacols, catéchols et crésols [27, 130, 158, 161]. Pour des conversions à haute température (> 900 °C), l’huile produite contient majoritairement des molécules aromatiques désoxygénées type benzène, toluène, xylène et HAP [27, 105, 166]. Enfin, il est probable que le réarrangement des noyaux aromatiques, qui conduit à la formation d’une structure polycylique, soit responsable d’un dégagement de molécules de H2 [75, 116]. d) Influence des minéraux L’influence des minéraux sur les mécanismes de conversion de la lignine a été étudiée, soit après un lavage de la lignine pour diminuer sa teneur en minéraux, soit par ajout d’une quantité de minéraux supplémentaire. La diminution de la teneur en minéraux de la lignine, suite à un lavage dans une solution d’acide chlorhydrique, a pour conséquence une légère diminution des rendements de pyrolyse en char [99, 130]. Au contraire, l’addition de minéraux augmente la production de char lors de la conversion de la lignine : + 4 % par l’ajout de 1 % de NaCl [163] et + 7 % par l’ajout de 2 % de KCl [72]. Nowakowski et al. [130] ont imprégné la lignine dans une solution de CH3COOK de manière à insérer 1 % de K+. La pyrolyse de cet échantillon a permis d’augmenter à une valeur de 50,7 % le rendement en char, au lieu de 36,8 % pour l’échantillon de référence. En outre, la présence des minéraux diminue la température à laquelle la perte de masse est maximale, de plusieurs dizaines de degrés [72, 130]. L’augmentation des rendements en char pourrait être due à un effet catalytique des minéraux, qui favorise la recombinaison des radicaux formés au cours de la pyrolyse [130, 163]. Plusieurs auteurs ont également remarqué que les minéraux catalysent des réactions de fragmentation, notamment des groupements méthoxy [72, 144, 163], ce qui résulte en une augmentation de la production en méthanol [72, 163]. Enfin, Baumlin et al. [167] ont constaté que la production de H2, à des températures supérieures à 600 °C, était favorisée pour des lignines ayant une forte teneur en minéraux, ce qui confirmerait que les minéraux catalysent le réarrangement des noyaux aromatiques en un char plus structuré. 4.3.2. Conversion des constituants au sein de la biomasse Les études par ATG des conversions des constituants majeurs de la biomasse et de trois types de bois sont présentées sur la Figure I-25. Il est bien admis que le sommet du pic, caractéristique du maximum de perte de masse de la biomasse, correspond à la conversion de la cellulose. Ce pic est constitué d’un épaulement, à une température d’environ 300 °C, qui correspond à la conversion des hémicelluloses. Etant donné la faible intensité du pic associé au maximum de perte de masse de la 62 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse lignine et de sa superposition avec celui de la cellulose, ce pic est difficilement identifiable sur les courbes du signal (- dTG) obtenues lors de l’analyse de la conversion de la biomasse. Cellulose Xylane Lignine Chardon Pin -dTG ( % / °C ) Masse (%) -dTG ( % / °C ) B Hêtre Température (°C) Masse (%) A Température (°C) Figure I-25 : Analyse thermogravimétrique des constituants majeurs de la biomasse (A adapté de [68]) et de trois types de bois (B adapté de [67]). Des récapitulatifs des rendements de pyrolyse généralement observés et des principaux produits obtenus lors de la conversion des constituants majeurs de la biomasse sont, respectivement, proposés dans le Tableau I-2 et le Tableau I-3. Tableau I-2 : Rendements de pyrolyse des différentes fractions généralement obtenus lors de la conversion individuelle des principaux constituants de la biomasse. Cellulose Hémicelluloses Lignine Char < 10 20-30 30-50 Goudron 40-70 15-35 10-25 Eau 5-15 20-30 8-15 Gaz 10-25 30-40 15-35 En négligeant dans un premier temps l’influence des interactions avec les minéraux et entre les constituants sur les rendements de conversion, il est possible d’estimer l’influence de la composition de la biomasse sur les rendements des produits de pyrolyse. Tableau I-3 : Principaux produits obtenus lors de la conversion individuelle des constituants majeurs de la biomasse, selon le mécanisme primaire considéré (les produits en gras sont généralement obtenus avec des rendements relativement élevés lors de la conversion du constituant considéré). Cellulose Formation du char Dépolymérisation Fragmentation char, H2O, CO2, CO LG, furfural, 5-HMF, 2-furanméthanol CO, hydroxyacétaldéhyde, hydroxyacétone, acétone furfural, 1,4-anhydro-Dxylopyranose CO, CO2, acide acétique, méthanol, hydroxyacétone CO, acide acétique, hydroxyacétone Xylane Hémicelluloses char, H2O, CO2, CO Glucomannane Lignine LG, lévomannane, furfural phénol, guaiacol, catéchol, crésol char, H2 LG : lévoglucosan, 5-HMF : 5-hydroxyméthylfurfural 63 CO, CO2, CH4, méthanol, acide acétique Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse En se basant sur ces récapitulatifs, la pyrolyse d’une biomasse contenant une forte teneur en cellulose doit fournir des rendements élevés en goudrons, et notamment en lévoglucosan. Une forte teneur en hémicelluloses doit amener à des productions conséquentes en H2O, en CO2, en furfural et en acide acétique. Enfin, une forte teneur en lignine doit conduire à un rendement élevé en char et en molécules contenant un noyau de type phénol, dans les goudrons. Différents auteurs se sont intéressés à la possibilité de corréler les rendements de pyrolyse d’une biomasse à sa composition en cellulose, hémicelluloses et lignine [90, 108, 168]. Une simple loi d’additivité, en tenant compte des proportions en chaque constituant, permet d’estimer approximativement les rendements en char, huile et gaz [168], mais n’est pas adaptée pour prédire de manière précise la composition des fractions liquide et gazeuse [90, 108, 122]. Certaines différences de rendements peuvent s’expliquer par des variations au niveau du taux de cristallinité de la cellulose [168] ou de la composition des hémicelluloses et de la lignine, selon l’espèce végétale considérée [108]. Parmi les autres facteurs qui affectent les mécanismes de conversion au sein de la biomasse, les plus souvent cités sont l’influence des minéraux et l’influence des interactions entre les constituants [108, 154]. 4.3.2.1. Influence des interactions avec les minéraux Selon les espèces considérées, la teneur en cendres de la biomasse lignocellulosique peut atteindre plus de 15 % [86] ou être inférieure à 1 %, comme dans le cas de certains bois. De nombreux travaux ont mis en évidence que la présence de minéraux conduisait à des modifications considérables au niveau des mécanismes et des rendements de pyrolyse. L’influence des minéraux sur les mécanismes de conversion de la biomasse a été étudiée, soit après un lavage de la biomasse pour diminuer sa teneur en minéraux [67, 72, 86, 100, 142, 154, 169], soit par addition d’une quantité de minéraux supplémentaire [72, 108, 142, 159, 170]. a) Influence de la déminéralisation de la biomasse La déminéralisation de la biomasse est généralement réalisée par imprégnation dans une solution aqueuse, éventuellement acidifiée [72, 100, 159, 169]. L’efficacité de la déminéralisation peut être déterminée après le traitement de la biomasse en mesurant son taux de cendres. Le lavage dans de l’eau déionisée permet d’extraire, en moyenne, entre 40 % et 80 % des minéraux de la biomasse [86, 100, 169]. L’utilisation d’eau acidifiée, à l’aide de solutions de HCl, HF ou H2SO4, permet une extraction encore plus efficace, qui peut conduire à une diminution de la teneur en minéraux de plus de 90 % [100, 142]. L’étude par ATG montre que la déminéralisation de la biomasse a pour conséquence une augmentation de la température du maximum de perte de masse, qui peut croître de près de 50 °C [67, 72, 86, 100, 159], pour atteindre une valeur qui correspond à celle de la température du maximum de perte de masse de la cellulose cristalline pure. De plus, la comparaison des courbes d’ATG, au niveau de la gamme de température sur laquelle les réactions de dépolymérisation de la cellulose sont prédominantes, montre que la perte de masse est plus marquée lors de la conversion de l’échantillon déminéralisé [67, 72, 86, 100, 159]. Il est plus délicat d’estimer l’effet de la déminéralisation sur la conversion des hémicelluloses, car le pic du signal (dTG), qui correspond à leur décomposition, n’est pas toujours bien séparé de celui de la cellulose. De plus, la déminéralisation peut conduire à une extraction partielle des hémicelluloses [100, 159, 169], ce qui réduit l’intensité de la perte de masse, associée à la conversion de ce constituant. Cette extraction d’hémicelluloses, qui est plus forte en milieu acide, est notamment mise en évidence par la diminution de 50 %, suite à l’imprégnation de bois dans une solution de HCl à 2 M, de sa teneur en 64 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse xylose, la principale molécule constitutive du xylane [100]. Il est assez bien accepté que la température du maximum de perte de masse, associée à la conversion des hémicelluloses, est moins affectée par la déminéralisation de la biomasse que celle de la cellulose. Par conséquent, suite à la déminéralisation de la biomasse, une meilleure séparation des pics associés aux conversions des hémicelluloses et de la cellulose est généralement observée, comme illustré sur la Figure I-26 [67, 147]. Quelle que soit la teneur en minéraux de la biomasse, aucun pic, caractéristique de la conversion de la lignine, n’apparaît sur la courbe représentant le signal (- dTG). Les études par ATG de la conversion de la biomasse ne permettent donc pas de conclure par rapport à l’effet des minéraux sur la conversion de la lignine. L’effet de la déminéralisation sur les rendements de pyrolyse est une augmentation de la production de goudrons et une diminution de celle de char, d’eau et de gaz [67, 72, 100, 104, 154, 169, 171]. Les rendements de ces produits peuvent varier de plus de 50 % par rapport à leur valeur initiale avant déminéralisation [72, 154, 169]. Parmi les goudrons, les molécules dont la concentration augmente le plus sont les anhydrosaccharides et notamment le lévoglucosan [154], dont la proportion peut être décuplée [86, 100]. Ce résultat confirme qu’une diminution de la teneur en minéraux favorise la formation des produits de dépolymérisation, en particulier de ceux issus de la conversion de la cellulose. Figure I-26 : Influence de différentes méthodes de déminéralisation sur la conversion par pyrolyse de bois de peuplier (adapté de [100]). Le traitement avec HCl (3) a extrait la plupart des hémicelluloses d’où la disparition de l’épaulement à environ 300 °C. Dans les autres cas (2 et 4), la déminéralisation a pour conséquence une diminution du chevauchement entre les pics de conversion de la cellulose et des hémicelluloses. b) Influence de l’addition de minéraux L’élément inorganique naturellement le plus concentré dans la biomasse est généralement le silicium, mais celui-ci ne présente pas d’effet catalytique significatif, par rapport à la conversion de la biomasse [72, 112, 172]. Les autres éléments les plus concentrés sont généralement Ca, K, Mg, Na, puis dans des proportions plus faibles Al, Fe, Mn, Zn, P [68, 172]. L’essentiel des travaux qui concernent l’effet de l’addition de minéraux sur les mécanismes de pyrolyse sont focalisés sur l’influence des métaux alcalins (K, Na) et alcalino-terreux (Ca, Mg) [72, 155, 159, 170]. Pour assurer une dispersion homogène dans la biomasse, l’addition des minéraux est généralement effectuée par imprégnation de la biomasse, dans une solution contenant les sels des minéraux étudiés [72, 142, 65 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 159, 170]. Lors de l’addition des cations métalliques K+, Na+, Ca2+ ou Mg2+, le contre ion présent dans le sel peut aussi influer sur les mécanismes de pyrolyse, notamment lorsqu’il présente un fort caractère basique [173]. Cependant, pour un métal donné, quel que soit le contre ion utilisé, les mêmes tendances sont constatées au niveau de l’effet catalytique ; seule l’intensité des phénomènes observés est modifiée [172, 173]. L’étude par ATG montre que l’imprégnation de minéraux dans la biomasse, à partir d’un échantillon non traité [173] ou préalablement déminéralisé [72, 155, 159, 170], affecte des mécanismes primaires de la conversion par pyrolyse. L’imprégnation de cations de métaux alcalins, comme K+ ou Na+, a pour conséquence une diminution de la température du maximum de perte de masse de plusieurs dizaines de °C, comme illustré sur la Figure I-27 [72, 155, 159, 170, 173]. Le pic du signal (dTG) est également moins intense [72, 146, 155, 173], ce qui semble indiquer que l’imprégnation de K+ ou Na+ inhibe les réactions de dépolymérisation. La diminution de la température du pic correspondant à la conversion de la cellulose a pour conséquence un plus fort chevauchement avec celui caractéristique de la conversion des hémicelluloses, qui dans certains cas n’est plus visible du tout [155, 170] ; ce qui empêche de conclure par rapport à l’éventuel effet des cations alcalins sur la conversion des hémicelluloses. - dTG % / °C Masse % Non traité Déminéralisé Imprégné avec K2CO3 Température °C Figure I-27 : Influence de l’imprégnation de K2CO3 sur la conversion par pyrolyse de résidus de biomasse (adapté de [155]). La diminution de la température de conversion de la cellulose, suite à l’imprégnation de K 2CO3, a pour conséquence un chevauchement entre les pics correspondant à la conversion des hémicelluloses et de la cellulose. En ce qui concerne les rendements de pyrolyse, l’imprégnation de différentes biomasses avec K+ et Na+ conduit à une diminution de ceux en goudrons et à une augmentation de ceux en char, en eau et en gaz [72, 132, 142, 146, 170]. Parmi les goudrons, la formation du lévoglucosan est fortement diminuée [159] et le rendement en cette molécule peut être divisé par 10 [170]. L’imprégnation des cations de métaux alcalino-terreux Ca2+ et Mg2+ a une influence bien moins marquée, sur la conversion de la biomasse, que celle des cations alcalins [132, 142, 159]. Eom et al. [170] ont même observé, dans certains cas, un effet contraire selon le cation imprégné dans le bois : alors qu’une diminution de la température du maximum de perte de masse est bien observée, suite à l’insertion dans la biomasse de K+ ou Ca2+, l’imprégnation de Mg2+ peut conduire à une augmentation de 66 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse quelques °C de cette même température. En ce qui concerne les rendements en char, l’imprégnation de K+ ou de Mg2+ provoque leur augmentation, alors que celle de Ca2+ provoque leur diminution. En plus des métaux, il est utile de signaler que le phosphore et le soufre, également contenus dans les minéraux, peuvent avoir une influence sur les mécanismes de conversion de la biomasse. Néanmoins, l’effet catalytique du phosphore ou du soufre imprégné dans la biomasse est similaire à celui observé en présence de métaux alcalins et de minéraux en général : baisse de la température du début de conversion, diminution des rendements en goudrons, notamment en lévoglucosan, et augmentation des rendements en char et en eau [78, 174-176]. c) Influence des minéraux sur les mécanismes et les rendements de conversion A partir des différents résultats répertoriés concernant la déminéralisation et l’insertion de cations alcalins et alcalino-terreux, il apparaît que l’essentiel des variations, provoquées par les minéraux sur les mécanismes de conversion de la biomasse, est dû aux cations alcalins. L’étude de Fahmi et al. [86], qui porte sur l’influence des minéraux sur la conversion d’une dizaine de biomasses, confirme cette hypothèse. Pour des biomasses n’ayant subi aucun traitement, plus leur teneur en (Na++ K+) est élevée, plus les rendements en char sont élevés et la température du maximum de perte de masse est faible. Les différentes études conduisent aussi à des conclusions identiques au niveau de l’influence des minéraux sur la composition des goudrons produits. Plus la teneur en minéraux est élevée, plus les rendements en anhydrosaccharides, notamment en lévoglucosan, sont faibles [86, 100, 146, 154, 159, 170]. En ce qui concerne les molécules dérivées des monolignols, la présence de minéraux favorise la diminution de la taille et du nombre des substitutions portées par le noyau phénol [100, 154]. Pour ce qui est de la fraction gazeuse, la molécule dont les rendements augmentent le plus avec la teneur en minéraux de la biomasse est celle de CO2 [72, 108, 146]. La production supplémentaire de CO2 pourrait être formée lors des réactions de formation de char, qui sont catalysées par les minéraux, à basse température [146]. A partir de ces résultats, des points communs peuvent être dégagés en ce qui concerne l’influence des minéraux sur la conversion des constituants majeurs de la biomasse, qu’elle se déroule de manière individuelle à partir de constituants isolés, ou au sein de la biomasse. Les minéraux inhibent la dépolymérisation de la cellulose et catalysent des réactions de réarrangement, ce qui contribue à l’augmentation de la production de char [86, 100, 146]. Ils favorisent également des réactions de fragmentation, notamment sur les noyaux phénols de la lignine [100, 146]. Peu d’études permettent d’avancer des hypothèses par rapport à l’influence des minéraux sur la conversion des hémicelluloses. Pourtant, cette influence est certainement très forte, puisque la teneur en minéraux dans ce constituant est généralement très élevée [154]. Il convient de rappeler que les minéraux ont également des propriétés catalytiques par rapport au craquage des molécules organiques et qu’ils favorisent donc ces réactions secondaires [146]. 4.3.2.2. Influence des interactions entre constituants Suite à la synthèse des parois cellulaires végétales, les trois principaux constituants que sont la cellulose, les hémicelluloses et la lignine, sont en contact. Des liaisons covalentes et hydrogènes ont même été mises en évidence entre les différents constituants [40, 41]. Il est possible que les interactions entre les constituants, dans la matrice de la biomasse, modifient leurs stabilités respectives, conduisant ainsi à des modifications au niveau des mécanismes de pyrolyse, par rapport à ceux observés lors de la conversion des constituants isolés [45]. Les interactions entre les constituants peuvent également avoir pour conséquence des réactions secondaires supplémentaires, 67 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse comme le craquage de matières volatiles d’un constituant par le char d’un autre constituant [108], ou la recombinaison de matières volatiles, formées par différents constituants, en phase gazeuse [108, 127, 177]. Pour démontrer l’influence des interactions, plusieurs travaux ont consisté à comparer la conversion des constituants séparés à celle d’un mélange de deux ou trois constituants [45, 108, 120, 178]. Lors des expériences réalisées à partir d’un mélange de deux constituants, par rapport aux prévisions basées sur les résultats de pyrolyse des constituants seuls, les variations de rendements sont les plus marquées lorsque la cellulose fait partie du mélange [45, 178]. Par rapport aux rendements théoriques calculés, la pyrolyse d’un mélange cellulose-xylane ou cellulose-lignine conduit à une plus forte production en char, en gaz et en eau, tandis que les rendements en goudrons et notamment en lévoglucosan diminuent [45, 178]. Ces résultats semblent indiquer que, dans les mélanges, les réactions de formation de char sont favorisées. Les mêmes tendances sont observées lors de la pyrolyse d’un mélange des trois constituants [108, 120]. Cependant, dans la mesure où dans les travaux cités dans ce paragraphe, les mélanges ont été effectués à partir de xylane et de lignine ayant des teneurs en cendres élevées (> 1,5 %), il n’est pas évident que les variations au niveau des rendements soient plus dues aux interactions entre constituants qu’à l’influence des minéraux. Cette observation est d’autant plus justifiée que lors de la pyrolyse des constituants, seuls ou en mélange, une fusion de l’échantillon et la formation d’un intermédiaire liquide ont été constatés [125, 177]. Ainsi, dans la phase liquide formée, les constituants sont mélangés, ce qui favorise certainement les interactions des minéraux, présents dans la lignine et le xylane, avec les molécules de cellulose. Deux études de Hosoya et al. [177, 179], réalisées à partir de constituants déminéralisés, permettent, plus sûrement, de mettre en évidence l’influence des interactions sur les rendements de pyrolyse. Dans la première étude [177], les auteurs montrent que les interactions entre la cellulose et les hémicelluloses (xylane ou glucomannane) favorisent légèrement les rendements en char et peuvent abaisser, de plus de 20 %, ceux en lévoglucosan. Au contraire, les interactions qui se produisent dans un mélange cellulose-lignine ont tendance à limiter les rendements en char et peuvent augmenter ceux en lévoglucosan de 40 %. Dans la seconde étude [179], un dispositif permet d’effectuer simultanément, dans deux compartiments séparés, la pyrolyse de la cellulose et de la lignine, puis de mettre en présence les molécules volatiles dégagées par ces deux constituants. Ce montage permet d’étudier spécifiquement les interactions secondaires qui ont lieu en phase gazeuse. Les résultats montrent un effet différent par rapport à celui observé dans la première étude (cas du mélange physique cellulose – lignine). En comparaison avec les rendements théoriques, dans le cas où il n’y aurait pas d’interaction, la production de gaz peut être augmentée de près de 30 %. Les auteurs en déduisent que les matières volatiles dégagées de la lignine favorisent la conversion des molécules organiques, formées lors de la pyrolyse de la cellulose, et notamment la conversion du lévoglucosan, ce qui a d’ailleurs aussi été proposé dans une autre étude [127]. 4.4. Influence de l’imprégnation de catalyseurs métalliques dans la biomasse sur les rendements de pyrolyse 4.4.1. Utilisation de catalyseurs en pyrolyse Un catalyseur est une substance qui accélère la vitesse d’une réaction chimique. Sa présence rend possible un nouveau chemin réactionnel, ayant une énergie d’activation plus faible, d’où l’accélération de la vitesse de réaction. Dans le cas de mécanismes complexes avec des réactions en 68 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse compétition, le fait d’accélérer spécifiquement une réaction inhibe les autres réactions possibles. Ainsi, l’insertion d’un catalyseur dans un mélange réactionnel peut modifier la distribution des produits obtenus. Le catalyseur ne fait parti ni des réactifs, ni des produits et, idéalement, il doit être régénéré en fin de réaction, pour être utilisé à nouveau dans d’autres cycles catalytiques. Cependant, la durée de vie du catalyseur n’est pas illimitée et des altérations physiques et chimiques sont susceptibles de le dégrader progressivement [180]. Diverses voies catalytiques, généralement basées sur l’utilisation de métaux, ont été explorées dans le but de modifier les rendements de pyrolyse de la biomasse ou les propriétés des produits obtenus. Une des plus couramment étudiées concerne le traitement catalytique des matières volatiles produites par pyrolyse, dans le but de modifier leur composition. Dans cette approche, le matériel catalytique peut être soit situé dans un lit que vont traverser les matières volatiles [20, 96, 181, 182], soit mélangé physiquement avec la biomasse [144, 183, 184]. En conséquence, cette voie catalytique influe essentiellement sur les mécanismes des réactions secondaires et, ainsi, sur les compositions de l’huile de pyrolyse et de la fraction gazeuse. Cette approche a été fréquemment étudiée dans le but de désoxygéner les huiles de pyrolyse, afin que leurs caractéristiques se rapprochent de celles du pétrole [20, 96, 144, 183]. D’autres travaux, notamment focalisés sur la valorisation de la biomasse par gazéification, ont consisté à étudier les propriétés catalytiques des métaux, pour craquer les goudrons produits par pyrolyse, afin de diminuer leur teneur et augmenter les rendements en gaz incondensable [181, 182]. Une autre voie catalytique consiste à imprégner les catalyseurs au sein de la biomasse. Cette approche, qui permet un contact intime entre la biomasse et le catalyseur [180], semble pouvoir influer sur les mécanismes primaires de pyrolyse, dès les premières étapes de la conversion. Ainsi, les différences au niveau des rendements et des propriétés des produits de pyrolyse obtenus peuvent être bien plus marquées que dans le cas du traitement catalytique des matière volatiles [185] ; d’autant plus que, dans le cas de l’imprégnation, les réactions secondaires entre le catalyseur et les matières volatiles sont toujours possibles. Les principales applications de cette approche concernent l’imprégnation dans le bois de substances chimiques ayant des propriétés de retardateur de flamme [18, 78, 176] et l’optimisation de la texture poreuse du résidu de pyrolyse, dans le cadre de la synthèse de charbons actifs. Plus récemment, cette approche a également été exploitée dans le but d’optimiser les rendements de molécules d’intérêt pour l’industrie chimique [18, 185, 186] ou de limiter la production des goudrons de pyrolyse [107, 180]. Dans le cadre de notre étude, ce paragraphe est principalement focalisé sur les catalyseurs ayant une influence sur les rendements et la composition des goudrons. Une attention particulière est accordée à l’imprégnation de catalyseurs dans la biomasse, dans la mesure où cette méthode s’avère être la plus efficace pour influer sur les rendements de pyrolyse [185]. Le traitement catalytique des matières volatiles produites par pyrolyse est également abordé. Cette dernière étude nous permet à la fois de comparer les différentes voies catalytiques (imprégnation vs. traitement des matières volatiles), mais aussi de nous renseigner sur les réactions secondaires, susceptibles de se produire entre les matières volatiles et les catalyseurs imprégnés dans la biomasse. La plupart des catalyseurs exploités dans l’industrie pétrochimique, en particulier pour le craquage des molécules organiques, sont à base de métaux. Des tests récents ont prouvé que les métaux ont également un potentiel catalytique intéressant, par rapport à la conversion des matières volatiles issues de la pyrolyse de la biomasse [59, 60, 187]. Il a été exposé au paragraphe I.4.3.2.1 que les métaux alcalins, naturellement présents dans la biomasse, catalysent des réactions des mécanismes primaires de la pyrolyse de la biomasse, dont certaines ont pour conséquence de limiter la 69 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse production des goudrons [59, 60, 187]. Cependant, les métaux alcalins présentent l’inconvénient de former, au cours de la conversion, des espèces qui sont volatiles aux températures classiques de pyrolyse. Par conséquent, ils risquent de se déposer en aval du réacteur, ce qui va provoquer l’encrassement, voire la corrosion de certains organes des installations [72, 107]. C’est pourquoi, malgré leurs propriétés catalytiques intéressantes sur les mécanismes de pyrolyse, l’utilisation des métaux alcalins n’est pas recommandée. Du fait de la gamme étendue de leur degré d’oxydation et de leur facilité à former des complexes, les métaux de transition sont très fréquemment utilisés en catalyse chimique, notamment pour le traitement catalytique des matières volatiles produites par pyrolyse. De plus, ils présentent l’avantage d’être bien moins volatils que les métaux alcalins. Ainsi, lorsque des métaux de transition sont imprégnés dans la biomasse, ceux-ci se retrouvent essentiellement dans le char en fin de pyrolyse [180]. Ces considérations justifient le fait que des travaux récents se soient plus particulièrement intéressés à l’effet catalytique des métaux de transition, sur les rendements de pyrolyse. Par la suite, les teneurs en métal des biomasses seront toutes indiquées en % par rapport à la masse de biomasse anhydre. 4.4.2. Influence des catalyseurs métalliques imprégnés sur les mécanismes de conversion des constituants de la biomasse Chaque paragraphe de cette partie est focalisé sur l’influence des catalyseurs métalliques imprégnés, par rapport aux mécanismes de pyrolyse d’un des constituants majeurs de la biomasse. Pour chaque constituant, les résultats présentés concernent, dans un premier temps, l’influence du catalyseur sur les caractéristiques de la conversion du constituant isolé de la biomasse. Dans un second temps, l’étude de l’influence du métal imprégné sur les rendements de pyrolyse de biomasse, et en particulier sur ceux des produits caractéristiques de la conversion de ce constituant, a pour but de vérifier que le métal agit de la même manière sur la conversion de ce constituant, lorsque ce dernier se trouve au sein de la biomasse. 4.4.2.1. Conversion de la cellulose imprégnée de métal L’étude par ATG de la conversion de la cellulose imprégnée de sels de métaux montre que les métaux de transition ont un effet catalytique sur les mécanismes primaires de pyrolyse de la cellulose. Par exemple, l’imprégnation de différents sels de Zn(II) (acétate, carbonate, chlorure) ou de Fe(II) (sulfate) peut conduire à une diminution d’une dizaine de °C des températures, correspondant au début de conversion et au maximum de perte de masse [143, 188, 189]. Certains auteurs signalent même que l’imprégnation de Zn (II) ou de Co (II) peut donner lieu à l’apparition d’un nouveau pic, sur la courbe représentant l’évolution de la perte de masse, à une température bien inférieure à celle du pic correspondant au maximum de perte de masse, comme illustré sur la Figure I-28 [141, 143, 189]. En ce qui concerne les rendements de conversion, les différents travaux s’accordent sur le fait que l’imprégnation de Zn, Fe ou Co a pour conséquence une augmentation des rendements en char qui peuvent être triplés (Figure I-28) [143, 188, 189]. Ces métaux favoriseraient donc les réactions de formation du char à basse température. En effet, Varhegyi et al. [143] ont montré qu’en présence de Zn, la formation d’eau et la perte de masse de la cellulose débutent dès 200 °C, alors que, sans catalyseur, la perte de masse ne démarre qu’à 250 °C. De plus, Jakab et al. [188] ont observé, qu’en présence de Zn, les rendements en eau et en CO2 pouvaient être augmentés respectivement de 50 % et 100 %. Par conséquent, les réactions de dépolymérisation sont limitées et les rendements en lévoglucosan diminuent [185, 188, 189]. 70 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Figure I-28 : Influence de l’imprégnation de métaux sur l’évolution de la masse et de la perte de masse (signal - dTG) d’échantillons de cellulose (adapté de [189]). Lorsque des métaux sont imprégnés dans la biomasse, une diminution de la température du maximum de perte de masse, qui correspond à la température de dépolymérisation de la cellulose, est également constatée [143, 190, 191]. Par contre, l’évolution des rendements en lévoglucosan suit une évolution variable. Lors d’expériences réalisées avec Mn (II), Fe (II), Co (II), Ni (II), Cu (II), Zn(II) ou Cr (VI), pour des teneurs en métal dans la biomasse inférieures à 0,4 %, plusieurs auteurs ont observé une augmentation des rendements en lévoglucosan [132, 190]. Au contraire, l’imprégnation dans la biomasse de Ni (II), Zn (II), Fe (III) ou Cr (VI) avec des teneurs supérieures à 1 % provoque systématiquement une diminution de la production de lévoglucosan [18, 107, 185, 192], c'est-à-dire le même effet que celui observé lors de la pyrolyse individuelle de la cellulose imprégnée de métaux. Il semble donc que les faibles teneurs en métal favorisent la formation de lévoglucosan, tandis que les fortes teneurs l’inhibent. Cette tendance est confirmée par Dobele et al. [193], qui ont étudié la pyrolyse d’échantillons de bois imprégnés avec différentes concentrations de Fe (III). Pour une teneur en métal de 0,10 %, le rendement en lévoglucosan augmente légèrement par rapport à la référence, alors que ce rendement est de plus en plus faible pour des teneurs en métal de 0,24 % et 0,85 %. L’évolution de l’effet du métal sur les concentrations en lévoglucosan peut susciter une interrogation, par rapport aux résultats obtenus pour les faibles teneurs en métal : l’augmentation de la production de lévoglucosan est-elle effectivement due à l’effet catalytique du métal imprégné ou plutôt à une diminution de l’effet catalytique des minéraux, qui ont été extraits de la biomasse lors de l’étape d’imprégnation ? Pour les teneurs en métal comprises entre 1 % et 5 %, la réduction des rendements en lévoglucosan est attribuée à un effet catalytique, qui favorise les réactions de déshydratation et d’autres réactions de réarrangement impliquées dans le mécanisme de formation du char [18, 192]. Le plus grand nombre de réactions de déshydratation est conforté par l’augmentation de la production des dérivés déshydratés du lévoglucosan comme la lévoglucosénone [18, 185, 190]. Pour des teneurs en métal supérieures à 5 %, les réactions de dépolymérisation sont encore plus limitées et même la production des dérivés du lévoglucosan diminue [18, 185, 192]. Enfin, l’étude de la pyrolyse d’échantillons de bois imprégnés avec une très forte teneur (50 %) en 71 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse nitrate de différents métaux met en valeur des caractéristiques de conversion très originales [194]. En effet, pour les échantillons imprégnés de Zn (II), Ni (II) et Cu (II) une conversion dite « explosive », qui se traduit par une perte de masse de l’échantillon de plus de 60 % à une température inférieure à 200 °C, est observée. L’analyse DRX du résidu, obtenu à 200 °C, révèle une disparition totale des pics caractéristiques de la structure cristalline de la cellulose. Les auteurs ne proposent pas d’hypothèses pour expliquer ce phénomène, qui, par contre n’a pas lieu dans le cas de l’imprégnation dans le bois de Fe(III) ou de Al(III), dans les mêmes proportions. 4.4.2.2. Conversion des hémicelluloses imprégnées de métal Très peu de travaux se sont focalisés sur l’influence de l’imprégnation de métaux sur les mécanismes de pyrolyse des hémicelluloses. L’effet catalytique de ZnCl2 dans le xylane conduit à la production d’une huile de pyrolyse, dont le furfural est le composant majoritaire [35, 185]. Le furfural est obtenu par des étapes de réorganisation (conversion du noyau pyrane en furane) et de dépolymérisation des molécules de pentose. Cependant, les résultats publiés ne présentent pas l’évolution des rendements en char ou en huile, et ne permettent donc pas de déterminer, si le catalyseur favorise la dépolymérisation du xylane, ou uniquement un plus grand nombre de réaction de réorganisation des molécules de pentoses. L’imprégnation de ZnCl2 (1-5 %) dans la biomasse conduit également à une augmentation des rendements en furfural ; augmentation d’autant plus marquée que la teneur en hémicelluloses de cette biomasse est élevée [18, 192]. Par contre, à partir de teneurs en ZnCl2 supérieures à 5 %, les rendements en furfural diminuent [18, 192]. L’imprégnation d’autres métaux de transition dans la biomasse, Cu (II), Ni (II), Cr (VI), Fe (III), a plutôt provoqué une diminution des rendements en furfural, mais cette diminution est généralement moins marquée que celles observées pour les autres molécules composant l’huile de pyrolyse [107, 190]. Il est difficile d’interpréter ces variations, dans la mesure où le furfural est également un produit de la conversion de la cellulose. 4.4.2.3. Conversion de la lignine imprégnée de métal Jakab et al. [163] ont étudié l’effet de l’imprégnation de 1 % de ZnCl2 dans des échantillons de lignine. Ils ont constaté que le catalyseur conduisait à une diminution de la température de dégagement d’eau (- 80 °C) et à une augmentation de 6 % des rendements en char. Les réactions de fragmentation des groupements méthoxy des noyaux phénols semblent également favorisées en présence de métal, ce qui se traduit par des rendements plus élevés en méthanol. Pour ce qui est de l’effet des catalyseurs sur les mécanismes de conversion de la lignine dans la biomasse imprégnée, des hypothèses ont été émises à partir de l’étude de la composition des huiles de pyrolyse, et plus particulièrement des rendements des molécules ayant un noyau phénol [18, 185, 190, 192]. L’imprégnation de Zn (II) [18, 185, 192], Ni (II), Fe (III) [107], Cu (II) ou Cr (VI) [190] dans différentes biomasses a pour effet de diminuer la production par pyrolyse des molécules contenant un noyau phénol de 30 à 70 %, ce qui a amené plusieurs auteurs à conclure que, dans la lignine, les métaux inhibent les réactions de dépolymérisation et favorisent celles de formation de char [18, 185, 190, 192]. Il est également intéressant de noter que parmi ces molécules, le phénol est celle dont la concentration diminue le plus lentement [18, 107] et même augmente parfois [190], ce qui semble confirmer l’hypothèse de Jakab et al. selon laquelle les métaux catalysent des réactions de fragmentation, et notamment celle des fonctions méthoxy. 72 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 4.4.3. Influence des catalyseurs métalliques imprégnés sur les rendements de pyrolyse de biomasses Des tendances communes peuvent être dégagées au niveau des rendements des produits obtenus par pyrolyse de biomasse imprégnée de plus de 1 % de métaux de transition. La diminution de la production des goudrons peut être supérieure à 50 % [18, 107, 190, 192], tandis que l’augmentation des rendements en char et en eau atteint des valeurs comprises entre 25 % et 50 % [18, 107, 171, 190-192]. Ces résultats tendent à confirmer que les métaux ont un effet catalytique, qui favorise certaines réactions de formation de char et inhibe des réactions de dépolymérisation. Au niveau de la fraction gazeuse, l’effet des métaux imprégnés sur l’évolution de la production en CO2 est variable ; elle peut augmenter de près de 50 % comme diminuer très légèrement selon la nature des métaux imprégnés [18, 107, 171]. Par contre, la présence de métaux conduit toujours à une augmentation des rendements en H2, qui peuvent être plus que doublés [18, 107, 171]. Des auteurs justifient la formation de molécules supplémentaires de H2 par le craquage des molécules volatiles [107, 171]. Cependant, dans la mesure où, en présence de catalyseurs, les concentrations de CO et CH4, les autres molécules caractéristiques de conditions favorables aux réactions de craquage, ont tendance à diminuer ; il est clair que les réactions de craquage ne suffisent pas à expliquer l’évolution des rendements en H2. Ahmadpour et al. [195] proposent qu’un effet catalytique du métal, qui favorise la réticulation des noyaux aromatiques adjacents, pourrait expliquer cette augmentation particulière de la production de H2. 4.4.4. Influence des catalyseurs métalliques sur les réactions secondaires Lorsque les matières volatiles produites par pyrolyse traversent un lit fixe formé de matériaux catalytiques et physiquement séparé de la biomasse, seuls les mécanismes secondaires de pyrolyse sont affectés. Les mécanismes primaires ne sont pas perturbés et les rendements en char ne sont pas modifiés [95, 196]. Dans le cas d’un mélange physique entre la biomasse et les catalyseurs, des variations au niveau des rendements en char peuvent être observées, notamment en raison de réactions secondaires de recondensation des matières volatiles sur la surface des catalyseurs, mais ces variations sont faibles (quelques %) [183, 197, 198] par rapport à celles observées dans le cas de l’imprégnation de catalyseur, où le contact biomasse - catalyseur est bien plus intime. Par contre, quelle que soit la méthode utilisée, le traitement catalytique des matières volatiles, qui se produit à la surface des catalyseurs métalliques, peut conduire à de fortes modifications au niveau des rendements et de la composition des fractions liquides et gazeuses [95, 183, 198]. De nombreux auteurs se sont intéressés à la possibilité d’utiliser des minerais pour optimiser la composition des matières volatiles produites par pyrolyse, tels que des zéolithes, dolomites ou de l’olivine [59, 60, 187, 199]. L’activité catalytique de ces minerais, peu coûteux et très disponibles, est due à la présence de métaux (alcalins, alcalino-terreux et de transition) dans leur composition. La texture poreuse de ces minerais, qui influe sur les probabilités de contact entre les molécules volatiles et les métaux, constitue également un paramètre important par rapport à l’activité catalytique du minerai [60, 200]. Pour améliorer les taux de conversion des matières volatiles, d’autres études se sont intéressées à la synthèse de catalyseurs plus performants, notamment à base de métaux supportés par des minerais ou autres matériaux poreux. Les métaux exploités sont généralement ceux reconnus pour leur forte activité catalytique de craquage des molécules organiques, dont les plus utilisés, notamment lors de procédés de gazéification, sont le nickel, le rhodium, le ruthénium, le palladium, le platine, le zinc, le cobalt ou le fer [60, 187, 199]. 73 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Les principales réactions catalysées à la surface des métaux sont le craquage des molécules organiques en des molécules de plus faible masse molaire, mais aussi des réactions de recombinaisons qui conduisent à la formation de coke à la surface du catalyseur et de HAP [20, 95]. Par conséquent, le traitement catalytique des matières volatiles conduit généralement à une diminution des rendements en huile de pyrolyse, compensée par la formation de coke et surtout par une plus forte production de gaz incondensable [95, 96, 184, 198]. Les réactions de craquage cassent notamment les liaisons entre les monomères des molécules d’oligomères présentes dans les matières volatiles [201], ce qui se traduit par une forte diminution des rendements en molécules de masse molaire élevée (>200 g/mol) dans l’huile de pyrolyse [95, 198, 200]. Des réactions, qui conduisent à une forte désoxygénation des molécules organiques, sont également catalysées ; il en résulte une augmentation des rendements en eau (surtout pour T < 550 °C) et en CO [95, 183, 198]. Les molécules dérivées des sucres sont très sensibles à ces réactions de craquage et peuvent subir des réactions de déshydratation à partir de températures supérieures à 400 °C [20, 96]. Un traitement des matières volatiles à 500 °C, avec certains catalyseurs à base de palladium ou de ruthénium, peut suffire à convertir l’intégralité des molécules dérivées des sucres [20]. En ce qui concerne les molécules contenant un noyau phénol, les métaux catalysent la rupture des liaisons entre les cycles aromatiques et les substitutions qu’ils portent. Plus les conditions de craquage sont sévères, plus les degrés de substitution des noyaux aromatiques de ces molécules diminuent [95, 96, 201, 202], tandis que les proportions de molécules aromatiques désoxygénées augmentent [95, 198]. Au niveau de la composition de la fraction gazeuse, les réactions de craquage favorisent particulièrement la production du CO, de H2, du CH4 et des autres hydrocarbures linéaires incondensables [95, 198, 202]. 5. Valorisation énergétique de la biomasse par gazéification : influence de l’utilisation de catalyseurs métalliques pour la production d’un gaz purifié Le développement de la filière de production de carburants par gazéification de la biomasse nécessite l’obtention d’un gaz de gazéification de haute pureté. Il est estimé que le coût de production de carburants, par synthèse Fischer-Tropsch, à partir de la biomasse est supérieur de plus de 50 % à celui de la production, par le même procédé, à partir de charbon minéral ou de gaz naturel. Ce surcoût est essentiellement dû à l’étape d’épuration du gaz produit par gazéification [54], dont les goudrons sont le principal contaminant et le plus problématique à éliminer. L’objectif de cette partie est, premièrement, de définir précisément le terme « goudrons » et de présenter les différents types de molécules, qui les composent. Ensuite, un état des lieux des différentes voies expérimentées, pour réduire la teneur en goudrons dans le gaz produit par gazéification, est présenté. Nous nous intéressons à l’optimisation du procédé de gazéification pour limiter la formation des goudrons, puis aux méthodes développées pour les traiter ; ces dernières sont essentiellement basées sur des techniques de séparation physique et de craquages thermique ou catalytique des goudrons. Parmi les méthodes catalytiques, nous évoquons à nouveau l’approche qui consiste à imprégner des catalyseurs métalliques dans la biomasse, préalablement à l’étape de conversion thermochimique. La conséquence de cette approche est que le char obtenu est dopé en métal, ce qui nous a amené à la question de l’impact de la présence de métal dans le char sur sa réactivité. Une étude bibliographique sur la gazéification de char dopé en métal a ainsi été effectuée. 74 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 5.1. Le problème des goudrons, potentiel d’un traitement catalytique 5.1.1. Les goudrons : définition et composition Historiquement, le terme « goudrons » est défini d’un point de vue opérationnel, en rapport aux problèmes liés à leur présence : ce sont des molécules organiques contenues dans les matières volatiles issues du procédé de gazéification, susceptibles de se condenser dans les dispositifs situés en aval du réacteur de gazéification [58]. Cette définition très large, qui comprend l’ensemble des molécules organiques condensables à basses températures, est celle adoptée dans notre étude. Cependant, une description plus détaillée est utile pour comprendre les mécanismes de leur formation et les moyens de limiter leur production. Une des classifications les plus citées est celle proposée par Milne et al. [58], dans la mesure où elle tient compte du stade de conversion des molécules organiques. Elle distingue : - les goudrons primaires issus de la décomposition de l’holocellulose (lévoglucosan, hydroxyacétaldéhyde, furfural …) et de la lignine (méthoxyphénols) ; - les goudrons secondaires qui sont caractérisés par une augmentation des proportions de fonction alcène, dont les molécules les plus représentatives sont des phénols ; - les goudrons tertiaires alkylés qui sont complètement désoxygénés comme le toluène, l’indène, le méthylnaphtalène … ; - les goudrons tertiaires condensés, qui sont essentiellement des HAP. En général, dans un procédé homogène, l’apparition des goudrons tertiaires se déroule après la disparition des goudrons primaires. Ainsi, les proportions des différentes classes de goudrons renseignent sur l’état d’avancement de la conversion des molécules organiques (ou degré de maturation) et sur les mesures à prendre pour les traiter. Par exemple, les goudrons primaires sont assez faciles à craquer, tandis que les goudrons tertiaires sont beaucoup plus réfractaires à ces réactions et ont plutôt tendance à se recombiner entre eux pour donner des molécules plus lourdes, ce qui conduit à la formation de suies [58]. Une autre classification intéressante [60], présentée dans le Tableau I-4, a été proposée par l’ECN (Energy research Center of the Netherlands), dans le but de regrouper les molécules en fonction de leurs propriétés chimiques et du risque qu’elles se condensent. Tableau I-4 : Classification des goudrons en fonction de leurs propriétés chimiques et de leur risque de condensation (adapté de [60]), proposée par l’ECN. Classe Nom Propriétés molécules ayant une masse molaire élevée > 200 g/mol Molécules caractéristiques oligomères résultant d'une dépolymérisation incomplète de l'holocellulose et de la lignine 1 non détectable par GC 2 hétérocycles et molécules oxygénées molécules solubles dans l'eau phénol, crésol, quinoline 3 molécules aromatiques légères (1 noyau) pas de problème de condensation toluène, éthylbenzène, xylène, styrène 4 HAP léger (2-3 noyaux) condense à basse température indène, naphtalène, acénaphtalène, fluorène 5 HAP lourd (4-7 noyaux) condense à haute température fluoranthène, pyrène, chrysène 75 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Sur la Figure I-29 sont présentées les températures correspondant au point de rosée de ces différentes classes de goudrons. Il apparaît que les HAP lourds (classe 5) sont des molécules qui se condensent très facilement (dès 140 °C pour une concentration dans le gaz de 1 g/Nm3). Les composés des classes 2 et 4, pour une concentration de 1 g/Nm3, se condensent à une température d’environ 30 °C, tandis que les risques de condensation des composés de la classe 3 sont très limités. En raison de leur diversité et de leur complexité, le point de rosée des molécules de la classe 1 n’a pas été déterminé. Etant donné leur forte masse molaire, il se situe certainement à des températures relativement élevées. Cependant, dans la mesure où ces molécules correspondent à un stade de conversion primaire, elles sont à priori assez faciles à convertir, notamment par craquage. Les composés, qui posent le plus de problèmes par rapport aux risques de condensation, sont donc les molécules de type phénols et les HAP, ce qui explique que certains experts aient restreint le terme de goudrons aux molécules ayant une masse molaire supérieure à celle du benzène (78 g/mol) [199]. Dans la mesure où notre étude est focalisée principalement sur les mécanismes primaires de pyrolyse et que les molécules organiques formées, lors de cette étape, sont susceptibles de se recombiner entre elles, pour donner des molécules de masses molaires plus élevées, nous avons fait le choix d’inclure toutes les molécules organiques condensables parmi les goudrons. Un autre argument qui justifie ce choix est que pour certaines applications, d’autres molécules organiques que celles de masse molaire supérieure à 78 g/mol sont considérées comme des contaminants. Par exemple, le cyclopentadiène affecte le fonctionnement des piles à combustible [58]. Figure I-29 : Point de rosée des différentes classes de goudrons en fonction de leur concentration (adapté de [60]). 5.1.2. Limitation de la teneur en goudrons dans le gaz issu des procédés de gazéification Les différentes approches développées pour limiter la teneur en goudrons, dans le gaz issu du procédé de gazéification, peuvent être classifiées en 4 catégories : - optimisation des paramètres opératoires pour limiter la formation des goudrons, - épuration des goudrons, issus du procédé de gazéification, par traitement physique, - craquage des goudrons, issus du procédé de gazéification, par voie thermique, - réduction (à différents stades) des rendements en goudrons à l’aide de catalyseurs. 76 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 5.1.2.1. Optimisation des paramètres opératoires La première mesure pour réduire la teneur en goudrons dans les gaz issus des procédés de gazéification consiste à limiter leur production. Les principaux paramètres opératoires qui influent sur les rendements en goudrons sont : la température, la proportion d’agent oxydant par rapport à celle de biomasse, la pression et le temps de séjour des gaz dans les réacteurs. Globalement, plus la température et le ratio (agent oxydant / biomasse) sont élevés, plus les molécules organiques seront converties. Une pression élevée et un long temps de séjour des matières volatiles dans le réacteur limiteront également les rendements en goudrons [47, 54, 59, 199]. La méthode de mise en contact de la biomasse et de l’agent oxydant a également une forte influence sur les rendements en goudrons. Les principaux types de réacteurs utilisés pour la gazéification de la biomasse sont ceux à lit fixe (à contre-courant ou à co-courant) et à lit fluidisé (circulant ou bouillonnant), présentés sur la Figure I-30. Plusieurs revues bibliographiques ont mis en évidence, que suite à l’optimisation des paramètres opératoires cités précédemment (température, temps de séjour des matières volatiles, pression et ratio agent oxydant / biomasse), les rendements en goudrons varient de manière significative, selon le type de réacteur utilisé [48, 58, 59]. Figure I-30 : Principaux types de réacteurs utilisés pour les procédés de gazéification (adapté de [203], rendements en goudrons d’après [48]). Dans le cas du réacteur à co-courant, les goudrons traversent la zone d’oxydation, dans laquelle est injecté l’agent oxydant, et sont assez bien convertis, il en résulte une concentration moyenne de 1 g/Nm3 de goudrons dans le gaz à la sortie du réacteur [48, 58, 59]. Dans le réacteur à contre-courant, certains goudrons peuvent être entraînés à la sortie du réacteur pratiquement sans être oxydés d’où une teneur en goudrons, dans le gaz en sortie de réacteur, qui peut être 100 fois plus élevée. Avec les réacteurs à lit fluidisé, qui sont plus adaptés pour les installations de grande puissance, les rendements en goudrons sont généralement intermédiaires entre ceux obtenus dans les réacteurs à co-courant et à contre-courant. Ces résultats signifient que, pour le procédé à co-courant, pour lequel les rendements en goudrons sont les plus faibles, une réduction de 99,99 % de la teneur en goudrons est encore nécessaire pour atteindre la valeur de 0,1 mg/Nm3, qui est la teneur généralement préconisée pour les applications de valorisation du gaz de synthèse. De plus, il faut préciser que les goudrons obtenus dans les réacteurs à contre-courant ont peu été convertis et sont 77 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse plutôt des goudrons primaires, tandis que ceux obtenus dans les réacteurs à co-courant ont été fortement modifiés et sont essentiellement des goudrons tertiaires, très stables. Un mélange intermédiaire de goudrons est obtenu à partir des réacteurs à lit fluidisé [58]. Les goudrons obtenus par les procédés qui donnent lieux aux plus faibles rendements en goudrons, sont donc les plus problématiques et les plus difficiles à convertir. Toutes ces considérations impliquent, de manière indispensable, le développement de méthodes efficaces pour réduire les teneurs en goudrons dans les gaz issus des procédés de gazéification. 5.1.2.2. Epuration des goudrons par traitement physique du gaz produit par gazéification Plusieurs auteurs [58-60] ont effectué une revue bibliographique des différentes méthodes physiques d’épuration des goudrons, contenus dans le gaz produit par gazéification. Les plus courantes sont : - des méthodes dites « humides » qui consistent en l’extraction des goudrons, par lavage à l’eau ou avec un autre solvant, du gaz refroidi (tour de pulvérisation, tour de lavage…) [58, 60] ; - des méthodes de traitement du gaz sec, qui consistent en une isolation des goudrons à l’aide de cyclone, par précipitation électrostatique ou par des méthodes de filtration (filtre à sac, filtre céramique, lit de sable ou de charbon…) [59, 60]. Les techniques les plus efficaces permettent de réduire de 50 à 99 % la teneur en goudrons des gaz traités [48, 58-60]. L’épuration du gaz par des méthodes physiques n’est pas suffisamment efficace puisque le gaz n’atteint pas encore la qualité requise pour les applications de valorisation du gaz de synthèse. Une épuration supplémentaire est donc nécessaire. De plus, l’inconvénient des méthodes physiques d’épuration est qu’elles concentrent des goudrons toxiques sous forme de déchets solides ou en solution [48, 58, 59]. Un coût supplémentaire est à associer au traitement de ces déchets toxiques. Enfin, tous les goudrons isolés par méthodes physiques constituent de la matière non valorisée, ce qui réduit les rendements énergétiques. De ce point de vue, les traitements thermiques et catalytiques des goudrons s’avèrent plus intéressants, dans la mesure où ils ont pour objectif de convertir le contenu énergétique des goudrons sous forme de gaz valorisable. 5.1.2.3. Craquage thermique des goudrons Le principe du traitement thermique consiste à soumettre le gaz produit à une température élevée (> 900 °C), dans le but de craquer les goudrons en des molécules de gaz incondensables. A 900 °C, il est possible de craquer plus de 98 % des molécules contenant un noyau phénol [60]. Les molécules aromatiques désoxygénées sont beaucoup plus difficiles à convertir. Le craquage des noyaux aromatiques de ces molécules nécessite des températures supérieures à 1000 °C, voire 1200 °C pour les molécules les plus réfractaires [58-60, 187]. Un problème associé à ce type de traitement, est qu’à des températures aussi élevées, des réactions de recombinaisons sont également possibles, ce qui peut conduire à la formation de molécules encore plus lourdes et même de suies [48, 60, 187]. Un autre inconvénient est qu’il est très coûteux énergétiquement de chauffer un réacteur à une température supérieure à 1000 °C. Une alternative plus prometteuse consiste à utiliser des catalyseurs, qui favorisent les réactions de craquage des goudrons à plus faibles températures. 5.1.2.4. Réduction des rendements en goudrons par voie catalytique De nombreux travaux ont consisté à étudier la possibilité de craquer les goudrons sous atmosphère oxydante (en présence de vapeur d’eau, O2 ou CO2) par catalyse hétérogène [60, 187, 199, 204] : les 78 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse goudrons contenus dans le gaz sont mis en contact avec des catalyseurs solides, qui facilitent leur conversion en gaz incondensable par des réactions de craquage. D’après Sutton et al. [187], les principales caractéristiques recherchées pour un catalyseur sont : efficacité pour éliminer les goudrons, résistance à la désactivation, solidité, régénération facile et coût faible. L’activité du catalyseur par rapport à la réaction de reformage à la vapeur du méthane est également une caractéristique importante. Dans le cas idéal, les produits de craquage, principalement CO et H2, sont obtenus dans des proportions adéquates pour les applications envisagées. D’une manière générale plus la surface active du catalyseur est accessible aux goudrons, plus les rendements de conversion sont élevés. Un des principaux problèmes de cette technique d’épuration est la compétition entre les réactions de craquage, qui sont recherchées, et des réactions de recombinaisons des goudrons à la surface du catalyseur. Ces dernières réactions sont à éviter dans la mesure où elles provoquent le dépôt de coke, qui réduit la surface active du catalyseur, et ainsi désactive progressivement le matériau catalytique [187, 204, 205]. Le craquage catalytique des goudrons peut être abordé suivant deux approches : 1) traitement après gazéification du gaz produit, par la traversée d’un lit constitué par le matériau catalytique, 2) craquage des goudrons au sein du réacteur, pendant la gazéification, en introduisant les catalyseurs dans le mélange réactionnel [187]. L’avantage de la deuxième méthode est que les réactions de craquage se produisent dans le réacteur de gazéification, ce qui évite une étape, coûteuse énergétiquement, de traitement à travers un lit fixe dans un autre réacteur à haute température. De plus, dans la mesure où le contact entre les goudrons et le catalyseur est plus précoce, il est possible que le degré de maturation des goudrons soit moins avancé (plus de goudrons primaires et moins de goudrons tertiaires) ; ce qui signifie que le craquage in situ serait plus facile que le craquage du gaz issu du procédé de gazéification, dans un autre réacteur. Par contre, le principal problème, lié à l’introduction du catalyseur dans le réacteur de gazéification, est qu’il est soumis à de fortes contraintes mécaniques, notamment dans les réacteurs à lit fluidisé. L’utilisation de catalyseurs très résistants est donc requise pour éviter des problèmes d’attrition, responsables de la dégradation du catalyseur et de la génération de particules, qui constituent un contaminant supplémentaire [187]. L’étude du craquage de composés modèles contenus en grande proportion dans les goudrons (benzène, toluène, naphtalène) montre, qu’en présence de catalyseurs métalliques, le craquage des noyaux aromatiques est possible à des températures de 600-700 °C [206-208]. Néanmoins, pour atteindre des taux de conversion supérieurs à 80 %, des températures plutôt comprises entre 800 et 850 °C sont préconisées [206-210]. Coll et al. [208] ont étudié le craquage catalytique de HAP (2 à 4 noyaux aromatiques) par le nickel en présence de vapeur d’eau. Une température encore supérieure, environ 900 °C, est cette fois nécessaire pour atteindre un taux de conversion de 80 %. Ces résultats montrent que, globalement, par rapport au craquage thermique, le traitement catalytique réduit d’environ 300 °C la température à laquelle la conversion des goudrons est efficace, ce qui permet de travailler à des températures, qui coïncident avec celles imposées dans les procédés de gazéification. La composition du gaz produit par le craquage des goudrons, sous atmosphère oxydante, dépend de l’agent oxydant utilisé. Le craquage de composés modèles en présence de vapeur d’eau, agent oxydant le plus fréquemment utilisé pour le craquage des goudrons, conduit majoritairement à la production de H2 (50-70 %), d’oxydes de carbone (25-45 %) et de CH4 (< 5 %) [206, 208-210]. En conséquence, la concentration en H2, dans le gaz de gazéification après l’étape de craquage des goudrons, est fortement augmentée (jusqu’à 4 fois plus élevée) [60, 187, 211], ce qui est intéressant dans le but de produire du gaz de synthèse. 79 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Les catalyseurs les plus couramment utilisés sont des minerais naturels ou modifiés, des métaux alcalins et des métaux de transition. Les principaux avantages et inconvénients de chaque type de catalyseur ont été étudiés et sont précisés ci-dessous. a) Catalyseurs à base de minerais naturels L’activité catalytique, par rapport à la conversion des goudrons, des minerais tels que les dolomites, les olivines et les zéolithes est due à la présence de métaux dans leur composition [187, 205]. De plus, la porosité de ces minerais facilite la diffusion des goudrons au sein de leur structure, ce qui augmente les probabilités de contact entre les goudrons et la surface des métaux. De nombreuses études sont focalisées sur le potentiel catalytique de minerais naturels, dans la mesure où ceux-ci sont peu coûteux et largement disponibles [47, 60, 187, 199]. Les dolomites sont les plus couramment testées et permettent des taux de conversion des goudrons variant de 50 à 97 % [60, 187, 199]. L’inconvénient des dolomites est leur manque de résistance, à haute température, aux contraintes physiques. Elles sont sensibles au frittage, ce qui provoque une usure rapide et génère la formation de particules supplémentaires à traiter [187, 199, 205]. Des problèmes de désactivation due à la présence de coke sont également signalés [187, 204]. Les zéolithes et les olivines sont plus résistantes au frittage et présentent aussi des propriétés catalytiques par rapport au craquage des goudrons, mais des problèmes de diminution rapide des performances, dus à la présence de coke sont généralement observées [60, 205]. Les performances catalytiques des minerais, par rapport au craquage des goudrons, sont intéressantes, mais insuffisantes pour l’obtention d’un gaz ayant la pureté requise, pour les applications de valorisation du gaz de synthèse. Les catalyseurs à base de métaux de transition présentent généralement de meilleures performances [47, 60, 199]. C’est pourquoi certaines perspectives envisagées consistent à utiliser des minerais naturels peu coûteux pour une épuration préliminaire du gaz à travers un lit de garde, avant un traitement avec des catalyseurs à base de métaux ; ou à utiliser les minerais précédemment cités comme support dans lesquels sont greffés des catalyseurs métalliques performants [204, 205]. b) Catalyseurs métalliques Du fait de leur capacité à convertir les molécules organiques, des métaux alcalins ont été testés par différents auteurs pour craquer les goudrons [60, 187]. Ces métaux sont souvent mélangés physiquement ou imprégnés dans la biomasse. Un problème lié à l’utilisation de ces métaux est leur volatilité aux températures supérieures à 700 °C [212]. Comme signalé précédemment, les métaux alcalins volatilisés sont considérés, dans les procédés de gazéification, comme des contaminants ; ils risquent de s’agglomérer et de détériorer certains organes de l’installation. De plus, la volatilisation des métaux alcalins limite la récupération des catalyseurs en fin de gazéification. Enfin, dans le cas du greffage de métaux alcalins sur un support, les rendements de conversion des goudrons sont généralement inférieurs à ceux obtenus dans le cas du greffage sur le même support de métaux de transition comme le nickel [187]. Les catalyseurs à base de métaux de transition sont ceux qui présentent les meilleures aptitudes pour le craquage des goudrons de gazéification. Les catalyseurs les plus fréquemment utilisés consistent en une phase active en nickel, greffée sur des supports en alumine, dolomite ou olivine. Des taux de conversion des goudrons de 99 % sont cités, par différents auteurs, pour des températures de craquage de 800-900 °C [47, 60, 187]. Par contre, une désactivation progressive des catalyseurs, due à des dépôts de coke à la surface du nickel, est fréquemment signalée par les auteurs, ayant réalisé des tests prolongés [187, 199, 204]. D’autres métaux tels que le rhodium, le ruthénium, le platine ou 80 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse le palladium sont également très performants pour le craquage des goudrons, mais des problèmes de désactivation par cokéfaction sont également observés. L’amélioration des performances obtenue ne s’avère pas suffisante pour justifier l’investissement lié au coût très élevé de ces métaux [60, 187, 204, 205]. Parmi les métaux peu coûteux et disponibles, le fer se révèle intéressant pour le craquage des goudrons. Plusieurs études ont montré qu’une plus forte teneur en fer dans les dolomites ou les olivines avaient pour conséquence une plus forte conversion des goudrons [187, 205]. D’autres travaux, réalisés à partir de catalyseurs synthétiques à base de fer, ont confirmé la capacité de ce métal à craquer les molécules aromatiques, qui sont les goudrons les plus problématiques à traiter [209, 210, 213]. L’essentiel des études sur l’utilisation de catalyseurs à base de métaux de transition, pour limiter la teneur en goudrons dans le gaz produit par gazéification, a été réalisé à partir de catalyseurs dont la phase active métallique est contenue dans un support ou dans un lit catalytique. Une approche innovante développée, dans le cadre de cette thèse, en partenariat entre le Cirad, 2iE et l’UTC consiste à insérer des métaux de transition dans la biomasse, avant la conversion thermochimique. L’insertion est réalisée par imprégnation de la biomasse dans une solution de sels métalliques, méthode qui permet à la fois une répartition homogène du catalyseur et un contact intime de ce dernier avec les constituants de la biomasse [180]. Les avantages attendus par la mise en œuvre de cette approche, par rapport à celle qui consiste à traiter les goudrons contenus dans le gaz après la conversion par gazéification, sont que : - les catalyseurs imprégnés, en contact intime avec la biomasse, sont susceptibles d’influer sur les mécanismes primaires de pyrolyse. Un effet catalytique du métal qui favorise la formation du char et des gaz incondensables (voir paragraphe I.4.4.3) aurait pour conséquence une quantité de goudrons plus faible à traiter ; - le contact entre les goudrons formés et le catalyseur interviendrait tôt, au sein de la particule, avec des goudrons ayant un degré de maturation peu avancé, donc relativement faciles à craquer. Richardson a réalisé l’étude de l’évolution des espèces métalliques, au cours de la pyrolyse d’échantillons de hêtre imprégnés de sels de Ni2+ ou de Fe3+ [180]. Il a observé, entre 400 et 500 °C, la formation de nanoparticules de Ni0 dans le cas de l’imprégnation de Ni2+ et de FeOx dans le cas de l’imprégnation de Fe3+. La présence de métal sous forme de nanoparticules est très intéressante, car cela signifie une importante surface catalytique disponible. Les travaux de Bru et al. [107] et de Richardson [180] ont effectivement confirmé une diminution des rendements en goudrons lors de l’étape de pyrolyse de biomasses imprégnées de Ni2+ ou de Fe3+, mais sans mettre en évidence si l’influence des catalyseurs est plutôt marquée par rapport aux mécanismes primaires de pyrolyse ou aux réactions secondaires de craquage. Richardson signale que Ni0 et FeOx sont considérées comme des phases actives de ces métaux pour les réactions de craquage des goudrons. Cependant, la formation de ces phases actives se produit à plus de 400 °C, alors que l’essentiel des goudrons se dégage sur une gamme de température inférieure à 400 °C. La plus forte réduction des rendements en goudrons, de 56 %, a été obtenue lors de la pyrolyse à 700 °C de chêne imprégné de 4,3 % de fer [107]. Ces résultats sont prometteurs, dans la mesure où la quantité de catalyseurs utilisée est plutôt faible par rapport à la masse de biomasse et que la conversion a été réalisée à une température relativement basse, sous atmosphère inerte. En effet, dans la plupart des autres travaux publiés, la masse de catalyseur utilisée correspond généralement à plus de 10 %, et même parfois plus de 100 %, de la masse de biomasse convertie [95, 183, 184, 197]. A titre comparatif, Nemanova et al. [214] 81 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse et Nordgreen et al. [213] ont traité des goudrons avec des catalyseurs à base de fer placés dans un lit fixe, avec un ratio massique (catalyseur/biomasse) proche de 0,4. Dans leurs expériences, réalisées avec un apport d’agent oxydant (O2), les taux de conversion des goudrons à 750 °C sont inférieurs à 30 % et n’atteignent plus de 50 %, qu’à des températures supérieures à 800 °C. Pourtant, plusieurs travaux ont bien mis en évidence l’apport d’une atmosphère oxydante pour le traitement catalytique des goudrons [182, 215, 216]. Un autre résultat intéressant obtenu lors de la pyrolyse de biomasse imprégnée de métal est la forte production de H2, dont l’augmentation peut atteindre 260 % dans le cas de l’imprégnation de nickel [107]. En raison de la faible volatilité des métaux de transition aux températures classiques de gazéification, l’approche, qui consiste à imprégner des métaux dans la biomasse, a pour conséquence l’obtention d’un char dopé en métal [217]. Il est probable que la présence de métal dans la biomasse influe sur la réactivité du char lors de sa conversion par gazéification. Cette étape, très coûteuse énergétiquement, étant celle qui limite cinétiquement le procédé, des recherches bibliographiques ont été entreprises pour évaluer l’influence de la présence des métaux, sur la cinétique de la conversion du char par gazéification. Cet aspect énergétique est d’autant plus important que, dans l’approche étudiée, le bilan énergétique est affecté négativement par l’étape d’imprégnation de la biomasse. En effet, suite à l’imprégnation dans une solution aqueuse de sels métalliques, la biomasse doit être séchée avant l’étape de pyrolyse, ce qui constitue une consommation d’énergie supplémentaire. Il convient également de préciser qu’en fin de gazéification, contrairement aux métaux alcalins, qui sont très volatils et posent des problèmes d’agglomération, les métaux de transition se retrouvent dans les cendres de gazéification et pourraient être récupérés pour être recyclés, voire régénérés en cas de désactivation. 5.2. Réaction de gazéification du char, influence du dopage en métal La réaction de conversion du char en gaz est l’étape la plus lente du procédé de gazéification et nécessite des températures très élevées (> 800 °C), ce qui rend cette étape très coûteuse, d’un point de vue énergétique [47, 49, 218, 219]. Dans le but d’évaluer l’influence de la présence de métaux dans le char sur sa vitesse de conversion, quelques notions sur la réactivité du char et les facteurs qui l’influencent seront abordées dans ce paragraphe. D’après plusieurs études, focalisées sur les possibilités d’optimiser la réactivité du char [218-220], les principaux paramètres pouvant influer sur la cinétique réactionnelle sont : - les conditions de pyrolyse qui influent sur la composition et la structure du char, - les paramètres opératoires de la réaction de gazéification, - la présence de composés inorganiques d’origine naturelle ou insérés dans le char. 5.2.1. Notion de réactivité et définitions La réactivité r(t) caractérise la vitesse à laquelle la réaction de conversion du char en gaz se déroule. Elle est définie comme la variation du taux de conversion du char X(t) au cours du temps : Le terme, lié à la masse de cendres, traduit le fait que les cendres ne sont pas converties en gaz et sont récupérées sous forme solide en fin de réaction. Il en résulte : 82 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse La réactivité est généralement représentée en fonction du temps ou du taux de conversion, pour rendre compte de la vitesse de conversion, par rapport à l’avancement de la réaction. Dans le but de comparer les caractéristiques de conversion de deux chars, une réactivité moyenne sur une gamme de temps ou entre deux taux de conversion peut également être calculée [220]. L’étude de la réactivité du char est couramment réalisée par ATG, car cette technique analytique permet de suivre précisément la masse de l’échantillon au cours de la conversion [220-223]. Dans le but d’illustrer l’impact de la différence de réactivité des chars, les temps nécessaires pour atteindre un taux de conversion donné peuvent également être comparés. Différents modèles (volumetric model, random pore model, shrinking core model) peuvent être utilisés pour calculer la constante cinétique de la réaction à différentes températures [219, 220, 223]. A partir de ces résultats, la loi d’Arrhenius est fréquemment exploitée pour déterminer les paramètres cinétiques, que sont le facteur pré-exponentiel et l’énergie d’activation de la réaction de conversion du carbone du char en gaz. L’énergie d’activation correspond à la quantité d’énergie nécessaire pour initier la réaction. Ainsi, plus l’énergie d’activation est faible, plus une réaction est susceptible de se produire à basse température, ce qui est favorable par rapport au bilan énergétique de cette réaction. La structure du char formé par pyrolyse est généralement considérée comme un des paramètres, qui influe le plus sur sa réactivité. Lors de la formation du char, au fur et à mesure que les réactions de réarrangement se produisent, le char acquiert une structure de plus en plus cristalline [212]. Diverses techniques analytiques peuvent être utilisées pour étudier la structure du char, dont la diffraction des rayons X (DRX), la microscopie électronique en transmission et les spectroscopies RMN, FTIR et Raman [212, 224]. D’une manière générale, plus la structure du char est amorphe, plus la diffusion du gaz dans le solide est facilitée et plus le char est réactif [212, 219, 224]. Plusieurs travaux ont essayé de relier la porosité du char, mesurée par la méthode BET, à sa réactivité, avec des résultats contradictoires [224-226]. En effet, une forte porosité est généralement due à une grande densité de micropores, alors que la réactivité est plutôt associée à la présence de larges cavités correspondant à des macropores [223, 227]. La notion de surface active, liée à la quantité de sites actifs du char au niveau desquels la réaction d’oxydation peut se produire, permet de mieux appréhender la réactivité du char. La surface active peut être estimée en déterminant la quantité d’agent oxydant, qui peut être adsorbée à la surface char [226]. 5.2.2. Influence des conditions de pyrolyse sur la nature du char Le char est formé lors de l’étape de pyrolyse. Tous les paramètres opératoires de la pyrolyse, susceptibles de modifier la composition et la structure du résidu solide, ont une influence sur la réactivité du char. Les paramètres les plus influents sont : la température maximale, le temps de séjour du résidu à la température maximale, la pression, la vitesse de chauffe et la taille des particules. Plus la température maximale de pyrolyse et le temps de séjour du char à cette température sont élevés, plus le résidu obtenu contient une teneur élevée en carbone et présente une structure cristalline, ce qui diminue sa réactivité [219, 223, 227]. De même, une pression élevée conduit à la réduction de la taille des cavités et réduit la réactivité du char. Lorsque la biomasse est convertie par une pyrolyse à une faible vitesse de chauffe, le char a tendance à conserver sa structure cellulaire, tandis qu’une forte vitesse de chauffe peut conduire à des phénomènes de 83 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse fusion, qui provoquent la destruction de la structure cellulaire et la formation de cavités de plus grandes tailles [224, 227]. Ainsi, un char préparé à une vitesse de chauffe de 300 °C/s peut s’avérer 10 fois plus réactif qu’un char produit, à une même température, mais à une vitesse de chauffe de 1 °C/s [227]. Pour les mêmes raisons, plus la taille des particules est élevée, plus les transferts de chaleur sont lents et plus la réactivité du char obtenu est faible [77]. 5.2.3. Influence des paramètres opératoires sur la vitesse de conversion du char Les principaux paramètres opératoires, qui influent sur la vitesse de conversion du char, sont : la température, la pression, la taille des particules et la nature de l’agent oxydant. Lorsque, dans les conditions opératoires, la réaction de conversion du char en gaz est sous contrôle cinétique, une augmentation de la température accélère la vitesse de conversion du char. En effet, plusieurs auteurs ont montré, qu’une augmentation de 50 °C de la température du réacteur, pouvait réduire de 2 à 3 fois les temps pour atteindre une conversion de 90 % du char [225, 228]. Sun et al. [225] ont observé qu’une plus forte pression accélérait également la vitesse de conversion du char. Le diamètre des particules de char à gazéifier est généralement inférieur à 2 mm, pour éviter que la réaction ne soit limitée par les transferts de chaleur [223, 229, 230]. Une diminution de la taille des particules présente aussi l’avantage de fournir une surface externe, facilement accessible à l’agent oxydant, plus importante, d’où un plus faible temps de diffusion du gaz oxydant, avant réaction. Le choix de l’agent oxydant influe également sur la réactivité du char. L’énergie d’activation de la conversion du char est généralement comprise entre 80 et 150 kJ/mol avec de l’air, entre 100 et 200 kJ/mol avec la vapeur d’eau et entre 120 et 220 kJ/mol avec le CO2 [219, 227, 228, 231, 232]. Ainsi, la vitesse de conversion du char avec la vapeur d’eau peut être 2 à 5 fois plus élevée qu’avec le CO2 [227]. 5.2.4. Influence de composés inorganiques sur la vitesse de conversion du char 5.2.4.1. Influence des minéraux Plusieurs travaux signalent que les métaux alcalins et alcalino-terreux, présents dans les minéraux, peuvent avoir, dans certaines conditions, un effet catalytique qui améliore la réactivité du char. D’après Sutton et al., l’ajout de 10 % de cendres de biomasse à un échantillon de bois peut permettre de multiplier la réactivité du char, formé par pyrolyse, d’un facteur 30 [187]. De même, suite à un lavage du char pour réduire sa teneur en minéraux, le temps pour atteindre un taux de conversion donné peut être 3 fois plus long que dans le cas d’un char non traité [221, 223]. Plusieurs études ont investigué l’effet de l’ajout de K+, Na+, Mg2+ et Ca2+ dans le char par imprégnation. Comme illustré sur la Figure I-31, pour les échantillons de chars imprégnés de ces métaux, la conversion en présence de CO2 est déjà significative à 650 °C, alors qu’elle ne démarre que pour des températures supérieures à 680 °C pour le même char non traité [222]. Une même évolution se produit, dans le cas de l’utilisation de la vapeur d’eau comme agent oxydant : l’énergie d’activation de la conversion d’un char de bois, de 149 kJ/mol, diminue respectivement à 137 kJ/mol et 125 kJ/mol, en conséquence de l’imprégnation de Na+ et K+ dans le char [228]. 84 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Figure I-31 : Influence de l’imprégnation de métaux sur la conversion de char de sapin au cours d’une montée en température de 10 °C/min en présence de CO2 (adapté de [222]). D’après certains auteurs, la teneur en minéraux est un paramètre, dont l’influence sur la réactivité est plus importante que la structure du char [220, 227]. Struis et al. ont montré que l’imprégnation de K+, Na+, Mg2+ ou Ca2+ dans la biomasse, influait très peu sur la surface BET des échantillons de char obtenus par pyrolyse. Par contre, leur présence dans le char réduit et peut diviser par 4 les temps de conversion de la réaction d’oxydation au CO2, notamment dans le cas de l’imprégnation de Na+ et K+ [223]. Huang et al. ont étudié, par DRX, l’influence de cations imprégnés dans la biomasse sur la structure du char. Ils ont observé que la présence de Na+ et Ca2+ conduisait à la formation d’un char, dont le taux de cristallinité était plus élevé. Cependant, malgré une structure plus ordonnée du char, la réactivité de celui-ci est plus élevée dans le cas de l’imprégnation de Na+ et Ca2+, que lorsque le char est préparé à partir d’une biomasse non traitée [222]. En général, l’effet catalytique par rapport à la réactivité du char est plus marqué en présence de métaux alcalins qu’en présence de métaux alcalino-terreux [222, 223]. Struis et al. [223] signalent même qu’au cours de leurs expériences, Mg2+ et Ca2+ ne présentent un effet catalytique favorable à la conversion du char qu’en début de réaction, uniquement pour des taux de conversion inférieurs à 20 %. D’autres travaux mettent en évidence la désactivation de ces cations métalliques, avec pour hypothèses des problèmes de frittage ou d’agglomération, qui réduisent considérablement leur surface active [222, 223, 227]. Dans le cas de teneur élevée dans le char, même l’ajout de cations alcalins peut conduire à des problèmes, qui limitent la réactivité du char. Dans leur étude, Encinar et al. [228] montrent que l’ajout de 3 % de KCl dans le char a pour conséquence une diminution du temps pour atteindre un taux de conversion de 20 % qui passe de 35 min à 14 min. Par contre, suite à l’ajout de 4 % de KCl, 16 min deviennent nécessaires pour atteindre un même taux de conversion. Une trop grande quantité de matières inorganiques dans le char pourrait réduire les surfaces de char accessibles à l’agent oxydant et ainsi limiter sa réactivité. Ce problème est notamment décrit dans le cas de la présence de silicium dans le char. Cet élément, dont la teneur parmi les matières inorganiques de la biomasse est élevée, ne présente pas d’effet catalytique par rapport à la réactivité du char. Par conséquent, sa présence limite les contacts entre le char et l’agent oxydant, donc la réactivité du char [220]. De plus, Link et al. signalent que l’atome de silicium peut former divers silicates avec les métaux alcalins et alcalinoterreux, ce qui réduit l’activité catalytique de ces métaux [218]. Enfin, d’après Meng et al. [219], lorsque la teneur en inorganiques du char est élevée, des phénomènes de fusion des cendres sont susceptibles d’obstruer les pores du char et de réduire sa réactivité. 85 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse 5.2.4.2. Réactivité de char dopé en métal de transition Très peu d’études concernent l’influence des métaux de transition, par rapport à la réactivité de chars produits à partir de biomasse. La littérature est plus fournie en ce qui concerne l’effet des métaux sur la réactivité des charbons d’origine fossile. Plusieurs travaux sont notamment focalisés sur la possibilité d’améliorer la réactivité des charbons minéraux à l’aide de catalyseurs métalliques. En effet, la conversion du char est également une étape critique pour les procédés, qui visent à gazéifier les charbons minéraux. La conversion de la lignite en présence de vapeur d’eau, par exemple, est 4 à 10 fois plus longue que celle de chars produits à partir de biomasse [227]. Etant donné les similitudes au niveau de la composition des chars d’origines fossile et biomasse, l’influence des métaux sur leur réactivité est probablement assez proche, d’où l’intérêt également porté, dans ce qui suit, à la réactivité des chars d’origine fossile dopés en métal. Parmi les études sur la réactivité des chars d’origine végétale, les travaux de Struiss et al. [233] ont montré, que suite à l’insertion de cuivre, de zinc ou de plomb dans la biomasse, par imprégnation d’une solution contenant 2 % de sels de nitrate, les temps de la conversion au CO2 du char peuvent augmenter de près de 15 %. Les auteurs attribuent cette baisse de réactivité à un blocage des sites actifs par les métaux, voire à des interactions avec les métaux alcalins, qui réduisent l’effet catalytique de ces derniers. Au contraire, Huang et al. [222] ont trouvé que, suite à la pyrolyse de bois imprégné de 10 % de fer, la conversion au CO2 du char obtenu débute à une température plus faible que pour le bois non traité. Cependant, comme illustré sur la Figure I-31, l’effet catalytique du fer est tout de même moins prononcé, que dans le cas de l’imprégnation de métaux alcalins. Plusieurs auteurs se sont intéressés à l’influence du nickel et du fer sur la réactivité des chars d’origines fossiles. D’après Timpe et al. [234], l’ajout de 10 % d’un de ces métaux dans le char peut augmenter de 2 à 3 fois sa réactivité par rapport à la vapeur d’eau, contre plus de 30 fois dans le cas de l’ajout de 10 % de K2CO3. Le degré d’oxydation du métal semble constituer un paramètre déterminant par rapport à son éventuelle activité catalytique. Les espèces réduites des métaux sont généralement considérées comme les formes les plus performantes. En effet, l’activité catalytique est attribuée à un transfert d’atome d’oxygène [233, 235], qui implique la formation d’un intermédiaire métallique dont le degré d’oxydation augmente, comme détaillé dans l’Équation I-2. Équation I-2 : Mécanisme de gazéification du char au CO2 ou à la vapeur d’eau en présence de métal ayant une activité catalytique. Devi et al. ont préparé des chars à partir de cellulose imprégnée de nickel. Pour une température de pyrolyse supérieure à 500 °C, les auteurs ont observé que, dans le char, le nickel se trouve sous forme élémentaire ; ce qui conduit, par la suite, à une très forte réactivité du char lors de sa gazéification en présence de O2 [236]. Suite à l’imprégnation de 2,7 % de fer dans du lignite, Yu et al. [235] observent que la conversion avec la vapeur d’eau est accélérée d’un facteur 5. L’activité catalytique du métal est maintenue au cours de la conversion, bien que l’étude DRX montre que le fer passe de la forme élémentaire à une forme magnétite, dans laquelle son degré d’oxydation varie entre +II et +III. Au contraire, lors de la gazéification au CO2 de différents chars d’origine fossile, Ohme et al. [237] constatent une diminution progressive de l’activité catalytique du fer. Ils attribuent la désactivation à la conversion du fer sous une forme trop oxydée. L’influence des composés inorganiques sur la réactivité du char, lors de sa conversion par gazéification, se révèle être assez variable. Certains éléments, notamment les métaux alcalins, ont 86 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse plutôt tendance à catalyser cette réaction. Les métaux de transition peuvent également présenter une activité catalytique, dans le cas où ils se trouvent sous une forme pas trop oxydée. Par contre, dans le cas où les éléments inorganiques présents dans le char ont une activité catalytique très faible, voire nulle, par rapport à la réaction de gazéification, ceux-ci réduisent les surfaces actives du char, ce qui affecte négativement la réactivité du char. 6. Conclusion et objectifs de recherche De part sa disponibilité, son potentiel de renouvellement et dans l’hypothèse d’une gestion de manière durable de ces stocks, la biomasse s’avère être une ressource renouvelable prometteuse pour se substituer aux ressources fossiles et limiter les émissions de CO2. Notre étude s’inscrit dans le cadre de la production d’énergie, et plus particulièrement, de biocarburants de seconde génération à partir de biomasse lignocellulosique. La filière basée sur les étapes de pyrolyse, gazéification et synthèse Fischer-Tropsch s’avère être une des plus prometteuses pour la production, avec des rendements élevés, d’un carburant de haute pureté, compatible avec les moteurs fonctionnant actuellement avec des carburants d’origine fossiles. Cependant, le développement de cette filière nécessite l’optimisation de certaines étapes critiques pour atteindre une efficacité énergétique et économique, qui la rende compétitive. Le principal verrou technologique à surmonter est la forte quantité de goudrons, contenus dans le gaz produit suite à l’étape de gazéification. Ces goudrons limitent les rendements, encrassent les installations et désactivent les catalyseurs utilisés dans les étapes en aval de ce procédé. Dans la mesure où les précurseurs des goudrons (goudrons primaires) sont générés lors de la pyrolyse, une approche innovante et prometteuse consiste à limiter leur production, en imprégnant des sels métalliques dans la biomasse, avant l’étape de pyrolyse. Lors de la pyrolyse, les métaux imprégnés, en contact intime avec la biomasse, sont susceptibles de présenter un effet catalytique qui (1) modifie les mécanismes primaires de pyrolyse, (2) craque les goudrons fraîchement formés en des molécules de gaz incondensables. L’objectif principal de notre étude est d’appréhender l’influence des métaux imprégnés dans la biomasse sur les rendements de pyrolyse en goudrons. Quels sont les mécanismes catalysés par les métaux et à quel stade de la conversion ? Pour répondre à cet objectif, notre stratégie se base, dans un premier temps, sur l’étude de l’influence de deux métaux (fer et nickel) sur les mécanismes et rendements de la conversion individuelle par pyrolyse de chacun des trois principaux constituants isolés de la biomasse (cellulose, hémicelluloses, lignine). La deuxième étape a consisté à réaliser les mêmes expériences à partir de trois biomasses (bois d’eucalyptus, bois de hêtre et bagasse de canne à sucre) imprégnées des mêmes métaux, afin de déterminer si, au sein de la biomasse, les métaux catalysent les mêmes mécanismes de pyrolyse, que dans le cas de la conversion individuelle des constituants. Ces résultats ont pour but d’apporter des informations, permettant de déterminer quels types de biomasses et de catalyseurs métalliques seraient les plus adaptés pour optimiser la réaction de pyrolyse et limiter la production de goudrons. Cette approche, qui consiste à convertir une biomasse imprégnée de métal, a pour conséquence l’obtention, en fin de pyrolyse, d’un char dopé en métal. L’étape de conversion du char en gaz influant fortement sur le bilan énergétique du procédé de gazéification, la dernière préoccupation de notre travail a consisté à étudier l’influence des métaux sur la réactivité du char lors de sa conversion par gazéification au CO2 ou à la vapeur d’eau. 87 Chapitre I – Valorisation énergétique de la biomasse Les résultats de cette étude permettront de se prononcer sur les opportunités apportées par l’approche, qui consiste à imprégner des métaux dans la biomasse avant l’étape de pyrolyse, par rapport au développement de la production de biocarburants de seconde génération, par des procédés de gazéification. 7. Références bibliographiques du Chapitre I 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. Schenkel, Y. and B. Benabdallah, eds. 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Nature et origine des constituants de la biomasse utilisés................................................................... 102 1.2. Nature et origine du matériel végétal utilisé ........................................................................................ 102 1.3. Nature et origine des sels métalliques utilisés...................................................................................... 103 2. Préparation des échantillons imprégnés ................................................................................................. 103 2.1. Imprégnations des biomasses ............................................................................................................... 104 2.2. Imprégnation des constituants de la biomasse .................................................................................... 106 3. Installations expérimentales ................................................................................................................... 108 3.1. Four tubulaire ....................................................................................................................................... 108 3.1.1. Description de l’installation et principe des expériences ................................................................ 108 3.1.2. Protocole expérimental ................................................................................................................... 111 3.2. Couplage analyse thermogravimétrique / Micro-GC ............................................................................ 113 3.2.1. Description de l’installation et principe des expériences ................................................................ 113 3.2.2. Protocole expérimental ................................................................................................................... 114 3.3. Installation de gazéification à lit fixe ..................................................................................................... 115 3.3.1. Description de l’installation et principe des expériences ................................................................ 115 3.3.2. Protocole expérimental ................................................................................................................... 116 3.3.2.1. Préparation du char ................................................................................................................ 116 3.3.2.2. Gazéification du char .............................................................................................................. 117 3.3.3. Détermination des paramètres cinétiques ...................................................................................... 117 4. Techniques analytiques pour la caractérisation des échantillons et des produits de réaction ................. 119 4.1. Caractérisation des échantillons et produits de réactions solides ........................................................ 119 4.1.1. Détermination de la composition des échantillons de biomasses et des chars .............................. 119 4.1.2. Détermination de la teneur en métaux des échantillons de biomasse et des chars ...................... 120 4.1.2.1. Teneur en métaux naturellement présents dans la biomasse ................................................ 121 4.1.2.2. Teneur en métaux dans la biomasse imprégnée et les chars dopés en métal ....................... 121 4.1.3. Analyse de la cristallinité par diffraction des rayons X .................................................................... 122 4.1.3.1. Taux de cristallinité des échantillons de biomasse ................................................................. 122 4.1.3.2. Cristallinité du métal dans les chars ....................................................................................... 124 4.1.3.3. Taille des cristallites ................................................................................................................ 124 4.1.4. Détermination de la texture poreuse des chars .............................................................................. 124 4.2. Caractérisation de l’huile de pyrolyse ................................................................................................... 125 4.2.1. Détermination de la teneur en eau ................................................................................................. 125 4.2.2. Composition des goudrons .............................................................................................................. 125 4.2.2.1. Méthode d’analyse ................................................................................................................. 126 4.2.2.2. Méthodes de calcul des rendements ...................................................................................... 126 4.3. Composition des fractions gazeuses incondensables ........................................................................... 127 4.3.1. Méthode d’analyse .......................................................................................................................... 127 4.3.2. Méthodes de calcul ......................................................................................................................... 127 5. Références bibliographiques du Chapitre II............................................................................................. 128 101 Chapitre II – Matériel et méthodes CHAPITRE II - MATERIEL ET METHODES Après une première partie consacrée à la description des échantillons de biomasse et des sels métalliques utilisés pour cette étude, nous présentons dans ce chapitre les différentes étapes et les méthodologies adoptées pour la réalisation de ce travail de recherche. Les principales étapes consistent en : (1) la préparation d’échantillons de biomasse imprégnés de catalyseurs métalliques, (2) des tests catalytiques de pyrolyse et de gazéification, (3) la caractérisation des échantillons et produits obtenus à différentes étapes de cette étude. La deuxième partie consiste en une description de la méthode d’imprégnation utilisée, pour insérer les espèces métalliques dans les différents échantillons de biomasse. Dans la troisième partie sont présentés les moyens mis en œuvre pour étudier l’influence des métaux imprégnés sur les mécanismes de pyrolyse et sur la cinétique de conversion du char par gazéification. Enfin, la quatrième partie est consacrée à la description des techniques de caractérisation des échantillons et des produits obtenus au cours des différentes expériences. 1. Matériel Dans le but d’étudier l’influence des métaux sur les mécanismes de conversion thermochimique de la biomasse, des essais ont été réalisés à la fois à partir de constituants isolés de la biomasse (cellulose, hémicelluloses, lignine) et à partir de biomasses de différents natures. Dans la continuité des travaux de Bru et al. [1] et Richardson [2], les sels métalliques utilisés sont des nitrates de fer et de nickel. 1.1. Nature et origine des constituants de la biomasse utilisés Les constituants isolés de la biomasse utilisés pour l’étude sont : la cellulose microcristalline de formule (C6H10O5)n commercialisée par la société Merck sous forme de poudre de granulométrie inférieure à 20 µm (référence : 1.02330.0500) ; la lignine isolée à partir du procédé Kraft (alkali), dont les molécules ont une masse molaire moyenne de 28 000 g/mol, fournie par Aldrich (référence : 370959) ; le xylane de bois de hêtre, composé à plus de 90 % d’unités de xylose, commercialisé par Sigma (référence : X4252). De même que la plupart des auteurs qui ont étudié la conversion thermochimique des constituants de la biomasse [3-5], nous avons sélectionné le xylane comme molécule représentative des hémicelluloses. Ce choix vient du fait que le xylane est la principale molécule qui constitue les hémicelluloses des végétaux angiospermes, et de la difficulté à se procurer dans le commerce d’autres molécules constitutives des hémicelluloses. 1.2. Nature et origine du matériel végétal utilisé Nous avons sélectionné, pour réaliser notre étude, trois biomasses lignocellulosiques de différentes natures que sont : le bois de hêtre, le bois d’eucalyptus et la bagasse de canne à sucre. Ces trois biomasses ne sont pas exploitées pour l’alimentation humaine et leur disponibilité en fait des ressources intéressantes pour la production de biocarburants de seconde génération. 102 Chapitre II – Matériel et méthodes Le hêtre, végétal angiosperme dicotylédone, est une essence d’arbres largement répandue en Europe. Son bois, dont le pouvoir calorifique est élevé, est déjà couramment exploité pour des applications énergétiques, essentiellement par combustion. Il est également très utilisé pour la construction et la fabrication de meubles [6]. Sa transformation dans les scieries génère des déchets qui peuvent être valorisés énergétiquement. Ces considérations expliquent que de nombreuses études se soient intéressées à la valorisation thermochimique du bois de cette essence [7-11]. Les copeaux de bois de hêtre utilisés pour cette étude ont été fournis par la société SPPS (Paris, France), à partir de déchets de scierie. Les eucalyptus sont également des végétaux angiospermes dicotylédones. Ils sont originaires d’Australie, d’où des graines ont été largement exportées sur les autres continents dès le XVIIIème siècle, notamment à des fins énergétiques [12]. L’eucalyptus est une des essences les plus exploitées dans les plantations énergétiques du fait de sa croissance rapide et de sa bonne adaptation à divers types de sols [12-14]. Nous nous sommes procuré le bois d’eucalyptus utilisé pour cette étude au Parc Bangr Weoogo (Ouagadougou, Burkina Faso). La canne à sucre est un végétal angiosperme monocotylédone, cultivée pour sa tige dont on extrait le sucre. A partir d’une tonne de canne à sucre, suite à l’étape d’extraction du sucre, près de 300 kg de bagasse sont générés [15]. La disponibilité de ce résidu agricole (près de 54 millions de tonnes sèches produites chaque année [15]) en fait une source potentielle pour la production de biocarburants de seconde génération. La bagasse de canne à sucre, utilisée dans cette étude, a été fournie par la société SN SOSUCO (Banfora, Burkina Faso). Les bois et la bagasse ont été broyés et tamisés de manière à isoler des fractions de granulométrie précise pour les différentes expériences (1,0-1,6 mm pour la pyrolyse et 0,4-0,8 mm pour la gazéification). 1.3. Nature et origine des sels métalliques utilisés Les sels métalliques utilisés pour préparer les solutions d’imprégnation sont le nitrate de nickel Ni(NO3)2·6H2O et le nitrate de fer Fe(NO3)3·9H2O, commercialisés par VWR (qualité Normapur). Ces métaux ont été sélectionnés, car plusieurs études ont souligné leur efficacité, lorsqu’ils sont imprégnés dans la biomasse, pour réduire les rendements en goudrons [1, 2, 16]. A notre connaissance, aucune étude n’a abordé l’influence de ces métaux sur les mécanismes primaires de pyrolyse de la biomasse. Par contre, le nickel est considéré comme l’un des métaux les plus efficaces pour le craquage des goudrons et est fréquemment utilisé pour ces applications [17-21]. Le principal inconvénient à l’utilisation du nickel est sa toxicité par inhalation, par contact avec la peau et pour les écosystèmes. Le fer présente également une activité catalytique pour le craquage des goudrons [19, 22, 23]. L’avantage du fer est qu’il est peu toxique, peu coûteux, et très disponible, puisque c’est le métal de transition le plus abondant de la croûte terrestre [24]. Le choix de l’imprégnation avec des nitrates de métaux s’explique par le fait, que ces sels n’apportent aucun atome de carbone supplémentaire. Ainsi, ils sont censés ne pas modifier les bilans carbones effectués sur les produits obtenus en fin de conversion. 2. Préparation des échantillons imprégnés L’insertion des espèces métalliques dans les échantillons de biomasses a été réalisée par la méthode EDF (Equilibrium deposition filtration), qui consiste à immerger la biomasse dans une 103 Chapitre II – Matériel et méthodes solution contenant l’ion métallique à imprégner [25]. Une filtration permet ensuite d’éliminer les ions non fixés sur la matrice lignocellulosique. Les solutions d’imprégnation ont été préparées par dissolution des sels métalliques dans de l’eau distillée. Selon la quantité de métal à imprégner, les concentrations de métal dans les solutions d’imprégnation ont varié entre 0,1 M et 2,0 M. En ce qui concerne l’imprégnation avec le nitrate de nickel, le pH initial des solutions était compris entre 3,5 et 5,5. D’après Richardson et al. [11], une augmentation du pH de la solution d’imprégnation à une valeur comprise entre 6 et 7, favorise l’imprégnation du nickel. Par conséquent, le pH des solutions de nitrate de nickel a été ajusté, avant l’imprégnation, à une valeur d’environ 6,0 à l’aide d’ammoniaque (28 %, Normapur, VWR). Pour ce qui est de l’imprégnation au nitrate de fer, le pH des solutions d’imprégnation variait de 0,5 à 2. Le pH de ces solutions n’a pas été modifié. Ce choix est justifié lors de l’explication des phénomènes qui régissent l’adsorption des espèces métalliques dans une matrice lignocellulosique (paragraphe III.3.1). 2.1. Imprégnations des biomasses Pour préparer les échantillons utilisés pour les expériences de pyrolyse, les imprégnations des biomasses ont été réalisées à partir de particules ayant une granulométrie comprise entre 1,0 mm et 1,6 mm, préalablement séchées une nuit dans une étuve ventilée à 105 °C. Pour le hêtre et l’eucalyptus, une quantité de 25 g de particules de bois est immergée dans 250 mL de solution d’imprégnation et le mélange est soumis à une agitation magnétique pendant 72 h. Les particules de bois sont ensuite récupérées et isolées des espèces métalliques restées en solution, par filtration sur Büchner. Un lavage des particules est effectuée sur le filtre à l’aide de 200 mL d’eau distillée, afin d’extraire les espèces métalliques, qui ne sont pas liées chimiquement au bois. Enfin, les particules imprégnées sont séchées 48 h dans l’étuve ventilée à 105 °C. Dans le cas de la bagasse de canne à sucre, le protocole a été adapté car, avec les proportions données ci-dessus, toute la solution d’imprégnation était absorbée par la bagasse. Pour une immersion complète de la biomasse, les volumes des solutions d’imprégnation et de lavage ont été relevés : une quantité de 20 g de bagasse a été mélangée à une solution d’imprégnation de 600 mL et le lavage est réalisé avec 240 mL d’eau distillée. Dans le but de comparer l’activité catalytique du fer et du nickel au cours de la pyrolyse, plusieurs imprégnations ont été réalisées, pour chaque biomasse et chaque sel métallique, en faisant varier la concentration de métal dans la solution d’imprégnation, jusqu’à obtenir des échantillons contenant des concentrations (en mol de métal par g de biomasse) semblables en métal. La méthode de détermination de la teneur en métal imprégné dans les échantillons de biomasse est détaillée dans le paragraphe II.4.1.2. Dans la mesure où l’imprégnation de la biomasse dans une solution aqueuse est susceptible d’apporter quelques modifications, au niveau de sa structure et de sa composition [26-28], des échantillons de référence ont été préparés suivant le même protocole, par imprégnation dans une solution aqueuse ne contenant aucun métal. Ces échantillons ont été préparés dans le but de distinguer les variations au niveau des mécanismes de pyrolyse, dues uniquement à l’imprégnation dans une solution aqueuse, de celles réellement provoquées par la présence de métal imprégné dans la biomasse. Plus le pH de la solution d’imprégnation est acide, plus la biomasse est affectée au niveau de sa structure et de sa composition [26, 27]. Ainsi, pour chaque biomasse, deux échantillons de référence ont été préparés : un par imprégnation dans une solution à pH 6,0, pour servir de référence par rapport aux échantillons imprégnés de nickel, et un dans une solution à pH 1,5, comme 104 Chapitre II – Matériel et méthodes référence des échantillons imprégnés de fer. Le pH des solutions a été ajusté à l’aide d’acide nitrique (65 %, Normapur, VWR) et d’ammoniaque (28 %, Normapur, Prolabo). Tableau II-1 : Liste des échantillons d’eucalyptus (E), de hêtre (H) et de bagasse (B) préparés pour l’étude de leur conversion par pyrolyse. Imprégnation Nom nature Teneur en métal imprégné concentration en métal (M) 0,25 0,66 1,62 0,18 0,69 1,35 massique (mg/g) 5,9 15,9 38,3 5,9 12,2 33,8 molaire (mmol/g) a 0,10 0,27 0,65 0,11 0,22 0,61 E-brut E-pH6 E-Ni0,10 E-Ni0,26 E-Ni0,65 E-pH1,5 E-Fe0,10 E-Fe0,26 E-Fe0,65 lavage pH 6,0 nitrate de nickel nitrate de nickel nitrate de nickel lavage pH 1,5 nitrate de fer nitrate de fer nitrate de fer H-brut H-pH6 H-Ni0,10 H-Ni0,26 H-Ni0,65 H-pH1,5 H-Fe0,10 H-Fe0,26 H-Fe0,65 lavage pH 6,0 nitrate de nickel nitrate de nickel nitrate de nickel lavage pH 1,5 nitrate de fer nitrate de fer nitrate de fer 0,51 0,90 2,00 4,8 16,8 41,5 0,08 0,29 0,71 0,19 0,60 1,50 5,6 15,5 36,0 0,10 0,28 0,65 B-brut B-pH6 B-Ni0,10 B-Ni0,26 B-Ni0,65 B-pH1,5 B-Fe0,10 B-Fe0,26 B-Fe0,65 lavage pH 6,0 nitrate de nickel nitrate de nickel nitrate de nickel lavage pH 1,5 nitrate de fer nitrate de fer nitrate de fer 0,31 0,42 0,91 6,5 13,3 37,6 0,11 0,23 0,64 0,10 0,26 0,55 6,5 15,9 39,4 0,12 0,29 0,71 a : les échantillons surlignés d’une même couleur contiennent des teneurs molaires en métal similaires. Les échantillons sont nommés, par la suite, à l’aide d’abréviations, dont le premier caractère est une lettre qui fait référence à la matière première : H pour bois de hêtre, E pour bois d’eucalyptus, B pour bagasse de canne à sucre. Les échantillons n’ayant pas subi d’imprégnation sont dits « bruts » (exemple : H-brut). Les échantillons de référence, préparés par imprégnation dans des solutions aqueuses ne contenant pas de métaux, sont nommés par rapport au pH de la solution d’imprégnation (exemple : H-pH6). Enfin, les échantillons imprégnés de métaux sont nommés par 105 Chapitre II – Matériel et méthodes rapport à la nature du métal imprégné (Fe pour fer et Ni pour nickel) et la teneur de ce métal dans la biomasse en mmol par gramme d’échantillon (exemple : H-Ni0,10). Les noms et conditions de préparation des échantillons utilisés pour les expériences de pyrolyse sont récapitulés dans le Tableau II-1. Ces échantillons sont ceux qui sont imprégnés d’une de ces trois teneurs en métal : 0,10 mmol/g +/- 20 % (la plus faible), 0,26 mmol/g +/- 15 % (dite intermédiaire) et 0,65 mmol/g +/- 10 % (la plus forte). En ce qui concerne l’étape d’imprégnation pour la préparation des échantillons utilisés pour les expériences de gazéification, les imprégnations ont été réalisées avec des quantités initiales de biomasse plus importantes. L’objectif était de préparer une grande quantité de composition homogène, afin de pouvoir réaliser, pour chaque échantillon, plusieurs tests de gazéification dans différentes conditions. La biomasse imprégnée est du bois d’eucalyptus, dont les particules ont une granulométrie comprise entre 400 et 800 µm. Une quantité de 500 g de particules est mélangée à 3 L d’une solution d’imprégnation à 0,6 M de nitrate de fer ou de nitrate de nickel. Après 72 h sous agitation mécanique, le mélange est filtré, lavé avec 3 L d’eau déminéralisée et séché à 105 °C dans une étuve ventilée, pendant 48 h. Pour les tests de gazéification, dont la durée est relativement longue, un seul échantillon de référence, imprégné dans une solution aqueuse ne contenant pas de métaux, a été préparé. Le pH de la solution d’imprégnation de l’échantillon de référence est de 4, c’est-à-dire une valeur intermédiaire entre le pH de la solution d’imprégnation du nickel et celui de la solution d’imprégnation du fer. Préalablement aux tests de gazéification, ces échantillons ont fait l’objet d’une pyrolyse décrite au paragraphe II.3.3.2.1. 2.2. Imprégnation des constituants de la biomasse L’insertion des métaux dans la cellulose et la lignine a également été réalisée par imprégnation suivant la méthode EDF, avec un ratio (masse de matière organique / volume de la solution d’imprégnation) intermédiaire par rapport à ceux utilisés pour le bois et la bagasse. Ces proportions ont été déterminées par rapport aux capacités des poudres de cellulose et de lignine à absorber la solution d’imprégnation ; toujours dans le but d’assurer une immersion complète de la matière organique dans la solution d’imprégnation. Une quantité de 10 g de poudre de cellulose (ou de lignine), préalablement séchée pendant 12 h dans une étuve ventilée à 105 °C, est mélangée à un volume de 200 mL d’une solution d’imprégnation contenant les sels métalliques. Après 72 h sous agitation magnétique, la cellulose (ou lignine) imprégnée est filtrée, lavée sur filtre avec 50 mL d’eau distillée, puis séchée à 105 °C dans une étuve ventilée pendant 48 h. En solution aqueuse, le xylane se solubilise. La mise en présence du xylane et d’une solution d’imprégnation donne lieu à la formation d’un mélange pâteux, dont la filtration n’est pas possible. Ainsi, la méthode EDF n’a pu être appliquée et un autre protocole a été mis en place pour l’imprégnation du xylane. Une quantité de 10 g de poudre de xylane a été mélangée à 100 mL de solution contenant le métal à imprégner. Après 72 h sous agitation magnétique, le mélange est chauffé à 60 °C pour évaporer l’eau pendant 8 h toujours sous agitation, puis séché dans une étuve ventilée à 105 °C pendant 48 h. Enfin, le solide obtenu est broyé à l’aide d’un pilon dans un mortier, de manière à obtenir une granulométrie de l’échantillon inférieure à 1 mm. Par rapport à la méthode EDF, cette méthode qui ne comprend pas d’étape de filtration, a pour conséquence une différence majeure : les cations inorganiques extraits du xylane et les métaux, qui ne sont pas en contact intime par des interactions chimiques avec le xylane, ne sont pas éliminés et demeurent physiquement dans 106 Chapitre II – Matériel et méthodes l’échantillon. Il n’est donc pas possible de déterminer la quantité de métaux réellement imprégnés par interaction chimique dans le xylane. Pour les mêmes raisons qu’évoquées au paragraphe II.2.1, des échantillons de référence ont été préparés, suivant les protocoles qui correspondent à chaque constituant, avec des solutions d’imprégnation ne contenant pas de métaux et ayant des pH de 6,0 et de 1,5, pour servir de référence par rapport, respectivement, aux échantillons imprégnés de nickel et de fer. La nomenclature des échantillons, préparés à partir des constituants, est la même que pour ceux préparés à partir des biomasses, avec comme premier caractère C pour la cellulose, X pour le xylane et L pour la lignine. Les noms et conditions de préparation des échantillons, utilisés pour les expériences de pyrolyse, sont détaillés dans le Tableau II-2. Afin de pouvoir comparer, pour chaque constituant, l’effet catalytique du nickel et du fer sur les mécanismes de conversion, des échantillons ayant la même teneur en métal ont été préparés. Tableau II-2 : Liste des échantillons de cellulose (C), xylane (X) et lignine (L) préparés pour l’étude de leur conversion par pyrolyse. C-brut C-pH6 C-Ni0,28 C-pH1,5 C-Fe0,28 C-pH0,5 C-Ni (pH0,5) b Imprégnation Teneur en métal imprégné concentration massique molaire nature en métal (M) (mg/g) (mmol/g) a lavage pH 6,0 nitrate de nickel 1,0 17,3 0,29 lavage pH 1,5 nitrate de fer 1,0 15,3 0,27 lavage pH 0,5 nitrate de nickel 1,0 105,0 1,79 b X-brut X-pH6 X-Ni0,50 X-pH1,5 X-Fe0,50 lavage pH 6,0 nitrate de nickel lavage pH 1,5 nitrate de fer 0,047 0,05 27,6 27,9 0,47 c 0,50 c L-brut L-pH6 L-Ni0,28 L-pH1,5 L-Fe0,28 lavage pH 6,0 nitrate de nickel lavage pH 1,5 nitrate de fer 1,0 0,3 16,4 15,8 0,28 0,28 Nom a : les échantillons surlignés d’une même couleur contiennent des teneurs molaires en métal similaires. : échantillon préparé en deux étapes : lavage à pH 0,5 puis imprégnation dans une solution de nitrate de nickel, la teneur en métal a été estimée (environ 75 % du taux de cendres). c : teneur en métal présente dans l’échantillon, dans le cas du xylane, il n’est pas possible de déterminer quelle quantité de métal est réellement imprégnée par interaction chimique. b 107 Chapitre II – Matériel et méthodes 3. Installations expérimentales L’influence des métaux imprégnés dans la biomasse sur les mécanismes de pyrolyse a été étudiée à deux échelles différentes : à l’échelle du lit, en utilisant un montage expérimental équipé d’un four tubulaire et permettant de recueillir en fin de réaction, les fractions solide, liquide et gazeuse, afin d’étudier l’évolution des rendements des produits ; à l’échelle de la particule dans un appareil d’analyse thermogravimétrique (ATG), afin de suivre l’évolution de la perte de masse de l’échantillon au cours de la montée en température, en couplage avec un appareil de Micro-GC, pour l’analyse en direct des gaz incondensables dégagés. En ce qui concerne l’étude de l’influence des métaux présents dans le char, sur sa réactivité lors de sa conversion par gazéification, celle-ci a été réalisée à l’aide d’un montage expérimental équipé d’un réacteur à lit fixe, connecté à une Micro-GC pour analyser en ligne les produits de gazéification. Les descriptions de ces trois installations et des protocoles expérimentaux sont détaillées dans les paragraphes qui suivent. 3.1. Four tubulaire 3.1.1. Description de l’installation et principe des expériences Le dispositif expérimental, mis en œuvre pour les tests de pyrolyse à l’échelle du lit dans le four tubulaire, est présenté sur la Figure II-1. Ce dispositif a été instrumenté afin de pouvoir isoler, quantifier et analyser les différentes fractions produites (char, huile de pyrolyse et gaz incondensable). La pyrolyse se déroule sous une atmosphère inerte, assurée par un balayage d’azote (gaz vecteur), dans le four tubulaire préalablement chauffé à 600 °C +/- 5 °C. Le débit d’azote, contrôlé par un régulateur de débit massique (Brooks 5850S), a été fixé à 40NL/h. Cette valeur de débit, relativement élevée [1, 2], a pour but de réduire le temps de séjour des matières volatiles dans la zone chaude du four, afin de limiter les réactions secondaires. Le choix de la température de pyrolyse est un compromis basé sur deux principales considérations : - la température doit être assez élevée pour que la conversion se déroule dans des conditions de pyrolyse rapide, qui favorisent les rendements en matières volatiles comme dans les procédés de gazéification, - la température ne doit pas être trop élevée pour limiter les réactions secondaires, notamment de craquage homogène en phase gazeuse. Ces réactions ont été observées à partir de 550 °C, mais ne modifient significativement les rendements de pyrolyse que pour des températures supérieures à 600 °C [29, 30]. La limitation des réactions secondaires, par le choix d’un débit élevé du gaz vecteur et d’une température de conversion pas trop élevée (600 °C), est une condition indispensable, pour condenser les goudrons à un stade de maturation pas trop avancé, ce qui est primordial pour étudier l’influence des catalyseurs sur les mécanismes primaires de pyrolyse. 108 Chapitre II – Matériel et méthodes cuillère pour insertion sas de la biomasse d’alimentation arrivée de N2 réacteur système de condensation des liquides B système d’acquisition des températures contrôleur de température du réacteur contrôleurs de température des résistances R1 et R2 cryostat à circulation sac d’échantillonnage des gaz Figure II-1 : Schéma descriptif (A) et photographie (B) du dispositif mis en œuvre pour les tests de pyrolyse dans le réacteur tubulaire. La pyrolyse débute suite à l’introduction d’une nacelle contenant la biomasse au milieu d’un four, constitué d’un réacteur tubulaire horizontal en acier inoxydable. A l’aide de deux thermocouples, placés dans le lit de l’échantillon et au-dessus du lit (Figure II-2), une centrale d’acquisition Ahlborn permet de mesurer, au cours de la pyrolyse, la température dans l’environnement de l’échantillon. Les mesures des températures sont enregistrées toutes les 5 s par le logiciel Almemo. Dans le lit de 109 Chapitre II – Matériel et méthodes l’échantillon, la vitesse de chauffe, entre la température ambiante et 400 °C, est quasiment linéaire et atteint en moyenne 320 °C/min ; ce qui correspond bien à des conditions de pyrolyse rapide favorisant la production de matières volatiles [1, 31]. Environ 8 minutes supplémentaires sont nécessaires pour que la température de l’échantillon atteigne 590 °C. Figure II-2 : Evolution de la température de l’échantillon au cours de la pyrolyse. Les matières volatiles qui se dégagent sont entraînées par le balayage d’azote vers la sortie du four, qui est équipée de deux résistances chauffantes pour éviter la condensation de goudrons dans cette partie du dispositif. Le profil de température entre le milieu et la sortie du réacteur est présenté sur la Figure II-3. La température minimale, de 269 °C, est localisée au niveau de la sortie du four. Or, Le point de rosée des goudrons est généralement estimé à une température inférieure à 250 °C [32]. Ainsi, dans les conditions expérimentales adoptées pour cette étude, la quantité de goudrons condensée entre le milieu du réacteur et la sortie du four doit être très faible. Figure II-3 : Profil de température entre le milieu et la sortie du réacteur. 110 Chapitre II – Matériel et méthodes A la sortie du four, un système de condensation des liquides, présenté sur la Figure II-4, a été mis en place. L’objectif est de récupérer l’intégralité de l’huile de pyrolyse dans ce système, qui est composé successivement d’un réfrigérant, d’un ballon bicol en verre de 100 mL, immergé dans le bain d’un cryostat à circulation (Julabo F-25), et d’un filtre électrostatique. Le liquide de refroidissement contenu dans le bain du cryostat, dont la température est de - 15 °C, alimente également le réfrigérant. Le système de refroidissement permet de condenser une grande partie des matières volatiles condensables. Le filtre électrostatique, placé en aval et alimenté par un générateur de tension Glassman (high voltage series EL), a pour but de récupérer les goudrons les plus volatils, qui se condensent sur l’électrode collectrice du filtre. Des photos du système de récupération des liquides à différents stades de la pyrolyse sont présentées sur la Figure II-4. Des goudrons sont bien condensés sur les parois des différents organes de ce système. Par contre, aucune trace de condensation n’est observée en aval de l’électrode collectrice de l’électrofiltre, ce qui illustre l’efficacité du système complet de condensation des liquides. Après traversée du système de récupération des liquides, les gaz incondensables s’accumulent dans un sac d’échantillonnage. vers générateur de tension filtre électrostatique B pas de condensation de goudrons A C E sens de circulation des gaz électrode collectrice D F Figure II-4 : Système de condensation des liquides ; (A) : avant expérience, (B) : générateur de tension alimentant l’électrofiltre, (C) : fumée en début de pyrolyse, (D) : fumée et goudrons condensés à un stade plus avancé, (E) et (F) : goudrons condensés en fin de pyrolyse. 3.1.2. Protocole expérimental L’échantillon de biomasse est séché, au minimum 1 h, dans une étuve ventilée à 105 °C. En ce qui concerne les expériences réalisées à partir de hêtre, d’eucalyptus et de bagasse, l’échantillon est placé dans une nacelle en maille de tamis, en acier inoxydable. L’ouverture des mailles, de 200 µm, permet une évacuation rapide des matières volatiles, ce qui limite les réactions secondaires. La masse d’échantillon est de 6 g pour les particules de bois. Pour la bagasse, dont les particules sont 111 Chapitre II – Matériel et méthodes bien moins denses que le bois, la masse d’échantillon n’est que de 4 g, car il n’est pas possible de remplir plus la nacelle. En ce qui concerne les constituants de la biomasse (cellulose, xylane et lignine), les expériences ont été réalisées à partir de 3 g de poudre d’échantillon, placés dans une nacelle en porcelaine. La nacelle est installée dans le sas d’alimentation à l’extrémité d’un bras, qui permet de contrôler son déplacement dans l’axe horizontal du réacteur (l’ensemble bras-nacelle constitue la cuillère indiquée sur les figures). Lorsque le montage est complet, la zone réactionnelle est balayée avec de l’azote (Linde, pureté 99,995 %) pour créer une atmosphère inerte. Avant de démarrer l’expérience, deux tests de contrôle sont effectués. D’abord, le débit en sortie du dispositif est mesuré à l’aide d’un compteur volumique pour s’assurer qu’il n’y a pas de fuite dans le circuit. Ensuite, le sac d’échantillonnage est rempli d’azote, puis la composition de la fraction gazeuse accumulée est analysée par Micro-GC (Varian CP490 décrite au paragraphe II.4.3), pour s’assurer que la teneur en oxygène dans le système est inférieure à 0,1 %. Si les tests sont positifs, lorsque les différents contrôleurs de température ont atteint la température de consigne, le générateur relié à l’électrofiltre est allumé à une tension de 9 kV, le débit d’azote est fixé à 40 NL/h et le sac d’échantillonnage des gaz est vidé à l’aide d’une trompe à eau. Le démarrage de l’expérience correspond au moment où les gaz qui traversent le réacteur sont dirigés vers le sac d’échantillonnage, par l’intermédiaire d’une vanne 3 voies. Après 30 s, la cuillère est introduite dans le four en quelques secondes, de manière à ce que la nacelle contenant l’échantillon soit située au milieu de la zone de chauffe, où la température est de 600 °C. Après un temps de séjour de 12 min de l’échantillon, celui-ci est ramené dans le sas d’alimentation où il est refroidi jusqu’à température ambiante sous azote. L’expérience est encore prolongée 2,5 min pour s’assurer que les derniers gaz incondensables dégagés aient le temps d’atteindre le sac d’échantillonnage. Après un temps d’expérience de 15 min, le sac d’échantillonnage est fermé, puis la composition de la fraction gazeuse qu’il contient est immédiatement analysée par Micro-GC. Cette analyse, répétée à trois reprises, permet de calculer la masse totale (m gaz) des principaux gaz incondensables produits lors de l’expérience (voir paragraphe II.4.3). L’ensemble de récupération des liquides est démonté, puis pesé pour déterminer la masse d’huile de pyrolyse produite (m huile). Les goudrons condensés sur les parois du réfrigérant et du filtre électrostatique sont solubilisés en rinçant les parois avec environ 8 g d’acétone (qualité analytique, Carlo Erba 400971, H2O < 0,2 %) et l’ensemble du système est à nouveau pesé. L’huile de pyrolyse diluée dans l’acétone est stockée, dans un flacon étanche, à l’abri de la lumière au réfrigérateur, à une température de 5 °C. La teneur en eau et la composition des goudrons de ce mélange sont respectivement analysés par Karl-Fischer (voir paragraphe II.4.2.1) et GC/MS (voir paragraphe II.4.2.2). Enfin, une fois refroidi à température ambiante, le char est sorti du sas d’alimentation et pesé. Ce dispositif expérimental permet de déterminer les rendements de chacun des produits de pyrolyse (char, huile et gaz). Les rendements sont calculés en prenant comme référence la quantité de matière susceptible d’être convertie (m biomasse dcf), c'est-à-dire la masse de biomasse, sèche et sans métal imprégné (dcf : dried catalyst free), de l’échantillon avant conversion par pyrolyse. Dans ce paragraphe le terme biomasse s’applique aux échantillons de biomasse, comme aux constituants isolés de la biomasse. Dans les conditions de notre expérience, les métaux imprégnés dans la biomasse ne sont pas volatils et se retrouvent dans le char en fin de pyrolyse [2]. La teneur TM (% massique) en métaux imprégnés dans les échantillons de biomasse, ayant été préalablement déterminée (voir paragraphe II.4.1.2), les rendements ont été calculés après avoir retranché la masse de métal imprégné (m métal) à la masse initiale de l’échantillon (m échantillon) et à la masse de char pesé 112 Chapitre II – Matériel et méthodes (m char pesé), afin de déterminer respectivement les masses réelles de biomasse (dcf) et de char provenant de la biomasse (m char), selon les équations ci-dessous : . m biomasse dcf = m échantillon – m métal = m échantillon - m échantillon TM . m char = m char pesé - mmétal = m char pesé - m échantillon TM Il est alors possible d’établir un bilan massique (rapport de la somme des masses des produits sur la masse initiale de biomasse dcf), selon l’Équation II-1, qui permet de caractériser les possibilités de récupérer l’intégralité des produits formés, avec cette méthode. Équation II-1 : Méthode de calcul du bilan massique de la réaction de pyrolyse. Les rendements en CO, CO2, H2, CH4, H2O, ainsi que ceux d’une soixantaine de molécules organiques condensables qui composent les goudrons, sont également calculables, suite à la quantification de ces molécules dans leur phase respective (gazeuse ou liquide) par des techniques analytiques présentées aux paragraphes II.4.2 et II.4.3. Le traitement statistique des données a été réalisé à l’aide du logiciel Statistica, développé par Statsoft, en utilisant les méthodes Analyse factorielle et ACP « à la française ». 3.2. Couplage analyse thermogravimétrique / Micro-GC 3.2.1. Description de l’installation et principe des expériences L’objectif du couplage analyse thermogravimétrique (ATG) / Micro-GC est de pouvoir suivre, simultanément, la perte de masse de l’échantillon et la composition des gaz dégagés, au cours de la montée en température de l’échantillon. L’analyse thermogravimétrique est réalisée avec l’appareil Setsys Evolution 16 de marque Setaram. Il est équipé d’une microbalance électronique qui est une balance à fléau (Figure II-5A), dont la portée permet de mesurer des pertes de masses pouvant atteindre au maximum 400 mg avec une incertitude de 0,4 µg. L’échantillon est suspendu à la microbalance de manière à être situé au niveau de la zone la plus chaude du four, dont la température est mesurée en permanence à l’aide d’un thermocouple. Le four est équipé d’un élément chauffant permettant une montée en température avec une vitesse de chauffe comprise entre 0 et 99,99 °C/min, jusqu’à une température maximale de 1600 °C. Pour assurer une atmosphère inerte, il est possible de faire le vide dans l’enceinte contenant l’échantillon, puis de faire circuler un gaz vecteur inerte avec un débit pouvant varier entre 4 et 200 mL/min. Le gaz vecteur pénètre dans l’enceinte par la tête de mesure (microbalance), traverse le four et ressort par son extrémité inférieure. Une ligne de prélèvement des gaz, décrite sur la Figure II-5B, a été installée. Celle-ci permet de prélever les gaz dégagés dans l’environnement de l’échantillon, afin de les analyser par Micro-GC (Varian CP490 décrite au paragraphe II.5.3). Le diamètre de la ligne de prélèvement et des capillaires qui relient la sortie de l’ATG à la Micro-GC sont très faibles (< 1 mm), ainsi le volume entre l’entrée du tube de prélèvement et l’injecteur de la Micro-GC est estimé être inférieur à 1 mL. Dans cette étude, le débit de gaz inerte étant fixé à 20 mL/min, le temps de parcours des gaz, entre leur formation et leur injection dans la Micro-GC, est très court, ce qui permet de considérer que l’analyse des gaz est réalisée quasiment simultanément à leur formation. Connaissant la quantité de N2 qui traverse le réacteur entre deux analyses, il est possible d’estimer 113 Chapitre II – Matériel et méthodes les quantités des principaux gaz incondensables produites sur cet intervalle de temps (voir paragraphe II.4.3). échantillon suspente gaz de balayage ligne de prélèvement des gaz micro-GC échantillon thermocouple sortie des gaz vers pompe à vide capillaire A vers pompe à vide B Figure II-5 : Schéma descriptif du dispositif expérimental ; A : montage pour le suivi de la pyrolyse par ATG ; B : système de prélèvement des gaz pour le couplage avec la Micro-GC. 3.2.2. Protocole expérimental Avant l’expérience, l’échantillon est séché au minimum 1h dans une étuve ventilée à 105 °C. Quel que soit le type de biomasse analysé, une prise d’échantillon de 200 mg (+/- 10 mg) est placée dans un creuset en alumine de 1300 µL, qui est suspendu à la microbalance. Le vide est effectué dans l’enceinte de l’échantillon à l’aide d’une pompe à vide, puis l’enceinte est remplie d’azote (Air Liquide N40 pureté 99,99 %) avec un débit de 20 mL/min. Une séquence comprenant 50 analyses de MicroGC est mise en route. Le protocole d’analyse par Micro-GC est détaillé au paragraphe II.5.3. Lorsque la teneur en O2 de la fraction gazeuse, analysée en sortie de l’ATG, est inférieure à 0,1 %, le programme de chauffe de l’ATG est démarré. Il comprend une montée en température de 30 °C à 800 °C +/- 5 °C, avec un gradient de 10 °C/min. Le logiciel Setsoft 2000 enregistre la masse de l’échantillon (signal TG) et la température dans le four avec un intervalle de temps de 1 s entre deux mesures. Il permet également de tracer le signal dTG, qui correspond à la variation de la masse au cours du temps (dérivé du signal TG). Le signal (- dTG) est plus fréquemment représenté, car les maxima des pics de ce signal correspondent aux plus fortes pertes de masse de la conversion. Pour chaque maximum local, qui correspond à une étape de la conversion, il est utile de définir Tonset et Toffset qui sont respectivement les températures de début et de fin de formation du pic. Ces températures sont déterminées par le tracé des intersections des tangentes du pic au niveau des points d’inflexion avec la ligne de base du signal. Elles peuvent être calculées à l’aide du logiciel Setsoft 2000, comme illustré sur la Figure II-6. 114 Chapitre II – Matériel et méthodes Figure II-6 : Détermination des températures Tonset et Toffset d’un pic dTG à l’aide du logiciel Setsoft 2000. Les analyses de la fraction gazeuse, dégagée de l’échantillon, par Micro-GC se déroulent toutes les 128 s, avec un temps de prélèvement de la fraction gazeuse de 30 s. Pour chaque échantillon, les expériences ont été doublées. Pour les répétitions, le lancement de la séquence d’analyses Micro-GC a été décalé de 60 s, ce qui permet, en réunissant les résultats des deux expériences, de déterminer la composition de la fraction gazeuse environ toutes les 60 s, ce qui correspond à une augmentation de la température de l’échantillon de 10 °C. 3.3. Installation de gazéification à lit fixe 3.3.1. Description de l’installation et principe des expériences L’étude de la cinétique de la réaction de gazéification des échantillons de chars dopés en métal, a été effectuée à l’aide du dispositif présenté sur la Figure II-7. Le principe est de suivre la variation du taux de conversion du carbone contenu dans le char de pyrolyse, au cours de sa réaction avec le CO2 ou la vapeur d’eau, par l’analyse en ligne de la quantité de produits issus de la réaction de gazéification. Pour ces essais de gazéification, afin d’éviter les passages préférentiels du gaz et d’assurer une température homogène dans le lit réactif, le char est mélangé avec une quantité de sable (85 % massique) de diamètre médian égal à 300 µm. L’ensemble est placé dans un porte-échantillon cylindrique, muni d’un fritté en acier réfractaire au niveau de son extrémité inférieur. Le porteéchantillon s’insère dans un réacteur tubulaire vertical, muni d’un élément chauffant permettant d’assurer une température au sein du réacteur, pouvant atteindre 1000 °C. Un contrôleur de température muni d’un thermomètre à thermocouple, dont le capteur est placé au milieu du lit de l’échantillon, permet de mesurer et réguler la température du réacteur. Ce dernier est surmonté d’un circuit d’alimentation de gaz. La quantité de gaz incondensable (N2 ou CO2), acheminée vers le 115 Chapitre II – Matériel et méthodes réacteur, est contrôlée par un régulateur de débit massique (Brooks 5850S). L’alimentation en eau est assurée et régulée à l’aide d’une pompe doseuse Waters 510, qui transfère l’eau sous forme liquide jusqu’à une zone de préchauffage des gaz, où elle est immédiatement vaporisée. Les gaz (N2 ou CO2 ou vapeur d’eau) qui alimentent le système traversent une zone de préchauffage, dont la température est fixée à 450 °C, avant d’atteindre le lit du mélange char/sable dans le réacteur. Suite au préchauffage du lit réactif, sous atmosphère inerte assurée par un balayage de N2, jusqu’à la température de gazéification, l’alimentation du réacteur avec un débit précis d’agent oxydant est démarrée et la réaction de conversion du char débute. Les produits issus de la réaction traversent un système de piégeage de l’eau et des goudrons, constitué de deux bulleurs placés dans un bain d’eau à 3 °C. Le premier bulleur est rempli de billes de verre et le second de silicagel. A la sortie de ce système de piégeage, un débitmètre à bille (Brooks R2-25-C avec bille en saphir) permet de mesurer le débit de gaz incondensable. Enfin, les gaz sont acheminés vers un analyseur Micro-GC Agilent 3000 (décrit au paragraphe II.5.3.1), qui permet de suivre, en ligne, la composition de la fraction gazeuse incondensable en sortie du réacteur et, ainsi, l’état d’avancement de la réaction. Au cours de la réaction de gazéification, un débit de N2 alimentant le réacteur est maintenu. Ce gaz inerte sert de référence pour calculer la quantité des gaz incondensables produits au cours de toute l’expérience (voir paragraphe II.4.3). Alimentation N2 régulateur de débit CO2 H2O zone de préchauffage des gaz à 450°C 1) Pyrolyse de 25°C à Tgazéification 2) Gazéification avec CO2 ou H2O T1 pompe avec débit régulé température de gazéification fixée à une valeur entre 500 et 1000 °C mélange sable - char Micro GC T2 réacteur fritté Capteurs et régulation de température : T1 : zone de préchauffage des gaz T2 : dans le réacteur débitmètre billes de verre silicagel Système de piégeage goudrons - eau Figure II-7 : Schéma du dispositif mis en œuvre pour l’étude de la conversion du char par gazéification en lit fixe. 3.3.2. Protocole expérimental 3.3.2.1. Préparation du char Les chars utilisés pour les tests de réactivité ont été préparés à partir des échantillons d’eucalyptus imprégnés suivant le protocole décrit au paragraphe II.2.1, ainsi qu’à partir d’un échantillon d’eucalyptus non traité. Une masse de 250 g de bois, de granulométrie 400-800 µm, est placée dans un creuset en acier, sur lequel est posé un couvercle en matériau réfractaire, bien adapté pour empêcher toute entrée d’air dans le creuset. La pyrolyse se déroule pendant 20 min dans un four à moufle, préchauffé à 450 °C (1ère pyrolyse). Pour éviter tout risque de conversion supplémentaire, le 116 Chapitre II – Matériel et méthodes creuset, toujours muni de son couvercle, est rapidement refroidi, en le plaçant dès sa sortie du four dans un bain d’eau à température ambiante, pendant quelques minutes, puis au réfrigérateur durant une nuit. Une fois refroidi, le char est pesé pour déterminer le rendement de pyrolyse. 3.3.2.2. Gazéification du char Une masse de 20 g de char, préparée suivant le protocole décrit au paragraphe précédent et séchée au minimum 1 h à 105 °C dans une étuve ventilée, est mélangée avec 100 g de sable (d50 = 300 µm). Le mélange obtenu est placé dans le réacteur, à l’intérieur du porte-échantillon. Lorsque le montage est complet, la température du contrôleur de la zone de préchauffage des gaz est fixée à 450 °C, celle du contrôleur du réacteur à la température de gazéification (entre 500 et 1000 °C) et la séquence d’analyse de la Micro-GC est démarrée. La montée en température du réacteur, d’environ 10 °C/min, se déroule sous atmosphère inerte, assurée par un balayage d’azote (Air Liquide, qualité U, > 99,99 %) de 100 NL/h. Le contrôle du débit, par lecture sur le débitmètre à bille, permet de s’assurer qu’il n’y a pas de fuite dans le système. Les chars ayant été préparés à une température de 450 °C (1ère pyrolyse), lorsque la température du réacteur dépasse cette température, la dévolatilisation de l’échantillon se poursuit (2ème pyrolyse). Pour des températures supérieures à 450 °C, les matières volatiles dégagées sont majoritairement des gaz incondensables. La perte de masse due à leur dégagement peut être estimée par le calcul, à partir des résultats des analyses de gaz réalisées avec la Micro-GC (voir paragraphe II.4.3.2). Pour une estimation plus précise de la masse réelle de char à convertir par gazéification, la perte de masse, lors de la 2ème pyrolyse de chacun des échantillons de char, a été analysée au préalable, par ATG avec une vitesse de chauffe de 10 °C/min, dans des conditions identiques à celles du protocole exposé au paragraphe II.3.2.2. Lorsque les températures des contrôleurs ont atteint la valeur de consigne, la réaction de gazéification peut être démarrée. Le débit d’azote est abaissé à 8 NL/h. Dans le cas d’une gazéification au CO2 (Air Liquide, qualité 4.0, > 99,99 %), le débit de CO2 est fixé à 90 NL/h. Dans le cas d’une gazéification à la vapeur d’eau, la pompe est réglée pour assurer un débit d’eau liquide déminéralisée de 42 mL/h. Le débit mesuré par le débitmètre est relevé toutes les 15 min. Les analyses Micro-GC permettent de suivre, en direct, l’évolution de la conversion du char. Lorsque les analyses montrent que, dans la fraction gazeuse, la concentration des gaz carbonés, produits par réaction de gazéification, est très faible (< 3 %), l’expérience est arrêtée. Pour chaque échantillon et chaque agent oxydant, les expériences sont réalisées à différentes températures de gazéification, afin de pouvoir déterminer les paramètres cinétiques. 3.3.3. Détermination des paramètres cinétiques Les paramètres cinétiques de la réaction de conversion du char sont déterminés par le suivi, en temps réel, de la quantité de gaz produite par la réaction de gazéification. Les mesures du débit de gaz, en sortie de réacteur, et de sa concentration en N2 permettent de contrôler la quantité de N2 qui arrive à la Micro-GC. A partir de cette quantité de N2, qui est la molécule utilisée comme gaz traceur, et des autres concentrations mesurées par la Micro-GC, les quantités de gaz produites par la réaction peuvent être calculées (voir paragraphe II.5.3.2). Connaissant la quantité de char, préparé par la 1ère pyrolyse à 450 °C, introduite dans le porteéchantillon (mchar 450), la masse du char m char T, à la fin de la 2ème pyrolyse effectuée jusqu’à la température de gazéification T, est calculée à partir de la mesure réalisée par ATG, de la masse perdue mT par le char entre 450 °C et T, selon : m char T = mchar 450 - m T. 117 Chapitre II – Matériel et méthodes En faisant l’hypothèse que l’essentiel de la matière organique du résidu à la température T est composé de carbone et à partir des mesures du taux de cendres et de la teneur en métal, réalisées au préalable pour chacun des échantillons de char préparés lors de la 1ère pyrolyse, il est possible de déterminer la quantité de carbone m C à convertir par gazéification : m C = mchar T - mcendres - mmétal avec mcendres la masse de cendres, formées lors de la combustion du char à partir des matières inorganiques présentes naturellement dans la biomasse, et mmétal la masse de métal imprégné dans l’échantillon. Le taux de conversion X de la réaction à un temps t donné est alors défini comme : avec m C converti et n C converti, respectivement, la masse et la quantité de moles de carbone converties au temps t et MC la masse molaire du carbone. Lorsque l’agent oxydant est le CO2, la principale réaction de conversion du char est la réaction de Boudouard : C + CO2 2 CO Pour un atome de carbone converti, deux molécules de CO sont formées d’où : Équation II-2 : Méthode de calcul du taux de conversion du char par gazéification avec du CO 2. avec nCO le nombre de moles de CO formées par gazéification. Lorsque l’agent oxydant est la vapeur d’eau, la réaction de conversion du char est la vapogazéification : C + H2O → CO + H2. Des réactions de gaz à l’eau (CO + H2O CO2 + H2) et de méthanation (3 H2 + CO CH4 + H2O) peuvent également se produire en phase gazeuse. Toute molécule de gaz carboné produite (CO, CO2 et CH4) est formée par la conversion d’un unique atome de carbone d’où : Équation II-3 : Méthode de calcul du taux de conversion du char par gazéification avec de la vapeur d’eau. avec nZ, le nombre de moles du gaz Z produites au cours de la gazéification. Plusieurs travaux [33, 34] ont montré que, pour un taux de conversion inférieur à 0,5, la réaction de gazéification du char pouvait être considérée comme obéissant à une loi cinétique d’ordre 1, par rapport à la quantité de char résiduel, pouvant être décrite par l’équation : avec k la constante cinétique de la réaction à une température donnée. La variation de cette constante avec la température peut être exprimée suivant la relation d’Arrhénius : avec A, le facteur pré-exponentiel (en h-1) ; Ea, l’énergie d’activation (en J.mol-1) ; R, la constante des gaz parfaits (en J.mol-1.K-1) et T, la température (en K). En intégrant l’équation entre le temps initial où X=0 et le temps t, on obtient : - ln (1-X)=kt En déterminant k, à différentes températures dans des conditions de contrôle cinétique, et sachant que : Il est possible de déterminer les paramètres cinétiques de la réaction, que sont l’énergie d’activation et le facteur pré-exponentiel, en traçant la variation de ln(k) en fonction de 1/T. 118 Chapitre II – Matériel et méthodes 4. Techniques analytiques pour la caractérisation des échantillons et des produits de réaction Dans le but d’apporter des éléments supplémentaires pour la compréhension des phénomènes observés lors des conversions thermochimiques, plusieurs techniques analytiques ont été exploitées. Nous présentons, dans cette partie, les différentes méthodes utilisées pour caractériser les échantillons et les produits solide, liquide et gazeux, formés à différents stades de notre étude. 4.1. Caractérisation des échantillons et produits de réactions solides Plusieurs techniques analytiques de caractérisation des solides ont été exploitées pour étudier la composition et la structure des échantillons de biomasse, avant conversion thermochimique, et des chars produits par pyrolyse. Les échantillons de biomasse ont été caractérisés par rapport à leur composition en éléments, en constituants et en termes d’analyse immédiate. Les teneurs en métaux dans les échantillons de biomasses et de char ont été déterminées par spectrométrie d’absorption atomique. La diffraction des rayons X (DRX) a été utilisée pour étudier la cristallinité des échantillons de biomasse et des métaux dans les chars. Enfin, des échantillons de char ont également été caractérisés par manométrie d’adsorption/désorption d’azote, afin d’étudier leur structure poreuse. 4.1.1. Détermination de la composition des échantillons de biomasses et des chars La composition élémentaire des échantillons de biomasses et des chars a été déterminée selon la norme XP CEN/TS 15104, à l’aide de l’appareil VarioMACROcube de marque Elementar. Les échantillons de biomasse ont également été caractérisés en termes d’analyse immédiate selon les normes NF EN 14774-2 (taux d’humidité), NF EN 15148 (taux de matières volatiles) et NF EN 14775 (taux de cendres) ; le taux de carbone fixe étant déterminé par différence. La détermination de la composition en constituants des biomasses a été effectuée à partir du protocole décrit par Li et al. [35], avec quelques adaptations réalisées en prenant en compte des éléments spécifiés dans les normes Tappi T204 om-88 et T222 om-88. Les différentes étapes du protocole adopté sont décrites ci-dessous. La biomasse est préalablement broyée pour passer à travers un tamis, dont le diamètre des trous est inférieur à 500 µm, et séchée 12 h à 105 °C dans une étuve ventilée. - Teneur en extractibles Les extractibles sont extraits à partir d’environ 3 g (masse m1) de biomasse pendant 3 h sous agitation dans 150 mL d’un mélange toluène – éthanol (2:1). Après filtration sur Büchner, le résidu de biomasse est séché à 115 °C dans l’étuve et pesé (m2). La teneur en extractibles Ex (en %) est déterminée à partir de la perte de masse de l’échantillon lors de l’extraction. Le résidu de biomasse obtenu est utilisé pour la détermination des teneurs en hémicelluloses et en lignine. 119 Chapitre II – Matériel et méthodes - Teneur en hémicelluloses Un volume de 150 mL d’une solution de NaOH à 20 g/L est ajouté à environ 1 g (m3) du résidu de biomasse. Le mélange, placé dans un ballon et surmonté d’un système de reflux, est porté à ébullition pendant 3,5 h. Le solide obtenu est filtré sur Büchner, lavé sur filtre à 4 reprises avec 150 mL d’eau distillée pour éliminer les ions Na+, séché à 105 °C et pesé (m4). La teneur en hémicelluloses H (en %) est déterminée à partir de la perte de masse de l’échantillon, suite à ce traitement. - Teneur en lignine Un volume de 30 mL d’une solution d’acide sulfurique à 72 % est lentement versé sur une masse d’environ 1 g (m5) du résidu de biomasse et le mélange obtenu est maintenu à une température comprise entre 8 et 15 °C pendant 24 h. Un volume de 300 mL d’eau distillée est ensuite ajouté et le tout est porté à ébullition pendant 1 h avec un système de reflux. Le solide obtenu est filtré sur Bücher, lavé sur filtre à 3 reprises avec 150 mL d’eau distillée pour éliminer les ions sulfates, séché à 105°C et pesé (m6). La teneur en lignine L (en %) est déterminée à partir de la masse finale du résidu solide. - Teneur en cellulose La teneur en cellulose C (en %) est déterminée par différence : C = 100 – Ex – H – L Pour le calcul de la teneur en cellulose, certains auteurs soustraient, en plus des teneurs en extractibles, hémicelluloses et lignine, le taux de cendres [35], ce qui supposerait que les matières inorganiques, qui sont à l’origine de la formation des cendres, sont essentiellement localisées dans la cellulose. Or, il est bien admis que, dans la biomasse, les matières inorganiques sont majoritairement associées aux hémicelluloses [36-38]. Il nous paraît plus probable que les éléments inorganiques aient été extraits majoritairement, lors de la manipulation associée à la mesure de la teneur en hémicelluloses, voire plus tôt dans le protocole, en même temps que les extractibles. La correction, due à la présence des matières inorganiques dans la biomasse, devrait donc plus sûrement être effectuée sur les taux d’extractibles ou d’hémicelluloses. Etant donné le faible taux de cendres de nos échantillons (< 1,2 %, voir paragraphe III.2) et n’ayant pas déterminé si les éléments inorganiques sont plutôt extraits avec les hémicelluloses ou les extractibles, nous négligerons la teneur en matière inorganique, lors de la détermination de la composition en constituants de la biomasse. Pour chaque échantillon de biomasse étudié suivant cette méthode, les analyses ont été effectuées, au minimum, à deux reprises. 4.1.2. Détermination de la teneur en métaux des échantillons de biomasse et des chars Pour déterminer la concentration d’un élément inorganique dans un échantillon de biomasse, une méthode couramment adoptée consiste à minéraliser l’échantillon par combustion, dissoudre les cendres dans une solution acide et doser l’élément par spectrométrie [39, 40]. Cette méthode a été appliquée pour déterminer la teneur en métaux, naturellement présents dans la biomasse, ainsi qu’en métaux insérés dans les échantillons imprégnés ou dans les chars dopés en métal. 120 Chapitre II – Matériel et méthodes 4.1.2.1. Teneur en métaux naturellement présents dans la biomasse Pour déterminer la teneur (T en %) en calcium, potassium, magnésium et sodium des biomasses, une prise d’échantillon d’environ 1 g (mbiomasse), préalablement séchée à 105 °C dans une étuve ventilée, a été minéralisée par combustion, en la plaçant une nuit dans un four à moufle préchauffé à 500 °C. Le résidu et un volume de 30 mL d’acide chlorhydrique (20 %) sont mélangés dans un bécher et placés sur une plaque chauffante, dont la température est fixée à 90 °C, jusqu’à dissolution complète du résidu. La solution obtenue est filtrée et son volume est amené à 0,05 L (V) dans une fiole jaugée, à l’aide d’eau distillée. Le dosage des éléments en solution est effectué par spectrométrie d’absorption atomique avec l’appareil AAnalyst 200 de marque Perkin Elmer. Les longueurs d’onde des lampes utilisées pour les dosages sont 422 nm pour l’élément Ca, 285 nm pour Mg, 589 nm pour Na et 766 nm pour K. Pour chaque élément, l’appareil est préalablement étalonné à l’aide de solutions contenant des concentrations connues en cet élément. Les gammes d’étalonnage s’étendent de 2 à 100 mg/L pour Ca, de 1 à 10 mg/L pour Mg et Na, de 1 à 4 mg/L pour K. Le coefficient de corrélation des droites d’étalonnage est supérieur à 0,99 pour chacun des éléments dosés. Soit cm la concentration massique d’un élément X (en mg/L) dans la solution dosée par spectroscopie, la masse de cet élément (mX en g) dans la prise d’échantillon est : et la teneur (en %) en cet élément dans l’échantillon sec est : Dans le cas où la concentration de l’élément dosé est supérieure à celle de la gamme d’étalonnage, une dilution de l’échantillon, à prendre en compte dans les calculs, est réalisée. 4.1.2.2. Teneur en métaux dans la biomasse imprégnée et les chars dopés en métal Dans cette étude, la teneur TM (en %) en métaux imprégnés (Fe ou Ni) est bien plus élevée que celle des éléments inorganiques, naturellement présents dans les échantillons et les chars de biomasse. La méthode de dosage a donc été adaptée pour des échantillons contenant une forte teneur en métal. La masse d’échantillon (méchantillon en g), préalablement séché à 105 °C, à minéraliser est estimée de manière à obtenir environ 20-40 mg de cendres (soit, selon la concentration de la solution d’imprégnation, entre 0,5 g et 2 g d’échantillon de biomasse et entre 0,2 g et 0,5 g de char). La minéralisation est effectuée par combustion, réalisée en plaçant pendant une nuit la prise d’échantillon, dans un four à moufle préchauffé à 500 °C pour les échantillons de biomasse et à 710 °C pour ceux de char. Les cendres sont dissoutes dans 40 mL de HCl à 20 %. La solution obtenue est filtrée, son volume (V) est amené à 0,05 L, dans une fiole jaugée, à l’aide d’eau distillée, puis une dilution de 3/200 est effectuée, avant analyse par spectrométrie d’absorption atomique. Les longueurs d’onde des lampes utilisées pour les dosages sont 248 nm pour Fe et 232 nm pour Ni. Les courbes d’étalonnage du fer et du nickel, dont le coefficient de corrélation est supérieur à 0,99, sont tracées à partir de solutions étalons de concentrations comprises entre 1 et 10 mg/L. Soit cM la concentration massique en métal (en mg/L) dans la solution dosée par spectroscopie, la masse de métal (mmétal en g) dans la prise d’échantillon est : 121 Chapitre II – Matériel et méthodes La masse réelle de biomasse ou de char de biomasse (m l’échantillon est : mbiomasse dcf = méchantillon – mmétal d’où la teneur en métal imprégné (en %) dans l’échantillon : biomasse dcf), sans catalyseur ajouté, dans Plusieurs répétitions de la mesure de la teneur en métal d’un même échantillon ont permis de constater que le coefficient de variation relatif de la mesure, avec cette méthode, est en moyenne de 3 %. Par rapport à l’étude de l’influence des métaux imprégnés sur les réactions de conversion, nous avons fait le choix d’exprimer les teneurs des échantillons en mol de métal par gramme de biomasse ou de char, afin de pouvoir comparer l’effet catalytique d’un même nombre d’atomes de fer et de nickel, par unité de masse d’échantillon. 4.1.3. Analyse de la cristallinité par diffraction des rayons X L’analyse par diffraction des rayons X (DRX) a été exploitée dans ce travail, afin d’étudier la cristallinité des échantillons de biomasse, avant conversion thermochimique ; ainsi que pour détecter l’éventuelle présence d’une phase cristalline de métal dans les chars obtenus par pyrolyse des échantillons imprégnés de métaux. 4.1.3.1. Taux de cristallinité des échantillons de biomasse Le taux de cristallinité d’un échantillon de biomasse est défini comme le ratio de la quantité de cellulose cristalline sur la quantité totale d’échantillon. Plusieurs auteurs ont élaboré des méthodes, basées sur des analyses DRX, afin d’estimer le taux de cristallinité d’échantillons de biomasse [41, 42]. L’analyse DRX de biomasse fournit un diffractogramme composé de plusieurs pics, caractéristiques de la présence de phases cristallines au sein de l’échantillon. Le taux de cristallinité de l’échantillon peut être déterminé à partir de méthodes simples, basées sur des rapports d’intensité en des points spécifiques, ou par des méthodes plus complexes, prenant en compte toute la zone du diffractogramme où la phase cristalline diffuse. Les échantillons analysés sont préalablement broyés pour obtenir une poudre de granulométrie inférieure à 200 µm, puis séchés pendant 1 h à l’étuve à 105 °C. Les diffractogrammes sont enregistrés à l’aide d’un diffractomètre Philips X’Pert en mode réflexion symétrique (géométrie Bragg-Brentano θ/2θ), à partir de la radiation Kα du cuivre (λ = 0,154 nm) sous une tension de 40 kV et avec une intensité de 20 mA. Les données sont collectées dans la gamme d’angle de 2θ comprise entre 5 et 60 °, avec un pas de mesure de 0,033 ° et un temps de mesure de 30 s par angle. A partir du diffractogramme obtenu, le taux de cristallinité a été déterminé suivant deux méthodes, selon le type d’échantillon considéré. La méthode de Segal [41], illustrée sur la Figure II-8, est la méthode la plus simple pour déterminer le taux de cristallinité d’un échantillon de biomasse. Elle exploite les intensités du pic 200 (I200 à une valeur de 2θ d’environ 22,7 °) et du minimum de la courbe situé entre les pics 110 et 200 (IAM à une valeur de 2θ d’environ 18 °). Le pic 200 est dû à la diffusion additionnée des phases cristalline et amorphe. A la valeur de 2θ associée à IAM, la diffusion de la phase cristalline est quasiment nulle et le signal mesuré peut être considéré, par approximation, comme étant uniquement la résultante de la diffusion de la phase amorphe. 122 Chapitre II – Matériel et méthodes 30000 pic 200 I200 intensité 20000 pic 110 10000 IAM 0 0 10 18 20 22,7 30 40 50 60 2θ (°) Figure II-8 : Détermination du taux de cristallinité d’un échantillon suivant la méthode de Segal [41]. Le taux de cristallinité xCR peut être déterminé selon la formule : Cette méthode est surtout adaptée à l’analyse d’échantillons ayant un taux de cristallinité très élevé (> 70 %), c’est-à dire des échantillons constitués essentiellement de cellulose [41]. La méthode de Ruland-Vonk [41] exploite une gamme plus large du diffractogramme. Le principe consiste à différencier les contributions des phases cristalline et amorphe aux intensités diffusées sur toute la gamme de valeurs de 2θ du diffractogramme comprise entre 10 ° et 50 °, qui est la gamme sur laquelle la phase cristalline diffuse. Cette méthode nécessite, au préalable, l’analyse en DRX d’un échantillon amorphe. Dans notre étude, une approximation, qui consiste à considérer que tous les constituants amorphes de la biomasse (lignine, hémicelluloses et cellulose amorphe) diffusent avec la même intensité, a été effectuée [41]. La valeur de l’intensité de chaque mesure en DRX réalisée à partir de l’échantillon amorphe (qui est dans notre cas un échantillon de lignine) est multipliée par un coefficient α, de manière à ce que la courbe formée soit la plus proche possible de celle obtenue lors de l’analyse de l’échantillon à caractériser, sans jamais avoir une intensité supérieure (voir Figure II-9). En théorie, les deux courbes doivent se rejoindre aux valeurs de 2θ pour lesquels la phase cristalline ne diffuse pas. La surface SAM située sous la courbe de la phase amorphe ajustée, représente l’intensité diffusée par l’ensemble des phases amorphes, tandis que la surface sous la courbe obtenue par l’analyse de l’échantillon à caractériser, SECH, correspond à l’intensité diffusée par tout l’échantillon (phases amorphe et cristalline). Les surfaces sous les courbes ont été déterminées sur Excel par la méthode des trapèzes et le taux de cristallinité a été calculé suivant l’équation : La méthode de Ruland-Vonk est plus précise que la méthode de Segal pour les échantillons ayant des faibles teneurs en cellulose (< 45 %) [41] et sera exploitée pour l’analyse des échantillons de biomasse. 123 Chapitre II – Matériel et méthodes 14000 phase amorphe (lignine) échantillon 12000 10000 intensité α . phase amorphe 8000 SECH 6000 4000 SAM 2000 0 0 10 20 2θ (°) 30 40 50 60 Figure II-9 : Détermination du taux de cristallinité suivant la méthode de Ruland-Vonk [41]. 4.1.3.2. Cristallinité du métal dans les chars La diffraction des rayons X a également été utilisée pour détecter la formation d’éventuelles phases cristallines de fer ou de nickel dans les chars, obtenus suite à la pyrolyse, à 600 °C dans le four tubulaire, des échantillons imprégnés de métaux. Les enregistrements des diffractogrammes sont effectués à l’aide du même diffractomètre et dans les mêmes conditions, que décrits au paragraphe II.4.1.3.1. L’analyse d’étalons métalliques a permis de mettre en évidence que, dans le cas de la présence dans l’échantillon de particules de Ni0, cristallisées dans une structure cubique à faces centrées (cfc), des pics sont observés sur le diffractogramme à des valeurs de 2θ de 44,4 ° et 51,6 °. La présence de fer sous la forme Fe0 avec une structure cfc est, elle, caractérisée par un pic à une valeur de 2θ de 44,1 °. 4.1.3.3. Taille des cristallites Pour les phases cristallines identifiées, il est possible de calculer la taille moyenne des cristallites, d’après la formule de Scherrer, à partir de la largeur à mi-hauteur du pic associé à la phase cristalline [42] : où t (nm) est la taille moyenne des cristallites, λ (nm) la longueur d’onde de la radiation, ici celle de la raie Kα du cuivre, θ (rad) l’angle de diffraction correspondant au plan (hkl) considéré, β (rad) la largeur à mi-hauteur corrigée du pic considéré, définie par avec B (rad), la largeur angulaire du pic à mi-hauteur, b (rad), l’élargissement angulaire dû à l’appareillage. 4.1.4. Détermination de la texture poreuse des chars La texture poreuse des chars, utilisés pour les expériences de gazéification, a été analysée à l’aide des isothermes d'adsorption-désorption d’azote à - 196 °C. Les chars analysés sont ceux qui ont été préparés par pyrolyse à 450 °C dans le four à moufle, puis soumis à une seconde pyrolyse dans l’ATG 124 Chapitre II – Matériel et méthodes avec une vitesse de chauffe de 10 °C/min jusqu’à une température de 800 °C (voir paragraphe II.3.3.2.2). Les mesures ont été réalisées à l’aide de l’appareil d’analyse Micromeritics ASAP 2020. Les échantillons ont été préalablement dégazés à 350 °C pendant 24 h. La surface spécifique des chars a été calculée par la méthode Brunauer-Emmett-Teller (BET) sur la gamme de pression relative 0,070,16. A partir de la méthode t-plot, la surface externe, la surface des micropores et le volume des micropores ont été évalués. Le volume total des pores a été déterminé à la pression relative de 0,99. Enfin, le volume des mésopores est obtenu à partir de la courbe d’adsorption, selon la méthode Barrett-Joyner-Halenda (BJH). 4.2. Caractérisation de l’huile de pyrolyse L’huile de pyrolyse, obtenue lors des expériences de pyrolyse dans le four tubulaire (paragraphe II.3.1), est composée d’une quantité importante d’eau et de plusieurs centaines de molécules organiques. A partir du mélange formé par l’huile de pyrolyse et l’acétone utilisée pour solubiliser l’huile (appelé huile diluée par la suite), des analyses ont été effectuées, dans le but d’étudier la composition de l’huile de pyrolyse produite par les différents échantillons. La teneur en eau a été déterminée à l’aide d’un appareil Karl-Fischer et une soixantaine de molécules organiques ont été quantifiées par GC/MS. 4.2.1. Détermination de la teneur en eau Les mesures, pour déterminer la quantité d’eau produite par pyrolyse, sont effectuées à partir des solutions d’huiles de pyrolyse diluées dans l’acétone (H2O < 0,2 %). Le titrage est réalisé à l’aide d’un appareil Karl-Fischer (Titrateur Crison Compact) suivant la méthode standard ASTM E203-96. Au minimum, deux analyses ont été effectuées pour mesurer la concentration en eau (% massique) de chaque échantillon d’huile diluée. Soit CH2O la moyenne des résultats pour un même échantillon, par définition : Les masses d’huile condensée et d’acétone ajoutée ayant été pesées, le rendement en eau (en %) produite lors de la pyrolyse ( ), peut alors être déterminé par calcul : 4.2.2. Composition des goudrons Suite à la détermination de la masse d’eau produite par pyrolyse, il est possible d’en déduire la masse de goudrons (ou huile de pyrolyse anhydre) condensés mgoudrons et leur rendement (en %) Rgoudrons : mgoudrons = mhuile - meau ; Dans le but d’étudier l’influence des métaux sur les mécanismes des réactions à l’origine de la formation des goudrons, nous nous sommes intéressés à la composition des goudrons. Les huiles de pyrolyse sont composées de plusieurs centaines de molécules organiques, dont certaines sont des oligomères, dérivés des constituants de la biomasse. Ces molécules complexes et lourdes ne sont pas analysables par GC [20, 43]. D’autres molécules, moins complexes, sont régulièrement identifiées dans les huiles de pyrolyse. Une méthode d’analyse de ces molécules, par GC/MS, a été développée au sein de l’UPR Biomasse Energie du Cirad. Cette méthode très avancée permet la quantification de 65 molécules des huiles de pyrolyse. 125 Chapitre II – Matériel et méthodes 4.2.2.1. Méthode d’analyse A un volume de 1 mL de solution d’huile diluée dans l’acétone, filtré à 0,45 µm (microfiltre Millex-Gx) est ajouté un volume de 100 µL d’une solution contenant des concentrations connues de molécules deutérées (toluène-d8, phénol-d6 et phénanthrène-d10), qui ont un rôle d’étalon interne lors de la quantification des molécules étudiées. Chaque échantillon est analysé, à l’aide d’un chromatographe en phase gazeuse (Agilent Technologies 6890 N) couplé à un spectromètre de masse (Agilent Technologies 5975). Ces deux appareils sont pilotés à l’aide du logiciel Chemstation. Le chromatographe est équipé d’un injecteur split/splitless et d’une colonne capillaire DB-1701 (14%cyanopropylphényl)-méthylpolysiloxane (60 m, 0,25 mm, Agilent Technologies), balayée par de l’hélium avec un débit constant de 1,9 mL/min. La méthode développée nécessite deux types d’analyses GC, qui diffèrent selon la volatilité des molécules dosées : - pour les molécules les plus volatiles, l’injection est réalisée en mode split (1/10) à une température de 250 °C. La programmation de température du four est la suivante : température constante de 45 °C pendant 4 min, de 45 °C à 120 °C avec un gradient de température de 3 °C/min, puis de 120 °C à 270 °C avec un gradient de 20 °C/min. L’étalon interne utilisé pour la quantification est le toluène-d8. - pour les molécules de volatilité plus faible, l’injection est réalisée en mode splitless à une température de 250 °C. La programmation de température du four est la suivante : température constante de 45 °C pendant 4 min, de 45 °C à 250 °C avec un gradient de température de 3 °C/min, puis de 250 °C à 270 °C avec un gradient de 20 °C/min. La quantification est réalisée à l’aide de deux étalons internes, le phénanthrène-d10 pour les molécules HAP et le phénol-d6 pour les autres molécules. Le spectromètre de masse, connecté à la sortie de la GC, opère en mode ionisation électronique (énergie d’ionisation de 70 eV). Les températures respectives de la source, de la ligne de transfert et du quadripôle sont de 230 °C, 270 °C et 150 °C. Un étalonnage a été effectué au préalable, par injection et analyse pour chaque composé, de solutions contenant la molécule standard, à différentes concentrations (en g/L), en mélange avec l’étalon interne. Ainsi, les temps de rétention des molécules ont été identifiés et trois courbes de calibration, sur des gammes de concentration différentes, ont été tracées pour chaque composé. Par la suite, la quantification des molécules de goudrons dans les solutions analysées a été réalisée par étalonnage interne, à l’aide de la courbe de calibration dans la gamme de concentration appropriée. La liste des molécules quantifiables à l’aide de la méthode décrite dans ce paragraphe, identifiées par leur nom, leur numéro CAS et leur temps de rétention, est détaillée en Annexe 1. Les gammes d’étalonnage de ces molécules sont également spécifiées. 4.2.2.2. Méthodes de calcul des rendements Suite à la détermination de la concentration d’une molécule Z par GC/MS (CGC/MS(Z) en g/L), la concentration de cette molécule dans la solution d’huile diluée (Chuile diluée(Z)en g/g) peut être déduite en prenant en compte la dilution (10/11) effectuée par ajout de la solution contenant les étalons internes et la masse volumique de la solution d’huile diluée dans l’acétone μ (en g/L, déterminée par pesée d’un volume de 1 mL de solution d’huile diluée) : 126 Chapitre II – Matériel et méthodes Connaissant les masses d’huile condensée et d’acétone utilisée pour la solubilisation de l’huile, la masse de la molécule Z (mZ en g) produite par pyrolyse et son rendement RZ (en %) peuvent être calculés selon : mZ = Chuile diluée (Z) . (mhuile + macétone) ; Afin d’apprécier l’effet des catalyseurs sur les rendements de pyrolyse des goudrons, il est possible de comparer, pour chaque molécule, le rendement obtenu à partir d’un échantillon imprégné de métal (RZ métal) à celui obtenu à partir de l’échantillon de référence (RZ référence). Soit VZ le taux de variation (%) du rendement de la molécule Z, alors : Une valeur de VZ négative signifie que l’imprégnation de métal dans l’échantillon a pour conséquence une diminution du rendement en la molécule Z. 4.3. Composition des fractions gazeuses incondensables Dans les trois dispositifs principaux, mis en œuvre pour cette étude, des analyses de fractions gazeuses ont été réalisées à l’aide d’un appareil de Micro-GC. Les gaz formés lors des tests de pyrolyse ont été analysés avec une Micro-GC Varian CP 490 et ceux produits lors des expériences de gazéification ont été analysés avec une Micro-GC Agilent 3000. Cette partie décrit le fonctionnement de ces appareils et les méthodes de calcul utilisées pour déterminer les rendements de conversion des principaux gaz incondensables. 4.3.1. Méthode d’analyse La Micro-GC CP 490, de marque Varian, utilisée pour notre étude, est pilotée par le logiciel Galaxie et est équipée de deux modules analytiques, contenant chacune un injecteur, une colonne de chromatographie, un four et un détecteur à conductibilité thermique (TCD). La première voie analytique fonctionne avec une colonne Molsieve 5A, chauffée à 130 °C et balayée avec de l’argon, de manière à maintenir une pression constante de 150 kPa. Elle permet de séparer et de quantifier les molécules H2, O2, N2, CH4 et CO. Le deuxième module, qui est équipée d’une colonne Poraplot Q, chauffée à 60 °C et balayée avec de l’hélium sous une pression de 100 kPa, permet de quantifier les molécules de CH4, CO2, C2H4 et C2H6. La Micro-GC Agilent 3000 utilisée est pilotée par le logiciel Soprane et est également équipée de deux modules comprenant les mêmes éléments. Le premier module, constituée d’une colonne Molecular Sieve 5A, chauffée à 100 °C et balayée avec de l’argon (280 kPa), permet de quantifier les molécules H2, O2, N2, CH4 et CO. La seconde voie, qui fonctionne avec une colonne Plot U, chauffée à 85 °C et balayée avec de l’hélium (280 kPa), permet de quantifier le CO2. Les deux appareils de Micro-GC ont été préalablement étalonnés, à l’aide de mélanges gazeux contenant les molécules à quantifier, à des concentrations connues (en % molaire). 4.3.2. Méthodes de calcul Dans toutes les expériences de conversion thermochimique de cette étude, l’azote est utilisé comme gaz vecteur. Cette molécule n’étant pas formée lors des réactions de pyrolyse et de gazéification, elle peut servir de référence pour quantifier les molécules de gaz incondensables produites lors des expériences. 127 Chapitre II – Matériel et méthodes Dans le cas des expériences de pyrolyse dans le four tubulaire, tous les gaz incondensables s’accumulent pendant 12 min (tech) dans le sac d’échantillonnage. Connaissant le débit d’azote fixé QN2 (NL/min), il est possible de connaître le nombre de moles de N2 (nN2) présentes dans le sac d’échantillonnage en fin de manipulation : avec Vm le volume molaire égale à 22,4 L/mol, selon l’approximation que les gaz se comportent comme des gaz parfaits. Soit xN2 et xZ les concentrations molaires des gaz N2 et Z dans le sac, mesurées par Micro-GC, le nombre de moles de gaz Z formé (nZ) et le rendement massique en ce gaz (RZ) sont calculés selon : ; avec MZ, la masse molaire du gaz Z en g/mol. Dans le cas des expériences de gazéification et de pyrolyse dans l’appareil d’ATG, des analyses des fractions gazeuses dégagées sont réalisées à intervalle de temps régulier. Sur le même principe qu’expliqué ci-dessus, connaissant le débit de N2 imposé par le débitmètre, la quantité de N2, nN2 (i,j), qui atteint la Micro-GC, entre ti et tj, temps auxquels les ième et jème analyses de la fraction gazeuse ont débuté, est calculable. La quantité de mol du gaz Z, nZ (i,j) arrivée à la Micro-GC, entre ti et tj, est obtenue suivant le même calcul que ci-dessus, en faisant l’approximation que, sur cet intervalle de temps, la fraction molaire xZ (i,j) du gaz Z, à l’entrée de la Micro-GC, est constante et a pour valeur la moyenne des valeurs des fractions molaires du gaz Z, xZ (i) et xZ (j), déterminées par Micro-GC suite aux injections aux temps ti et tj : avec pour Z=CO, CO2, CH4, H2 ou N2 5. Références bibliographiques du Chapitre II 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Bru, K., J. Blin, A. 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Proportions et structure des constituants majeurs de la biomasse ...................................................... 133 1.1 Biomasses brutes .................................................................................................................................. 134 1.2 Influence de l’imprégnation .................................................................................................................. 135 1.2.1 Imprégnation à pH 6,0 ................................................................................................................ 136 1.2.2 Imprégnation à pH 1,5 ................................................................................................................ 138 2. Teneur en minéraux ............................................................................................................................. 139 3. Teneur en métal des échantillons imprégnés ....................................................................................... 141 3.1 Principe de l’imprégnation d’espèces métalliques dans la biomasse ................................................... 141 3.2 Préparation des échantillons imprégnés de métaux ............................................................................ 142 4. Bilan de l’impact de l’imprégnation sur la composition de la biomasse................................................ 144 5. Références bibliographiques du Chapitre III ......................................................................................... 144 132 Chapitre III : Impact de l’imprégnation CHAPITRE III – IMPACT DE L’IMPREGNATION SUR LA COMPOSITION DE LA BIOMASSE Dans cette étude, qui est focalisée sur l’influence des métaux par rapport aux mécanismes de pyrolyse, les métaux ont été insérés dans la biomasse par imprégnation. Or, il est bien admis dans la littérature que l’immersion de la biomasse dans une solution aqueuse est susceptible de modifier sa composition chimique et sa structure, notamment lorsque cette solution est acidifiée [1, 2]. Dans le but d’évaluer les modifications induites exclusivement par la présence des métaux sur les mécanismes de pyrolyse, il est nécessaire, dans un premier temps, d’étudier les modifications provoquées par l’étape d’imprégnation sur la composition de la biomasse. Les résultats de la caractérisation des trois biomasses de cette étude en termes d’analyse élémentaire et d’analyse immédiate sont fournis dans le Tableau III-1. Tableau III-1 : Analyse élémentaire et analyse immédiate des trois biomasses de l’étude. Eucalyptus Hêtre Bagasse a Analyse élémentaire (% sur sec et sans cendres) C H N Oa 51,6 5,5 < 0,3 43,0 57,3 5,5 < 0,3 37,3 51,5 5,5 < 0,3 42,9 Humiditéb 4,58 9,83 7,13 b Analyse immédiate (%) Matières Cendres c volatiles c 81,84 0,63 84,48 1,16 83,59 1,20 Carbone fixe a,c 17,54 14,36 15,21 c : déterminé par différence, : exprimée en fonction de la matière fraîche, : exprimés en fonction de la matière sèche Dans ce chapitre, nous présentons une étude de l’impact de l’imprégnation sur les proportions et la structure des constituants majeurs de la biomasse, ainsi que sur la teneur en minéraux des échantillons. Ensuite, après une brève description des phénomènes mis en jeu lors de l’imprégnation de métaux dans la biomasse, nous détaillons les quantités de fer et de nickel imprégnées dans les échantillons utilisées pour les expériences de pyrolyse. 1. Proportions et structure des constituants majeurs de la biomasse Il est couramment admis que les mécanismes et rendements de pyrolyse de la cellulose, des hémicelluloses et de la lignine diffèrent [3, 4]. Certains travaux mettent également en évidence des variations au niveau des mécanismes de conversion des phases amorphe et cristalline de la cellulose [5, 6]. Ainsi, dans l’objectif d’appréhender les mécanismes qui se déroulent lors de la pyrolyse d’une biomasse, il est important de déterminer, au préalable, les proportions des principales macromolécules qui la constituent. Dans ce but, pour chaque biomasse, nous avons réalisé l’analyse de sa composition en constituants majeurs, à l’aide de la méthode décrite au paragraphe II.4.1.1, et de son taux de cristallinité par DRX. Dans le but de mieux appréhender l’influence de l’imprégnation en solution acide sur la cristallinité des biomasses, nous avons réalisé, dans un premier temps, une étude de l’évolution du taux de cristallinité de la cellulose microcristalline, suite à son imprégnation dans des solutions aqueuses dont le pH varie. Les résultats de l’analyse des échantillons de cellulose non traités et imprégnés avec des solutions aqueuses, de pH 6,0 ; 1,5 et 0,5 sont présentés dans le Tableau III-2. Par rapport à l’échantillon non traité, pour tous les échantillons imprégnés, les variations du taux de cristallinité 133 Chapitre III : Impact de l’imprégnation sont inférieures à 5 %, ce qui montre que l’imprégnation influe peu sur la composition de la cellulose. Une variation du taux de cristallinité peut s’expliquer par deux phénomènes principaux. L’imprégnation peut conduire à une légère hydrolyse de la cellulose amorphe, ce qui provoque alors une augmentation du taux de cristallinité, comme observé dans le cas des échantillons imprégnés, avec les solutions ayant des pH de 6,0 et de 1,5. L’imprégnation peut également provoquer une déstructuration partielle de la phase cristalline de la cellulose, due à la fragilisation (voire à la rupture) de liaisons hydrogènes, responsables de l’arrangement très structuré de cette phase. La fragilisation de certaines liaisons hydrogènes peut être due à un gonflement de la cellulose, lors de sa mise en solution. En effet, le gonflement du polymère augmente la distance entre les molécules constitutives, ce qui réduit les interactions intermoléculaires et entraîne une légère désorganisation de la structure du polymère [7]. La présence d’espèces ioniques dans la solution est également un facteur qui contribue à la fragilisation des liaisons hydrogènes [8, 9]. La réduction du taux de cristallinité, observée dans le cas de l’échantillon imprégné dans la solution la plus acide (C-pH0,5) indique que les ions H3O+ participent certainement à la fragilisation des liaisons hydrogènes de la cellulose cristalline. Tableau III-2 : Evolution du taux de cristallinité de la cellulose en fonction du pH de la solution d’imprégnation. Taux de cristallinité a (%) a C-brut 79,9 C-pH6 83,7 C-pH1,5 C-pH0,5 82,0 78,0 : déterminé suivant la méthode de Segal En ce qui concerne la méthode de détermination des proportions des constituants, il est utile d’en rappeler le principe des différentes étapes. Après élimination des extractibles, la mise en solution basique de la biomasse permet l’hydrolyse et la solubilisation des hémicelluloses, dont la teneur est déduite par différence, après pesée de la masse du résidu. La teneur en lignine est déterminée à partir du résidu obtenu après une hydrolyse, en milieu acide très concentré, de l’holocellulose. La teneur en cellulose (amorphe + cristalline) est alors déduite par différence. Cette méthode exploite la différence de stabilité des constituants en solution aqueuse. Les lignines sont hydrophobes et gardent leur structure sur une large gamme de pH. Les hémicelluloses et la cellulose sont des polysaccharides formés à partir du même type de liaison (β-1,4) entre les unités monomères. Cependant, l’organisation de la cellulose sous forme de microfibrilles, assurée par de nombreuses liaisons hydrogènes entre les molécules, lui confère un caractère cristallin [10] et une stabilité bien plus forte que celle des hémicelluloses, qui constituent un polymère amorphe. Ces différences expliquent que dans des conditions basiques bien déterminées, seules les hémicelluloses sont hydrolysées et extraites de la biomasse. Par contre, en milieu acide très concentré, tous les polysaccharides sont hydrolysés et extraits de la biomasse. Par la suite, le traitement des diffractogrammes de DRX, suivant la méthode de Ruland-Vonk, donne accès au taux de cristallinité (ou de cellulose cristalline) des biomasses, duquel est déduit le taux de cellulose amorphe par différence. Pour évaluer l’impact de l’imprégnation sur la composition de la biomasse, les mêmes analyses ont été réalisées à partir des échantillons imprégnés dans des solutions aqueuses à pH 6,0 et 1,5. 1.1 Biomasses brutes Les résultats donnant les proportions des constituants majeurs et des différentes phases de cellulose des biomasses utilisées dans cette étude sont regroupés dans le Tableau III-3. A partir de 134 Chapitre III : Impact de l’imprégnation ces résultats, nous pouvons constater que les teneurs en constituants du bois de hêtre sont classiques pour un bois dur, avec la cellulose comme constituant majoritaire (39,2 %), et sont assez similaires aux données disponibles dans la littérature [11, 12]. Le bois d’eucalyptus est également constitué d’une holocellulose formée majoritairement de cellulose, mais sa composition se démarque par une forte teneur en lignine (36,3 %), également observée par d’autres auteurs [13, 14]. Parmi les constituants de la bagasse de canne à sucre, les hémicelluloses sont les plus concentrées avec une teneur de 48,5 %, plutôt élevée par rapport aux valeurs de la littérature, généralement comprises entre 20 et 30 %. Ces trois biomasses ont été sélectionnées pour cette étude, du fait de leurs différences de composition. En effet, le constituant le plus concentré est différent pour chacune de ces biomasses : la cellulose pour le hêtre, la lignine pour l’eucalyptus et les hémicelluloses pour la bagasse. Tableau III-3 : Composition en constituants des biomasses brutes (% par rapport à la matière sèche). a Extractibles Lignine a Hémicelluloses a Cellulose a,c Cellulose cristalline b Cellulose amorphe c Taux de cristallinité de la cellulose E-brut 2,1 +/36,3 +/27,7 +/33,9 +/- 0,2 1,3 0,9 2,4 26,5 7,4 78,2 H-brut 0,2 +/27,5 +/33,0 +/39,2 +/- 0,1 1,0 0,1 1,2 32,5 6,7 82,9 B-brut 1,6 +/28,7 +/48,5 +/21,0 +/- 0,7 0,6 1,1 2,4 29,7 - a : selon la méthode de détermination des proportions des constituants : par analyse DRX, méthode de Ruland-Vonk c : déterminée par différence b Le traitement des diffractogrammes DRX suivant la méthode de Ruland-Vonk (illustré dans l’Annexe 2) a permis d’évaluer la teneur en cellulose cristalline du bois de hêtre à 32,5 % et celle du bois d’eucalyptus à 26,5 %. L’écart-type sur cette mesure est, en moyenne, inférieur à 1 %. Ces valeurs représentent, pour chaque bois, près de 80 % de la teneur en cellulose, ce qui est légèrement supérieur à la gamme 60-70 %, proposée par Fengel et al. pour les bois [15]. Dans le cas de la bagasse, la teneur en cellulose cristalline de 29,7 %, déterminée suivant la même méthode, est supérieure à la teneur en cellulose totale (amorphe + cristalline) calculée suivant la méthode de détermination des proportions des constituants. Ce problème, déjà rencontré dans d’autres travaux [16], indique qu’il est probable que la méthode de Ruland-Vonk surévalue légèrement le taux de cristallinité des biomasses. Une autre hypothèse expliquant ce résultat incohérent serait liée au prétraitement dont est issue la bagasse. Il est possible que lors des étapes de lavage et de broyage des tiges de canne à sucre, la cellulose du résidu obtenu, qu’est la bagasse, ait subi une déstructuration partielle. Par la suite, lors de la détermination de la teneur en hémicelluloses de la bagasse, cette cellulose déstructurée a pu être extraite en même temps que les hémicelluloses, ce qui aurait conduit à une surestimation de la teneur en hémicelluloses et une sous-estimation de celle en cellulose. 1.2 Influence de l’imprégnation Les imprégnations en solution aqueuse ont conduit à une perte de masse des échantillons de biomasse, respectivement, d’environ 5 % et 10 % pour des solutions ayant un pH de 6,0 et de 1,5. 135 Chapitre III : Impact de l’imprégnation Dans le cadre de notre étude, il est nécessaire de déterminer l’évolution de la composition des biomasses suite à cette perte de masse. A partir de la littérature, il apparaît que les constituants les plus susceptibles d’être extraits en solution aqueuse sont les extractibles et les hémicelluloses [1, 17]. Par rapport aux autres constituants de la biomasse qui sont des polymères, les extractibles sont des molécules libres, de petites tailles, plus faciles à solubiliser. L’extraction partielle des hémicelluloses est due à des réactions d’hydrolyse qui sont favorisées en milieu acide. La méthode de détermination des proportions des constituants (méthode analytique) a été appliquée pour analyser la composition des biomasses après imprégnation. Leur teneur en matières extractibles résiduelles est très faible (< 0,1%) et a été négligée par la suite. Les résultats obtenus sont comparés à une estimation par calcul (méthode par calcul) de la composition des échantillons, basée sur l’hypothèse que les matières extraites, lors de l’imprégnation, sont premièrement les extractibles, puis les hémicelluloses. Pour chaque biomasse, la perte de masse, suite à l’imprégnation, est toujours supérieure à sa teneur initiale en extractibles. Par conséquent, avec la méthode par le calcul, la totalité des matières extractibles est considérée comme éliminée et le reste de la perte de masse est attribué à l’hydrolyse partielle des hémicelluloses. 1.2.1 Imprégnation à pH 6,0 L’ensemble des résultats, concernant la composition en constituants des biomasses imprégnées à pH 6,0, est présenté sur la Figure III-1. lignine cellulose hémicelluloses extractibles 100 teneur (%) 80 60 40 20 0 E-brut E-pH6 E-pH6 (analyse) (calcul) (analyse) H-brut H-pH6 HpH6 (analyse) (calcul) (analyse) B-brut B-pH6 B-pH6 (analyse) (calcul) (analyse) Figure III-1 : Compositions en constituants des biomasses après imprégnation à pH 6,0, déterminées par calcul (selon l’hypothèse que la perte de masse est due uniquement à une extraction totale des extractibles et à une hydrolyse partielle des hémicelluloses) et par la méthode analytique (pour la lignine, la cellulose et les hémicelluloses, les écartstypes sont indiqués par des barres d’erreur). Les méthodes analytique et par le calcul conduisent à des résultats assez similaires, avec des différences généralement inférieures aux valeurs des incertitudes sur les mesures, notamment au niveau de la détermination des teneurs en lignine. Ce résultat confirme l’hypothèse que, parmi les 136 Chapitre III : Impact de l’imprégnation trois constituants majeurs de la biomasse, les hémicelluloses sont les plus sensibles aux réactions d’hydrolyse en phase aqueuse. Au contraire, les quantités de cellulose et de lignine extraites de la biomasse sont extrêmement faibles. Ce phénomène explique qu’en conséquence de l’imprégnation, les teneurs en cellulose et en lignine de l’échantillon obtenu aient augmenté, comme observé dans cette étude et dans d’autres travaux [1, 17]. Sur les bases des résultats obtenus par la méthode par calcul, par rapport à l’échantillon brut, la teneur en hémicelluloses des échantillons imprégnés diminue de 1,2 % pour la bagasse, 6,7 % pour le hêtre et 10,5 % pour l’eucalyptus. Les taux de cristallinité des bois imprégnés, en solution aqueuse, sont présentés sur la Figure III-2. Pour ce qui est de la bagasse, le taux de cristallinité de B-pH6, déterminé suivant la méthode de Ruland-Vonk, est supérieur à la teneur en cellulose et est donc certainement surévalué comme dans le cas de B-brut (il en est de même pour le taux de cristallinité de B-pH1,5). L’imprégnation dans une solution aqueuse à un pH de 6,0 semble très légèrement diminuer (réduction inférieure à 3 %) le taux de cristallinité des échantillons de bois. Dans la mesure où, suite à l’imprégnation, la teneur en cellulose des échantillons a augmenté, cela signifie, qu’au sein de la cellulose, la proportion de la phase cristalline a diminué. La réduction du taux de cristallinité de la cellulose est très faible avec le hêtre (< 5 %) et légèrement plus marquée avec l’eucalyptus (9 %). Ce résultat implique que le principal phénomène qui se produit, au niveau de la cellulose, est la déstructuration de la phase cristalline. Pourtant, lors de l’imprégnation de la cellulose microcristalline dans une solution ayant un pH de 6,0, une évolution contraire était observée. Les résultats des calculs de l’épaisseur des cristallites de cellulose, réalisés selon la méthode de Scherrer en exploitant les analyses en DRX, permettent de proposer une hypothèse expliquant cette évolution contraire. Dans la cellulose microcristalline, la taille des cristallites est d’environ 4 nm, tandis qu’elle n’est que de 1,7 nm dans le hêtre et de 1,5 nm dans l’eucalyptus. L’eau de la solution d’imprégnation pénétrant difficilement dans les zones les plus cristallines de la cellulose [7], plus la taille des cristallites est faible, plus la surface de contact entre la cellulose cristalline et l’eau est importante et plus les possibilités de déstructuration de la cellulose sont élevées, d’où la plus forte réduction du taux de cristallinité de la cellulose, observée lors de l’imprégnation des échantillons de biomasse. taux de cristallinité (%) 100 Eucalyptus Hêtre 80 60 brut 82,9 79,4 82,1 40 20 32,5 32,3 35,7 pH 6 pH 1,5 26,5 25,8 26,8 0 échantillon a 78,2 71,1 69,6 cellulose b échantillon a cellulose b Figure III-2 : Evolution du taux de cristallinité (en %) du bois et de la cellulose dans le bois, après imprégnation dans une solution aqueuse à un pH de 6,0 et de 1,5. a : déterminé par la méthode de Ruland-Vonk b : déterminé par calcul à partir de la teneur en cellulose des échantillons. Pour les échantillons imprégnés, la teneur en cellulose utilisée est celle estimée en considérant, que l’intégralité de la cellulose demeure dans l’échantillon. 137 Chapitre III : Impact de l’imprégnation 1.2.2 Imprégnation à pH 1,5 Dans le cas des imprégnations de la biomasse dans les solutions aqueuses à pH 1,5, les pertes de masses sont plus marquées que dans les solutions à pH 6,0. Dans la mesure où la perte de masse due à l’imprégnation est très inférieure à la masse d’hémicelluloses, l’estimation par le calcul de la composition de la biomasse a été réalisée en maintenant l’hypothèse, que, dans nos conditions d’imprégnation, la cellulose et la lignine ne sont pas hydrolysées. Contrairement au paragraphe précédent, l’impact de l’imprégnation sur le taux de cristallinité des biomasses est abordé en premier, choix réalisé afin de faciliter l’interprétation des résultats concernant l’évolution de la composition en constituants des biomasses. A partir des résultats illustrés sur la Figure III-2, il apparaît que, suite à l’imprégnation à pH 1,5, le taux de cristallinité des échantillons augmente légèrement (de moins de 10 %), tandis que le taux de cristallinité de la cellulose diminue. Ces résultats ne sont pas contradictoires. Une partie de la cellulose cristalline est convertie en cellulose amorphe sous l’effet de l’imprégnation, d’où la réduction du taux de cristallinité, en prenant la cellulose comme référence. Mais, la perte de cellulose cristalline étant, en proportion, moins forte que la perte de masse globale de l’échantillon, le taux de cristallinité des bois imprégnés à pH 1,5 est légèrement supérieur à celui des bois bruts. La réduction du taux de cristallinité de la cellulose, en conséquence de l’imprégnation, est très faible dans le cas du hêtre (< 5 %) et à nouveau plus marquée dans le cas de l’eucalyptus (11 %), ce qui indique que la structure cristalline de la cellulose du hêtre est plus résistante que celle de l’eucalyptus. Pour chaque bois, les imprégnations dans les solutions de pH 1,5 et 6,0 ont conduit à des réductions similaires du taux de cristallinité de la cellulose, ce qui semble indiquer que pour ces valeurs de pH, la quantité d’ions H3O+ est trop faible pour déstabiliser les liaisons hydrogènes et ces molécules influent peu sur la déstructuration de la cellulose. Sur le même principe que pour les échantillons imprégnés à pH 6,0, les proportions des constituants, après imprégnation à pH 1,5, ont été déterminées par le calcul et par la méthode analytique. Les résultats sont comparés sur la Figure III-3. Pour les trois biomasses, les valeurs obtenues par les deux méthodes sont toujours très semblables, pour ce qui est de la teneur en lignine. Par contre, en ce qui concerne le taux d’hémicelluloses, la méthode analytique fournit des valeurs très élevées, supérieures à la teneur en hémicelluloses des biomasses avant imprégnation. Par conséquent, les valeurs des teneurs en cellulose, calculées par différence dans cette méthode, sont anormalement faibles. D’après ces résultats, il apparaît que lors de la détermination de la teneur en hémicelluloses, d’autres molécules que les hémicelluloses ont été extraites. Dans la mesure où la structure de la lignine est peu affectée en milieu acide très concentré (d’où le protocole d’extraction de l’holocellulose avec de l’acide sulfurique), il est probable que les molécules supplémentaires extraites proviennent de la cellulose. Ces observations nous amènent à l’hypothèse que, lors de l’imprégnation dans la solution la plus acide, certaines interactions par liaisons hydrogènes, au sein de la cellulose, ont été déstabilisées, provoquant ainsi une réduction du degré d’organisation de la cellulose. Par conséquent, lors de la procédure d’extraction des hémicelluloses en milieu basique, une partie de la cellulose déstructurée a pu être extraite, ce qui expliquerait la surestimation de la teneur en hémicelluloses. Au cours de l’imprégnation de la biomasse, l’eau pénètre principalement dans les régions les moins ordonnées de la cellulose. Il en découle que la cellulose amorphe est la plus susceptible d’être hydrolysée et extraite. Pour les échantillons de bois, à partir de l’estimation par le calcul de la quantité de cellulose présente dans les échantillons imprégnés et des analyses du taux de cristallinité en DRX, la composition de la 138 Chapitre III : Impact de l’imprégnation cellulose a été estimée et est spécifiée pour E-pH1,5 et H-pH1,5 (Figure III-3). Il apparaît que la teneur en hémicelluloses, estimée par la méthode analytique, a une valeur proche de la somme des teneurs (hémicelluloses + cellulose amorphe), déterminées par le calcul (avec une différence inférieure à l’incertitude sur la mesure dans le cas de l’eucalyptus et légèrement plus élevée dans le cas du hêtre). Cette observation signifierait que, au cours de l’imprégnation à pH 1,5, l’essentiel de la cellulose amorphe est déstructuré et est, par la suite, totalement extrait lors de la procédure d’extraction des hémicelluloses. En se basant sur les valeurs obtenues par le calcul, méthode qui fournit les résultats les plus cohérents, la diminution de la teneur en hémicelluloses dans les échantillons imprégnés à pH 1,5, par rapport à l’échantillon brut, est de 27 % pour l’eucalyptus, 21 % pour le hêtre et 7 % pour la bagasse. lignine cellulose cellulose cristalline cellulose amorphe hémicelluloses extractibles 100 teneur (%) 80 60 40 20 0 E-brut E-pH1,5 E-pH1,5 (analyse) (calcul) (analyse) H-brut H-pH1,5 H-pH1,5 (analyse) (calcul) (analyse) B-brut B-pH1,5 B-pH1,5 (analyse) (calcul) (analyse) Figure III-3 : Compositions en constituants des biomasses après imprégnation à pH 1,5, déterminées par calcul (selon l’hypothèse que la perte de masse est due uniquement à une extraction totale des extractibles et à une hydrolyse partielle des hémicelluloses) et par la méthode analytique (pour la lignine, la cellulose et les hémicelluloses, les écartstypes sont indiqués par des barres d’erreur). En conclusion, les résultats de détermination des teneurs en constituants, obtenus par calcul et par méthode analytique, à partir des échantillons imprégnés à pH 6,0, ont permis de valider que l’imprégnation extrait essentiellement les extractibles et une partie des hémicelluloses. La similitude des résultats obtenus confirme la précision des méthodes exploitées. Lors de l’imprégnation des biomasses à pH 1,5, il s’avère que la méthode par le calcul fournit des résultats plus cohérents que la méthode analytique. Ces différences de résultats, certainement dues à la désorganisation de la structure des biomasses en milieu acide, nous ont amenés à retenir les valeurs obtenues par le calcul, pour les études statistiques qui suivront dans cette étude. 2. Teneur en minéraux Il est bien connu que les matières inorganiques incorporées dans la biomasse sous forme de minéraux, notamment les éléments alcalins et alcalino-terreux, présentent un effet catalytique, qui influe sur les mécanismes de conversion par pyrolyse des matières lignocellulosiques [18-20]. Dans la biomasse, il est généralement bien admis, qu’à une teneur élevée en minéraux ou en matières inorganiques, est associé un taux de cendres élevé. Les taux de cendres des constituants et des 139 Chapitre III : Impact de l’imprégnation biomasses étudiées dans ce travail sont comparés sur la Figure III-4. Le taux de cendres de la cellulose n’est pas présenté, car il est fortement inférieur à celui des autres échantillons (< 0,04 %). Les taux de cendres de la lignine et du xylane sont respectivement de 2,6 % et de 13,1 %. Ces cendres peuvent provenir des matières minérales naturellement présentes dans les biomasses dont elles ont été isolées, mais également d’autres éléments, qui se sont fixés lors du procédé mis en œuvre pour extraire ces constituants. Par exemple, lors de la pyrolyse de la lignine, une forte odeur caractéristique de la présence de composés soufrés est perçue. Ce soufre provient certainement du sulfure de sodium utilisé lors de l’extraction des lignines alcalines, qui sont isolées par le procédé au sulfate. La teneur en métaux alcalins (K et Na) et en métaux alcalino-terreux (Mg et Ca) des échantillons bruts a été déterminée par spectroscopie d’absorption atomique (Figure III-4). Excepté pour la cellulose, la somme des concentrations de ces quatre métaux représente entre 0,4 % et 0,9 % de la masse de l’échantillon initial. 14 12 10 teneur (%) autres 8 Na Mg 6 K 4 Ca 2 0 L-brut X-brut E-brut H-brut B-brut Figure III-4 : Composition des cendres obtenues par combustion des différents échantillons bruts. L’impact de l’imprégnation en solution aqueuse sur le taux de cendres des échantillons est présenté sur la Figure III-5. Pour la lignine et les trois biomasses étudiées, l’imprégnation conduit à une diminution de la teneur en cendres, qui est plus marquée avec la solution dont le pH est le plus acide. En effet, il est bien connu que l’imprégnation en solution aqueuse conduit à une extraction partielle des matières inorganiques présentes dans la biomasse [1, 17]. Lorsque le pH de la solution est acide, des échanges cationiques entre les ions H3O+ présents en solution et les cations inorganiques de la biomasse sont favorisés [21, 22], ce qui contribue à une baisse plus forte du taux de cendres des échantillons. Dans la mesure où, dans la biomasse, les minéraux sont majoritairement associés aux hémicelluloses [23, 24], l’hydrolyse partielle des hémicelluloses au cours de l’imprégnation, observée au paragraphe III.1.2, plus forte quand la solution est plus acide, contribue également à la réduction des taux de cendre. L’extraction de matières inorganiques en solution aqueuse est confirmée par l’analyse des concentrations en métaux alcalins et alcalino-terreux dans les échantillons imprégnés : en conséquence de l’imprégnation, la somme des concentrations des quatre métaux dosés a diminué pour atteindre une valeur inférieure à 0,2 %, pour les échantillons de biomasse imprégnés à pH 6,0, et inférieure à 0,1 % pour les échantillons imprégnés à pH 1,5. 140 Chapitre III : Impact de l’imprégnation taux de cendres (%) 3 2,5 2 brut 1,5 pH6 1 pH1,5 0,5 0 lignine eucalyptus hêtre bagasse Figure III-5 : Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur le taux de cendres des échantillons. Les résultats des analyses de taux de cendres, après imprégnation en solution aqueuse, sans métal, ne sont pas présentés pour les échantillons de cellulose et de xylane. Dans le cas de la cellulose, après imprégnation, le taux de cendres des échantillons est toujours extrêmement faible (< 0,04%). Dans le cas particulier du xylane, où la solution d’imprégnation n’est pas éliminée par filtration mais par évaporation, les matières inorganiques, extraites de l’échantillon lors de l’imprégnation, se déposent sur l’échantillon lors de l’étape d’évaporation de l’eau ; ce qui a pour conséquence un taux de cendres inchangé après imprégnation. 3. Teneur en métal des échantillons imprégnés 3.1 Principe de l’imprégnation d’espèces métalliques dans la biomasse L'imprégnation des espèces métalliques a été réalisée selon la méthode d’imprégnation EDF (Equilibrium Deposition Filtration), qui consiste en une immersion complète de la biomasse dans une solution dans laquelle un sel du métal à imprégner a été dissout. Cette méthode permet généralement une excellente dispersion du métal dans la matrice, ce qui implique une importante surface active de catalyseur disponible [25]. L’adsorption des espèces métalliques en surface de la matrice est due principalement à des échanges de cations, à des liaisons hydrogènes et à la formation de complexes superficiels [26-28]. Ces phénomènes se déroulent majoritairement entre les espèces métalliques et des fonctions oxygénées de la matrice lignocellulosique [26]. De nombreux facteurs contrôlent l’efficacité de l’imprégnation des espèces métalliques dans la biomasse comme le pH de la solution, les natures du métal et de la biomasse, le ratio massique (métal / biomasse) du mélange, la température, la pression ou l’agitation de la solution [21, 22, 29]. Le pH est un facteur particulièrement important, dans la mesure où il influe à la fois sur la spéciation du métal et sur la répartition des charges en surface de la biomasse. En fonction du pH, une espèce métallique M peut se retrouver sous différentes formes en solution, par exemple M2+, M(OH)+ ou M(OH)2 pour un cation divalent. A un pH faible, le cation métallique est l’espèce majoritaire, ce qui facilite une adsorption du type échange ionique. En augmentant la valeur du pH, les espèces métalliques sont de moins en moins chargées et l’adsorption se fait également par des liaisons hydrogènes. Des équations pour expliquer ces phénomènes d’adsorption sont proposées par Shukla et al. [28] : Echange ionique : 2(R–COH) + M2+ (R–CO)2M + 2H+ + R–COH + M(OH) R–COMOH + H+ 141 Chapitre III : Impact de l’imprégnation Liaison hydrogène : 2R–COH +M(OH)2 (R–COH)2M(OH)2 Une fois adsorbée à la surface de la biomasse, l’espèce métallique peut se réorganiser sous forme de complexe métallique, plus stable. Dans ces équations, les réactions d’échange ionique provoquent la formation en solution d’ions H3O+. Il arrive également que le cation métallique remplace un autre cation métallique, naturellement présent dans la biomasse (principalement K+, Ca2+, Mg2+) [30]. Lorsque le pH est très faible, l’adsorption des espèces métalliques est en concurrence avec celles des ions H3O+, qui sont majoritaires en solution. Ainsi, avec certains cations (Cu2+, Cd2+, Pb2+, Ni2+), la concentration de métal adsorbé est quasiment nulle pour des valeurs de pH inférieures à 1,5 [21, 30]. Enfin, lorsque le pH de la solution d’imprégnation est trop élevé, les espèces métalliques sont susceptibles de former des précipités sous la forme d’hydroxydes métalliques, ce qui limite considérablement les interactions chimiques avec la biomasse [31]. Le pH influe également sur la répartition des charges en surface de la biomasse. Pour estimer les capacités d’adsorption d’une biomasse, il est possible de mesurer son Point de Charge Nulle (PCN), qui correspond au pH de la solution pour lequel la charge globale de la matrice lignocellulosique est nulle. La méthode adoptée pour le mesurer est basée sur le principe que, lorsque le pH de la solution correspond au PCN d’une biomasse, l’introduction de cette biomasse dans la solution ne provoque pas de modification de la valeur du pH de la solution [32, 33]. Pour optimiser l’adsorption d’une espèce métallique présentes en solution, dans une biomasse, il convient d’imprégner la biomasse dans une solution ayant un pH supérieur à celui du PCN, condition pour laquelle la charge globale de la biomasse est négative. En effet, l’augmentation de la quantité de charges négatives dans la biomasse, essentiellement portées par des fonctions oxygénées, favorise l’attraction des atomes de métal, qui sont des accepteurs d’électrons. Par exemple, plus le pH est élevé plus, au sein de la biomasse, la proportion de fonctions acides carboxyliques et esters diminue au profit de la proportion des fonctions carboxylates, qui sont des fonctions chargées négativement qui attirent fortement les métaux [34, 35]. De ces observations, il apparaît que plus le pH de la solution est élevé, plus les capacités d’adsorption de métal d’une biomasse sont fortes. Cependant, pour favoriser une adsorption par interaction chimique, condition indispensable pour une bonne répartition du métal, la valeur du pH ne doit pas être trop élevée pour s’assurer que l’espèce métallique soit en solution et non sous la forme d’un précipité [36]. Dans le cas de l’imprégnation de nickel, alors que le pH initial des solutions était compris, selon la concentration en nitrate de nickel, entre 3,5 et 5,5, la formation de précipités de nickel en solution n’est observée que pour des valeurs de pH supérieures à 7. Ces observations justifient le fait que nous ayons relevé le pH des solutions de nickel à une valeur de 6,0 pour faciliter l’imprégnation du métal. Dans le cas de l’imprégnation de nitrate de fer, le pH des solutions était compris entre 0,5 et 2. La formation de précipités de fer étant possible pour des valeurs de pH supérieures à 2,5 [37], aucune augmentation de pH n’a été apportée aux solutions d’imprégnation. 3.2 Préparation des échantillons imprégnés de métaux La liste des échantillons imprégnés, préparés à partir des constituants isolés de la biomasse, est fournie dans le Tableau II.2. Les teneurs en métal des échantillons de cellulose et de lignine sont toutes de 0,28 mmol/g +/- 5 %. Dans la mesure où les métaux insérés dans les échantillons de xylane ne sont, à priori, pas tous imprégnés par interactions chimiques avec le xylane (voir protocole d’imprégnation au II.2.2), une teneur plus élevée en métal, que dans le cas des échantillons de 142 Chapitre III : Impact de l’imprégnation cellulose et de lignine, a été insérée dans ces échantillons, dans le but d’avoir, lors des tests de pyrolyse, un effet catalytique du métal suffisamment marqué. La liste des échantillons de biomasse imprégnés, dont la conversion a été étudiée par pyrolyse, est détaillée dans le Tableau II.1. Pour chaque type de biomasse (eucalyptus, hêtre ou bagasse) et chaque métal (fer ou nickel), des échantillons ont été préparés avec des teneurs en métal de 0,10 mmol/g +/- 20 %, 0,26 mmol/g +/- 15 % et 0,65 mmol/g +/- 10 %. D’une manière générale, plus la concentration en métal de la solution d’imprégnation est élevée, plus la teneur en métal dans la biomasse est forte, mais ces deux grandeurs n’évoluent pas de manière proportionnelle. Ce résultat peut se justifier par des problèmes de saturation des sites les plus nucléophiles de la biomasse [38]. De plus, comme expliqué précédemment, les mécanismes d’adsorption des espèces métalliques dépendent de leur charge. Or, selon la concentration du métal en solution, les proportions des différentes espèces de ce métal, qui sont plus ou moins chargées, varient [39, 40]. Dans la mesure où un mécanisme d’adsorption différent implique certainement une quantité de métal adsorbée différente, la variation des proportions des espèces du métal, dans les différentes solutions d’imprégnation, peut également expliquer la non proportionnalité observée. Pour imprégner une même teneur en métal, la bagasse est la biomasse pour laquelle la concentration initiale en métal dans la solution est la plus faible. Cependant, dans la mesure où le volume de la solution d’imprégnation de la bagasse est 3 fois plus important que celui utilisé pour l’imprégnation des bois (voir protocole au paragraphe II.2.1), la quantité de métal initiale, nécessaire pour obtenir une même teneur dans l’échantillon, est du même ordre de grandeur que pour les bois. En moyenne, pour imprégner dans une même biomasse une quantité similaire de métal, la concentration de la solution d’imprégnation de nickel doit être 1,8 fois plus importante que dans le cas de l’imprégnation de fer ; ce qui est conforme avec les données disponibles dans la littérature [26, 41]. L’imprégnation se fait par des interactions chimiques entre le cation métallique et les sites nucléophiles de la biomasse. Or les interactions sont plus fortes dans le cas d’un cation trivalent que dans le cas d’un cation divalent [42], ce qui explique la meilleure imprégnation du fer par rapport au nickel. Il a été spécifié au paragraphe précédent que les échantillons de biomasse, imprégnés en solution aqueuse, présentaient une teneur en métaux alcalins et alcalino-terreux inférieure à 0,2 %. Lors de l’imprégnation des échantillons dans des solutions contenant des sels de fer ou de nickel, la fixation des ions métalliques dans l’échantillon, notamment par réaction d’échange cationique, provoque une élimination supplémentaire de matières minérales. Ainsi, la teneur en métaux alcalins et alcalino-terreux, qui sont les éléments les plus cités pour leur effet catalytique sur les mécanismes de pyrolyse, est sans doute inférieure à 0,2 % pour tous les échantillons de biomasse. La quantité de fer ou de nickel imprégné dans les biomasses étant au minimum de 0,48 %, l’éventuel effet catalytique du métal imprégné devrait être assez marqué. Pour la suite, il est intéressant de remarquer que, dans les cendres obtenues par la combustion des échantillons imprégnés avec des fortes concentrations en fer, la teneur en ce métal représente environ 70 % (massique). L’essentiel des 30 % restant n’est pas composé d’autres éléments inorganiques, mais d’oxygène lié aux atomes de fer. En effet, dans les cendres de combustion, le fer se trouve sous la forme oxydée Fe2O3 [43, 44], dans laquelle les atomes de fer représentent 70 % de la masse. Dans les échantillons imprégnés avec des fortes concentrations en nickel, la teneur en ce métal représente environ 78 % de la masse de cendres, ce qui implique la présence de ce métal sous la forme oxydée NiO. 143 Chapitre III : Impact de l’imprégnation 4. Bilan de l’impact de l’imprégnation sur la composition de la biomasse L’étude effectuée dans ce chapitre apporte une connaissance plus précise de la composition des échantillons de biomasses, utile pour appréhender les mécanismes de conversion des constituants, qui se déroulent au cours de la pyrolyse de la biomasse, avec ou sans catalyseur imprégné. L’étude de l’impact de l’imprégnation a permis d’observer que, suivant le protocole utilisé, la mise en solution de la biomasse provoquait des pertes de masse d’environ 5 % dans une solution à pH 6,0 et 10 % dans une solution à pH 1,5. L’étude des teneurs en constituants a permis de mettre en évidence que la perte de masse est due à l’élimination des extractibles et à une hydrolyse partielle des hémicelluloses. La teneur en hémicelluloses des échantillons imprégnés peut diminuer de plus de 25 %, par rapport à celle de l’échantillon initial. Dans les conditions d’imprégnation mises en œuvre, la cellulose et la lignine ne sont quasiment pas extraites. En conséquence, leurs teneurs respectives dans les échantillons augmentent de quelques pourcents. Au niveau de la composition de la cellulose, il apparaît que l’imprégnation en solution provoque une légère déstructuration de la cellulose cristalline, dont une faible proportion est convertie en cellulose amorphe. Globalement, que la référence soit la quantité de cellulose ou d’échantillon, la variation du taux de cristallinité des échantillons excède rarement 10 %. L’imprégnation à un pH de 1,5 désorganise la phase amorphe de la cellulose, ce qui la rend plus instable, notamment par rapport aux réactions d’hydrolyse. Ces modifications de composition des échantillons, suite à leur imprégnation en solution aqueuse, justifient l’intérêt, dans le but d’étudier l’influence des métaux sur les rendements de conversion, de comparer les résultats de pyrolyse des échantillons imprégnés de métaux, à ceux obtenus à partir des échantillons de référence, imprégnés dans les mêmes conditions sans métal. Une élimination partielle des matières minérales est également observée lors de l’imprégnation. La teneur totale en métaux alcalins et alcalino-terreux, qui sont connus pour leur effet catalytique sur les mécanismes de pyrolyse de la biomasse, devient inférieure à 0,2 % dans tous les échantillons de biomasse imprégnés. La quantité de fer ou de nickel imprégnée dans les biomasses varie de 0,48 % à plus de 4 %. Dans l’hypothèse où ces métaux ont effectivement un effet catalytique (qui influe sur les mécanismes de pyrolyse de la biomasse) non négligeable par rapport à celui des métaux alcalins et alcalino-terreux, des variations marquées au niveau des rendements de pyrolyse devraient être constatées, lors des tests catalytiques. Dans l’optique d’une valorisation de la biomasse par gazéification, l’évolution de sa composition, en conséquence de l’étape d’imprégnation, est contrastée. L’extraction partielle des matières extractibles organiques et des hémicelluloses est défavorable puisqu’elle constitue une perte de matières organiques valorisables. Par contre, l’extraction des matières inorganiques, comme les métaux alcalins, se révèle intéressante. En effet, dans les procédés exploitant le gaz produit par gazéification, les métaux alcalins sont responsables de la formation de dépôts qui provoquent des problèmes de désactivation des catalyseurs et de corrosion des organes métalliques. 5. Références bibliographiques du Chapitre III 1. Eom, I.-Y., K.-H. Kim, J.-Y. Kim, et al., Characterization of primary thermal degradation features of lignocellulosic biomass after removal of inorganic metals by diverse solvents. Bioresource Technology, 2011. 102(3): p. 3437-3444. 144 Chapitre III : Impact de l’imprégnation 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. Kleen, M. and G. Gellerstedt, Influence of inorganic species on the formation of polysaccharide and lignin degradation products in the analytical pyrolysis of pulps. Journal of Analytical and Applied Pyrolysis, 1995. 35(1): p. 15-41. 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Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse de la cellulose .......................... 157 2.3. Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse du xylane .................................. 161 2.4. Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse de la lignine .............................. 164 2.5. Apport de l’étude de la pyrolyse des constituants imprégnés................................................................. 167 3. Pyrolyse des échantillons de biomasse ................................................................................................... 170 3.1. Rendements de pyrolyse des échantillons sans métal imprégné ............................................................ 170 3.2. Influence du fer sur les rendements de pyrolyse ..................................................................................... 174 3.3. Influence du nickel sur les rendements de pyrolyse ................................................................................ 179 4. Conclusion .............................................................................................................................................. 185 5. Références bibliographiques du Chapitre IV ............................................................................................ 186 148 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse CHAPITRE IV - INFLUENCE DES METAUX IMPREGNES SUR LES RENDEMENTS DE PYROLYSE Dans ce chapitre, l’objectif est d’étudier l’influence des catalyseurs métalliques sur les rendements des principaux produits de pyrolyse. Les résultats présentés concernent les tests réalisés dans le four tubulaire. Suite à quelques observations pour justifier les choix des paramètres expérimentaux utilisés dans ce dispositif et caractériser la précision de la méthode, les résultats des expériences de pyrolyse seront exposés. Nous présentons d’abord les résultats obtenus lors de la conversion des constituants, puis ceux concernant la conversion des biomasses. Pour chaque type d’échantillon, une même démarche a été suivie : (1) analyse des rendements de pyrolyse de l’échantillon brut non traité, (2) étude de l’influence de l’imprégnation en solution aqueuse sans catalyseur sur les rendements de pyrolyse, (3) étude de l’influence des catalyseurs métalliques imprégnés sur les rendements de pyrolyse. Afin de tenir compte de l’influence de l’imprégnation et du pH de la solution d’imprégnation sur la composition des échantillons, les résultats obtenus à partir des échantillons imprégnés de métaux seront comparés à ceux obtenus à partir des échantillons de référence, imprégnés dans les mêmes conditions de pH dans des solutions aqueuses sans métal. Ainsi, les rendements de conversion des échantillons imprégnés de nickel seront comparés à ceux du même échantillon imprégné dans une solution aqueuse à un pH de 6,0, et les rendements des échantillons imprégnés de fer à ceux du même échantillon imprégné à un pH de 1,5. Par cette méthode, les différences observées devraient être essentiellement dues à l’effet catalytique des métaux imprégnés. 1. Validation de la méthode associée au dispositif expérimental Avant une présentation détaillée des résultats, plusieurs observations sont nécessaires pour justifier les paramètres expérimentaux sélectionnés et valider la précision de la méthode adoptée. 1.1. Choix des paramètres expérimentaux En ce qui concerne les expériences réalisées à partir des constituants isolés de la biomasse, pour chaque constituant, les conversions par pyrolyse d’un échantillon imprégné de fer et d’un autre imprégné de nickel, avec la même teneur molaire en métal, ont été étudiées. Ces expériences, dont la plupart ont été réalisées à deux reprises, ont pour but de déterminer l’influence globale de chaque catalyseur sur les mécanismes de conversion de chaque constituant. Les expériences réalisées à partir des échantillons de biomasse ont pour but d’évaluer, de manière précise, l’influence des catalyseurs et de leur teneur dans la biomasse sur les rendements de pyrolyse, notamment ceux en goudrons. Chaque biomasse a été imprégnée de chaque métal avec trois teneurs différentes (0,10, 0,26 et 0,65 mmol/g biomasse). En prenant en compte les échantillons bruts et de référence, au total, 27 expériences (voir liste au paragraphe II.2.1) de pyrolyse ont été effectuées et toutes ont été réalisées à deux reprises. Notre dispositif expérimental a conduit à des bilans massiques (somme des produits solide, liquide et gazeux) atteignant en moyenne 89,6 % avec l’eucalyptus, 89,2 % avec le hêtre et 87,9 % avec la bagasse. Plusieurs auteurs ont signalé la difficulté d’obtenir des bilans massiques proches de 100 % dans ce type de dispositif ; les valeurs relevées dans la littérature sont généralement comprises entre 85 % et 95 % [1-5]. Le char demeure dans la nacelle tout au long de 149 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse l’expérience et sa pesée est réalisée à l’aide d’une balance, avec une incertitude sur la mesure négligeable par rapport à la masse manquante au niveau du bilan massique. Les gaz incondensables, dégagés de l’échantillon, sont entraînés par le gaz de balayage et se retrouvent en totalité dans le sac d’échantillonnage en fin d’expérience. La mesure de la concentration des molécules de gaz incondensables, par Micro-GC avec la méthode de l’étalonnage interne, est également très précise (incertitude < 1 %). A partir de ces observations, nous supposons que la masse manquante au bilan massique est certainement due à une sous-estimation de la masse de l’huile de pyrolyse. Pour rappel, cette masse est déterminée par pesée du système de récupération des liquides, dans lequel l’huile de pyrolyse s’est condensée. Les bilans massiques, obtenus lors des expériences réalisées à partir des constituants, confortent cette hypothèse. Ils atteignent en moyenne 92,0 % avec la lignine, 87,3 % avec le xylane et 82,2 % avec la cellulose ; c'est-à-dire que plus l’échantillon conduit à des rendements élevés en huile de pyrolyse (cellulose > xylane > lignine), plus les résultats des bilans massiques s’éloignent de 100 %. La sous-estimation des rendements en huile de pyrolyse peut être expliquée par deux principales hypothèses : - une condensation des goudrons les plus lourds, qui se déposent sur les parois du réacteur, avant le système de récupération des liquides ; - un piégeage incomplet des goudrons les plus volatils (formaldéhyde, acétaldéhyde, acétone…) qui sont entraînés par le gaz de balayage et se condensent en aval du système de récupération des liquides. Le choix du débit de gaz inerte, relativement élevé dans notre protocole, a notamment pour objectif d’éviter la condensation des goudrons en amont du système de récupération des liquides. Deux expériences complémentaires ont été effectuées pour estimer la quantité d’huile de pyrolyse non condensée dans le système de récupération des liquides. Dans cette optique, un filtre composé d’un lit de silicagel a été introduit entre le système de récupération des liquides et le sac d’échantillonnage des gaz (voir Annexe 3). La coloration jaune d’une partie du silicagel, observée en fin d’expérience (Annexe 3), confirme qu’une fraction des goudrons n’est pas condensée dans le système de récupération des liquides et a été piégée dans le filtre de silicagel. Lors de ces deux expériences, l’augmentation de la masse du silicagel, attribuée à la quantité de goudrons condensés, représente en moyenne 18 % de la masse totale de l’huile de pyrolyse. Dans le but d’améliorer les bilans massiques, une diminution du débit de gaz inerte permettrait, sans doute, un plus faible taux de goudrons entraînés en aval du système de récupération des liquides. Cependant, dans le cadre de notre étude sur les mécanismes de conversion, cette option n’a pas été retenue. En effet, une réduction du débit de gaz inerte provoque une augmentation du temps de séjour des gaz dans le réacteur, ce qui favorise les réactions secondaires. Or, plus les réactions secondaires sont fréquentes, plus les goudrons sont transformés et plus il sera délicat de comprendre par quels mécanismes ils ont été formés. Le rapport des rendements des molécules de phénol (goudron secondaire) et de benzène (goudron tertiaire) dans l’huile de pyrolyse peut être considéré comme un indicateur du degré de maturation des goudrons. Plus les conditions sont défavorables pour les réactions de craquage, plus le rendement en phénol est élevé par rapport à celui en benzène [1]. Lors de travaux antérieurs, réalisés à une température de 700 °C dans le même réacteur que celui de notre étude, le rapport des rendements (phénol / benzène) obtenu lors de la pyrolyse de bois dur était de 4,4 avec un débit de gaz inerte de 18,3 NL/h [4] et de 8,9 avec un débit de 40NL/h [3]. A partir de ces données, nous avons fait le choix de maintenir le débit de gaz inerte à 40NL/h, afin de limiter les probabilités de réactions secondaires. De plus, notre étude se focalise prioritairement sur les goudrons qui posent le plus de problèmes, notamment en raison de leur facilité à se condenser, lors de la mise en œuvre des 150 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse procédés de gazéification. En toute logique, les goudrons non condensés dans le système de récupération sont des molécules très volatiles (formaldéhyde, acétaldéhyde, acétone…), qui sont faciles à convertir [6, 7]. Ainsi, le débit relativement élevé de gaz inerte, utilisé dans notre étude, limite la précision sur la détermination des rendements des goudrons les plus volatils, mais améliore qualitativement et quantitativement les résultats qui concernent les goudrons les plus lourds. Par rapport à la même problématique de limiter les réactions secondaires, nous avons également fait le choix, par rapport aux études antérieures sur le même réacteur, de réduire la température de conversion à la valeur de 600 °C. Cette adaptation doit permette de limiter les réactions de craquage dans le réacteur, ce qui est confirmé par les valeurs des rapports de rendements (phénol / benzène), obtenus dans notre étude, qui sont respectivement de 55 et de 35 lors de la pyrolyse d’eucalyptus et de hêtre. 1.2. Répétabilité de la méthode expérimentale Pour s’assurer de la répétabilité de la méthode, les écarts-types, sur les résultats des rendements des principales fractions produites, ont été calculés pour chaque échantillon de biomasse et les valeurs moyennes sont présentées dans le Tableau IV-1. Pour chaque fraction, les valeurs moyennes, toutes inférieures à 1 %, assurent que la méthode est très répétable. Les valeurs des écarts-types, sur les mesures des rendements en char et en gaz, confirment la faible incertitude associée à ces mesures. Une incertitude légèrement plus élevée est observée sur la mesure du rendement en huile de pyrolyse. Cependant, l’écart-type sur cette mesure, en moyenne inférieur à 1 %, permet de conclure que, pour une même expérience, répétée avec le même échantillon, la quantité de goudrons non condensés varie peu, et que la répétabilité de la méthode peut être considérée comme satisfaisante. Tableau IV-1 : Ecarts-types sur les mesures des rendements des produits de pyrolyse (exprimés en % par rapport à la masse dcf de biomasse, calculés à partir de 27 expériences réalisées à deux reprises). écart-type (moyenne) écart-type relatif (moyenne) char huile gaz bilan massique CO2 CO CH4 H2 0,34 1,8 0,98 2,0 0,37 1,5 1,69 1,0 0,17 1,6 0,21 2,0 0,06 3,8 0,01 4,8 En se basant sur les expériences complémentaires réalisées avec le filtre de silicagel, qui ont montré qu’en moyenne 18 % de l’huile de pyrolyse n’était pas condensée, la quantité d’huile non condensée a été estimée à partir de la quantité d’huile condensée, pour chacun des 27 échantillons de biomasse convertis par pyrolyse. La différence entre la quantité totale de produits non quantifiée (100 – bilan massique) et l’estimation de la quantité d’huile non condensée représente, en moyenne 0,5 % et au maximum 2,4 % de la masse dcf de l’échantillon. Ces valeurs étant du même ordre de grandeur que l’écart-type moyen sur la mesure du bilan massique (Tableau IV-1), il apparaît que, dans les expériences menées avec notre dispositif expérimental, l’essentiel des produits non quantifiés sont des goudrons condensés en aval du système de récupération des liquides. Par la suite, dans le but de mieux rendre compte de la quantité d’huile de pyrolyse produite, nous avons fait le choix de déterminer le rendement en huile par différence : huile (%) = 100 - char (%) - gaz (%). Par contre, les rendements de chacune des molécules analysées dans l’huile de pyrolyse ont été déterminés en prenant uniquement en compte la masse d’huile condensée dans le système de récupération. Les rendements des composés condensés en aval du système de récupération ne peuvent pas être estimés, dans la mesure où la composition de la fraction obtenue dans le système 151 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse de récupération est certainement très différente de celle de la fraction condensée en aval de ce même système. Les écarts-types relatifs sur les mesures des rendements des molécules organiques de l’huile de pyrolyse, quantifiées par GC/MS sont, en moyenne, respectivement de 8,9 % et 14,1 % pour les molécules ayant des rendements supérieurs à 0,01 % et 0,001 % (par rapport à la masse dcf de biomasse). L’écart-type sur la mesure des rendements en eau, déterminés à l’aide de l’appareil Karl-Fischer, est en moyenne de 0,70 %, ce qui correspond à un écart-type relatif moyen de 3,4 %. Le rendement total en goudrons produits est déterminé comme étant la différence entre le rendement en huile de pyrolyse (déterminée par différence) et le rendement en eau condensée dans le système de récupération des liquides. L’écart type moyen sur la mesure du rendement total en goudrons est de 0,60 %, soit un écart type relatif moyen de 2,0 %. Ce calcul implique que l’intégralité de l’eau produite soit condensée dans le système de récupération des liquides. Cette hypothèse est basée sur le fait que l’eau, bien moins volatile que certaines des molécules organiques les plus concentrées de l’huile de pyrolyse (formaldéhyde, acétone, acétaldéhyde), est moins susceptible que ces molécules d’être entraînée par le gaz inerte en aval du système de récupération des liquides. Si cette hypothèse n’était pas vérifiée, les rendements en goudrons et en eau ne seraient entachés que d’une légère erreur. Par exemple, pour une huile de pyrolyse dont la teneur en eau est calculée à 40 % avec notre méthode, dans le cas peu probable où la fraction non condensée (18 % de l’huile) était formée de 10 % d’eau, les rendements en eau serait sous-estimés de 4,3 % (ce qui représente moins de 0,9 % de la masse dcf de l’échantillon) et ceux en goudrons surestimés de 3,1 % (moins de 0,8 % de la masse dcf de l’échantillon). Ces erreurs de calcul seraient donc de l’ordre de grandeur des écarts-types relatifs sur les mesures des rendements en eau et en goudrons. Enfin, les écarts-types relatifs sur les mesures des rendements des principales molécules de gaz, donnés dans le Tableau IV-1, sont tous inférieurs à 5 %, et sont légèrement plus élevés pour les molécules les moins concentrées. Les étapes du calcul des rendements des principaux produits et les écarts-types sur les mesures sont récapitulées sur la Figure IV-1. Figure IV-1 : Etapes du calcul des rendements des principales fractions produites (l’écart-type moyen sur les mesures σ est précisé entre parenthèses). 152 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse 2. Pyrolyse des constituants majeurs de la biomasse 2.1. Rendements de pyrolyse des constituants isolés Les rendements de pyrolyse des constituants isolés de la biomasse, obtenus à l’aide du dispositif expérimental mis en œuvre dans cette étude, sont exposés sur la Figure IV-2. Les valeurs des rendements des différentes fractions coïncident assez bien avec les gammes spécifiées dans la partie bibliographique (paragraphe I.4.3). La cellulose est la matière première pour laquelle la dépolymérisation est la plus forte, ce qui conduit aux rendements les plus élevés en goudrons et en CO, qui est notamment formé par des réactions secondaires subies par les produits de dépolymérisation [8, 9]. Les hémicelluloses, polysaccharides composées de multiples ramifications, comprennent de nombreuses liaisons peu stables thermiquement, ce qui explique des rendements en gaz, notamment en CO2, plus élevés que pour la cellulose [7, 10, 11]. Enfin, la lignine, constituée d’une grande proportion de noyaux aromatiques, fournit par pyrolyse les rendements les plus élevés en char. char eau gaz goudrons CO2 100 20 0 27,8 14,0 15,2 23,9 21,6 C-brut H2 25 24,2 13,2 CH4 30 41,1 60 40 25,4 45,4 rendements (%) rendements (%) 80 21,7 CO 20 15 10 5 26,6 0 X-brut C-brut L-brut X-brut L-brut Figure IV-2 : Rendements massiques (% par rapport à la masse sèche) de pyrolyse de la cellulose, du xylane et de la lignine. Les huiles de pyrolyse obtenues de la conversion de chacun des constituants ont été analysées par GC/MS et des exemples de chromatogrammes de ces analyses sont fournis en Annexe 4. Dans le cadre de cette étude, 47 molécules organiques ont été identifiées et quantifiées par GC/MS. Ces molécules, dont les formules semi-développées sont présentées sur la Figure IV-3, peuvent être regroupées selon des caractéristiques chimiques particulières, qui donnent des indices sur leur origine et les mécanismes de formation dont elles sont issues. Les molécules à chaîne courte (molécules C1 à C3) sont généralement des produits issus de réactions de fragmentation et de craquage. Le lévoglucosan est le principal produit de la dépolymérisation de la cellulose [9, 12]. Le motif furane, observé au sein de certaines molécules, provient généralement d’une réorganisation du cycle pyrane des molécules de polysaccharides [7, 13, 14]. Les molécules contenant un motif cyclopentènone sont formées à partir de chaînes linéaires comprenant au minimum 5 atomes de carbone [15]. Les molécules contenant un motif phénol sont majoritairement des dérivés des monolignols, formés par dépolymérisation et fragmentation de la lignine [16, 17]. Enfin, les molécules aromatiques désoxygénées contenant un ou plusieurs cycles aromatiques sont obtenues suite à de nombreuses réactions, ce qui permet difficilement d’identifier à partir de quel constituant elles ont été formées [16]. 153 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Molécules C1-C3 méthanol Molécules contenant un cycle non benzénique formaldéhyde acide formique lévoglucosan acétaldéhyde hydroxyacétaldéhyde acide acétique 5-méthylfurfural hydroxyacétone furfural alcool furfurylique benzofurane acide propionique 2-cyclopentèn-1-one 3-méthyl-2-cyclopentèn-1-one Molécules avec un motif phénol phénol guaiacol o-crésol m-crésol 2-méthoxy-4-méthylphénol eugénol p-crésol 2,4-diméthylphénol 4-éthyl-2-méthoxyphénol 3,4-diméthylphénol 2,6-diméthoxyphénol hydroquinone 1-naphtol 2-naphtol Molécules aromatiques désoxygénées benzène HAP indène fluorène toluène o-xylène 2-méthylindène acénaphtène m-xylène p-xylène naphtalène acénaphtylène éthylbenzène phényléthène 1-méthylnaphtalène anthracène phényléthyne 2-méthylnaphtalène phénanthrène Figure IV-3 : Formules semi-développées des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse ; les molécules caractéristiques de la conversion d’un constituant (voir paragraphe IV.2.5) sont en bleu pour l’holocellulose, en vert pour la cellulose et en rouge pour la lignine. Les rendements des molécules organiques, quantifiées par GC/MS, dans les huiles obtenues par pyrolyse des constituants majeurs de la biomasse sont détaillés dans le Tableau IV-2. La quantité totale de goudrons dosés représente respectivement pour la cellulose, le xylane et la lignine, 51 %, 62 % et 15 % de la quantité de goudrons condensés dans le système de récupération des liquides. Une grande partie des goudrons non quantifiés appartient sans doute à la classe 1 de la classification des molécules établie par l’ECN (paragraphe I.5.1.1), c’est-à-dire le groupe des oligomères dont la volatilité est trop faible pour être analysés par GC. Plusieurs auteurs signalent la présence de tels 154 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse composés dans les huiles de pyrolyse de l’holocellulose et de la lignine [18-20]. Ces composés, de masse molaire élevée (> 200 g/mol), sont généralement obtenus en plus grande proportion à partir de la lignine, d’où le nom de lignine pyrolytique donné aux molécules responsables de la forte viscosité des huiles de pyrolyse de biomasse [20, 21] ; ce qui explique la faible teneur en goudrons quantifiés dans l’huile de pyrolyse de la lignine. Tableau IV-2 : Rendements (en mg par g d’échantillon dcf) des molécules organiques dosées dans les huiles obtenues par pyrolyse de la cellulose, du xylane et de la lignine. Molécules C1-C3 (mg/g) méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde hydroxyacétaldéhyde acide acétique hydroxyacétone acide propionique total C-brut X-brut L-brut 1,3 28,0 4,0 3,6 15,9 9,6 4,6 3,8 70,8 13,4 4,8 3,7 2,0 3,3 11,5 6,9 7,3 52,8 1,3 0,1 nd < 0,1 nd 1,6 nd 0,6 3,6 Molécules avec un cycle non benzénique (mg/g) 36,0 nd lévoglucosan 0,5 0,4 alcool furfurylique 4,1 1,7 furfural 1,0 nd 5-methylfurfural 0,1 nd benzofurane 1,2 0,8 2-cyclopentèn-1-one 0,3 0,5 3-méthyl-2-cyclopenten-1-one 43,3 3,4 total Molécules avec un motif phénol (mg/g) 1,1 phénol 0,5 o-crésol 0,4 m-crésol 0,2 p-crésol 0,2 2,4-diméthylphenol 0,1 3,4-diméthylphenol 0,5 hydroquinone nd guaiacol nd 2-méthoxy-4-méthylphénol nd 4-éthyl-2-méthoxyphénol 0,8 1,0 0,6 0,3 0,6 0,1 0,2 nd nd nd nd nd 0,1 nd 0,2 0,3 0,1 0,6 4,1 4,9 1,1 3,9 7,1 0,1 0,2 nd nd < 0,1 C-brut Molécules avec un motif phénol (suite) nd eugénol < 0,1 2,6-diméthoxyphénol 0,1 1-naphtol 0,1 2-naphtol 3,1 total X-brut L-brut nd < 0,1 < 0,1 0,1 3,8 0,1 0,1 0,1 0,2 21,8 Molécules aromatiques désoxygénées (mg/g X 10) < 0,1 < 0,1 benzène 0,1 0,2 toluène 0,1 0,2 o-xylène 0,1 0,3 (m+p)xylène 0,0 0,1 éthylbenzène 0,2 0,1 phényléthène nd nd phényléthyne 0,5 0,8 total 0,1 0,7 0,5 0,9 0,4 0,7 <0,1 3,2 HAP légers (mg/g X 10) indène 2-methylindène naphtalène 1-méthylnaphtalene 2-méthylnaphtalene fluorène acenaphtène acenaphtylène anthracène phenanthrène total Total des goudrons quantifiés (mg/g) 0,5 0,3 0,6 0,5 0,4 0,1 0,1 0,1 0,1 0,1 2,7 0,5 0,1 0,6 < 0,1 0,6 0,3 0,1 0,1 0,1 0,1 2,5 1,3 0,8 1,3 1,7 1,0 0,2 0,2 0,3 0,1 0,2 7,2 117,4 60,3 27,0 La majorité des molécules dosées appartient à la classe 2 (hétérocycles et molécules oxygénées), constituée de molécules de goudrons primaires et secondaires. Les composés des classes 3 (molécule aromatique légère désoxygénée) et 4 (HAP léger) sont en très faibles concentrations dans les huiles de pyrolyse analysées. La concentration totale de ces composés la plus élevée, obtenue dans le cas de la pyrolyse de la lignine, ne représente que 1,2 % de la masse d’huile pour les composés de la classe 3 et 2,7 % pour ceux de la classe 4. Du fait de leurs faibles rendements, les composés des classes 3 et 4 seront respectivement regroupés, par la suite, sous les noms benzènes et HAP légers. Parmi les composés de la classe 5 (HAP lourds), seul le pyrène et le fluoranthène ont été détectés, mais à l’état de trace (< 10-4 mg/g). Les faibles concentrations de goudrons tertiaires (composés appartenant aux classes 3, 4 et 5), observées dans les huiles de pyrolyse analysées, montrent que les conditions mises en œuvre pour cette étude permettent bien d’obtenir principalement des goudrons 155 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse ayant subi peu de réactions secondaires, ce qui était le but recherché, dans l’optique d’étudier les mécanismes des réactions de pyrolyse. Parmi les composés de la classe 2, les huiles de pyrolyse de la cellulose et du xylane sont celles qui contiennent les plus fortes concentrations en molécules C1-C3. Ces molécules proviennent des réactions de fragmentation des polysaccharides, ainsi que du craquage de produits de dépolymérisation comme le lévoglucosan ou le 1,4-anhydro-D-xylopyranose [7, 8]. Dans les conditions de notre expérience (600 °C sous atmosphère inerte), les noyaux aromatiques, qui représentent près de 40 % de la masse de la lignine, sont stables [22, 23]. Ainsi, les produits de fragmentation de la lignine ne peuvent provenir que des chaînes alkyles et des groupements méthoxy en substitution des noyaux aromatiques, d’où la faible proportion des molécules C1-C3 dans les huiles de pyrolyse de la lignine. En ce qui concerne les molécules contenant un cycle non benzénique, le lévoglucosan (C6H10O5), principal produit de dépolymérisation de la cellulose, n’a été détecté que dans l’huile de pyrolyse de la cellulose. Les produits de dépolymérisation du xylane, polymère composé essentiellement d’unités de xylose, ne comprennent pas plus de 5 atomes de carbone. Un équilibre entre les formes pyrane et furane des cycles de la cellulose et du xylane a été mis en évidence par plusieurs auteurs [7, 9, 19, 24], d’où la présence de furfural et d’alcool furfurylique (molécules formée de 5 atomes de carbone) dans les huiles de pyrolyse du xylane, ainsi que du 5-méthylfurfural (C6H602), en plus des mêmes molécules, dans les huiles de pyrolyse de cellulose. L’huile de pyrolyse de la lignine se différencie, de celles obtenues à partir des polysaccharides, par des concentrations nettement plus élevées en molécules contenant un motif phénol, ce qui est logique puisque ce motif représente une forte proportion de la masse des monolignols, qui constituent la lignine. Certaines des molécules avec un motif phénol sont aussi identifiées, dans les huiles de pyrolyse de la cellulose et du xylane. Lors du processus de formation du char des polysaccharides, des noyaux benzéniques se forment [24, 25]. Si un des atomes de carbone, constituant le cycle formé, porte encore une fonction hydroxyle, un motif phénol est alors constitué, ce qui explique la présence de molécules comme le phénol, l’hydroquinone, les crésols (méthylphénols) et les diméthylphénols, dans les huiles de pyrolyse des polysaccharides [24]. Par contre, les molécules comprenant un motif phénol, dont le noyau benzénique est substitué par une ou deux fonctions méthoxy (guaiacol, 2-méthoxy-4-méthylphénol, eugénol, 4-éthyl-2-méthoxyphénol et 2,6-diméthoxyphénol), sont des dérivés des monolignols et sont caractéristiques des produits de pyrolyse de la lignine [26, 27]. Parmi celles-ci, seules trois ont été détectées, et uniquement dans l’huile de pyrolyse de la lignine, mais en faibles proportions. Par la suite, ces molécules ont été regroupées sous le nom de guaiacols. Les travaux de Hosoya et al. [28] expliquent ce résultat. A 600 °C, les chaînes alkyles et les groupements méthoxy en substitution des noyaux phénols sont très instables. La chaîne alkyle est raccourcie en un groupement méthyle ou substituée par un atome d’hydrogène. Le groupement méthoxy est substitué par un groupement hydroxyle, un groupement méthyle ou un atome d’hydrogène (Figure IV-4). Ces considérations expliquent très bien les fortes concentrations en phénol et en molécules avec un noyau phénol substitué en ortho ou en para, obtenues dans l’huile de pyrolyse de la lignine. 156 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Figure IV-4 : Substitutions possibles du noyau benzénique des goudrons produits lors de la pyrolyse de la lignine à 600 °C. 2.2. Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse de la cellulose rendements (%) Les rendements des fractions produites lors de la pyrolyse des échantillons de cellulose imprégnés, avec ou sans métal, sont comparés sur la Figure IV-5, à ceux obtenus pour la cellulose non traitée (C-brut). Les rendements des échantillons imprégnés en solution aqueuse, sans métal (CpH6 et C-pH1,5), sont très proches de ceux obtenus par pyrolyse de la cellulose brute. L’imprégnation en solution aqueuse ne semble donc pas influer sur les mécanismes de conversion de la cellulose, ce qui est confirmé par l’étude des compositions des fractions gazeuses et des huiles de pyrolyse, fournies respectivement dans les Tableau IV-3 et Tableau IV-4, qui sont sensiblement les mêmes pour C-brut, C-pH6 et C-pH1,5. Ces résultats sont cohérents par rapport aux analyses préliminaires (paragraphes III.1 et III.2) qui avaient montré que, les taux de cristallinité de ces trois échantillons étaient assez similaires (79,9 % pour C-brut, 83,7 % pour C-pH6 et 82,0 % pour C-pH1,5) et que leurs teneurs en matières inorganiques étaient extrêmement faibles (< 0,04 %). 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 41,1 41,6 34,1 39,5 31,5 goudrons 24,2 25,5 28,6 24,1 26,1 gaz eau 25,5 21,6 20,2 22,1 13,2 12,6 15,2 14,0 16,9 C-brut C-pH6 C-Ni0,28 C-pH1,5 C-Fe0,28 22,4 char Figure IV-5 : Rendements de pyrolyse (% par rapport à la masse dcf) des échantillons de cellulose imprégnés. Les échantillons imprégnés de fer (C-Fe0,28) et de nickel (C-Ni0,28) contiennent environ 45 mmol de métal par mol de glucopyranose. En comparaison avec les échantillons de référence respectifs, les rendements en goudrons obtenus lors des conversions de C-Fe0,28 et de C-Ni0,28 sont réduits de près de 20 %. Deux phénomènes principaux, liés à la présence des métaux peuvent expliquer cette évolution. Les métaux sont susceptibles : 157 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse - d’inhiber les réactions de dépolymérisation et de fragmentation de la cellulose, en catalysant d’autres mécanismes primaires, comme les réactions de formation du char ; de catalyser des réactions secondaires, notamment de craquage des molécules de goudrons, qui conduisent à la formation de molécules de faible masse molaire, dont certaines sont incondensables (essentiellement CO, CH4 et H2). La diminution des rendements en goudrons est compensée par une augmentation simultanée des rendements en char, en eau et en gaz. Avec les deux métaux, l’augmentation de la production de char atteint plus de 20 %, ce qui semble indiquer que des réactions du mécanisme de formation du char sont catalysées. Le mécanisme de formation du char est généralement associé à des réactions de déshydratation et de réarrangement, qui stabilisent la matrice carbonée par une plus forte réticulation, et provoquent le dégagement de molécules d’eau et de gaz incondensables [29, 30]. Dans notre étude, la présence de métaux imprégnés a conduit à de plus fortes productions en eau et en gaz incondensables d’environ 10 %, ce qui conforte l’hypothèse d’un effet catalytique favorisant la formation du char. En ce qui concerne les gaz incondensables dégagés, selon la plupart des auteurs, les réactions de formation de char conduisent essentiellement à la formation de CO2 et CO [24, 30]. Cependant, quelques études ont mis en évidence que les rendements en char étaient surtout corrélés à ceux en CO2 [31, 32]. Lors de nos expériences de pyrolyse de cellulose imprégnée, la présence de métal a conduit à une forte augmentation, de plus de 50 %, de la production de CO2 et à une diminution de celle de CO (voir Tableau IV-3). Il semble donc que ce soient les réactions de déshydratation et de décarboxylation, qui ont une part prépondérante, dans les réactions catalysées par les métaux qui favorisent la formation du char. Ce phénomène a également été observé par Jakab et al. qui ont obtenu par pyrolyse, suite à l’imprégnation de zinc dans la cellulose, en plus de rendements plus élevés en char, une augmentation de près de 50 % des rendements en eau et de 100 % de ceux en CO2 [33]. Dans le cas de l’imprégnation avec le fer, il apparaît que l’effet catalytique, qui favorise la formation du char, est un peu plus marqué que dans le cas du nickel, ce qui se traduit par une plus forte augmentation des rendements en char, en eau et en CO2. Tableau IV-3 : Rendements des principaux gaz incondensables (% par rapport à la masse dcf) obtenus par pyrolyse des échantillons de cellulose imprégnés. C-brut C-pH6 C-Ni0,28 C-pH1,5 C-Fe0,28 CO2 7,9 8,5 13,2 7,8 12,9 CO 14,2 14,8 13,4 14,2 11,3 CH4 0,93 0,94 0,79 1,01 0,86 H2 0,29 0,33 0,56 0,28 0,40 L’analyse de la composition des huiles de pyrolyse, détaillée dans le Tableau IV-4, apporte des éléments complémentaires. Par rapport aux échantillons de référence, l’huile obtenue à partir de la cellulose imprégnée de métal contient environ 20 % de lévoglucosan en moins. L’évolution de la quantité des molécules C1-C3 produites confirme que la réduction des rendements en lévoglucosan, principal produit de dépolymérisation de la cellulose, ne peut pas être expliquée, uniquement, par des réactions de fragmentation ou de craquage. En effet, un effet catalytique favorisant les réactions de fragmentation ou de craquage des molécules organiques auraient pour conséquence de plus forts rendements en molécules C1-C3, ainsi qu’en CO et en CH4. Or, nos expériences avec catalyseurs conduisent à une diminution globale des rendements en ces molécules. 158 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Tableau IV-4 : Rendements (en mg par g par rapport à la masse dcf) des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de cellulose imprégnés. Molécules C1-C3 (mg/g) méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde hydroxyacétaldéhyde acide acétique hydroxyacétone acide propionique total C-brut C-pH6 1,3 28,0 4,0 3,6 15,9 9,6 4,6 3,8 70,8 1,3 31,1 5,6 2,3 16,4 9,1 4,1 3,0 72,9 C-Ni0,28 C-pH1,5 C-Fe0,28 1,2 12,1 3,8 2,0 8,3 11,9 6,5 3,7 49,7 1,4 33,6 3,8 3,6 9,8 9,0 3,4 3,3 67,8 1,3 19,1 3,7 2,6 8,2 12,9 6,8 3,9 58,7 Molécules avec un cycle non benzénique (mg/g) 36,0 36,2 28,2 lévoglucosan 0,5 0,8 1,4 alcool furfurylique 4,1 3,8 6,4 furfural 1,0 1,0 2,3 5-methylfurfural 0,1 < 0,1 < 0,1 benzofurane 1,2 1,1 1,3 2-cyclopentèn-1-one 0,3 0,3 0,3 3-méthyl-2-cyclopenten-1-one 43,3 43,2 40,1 total 32,7 0,4 4,1 0,8 0,1 1,1 0,3 39,5 26,6 0,8 6,6 3,2 0,1 1,7 0,5 39,5 C-brut C-pH6 Molécules avec un motif phénol (mg/g) 1,1 1,0 phénol 0,5 0,5 o-crésol 0,4 0,4 m-crésol 0,2 0,2 p-crésol 0,2 0,2 2,4-diméthylphenol 0,1 0,1 3,4-diméthylphenol 0,5 0,5 hydroquinone < 0,1 < 0,1 guaiacols 0,1 0,1 1-naphtol 0,1 0,1 2-naphtol 3,1 3,0 total C-Ni0,28 C-pH1,5 C-Fe0,28 0,9 0,5 0,4 0,2 0,2 0,1 0,3 0,1 0,0 0,0 2,6 1,3 0,6 0,4 0,2 0,2 0,1 0,7 < 0,1 0,1 0,1 3,6 1,2 0,5 0,4 0,2 0,2 0,1 0,3 < 0,1 < 0,1 0,1 3,0 Benzènes (mg/g X10) 0,5 0,2 0,4 0,6 0,8 HAP légers (mg/gX10) 2,7 2,2 3,0 3,2 3,8 Total des goudrons quantifiés (mg/g) 117,4 119,3 92,7 111,3 101,6 Par contre, une plus forte production des molécules contenant un motif furane (alcool furfurylique, furfural, 5-méthylfurfural) est constatée dans les huiles obtenues à partir des échantillons imprégnés de métal (+ 80 % pour C-Ni0,28 et + 100 % pour C-Fe0,28). Ceci implique, qu’en présence de métal, la conversion du cycle pyrane en un cycle furane serait catalysée. Une plus forte fréquence de cette conversion, qui nécessite des réactions de déshydratation, est cohérente avec l’augmentation des rendements en eau, observée dans cette étude. En résumé, les métaux catalysent des réactions de déshydratation et de réarrangement au sein de la matrice carbonée, qui conduisent à une plus forte réticulation et à la formation de doubles liaisons C=C, puis de noyaux aromatiques, qui stabilisent cette matrice. D’après Pastorova et al. [24], au cours du processus de formation du char, les cycles pyranes disparaissent progressivement, tandis que se forment des cycles furanes et des cycles benzéniques. En fin de processus, le char est constitué uniquement de cycles benzéniques [24]. Ces considérations amènent à une nouvelle question, qui consiste à savoir si les cycles furanes sont formés en concurrence avec les cycles benzéniques ou s’ils constituent des intermédiaires entre les cycles pyranes et les cycles benzéniques. Dans le premier cas, leur formation, favorisée en présence de métaux, limiterait les rendements en char, tandis que dans le second, elle contribuerait à leur augmentation, évolution qui est celle qui a été observée dans cette étude. D’après la littérature, plus le taux de cristallinité de la cellulose est faible, plus les rendements en char sont élevés et plus ceux en lévoglucosan sont faibles [32, 34]. Ces évolutions ayant été constatées dans notre étude, suite à l’imprégnation de métal dans les échantillons, nous avons étudié le taux de cristallinité des échantillons de cellulose imprégnés de métal, afin de déterminer si les variations observées sont dues à un effet catalytique des métaux sur les mécanismes de réaction ou, uniquement à la réduction de la cristallinité de la cellulose, en conséquence de l’imprégnation de métal. Les diffractogrammes des échantillons de cellulose imprégnés de métaux sont présentés sur la Figure IV-6. Ils sont comparés au diffractogramme de la cellulose brute, qui est très semblable à ceux obtenus lors de l’analyse DRX de C-pH6 et C-pH1,5 (paragraphe III.1). Il apparaît clairement que le pic 159 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse à une valeur de 2θ de 22,7 °, caractéristique de la présence d’une phase cristalline, est bien plus faible pour l’échantillon C-Fe0,28 que pour les échantillons C-brut et C-Ni0,28. Les taux de cristallinité des échantillons, déterminés suivant la méthode de Segal, sont de 73,3 % pour C-Fe0,28, 78,9 % pour C-Ni0,28 et 79,9 % pour C-brut. 25000 intensité 20000 15000 C-brut C-Ni0,28 10000 C-Fe0,28 5000 0 0 10 20 2θ (°) 30 40 50 60 Figure IV-6 : Influence de l’imprégnation de métaux sur la cristallinité de la cellulose, analysée par DRX. L’imprégnation du fer, en milieu acide, a donc provoqué une réduction de la cristallinité de la cellulose. Comme proposé par des auteurs ayant étudié la pyrolyse de cellulose imprégnée de potassium [35, 36], du fait de leur caractère acide suivant la définition de Lewis, les cations imprégnés ont certainement déstabilisé des liaisons hydrogènes au sein de la cellulose cristalline, ce qui a conduit à une déstructuration partielle de la phase cristalline. La diminution d’environ 9 % du taux de cristallinité de la cellulose, suite à l’imprégnation du fer, contribue certainement à l’évolution des rendements observés pour C-Fe0,28. Dans le cas de l’imprégnation de nickel, le taux de cristallinité, presque inchangé, indique que les cations métalliques n’ont pas pénétré au sein de la cellulose cristalline. Cette différence peut s’expliquer en partie par le pH des solutions d’imprégnation. Les ions H3O+ en plus grand nombre (au moins 10 000 fois plus) dans la solution d’imprégnation du fer, par rapport à celle du nickel, ont pu participer, en association avec les cations métalliques, à la déstabilisation des liaisons hydrogènes au sein de la cellulose. De plus, la plus forte acidité de Fe3+, par rapport à Ni2+ [37], peut également expliquer une plus forte fragilisation des liaisons hydrogènes, dans le cas de l’imprégnation de fer. Il en résulte que pour C-Ni0,28, l’évolution des rendements observée est nécessairement due à un effet catalytique du nickel imprégné dans la cellulose amorphe ou en surface de la cellulose cristalline. Enfin, il est utile de signaler que les échantillons de cellulose imprégnés de métal ont produit, par pyrolyse, des quantités de CH4 plus faibles (- 16 % avec Ni et - 15 % avec Fe) et des quantités et de H2 plus fortes (+ 70 % avec Ni et + 43 % avec Fe) que leurs échantillons de référence respectifs. Deux principaux phénomènes sont liés à la production des molécules de H2. Elles sont formées en fin du processus de formation du char, lorsque de nouvelles liaisons covalentes se créent entre les noyaux aromatiques pour former une structure plus condensée [38, 39]. D’autres molécules de H2 peuvent également être produites par des réactions secondaires, comme le craquage des matières volatiles [40, 41]. Ces deux phénomènes sont certainement catalysés en présence de métal. En effet, l’augmentation des rendements en char, suite à l’imprégnation de métaux, a été attribuée à un effet catalytique, qui a conduit à une plus forte réticulation au sein de la matrice carbonée. Des réactions de déshydrogénation ont pu contribuer à cette réticulation [42]. De plus, l’augmentation des 160 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse rendements en char a pour conséquence immédiate, un plus grand nombre de noyaux aromatiques à recombiner, ce qui implique un potentiel de production de molécules de H2 plus important. Cependant, dans la mesure où l’augmentation des rendements en char est d’environ 20 %, ce phénomène ne suffit pas à expliquer l’augmentation, au moins 2 fois plus forte, des rendements en H2, ce qui signifie que des réactions secondaires en surface des métaux contribuent également à la production de H2. La plus forte progression des rendements en H2 avec le nickel tend à montrer que ces réactions secondaires sont plus fréquentes à la surface de ce métal qu’à celle du fer. 2.3. Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse du xylane Les rendements de pyrolyse des échantillons de xylane imprégnés, avec ou sans métal, sont comparés sur la Figure IV-7, à ceux obtenus pour le xylane non traité (X-brut). Pour rappel, dans le cas du xylane, suite à l’imprégnation, la solution d’imprégnation n’est pas filtrée, mais évaporée. En conséquence, les éventuelles matières inorganiques extraites au cours de l’imprégnation, ne sont pas éliminées et se redéposent sur l’échantillon, lors de son séchage par évaporation. Les rendements des échantillons imprégnés en solution aqueuse, sans métal (X-pH6 et X-pH1,5), sont du même ordre de grandeur que ceux obtenus par pyrolyse du xylane brut, ce qui indique que les étapes d’imprégnation et de séchage par évaporation n’ont pas provoqué de changement fondamental de la structure du xylane. Les valeurs similaires de rendements en char suggèrent que l’imprégnation a eu peu d’influence sur les mécanismes de réaction primaire. Par contre, pour les échantillons imprégnés, les rendements en goudrons sont plus élevés et ceux en gaz sont plus faibles que pour l’échantillon non traité. Cette évolution pourrait s’expliquer par une plus faible quantité de réactions secondaires, comme le craquage des goudrons. En effet, la surface active des matières inorganiques, extraites de la biomasse au cours de l’imprégnation, puis accumulées sous forme de dépôt, est sans doute plus faible que lorsque ces matières inorganiques étaient réparties au sein du xylane. En conséquence, dans la mesure où la probabilité d’interaction des matières volatiles avec la surface des éléments inorganiques est plus faible, les réactions de craquage sont limitées. rendements (%) 100 21,7 24,0 21,1 23,9 21,8 60 27,8 25,1 27,4 22,7 26,7 40 23,9 24,5 26,5 26,8 24,8 26,6 26,3 25,0 26,6 26,7 X-brut X-pH6 X-Ni0,50 X-pH1,5 X-Fe0,50 80 20 goudrons gaz eau char 0 Figure IV-7 : Rendements de pyrolyse (% par rapport à la masse dcf) des échantillons de xylane imprégnés. Cette hypothèse est appuyée par l’évolution de la composition des fractions gazeuses, détaillée dans le Tableau IV-5. La diminution des rendements en gaz, observée en conséquence de l’imprégnation, est essentiellement due à une plus faible production de CO et de CH4, qui sont les principaux gaz carbonés, formés par les réactions de craquage [40, 41]. 161 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Tableau IV-5 : Rendements des principaux gaz incondensables (% par rapport à la masse dcf) obtenus par pyrolyse des échantillons de xylane imprégnés. X-brut X-pH6 X-Ni0,50 X-pH1,5 X-Fe0,50 CO2 17,9 17,7 20,1 16,3 21,1 CO 7,4 5,1 5,8 4,6 4,2 CH4 1,06 0,84 0,33 0,73 0,45 H2 0,39 0,39 0,76 0,38 0,48 Par rapport aux résultats observés avec la cellulose, l’influence sur les rendements de pyrolyse de l’imprégnation de fer (X-Fe0,50) ou de nickel (X-Ni0,50), présentés sur la Figure IV-7, semble moins marquée avec les échantillons de xylane. Avec chacun des deux métaux, les rendements en goudrons sont réduits d’environ 10 %. Dans les échantillons de xylane imprégnés de métaux, la quantité de métal ajoutée représente environ 2,8 % de la masse totale de l’échantillon. Cet ajout de matière inorganique est relativement faible par rapport à la quantité déjà présente dans l’échantillon (pour rappel, le taux de cendres du xylane a été mesuré à 13,1 %), ce qui explique que l’effet catalytique des métaux imprégnés soit peu prononcé. L’imprégnation des métaux dans le xylane se fait, en partie, par échange cationique, notamment avec les cations inorganiques en interaction avec les fonctions carboxyles, portées par les unités d’acide 4-O-méthylglucuronique [3, 43]. Il est intéressant de constater que les rendements de pyrolyse obtenus avec l’échantillon X-Fe0,50 sont très similaires à ceux obtenus avec l’échantillon non traité, X-brut. Ainsi, il semble que le fer présente un effet catalytique assez semblable à celui des matières inorganiques remplacées au sein du xylane, lors de l’imprégnation. Les compositions des fractions gazeuses et des huiles de pyrolyse, obtenues lors de la conversion des échantillons imprégnés de métaux, sont respectivement détaillées dans le Tableau IV-5 et le Tableau IV-6. D’après la littérature, les éléments inorganiques présents dans le xylane favorisent la formation de char, de CO2 et d’eau par des réactions de réarrangement [44, 45]. Par rapport aux résultats obtenus avec X-pH1,5, les rendements de pyrolyse de X-Fe0,50 sont plus élevés en CO2 et en molécules avec un motif furane, ce qui va dans le sens d’un effet catalytique favorisant des réactions de réarrangement dans la matrice carbonée. Par contre, les rendements en eau obtenus à partir de X-Fe0,50 sont plus faibles que ceux obtenus à partir de X-pH1,5, ce qui n’est pas cohérent avec la plus forte production de molécules avec un motif furane, qui nécessite des réactions de déshydratation. Cependant, il faut noter que le rendement en eau, obtenu lors de la pyrolyse de XpH1,5, paraît anormalement élevé, notamment par rapport aux rendements mesurés avec X-brut et X-pH6. Cette valeur est à prendre avec précaution, car les expériences de pyrolyse des échantillons de xylane, imprégnés en solution aqueuse, n’ont pas été répétées. Enfin, l’augmentation de la production de H2, obtenue en conséquence de l’imprégnation de fer, est certainement due à un plus grand nombre de réactions secondaires, du fait de la plus grande quantité de matières inorganiques dans l’échantillon. Parmi ces réactions secondaires, il est possible que des réactions de reformage à la vapeur du CH4 soient catalysées à la surface du fer. Cette réaction, qui expliquerait la réduction des rendements en eau et en CH4, nécessite tout de même que l’eau et le CH4 soient produits simultanément lors de la pyrolyse. Par rapport aux résultats obtenus avec X-pH6, les rendements de pyrolyse de X-Ni0,50, en eau et en CO2, sont plus élevés respectivement de 9 % et 14 %. La plus forte production de ces molécules ne peut pas, dans ce cas, être associée au mécanisme de formation du char, car le rendement en char a diminué de près de 5 %. De la comparaison des analyses des huiles de pyrolyse obtenues à partir de 162 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse X-pH6 et X-Ni0,50 (voir chromatogrammes en Annexe 5), il apparaît que la présence du nickel a fortement modifié les mécanismes de conversion du xylane. Par rapport à l’huile produite avec XpH6, celle obtenue à partir de X-Ni0,50 contient environ 20 fois plus de molécules avec un motif furane, notamment de furfural (rendement de 4,5 %), tandis que le total des rendements des autres molécules quantifiées est réduit de 66 %. Lu et al. ont également obtenu une huile de pyrolyse contenant très majoritairement du furfural par pyrolyse de xylane imprégné de ZnCl2 [46]. Il apparaît clairement que, dans le xylane, le nickel catalyse la conversion du cycle pyrane en un cycle furane, ce qui explique l’augmentation de la production d’eau. Le plus faible rendement en char, malgré les réactions de déshydratation plus nombreuses, amène à l’hypothèse que le nickel catalyse également des réactions de dépolymérisation du xylane, soit provoquées par la conversion du cycle pyrane en un cycle furane, soit par des réactions de dépolymérisation, indépendante de cette conversion. Enfin, du fait de la stabilité des noyaux furanes, supérieure à celle des noyaux pyranes [47], les réactions de fragmentation et de craquage sont limitées, d’où la réduction des rendements des molécules C1-C3, observée en conséquence de l’imprégnation de nickel. Tableau IV-6 : Rendements (en mg par g par rapport à la masse dcf) des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de xylane imprégnés. X-brut X-pH6 X-Ni0,50 X-pH1,5 X-Fe0,50 13,4 4,8 3,7 2,0 3,3 11,5 6,9 7,3 52,8 6,8 6,0 2,8 3,4 5,5 13,1 9,0 9,6 56,2 5,1 0,6 1,0 1,0 < 0,1 9,0 1,1 1,1 18,8 7,4 9,7 1,7 3,5 7,9 13,8 10,6 9,1 63,6 4,8 1,2 4,2 1,3 1,0 12,1 7,6 3,5 35,9 Molécules avec un cycle non benzénique (mg/g) nd nd nd lévoglucosan 0,4 0,6 2,6 alcool furfurylique 1,7 1,9 45,3 furfural < 0,1 < 0,1 0,3 5-methylfurfural < 0,1 < 0,1 < 0,1 benzofurane 0,8 0,7 0,5 2-cyclopentèn-1-one 0,5 0,4 0,1 3-méthyl-2-cyclopenten-1-one 3,4 3,6 48,9 total nd 0,4 1,4 < 0,1 < 0,1 0,7 0,4 3,0 nd 2,0 3,9 0,1 < 0,1 0,6 0,3 6,8 Molécules C1-C3 (mg/g) méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde hydroxyacétaldéhyde acide acétique hydroxyacétone acide propionique total X-brut X-pH6 Molécules avec un motif phénol (mg/g) 0,8 0,8 phénol 1,0 0,9 o-crésol 0,6 0,5 m-crésol 0,3 0,2 p-crésol 0,6 0,5 2,4-diméthylphenol 0,1 0,1 3,4-diméthylphenol 0,2 0,2 hydroquinone < 0,1 < 0,1 guaiacols < 0,1 < 0,1 1-naphtol 0,1 < 0,1 2-naphtol 3,8 3,3 total X-Ni0,50 X-pH1,5 X-Fe0,50 0,4 0,2 0,1 0,1 0,1 < 0,1 0,1 < 0,1 < 0,1 < 0,1 0,9 0,8 1,0 0,6 0,3 0,6 0,1 0,2 < 0,1 < 0,1 < 0,1 3,8 0,7 0,4 0,3 0,1 0,2 < 0,1 0,1 < 0,1 < 0,1 < 0,1 1,8 Benzènes (mg/g X10) 0,8 0,5 0,1 0,2 0,1 HAP légers (mg/gX10) 2,5 3,6 0,8 4,8 2,3 Total des goudrons quantifiés (mg/g) 60,3 63,5 68,7 70,8 44,7 En ce qui concerne l’influence du nickel imprégné sur la production des autres gaz incondensables, il apparaît que pour X-Ni0,50, par rapport à X-pH6, les rendements massiques en CH4 diminuent de 61 %, alors que ceux en CO et en H2 augmentent respectivement de 14 % et 95 %. Les rendements en char ayant diminué, les réactions de recombinaison des noyaux aromatiques sont limitées, ce qui implique que l’augmentation de la production de H2 est certainement due à des réactions secondaires, catalysées à la surface du nickel. L’évolution des rendements des gaz incondensables amène à l’hypothèse que des réactions de reformage à la vapeur, notamment du CH4 se produisent. Ces réactions, qui sont possibles à la surface du nickel pour des températures supérieures à 500 °C [48], sont mises en évidence par la réduction des rendements en CH4 et justifient très bien les plus forts rendements en CO et en H2. 163 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Enfin, il est intéressant de signaler que l’imprégnation de fer et de nickel a permis de réduire, respectivement, de 52 % et de 72 % la production des molécules contenant un noyau benzénique, qui sont parmi les molécules de goudrons les plus problématiques dans les procédés de gazéification. 2.4. Influence des catalyseurs métalliques sur les rendements de pyrolyse de la lignine rendements (%) Les rendements de pyrolyse des échantillons de lignine imprégnés, avec ou sans métal, sont comparés sur la Figure IV-8, à ceux obtenus pour la lignine non traitée (L-brut). L’imprégnation en solution aqueuse, sans métal (L-pH6 et L-pH1,5), conduit à peu de changements au niveau des rendements de pyrolyse. Le fait d’immerger la lignine en solution aqueuse et la diminution de la teneur en matières inorganiques (mise en évidence par la diminution du taux de cendres des échantillons après imprégnation) ne semblent donc pas influer sur les mécanismes de conversion de la lignine, ce qui est confirmé par l’étude des compositions des fractions gazeuses et de l’huile de pyrolyse, fournies respectivement dans le Tableau IV-7 et le Tableau IV-8, qui sont sensiblement les mêmes pour L-brut, L-pH6 et L-pH1,5. 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 25,4 24,6 21,4 14,0 13,0 14,7 15,2 15,7 14,5 45,4 46,6 49,4 44,1 48,3 L-brut L-pH6 L-Ni0,28 L-pH1,5 L-Fe0,28 26,7 14,1 15,1 22,4 15,1 14,2 goudrons gaz eau char Figure IV-8 : Rendements de pyrolyse (% par rapport à la masse dcf) des échantillons de lignine imprégnés. Les échantillons imprégnés de fer (L-Fe0,28) et de nickel (L-Ni0,28) contiennent environ 55 mmol de métal par mol de monolignol. En comparaison avec les échantillons de référence respectifs, les pyrolyses des échantillons L-Fe0,28 et L-Ni0,28 conduisent, respectivement, à une réduction des rendements en goudrons de 16 % et de 13 %. Il est intéressant de constater que, lors de toutes les expériences réalisées à partir d’échantillons de lignine, la somme des rendements en char et en goudrons est presque constante (71,0 +/- 0,2 %). En conséquence, la diminution des rendements en goudrons, observée avec L-Fe0,28 et L-Ni0,28, est compensée par une augmentation quasiment équivalente des rendements en char. Ce résultat indique que les métaux, imprégnés dans la biomasse, catalysent des réactions qui favorisent la formation du char. Ce phénomène a déjà été observé dans plusieurs travaux. Suite à l’imprégnation d’une quantité molaire de métal du même ordre de grandeur que dans cette étude, Jakab et al. observent une légère augmentation des rendements en char de 4 % avec du sodium et de 7 % avec du potassium [49]. Une évolution encore plus marquée (+ 38 %) est observée par Nowakowski et al., suite à l’imprégnation de potassium dans la lignine [50]. D’après ces auteurs, l’augmentation de la production du char est due à un effet catalytique des métaux, qui favorise des réactions de recombinaisons entre les radicaux formés lors de la conversion. 164 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Contrairement au cas des polysaccharides, la plupart des noyaux aromatiques, qui constituent le char, sont présents initialement dans la lignine. Ainsi, alors que pour les polysaccharides, le mécanisme de formation du char nécessite de nombreuses réactions de déshydratation, notamment pour former des doubles liaisons C=C, peu de réactions de déshydratation interviennent dans le mécanisme de formation du char de la lignine. Cette observation justifie le fait que l’augmentation du rendement en char, avec les échantillons imprégnés de métaux, ne soit pas accompagnée d’une plus forte production en eau. Par contre, par rapport aux échantillons sans métal imprégné, des rendements en gaz plus élevés sont obtenus avec L-Ni0,28 et avec L-Fe-0,28. Le dégagement de CO et de CO2 en plus grande quantité (Tableau IV-7) est certainement dû aux réactions de réarrangement, catalysées par les métaux au sein de la matrice carbonée, lors du processus de formation du char. Tableau IV-7 : Rendements des principaux gaz incondensables (% par rapport à la masse dcf) obtenus par pyrolyse des échantillons de lignine imprégnés. L-brut L-pH6 L-Ni0,28 L-pH1,5 L-Fe0,28 CO2 5,0 4,7 4,9 4,3 5,0 CO 5,7 5,1 6,8 6,3 7,0 CH4 2,8 2,8 2,2 3,0 2,7 H2 0,08 0,07 0,42 0,07 0,11 Les variations, consécutives à l’imprégnation de métal dans la lignine, au niveau de la composition de l’huile de pyrolyse sont détaillées dans le Tableau IV-8. En conséquence de l’effet catalytique du métal imprégné dans la lignine, la production de molécules contenant un noyau benzénique est limitée, avec une évolution bien plus marquée avec le nickel (- 17 %) qu’avec le fer (- 3 %). Plusieurs travaux ont signalé que, dans la lignine, des métaux catalysent la fragmentation des groupements méthoxy, en substitution du noyau aromatique [49, 50]. En fonction de la liaison C-O cassée, la fragmentation de ces groupements peut conduire à différents produits. La rupture de la liaison entre le noyau aromatique et le groupement méthoxy provoque la formation de méthanol, tandis que la rupture entre l’atome d’oxygène et l’atome de carbone du groupement méthoxy libère plutôt une molécule de CH4. Cette dernière rupture justifie la possibilité de substitution du groupement méthoxy par une fonction hydroxyle, observée par Hosoya et al. [28], à condition que l’atome d’oxygène crée une liaison covalente avec un atome d’hydrogène. Selon ces mêmes travaux [49, 50], le potassium ou le zinc catalysent la réaction de fragmentation qui conduit à la production de méthanol. Dans notre étude, suite à l’imprégnation de fer dans la lignine, les rendements en méthanol ont plus que doublés, ce qui indique que le même phénomène s’est déroulé. Par contre, suite à l’imprégnation de nickel dans la lignine, les rendements en méthanol ont légèrement diminué, ce qui pourrait indiquer que le nickel stabilise la liaison entre le noyau aromatique et l’atome d’oxygène du groupement méthoxy. 165 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Tableau IV-8 : Rendements (en mg/g par rapport à la masse dcf) des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de lignine imprégnés. Molécules C1-C3 (mg/g) méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde hydroxyacétaldéhyde acide acétique hydroxyacétone acide propionique total L-brut L-pH6 L-Ni0,28 L-pH1,5 L-Fe0,28 1,3 0,1 nd < 0,1 nd 1,6 nd 0,6 3,6 2,8 0,6 nd 0,1 nd 1,8 nd 0,5 5,8 2,4 0,5 nd 0,6 nd 2,3 nd 0,6 6,5 1,7 0,8 nd 0,3 nd 1,7 nd 0,6 5,2 3,7 0,1 nd 0,8 nd 2,0 nd 0,7 7,3 nd nd 0,1 nd 0,1 0,3 0,1 0,6 nd nd 0,2 nd 0,2 0,3 0,1 0,8 nd nd 0,2 nd 0,1 0,3 0,1 0,7 Molécules avec un cycle non benzénique (mg/g) nd nd lévoglucosan nd nd alcool furfurylique 0,1 0,1 furfural nd nd 5-methylfurfural 0,2 0,2 benzofurane 0,3 0,2 2-cyclopentèn-1-one 0,1 0,0 3-méthyl-2-cyclopenten-1-one 0,6 0,5 total L-brut L-pH6 Molécules avec un motif phénol (mg/g) 4,1 4,4 phénol 4,9 5,4 o-crésol 1,1 1,0 m-crésol 3,9 3,0 p-crésol 7,1 5,7 2,4-diméthylphenol 0,1 0,1 3,4-diméthylphenol 0,2 0,2 hydroquinone 0,2 0,2 guaiacols 0,1 0,0 1-naphtol 0,2 0,1 2-naphtol 21,8 20,3 total L-Ni0,28 L-pH1,5 L-Fe0,28 3,6 4,0 1,1 2,5 5,2 0,1 0,2 0,2 0,0 0,1 16,9 3,9 4,7 1,1 3,6 7,9 0,1 0,1 0,2 0,1 0,1 21,8 4,9 4,7 1,6 3,4 6,1 0,1 0,1 0,1 < 0,1 0,1 21,2 Benzènes (mg/g X10) 3,2 4,8 2,2 3,3 1,3 HAP légers (mg/gX10) 7,2 4,0 4,2 4,2 5,6 Total des goudrons quantifiés (mg/g) 27,0 27,5 24,7 28,5 29,9 L’analyse élémentaire des chars de lignine, présentée dans le Tableau IV-9, appuie ces hypothèses. A une température de conversion de 600 °C, les chaînes alkyles ont été fragmentées et les atomes d’oxygène encore présents sont essentiellement en liaison avec un noyau aromatique [28, 51]. Par rapport à L-brut, les chars obtenus à partir de L-Fe0,28 et L-Ni0,28 contiennent, respectivement, moins et plus d’atomes d’oxygène. En ce qui concerne le fer, ces résultats pourraient s’expliquer par l’effet catalytique du métal qui favorise la rupture de la liaison entre le noyau aromatique et l’atome d’oxygène du groupement méthoxy. En ce qui concerne le nickel, ces résultats confirment que cette même liaison serait stabilisée ; la fragmentation du groupement méthoxy conduirait alors à la formation d’une molécule de CH4 et d’une fonction hydroxyle. Cette réaction, qui nécessite deux atomes d’hydrogène supplémentaires, pourrait se faire par hydrogénation (à l’aide des molécules de H2 dégagées de l’échantillon) et être catalysée par le nickel [52]. Tableau IV-9 : Composition élémentaire (en %) des charbons de lignine (pour les échantillons imprégnés de métaux, une correction a été effectuée pour comparer uniquement les proportions des éléments organiques). L-brut L-Ni0,28 L-Fe0,28 C 82,5 82,2 86,3 composition (%) H 2,6 2,6 2,9 O 14,9 15,3 10,8 Enfin, la présence des métaux dans la lignine provoque une augmentation de la production de H2, légère avec le fer et très forte (multipliée par 6) avec le nickel. D’après Baumlin et al., la présence de matières inorganiques, qui catalysent des réactions de recombinaisons des noyaux aromatiques, peut expliquer des rendements plus élevés en H2 [39]. Cependant, ce phénomène, ne suffit pas à expliquer la forte augmentation de la production de H2 lors de la pyrolyse de L-Ni0,28. En effet, un plus grand nombre de réactions de déshydrogénation au sein du char conduirait à une nette 166 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse diminution de sa teneur en hydrogène ; évolution qui n’est pas observée dans le char de L-Ni0,28 (Tableau IV-9). Les molécules de H2 supplémentaires peuvent être formées par des réactions secondaires de craquage des goudrons, catalysées en surface du nickel. La diminution des rendements en CH4 indique que des réactions de reformage à la vapeur se produisent. Enfin, des réactions de vapogazéification du char, qui sont des réactions catalysées à la surface du nickel, possibles à 600 °C (point qui sera abordé dans le chapitre VII), sont susceptibles d’avoir lieu. Ces réactions de reformage à la vapeur et de vapogazéification du char nécessitent, tout de même, la production de molécules d’eau à un stade très avancé de la pyrolyse. Celles-ci pourraient être formées à partir des fonctions hydroxyles en substitution des noyaux phénols, dont un grand nombre est formé (suite à la fragmentation des groupements méthoxy) lors de la pyrolyse de LNi0,28. En effet, les fonctions hydroxyles du noyau phénol sont très stables et ne réagissent qu’à partir de températures supérieures à 550 °C [22, 28]. Le fait que le nickel favorise la consommation du char par réaction de vapogazéification et la production de CO par cette même réaction ainsi que par des réactions de reformage à la vapeur, justifie bien que suite à l’imprégnation de nickel dans la lignine, les augmentations des rendements en char et en CO soient respectivement plus faible et plus forte, que suite à l’imprégnation de fer. 2.5. Apport de l’étude de la pyrolyse des constituants imprégnés L’étude de la conversion des constituants isolés a permis, dans un premier temps de constater que les rendements des principales fractions obtenues par pyrolyse des échantillons non imprégnés sont similaires à ceux observés dans la littérature, ce qui contribue à valider notre méthode expérimentale. Dans un second temps, l’étude de la conversion des échantillons imprégnés a mis en évidence que la présence de métal provoquait des variations au niveau des rendements de pyrolyse des constituants. Certaines de ces variations ont été expliquées par un effet catalytique des métaux sur les mécanismes de conversion et plusieurs hypothèses ont été émises. La plupart de ces hypothèses seront discutées par la suite, à l’aide des résultats obtenus par les autres expériences de cette étude. Les variations les plus prononcées sont dues à un effet catalytique du métal sur les mécanismes primaires de pyrolyse, tandis que l’évolution des rendements de certaines molécules, comme le H2, s’explique également par des réactions secondaires, catalysées à la surface des métaux. Les principales modifications constatées lors de la pyrolyse des constituants, suite à l’imprégnation de fer ou de nickel, sont récapitulées dans le Tableau IV-10. Il apparaît clairement que, imprégné dans chaque constituant, le principal effet du fer est de favoriser les réactions de réarrangement, ce qui conduit à des rendements plus élevés en char et en CO2. Le nickel, imprégné dans la cellulose microcristalline et dans la lignine, catalyse, de la même manière, des réactions de réarrangement qui conduisent à une plus forte production de char et de CO2. Par contre, imprégné dans le xylane, le nickel favorise, en plus, des réactions de dépolymérisation qui provoquent des rendements élevés en furfural. 167 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Tableau IV-10 : Récapitulatif des effets du fer et du nickel sur les mécanismes de pyrolyse des constituants (les molécules dont la variation de rendement est de plus de 20 % sont en gras, et celles dont la variation de rendement est de plus de 70 % sont en rouge). Fe Cellulose microcristalline Xylane favorise inhibe favorise inhibe mécanisme primaire formation du char dépolymérisation, fragmentation formation du char dépolymérisation, fragmentation produits char, H2O, CO2, H2 CO, LG, molécules C1-C3 char, H2O, CO2, H2 CO, LG, molécules C1-C3 réactions secondaires craquage des matières volatiles - craquage des matières volatiles - produits H2 goudrons H2 goudrons mécanisme primaire formation du char dépolymérisation, fragmentation conversion du cycle pyrane en furane, dépolymérisation fragmentation produits char, CO2, H2 (H2O ?) CO, molécules C1-C3, goudrons avec noyau benzénique H2O, CO2, furfural, H2 char, molécules C1-C3, goudrons avec noyau benzénique reformage à la vapeur - H2, CO goudrons, CH4, H2O mécanisme primaire formation du char, fragmentation du groupement méthoxy Dépolymérisation, fragmentation de la chaîne alkyle formation du char dépolymérisation, fragmentation produits char, CO2, CO, H2, méthanol goudrons avec noyau benzénique, CH4 char, CO2, CO, H2 goudrons avec noyau benzénique réactions secondaires craquage des matières volatiles - produits H2 goudrons produits formation du char, CO2, H2 molécules C1-C3, goudrons avec noyau benzénique réactions secondaires produits Lignine Bilan a Ni reformage à la vapeur, vapogazéification H2, CO craquage des matières volatiles, reformage à la vapeur, vapogazéification H2, CO CO2, H2 goudrons, CH4, H2O, char goudrons, CH4, H2O, char molécules C1-C3, goudrons avec noyau benzénique a : dans cette ligne sont indiquées les molécules pour lesquelles, l’évolution des rendements est la même avec chacun des constituants. Une évolution identique est attendue lors de la conversion des biomasses imprégnées de métaux. En comparaison avec les expériences réalisées à partir des échantillons de référence, toutes les expériences avec métal imprégné ont conduit à des diminutions des rendements en goudrons, comprises entre 10 % et 20 %. Une réduction sensible des rendements en molécules contenant un noyau benzénique a notamment été obtenue, avec un effet plus marqué avec le nickel qu’avec le fer. Plusieurs travaux signalent l’existence d’interactions chimiques entre les métaux et les noyaux benzéniques, dues au transfert des électrons π du noyau benzénique vers les orbitales d, inoccupées du métal [3, 53]. Ces interactions, qui limitent la volatilité des molécules contenant un noyau benzénique, pourraient favoriser les réactions de recombinaison, ce qui expliquerait les plus faibles rendements en goudrons contenant un noyau benzénique lors de la conversion d’échantillons imprégnés de métaux. Quel que soit le constituant converti, le nickel paraît plus efficace que le fer 168 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse pour la conversion des goudrons par des réactions secondaires, ce qui se traduit par des rendements en H2 plus élevées avec ce métal. Dans le but de déterminer si les évolutions constatées lors de la pyrolyse des constituants, sont similaires lors de la conversion de la biomasse, il est utile d’identifier des molécules caractéristiques de la conversion de chacun des constituants. Pour cela, nous nous sommes appuyés sur les rendements des molécules de goudrons obtenus à partir des échantillons bruts, mais aussi imprégnés, afin de s’assurer que, malgré l’influence des métaux sur leurs rendements, les molécules sélectionnées sont toujours produites en concentration suffisante pour être considérées comme des marqueurs spécifiques. Par la suite, nous avons considéré que si les rendements d’une molécule, obtenus à partir des différents échantillons d’un même constituant (Z), étaient au moins 5 fois plus élevés que ceux obtenus à partir des échantillons des autres constituants, alors cette molécule pourrait être considérée comme un marqueur spécifique du constituant (Z). Les molécules, contenant un noyau pyrane ou furane, sont en concentration très faible dans les huiles de pyrolyse de la lignine et sont, à l’exception du benzofurane, caractéristiques de la dépolymérisation de l’holocellulose. Parmi celles-ci, le lévoglucosan, molécule formée de 6 atomes de carbone, est un produit essentiellement formé à partir de la cellulose. En ce qui concerne les molécules C1-C3, l’acide formique, l’hydroxyacétaldéhyde et l’hydroxyacétone n’ont été identifiées que dans les huiles de pyrolyse de la cellulose et du xylane. Les rendements en formaldéhyde, obtenus par pyrolyse de lignine, sont au minimum 10 fois plus faibles que ceux obtenus à partir des échantillons de cellulose. Par contre, la comparaison des compositions des huiles obtenus à partir des échantillons de cellulose et de xylane montre que les rendements en acide formique, hydroxyacétaldéhyde, hydroxyacétone et formaldéhyde sont du même ordre de grandeur ; ces molécules seront donc considérées comme des marqueurs spécifiques de l’holocellulose. Parmi les molécules comportant un noyau benzénique, les rendements en p-crésol et en 2,4 diméthylphénol respectent nos critères pour que ces molécules soient considérées comme caractéristiques de la conversion de la lignine. Il n’est pas étonnant que ces deux molécules comportent, comme les monolignols, des substitutions en para ou en ortho de la fonction hydroxyle. Les molécules, considérées comme caractéristiques de la conversion d’un constituant particulier, sont spécifiées et mises en valeur par une couleur différente sur la Figure IV-3. De plus, il convient de signaler que, dans cette partie, notre travail s’est focalisé sur les trois constituants majeurs des biomasses, dont la conversion a été étudiée par la suite. Or, dans ces biomasses, les hémicelluloses contiennent, en plus du xylane, du glucomannane. Il faudra donc prendre en compte que l’imprégnation de catalyseurs métalliques, dans les biomasses, va également contribuer à des modifications au niveau des rendements des produits formés à partir de ce constituant, dont la concentration représente entre 2 % et 5 % de la masse des biomasses de cette étude [54, 55]. Enfin, une analyse statistique a été effectuée afin de rendre compte de la dispersion des rendements de pyrolyse, obtenus lors de la conversion des différents constituants de la biomasse. Une analyse factorielle a été réalisée à l’aide du logiciel Statistica, en prenant comme variables les rendements des produits de pyrolyse de tous les échantillons (constituants bruts et imprégnés), dont la conversion a été étudiée dans cette partie. Les résultats de l’analyse, présentés en Annexe 6, mettent en évidence des différences nettes au niveau des rendements de pyrolyse des échantillons, qui dépendent plus de leur origine que de leur éventuel traitement par imprégnation. Globalement, la plupart des résultats de cette analyse confirment les observations effectuées dans ce paragraphe ou dans l’étude bibliographique, et n’apporte que peu d’éléments nouveaux. 169 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse 3. Pyrolyse des échantillons de biomasse 3.1. Rendements de pyrolyse des échantillons sans métal imprégné Les rendements de pyrolyse des biomasses non traitées et imprégnées en solution aqueuse sans métal sont détaillés sur la Figure IV-9. Les résultats obtenus avec les bois non traités (E-brut et H-brut) sont cohérents avec leurs teneurs en constituants respectives. Le bois d’eucalyptus, dont la teneur en lignine est la plus élevée, conduit à des rendements plus élevés en char, tandis que le bois de hêtre, dont la teneur en cellulose est la plus élevée, produit plus de matières volatiles et de goudrons. Par rapport au bois de hêtre, la bagasse présente une teneur en lignine légèrement supérieure et une teneur en cellulose bien plus faible. Pourtant, les rendements en char de la bagasse sont inférieurs à ceux du hêtre. Ce résultat s’explique par la faible densité des particules de bagasse par rapport à celles de bois. Cette différence est mise en évidence lors du remplissage de la nacelle située à l’extrémité de la cuillère : alors qu’une quantité de 6 g de bois remplit environ la moitié de la nacelle, une quantité de 4 g de bagasse la remplit complètement. La conséquence de la plus faible densité des particules de bagasse est que le transfert de chaleur se produit plus rapidement dans la particule. Or, il est bien connu qu’une vitesse de chauffe élevée défavorise les rendements en char au profit de la production des goudrons [56, 57], qui est effectivement plus élevée avec la bagasse. 100 90 rendements (%) 80 34,4 +/0,1 36,7 +/0,3 36,0 +/0,4 36,5 +/0,1 23,3 +/0,7 24,8 +/0,4 23,4 +/0,3 18,8 +/1,9 18,1 +/0,1 20,1 +/0,7 21,2 21,1 +/0,1 +/0,6 40,2 +/0,3 40,7 +/0,2 40,1 +/0,5 42,1 +/0,9 42,4 +/0,6 24,3 +/0,1 23,2 +/0,5 24,8 +/0,3 25,0 +/0,1 24,9 +/0,1 gaz +/0,2 18,3 +/0,6 17,8 +/0,3 +/0,3 18,2 +/0,6 16,9 17,2 +/0,6 15,8 17,6 +/0,6 15,1 char 20,0 17,5 +/0,6 18,1 70 60 50 40 30 20 10 22,3 +/0,2 19,7 +/0,7 23,6 +/0,2 0 E-brut E-pH6 E-pH1,5 goudrons H-brut H-pH6 H-pH1,5 +/- +/- +/- 0,2 0,8 0,5 B-brut eau B-pH6 B-pH1,5 Figure IV-9 : Rendements des principales fractions (en % par rapport à la masse sèche), obtenus par pyrolyse des échantillons d’eucalyptus, de hêtre et de bagasse, sans métal imprégné. Les conséquences de l’imprégnation en solution aqueuse sont assez similaires, avec les trois biomasses étudiées : des rendements plus élevés en goudrons et plus faibles en char et en eau, avec un effet plus marqué dans le cas de l’imprégnation dans la solution la plus acide (pH de 1,5). Ces tendances, déjà observées dans d’autres études, sont généralement attribuées à la perte de matières inorganiques, par déminéralisation lors de l’étape d’imprégnation [43, 44, 58]. Au cours de l’étude préliminaire présentée au chapitre III, nous avons mis en évidence que l’imprégnation provoquait, dans les biomasses, une réduction des teneurs en hémicelluloses et en matières inorganiques. Les hémicelluloses sont les constituants qui produisent, par pyrolyse à 600 °C, le moins de goudrons et le plus d’eau (voir paragraphe IV.2.1 et [59]), donc il est probable que l’extraction partielle des hémicelluloses, lors de l’imprégnation, contribue à l’évolution observée au niveau des rendements 170 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse en goudrons et en eau. D’après la littérature, les matières inorganiques, présentes dans la biomasse, catalysent des réactions de déshydratation, qui favorisent les rendements en char aux dépens de ceux en goudrons [35, 44]. L’extraction partielle des matières inorganiques, lors de l’imprégnation, est donc cohérente avec l’obtention de rendements plus élevés en goudrons et plus faibles en char et en eau, à partir des échantillons imprégnés. De plus, une teneur plus faible en matières inorganiques limite aussi les réactions de craquage [13, 60], ce qui peut contribuer également à l’augmentation des rendements en goudrons. En ce qui concerne la fraction gazeuse, l’effet catalytique des matières inorganiques, qui favorise le mécanisme de formation du char, est généralement accompagné d’un dégagement supplémentaire de CO2 [35, 44]. L’extraction partielle des matières inorganiques devrait donc conduire à des rendements plus faibles en CO2, ce qui est effectivement observé dans notre étude (Tableau IV-11). Au contraire, les rendements en CO des échantillons imprégnés sont plus élevés que ceux des échantillons bruts. La quantité de CO supplémentaire est sans doute produite par des réactions secondaires subies par les produits de dépolymérisation, formés en plus grande quantité. Tableau IV-11 : Rendements (% par rapport à la masse sèche) des principaux gaz incondensables produits par pyrolyse des échantillons de biomasse, sans métal imprégné. E-brut E-pH6 E-pH1,5 CO2 9,0 +/- 0,5 8,3 +/- 0,4 8,7 +/- 0,4 CO 10,6 +/- 0,1 12,0 +/- 0,2 13,2 +/- 0,1 CH4 1,79 +/- 0,25 1,97 +/- 0,03 1,99 +/- 0,03 H2 0,12 +/- 0,04 0,14 +/- 0,01 0,15 +/- 0,02 H-brut H-pH6 H-pH1,5 B-brut B-pH6 B-pH1,5 9,8 +/- 0,1 8,7 +/- 0,2 7,9 +/- 0,1 9,9 +/- 0,1 8,8 +/- 0,1 7,8 +/- 0,1 10,8 +/- 0,2 12,6 +/- 0,1 12,5 +/- 0,4 12,1 +/- 0,3 13,3 +/- 0,1 14,2 +/- 0,1 1,81 +/- 0,10 1,97 +/- 0,07 1,82 +/- 0,14 1,65 +/- 0,14 1,68 +/- 0,14 1,66 +/- 0,15 0,15 +/- 0,01 0,18 +/- 0,01 0,16 +/- 0,02 0,17 +/- 0,01 0,18 +/- 0,02 0,20 +/- 0,01 La composition des huiles de pyrolyse obtenues à partir des différents échantillons a été analysée par GC/MS. A titre d’exemple, les chromatogrammes de l’analyse de l’huile, obtenue par la conversion de E-brut sont fournis en Annexe 7. Les rendements des molécules organiques quantifiées sont indiqués dans le Tableau IV-12. Dorénavant, seuls les rendements des molécules, dont la valeur est supérieure à 0,1 %, pour au moins un échantillon, sont spécifiés. Les concentrations totales des différents groupes de molécules sont également précisées. En moyenne, dans le cas de la pyrolyse des échantillons de biomasse (avec ou sans métal imprégné), la quantité totale de goudrons dosés représente 53 % de la quantité de goudrons condensée. Malgré une teneur en cellulose plus faible, l’eucalyptus produit, par pyrolyse, une quantité de lévoglucosan pratiquement 2 fois plus importante que le hêtre. Cette différence de production, du principal produit de dépolymérisation de la cellulose, est certainement due à l’influence des matières inorganiques. En effet, il est bien admis que les matières inorganiques, présentes naturellement dans la biomasse, inhibent la formation du lévoglucosan [43, 61, 62]. Le taux de cendres du hêtre étant pratiquement 2 fois plus élevé que celui de l’eucalyptus, il n’est pas étonnant que ce bois conduise à des rendements plus faibles en lévoglucosan. Cette hypothèse est confortée par les rendements obtenus à partir des échantillons de bois imprégnés en solution aqueuse. Pour chaque bois, plus le pH de la solution d’imprégnation est faible, plus la quantité de matières inorganiques extraites est forte (paragraphe III.2) et plus les rendements en lévoglucosan sont élevés. De plus, suite à l’extraction de la majorité des matières inorganiques, par imprégnation dans une solution à un pH de 1,5, la quantité de lévoglucosan produite à partir du hêtre devient, cette fois, plus importante que celle produite à partir de l’eucalyptus. Malgré une teneur en cellulose presque 2 fois plus faible et un taux de cendres similaire, la bagasse produit par pyrolyse plus de lévoglucosan que le hêtre. Ce résultat s’explique à nouveau par la différence de densité des particules de bagasse par rapport à 171 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse celles du bois. La vitesse de chauffe plus élevée, dans les particules de bagasse, favorise les réactions de dépolymérisation, donc les rendements en goudrons et en lévoglucosan. Par la suite, l’imprégnation, en solution aqueuse sans sels métalliques, de la bagasse conduit à la même évolution, que celle observée pour les bois, c'est-à-dire une production plus importante en lévoglucosan. Tableau IV-12 : Rendements (en mg par g de biomasse sèche) des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de biomasse bruts et imprégné sans métal. E-brut E-pH6 E-pH1,5 H-brut H-pH6 H-pH1,5 B-brut B-pH6 B-pH1,5 méthanol 16,4 18,4 13,2 14,1 12,5 13,6 7,7 7,5 6,9 formaldéhyde 8,7 17,3 12,9 10,1 14,1 16,2 13,3 19,6 18,1 acide formique 3,1 3,5 3,7 3,6 3,2 3,5 3,8 3,9 3,8 acétaldéhyde 3,3 5,7 2,5 4,1 5,4 5,8 3,4 3,5 4,0 hydroxyacétaldéhyde 4,6 15,8 7,7 7,2 6,8 8,1 9,3 14,6 11,6 acide acétique 50,8 53,0 33,0 87,0 87,2 64,6 59,3 59,9 25,4 hydroxyacétone 6,5 7,6 3,3 11,9 12,6 6,3 12,6 14,9 6,6 Molécules C1-C3 (mg/g) acide propionique 3,7 3,5 4,0 4,4 4,6 5,9 4,8 5,3 5,3 total 97,1 124,7 80,3 142,4 146,5 123,9 114,2 129,2 81,6 Molécules avec un cycle non benzénique (mg/g) lévoglucosan 9,2 13,0 19,9 5,1 11,6 20,2 9,1 14,1 26,1 alcool furfurylique 2,3 1,8 1,4 2,5 1,6 1,6 2,8 2,0 1,4 furfural 4,4 5,9 6,7 2,5 4,7 8,9 4,7 6,0 8,9 2-cyclopentèn-1-one 0,8 1,0 0,8 1,2 0,9 0,9 1,4 1,2 1,0 total 17,7 23,1 29,9 12,4 20,0 32,9 18,6 23,9 37,9 Molécules avec un motif phénol (mg/g) phénol 1,5 1,4 1,4 1,1 1,0 1,0 2,6 2,2 2,5 o-crésol 1,3 1,2 1,1 1,0 0,9 0,9 1,0 0,9 0,8 p-crésol 1,0 0,9 0,6 0,6 0,6 0,5 1,7 1,6 1,8 2,4-diméthylphenol 1,0 1,1 0,8 0,8 0,8 0,7 0,7 0,7 0,6 total 6,6 5,9 5,3 5,4 4,7 4,3 7,7 6,7 6,9 Benzènes (mg/g X 10) 4,4 4,1 1,9 4,9 4,3 3,1 2,8 2,3 1,4 HAP légers (mg/g X 10) 3,2 3,3 2,5 3,3 2,8 2,3 3,0 2,0 1,9 122,2 154,5 115,9 161,0 172,0 161,6 141,1 160,2 126,7 Total des goudrons dosés (mg/g) Parmi les autres molécules dosées, les rendements obtenus à partir des trois biomasses sont généralement du même ordre de grandeur. Certaines des différences s’expliquent par la nature des biomasses. Parmi les végétaux angiospermes, les monocotylédones, comme la canne à sucre, sont les seuls à contenir des proportions significatives de monolignols de type H (sans substitution en ortho du groupement hydroxyle porté par le cycle aromatique) dans leur lignine, alors que les lignines des dicotylédones, comme l’eucalyptus et le hêtre, sont constituées essentiellement de monolignols de type G et S (avec des groupements méthoxy en ortho du groupement hydroxyle). Ainsi, il est cohérent d’obtenir des rendements élevés en phénol et en p-crésol à partir de la bagasse et en méthanol, obtenu notamment par fragmentation des groupements méthoxy, à partir des bois. La 172 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse forte production d’acide acétique obtenue par la conversion du hêtre indique que les hémicelluloses de cette biomasse sont certainement fortement acétylées [7, 10, 11]. Pour certaines molécules, comme l’hydroxyacétaldéhyde, l’hydroxyacétone, l’acide acétique ou le furfural, l’imprégnation en solution aqueuse influe de manière significative sur leurs rendements, ce qui justifie à nouveau l’intérêt d’avoir préparer des échantillons de référence par imprégnation. Une étude statistique a été réalisée dans le but d’établir des corrélations entre la composition de la biomasse et les rendements des produits obtenus par pyrolyse. Pour cela, une ACP « à la française » a été entreprise à l’aide du logiciel Statistica. Les variables actives, qui sont celles utilisées pour l’analyse en composantes principales, sont les rendements en char, eau, goudron total, CO, CO2, CH4, H2, ainsi que les rendements des molécules de goudrons quantifiées, dont le rendement est supérieur à 0,1 % (soit 16 molécules). Les variables supplémentaires sont les proportions des constituants et les taux de cendres des échantillons de biomasse. Ces variables supplémentaires ne sont pas utilisées pour l’analyse. Elles sont projetées, dans le sous-espace vectoriel défini lors de l’analyse, uniquement dans un but descriptif, afin de supporter les interprétations. Comme expliqué précédemment, la différence de vitesse de chauffe, dans les particules de bagasse par rapport à celle dans le bois, influe fortement sur la répartition des produits de pyrolyse. C’est pourquoi, les résultats concernant les échantillons de bagasse n’ont pas été exploités dans cette analyse statistique. Seuls les résultats obtenus avec les échantillons de bois (bruts et imprégnés sans métal), pour lesquels la conversion se déroule dans des conditions similaires, ont été utilisés. Les projections des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2), obtenues suite à l’analyse statistique, sont fournies sur la Figure IV-10. Figure IV-10 : Projection des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2) suite à l’ACP « à la française » réalisée à partir des rendements obtenus lors de la conversion des échantillons de bois, sans métal imprégné. Les facteurs 1 et 2, définis par l’ACP, permettent d’expliquer respectivement 44 % et 26 % de la dispersion des échantillons. La projection des variables supplémentaires dans le plan factoriel (1X2), indique que la répartition des variables sur l’axe 1 (horizontal) est surtout liée à la teneur en cellulose 173 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse des échantillons. Sur l’axe 2 (vertical), la dispersion des résultats est très liée aux teneurs en lignine, hémicelluloses et cendres, avec une contribution négative pour la teneur en lignine, et positive pour les teneurs en hémicelluloses et en cendres. Sur la projection des individus (Figure IV-10), il est cohérent de constater que E-brut se différencie de H-brut surtout en raison de sa teneur plus élevée en lignine. En ce qui concerne les échantillons imprégnés, plus la solution d’imprégnation est acide, plus leur position est associée à de faibles teneurs en cendres et en hémicelluloses. Par rapport à la projection des variables, plus le point associé à une variable est loin du centre, plus sa contribution pour expliquer la variance est importante. La position éloignée des variables supplémentaires indique, comme prévu, que la composition de la biomasse influe fortement sur les rendements de pyrolyse et que la teneur en cendres est également un facteur important. Sur la projection des variables, plus les coordonnées de deux variables sont éloignées du centre et rapprochées entre elles, plus ces variables sont corrélées. La matrice des corrélations, en rapport avec cette analyse, est fournie en Annexe 8. Entre deux variables, des valeurs proches de 1, 0 et - 1 indiquent que les deux variables sont, respectivement, corrélées positivement, peu corrélées et corrélées négativement. Les rendements les plus corrélés à la teneur en lignine (> 0,60) sont ceux en char et ceux de molécules contenant un motif phénol (phénol et o-crésol). Logiquement, la teneur en cellulose est fortement corrélée (0,90) au rendement en goudrons. Par contre, la corrélation avec le rendement en lévoglucosan est plutôt faible (0,45). En fait, le rendement en lévoglucosan est surtout fortement corrélé négativement (- 0,95) avec le taux de cendres des échantillons, ce qui confirme l’importance du rôle inhibiteur des matières inorganiques par rapport à la formation du lévoglucosan. Le taux de cendres est également fortement corrélé négativement au rendement en furfural (- 0,88). Cette corrélation peut certainement s’expliquer par l’influence des matières inorganiques sur la conversion des hémicelluloses, en analogie avec ce qui ce qui a été observé dans le cas de la conversion de la cellulose : les matières inorganiques inhibent la formation des produits de dépolymérisation des hémicelluloses comme le furfural. Les corrélations négatives du taux de cendres avec les rendements en lévoglucosan et en furfural, et positive avec le rendement en CO2 (0,74), appuient l’hypothèse d’un fort effet catalytique des matières inorganiques en interaction avec les polysaccharides, qui favorise les réactions associées aux mécanismes de formation du char et inhibe celles de dépolymérisation. La teneur en hémicelluloses est très corrélée (0,92) aux rendements en hydroxyacétone et en acide acétique. La corrélation avec l’acide acétique signifie que les chaînes des hémicelluloses des bois utilisés contiennent de nombreux groupements acétyles [7, 10]. Enfin, les rendements en H2 sont très corrélés (0,88) à ceux en goudrons et inversement corrélés à ceux en char (- 0,93), ce qui signifie que, dans nos conditions expérimentales, les molécules de H2 sont essentiellement formées par des réactions secondaires subies par les matières volatiles [40, 41] et très peu par des réactions de recombinaisons des noyaux aromatiques au sein du char. 3.2. Influence du fer sur les rendements de pyrolyse Les rendements des principales fractions obtenues par pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de fer sont détaillés sur la Figure IV-11. Ils sont comparés à ceux obtenus par pyrolyse des échantillons de référence, imprégnés dans une solution aqueuse ayant un pH de 1,5, et à ceux obtenus avec les biomasses brutes. Avec les trois biomasses de cette étude, par rapport aux échantillons de référence, il apparaît que la présence de fer, imprégné dans la biomasse, conduit à une réduction des rendements en goudrons. Plus la teneur en fer dans les échantillons est élevée, plus les rendements en goudrons sont faibles, ce qui se remarque bien par l’observation visuelle du 174 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse système de récupération des liquides en fin d’expérience (Annexe 9). Dans les échantillons ayant la plus forte teneur en fer (0,65 mmol/g), les rendements en goudrons diminuent de 33 % pour les bois et de 38 % pour la bagasse. 100 90 Rendements (%) 80 70 60 50 40 30 20 10 0 28,5 23,9 34,4 36,0 32,4 +/- +/+/- +/- +/0,5 0,2 0,1 0,4 0,7 27,6 24,5 23,3 +/22,3 24,8 +/- +/- 0,5 +/+/- 1,2 0,4 0,2 0,4 20,3 19,5 19,7 +/0,7 23,6 +/0,2 18,1 +/0,1 21,1 +/0,6 19,6 +/0,7 +/0,7 +/0,7 24,7 +/0,4 26,7 +/0,2 29,0 +/0,5 36,5 40,7 36,5 33,0 +/- +/- +/- +/0,1 0,2 0,6 0,9 23,0 23,4 +/- 23,2 +/0,3 +/- 0,3 0,5 20,1 +/0,7 20,0 +/0,2 18,3 +/0,6 17,8 +/0,3 19,5 +/0,7 21,0 +/0,3 23,7 +/0,3 20,2 +/0,6 23,1 +/0,1 27,2 +/0,1 26,5 +/0,1 21,2 +/0,7 25,0 +/0,1 31,6 26,4 40,1 42,4 36,6 +/- +/+/- +/- +/- 0,4 0,4 0,5 0,6 0,4 27,1 25,0 +/24,1 24,8 24,9 +/- +/- 0,4 +/- +/- 0,2 0,2 21,2 0,3 0,1 20,3 18,2 +/0,6 16,9 +/0,2 17,6 +/0,6 15,1 +/- 0,5 19,2 +/0,7 +/0,7 20,1 +/0,6 23,1 +/0,5 +/0,7 goudrons gaz eau char 25,3 +/0,4 Figure IV-11 : Rendements des principales fractions (% par rapport à la masse dcf), obtenus par pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de fer. En se basant sur les résultats de l’influence du fer sur les rendements de pyrolyse des constituants, il apparaît, comme prévu, que la diminution des rendements en goudrons est compensée par une plus forte production des rendements en char, dont la plus forte augmentation est de 67 %, pour BFe0,65. Pour tous les échantillons imprégnés de fer, la diminution de la production de goudrons est compensée à plus de 50 % par la masse de char supplémentaire. L’hypothèse que le fer, imprégné dans les polysaccharides, favorise des réactions de déshydratation et de réarrangement est supportée par des rendements en eau plus élevés de 6 à 20 % et surtout par une forte augmentation de la production de CO2. A partir des rendements en gaz obtenus lors de la conversion des échantillons imprégnés de fer, qui sont présentés dans le Tableau IV-13, il apparaît que la production de CO2 est plus que doublée, pour les échantillons ayant les teneurs en fer les plus élevées. Les évolutions des rendements en CO2, H2, et CH4 sont les mêmes que celles observées suite à l’imprégnation de fer dans chacun des trois constituants. Pour les deux dernières molécules citées, les évolutions les plus marquées sont une production de CH4 réduite de moitié (H-Fe0,65) et un rendement en H2 multiplié par 3 (E-Fe-0,65). Lors de la pyrolyse des constituants imprégnés de fer, la production de CO a suivi des évolutions contraires suivant le constituant considéré, c'est-à-dire une augmentation pour L-Fe0,28 (+ 10 %) et une diminution pour C-Fe0,28 (- 20 %) et X-Fe0,50 (- 9 %). L’effet catalytique le plus prononcé étant sur la cellulose, le constituant dont la conversion produit de loin le plus de CO ; il est logique que l’imprégnation de fer dans la biomasse conduise plutôt à une diminution des rendements en CO. Pour les échantillons imprégnés avec les teneurs en fer les plus élevées, cette diminution représente plus de 40 % de la quantité produite à partir de l’échantillon de référence. 175 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Tableau IV-13 : Rendements (% par rapport à la masse dcf) des principaux gaz incondensables produits par pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de fer. E-brut E-pH1,5 E-Fe0,10 E-Fe0,26 E-Fe0,65 9,0 8,7 10,3 12,9 18,7 CO2 +/+/+/+/+/- H-brut H-pH1,5 H-Fe0,10 H-Fe0,26 H-Fe0,65 9,8 7,9 9,8 12,2 17,5 +/+/+/+/+/- 0,1 0,1 0,2 0,1 0,3 10,8 12,5 10,8 9,3 7,3 +/+/+/+/+/- 0,2 0,4 0,1 0,3 0,1 1,81 1,82 1,50 1,31 0,91 +/+/+/+/+/- 0,10 0,14 0,01 0,02 0,00 0,15 0,16 0,26 0,34 0,44 +/+/+/+/+/- 0,01 0,02 0,01 0,01 0,01 B-brut B-pH1,5 B-Fe0,10 B-Fe0,26 B-Fe0,65 9,9 7,8 10,6 13,8 17,0 +/+/+/+/+/- 0,1 0,1 0,2 0,1 0,2 12,1 14,2 11,2 9,2 8,3 +/+/+/+/+/- 0,3 0,1 0,4 0,1 0,5 1,65 1,66 1,33 1,09 0,93 +/+/+/+/+/- 0,14 0,15 0,03 0,02 0,07 0,18 0,20 0,29 0,38 0,48 +/+/+/+/+/- 0,01 0,01 0,01 0,01 0,02 0,5 0,4 0,2 0,1 0,3 10,6 13,2 10,5 9,3 7,0 CO +/+/+/+/+/- 0,1 0,1 0,8 0,3 0,1 1,79 1,99 1,68 1,47 1,08 CH4 +/+/+/+/+/- 0,25 0,03 0,17 0,06 0,04 0,12 0,15 0,25 0,34 0,46 H2 +/+/+/+/+/- 0,04 0,02 0,02 0,01 0,02 La composition des huiles de pyrolyse, obtenues à partir des échantillons de biomasses imprégnés de fer, est détaillée dans le Tableau IV-14. Globalement, plus la teneur en fer des échantillons est élevée, plus les rendements des molécules quantifiées sont faibles, mais les évolutions varient selon les molécules considérées. Parmi les molécules C1-C3, la diminution des rendements des molécules caractéristiques de l’ouverture et de la fragmentation (ou du craquage) des cycles pyranes, comme le formaldéhyde ou l’hydroxyacétaldéhyde [6-8], est très prononcée et peut atteindre 80 %. Par contre, le rendement d’autres molécules comme le méthanol, l’acide formique ou l’acide acétique ne diminue pas de plus de 40 %. Ces dernières molécules sont aussi des produits de fragmentation des cycles pyranes, mais elles peuvent également être formés par rupture des liaisons les plus faibles au sein des hémicelluloses et de la lignine [7, 49, 50, 63]. Ces réactions, qui interviennent à un stade peu avancé de la pyrolyse, sont peu affectées par la catalyse des réactions de formation du char [49]. Elles peuvent même être catalysées, comme cela a été observé dans cette étude, pour la fragmentation de la fonction méthoxy en méthanol dans le cas de l’échantillon de lignine imprégnée de fer, d’où la plus faible réduction des rendements en ces molécules. Parmi les molécules contenant un cycle non benzénique, les rendements en lévoglucosan sont limités en présence de fer et peuvent être réduits de près de 70 %. Cette évolution du principal produit de dépolymérisation de la cellulose, associée aux plus faibles rendements en molécules caractéristiques de la fragmentation (ou du craquage) des cycles pyranes, confirme que le fer catalyse, dans l’holocellulose, des réactions de formation du char. La présence de fer dans la biomasse conduit également à de plus faibles productions des molécules contenant un motif phénol, avec des rendements qui sont réduits de près de 50 % pour les échantillons ayant la plus forte teneur en fer. Des diminutions du même ordre de grandeur des rendements en ces molécules ont également été obtenues, lors de la pyrolyse de différentes biomasses imprégnées de fer, de chrome, de cuivre ou de zinc [4, 5, 46, 64]. Ces résultats confirment que, comme observé lors de l’étude de la conversion de la lignine imprégnée de fer, la présence de métaux au sein de la biomasse limite la dépolymérisation de la lignine. Enfin, les rendements en HAP, qui sont relativement faibles, semblent peu affectés par la présence de fer dans la biomasse. Selon la littérature, les HAP peuvent être produits soit par des réactions 176 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse secondaires en phase gazeuse [41, 65], soit au sein de la matrice solide, au cours de la formation du char [25]. Dans la mesure où, en présence de fer, les rendements en goudrons sont réduits ; il est plus probable que les HAP soient formés au sein de la matrice. Tableau IV-14 : Rendements (en mg par g de biomasse dcf) des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de fer. Eucalyptus Hêtre Bagasse pH1,5 Fe0,10 Fe0,26 Fe0,65 pH1,5 Fe0,10 Fe0,26 Fe0,65 pH1,5 Fe0,10 Fe0,26 Fe0,65 13,2 12,9 3,7 2,5 7,7 33,0 3,3 4,0 80,3 12,9 11,2 2,9 3,3 4,1 35,9 4,5 3,4 78,2 12,9 7,6 2,9 2,9 3,7 28,4 4,7 3,1 66,3 10,0 2,4 3,1 1,4 1,7 26,9 3,5 2,1 51,1 13,6 16,2 3,5 5,8 8,1 64,6 6,3 5,9 123,9 11,4 12,6 2,9 5,1 4,1 63,7 6,1 4,3 110,3 10,1 8,6 3,1 3,2 3,2 49,0 5,6 3,7 86,5 8,4 4,1 3,3 2,4 2,0 39,0 4,3 2,8 66,5 6,9 18,1 3,8 4,0 11,6 25,4 6,6 5,3 81,6 6,5 12,8 3,4 3,2 6,2 50,0 7,4 4,5 94,2 5,3 7,7 3,5 1,9 4,6 35,9 5,5 3,5 68,0 4,2 4,2 3,4 1,5 3,0 24,9 4,3 2,7 48,1 Molécules avec un cycle non benzénique lévoglucosan 19,9 11,0 alcool furfurylique 1,4 1,0 furfural 6,7 6,0 5-methylfurfural 0,5 1,1 2-cyclopentèn-1-one 0,8 0,8 total 29,9 20,4 9,0 0,8 5,0 1,1 0,8 17,1 6,3 0,7 4,0 0,4 0,7 12,6 20,2 1,6 8,9 0,7 0,9 32,9 15,0 1,1 8,1 1,4 1,0 27,2 13,6 1,0 7,1 1,4 0,9 24,4 9,6 0,7 6,5 1,1 1,0 19,2 26,1 1,4 8,9 0,2 1,0 37,9 19,8 1,2 9,6 1,4 1,5 33,9 15,2 0,9 7,6 1,1 1,2 26,4 12,4 0,7 7,0 0,7 1,1 22,4 Molécules avec un motif phénol phénol 1,4 o-crésol 1,1 p-crésol 0,6 2,4-diméthylphenol 0,8 total 5,3 1,7 1,0 0,6 0,7 5,4 1,5 0,8 0,5 0,5 4,3 1,1 0,5 0,2 0,2 2,7 1,0 0,9 0,5 0,7 4,3 1,2 0,7 0,4 0,5 3,9 1,0 0,6 0,3 0,3 3,1 1,0 0,4 0,2 0,1 2,2 2,5 0,8 1,8 0,6 6,9 2,8 0,8 1,3 0,4 6,5 2,3 0,6 0,7 0,3 4,8 1,7 0,5 0,4 0,2 3,5 Benzènes (mg/g X 10) HAP légers (mg/g X 10) 1,9 2,5 2,3 2,0 2,1 2,0 0,6 2,1 3,1 2,3 3,0 2,1 1,5 1,8 1,6 2,4 1,4 1,9 1,6 2,2 0,7 1,9 0,7 2,1 115,9 104,4 88,1 66,6 161,6 141,9 114,4 88,3 126,7 135,0 99,4 74,3 Molécules C1-C3 méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde hydroxyacétaldéhyde acide acétique hydroxyacétone acide propionique total Total des goudrons dosés (mg/g) Les échantillons de biomasse imprégnés de fer ont été analysés par DRX, afin de déterminer si l’imprégnation du fer affecte le taux de cristallinité de la cellulose, comme observé lors de l’étude de la cellulose microcristalline. Des diffractogrammes obtenus à partir d’échantillons d’eucalyptus, fournis sur la Figure IV-12, il apparaît clairement que l’intensité des pics caractéristiques des phases cristallines est plus faible pour les échantillons imprégnés de fer, que pour l’échantillon de référence. Cette évolution est d’autant plus marquée que la quantité de fer imprégné est élevée. Comme expliqué précédemment, lors de la pyrolyse de la cellulose, plus son taux de cristallinité est faible, plus les réactions de dépolymérisation sont inhibées et les rendements en lévoglucosan limités. Ainsi, la diminution du taux de cristallinité de la cellulose, provoquée par l’imprégnation du fer, explique en partie la diminution des rendements en goudrons, notamment en lévoglucosan, observée suite à l’imprégnation de fer dans les échantillons de biomasse. 177 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse 18000 15000 intensité 12000 E-pH1,5 9000 E-Fe0,26 6000 E-Fe0,94 3000 0 0 20 40 60 2θ (°) Figure IV-12 : Influence de l’imprégnation de fer sur la cristallinité de l’eucalyptus, analysée par DRX. Enfin, une analyse statistique a été réalisée afin d’établir des corrélations, notamment entre la teneur en fer des échantillons et les rendements des produits de pyrolyse. Une ACP « à la française » a été effectuée à l’aide du logiciel Statistica. Les échantillons utilisés pour cette étude sont toutes les biomasses imprégnées de fer, ainsi que celles de référence, imprégnées dans une solution ayant un pH de 1,5, et celles non traitées (brut). Les variables actives sont les rendements en char, en eau, en goudron total, ainsi que ceux des principaux gaz incondensables et des molécules organiques quantifiées, ayant un rendement supérieur à 0,1 % (soit 17 molécules). Les variables supplémentaires sont la quantité de fer imprégné et les teneurs des principaux constituants dans les échantillons. Pour cela, nous avons supposé que, pour une biomasse donnée, les proportions des constituants dans les échantillons imprégnés de fer sont sensiblement les mêmes que celles dans l’échantillon de biomasse, imprégné dans une solution ayant un pH de 1,5. Les facteurs 1 et 2, définis par l’ACP, permettent d’expliquer respectivement 53 % et 19 % de la dispersion des échantillons. Les projections des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2) sont fournies sur la Figure IV-13. *fer Figure IV-13 : Projection des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2) suite à l’ACP « à la française » réalisée à partir des rendements obtenus lors de la conversion des échantillons de biomasse imprégnés de fer. 178 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Sur la projection des variables, il apparaît que la quantité de fer imprégnée, dont la projection a une coordonnée très fortement négative sur l’axe 1, a un poids factoriel bien plus important que les teneurs en constituants, pour expliquer la dispersion des échantillons. Ainsi, sur la projection des individus, plus la teneur en fer des échantillons est élevée, plus la valeur de leur coordonnée sur l’axe 1 est faible. En ce qui concerne la dispersion des rendements sur l’axe 2, celle-ci est plutôt liée aux teneurs en constituants des échantillons. Sur la projection des individus, l’échantillon de bagasse non traitée (B-brut) est relativement éloigné des échantillons de bois non traités (E-brut et H-brut), qui sont, eux, assez proches. Il en des de même pour les échantillons de référence (pH1,5). Par contre, plus la teneur en métal des échantillons est élevée, plus les échantillons de bagasse se rapprochent de ceux de bois, préparés dans les mêmes conditions, ce qui signifie que les rendements des produits sont de plus en plus semblables. La matrice des corrélations, en rapport avec cette analyse, est fournie en Annexe 10. Logiquement, les rendements en goudrons sont fortement corrélés négativement (- 0,87) avec la teneur en fer des échantillons. A l’exception de ceux en 5-méthylfurfural et en furfural, les rendements de toutes les molécules de goudrons sont corrélés négativement avec la teneur en fer des échantillons, avec une valeur inférieure à - 0,10. La plus faible influence du fer, sur les rendements des molécules contenant un motif furane, s’explique par l’effet catalytique du fer, constaté lors des études des conversions de la cellulose et du xylane, qui favorisait la conversion du cycle pyrane en un cycle furane. La teneur en métal des échantillons est fortement corrélée positivement au rendement en CO2 (0,97) et négativement à celui en CO (- 0,87). Ce résultat conforte fortement l’hypothèse que le principal effet du fer imprégné se produit sur des mécanismes de réaction primaire et non par un plus grand nombre de réactions de craquage, qui produisent plutôt du CO et très peu de CO2 [40, 41]. Au niveau des corrélations entre les rendements des différents produits, ceux en CH4 sont très liés à ceux en ocrésol (0,92) et en 2,4-diméthylphénol (0,94). Ces valeurs s’expliquent certainement par le fait qu’une forte proportion du CH4 produit provient des groupements méthyles en substitution des noyaux aromatiques. De plus, la matrice de corrélation apporte des informations sur l’origine de la production supplémentaire de H2. Les rendements en H2 sont cette fois corrélés négativement à ceux en goudrons (- 0,83) et sont surtout très fortement corrélés négativement avec ceux en CH4 (- 0,96). Ce résultat indique que le craquage des goudrons n’est plus la principale source de production de H2 et appuie l’hypothèse, qu’en présence de fer, des réactions de reformage à la vapeur, en particulier du CH4, se produisent. 3.3. Influence du nickel sur les rendements de pyrolyse Les rendements des principales fractions obtenues par pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de nickel sont détaillés sur la Figure IV-14. Ils sont comparés à ceux obtenus par pyrolyse des échantillons de référence, imprégnés dans une solution aqueuse ayant un pH de 6,0, et à ceux obtenus avec les biomasses brutes. Avec les trois biomasses utilisées, par rapport aux échantillons de référence, il apparaît que la présence de nickel, imprégné dans la biomasse, conduit à une réduction des rendements en goudrons. Plus la teneur en nickel dans les échantillons est élevée, plus les rendements en goudrons sont faibles, ce qui peut être observé visuellement au niveau du système de récupération des liquides en fin d’expériences (Annexe 9). Dans les échantillons ayant la plus forte teneur en nickel (0,65 mmol/g), les rendements diminuent d’environ 26 % pour les bois et de 29 % pour la bagasse. 179 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse 100 90 rendements (%) 80 34,4 +/0,1 36,7 +/0,3 35,3 +/0,7 23,3 +/0,7 24,6 +/0,5 31,9 +/0,5 27,3 +/0,5 36,5 +/0,1 70 60 50 40 30 20 10 0 22,3 +/0,2 19,7 +/0,7 23,6 +/0,2 26,3 +/0,7 28,4 +/0,5 18,8 +/1,9 17,8 +/0,6 17,8 +/0,6 19,0 +/0,6 21,2 +/0,1 22,3 +/0,4 24,0 +/0,2 25,2 +/0,4 23,4 +/0,3 20,1 +/0,7 20,0 +/0,2 40,2 +/0,3 38,4 +/0,2 35,6 +/0,4 24,3 +/0,1 24,6 +/0,1 26,0 +/0,2 17,5 +/0,6 18,3 +/0,6 18,5 +/0,6 18,1 +/0,3 18,6 +/0,2 19,9 +/0,2 29,5 +/0,2 28,5 +/0,3 20,4 +/0,1 21,6 +/0,1 40,1 +/0,5 24,8 +/0,3 18,2 +/0,6 16,9 +/0,2 42,1 +/0,9 25,0 +/0,1 17,2 +/0,6 15,8 +/0,8 38,8 +/0,4 26,1 +/0,1 35,5 +/0,3 27,6 +/0,5 17,8 +/0,6 18,4 +/0,6 17,2 +/0,4 18,5 +/0,2 29,8 +/0,4 28,9 +/0,2 20,1 +/0,7 goudrons gaz eau char 21,2 +/0,2 Figure IV-14 : Rendements des principales fractions (% par rapport à la masse dcf), obtenus par pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de nickel. Dans tous les échantillons imprégnés de nickel, la diminution de la production de goudrons est compensée par des plus fortes productions de char, d’eau et de gaz. D’après l’étude de la pyrolyse des constituants imprégnés de nickel, il apparaît que l’augmentation des rendements en char est due à un effet catalytique du métal, qui favorise les mécanismes de formation du char lors des réactions de conversion de la cellulose cristalline et de la lignine. La plus forte production d’eau s’explique par la catalyse de réactions de déshydratation dans l’holocellulose. Ces réactions favorisent, en particulier, la conversion des cycles pyranes des polysaccharides en des cycles furanes. A partir de la composition des gaz produits, détaillée dans le Tableau IV-15, il apparaît que l’augmentation de la production de gaz est essentiellement due à une plus forte production de CO2, qui est presque doublée pour les échantillons ayant les teneurs en nickel les plus élevées. Les évolutions des rendements en CO2, H2, et CH4 sont les mêmes que celles observées, suite à l’imprégnation de nickel dans chacun des trois constituants. La plus forte réduction des rendements en CH4 est obtenue avec l’échantillon H-Ni0,65 (- 52 %). Les rendements en H2 sont considérablement augmentés et sont presque multipliés par 4, dans le cas de l’échantillon E-Ni0,65. Lors de la pyrolyse des constituants imprégnés de nickel, la production de CO a suivi des évolutions contraires suivant le constituant considéré, c'est-à-dire une diminution pour C-Ni0,28 (- 9 %) et une augmentation pour X-Ni0,28 (+ 13 %) et L-Ni-0,50 (+ 34 %). En ce qui concerne les échantillons de biomasses imprégnés, par rapport aux échantillons de référence, les rendements en CO sont légèrement plus élevés quand leur teneur en métal est la plus faible (0,10 mmol/g), puis diminuent quand leur teneur en métal augmente. Ce résultat indique que pour une faible teneur en nickel, l’effet catalytique du métal sur la cellulose cristalline est faible. Dans la mesure où, lors de l’imprégnation de métal, la cellulose cristalline est bien moins accessible que les constituants amorphes [66, 67], il est logique que, lorsque la teneur en métal est faible, peu de métaux soient imprégnés en contact avec la cellulose cristalline, d’où un effet catalytique faible. Lorsque la teneur en métal est plus élevée, un plus grand nombre de métaux sont en contact avec la cellulose cristalline et l’effet catalytique du métal sur la conversion de ce constituant (qui est celui dont la conversion produit le plus de CO) devient plus prononcé. 180 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Tableau IV-15 : Rendements (% par rapport à la masse dcf) des principaux gaz incondensables produits par pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de nickel. CO2 CO CH4 H2 E-brut 9,0 +/- 0,5 10,6 +/- 0,1 1,79 +/- 0,25 0,12 +/- 0,04 E-pH6 8,3 +/- 0,4 12,0 +/- 0,2 1,97 +/- 0,03 0,14 +/- 0,01 E-Ni0,10 9,9 +/- 0,2 12,2 +/- 0,2 1,54 +/- 0,06 0,40 +/- 0,02 E-Ni0,26 12,0 +/- 0,5 11,9 +/- 0,2 1,38 +/- 0,01 0,49 +/- 0,04 E-Ni0,65 16,3 +/- 0,3 10,1 +/- 0,2 1,12 +/- 0,04 0,52 +/- 0,03 H-brut 9,8 +/- 0,1 10,8 +/- 0,2 1,81 +/- 0,10 0,15 +/- 0,01 H-pH6 8,7 +/- 0,2 12,6 +/- 0,1 1,97 +/- 0,07 0,18 +/- 0,01 H-Ni0,10 9,4 +/- 0,1 12,6 +/- 0,1 1,48 +/- 0,01 0,41 +/- 0,02 H-Ni0,26 11,9 +/- 0,4 11,8 +/- 0,2 1,27 +/- 0,03 0,49 +/- 0,04 H-Ni0,65 16,6 +/- 0,2 10,0 +/- 0,1 0,94 +/- 0,03 0,58 +/- 0,01 9,9 +/- 0,1 12,1 +/- 0,3 1,65 +/- 0,14 0,18 +/- 0,01 B-brut 8,8 +/- 0,1 13,3 +/- 0,1 1,68 +/- 0,14 0,18 +/- 0,02 B-Ni0,10 10,1 +/- 0,2 13,5 +/- 0,2 1,23 +/- 0,04 0,45 +/- 0,01 B-Ni0,26 12,1 +/- 0,4 13,2 +/- 0,1 1,12 +/- 0,01 0,55 +/- 0,02 B-Ni0,65 15,2 +/- 0,1 11,9 +/- 0,1 0,84 +/- 0,03 0,61 +/- 0,02 B-pH6 La composition des huiles, obtenues par pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de nickel, est détaillée dans le Tableau IV-16. Pour la plupart des molécules organiques dosées, plus la teneur en nickel des échantillons est élevée, plus leurs rendements sont faibles. Comme observé lors de notre étude sur la pyrolyse de la lignine imprégnée de nickel (paragraphe IV.2.4), ainsi que dans d’autres travaux, qui se sont intéressés à la pyrolyse de biomasses imprégnées de différents métaux de transition [4, 5, 46, 64], la présence de métal dans la biomasse réduit la production des molécules contenant un noyau phénol. Cette évolution, qui permet une réduction des rendements pouvant atteindre 63 % (E-Ni0,65), confirme que les métaux, imprégnés dans la lignine, limite sa dépolymérisation. La réduction du rendement total des molécules C1-C3 peut atteindre plus de 50 %. Parmi celles-ci, les rendements de produits de fragmentation comme le méthanol, l’acide formique et l’acide acétique sont les moins affectés, pour les mêmes raisons qu’expliquées dans le cas de l’imprégnation de fer. Par contre, les rendements des produits provenant essentiellement de la décomposition des cycles pyranes, comme le formaldéhyde, l’acétaldéhyde et l’hydroxyacétaldéhyde sont fortement réduits (jusqu’à - 94 %). Ce résultat est dû à l’effet catalytique du nickel, observé lors de la pyrolyse des polysaccharides, qui favorise, au sein du xylane, la conversion du cycle pyrane en un cycle furane, bien plus stable, et dans la cellulose cristalline, la conversion du cycle pyrane en char. Lorsque la teneur en nickel des échantillons augmente, les rendements en furfural augmentent puis diminue. Ce phénomène, également observé dans une autre étude lors de la pyrolyse de biomasse imprégnée de zinc [68], s’explique encore par rapport aux probabilités d’interactions entre le métal et les constituants. Pour une faible teneur en nickel, l’influence du métal se produit surtout au niveau de la conversion des hémicelluloses. Le nickel catalyse, comme observé dans le cas du xylane imprégné, la formation du furfural, d’où des rendements plus élevés en cette molécule. Il est d’ailleurs cohérent que l’augmentation de rendement la plus forte (+ 80 %) soit obtenue avec l’échantillon de bagasse B181 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Ni0,10, c'est-à-dire avec la biomasse dont la teneur en hémicelluloses est la plus forte. Pour les teneurs en métal plus élevées, les rendements en furfural diminuent. Cette évolution peut être due à une plus faible production de cette molécule à partir de la cellulose cristalline (inhibition des réactions de dépolymérisation) ou à des réactions de craquage du furfural à la surface des particules métalliques, présentes en plus grand nombre. Il est même envisageable que les molécules de nickel supplémentaires s’imprègnent sur des nouveaux sites des hémicelluloses et catalysent de nouvelles réactions qui inhibent celles de dépolymérisation. Tableau IV-16 : Rendements (en mg par g de biomasse dcf) des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de nickel. Eucalyptus Hêtre Bagasse pH6 Ni0,10 Ni0,26 Ni0,65 pH6 Ni0,10 Ni0,26 Ni0,65 pH6 Ni0,10 Ni0,26 Ni0,65 18,4 17,3 3,5 5,7 15,8 53,0 7,6 3,5 124,7 13,2 9,1 2,9 3,4 4,3 46,2 4,3 3,7 87,2 12,4 5,6 2,7 2,4 3,3 42,6 4,3 3,1 76,4 12,4 1,3 2,5 1,5 0,9 35,7 3,4 2,0 59,6 12,5 14,1 3,2 5,4 6,8 87,2 12,6 4,6 146,5 12,4 13,5 3,1 5,0 6,5 89,0 7,7 5,5 142,6 12,0 8,9 2,8 4,0 4,1 83,8 6,5 4,6 126,7 11,6 2,1 2,4 2,1 1,4 75,0 4,8 3,0 102,3 7,5 19,6 3,9 3,5 14,6 59,9 14,9 5,3 129,2 6,9 12,5 3,2 4,4 7,3 52,5 7,4 5,0 99,2 6,3 9,0 3,1 2,3 5,9 52,0 7,2 4,6 90,3 5,9 2,8 2,9 1,8 2,2 43,0 4,4 3,1 66,2 Molécules avec un cycle non benzénique lévoglucosan 13,0 14,6 alcool furfurylique 1,8 1,1 furfural 5,9 6,9 5-methylfurfural 0,8 0,7 2-cyclopentèn-1-one 1,0 0,6 total 23,1 24,4 9,9 0,9 5,9 0,6 0,7 18,4 6,7 0,7 3,7 < 0,1 0,5 11,8 11,6 1,6 4,7 0,5 0,9 20,0 15,6 1,2 8,0 0,9 0,9 27,1 15,2 1,1 7,8 1,0 0,8 26,3 8,9 0,7 5,6 0,6 0,7 16,7 14,1 2,0 6,0 0,4 1,2 23,9 19,0 1,1 10,8 0,6 1,1 32,9 19,6 1,1 9,0 0,6 1,1 31,6 13,1 0,7 6,6 0,1 0,9 21,6 Molécules avec un motif phénol phénol 1,4 o-crésol 1,2 m-crésol 0,9 p-crésol 0,9 2,4-diméthylphenol 1,1 total 5,9 1,1 0,8 0,6 0,5 0,7 4,2 1,1 0,7 0,6 0,4 0,5 3,7 0,8 0,4 0,4 0,2 0,3 2,2 1,0 0,9 0,7 0,6 0,8 4,7 1,0 0,6 0,6 0,4 0,5 3,6 0,9 0,5 0,5 0,3 0,3 2,8 0,7 0,3 0,3 0,2 0,2 1,9 2,2 0,9 0,5 1,6 0,7 6,7 2,3 0,6 0,4 1,3 0,4 5,6 2,0 0,6 0,4 1,1 0,3 5,0 1,8 0,4 0,3 0,6 0,2 3,6 Benzènes (mg/g X 10) HAP légers (mg/g X 10) 4,1 3,3 2,4 1,6 1,6 1,5 0,7 1,1 4,3 2,8 2,6 2,0 2,3 1,9 1,0 1,4 2,3 2,0 1,5 1,7 1,3 1,9 0,8 1,5 154,5 116,1 98,8 73,8 172,0 173,8 156,3 121,2 160,2 138,0 127,2 91,6 Molécules C1-C3 méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde hydroxyacétaldéhyde acide acétique hydroxyacétone acide propionique total Total des goudrons dosés (mg/g) D’après l’étude de la pyrolyse de la cellulose microcristalline imprégnée de métal, la présence de nickel inhibe la formation du principal produit de dépolymérisation qu’est le lévoglucosan. Pourtant, les expériences de biomasses imprégnées de nickel, conduisent à des rendements en lévoglucosan, qui évoluent de la même manière que ceux en furfural. Pour les échantillons avec la plus faible 182 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse teneur en nickel, les rendements en lévoglucosan augmentent de 12 % avec l’eucalyptus, 34 % avec le hêtre et 35 % avec la bagasse. Le lévoglucosan (C6H10O5) est un produit de dépolymérisation des polysaccharides qui peut être formé à partir des molécules de glucose contenues dans la cellulose et dans le glucomannane des hémicelluloses [16, 43]. Dans la mesure où le nickel catalyse la rupture des liaisons β-1,4 entre les unités des chaînes principales du xylane, il est probable que le même phénomène se produise au niveau des liaisons β-1,4, dans les chaînes du glucomannane, ce qui expliquerait une plus forte production de lévoglucosan. D’après la littérature, le glucomannane représente 2 à 5 % de la composition des végétaux angiospermes [54] et est constitué de molécules de glucose et de mannose avec un ratio allant de 1:1 à 1:3 [69]. Pour ce qui est de la bagasse de canne à sucre, la teneur en glucomannane est proche de 2 % et le ratio est de 3:7 [55, 70]. Ainsi, la production maximale théorique de lévoglucosan à partir du glucomannane de la bagasse serait de 0,86 %. En pratique une conversion de plus de 50 % du glucose en lévoglucosan est fortement improbable (dans le cas du xylane imprégné de nickel, la conversion de xylose en furfural est inférieure à 10 %). Il apparaît donc que l’effet catalytique du nickel sur le glucomannane ne suffit pas à expliquer l’augmentation du rendement en lévoglucosan, observée pour B-Ni0,10 (+ 0,49 % par rapport à la masse de biomasse dcf) et les autres échantillons imprégnés avec une teneur en nickel de 0,10 mmol/g. En conséquence, une partie de la quantité de lévoglucosan supplémentaire provient de la cellulose. Lors de l’étude de la pyrolyse de cellulose microcristalline, nous avons mis en évidence que le nickel inhibe la formation du lévoglucosan. Il en découle que c’est dans les parties les plus amorphes de la cellulose que le nickel catalyse des réactions de dépolymérisation. Dans le cas de la cellulose cristalline, l’imprégnation du nickel se fait en surface du polymère. Cette constatation avait été déduite du fait, que l’imprégnation du nickel ne modifiait pas le taux de cristallinité de la cellulose microcristalline. L’étude des diffractogrammes DRX obtenus à partir des échantillons de biomasse imprégnés de nickel confirme ce résultat. Il apparaît clairement sur la Figure IV-15, que pour H-Ni0,65, qui est l’échantillon de biomasse avec la plus forte teneur en nickel imprégné, l’imprégnation de nickel affecte très peu la cristallinité de la cellulose. Ainsi, le nickel imprégné en surface de la cellulose cristalline ne peut agir sur les liaisons entre les unités monomères, situées au sein de la phase cristalline. Au contraire, dans la phase amorphe, le nickel pénètre plus facilement [66, 67] et peut donc catalyser la dépolymérisation de la cellulose, toujours par rupture de la liaison β-1,4, ce qui explique la production supplémentaire de lévoglucosan. Pour les échantillons avec des teneurs en métal plus élevées, les rendements en lévoglucosan diminuent. Comme expliqué précédemment, lorsque la quantité de métal imprégnée est faible, les cations métalliques sont essentiellement en interaction avec les molécules situées dans les parties amorphes des polysaccharides et catalysent des réactions de dépolymérisation. Pour des quantités de métal plus élevées, le nickel est également en interaction avec la cellulose cristalline et inhibe sa dépolymérisation, d’où une diminution des rendements en lévoglucosan. Des réactions de craquage à la surface des molécules de nickel, en plus grand nombre, peuvent également contribuer à réduire les rendements en lévoglucosan. 183 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse 18000 intensité 15000 12000 9000 H-pH6 6000 H-Ni0,65 3000 0 0 10 20 2θ (°) 30 40 50 60 Figure IV-15 : Influence de l’imprégnation de nickel sur la cristallinité du hêtre, analysée par DRX. Enfin, une analyse statistique a été réalisée afin d’établir des corrélations, notamment entre la teneur en nickel des échantillons et les rendements des produits de pyrolyse. Une ACP « à la française » a été effectuée à l’aide du logiciel Statistica. Les échantillons utilisés pour cette étude sont toutes les biomasses imprégnées de nickel, ainsi que celles de référence, imprégnées dans une solution ayant un pH de 6,0, et celles non traitées (brut). Les variables actives sont les rendements en char, en eau, en goudron total, ainsi que ceux des principaux gaz incondensables et des molécules organiques quantifiées ayant un rendement supérieur à 0,1 % (soit 17 molécules). Les variables supplémentaires sont la quantité de nickel imprégné et les teneurs des principaux constituants dans les échantillons. Pour cela, nous avons supposé que, pour une biomasse donnée, les proportions des constituants dans les échantillons imprégnés de nickel sont sensiblement les mêmes que celles dans l’échantillon de biomasse, imprégné dans une solution ayant un pH de 6,0. Les facteurs 1 et 2, définis par l’ACP, permettent d’expliquer respectivement 50 % et 22 % de la dispersion des échantillons. Les projections des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2) sont fournies sur la Figure IV-16. La matrice des corrélations, associée à cette analyse est fournie dans l’Annexe 11. La variable supplémentaire, ayant le plus de poids pour expliquer la dispersion des rendements, est la teneur en nickel des échantillons. Cette variable est fortement corrélée aux rendements en CO2 (0,98), ce qui est logique, puisque avec chaque constituant, la présence de nickel imprégné favorise la production de CO2. La teneur en nickel est corrélée négativement (- 0,87) avec les rendements en goudrons. Une corrélation négative inférieure à - 0,25 est observée avec les rendements de toutes les molécules de goudrons, à l’exception de ceux en lévoglucosan (- 0,17) et en furfural (- 0,00). Cette faible corrélation vient du fait que pour les faibles teneurs en métal, les rendements de ces molécules augmentent, tandis qu’ils diminuent pour les fortes teneurs en métal. Une autre corrélation remarquable est celle entre les rendements en CO et en lévoglucosan (0,81), ce qui indique que les produits de dépolymérisation de la cellulose font partie des principaux intermédiaires, qui mènent à la formation de CO. Comme dans le cas des échantillons imprégnés de fer, une très forte corrélation est observée entre les rendements en CH4 et ceux en o-crésol (0,91) et en 2,4-diméthylphénol (0,95). Enfin, les rendements en H2 sont très fortement corrélés négativement à ceux en CH4 (- 0,95), ce qui indique que les réactions de reformage à la vapeur du CH4 constituent une des principales sources de production de H2. 184 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse Figure IV-16 : Projection des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2) suite à l’ACP « à la française » réalisée à partir des rendements obtenus lors de la conversion des échantillons de biomasse imprégnés de nickel. 4. Conclusion Les tests de pyrolyse, réalisés à partir des constituants (cellulose microcristalline, xylane et lignine) imprégnés de métaux, ont permis de mettre en évidence que le fer et le nickel catalysent dans la biomasse des réactions, qui se produisent au cours des mécanismes primaires de conversion, ainsi que des réactions secondaires. Les tests de pyrolyse des biomasses imprégnées de métal ont permis de constater que la plupart des réactions catalysées, lors de la pyrolyse des constituants imprégnés, le sont également au sein de la biomasse. L’interprétation des résultats de pyrolyse des biomasses a également permis d’émettre des hypothèses par rapport à l’effet catalytique des métaux sur la conversion du glucomannane et de la cellulose amorphe. Il en ressort qu’au niveau des mécanismes primaires : - le fer, imprégné dans chacun des constituants, catalyse des réactions de formation du char, ce qui inhibe les autres mécanismes, responsables de la production des goudrons et provoque des rendements plus élevés en char, en eau (à partir des polysaccharides) et en CO2. Dans la cellulose, la perte de cristallinité, liée à l’imprégnation du fer en solution acide, contribue certainement à l’inhibition des réactions de dépolymérisation ; - le nickel, imprégné dans la lignine et en surface de la cellulose cristalline, provoque les mêmes évolutions. Par contre, lorsqu’il est imprégné dans les phases amorphes des polysaccharides (xylane, glucomannane et cellulose amorphe), le nickel catalyse aussi des réactions de dépolymérisation, ce qui conduit à la formation d’une plus grande quantité de furfural et de lévoglucosan, à partir de ces constituants. Le fait que le nickel catalyse des réactions de dépolymérisation de l’holocellulose amorphe, alors que le fer favorise essentiellement des réactions primaires, qui limitent la dépolymérisation des constituants, explique pourquoi la production de goudrons est plus réduite dans le cas de 185 Chapitre IV - Influence des métaux sur les rendements de pyrolyse l’imprégnation de fer que dans celui de l’imprégnation de nickel ; que ce soit avec les biomasses de cette étude ou celles utilisées dans les travaux antérieurs [3, 4]. Les résultats mettent également en évidence que les métaux imprégnés dans la biomasse catalysent des réactions secondaires, qui convertissent les matières volatiles, et peut être des réactions de vapogazéification du char, ce qui se traduit par une forte augmentation des rendements en H2, qui peuvent être multipliés par 3, dans le cas du fer, et par 4, dans le cas du nickel. 5. 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Mécanismes de pyrolyse des constituants imprégnés de métaux ........................................................ 193 2.1. Conversion de la lignine imprégnée de métaux .................................................................................... 193 2.2. Conversion de la cellulose imprégnée de métaux ................................................................................ 204 2.3. Conversion du xylane imprégné de métaux .......................................................................................... 212 2.4. Apport de l’étude des mécanismes de pyrolyse des constituants imprégnés ...................................... 220 3. Mécanisme de pyrolyse des biomasses imprégnées de métaux ........................................................... 221 3.1. Conversion des échantillons de biomasses bruts ................................................................................. 221 3.2. Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion de la biomasse ........................... 222 3.3. Influence du fer imprégné dans la biomasse ........................................................................................ 223 3.4. Influence du nickel imprégné dans la biomasse ................................................................................... 227 4. Bilan et interprétations des résultats de l’étude à l’aide du couplage ATG/Micro-GC .......................... 232 5. Références bibliographiques du Chapitre V .......................................................................................... 234 191 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes CHAPITRE V – INFLUENCE DES METAUX IMPREGNES SUR LES MECANISMES DE PYROLYSE Ce chapitre concerne l’étude de la pyrolyse des échantillons imprégnés à l’aide du couplage ATG / Micro-GC. Ce dispositif présente l’avantage de pouvoir suivre, simultanément, l’évolution de la perte de masse d’un échantillon et la composition des gaz incondensables, qui s’en dégagent. Dans un premier temps, à partir de nos résultats d’analyse de la pyrolyse des constituants majeurs de la biomasse et des quelques travaux similaires répertoriés dans la littérature, réalisés à partir de couplages ATG/FTIR [1-3] ou ATG/MS [4, 5], cette étude a pour but de décomposer les différentes étapes de la conversion de la biomasse lignocellulosique. Ensuite, une analyse de la pyrolyse des échantillons imprégnés a été réalisée, afin d’appréhender l’influence des métaux sur les différentes étapes de la conversion de la biomasse. Les expériences sont réalisées à une échelle réduite (200 mg) et avec une vitesse de chauffe bien plus lente (10 °C/min), que celle imposée lors des expériences réalisées dans le four tubulaire ou dans les procédés de gazéification. Ainsi, des différences conséquentes sont attendues au niveau des rendements des produits par rapport à ceux obtenus, avec les mêmes échantillons, par pyrolyse dans le four tubulaire. Le principal intérêt de cette méthode est de déterminer l’influence des modifications apportées à nos échantillons, et particulièrement de l’imprégnation de métaux, sur les différentes étapes de conversion. Les métaux imprégnés modifient-ils, pour certaines réactions, la température à partir de laquelle ces réactions deviennent possibles, ce qui a pour conséquence de favoriser certains mécanismes primaires et d’en inhiber d’autres ? Ou la présence des métaux permet-elle l’apparition de nouvelles réactions, notamment des réactions secondaires catalysées à la surface du métal ? 1. Validation de la méthode expérimentale Toutes les expériences de pyrolyse réalisées à l’aide du couplage ATG / Micro-GC ont été effectuées au minimum à deux reprises. L’analyseur thermogravimétrique est très précis et permet une bonne répétabilité des expériences (voir l’exemple en Annexe 12). Par exemple, au niveau du rendement en char en fin de conversion, l’écart-type sur la mesure représente en moyenne moins de 0,5 % de la masse initiale de l’échantillon (dcf). L’étalonnage de la Micro-GC permet de mesurer la concentration des principaux gaz incondensables produits, avec une incertitude inférieure à 1 %. Sur la Figure V-1, les évolutions, au cours de l’expérience, de la perte de masse (signal - dTG) et de la production totale de gaz incondensables sont représentées, pour l’exemple de la pyrolyse de la cellulose microcristalline. Au pic du signal (- dTG) correspond la plus forte dépolymérisation de la cellulose. C’est à cette température que le maximum de matières volatiles et notamment de gaz incondensables est dégagé [1, 4, 5]. Il apparaît sur la figure que, comme prévu, les maxima des deux courbes sont très proches, ce qui confirme que le temps de parcours des gaz, de l’échantillon jusqu’à la Micro-GC, est très court. En moyenne, le décalage entre les deux maxima est inférieur à 50 s, ce qui est satisfaisant puisque le temps entre le début de deux analyses Micro-GC est d’environ 60 s (pour rappel, les acquisitions en ATG sont effectuées avec un intervalle de temps de 1 s entre deux mesures). Ces observations permettent de considérer que les gaz dégagés de l’échantillon sont quasiment analysés en direct. 192 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes - dTG 25 gaz total 1,5 1 15 10 0,5 gaz total (%/min) - dTG (%/min) 20 5 0 0 100 200 300 400 500 Température (°C) 600 700 800 Figure V-1 : Evolution du signal (- dTG) et de la quantité totale de gaz produit (en %/min par rapport à la masse dcf de l’échantillon) en fonction de la température, lors de la pyrolyse de C-brut. La vitesse de chauffe relativement faible (10 °C/min) a été choisie afin de mieux séparer (dans le temps) les différentes étapes de la conversion et déterminer précisément à quelle température elles se produisent. Dans le but d’étudier l’influence des métaux sur les étapes de la pyrolyse, différentes zones de conversion ont été définies. Celles-ci sont délimitées à l’aide de la courbe représentant le signal (- dTG), en se basant notamment sur les températures onset et offset, associées aux principaux pics de le courbe. Sur les gammes de température définies par ces zones, les rendements en gaz incondensables ont été calculés. Connaissant la quantité de matières volatiles dégagées sur chaque zone (masse perdue par l’échantillon, déterminée par ATG), les rendements en matières condensables peuvent être déterminés par différence. A partir de ces résultats quantitatifs, la prépondérance, sur chaque zone, des différents mécanismes de conversion primaire (formation du char, dépolymérisation ou fragmentation) et l’influence sur ces résultats des catalyseurs métalliques imprégnés ont été évaluées. Pour une meilleure lisibilité et dans la mesure où les pertes de masse des échantillons sont négligeables pour des températures inférieures à 100 °C, les représentations graphiques et les résultats sont présentés uniquement pour les températures supérieures à 100 °C. 2. Mécanismes de pyrolyse des constituants imprégnés de métaux Dans ce chapitre, la présentation des résultats de pyrolyse des constituants débute par l’étude de la conversion de la lignine. Nous avons fait ce choix, car la structure déjà fortement aromatique de ce constituant permet de mieux comprendre les réactions, qui se produisent lors du processus de formation du char, à des températures supérieures à 400 °C. Nous verrons, par la suite, que des réactions très similaires se produisent lors de la pyrolyse des polysaccharides. 2.1. Conversion de la lignine imprégnée de métaux 2.1.1. Etapes de la conversion de la lignine Les évolutions de la masse (masse ATG) et de la perte de masse (- dTG), au cours de la pyrolyse, de la lignine non traitée (L-brut), suivies par ATG, sont représentées sur la Figure V-2. Comme observé par de nombreux auteurs [4, 6], la conversion est caractérisée par une diminution progressive de la 193 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes masse de l’échantillon, qui se produit sur une gamme de température assez large, comprise entre 200 °C et 600 °C. Sur la représentation graphique, le maximum de la perte de masse est obtenu à une température de 396 °C. A partir de la courbe représentant le signal (- dTG), pour chaque échantillon de lignine, la conversion a été divisée en 4 étapes (Figure V-2). Les gammes de températures sur lesquelles s’étendent les différentes étapes sont représentées par des zones, dont les bornes sont définies par les températures : - du début du test, - Tonset, température du début du pic principal du signal (soit 314 °C pour L-brut), - Toffset, température de la fin du pic principal du signal (soit 438 °C pour L-brut), - de 500 °C, température pour laquelle la perte de masse devient faible (< 0,75 %/min), - de fin du test. - dTG 4,5 90 4,0 80 3,5 masse (%) 70 3,0 60 2,5 50 2,0 40 1,5 30 20 1,0 10 0,5 0 - dTG (%/min) masse ATG 100 0,0 100 200 300 400 500 Zone 3 Zone 2 Zone 1 314 438 (T onset) (T offset) 600 700 800 Zone 4 Température (°C) Figure V-2 : Evolution de la masse et de la perte de masse (- dTG) de la lignine (L-brut) en fonction de la température. L’évolution de la composition de la fraction gazeuse incondensable, en fonction de la température de conversion, est présentée sur la Figure V-3. Les courbes représentant la production de CO et de CO2 comportent plusieurs maxima, entre 200 °C et 750 °C, de faible intensité et pas très bien résolus. Ces résultats sont difficilement comparables à ceux de la littérature car, en fonction de la nature de la biomasse et de la méthode d’isolation de la lignine, les températures recensées pour les pics de production de CO et CO2 sont très variables [1, 4, 7, 8]. La courbe représentant la production de CH4 est formée d’un maximum bien défini à une température de 420 °C et d’un maximum local moins marqué à environ 550 °C. Ces valeurs sont fréquemment citées dans la littérature [2, 5, 7, 8]. Le premier pic de production est attribué à des réactions de fragmentation, notamment des groupements méthoxy en substitution des noyaux aromatiques, tandis que le second est dû à des réactions de réarrangement au sein du char [2, 8-11]. La production de H2 devient significative pour des températures supérieures à 500 °C et est maximale à environ 730 °C. Ce profil est assez similaire à ce qui a été observé dans les rares études recensées, sur l’évolution de la formation de H2 lors de la pyrolyse de la lignine [1, 5]. 194 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes 5 gaz (%) 4 3 H2 CH4 2 CO CO2 1 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Température (°C) Figure V-3 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse (% molaire) en sortie de l’appareil d’ATG en fonction de la température, lors de la pyrolyse de la lignine (L-brut). Les rendements massiques en matières volatiles, obtenus lors de la conversion de L-brut, sont détaillés sur la Figure V-4. Sur les zones 1 et 2, environ 90 % des matières volatiles dégagées sont des molécules condensables. D’après la littérature, les molécules condensables formées dans la zone 1 sont notamment des molécules d’eau, dont la formation est possible dès 200 °C [4, 5, 8]. En ce qui concerne la fraction gazeuse, notre étude montre que la fraction dégagée, sur la zone 1, est composée essentiellement de CO2. En effet, cette molécule est produite à partir de 180 °C alors que les autres molécules de gaz incondensables ne sont formées qu’à partir de 300 °C (Figure V-4). Ces valeurs de température sont semblables à celles référencées dans la littérature [2, 4, 5]. Les matières volatiles dégagées avant 300 °C proviennent de la rupture des liaisons chimiques les plus instables. D’après la littérature, quelques réactions de fragmentation se produisent. Des réactions de dépolymérisation au niveau des liaisons entre les monomères les plus instables, susceptibles de libérer des dérivés des monolignols, seraient également possibles [11, 12]. Au niveau de la zone 2, comprise entre 314 °C et 438 °C, se déroule la plus forte perte de masse, liée à la dépolymérisation de la lignine. En effet, d’après la littérature, pour des températures supérieures à 300 °C, un plus grand nombre de types de liaisons entre les monomères est instable. Des réactions de fragmentation de la chaîne alkyle [13, 14] et des fonctions méthoxy [8, 9, 11] se produisent également. Il en découle la formation de molécules à courte chaîne (méthanol, formaldéhyde, CO, CO2, CH4) et de dérivés des monolignols. Selon les auteurs, la plus forte formation de ce type de molécule, caractérisée par la présence d’un motif phénol dans leur composition, se produit entre 370 °C et 410 °C [2, 7, 8, 15], gamme de température dans laquelle a été observé, dans cette étude, le maximum de perte de masse (396 °C) de la lignine. Ces observations expliquent la forte proportion (90,8 %) de matières volatiles condensables dégagées au niveau de la zone 2. Pour des températures plus élevées, cette proportion diminue. La zone 3 est une zone de transition entre la zone 2 (forte dépolymérisation) et la zone 4, sur laquelle se produisent des réactions de réarrangement, au sein du résidu. 195 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes 60 rendements (%) 50 40 huile 43,7 a (79,1) 30 20 CO2 CO CH4 27,2 a (90,8) H2 10 5,1 a (44,9) 7,3a (88,3) 4,1 a (72,5) 0 zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 total Figure V-4 : Rendements (% par rapport à la masse sèche) en matières volatiles obtenus lors de la conversion de la lignine (L-brut) selon la zone considérée ; les chiffres entre parenthèses correspondent à la contribution (en %) de l’huile de a pyrolyse à la masse perdue par l’échantillon. : déterminé par différence. D’après l’étude bibliographique, à des températures supérieures à 400 °C, les fonctions méthoxy, en substitution des noyaux aromatiques, ne sont plus détectées [8, 9, 11], car elles ont été remplacées par des groupements hydroxyle, méthyle ou un atome d’hydrogène [16]. En ce qui concerne les chaînes alkyles, elles ont été raccourcies en un groupement méthyle, ou substituées par un atome d’hydrogène [17]. Les différents types de substitutions courtes, portées par les noyaux aromatiques du char à 500 °C, sont donc des groupements hydroxyle et méthyle (Figure V-5). D’après Sharma et al., à 500 °C, environ 90 % du carbone résiduel font partie de la structure aromatique du char, environ 5 % sont sous forme de groupement méthyle et moins de 2 % sont impliqués dans des fonctions carbonyle ou carboxyle [17]. Figure V-5 : Structure des lignines à 500 °C ; A : différents types de substitutions courtes du noyau aromatique, B : liaison 4-O-5 diaryléther, très stable du fait des possibilités de conjugaison au sein de la molécule. Toujours d’après la littérature, les groupements méthyles en substitution des noyaux aromatiques sont fragmentés entre 500 et 600 °C [17, 18]. Sur cette gamme de température, un pic de production de CH4 est observé dans notre étude (Figure V-3). En se basant sur ces deux observations, nous proposons sur la Figure V-6, un mécanisme de réaction pour expliquer la formation de CH4 à plus de 500 °C, faisant intervenir deux noyaux aromatiques situés à proximité l’un de l’autre : la libération du groupement méthyle d’un noyau aromatique et d’un atome d’hydrogène de l’autre noyau permettrait la formation d’une liaison entre les deux noyaux aromatiques et la libération d’une molécule de CH4. 196 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes Figure V-6 : Proposition de mécanisme de formation du CH4 lors des réactions de réarrangement du char entre 500 °C et 600 °C. Dans la zone 4, la courbe illustrant le dégagement de CO au cours de la pyrolyse de la lignine est formée de trois maxima à 532, 586 et 727 °C. A ces températures, l’essentiel de l’oxygène organique résiduel, susceptible d’être impliqué dans la formation de molécules de CO, est présent soit sous forme de fonctions hydroxyles en substitution des noyaux aromatiques, soit au sein de liaisons de type éther entre les monomères. Parmi celles-ci, les chaînes alkyles ayant été rompues, seules les liaisons de type 4-O-5 diaryléther (Figure V-5), qui sont parmi les liaisons C-O les plus stables de la biomasse [19], sont susceptibles d’être encore présentes [20]. Ce type de liaisons est assez fréquent et peut représenter, dans la lignine de la biomasse, plus de 8 % des liaisons entre les unités monomères [21, 22]. Plusieurs auteurs précisent effectivement, que la formation de CO peut se faire à partir de réactions impliquant les liaisons diaryléthers [13, 14, 20] ou les motifs phénols [23], mais peu de mécanismes réactionnels sont proposés. Egsgard et al. [23] ont proposé un mécanisme, présenté sur la Figure V-7, qui explique la formation de CO, à partir de motifs de type phénol, à haute température. Dans ce mécanisme, la libération de deux molécules de CO conduit à la formation de deux noyaux cyclopentadiènes, qui vont réagir suivant la réaction de Diels-Alder et se réarranger en une structure polycyclique par la libération de H2. Figure V-7 : Proposition de mécanisme de formation de CO, pour des températures supérieures à 500 °C, à partir de motifs de type phénol, d’après Egsgard et al. [23]. La première étape de réarrangement du noyau phénol et la possibilité de mise en présence de deux noyaux cyclopentadiènes, positionnés favorablement pour que la réaction de cycloaddition, sous contrôle orbitalaire, soit possible, constituent des points qui rendent ce mécanisme discutable. Une autre alternative, que nous proposons pour justifier la formation de CO, consiste en un mécanisme, dont la première étape est du même type que celle que nous avons proposé pour la production de CH4, à partir de deux noyaux aromatiques, dont un est substitué par une fonction hydroxyle (Figure V-8). Cette réaction provoquerait la formation d’une molécule d’eau, qui pourrait réagir avec le char suivant une réaction de vapogazéification, pour produire du CO et du H2. Il est important de rappeler que la probabilité des réactions de vapogazéification, qui sont endothermiques, est très faible pour 197 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes des températures inférieures à 500 °C, mais devient plus importante pour des températures plus élevées. Le dégagement de H2, observé à partir de 500 °C dans notre étude (Figure V-3), est cohérent avec les deux mécanismes proposés (Figure V-7 et Figure V-8) pour expliquer la formation de CO, à des températures supérieures à 500 °C. Figure V-8 : Proposition de mécanisme de formation de CO au sein du char pour des températures supérieures à 500 °C par des réactions de déshydratation et vapogazéification. La formation de CO à partir des fonctions de type diaryléther pourrait également se dérouler suivant le même type de mécanisme, suite à une étape préliminaire d’hydrogénation de la fonction éther. En effet, cette réaction, possible à partir de 500 °C [20], température à laquelle le dégagement de H2 débute, permettrait la formation d’un noyau aryl et d’un noyau contenant un motif phénol, qui pourrait réagir, suivant un des mécanismes proposés sur les Figure V-7 et Figure V-8, pour former des molécules de CO et de H2. Les mécanismes, proposés sur les Figure V-7 et Figure V-8, ont pour point commun d’impliquer l’atome d’oxygène d’un noyau phénol dans la formation de CO. De plus, le mécanisme de Egsgaard, et les réactions de vapogazéification conduisent tous deux à la production de CO et de H2. Ainsi, par la suite, lors de l’étude des mécanismes de pyrolyse, à chaque fois qu’un dégagement simultané de CO et de H2 est expliqué par l’hypothèse que des réactions de vapogazéification se produisent, il est possible que ce dégagement gazeux, soit plutôt dû à des réactions qui se déroulent, selon le mécanisme de Egsgaard. Enfin, une quantité importante de H2 est sans doute formée par des réactions de réarrangement au sein de la matrice carbonée du résidu de lignine [20, 24], suivant un mécanisme de déshydrogénation du type de celui que nous proposons sur la Figure V-9. Figure V-9 : Proposition de mécanisme de la formation de H2 au sein du char pour des températures supérieures à 500 °C. Tous les mécanismes, proposés dans ce paragraphe, pour expliquer le dégagement de gaz incondensables à des températures supérieures à 500 °C, sont cohérents avec la formation progressive d’un char dont la structure aromatique devient de plus en plus polycyclique, comme observé par différents auteurs [11, 17, 20]. 198 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes 2.1.2. Effet de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion de la lignine L’évolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de lignine, sans métal imprégné, est présentée sur la Figure V-10A. Les températures onset et offset obtenues lors de la conversion des échantillons imprégnés (avec ou sans métal) sont sensiblement les mêmes que celles observées pour L-brut. Pour rappel, la principale différence entre les échantillons L-brut, L-pH6 et L-pH1,5 est leur teneur en matières inorganiques. Une teneur plus faible, pour les échantillons imprégnés, a été mise en évidence par un taux de cendres moins élevé (2,47 % pour L-brut, 0,82 % pour L-pH6 et 0,57 % pour L-pH1,5). Les évolutions très similaires des courbes, obtenues à partir des trois échantillons, indiquent que la déminéralisation a très peu affecté la conversion de la lignine. La masse finale du char de L-brut est légèrement inférieure à celle des échantillons imprégnés. D’après la Figure V-10B, qui représente les masses perdues par les échantillons sur les différentes zones, cette différence est essentiellement due à une perte masse légèrement plus importante, sur les gammes de température correspondant aux zones 1 (T < 314 °C) et 4 (T > 500 °C). L-pH1,5 L-pH6 B L-brut zone 1 100 60 90 50 11,4 40 masse perdue (%) masse (%) A 80 70 60 50 zone 2 zone 3 zone 4 10,4 11,2 5,6 5,8 5,9 30,0 29,1 30,3 8,3 7,5 7,5 L-brut LpH6 L-pH1,5 30 20 10 40 100 200 300 400 500 600 700 0 800 Température (°C) Figure V-10 : Evolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de lignine, sans métal imprégné, en fonction de la température ; A : suivi de la masse par ATG ; B : masses perdues sur les gammes de température correspondant aux différentes zones. Cependant, l’étude de la composition des fractions gazeuses dégagées des échantillons au cours de la montée en température, présentée sur la Figure V-11, met en valeur quelques différences au niveau des mécanismes de conversion de ces trois échantillons. Sur la zone 1, les profils des courbes illustrant les productions de CO, CH4 et H2 sont identiques pour les trois échantillons. Par contre, le pic de production de CO2, observé à une température de 200 °C, lors de la conversion de L-brut, n’apparaît plus aussi nettement dans le cas des échantillons imprégnés. Ce résultat indique que les matières inorganiques, présentes dans la lignine, catalysent des réactions de décarboxylation. Pour une température comprise entre 480 °C et 700 °C, le dégagement de CO est nettement plus important lors de la conversion de l’échantillon L-pH1,5. Comme expliqué précédemment, pour ces températures, les atomes d’oxygène, impliqués dans la formation de CO, se trouvent dans le char essentiellement en liaisons avec des noyaux benzéniques. D’après plusieurs auteurs, les matières inorganiques, présentes naturellement dans la biomasse, catalysent la réaction de fragmentation des groupements méthoxy, en substitution des noyaux benzéniques, qui conduit à la formation de méthanol [25, 26]. Dans le cas de L-pH1,5, en conséquence de la forte déminéralisation, la 199 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes fragmentation du groupement méthoxy en méthanol est limitée, ce qui implique un plus grand nombre d’atomes d’oxygène dans le char, donc un potentiel de production de CO plus important. 1,6 2,5 CH4 CO 2 concentration (%) concentration (%) 1,2 0,8 0,4 1 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 L-brut 800 100 L-pH1,5 1 200 300 400 500 600 700 800 500 600 700 800 L-pH6 5 CO2 0,8 H2 4 concentration (%) concentration (%) 1,5 0,6 0,4 3 2 1 0,2 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 Température (°C) 300 400 Température (°C) Figure V-11 : Concentrations des principaux gaz incondensables dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse des échantillons de lignine, sans métal imprégné. Par rapport à la production de H2, il apparaît qu’elle est plus élevée pour les échantillons contenant le plus de minéraux, ce qui peut être dû à un effet catalytique des matières inorganiques, favorisant les réactions de recombinaisons entre les noyaux aromatiques [20, 24]. Les pics de production de CO et de H2, observés à environ 720 °C lors de la conversion de L-brut, indiquent que des réactions de vapogazéification du char pourraient être catalysées en présence de matières inorganiques. De plus, des réactions secondaires des molécules volatiles à la surface des matières inorganiques contribuent certainement aussi à une plus forte production de H2. Lors de la pyrolyse de L-brut, la production de CO2 augmente à partir de 580 °C pour atteindre un maximum local à environ 700 °C, température qui correspond également à un maximum local de production de CO. Ce dégagement de CO2, qui est lié à la teneur en matières inorganiques des échantillons, indique que des molécules de CO sont converties, par des réactions de gaz à l’eau, catalysées par les matières inorganiques [5, 27], en CO2 et en H2. L’existence de cette réaction est appuyée par l’étude de l’évolution de la production de H2. En effet, lors de la pyrolyse de L-brut et de L-pH1,5, les productions de H2 sont similaires pour les faibles températures, puis à 580 °C, température pour laquelle la production de CO2 augmente à nouveau, la production de H2, à partir de L-brut, devient supérieure. Dans le cas de L-pH6, des réactions du gaz à l’eau sont également observées, mais de manière atténuée, puisque cet échantillon contient moins de matières inorganiques que L-brut. 200 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes 2.1.3. Influence des catalyseurs métalliques sur la conversion de la lignine 2.1.3.1. Influence du fer imprégné dans la lignine Dans le chapitre IV, nous avons fait l’hypothèse que le fer imprégné dans la lignine catalyse des réactions de recombinaisons des radicaux, ce qui favorise les rendements en char et limite ceux des produits de dépolymérisation. L’évolution, au cours de la pyrolyse, de la masse de l’échantillon de lignine imprégnée de fer (L-Fe0,28) est comparée à celle obtenue pour l’échantillon de référence (LpH1,5), sur la Figure V-12A. Les profils des deux courbes sont assez similaires jusqu’à la température de 400 °C, où la perte de masse devient plus importante pour L-pH1,5. A L-pH1,5 100 B L-Fe0,28 L-pH1,5 35 30,3 90 30 masse perdue (%) masse (%) L-Fe0,28 80 70 60 50 27,0 25 20 15 10 11,2 11,9 7,5 8,2 5,9 5,8 5 40 100 200 300 400 500 600 700 800 0 Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 température (°C) Figure V-12 : Influence du fer imprégné sur l’évolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de lignine ; A : suivi de la masse par ATG ; B : masse perdue sur les gammes de température correspondant aux différentes zones. L’étude des masses perdues par les échantillons, sur les gammes de température correspondant aux zones définies précédemment (Figure V-12B), permet de mettre en valeur des différences au niveau des mécanismes de conversion. Sur la zone 1, la masse perdue est plus forte pour L-Fe0,28 que pour L-pH1,5. Les réactions de conversion catalysées en présence de fer, qui conduisent à une plus forte perte de masse, pourraient être des réactions de réarrangement qui stabilisent la matrice solide. Cette hypothèse est confortée par le fait que la masse perdue au niveau de la zone 2, qui correspond à la forte dépolymérisation de la lignine, est nettement plus faible (- 11 %) avec L-Fe0,28 qu’avec LpH1,5. La masse perdue par les deux échantillons est similaire sur la zone 3, puis devient plus importante pour L-Fe0,28, sur la zone 4. La comparaison de la composition des fractions gazeuses dégagées des échantillons L-pH1,5 et LFe0,28, détaillée sur la Figure V-13, apporte des éléments de compréhension supplémentaires. Sur la zone 1, les productions de CO, CH4 et H2 sont identiques pour les deux échantillons. Seule la formation de CO2 est affectée avec une production plus forte pour L-Fe0,28, à partir de 235 °C. Ce résultat indique que des réactions de décarboxylation, catalysées par le fer, sont impliquées dans les réactions de réarrangement, qui stabilisent la matrice solide. L’influence du fer imprégné sur la composition des gaz produits est surtout marquée au niveau de la zone 4. A partir de 500 °C, la production de H2 devient plus forte avec L-Fe0,28 qu’avec L-pH1,5. Plusieurs réactions, susceptibles d’être catalysées en présence de fer, peuvent expliquer ce phénomène. De la même manière que les matières inorganiques présentes naturellement dans la biomasse, le fer peut catalyser des réactions de recombinaisons des noyaux aromatiques, qui libèrent des molécules de H2, suivant le mécanisme proposé sur la Figure V-9. Ensuite, il apparaît que, pour des températures comprises entre 500 et 700 201 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes °C, le fer catalyse des réactions du gaz à l’eau, mises en évidence par les courbes représentant l’évolution des productions de CO et de CO2 (Figure V-13). En effet, sur cette gamme de température, par rapport à l’échantillon de référence, la plus faible production de CO simultanée à l’apparition d’un pic de production de CO2, obtenue lors de la pyrolyse de L-Fe0,28, indique qu’une réaction qui consomme du CO et produit du CO2 est fortement catalysée par le fer. Enfin, il est également possible que le fer catalyse des réactions de vapogazéification du char. Ces réactions d’oxydation du char, en présence de vapeur d’eau, pourraient justifier la plus forte perte de masse, au niveau de la zone 4, pour L-Fe0,28, par rapport à l’échantillon de référence. 2 2,5 CO CH4 2 concentration (%) concentration (%) 1,6 1,2 0,8 0,4 1,5 1 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 L-pH1,5 200 300 400 6 1,2 CO2 0,8 0,6 0,4 0,2 500 600 700 800 500 600 700 800 H2 5 concentration (%) 1 concentration (%) 100 L-Fe0,28 4 3 2 1 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 température (°C) 200 300 400 température (°C) Figure V-13 : Influence du fer imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de lignine. 2.1.3.2. Influence du nickel imprégné dans la lignine Dans le chapitre IV, en plus d’un effet qui limite la formation des produits de dépolymérisation, nous avons fait l’hypothèse que le nickel catalysait fortement des réactions secondaires, responsables d’une production supplémentaire de H2. L’évolution, au cours de la pyrolyse, de la masse de l’échantillon de lignine imprégnée de nickel (L-Ni0,28) est comparée à celle obtenue pour l’échantillon de référence (L-pH6), sur la Figure V-14A. Les évolutions des deux courbes sont très similaires. D’après l’étude des masses perdues par les échantillons sur les gammes de température correspondant aux zones définies précédemment (Figure V-14B), par rapport à l’échantillon de référence, la perte de masse de L-Ni0,28 est plus forte sur la zone 1 et plus faible sur la zone 2. Ce résultat indique que le nickel catalyse, sur la zone 1, des réactions de réarrangement qui limitent, par la suite, la formation des produits de dépolymérisation au niveau de la zone 2. Sur les zones 3 et 4, les masses perdues sont plus fortes pour L-Ni0,28. 202 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes L-pH6 A L-Ni0,28 B L-pH6 L-Ni0,28 100 35 29,1 30 masse perdue (%) masse (%) 90 80 70 60 50 28,1 25 20 15 10 10,4 11,5 7,5 7,8 5,8 6,1 5 40 0 100 200 300 400 500 600 température (°C) 700 800 Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Figure V-14 : Influence du nickel imprégné sur l’évolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de lignine ; A : suivi de la masse par ATG ; B : masse perdue sur les gammes de température correspondant aux différentes zones. A partir de la comparaison de la composition des fractions gazeuses dégagées des échantillons L-pH6 et L-Ni0,28 (Figure V-15), il apparaît que, sur la zone 1, le nickel imprégné n’influe pas sur les productions de CO, CH4 et H2. La plus forte production de CO2, sur cette même zone, observée lors de la conversion de L-Ni0,28, indique que, comme dans le cas du fer, les réactions de décarboxylation sont impliquées dans les réactions de réarrangement, catalysées par le nickel. Sur les autres zones, la présence de nickel influe considérablement sur la composition de la fraction gazeuse dégagée. Par rapport à l’évolution de la production des gaz observée avec l’échantillon de référence, la production de H2 devient significative à partir d’une température bien plus faible (360 °C au lieu de 500 °C pour l’échantillon de référence) et est nettement plus élevée, sur tout l’intervalle de température compris entre 360 °C et 640 °C. Sur cet intervalle, les courbes illustrant la production de CO2 à partir de L-pH6 et de L-Ni0,28 sont assez similaires, donc les molécules de H2 supplémentaires ne sont pas formées par des réactions du gaz à l’eau. Par contre, sur les courbes qui représentent la production de CH4, il apparaît que pour L-Ni0,28 les intensités des deux maxima observées aux températures de 425 °C et 555 °C sont nettement plus faibles que pour L-pH6. Dans la mesure où, lors de la conversion de LNi0,28, la production de H2 atteint deux maxima locaux pour les mêmes températures, il est clair que des réactions de reformage à la vapeur du CH4, catalysées en surface du nickel, contribuent à la production supplémentaire de H2. Cette réaction génère également des molécules de CO, qui sont effectivement produites en quantité nettement plus importante, dans le cas de l’échantillon imprégné de nickel, sur toute la gamme de température où le CH4 est produit en quantité significative. En plus des réactions de reformage à la vapeur, il est probable que la présence de nickel permette des réactions de gazéification du char. Ces réactions justifieraient la plus forte perte de masse de l’échantillon imprégné de nickel, sur les zones 3 et 4. L’oxydation du char par la vapeur d’eau contribuerait ainsi aux plus fortes productions de CO et de H2. A partir de 640 °C, les courbes de production de H2 obtenues à partir des deux échantillons retrouvent les mêmes allures. A priori, ce phénomène n’est pas dû à la désactivation du nickel, mais plutôt à un manque de vapeur d’eau, qui est le réactif indispensable aux réactions de reformage à la vapeur et de vapogazéification. En effet, la formation de molécules d’eau, à partir de char de lignine, devient rare à des températures aussi élevées [4, 26]. Entre 600 °C et 800 °C, les productions plus fortes en CO et plus faibles en CO2, 203 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes obtenues à partir de l’échantillon imprégné de nickel, indiquent que des réactions d’oxydation du char par le CO2 se déroulent, ce qui confirme que l’activité catalytique du nickel sur les réactions d’oxydation semble maintenue sur cette gamme de température. Les probabilités que des réactions de gazéification se produisent, en présence de nickel, pour des températures inférieures à 800 °C seront discutées dans le chapitre VII. 2,5 2,5 CO 2 concentration (%) concentration (%) 2 1,5 1 0,5 1,5 1 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 L-pH6 1,2 100 200 300 400 500 600 700 800 500 600 700 800 L-Ni0,28 5 CO2 H2 1 4 concentration (%) concentration (%) CH4 0,8 0,6 0,4 3 2 1 0,2 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 température (°C) 300 400 température (°C) Figure V-15 : Influence du nickel imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de lignine. 2.2. Conversion de la cellulose imprégnée de métaux 2.2.1. Etapes de la conversion de la cellulose Les évolutions, au cours de la pyrolyse, de la masse et de la perte de masse de la cellulose microcristalline, non traitée, sont représentées sur la Figure V-16. Comme généralement observé dans la littérature, la conversion est caractérisée par une forte perte de masse, qui se produit sur une gamme de température assez étroite, comprise entre 300 et 400 °C [1, 4, 6, 28, 29]. Le maximum de la représentation graphique de l’évolution de la perte de masse (- dTG) est obtenu à une température de 352 °C. A partir de la courbe représentant le signal (- dTG), pour chaque échantillon de cellulose, la conversion a été divisée en 4 étapes. Les bornes des différentes zones sont les températures : - du début du test, - Tonset, température du début du pic principal du signal (soit 322 °C pour C-brut), - Toffset, température de la fin du pic principal du signal (soit 371 °C pour C-brut), - de 500 °C, température pour laquelle la perte de masse devient faible (< 0,50 %/min), - de fin du test. 204 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes masse ATG - dTG 100 25 90 20 masse (%) 70 60 15 50 40 10 30 20 - dTG (%/min) 80 5 10 0 0 100 200 Zone 1 300 Zone 2 400 500 Zone 3 322 371 (T onset) (T offset) 600 Zone 4 700 800 température (°C) Figure V-16 : Evolution de la masse et de la perte de masse (- dTG) de la cellulose (C-brut) en fonction de la température. D’après les courbes représentant l’évolution de la composition de la fraction gazeuse dégagée de l’échantillon au cours de la pyrolyse (Figure V-17), la production maximale de CO2 et de CO est simultanée au maximum de perte de masse de la cellulose. La formation de H2 débute à 500 °C et devient importante pour des températures supérieures à 600 °C. La production de CH4 est relativement faible et atteint son maximum, à une température d’environ 550 °C. Ces résultats sont cohérents avec ce qui a été observé par plusieurs auteurs [1, 4, 5, 30, 31]. 5 gaz (%) 4 3 H2 CH4 2 CO CO2 1 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Température (°C) Figure V-17 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse (% molaire) en sortie de l’appareil d’ATG en fonction de la température, lors de la pyrolyse de la cellulose (C-brut). Il est utile de constater que les profils des courbes de production de H2 obtenus lors des conversions de C-brut et L-brut sont très similaires. Pour des températures supérieures à 500 °C, le char de cellulose est constitué très majoritairement de noyaux aromatiques [32, 33], ce qui signifie que les molécules de H2 sont certainement formées, par des réactions de réarrangement des noyaux aromatiques, suivant le même mécanisme que celui proposé sur la Figure V-9. De plus, le pic de production de CH4 se produit à la même température (550 °C) que le 2ème pic de production de cette même molécule, lors de la pyrolyse de L-brut. D’après Mc Grath et al. [33], à 500 °C, le char de cellulose contient 4 % de groupements méthyles contre seulement 1 % à 600 °C. Cette observation 205 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes nous amène à l’hypothèse que, lors de la pyrolyse de la cellulose, l’essentiel de la formation des molécules de CH4 se produit à partir des groupements méthyles en substitution des noyaux aromatiques produits au cours du processus de formation du char, suivant le même mécanisme que proposé sur la Figure V-6, dans le cas de la pyrolyse de lignine. Les rendements massiques en matières volatiles, obtenus lors de la pyrolyse de C-brut et répartis par zone, sont détaillés sur la Figure V-18. Sur la zone 1, la quantité de gaz incondensables produite est extrêmement faible. L’essentiel de la perte de masse est due à la formation de matières condensables, dont la proportion en eau est certainement très élevée. En effet, plusieurs auteurs ont constaté que la quantité de goudrons formée était très faible avant 300 °C, alors que la production d’eau devient significative dès 250 °C [2, 4, 5]. La zone 2 correspond à la forte dépolymérisation de la cellulose, ce qui explique les rendements importants en huile de pyrolyse. Pour des températures plus élevées (zones 3 et 4), des réactions de réarrangement de la matrice du résidu se produisent, ce qui explique la plus forte production, en proportion, de gaz incondensables. 90 80 rendements (%) 70 60 huile 70,0 a (84,8) 50 CO2 CO 40 57,7 a (93,3) 30 CH4 H2 20 1,2 a (25,1) 10 0 7,1a (60,3) 4,0a (95,0) zone 1 zone 2 zone 3 zone 4 total Figure V-18 : Rendements massiques (%) en matières volatiles dégagées, lors de la pyrolyse de la cellulose, selon la zone considérée ; les chiffres entre parenthèses correspondent à la contribution (en %) de l’huile de pyrolyse à la masse a perdue par l’échantillon. : déterminé par différence. 2.2.2. Influence des catalyseurs métalliques sur la conversion de la cellulose La pyrolyse des échantillons C-pH6 et C-pH1,5, étudiée par couplage ATG/Micro-GC, a conduit à des résultats presque identiques, à ceux obtenus lors de la pyrolyse de C-brut. Ce résultat est cohérent avec nos analyses, qui avaient montré que l’imprégnation dans des solutions aqueuses, ayant des pH de 6,0 ou de 1,5, ne modifiait quasiment pas la structure cristalline de la cellulose. Les températures caractéristiques, associées au pic de la plus forte perte de masse observé lors de la conversion des différents échantillons de cellulose, sont données dans le Tableau V-1. Il apparaît que la présence des métaux abaisse les températures caractéristiques de la conversion de la cellulose. Ce résultat, déjà observé par d’autres auteurs, lors de la pyrolyse de cellulose imprégnée de Zn(II) ou de Fe(II) [30, 34, 35], confirme encore l’hypothèse que les métaux agissent sur les mécanismes primaires de conversion de la cellulose. La température de pic de perte de masse la plus basse, de 338 °C, est obtenue dans le cas de la pyrolyse de C-Fe0,28. 206 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes Tableau V-1 : Caractéristiques du pic du signal (- dTG), observé lors de la conversion des différents échantillons de cellulose. C-brut C-pH6 C-Ni0,28 C-pH1,5 C-Fe0,28 onset 322 330 319 322 310 Température (°C) pic 352 357 345 354 338 offset 371 374 361 372 357 Pour chaque échantillon, ces températures caractéristiques ont été utilisées pour délimiter les gammes de température, correspondant aux différentes zones. Par exemple, la zone 2 est comprise entre 322 °C et 371 °C pour C-brut, et entre 310 °C et 357 °C pour C-Fe0,28. 2.2.2.1. Influence du fer imprégné dans la cellulose Dans le chapitre IV, nous avons fait l’hypothèse que le fer imprégné dans la cellulose catalyse des réactions de déshydratation et de réarrangement, ce qui favorise les mécanismes de formation du char et limite la formation des produits de depolymérisation et de fragmentation. Les évolutions, au cours de la pyrolyse, de la perte de masse des échantillons de cellulose imprégnée de fer (C-Fe0,28) et de référence (C-pH1,5) sont comparées sur la Figure V-19A. A C-pH1,5 70 masse perdue (%) 25 20 - dTG (%/min) C-pH1,5 B C-Fe0,28 15 C-Fe0,28 61,3 60 55,1 50 40 30 10 20 5 11,5 10,5 11,0 10 0 100 300 500 4,8 5,0 4,5 0 700 Zone 1 température (°C) Zone 2 Zone 3 Zone 4 Figure V-19 : Influence du fer imprégné sur l’évolution de la perte de masse de la cellulose au cours de la pyrolyse ; A : signal (- dTG) ; B : masse perdue sur les gammes de température correspondant aux différentes zones. En plus de la différence au niveau de la température du pic de perte de masse (inférieure de 16 °C pour C-Fe0,28 par rapport à C-pH1,5), il est intéressant de noter qu’une perte de masse significative (> 0,5 %/min) est observée dès 246 °C pour C-Fe0,28, contre 300 °C pour C-pH1,5. Ainsi, il est logique de constater sur la Figure V-19B, où sont représentées les masses perdues par les échantillons, sur les gammes de température correspondant aux zones définies précédemment, que, sur la zone 1, la diminution de la masse de C-Fe0,28 est nettement plus élevée (X 2,4) que celle de C-pH1,5. L’hypothèse que cette plus forte réduction de masse, sur la zone 1, soit due à des réactions qui stabilisent la matrice solide, est confirmée par les différences de perte de masse, observées sur la 207 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes zone 2. En effet, sur cette zone, caractéristique de la forte dépolymérisation de la cellulose, la masse perdue par C-Fe0,28 est inférieure de 10 % à celle perdue par C-pH1,5. Au niveau des zones 3 et 4, les différences de perte de masse entre les deux échantillons sont nettement moins marquées. Les analyses en DRX avaient mises en évidence que le taux de cristallinité de C-Fe0,28 était plus faible que celui de C-pH1,5 (Figure IV-6). Il est possible que cette différence contribue à certaines des évolutions observées lors de la comparaison des conversions de C-Fe0,28 et C-pH1,5 ; notamment le plus grand nombre de réactions de déshydratation et de réarrangement au niveau de la zone 1 et la plus faible température du maximum de perte de masse [36, 37], obtenus lors de la conversion de C-Fe0,28. Dans le chapitre IV, nous avions également émis l’hypothèse que les réactions associées au mécanisme de formation du char, catalysées par le fer, consistaient principalement en des réactions de déshydratation et de décarboxylation. Ces réactions se produisent, nécessairement, avant les réactions de dépolymérisation de la cellulose, c'est-à-dire avant que la température de l’échantillon n’atteigne 350 °C. Notre méthode expérimentale ne permet pas de suivre l’évolution de la production d’eau. Cependant, plusieurs auteurs ont mis en évidence, que l’imprégnation dans la cellulose de métaux comme le zinc, le sodium ou le potassium, permettait, lors de la pyrolyse, d’abaisser la température du début de production d’eau de plus de 50 °C [2, 34], ce qui indique que les métaux peuvent catalyser des réactions de déshydratation dans la cellulose. La composition des fractions gazeuses, dégagées au cours de la pyrolyse des échantillons C-pH1,5 et C-Fe0,28, est comparée sur la Figure V-20. La production de CO2 à partir de C-Fe0,28 débute dès 150 °C contre 300 °C pour C-pH1,5. D’après nos calculs, l’augmentation de la quantité de matières volatiles formées sur la zone 1, observée lors de la conversion de C-Fe0,28, est due à 42 % à une plus forte production de CO2 et seulement à 4 % à une plus forte production de CO. Ce résultat appuie fortement l’hypothèse que des réactions de décarboxylation sont impliquées dans les réactions de réarrangement, catalysées par le fer dans la cellulose. La comparaison des fractions gazeuses analysées met également en évidence un effet catalytique du fer, qui modifie significativement les quantités de gaz incondensables produites au niveau des zones 3 et 4. Par rapport à la conversion de C-pH1,5, lors de la pyrolyse de de C-Fe0,28, la production de H2 débute nettement plus tôt (400 °C pour C-Fe0,28 contre 500 °C pour C-pH1,5) et est bien plus forte sur toute la gamme de température entre 400 °C et 800 °C. L’épaulement sur la courbe de production de CO2, à une température d’environ 450 °C, simultané à une production relativement élevée de CO, indique que des réactions du gaz à l’eau, catalysées à la surface du fer contribuent certainement à la production de H2 entre 400 et 500 °C. Les courbes de production de CH4, obtenues à partir des deux échantillons, sont semblables jusqu’à 490 °C, température à laquelle la production de CH4 à partir de C-Fe0,28 devient bien plus faible. Ce résultat indique que des réactions de reformage à la vapeur, notamment du CH4, également catalysées en surface du fer, sont possibles à partir de 490 °C. Les augmentations simultanées et du même ordre de grandeur, des productions de CO et de H2, sur la gamme de température comprise entre 600 °C et 680 °C, pourraient être dues à des réactions de vapogazéification du char. La chute de la production de CO à environ 700 °C, indique que cette réaction ne se produit plus à partir de cette température, certainement par manque de vapeur d’eau, le réactif nécessaire à ces réactions d’oxydation. Enfin, la plus forte production de H2, obtenue entre 700 °C et 800 °C, à partir de l’échantillon imprégné de fer, pourrait être due à l’effet catalytique du métal, qui favorise les réactions de recombinaisons des noyaux aromatiques [24]. 208 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes 0,6 6 CH4 CO2 0,5 concentration (%) concentration (%) 5 4 3 2 0,4 0,3 0,2 0,1 1 0 0 100 200 300 400 500 600 700 100 800 C-pH1,5 300 400 500 600 700 800 500 600 700 800 C-Fe0,28 3 3,5 CO H2 3 concentration (%) 2,5 concentration (%) 200 2 1,5 1 0,5 2,5 2 1,5 1 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 300 400 température (°C) température (°C) Figure V-20 : Influence du fer imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de cellulose. 2.2.2.2. Influence du nickel imprégné dans la cellulose Dans le chapitre IV, nous avons fait l’hypothèse que le nickel imprégné en surface de la cellulose cristalline catalyse des réactions de déshydratation et de réarrangement, qui favorisent les mécanismes de formation du char et limitent la formation des produits de dépolymérisation et de fragmentation. Par contre, imprégné dans la cellulose amorphe, ce même métal catalyserait aussi des réactions de dépolymérisation. Les évolutions, au cours de la pyrolyse, de la perte de masse des échantillons de cellulose imprégnée de nickel (C-Ni0,28) et de référence (C-pH6) sont comparées sur la Figure V-21A. Lors de la pyrolyse de C-Ni0,28, un pic de perte de masse apparaît à une température de 206 °C. Nous supposons que ce pic est dû à l’effet catalytique du nickel, qui favorise la dépolymérisation de la cellulose amorphe, dont la teneur représente, selon les analyses DRX, environ 20 % de l’échantillon C-Ni0,28. Ce point sera abordé plus en détail par la suite. A des températures supérieures à 225 °C, le début de la perte de masse significative (> 0,5 %/min) est observée dès 242 °C pour C-Ni0,28, contre 300 °C pour C-pH6. Les masses perdues par les échantillons, sur les gammes de température correspondant aux zones définies précédemment, sont détaillées sur la Figure V-21B. La masse perdue par C-Ni0,28, sur la zone 1, représente 14,7 % de la masse de l’échantillon. La quantité de matière perdue, associée aux réactions de dépolymérisation, qui se produisent entre 186 °C et 225 °C, est estimée à 2,8 %. Ainsi, le reste de la quantité de matière perdue avant la température Tonset, due essentiellement aux réactions de déshydratation et de réarrangement, représente environ 11,9 % de la masse de l’échantillon, soit une valeur plus de 2 fois plus forte que la quantité perdue sur la zone 1, lors de la conversion de C-pH6. En conséquence, notamment de cette plus forte stabilisation de la matrice solide sur la zone 1, la masse perdue par CNi0,28 au niveau de la zone 2, caractéristique de la dépolymérisation de la cellulose, est plus faible 209 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes de près de 20 % à celle perdue par C-pH6 sur cette même zone. Sur les gammes de températures correspondant aux zones 3 et 4, la principale différence observée, lors de la pyrolyse des deux échantillons, est une masse perdue nettement plus élevée (+ 17 %) sur la zone 3 pour C-Ni0,28. A C-pH6 B C-Ni0,28 25 70 C-Ni0,28 63,0 60 20 50,7 masse perdue (%) - dTG (%/min) C-pH6 15 10 5 50 40 30 20 10 0 100 200 300 400 500 600 700 800 14,7 10,6 12,4 5,1 4,5 4,1 0 Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 température (°C) Figure V-21 : Influence du nickel imprégné sur l’évolution de la perte de masse de la cellulose au cours de la pyrolyse ; A : signal (- dTG) ; B : masse perdue sur les gammes de température correspondant aux différentes zones. Les compositions des fractions gazeuses, dégagées au cours de la pyrolyse des échantillons C-pH6 et C-Ni0,28, sont comparées sur la Figure V-22. Lors de la conversion de C-Ni0,28, des pics de production de CO2 et de CO apparaissent à une température d’environ 206 °C. Les pics de production de ces deux molécules, généralement observés simultanément à la plus forte perte de masse de la cellulose [1, 4], sont cohérents avec l’hypothèse que des réactions de dépolymérisation se produisent à cette température. Entre 225 °C et 320 °C, la production de CO2 à partir de C-Ni0,28 est nettement supérieure à celle à partir de C-pH6. L’augmentation de la quantité de matières volatiles produites, observée pour C-Ni0,28 sur cette gamme de température, est due à 30 % à une plus forte production de CO2 et seulement à 5 % à une plus forte production de CO. Ce résultat indique que, lors de la conversion de la cellulose cristalline, une grande partie des réactions de réarrangement, catalysées par le nickel, sont ou provoquent des réactions de décarboxylation. Par rapport à l’échantillon de référence, la température du début de production de H2 à partir de CNi0,28 est avancée de près de 200 °C. La courbe représentant l’évolution de la concentration de H2 dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, au cours de la conversion de C-Ni0,28, est composée d’un premier pic de production, faible, à 350 °C et d’un grand pic entre 400 °C et 600 °C. Le premier pic, simultané au maximum de perte de masse de l’échantillon, est certainement dû à des réactions secondaires des matières volatiles, en surface du nickel. Plusieurs réactions sont à l’origine de la formation du second pic. L’apparition d’un pic de production de CO, entre 400 °C et 500 °C, indique que des réactions de vapogazéification du char, catalysées par le nickel, sont probables. Cette réaction explique la plus forte perte de masse de C-Ni0,28 au niveau de la zone 3. Simultanément à ce nouveau pic de production de CO, un dégagement de CO2 supplémentaire est observé, ce qui signifie que des réactions du gaz à l’eau sont également responsables d’une plus forte production de H2. Enfin, la comparaison des courbes de production de CH4, obtenues à partir des deux échantillons, montre, qu’à des températures supérieures à 450 °C, des réactions de reformage à la vapeur du CH4, catalysées à la surface du nickel, se produisent. Lorsque la température de 210 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes l’échantillon atteint plus de 700 °C, sa teneur en oxygène est très faible et la production de molécules d’eau devient rare, ce qui limite les réactions faisant intervenir la vapeur d’eau. Ainsi, les productions de H2 à partir des deux échantillons redeviennent similaires. 0,6 6 CO2 4 3 2 1 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 C-pH6 100 200 300 400 500 600 700 800 500 600 700 800 C-Ni0,28 3 2,5 CO 2,5 H2 2 concentration (%) concentration (%) CH4 0,5 concentration (%) concentration (%) 5 2 1,5 1 1,5 1 0,5 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 300 400 température (°C) température (°C) Figure V-22 : Influence du nickel imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de cellulose. Dans le but de mieux comprendre le phénomène associé à la perte de masse, qui se produit à 206 °C lors de la pyrolyse de C-Ni0,28, deux échantillons supplémentaires ont été préparés. Le premier consiste en un échantillon de cellulose, qui a subi une imprégnation, dans une solution ayant un pH de 0,5 (C-pH0,5), dans le but d’affaiblir la cristallinité de la cellulose. Une partie de cet échantillon a ensuite subi une seconde imprégnation dans une solution de nitrate de nickel à 1M. Par la suite, l’échantillon obtenu est appelé C-Ni(pH0,5). L’objectif était d’obtenir un échantillon de cellulose imprégné de nickel, avec un taux de cristallinité inférieur à 80 %, afin de mieux appréhender l’effet du nickel imprégné sur la conversion de la cellulose amorphe. L’analyse en DRX a permis de déterminer le taux de cristallinité de ces deux échantillons suivant la méthode de Segal. Ce taux de cristallinité reste élevé pour C-pH0,5 (78,0 %). Par contre, pour C-Ni(pH0,5), les deux imprégnations successives ont permis, comme attendu, une forte réduction du taux de cristallinité de l’échantillon, qui est passé à 49 %. Le suivi de la masse de l’échantillon C-Ni(pH0,5) au cours de la pyrolyse est présenté sur la Figure V-23A. La courbe a été recentrée sur la gamme de température 100-600 °C, car la conversion est quasiment achevée dès 500 °C. Il apparaît que le nickel imprégné a encore conduit à une perte de masse significative, à une température nettement plus basse que celle caractéristique de la conversion de la cellulose cristalline. Par rapport à la conversion de C-Ni0,28, le pic du maximum local de perte de masse est mesuré à une température encore plus faible (168 °C pour C-Ni(pH0,5) contre 206 °C pour C-Ni0,28) et la masse perdue associée à ce pic est nettement plus forte (20,5 % de la masse initiale de l’échantillon pour C-Ni(pH0,5) contre 2,8 % pour C-Ni0,28). La plus forte perte de 211 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes masse, à la température d’environ 200 °C, obtenue pour l’échantillon dont le taux de cristallinité est le plus faible, conforte l’hypothèse que cette perte de masse est due à des réactions de conversion de la cellulose amorphe, catalysées par le nickel. Nous verrons par la suite (paragraphe V.2.3) que cette hypothèse est également soutenue par le fait qu’un pic de perte de masse, caractéristique de réactions de dépolymérisation, est également obtenu à une température proche de 200 °C, lors de la pyrolyse du polysaccharide amorphe qu’est le xylane, lorsque celui-ci est imprégné de nickel. A C-pH0,5 C-Ni(pH0,5) B 100 CH4 CO CO2 8 7 concentration (%) 80 masse (%) H2 60 40 20 6 5 4 3 2 1 0 0 100 200 300 400 température (°C) 500 600 100 200 300 400 température (°C) 500 Figure V-23 : Evolutions, en fonction de la température, de la masse et de la composition de la fraction gazeuse, en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de C-Ni(pH0,5). L’évolution de la formation des gaz incondensables, au cours de la pyrolyse de C-Ni(pH0,5), est détaillée sur la Figure V-23B. Des pics de production de CO2 et de CO sont observés pour une température d’environ 168 °C. La quantité de gaz incondensables dégagés, sur la gamme de température du pic associé à la conversion de la cellulose amorphe catalysée par le nickel (159-209 °C), ne représente que 13 % de la masse perdue par l’échantillon sur cette gamme. Ce résultat indique que les molécules formées sont très majoritairement des molécules condensables, ce qui appuie l’hypothèse que la conversion de la cellulose amorphe, catalysée par le nickel entre 159 °C et 209 °C, consiste essentiellement en des réactions de dépolymérisation. Le phénomène qui se produit à environ 168 °C est assez semblable à celui décrit lors de l’étude de Terakado et al. [38], qui ont observé une conversion dite explosive, lors de la pyrolyse de bois imprégné avec 30 % de nitrate de nickel. En effet, dans cette étude une perte de masse de l’échantillon de près de 60 % s’est produite en quelques secondes à une température d’environ 150 °C. 2.3. Conversion du xylane imprégné de métaux 2.3.1. Etapes de la conversion Les caractéristiques de la conversion par pyrolyse du xylane, déterminées par ATG, sont illustrées sur la Figure V-24. Comme observé par de nombreux auteurs, la forte perte de masse se produit sur l’intervalle de température 200-350 °C [4, 6, 29, 39] et la courbe représentant la variation de la perte de masse (signal - dTG) contient deux pics à 253 °C et 296 °C. Pour chaque échantillon de xylane analysé, la conversion par pyrolyse a été divisée en 5 étapes, dont les gammes de températures sont 212 600 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes spécifiées, pour l’exemple du xylane brut, sur la Figure V-24. Les bornes des différentes zones sont les températures : - du début du test, - du début de la forte perte de masse (Tonset du 1er pic, soit 238 °C pour X-brut), - du minimum de la courbe du signal (- dTG) entre les deux pics (soit 270 °C pour X-brut), - de la fin de la forte perte de masse (Toffset du 2nd pic, soit 315 °C pour X-brut), - de 500 °C, température à partir de laquelle la perte de masse devient faible (< 0,50 %/min), - de fin du test. masse ATG 100 - dTG 14 90 masse (%) 70 10 60 8 50 40 6 30 4 20 - dTG (%/min) 12 80 2 10 0 0 100 200 Zone 1 300 Zone Zone 2 3 315 238 270 400 500 Zone 4 600 700 800 Zone 5 Température (°C) Figure V-24 : Evolution de la masse et de la perte de masse (- dTG) du xylane (X-brut) en fonction de la température. L’évolution de la composition de la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, en fonction de la température de conversion, est présentée sur la Figure V-25. De nombreuses similitudes avec les autres études de la pyrolyse du xylane, réalisées à l’aide de couplages ATG/MS [4, 5] et ATG/FTIR [13, 39] sont obtenues : des pics de production de CO et CO2 sont observés à des températures semblables à celles des pics de perte de masse et un dégagement supplémentaire de CO débute à partir de 600 °C [1-3, 39]. La formation de CH4 est observée à partir de 400 °C et atteint son maximum à environ 500 °C [1-3, 5, 39]. Enfin, la production de H2 devient significative à partir de 480 °C, est maximale vers 560 °C et reste importante jusqu’à 800 °C [1, 5]. Au niveau des courbes de production de CH4 et de H2, des similitudes, avec celles obtenues lors de la pyrolyse de la cellulose et de la lignine, sont observées. Ces observations nous amènent à supposer que lors de la pyrolyse du xylane, comme dans le cas des autres constituants, les molécules de CH4, dégagées pour des températures supérieures à 400 °C, sont produites suivant le mécanisme proposé sur la Figure V-6, à partir de groupements méthyles en substitution de noyaux aromatiques, formés au cours du processus de formation du char. Des molécules de H2 sont, elles, produites par recombinaison des noyaux aromatiques, selon le mécanisme de déshydrogénation proposé sur la Figure V-9. Le début de la production de CH4 et de H2, à des températures légèrement plus faibles que dans le cas de la conversion de la cellulose, est sans doute dû à un effet catalytique des matières inorganiques, dont la teneur dans le xylane est particulièrement élevée. 213 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes 9 8 7 gaz (%) 6 5 CH4 4 H2 CO CO2 3 2 1 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Température (°C) Figure V-25 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse (% molaire) en sortie de l’appareil d’ATG en fonction de la température, lors de la pyrolyse du xylane (X-brut). Sur la Figure V-26 sont représentés les rendements en huile de pyrolyse et en gaz incondensables obtenus au niveau de chaque zone, lors de la pyrolyse de X-brut. 80 70 rendements (%) 60 49,1 a (66,0) 50 40 CO2 CO 30 CH4 20 14,7 a (67,4) 10 0 huile a 18,7 (71,1) 4,0a(78,3) zone 1 zone 2 (pic 1) zone 3 (pic 2) 10,3 a (64,3) 1,3 a (26,1) zone 4 zone 5 H2 total Figure V-26 : Rendements massiques (%) en matières volatiles, obtenus lors de la conversion du xylane (X-brut) selon la zone considérée ; les chiffres entre parenthèses correspondent à la contribution (en %) de l’huile de pyrolyse à la masse a perdue par l’échantillon. : déterminé par différence. Au niveau de la zone 1, l’essentiel des matières volatiles produites sont des molécules condensables (sans doute principalement de l’eau formée par des réactions de déshydratation) et du CO2, produit par fragmentation des fonctions chimiques les plus faibles, notamment à partir des groupements – COOH des acides hexuroniques et des groupements acétyles greffés à la chaîne principale [39-41]. Les proportions des matières volatiles condensables et incondensables, dégagées dans les zones 2 et 3 sont assez similaires. Il est donc délicat de différencier les mécanismes qui se produisent sur les gammes de température, correspondant à chacun des pics. Cette observation est confirmée par plusieurs auteurs qui ont montré que les courbes représentant les évolutions des productions d’eau et de furfural, qui est un produit caractéristique de la dépolymérisation du xylane, présentaient le même profil que la courbe du signal (- dTG), avec pour chacune de ces molécules, deux pics de 214 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes production situés aux mêmes températures que les pics de la courbe du signal (- dTG) [2-5, 39]. Au niveau de la zone 4, les matières volatiles dégagées sont encore majoritairement des molécules condensables. Pour des températures plus élevées (zone 5), des réactions de réarrangement se produisent au sein de la matrice du résidu, ce qui explique la plus forte production, en proportion, de gaz incondensables. 2.3.2. Effet de l’imprégnation en solution sur la conversion du xylane Pour rappel, dans le cas du xylane, suite à l’imprégnation, l’eau de la solution a été séparée par évaporation. Par conséquent, la teneur en matières inorganiques de X-brut, X-pH6 et X-pH1,5 est identique. La principale différence entre X-brut et les échantillons imprégnés vient du fait que, lors de l’imprégnation, certaines matières inorganiques en interaction chimique avec le xylane, ont été remplacées par des ions H3O+ suivant des réactions d’échange cationique. En conséquence, ces matières inorganiques, extraites des particules, sont en contact moins intime avec le xylane. L’évolution, au cours de la pyrolyse, de la perte de masse des échantillons de xylane, sans métal imprégné, est présentée sur la Figure V-27A. L’essentiel de la conversion étant achevé à 600 °C, les courbes associées au signal (- dTG) ne sont représentées que sur l’intervalle de température 100-600 °C. Pour les trois échantillons, ces courbes sont composées de deux pics, dont les températures caractéristiques sont quasiment identiques (Tableau V-2). Par contre, comme illustré sur la Figure V-27B, qui représente la masse perdue par les échantillons sur les différentes zones, la quantité de matières volatiles produites lors de chaque étape de la conversion varie de manière significative, selon l’échantillon considéré. Sur la zone 1, la masse perdue par les échantillons imprégnés est plus forte (+ 40 %) que pour X-brut. Les évolutions des productions des principaux gaz incondensables, assez semblables pour les trois échantillons, ne sont pas présentées dans ce document. La perte de masse, plus marquée pour les échantillons imprégnés, peut être due à une catalyse acide des réactions de déshydratation, en conséquence de l’imprégnation des ions H3O+ dans le xylane. En effet, d’après Nimlos et al. [42], les réactions de déshydratation des polysaccharides, qui sont catalysées par les métaux, le sont encore plus en présence d’ions H3O+. X-pH1,5 A X-pH6 B X-brut X-brut 18 X-pH1,5 30 16 14 25 12 perte de masse (%) - dTG (%/min) X-pH6 10 8 6 4 2 20 15 10 5 0 100 200 300 400 500 600 0 Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 Température (°C) Figure V-27 : Evolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de xylane, sans métal imprégné ; A : signal (dTG) ; B : perte de masse sur les gammes de température correspondant aux différentes zones. 215 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes Pour chaque échantillon, en additionnant la masse perdue au niveau des zones 2 et 3, sur lesquelles se produit l’essentiel des réactions de dépolymérisation, une valeur du même ordre de grandeur est obtenue (47,5 % +/- 0,8 %). Par contre, les pertes de masses sur chacune des zones diffèrent nettement. Par rapport aux résultats obtenus avec X-brut, la masse perdue par les échantillons imprégnés est plus forte de près de 20 % sur la zone 2, et plus faible de près de 20 % sur la zone 3. Au niveau des zones 4 et 5, les masses perdues par les différents échantillons sont plus semblables. Tableau V-2 : Températures caractéristiques de la conversion des échantillons de xylane. onset pic 1 X-brut X-pH6 X-Ni0,50 X-pH1,5 X-Fe0,50 238 236 216 233 207 Température (°C) minimum entre offset pic 2 pic 1 et pic 2 270 315 272 317 280 300 269 313 241 302 2.3.3. Influence des catalyseurs métalliques sur la conversion du xylane 2.3.3.1. Influence du fer imprégné dans le xylane Dans le chapitre IV, l’imprégnation de fer dans le xylane avait peu affecté la distribution des rendements de pyrolyse dans le four tubulaire. Ce résultat avait été attribué à la forte teneur en matières inorganiques, présentes dans l’échantillon de xylane brut. Les évolutions, au cours de la pyrolyse, de la perte de masse des échantillons de xylane imprégné de fer (X-Fe0,50) et de référence (X-pH1,5) sont comparées sur la Figure V-28A. Il apparaît que les maxima de perte de masse, observés à 248 °C et 294 °C pour X-pH1,5, sont obtenus à des températures plus faibles (221 °C et 274 °C) pour X-Fe0,50, ce qui confirme l’existence d’un effet catalytique du fer imprégné sur les mécanismes primaires de conversion du xylane. Il est intéressant de constater que le profil du signal (- dTG) obtenu avec X-Fe0,50, composé de deux pics de perte de masse quasiment de la même intensité, se rapproche de celui obtenu pour X-brut. Ce résultat semble indiquer que le fer, qui a remplacé, au cours de l’imprégnation, les matières inorganiques par des réactions d’échange cationique, influe de la même manière que les matières inorganiques remplacées sur les différentes étapes de la conversion du xylane. Les masses perdues par les échantillons, sur les gammes de température correspondant aux zones définies précédemment, sont détaillées sur la Figure V-28B. Dans la mesure où il est difficile de différencier les mécanismes, qui se déroulent sur les gammes de températures correspondant aux deux pics, nous avons étudié les quantités cumulées des matières volatiles dégagées sur l’ensemble des zones 1, 2 et 3, c’est-à-dire les zones sur lesquelles se déroulent l’essentiel des réactions primaires. Avec X-Fe0,50, par rapport aux résultats obtenus avec X-pH1,5, la masse perdue par l’échantillon et la quantité de matières volatiles condensables produites sont toutes deux réduites d’environ 5 %, ce qui est cohérent avec un effet catalytique du fer qui favorise les réactions de formation du char. Sur les zones 4 et 5, les pertes de masse de X-Fe0,50 sont globalement plus fortes que celles de X-pH1,5. 216 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes A X-pH1,5 B X-Fe0,50 X-pH1,5 20 huile de pyrolyse 30 25 rendement (%) 16 12 8 20 20,1 19,8 15 11,9 10 9,0 1,3 4 5 6,2 7,0 8,5 6,5 5,0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 8,9 1,1 5,2 7,8 Zone 1 Zone 3 Zone 2 1,3 Zone 4 Zone 5 Figure V-28 : Influence du fer imprégné sur l’évolution de la perte de masse du xylane au cours de la pyrolyse ; A : signal (- dTG) ; B : rendements en matières volatiles sur les gammes de température correspondant aux différentes zones (les rendements en huile sont déterminés par différence). L’étude de l’évolution de la production des principaux gaz incondensables au cours de la pyrolyse, détaillée sur la Figure V-29, apporte des éléments pour interpréter les différences constatées au niveau des pertes de masse des deux échantillons. 12 1,4 CO2 CH4 1,2 - dTG (%/min) - dTG (%/min) 10 8 6 4 2 1 0,8 0,6 0,4 0,2 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 X-pH1,5 100 200 300 400 500 600 700 800 500 600 700 800 X-Fe0,50 7 5 CO 6 H2 4 - dTG (%/min) 5 4 3 2 3 2 1 1 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 température (°C) 200 300 400 température (°C) Figure V-29 : Influence du fer imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de xylane. Sur la gamme de températures correspondant aux zones 1, 2 et 3, les productions de CO et de CO2, à partir de X-pH1,5, représentaient respectivement 4,0 % et 12,2 % de la masse initiale de l’échantillon. 217 1,0 3,5 4,8 1,3 0,9 0 température (°C) - dTG (%/min) - dTG (%/min) gaz incondensable X-Fe0,50 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes A partir de X-Fe0,50, ces mêmes productions représentent respectivement 1,7 % et 13,3 %. L’augmentation de la production de CO2, simultanée à la diminution de celle de CO, conforte l’hypothèse que le fer, imprégné dans le xylane, catalyse des réactions de réarrangement et inhibe celles de dépolymérisation. Lors de la pyrolyse de X-Fe0,50, un pic de production de CH4 apparaît à une température d’environ 221 °C. L’étude bibliographique ne nous permet pas de nous prononcer par rapport à la nature de la réaction responsable de cette production de CH4 à basse température. En présence de fer dans le xylane, la production de H2 débute dès la température de 400 °C. L’apparition d’un épaulement sur la courbe de production de CO2, entre 400 et 500 °C, indique qu’il est probable que des réactions du gaz à l’eau se produisent en surface du fer. A partir de 450 °C, la production de CH4 à partir de X-Fe0,50 devient inférieure à celle observée à partir de X-pH1,5, ce qui indique que des réactions de reformage à la vapeur sont catalysées par le métal imprégné. Enfin, entre 700 °C et 800 °C, lors de la pyrolyse de X-Fe0,50, des pics de production de CO et de H2 apparaissent. Ces pics sont certainement dus à des réactions de vapogazéification du char, catalysées par le fer. 2.3.3.2. Influence du nickel imprégné dans le xylane Au chapitre IV, nous avons émis l’hypothèse que le nickel, imprégné dans le xylane, catalysait des réactions de dépolymérisation et de conversion des noyaux de types pyranes en noyaux furanes. Les évolutions, au cours de la pyrolyse, de la perte de masse des échantillons de xylane imprégnés de nickel (X-Ni0,50) et de référence (X-pH6) sont comparées sur la Figure V-30A. X-pH6 X-Ni0,50 X-pH6 25 gaz incondensable X-Ni0,50 huile de pyrolyse 45 40 20 rendements (%) - dTG (%/min) 35 15 10 5 30 25 39,6 20 17,6 15 13,8 8,6 9,7 10 5 0 100 200 300 400 500 température (°C) 600 700 800 0 0,1 8,4 6,3 3,1 1,0 0,1 Zone 1 4,4 Zone 2 6,8 9,6 Zone 3 5,8 5,3 Zone 4 Figure V-30 : Influence du nickel imprégné sur l’évolution de la perte de masse du xylane au cours de la pyrolyse ; A : signal (- dTG) ; B : rendements en matières volatiles sur les gammes de température correspondant aux différentes zones (les rendements en huile de pyrolyse sont déterminés par différence). Les deux courbes représentatives sont toutes deux composées de deux pics de perte de masse, observés à des températures semblables. Cependant, l’étude des rendements des matières volatiles obtenus sur les différentes zones, détaillée sur la Figure V-30B, montre que la présence de nickel dans le xylane modifie considérablement la quantité des matières volatiles formées sur les différentes zones. En effet, au niveau de la zone 2, la masse perdue à partir de X-Ni0,50 est plus élevée de 69 % par rapport à celle perdue à partir de X-pH6. Ce résultat indique que le nickel catalyse fortement la conversion du xylane. Dans la mesure où, lors de la pyrolyse de X-Ni0,50, les matières 218 0,1 1,2 3,8 3,9 Zone 5 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes volatiles dégagées, sur la zone 2, sont constituées à 90 % de matières condensables, il apparaît que, sur cette zone, le nickel catalyse des réactions de dépolymérisation. Cet effet catalytique est tellement fort, que la masse perdue par X-Ni0,50 sur la zone 2 (44 % de la masse de l’échantillon) est quasiment équivalente à la somme des masses perdues par X-pH6 sur les zones 2 et 3 (47 %). Au niveau de la zone 3, les matières volatiles dégagées à partir de X-Ni0,50 sont composées majoritairement de gaz incondensables, ce qui n’est pas du tout caractéristique d’une zone où les réactions de dépolymérisation sont prépondérantes. L’essentiel des réactions de dépolymérisation de X-Ni0,50 se produisent donc sur la zone 2. A partir de ces résultats, il apparaît que la réaction responsable de la forte production de furfural obtenue lors de la pyrolyse de X-Ni0,50 dans le four tubulaire, correspond à une réaction fortement catalysée par le nickel qui se produit au niveau de la zone 2. L’évolution de la production des principaux gaz incondensables, au cours de la pyrolyse de X-pH6 et X-Ni0,50, est détaillée sur la Figure V-31. 1,6 CH4 CO2 20 1,2 - dTG (%/min) - dTG (%/min) 25 15 10 0,8 0,4 5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 X-pH6 300 400 500 600 700 800 500 600 700 800 X-Ni0,50 7 7 CO 6 H2 6 5 5 - dTG (%/min) - dTG (%/min) 200 4 3 4 3 2 2 1 1 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 300 400 température (°C) température (°C) Figure V-31 : Influence du nickel imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de xylane. Il apparaît qu’une réaction, catalysée par le nickel, responsable d’une plus forte production de CO2 se déroule à environ 300 °C, c'est-à-dire à une température qui correspond au 2ème pic de perte de masse. Ce résultat signifie que les réactions de décarboxylation ne sont pas impliquées dans la formation des noyaux furanes, puisque ceux-ci sont plutôt formés lors de la forte dépolymérisation, à 250 °C. La perte de masse de X-Ni0,50, qui se produit au niveau de la zone 3, est très intense (mesurée à son maximum à 33 %/min) et provoque un dégagement de chacun des principaux gaz incondensables. La forte production de CO2, qui représente 44 % de la perte de masse sur cette zone, indique que des réactions de réarrangement doivent se produire au sein de la matrice solide. Au niveau des zones 4 et 5, suite à l’imprégnation de nickel, la production de CH4, qui se produit entre 219 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes 350 et 700 °C lors de la conversion de X-pH6, est réduite de 84 %, tandis qu’une production significative de H2 débute dès 350 °C. Ce résultat indique que des réactions de reformage à la vapeur du CH4 peuvent se produire en surface du nickel dès 350 °C. Ces réactions contribuent, lors de la conversion de X-Ni0,50, à la production de molécules de H2 et de CO, entre 350 °C et 700 °C. Sur l’intervalle de température 400-500 °C, la concentration en CO du gaz analysé n’augmente que faiblement, car des réactions du gaz à l’eau, mises en évidence par un pic de production de CO2, se produisent. A partir de 500 °C, la production de CO augmente plus nettement pour atteindre un maximum à 750 °C, température qui correspond également à un maximum de production de H2. Ces pics simultanés de productions de CO et H2 signifient que des réactions de vapogazéification du char, catalysée par le nickel, se produisent. Pour des températures supérieures à 750 °C, la teneur en oxygène du char est très faible. En conséquence, la formation de vapeur d’eau, réactif indispensable à la réaction de vapogazéification, devient rare, ce qui limite la production de CO et de H2 par vapogazéification. 2.4. Apport de l’étude des mécanismes de pyrolyse des constituants imprégnés Le dispositif expérimental, basé sur un couplage ATG/Micro-GC, que nous avons mis au point, permet, au cours de la pyrolyse d’un échantillon, d’analyser en simultané sa perte de masse et la composition de la fraction gazeuse qui s’en dégage. L’exploitation de cette technique analytique pour l’étude de la conversion des constituants de la biomasse, a apporté de nombreuses informations, qui améliorent notre compréhension des mécanismes de pyrolyse. L’estimation de la quantité de gaz dégagée, sur les gammes de températures correspondant aux plus fortes pertes de masse, a permis de confirmer que ces pertes de masses sont essentiellement associées à des réactions de dépolymérisation, qui produisent des fortes quantités de gaz condensables. Nous avons également pu mettre en évidence que, pour des températures supérieures à 500 °C, les réactions de réarrangement qui se produisent au sein des résidus, obtenus par la conversion individuelle des différents constituants, sont assez similaires, ce qui indique que la structure de leurs chars est semblable. Des mécanismes ont été proposés pour expliquer la formation des molécules de CH4, de CO et de H2 au cours des réactions de réarrangement du char. Les résultats d’analyse de la conversion des constituants imprégnés de fer ont confirmé que ce métal catalyse des réactions de réarrangement, qui ont pour conséquence de limiter la formation des produits de dépolymérisation. Dans le cas de la conversion des polysaccharides, ces réactions de réarrangement sont mises en valeur par une formation de CO2, pour des températures inférieures à 200 °C. L’analyse de l’évolution de la composition de la fraction gazeuse a également mis en évidence l’existence de réactions secondaires et de réactions de gazéification du char, catalysées à la surface du fer. Les températures, à partir desquelles ces réactions sont supposées débuter, sont indiquées dans le Tableau V-3. Des réactions du gaz à l’eau et de reformage à la vapeur pourraient se produire, respectivement, dès 390 °C et 470 °C. Les réactions de gazéification ont été mises en évidence à des températures plus élevées (> 590 °C). Les résultats d’analyse de la conversion des constituants imprégnés de nickel ont confirmé que l’influence du nickel, sur les mécanismes de conversion de la lignine et de la cellulose cristalline, était similaire à celle du fer. Par contre, le nickel catalyse des réactions de dépolymérisation de l’holocellulose amorphe. Cet effet catalytique se remarque, lors des études par ATG, par une forte perte de masse à une température d’environ 250 °C lors de la conversion du xylane, et par l’apparition d’un pic de perte de masse à environ 200 °C, lors de la conversion de la cellulose 220 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes amorphe. De plus, des réactions du gaz à l’eau, de reformage à la vapeur et de gazéification, catalysées à la surface du nickel, ont été mises en évidence à des températures inférieures à 500 °C (Tableau V-3). Tableau V-3 : Températures (en °C), auxquelles des réactions du gaz à l’eau, de reformage à la vapeur et de gazéification, ont été identifiées lors de la conversion des constituants imprégnés de fer ou de nickel. Métal Fer Nickel Constituant réaction du gaz à l'eau reformage à la vapeur Lignine 510 Cellulose 420 490 Xylane 390 470 Lignine Cellulose Xylane 420 400 420 450 360 gazéification 690 590 700 410 400 500 Il est assez courant d’observer que des réactions du gaz à l’eau, catalysées par des métaux comme le fer ou le nickel, se produisent à une température d’environ 450 °C [43, 44]. Par contre, d’après plusieurs auteurs, même en présence de catalyseurs, les réactions de reformage à la vapeur nécessitent des températures supérieures à 600 °C [45-47]. Cependant, quelques travaux appuient la possibilité que ces réactions se produisent aux températures identifiées dans notre étude. Des réactions d’oxydation (en présence de vapeur d’eau ou d’air) du CH4 ou de molécules contenant un noyau benzénique, catalysées par le fer ou le nickel ont déjà été observées pour des températures d’environ 450 °C [48, 49]. En ce qui concerne la conversion de char de biomasse par gazéification, les possibilités que ces réactions se produisent à des températures aussi faibles sont discutées au chapitre VII. 3. Mécanisme de pyrolyse des biomasses imprégnées de métaux 3.1. Conversion des échantillons de biomasses bruts Les résultats des études par ATG des conversions des trois échantillons de biomasse non traités sont présentés sur la Figure V-32. Les courbes représentant les signaux (- dTG) sont toutes composées de deux pics de perte de masse, situés à des températures d’environ 305 °C et 365 °C, qui sont caractéristiques, respectivement, des dépolymérisations des hémicelluloses et de la cellulose [9, 50]. L’intensité du premier pic est d’autant plus forte que la teneur en hémicelluloses de la biomasse est élevée (B > H > E). Par contre, alors que le hêtre contient plus de cellulose, le deuxième pic de perte de masse est plus intense, dans le cas de la conversion de la bagasse. Ce résultat peut s’expliquer, comme précisé précédemment, par le fait que les particules de bagasse sont moins denses. En conséquence, le transfert de chaleur dans la bagasse est plus rapide, ce qui provoque une dépolymérisation rapide et intense. Du fait de l’effet catalytique des minéraux sur la conversion de la cellulose [51, 52], il est logique de constater que la température du pic de perte de masse est plus faible, lors de la conversion de la bagasse (361 °C) et du hêtre (367 °C), que dans le cas de l’eucalyptus (371 °C), dont la teneur en cendres est nettement plus faible. Enfin, pour une température de 400 °C, proche de la valeur qui correspond au pic de perte de masse de la lignine, la perte de masse la plus forte est observée lors de la conversion de l’eucalyptus, c'est-à-dire la biomasse dont la teneur en lignine est la plus élevée. 221 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes A 100 B 14 90 12 -dTG (%/min) masse (%) 80 70 E-brut 60 B-brut 50 H-brut 10 8 6 4 40 2 30 20 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) température (°C) Figure V-32 : Etude par ATG de la conversion des biomasses brutes ; A : évolution de la masse de l’échantillon ; B : signal (- dTG). 3.2. Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion de la biomasse Dans la mesure où nous avons montré, dans le chapitre III, que l’imprégnation de la biomasse en solution aqueuse conduisait à une légère modification de sa composition, des différences au niveau des caractéristiques de conversion (analysées par ATG) des échantillons bruts et imprégnés, d’une même biomasse, sont attendues. L’évolution, au cours de la montée en température, de la perte de masse des échantillons d’eucalyptus imprégnés est comparée sur la Figure V-33, à celle obtenue lors de la conversion de l’échantillon brut. 12 - dTG (%/min) 10 8 E-brut 6 E-pH6 4 E-pH1,5 2 0 100 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) Figure V-33 : Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion de l’eucalyptus par pyrolyse. Nous avions mis en évidence que lors de l’imprégnation, une extraction partielle des hémicelluloses, plus marquée dans la solution la plus acide, se produisait. Cette observation est confortée par le fait, qu’au niveau du signal (- dTG) à une température d’environ 300 °C, caractéristique de la conversion 222 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes des hémicelluloses, l’intensité du pic de perte de masse est la plus forte pour E-brut et la plus faible pour E-pH1,5. La même évolution a été observée par Eom et al. [50], qui ont étudié par ATG la conversion de biomasse ayant subi diverses imprégnations en milieu acide. De plus, d’après la littérature, la déminéralisation partielle de la biomasse, due à l’imprégnation, a pour conséquence une plus forte intensité du pic principal de perte de masse, ce qui est également observé lors de nos analyses. L’étude par ATG de l’influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion du hêtre et de la bagasse a conduit aux mêmes évolutions (voir Annexe 13). 3.3. Influence du fer imprégné dans la biomasse Les principales caractéristiques et évolutions observées par ATG au niveau de la conversion des constituants majeurs de la biomasse, suite à l’imprégnation de fer, sont récapitulées sur la Figure V-34. Lignine + Cellulose + 100 Tpic = 338 + - --- -200 = -- Tpic= 221 Tpic = 274 + Xylane Tpic = 396 + + + ++ 300 400 500 800 Température (°C) Figure V-34 : Caractéristiques de la conversion des constituants imprégnés de fer. Les signes mathématiques indiquent si la présence du fer a provoqué une perte de masse globalement plus forte (+), équivalente (=) ou plus faible (-) sur la gamme de température considérée. Le nombre de signes a pour but de caractériser la quantité de matière perdue par l’échantillon (1 signe : 0-15 % de la masse de l’échantillon, 2 signes : 15-30 %, 3 signes : > 30 %). Plus la masse perdue est forte, plus l’effet catalytique devrait affecter les rendements de conversion de la biomasse. Les résultats de l’étude par ATG de la conversion des échantillons d’eucalyptus, imprégnés de fer sont présentés sur la Figure V-35. Par rapport à l’échantillon de référence (E-pH1,5), la conversion des échantillons imprégnés de fer débute plus tôt, mais conduit à des rendements plus élevés en char (Figure V-35A). Les courbes représentant le signal (- dTG) (Figure V-35B) sont constituées d’un pic de perte de masse, observé à une température qui diminue lorsque la teneur en métal de l’échantillon augmente, pour atteindre environ 330 °C dans le cas de la plus forte teneur (0,65 mmol/g). Pour tous les échantillons, l’épaulement, caractéristique de la conversion des hémicelluloses est observé à environ 290 °C. Les mêmes évolutions sont observées au niveau des courbes obtenues, suite à l’imprégnation de fer, lors de la conversion des échantillons de hêtre et de bagasse ; ces courbes sont présentées en Annexe 14. 223 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes A 100 B 12 90 10 70 E-pH1,5 60 E-Fe0,10 50 E-Fe0,26 40 - dTG (%/min) masse (%) 80 E-Fe0,65 30 8 6 4 2 20 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) température (°C) Figure V-35 : Etude par ATG de l’influence de l’imprégnation de fer sur les caractéristiques de conversion par pyrolyse de la biomasse (ici, l’exemple de l’eucalyptus) ; A : évolution de la masse ; B : signal (- dTG). A partir de l’ensemble des résultats recueillis sur les Figure V-34 et Figure V-35, des zones, correspondant à des intervalles de température, ont été définies dans le but d’étudier l’évolution de la perte de masse des échantillons en fonction de leur teneur en fer, au cours des principales étapes de la conversion. Les bornes de ces zones, illustrées sur la Figure V-36A, sont les températures : - du début du test, - de 200 °C, température à laquelle la masse perdue est due essentiellement à des réactions de réarrangement et de fragmentation, - Tonset, température du début du pic le plus intense du signal (- dTG), - Toffset, température de la fin du pic le plus intense du signal (- dTG), - de 500 °C, température pour laquelle la perte de masse devient faible (< 0,50 %/min) - de fin du test. Les températures onset, offset et du sommet du pic de perte de masse le plus intense du signal (dTG), obtenu au cours de la conversion des échantillons imprégnés de fer, sont données en Annexe 15. Les masses perdues par chaque échantillon imprégné de fer, sur les différentes zones, sont détaillées sur la Figure V-36. Lors de la conversion des différentes biomasses, l’influence du fer imprégné conduit à des évolutions similaires par rapport aux quantités de matières volatiles formées, notamment sur les gammes de température correspondant aux zones 1, 3 et 5. Au niveau de la zone 1, pour des températures inférieures à 200 °C, les réactions de dépolymérisation sont peu probables. L’essentiel de la perte de masse est due à des réactions de déshydratation, de réarrangement et de fragmentation des liaisons les plus instables. Notre étude a mis en évidence que, lors de la pyrolyse de chacun des constituants, la plupart de ces réactions étaient catalysées par le fer. Il est donc logique de constater que plus la quantité de fer imprégné dans la biomasse est élevée, plus la perte de masse sur la zone 1 est forte. La masse perdue, qui représente environ 1 % de la masse initiale (dcf), lors de la conversion des échantillons de référence, peut être 4 fois plus élevée dans le cas de la conversion des échantillons contenant les plus fortes teneurs en fer (0,65 mmol/g). 224 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes A 10 B E-pH1,5 8 E-Fe0,26 E-Fe0,65 35 6 4 2 0 200 Zone 1 300 Zone 2 400 Zone 3 100 500 Zone 4 600 700 800 30 25 20 15 10 5 Zone 5 0 Tonset Toffset Zone 1 température (°C) C D Hêtre H-pH1,5 H-Fe0,10 H-Fe0,26 H-Fe0,65 B-pH1,5 40 35 35 30 30 25 20 15 10 BFe0,10 B-Fe0,26 B-Fe0,65 10 0 Zone 4 Zone 5 15 0 Zone 3 Zone 4 20 5 Zone 2 Zone 3 25 5 Zone 1 Zone 2 Bagasse 40 masse perdue (%) masse perdue (%) E-Fe0,10 40 masse perdue (%) - dTG (%/min) Eucalyptus Zone 5 Zone 1 Zone 2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 Figure V-36 : Influence de l’imprégnation de fer sur la perte de masse des échantillons de biomasse au cours des différentes étapes de la conversion ; A : gammes de température sur lesquelles s’étendent les différentes zones ; B,C et D : masses perdues par l’échantillon sur les différentes zones, respectivement, dans le cas de la conversion de l’eucalyptus, du hêtre et de la bagasse. Au niveau de la zone 2, le fer imprégné dans la cellulose et la lignine catalyse, comme sur la zone 1, des réactions de réarrangement, ce qui conduit à une perte de masse plus forte de ces deux constituants. Par contre, en interaction avec le xylane, la présence du fer limite les réactions de dépolymérisation et la perte de masse de ce constituant. Ces évolutions contraires expliquent pourquoi, sur la zone 2, aucune tendance claire ne se dégage par rapport à l’évolution de la masse perdue par ces échantillons, en fonction de la quantité de fer imprégné. La perte de masse, au niveau de la zone 3 est due principalement à la dépolymérisation de la cellulose et, dans une moindre mesure, à celle de la lignine. En conséquence des réactions de réarrangement de ces constituants, catalysées par le fer à un stade plus précoce de la conversion, il est logique d’observer une plus faible perte de masse, sur cette zone, lors de la pyrolyse des échantillons imprégnés de fer. Pour les échantillons contenant les plus fortes teneurs en fer, la masse perdue peut être réduite de plus de 25 %. 225 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes Sur la gamme de température correspondant à la zone 4, l’influence du métal imprégné sur la perte de masse de l’échantillon conduit à des évolutions contraires, selon le constituant considéré. Il est donc délicat d’interpréter les variations, qui se produisent lors de la conversion des biomasses imprégnées de fer. Au niveau de la zone 5, comme observé lors de l’étude des constituants imprégnés, la présence de fer dans la biomasse provoque des pertes de masses plus élevées. Ces pertes de masse augmentent d’autant plus que la teneur en fer de l’échantillon est élevée. A partir des courbes représentant les signaux (- dTG), il apparaît que l’augmentation de la perte de masse, en présence de fer, se produit essentiellement entre 600 °C et 720 °C (Figure V-35B). L’évolution de la production des principaux gaz incondensables, dégagés au cours de la conversion des échantillons d’eucalyptus imprégnés de fer, est présentée sur la Figure V-37. Les mêmes courbes, obtenues lors de la conversion du hêtre et de la bagasse, imprégnés de fer, présentent des évolutions similaires et sont fournies en Annexe 16. Il apparaît clairement que les réactions catalysées par le fer, au niveau de la zone 1, provoquent une forte augmentation de la production de CO2. La quantité de CO2 produite sur cette zone, lors de la conversion des échantillons ayant la plus forte teneur en métal, peut représenter jusqu’à 38 % de la quantité de matières volatiles formée sur cette zone. 6 1 CH4 CO2 0,8 concentration (%) concentration (%) 5 4 3 2 0,6 0,4 0,2 1 0 0 100 200 300 400 500 600 E-pH1,5 700 E-Fe0,10 100 800 E-Fe0,26 3 200 300 400 600 700 800 600 700 800 E-Fe0,65 5 CO H2 2,5 4 concentration (%) concentration (%) 500 2 1,5 1 3 2 1 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 température (°C) 200 300 400 500 température (°C) Figure V-37 : Influence de l’imprégnation de fer sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de biomasse (ici l’eucalyptus). Par rapport à l’échantillon de référence, la production de CO2 est plus élevée lors de la conversion des échantillons imprégnés de fer, jusqu’à environ 350 °C. Nous avons calculé les quantités de CO et de CO2 produites, entre le début de la conversion et la fin du pic principal de perte de masse (zones 1, 2 et 3) pour les échantillons de référence et ceux imprégnés avec la plus forte teneur en fer. Les résultats, détaillés sur la Figure V-38, montrent que la présence de fer affecte peu la production de CO, tandis que celle de CO2 est quasiment multipliée par 2. Ce résultat conforte, que des réactions de 226 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes décarboxylation sont impliquées dans les réactions de réarrangement, catalysées par le fer, qui limitent la dépolymérisation des constituants de la biomasse. 25 rendements (%) 20 15 CO2 10 CO 5 0 E-pH1,5 E-Fe0,65 H-pH1,5 H-Fe0,65 B-pH1,5 B-Fe0,65 Figure V-38 : Influence de l’imprégnation de fer sur la production de CO et de CO 2 sur l’ensemble des zones 1, 2 et 3, lors de la conversion des biomasses. En ce qui concerne les productions des autres gaz incondensables, les quantités produites à partir des différents échantillons imprégnés diffèrent essentiellement au niveau des zones 4 et 5. Par rapport à l’échantillon de référence, les productions obtenues lors de la conversion des échantillons imprégnés de fer sont plus faibles en CH4 et plus fortes en H2, dès 430 °C pour E-Fe0,10, 405 °C pour E-Fe0,26 et 390 °C pour E-Fe0,65. Ce résultat signifie que des réactions de reformage à la vapeur sont catalysées en surface du fer. Les valeurs de température à laquelle cette réaction débute, comprises entre 390 °C et 430 °C, sont légèrement inférieures à celles observées, lors des conversions individuelles des constituants imprégnés de fer (environ 480 °C). Entre 400 °C et 600 °C, une partie des molécules de CO formées sont certainement converties par des réactions du gaz à l’eau. En effet, sur cette gamme de température, les productions de CO et de CO2 à partir des échantillons imprégnés de fer sont, respectivement, plus faibles et plus fortes, qu’à partir de l’échantillon de référence. Enfin, entre 600 °C et 720 °C, le pic de production de CO, simultané à un pic de production de H 2, tend à montrer que des réactions de vapogazéification du char sont catalysées par le fer. Cette hypothèse est fortement confortée par le fait que sur cette gamme de température, la présence de fer dans la biomasse a conduit à une perte de masse importante, non observée lors de la conversion de l’échantillon de référence. 3.4. Influence du nickel imprégné dans la biomasse Les principales caractéristiques et évolutions observées au niveau de la conversion des constituants majeurs de la biomasse, suite à l’imprégnation de nickel, sont récapitulées sur la Figure V-39. 227 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes Figure V-39 : Caractéristiques de la conversion des constituants imprégnés de nickel. Les signes mathématiques indiquent si la présence du nickel a provoqué une perte de masse globalement plus forte (+) ou plus faible (-) sur la gamme de température considérée. Le nombre de signes a pour but de caractériser la quantité de matière perdue par l’échantillon (1 signe : 0-15 % de la masse d’échantillon, 2 signes : 15-30 %, 3 signes : > 30 %). Plus la masse perdue est forte, plus l’effet catalytique devrait affecter les rendements de conversion de la biomasse. Les résultats de l’étude par ATG des échantillons d’eucalyptus, imprégnés de nickel sont présentés sur la Figure V-40. Par rapport à l’échantillon de référence (E-pH6), la conversion des échantillons imprégnés de nickel débute plus tôt, mais conduit à des rendements plus élevés en char (Figure V-40A). Sur les courbes représentant le signal (- dTG), présentées sur la Figure V-40B, l’apparition de plusieurs pics indique que plusieurs réactions sont catalysées par le nickel au cours de la conversion de la biomasse. Les mêmes évolutions sont observées au niveau des courbes obtenues, suite à l’imprégnation de nickel, lors de la conversion des échantillons de hêtre et de bagasse ; ces courbes sont présentées en Annexe 17. L’effet catalytique du métal est le plus visible, dans le cas de la pyrolyse de l’échantillon dont la teneur en nickel est la plus élevée. Sur la Figure V-40B, l’étude de l’évolution de la perte de masse de E-Ni0,65 révèle l’apparition d’un pic à environ 200 °C. Lors de l’étude de la pyrolyse individuelle des constituants imprégnés de nickel, un pic de perte de masse à une température proche de 200 °C n’a été obtenu que dans le cas de la cellulose. Le nouveau pic est donc attribué à la dépolymérisation de la cellulose amorphe, catalysée par le nickel. Sur la gamme de température entre 200 °C et 320 °C, sur laquelle se produit la dépolymérisation des hémicelluloses, la température du pic de perte de masse est de 301 °C pour E-pH6 et de 263 °C pour E-Ni0,65. En se basant sur les résultats obtenus lors de la conversion du xylane imprégné de nickel, rappelés sur la Figure V-39, il semble que les mêmes phénomènes se soient produits au sein de la biomasse imprégnée de nickel : la dépolymérisation des hémicelluloses a été fortement catalysée, ce qui a conduit à une importante augmentation de la perte de masse entre 220 °C et 280 °C. La température du pic principal de perte de masse, caractéristique de la conversion de la cellulose, est légèrement plus basse en présence de nickel dans la biomasse. Pour les trois biomasses étudiées, lors de la pyrolyse de l’échantillon ayant la plus forte teneur en nickel, cette température est abaissée d’environ 20 °C, par rapport à celle observée lors de la pyrolyse des échantillons de référence respectifs (voir Annexe 15). Ce résultat confirme que le nickel, imprégné dans la biomasse, catalyse la conversion de la cellulose. Enfin, lors de la pyrolyse des échantillons imprégnés de nickel, un autre pic de perte de masse, de faible intensité, apparaît à une température d’environ 450 °C, ce qui est à nouveau révélateur du déroulement d’une nouvelle réaction, catalysée par le nickel. 228 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes A 100 B 90 12 10 70 E-pH6 60 E-Ni0,10 50 E-Ni0,26 40 E-Ni0,65 - dTG (%/min) masse (%) 80 8 6 4 2 30 20 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 température (°C) 200 300 400 500 600 700 température (°C) Figure V-40 : Etude par ATG de l’influence de l’imprégnation de nickel sur les caractéristiques de conversion par pyrolyse de la biomasse (ici, l’exemple de l’eucalyptus) ; A : évolution de la masse ; B : signal (- dTG). A partir de ces observations, nous avons défini des zones correspondant à des intervalles de température, dans le but d’étudier l’évolution de la perte de masse des échantillons en fonction de leur teneur en nickel, au cours des principales étapes de la conversion. Les bornes de ces zones, illustrées sur la Figure V-41A, sont les températures : - du début du test, - de 280 °C, qui correspond approximativement à la température du minimum entre les deux pics de perte de masse, obtenus lors de l’étude par ATG de la conversion des échantillons de xylane X-pH6 et X-Ni0,50, - Tonset, température du début du pic le plus intense du signal (- dTG), - Toffset, température de la fin du pic le plus intense du signal (- dTG), - de 500 °C, température pour laquelle la perte de masse devient faible (< 0,50 %/min) - de fin du test. Les températures onset et offset du pic de perte de masse principal, obtenu lors de la conversion des différents échantillons, sont données en Annexe 15. Les masses perdues par chaque échantillon de biomasse imprégné de nickel, sur les différentes zones, sont détaillées sur la Figure V-41. Lors de l’étude de la conversion de chacun des constituants imprégnés de nickel, nous avions montré que, pour des températures comprises entre 100 °C et 280 °C, la présence de nickel provoque une perte de masse plus forte. Cette perte de masse supplémentaire est due à un effet catalytique du nickel qui favorise des réactions de réarrangement au sein de la cellulose cristalline et de la lignine, ainsi que des réactions de dépolymérisation des hémicelluloses et de la cellulose amorphe. En conséquence, il est logique de constater, qu’au niveau de la zone 1, la masse perdue par les échantillons est d’autant plus forte que leur teneur en nickel est élevée. 229 800 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes A 10 B E-pH6 8 E-Ni0,26 E-Ni0,65 35 6 4 2 0 100 200 300 400 Tonset 500 600 700 800 30 25 20 15 10 5 Zone 3 Zone 2 Zone 1 Zone 4 Zone 5 0 Toffset Zone 1 température (°C) C D Hêtre H-pH6 H-Ni0,10 H-Ni0,26 H-Ni0,65 B-pH6 40 35 35 30 30 25 20 15 10 Zone 1 Zone 5 B-Ni0,10 B-Ni0,26 B-Ni0,65 10 0 Zone 4 Zone 5 15 0 Zone 3 Zone 4 20 5 Zone 2 Zone 3 25 5 Zone 1 Zone 2 Bagasse 40 masse perue (%) masse perdue (%) E-Ni0,10 40 masse perdue (%) - dTG (%/min) Eucalyptus Zone 2 Zone 3 Zone 4 Figure V-41 : Influence de l’imprégnation de nickel sur la perte de masse des échantillons de biomasse au cours des différentes étapes de la conversion ; A : gammes de température sur lesquelles s’étendent les différentes zones ; B,C et D : masses perdues par l’échantillon sur les différentes zones, respectivement, dans le cas de la conversion de l’eucalyptus, du hêtre et de la bagasse. Au niveau de la zone 2, bien que des réactions de réarrangement soient toujours catalysées par le nickel, la masse perdue par les échantillons imprégnés de nickel est plus faible que dans le cas de l’échantillon de référence. Cette évolution est due à l’influence du nickel sur la conversion des hémicelluloses. En effet, la gamme de température, sur laquelle s’étend la zone 2, coïncide normalement avec la forte dépolymérisation des hémicelluloses. Dans la mesure où en présence de nickel, l’essentiel de la dépolymérisation des hémicelluloses s’est produit au niveau de la fin de la zone 1 (pic de perte de masse à 263 °C pour E-Ni0,65), la contribution de la conversion des hémicelluloses à la perte de masse, sur la zone 2, est fortement réduite. L’essentiel de la perte de masse des échantillons, au niveau de la zone 3, est dû à la dépolymérisation de la cellulose. Pour les échantillons imprégnés de nickel, une partie de la cellulose amorphe a déjà été dépolymérisée à une température d’environ 200 °C. Au niveau de la cellulose cristalline, comme expliqué précédemment, les réactions de déshydratation et de réarrangement, catalysées par le nickel, inhibent les réactions de dépolymérisation. En conséquence, il est logique que la perte de 230 Zone 5 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes masse, sur la zone 3, soit la plus faible pour les échantillons dont la teneur en nickel est la plus élevée. Au niveau de la zone 4, la perte de masse des échantillons est d’autant plus forte que leur teneur en nickel est élevée. Cette perte de masse supplémentaire est attribuée, en partie, à des réactions de gazéification du char ; hypothèse qui sera discutée lors de l’étude de la composition des gaz produits au cours de la conversion. Enfin, la présence du nickel dans les échantillons de biomasse influe très peu sur la perte de masse, qui se produit pour des températures supérieures à 500 °C (Zone 5). L’évolution de la production des principaux gaz incondensables, dégagés au cours de la conversion des échantillons d’eucalyptus imprégnés de nickel, est présentée sur la Figure V-42. Les mêmes courbes, obtenues lors de la conversion du hêtre et de la bagasse imprégnés de nickel, présentent des évolutions similaires et sont fournies en Annexe 18. La production de CO2, à partir des échantillons imprégnés de nickel, débute à partir de 150 °C (contre 200 °C pour l’échantillon de référence). Cette production précoce est attribuée à des réactions de réarrangement, catalysées par le nickel, notamment à la surface de la cellulose cristalline. En présence de nickel, les productions de CO et de CH4 sont également plus importantes sur la gamme de température comprise entre 150 °C et 300 °C, surtout au niveau des pics de production associés à la dépolymérisation de la cellulose amorphe (200 °C) et des hémicelluloses (263 °C), réactions toutes deux catalysées par le nickel. 5 1 CO2 CH4 0,8 concentration (%) concentration (%) 4 3 2 1 0,4 0,2 0 0 100 200 300 400 500 600 E-pH6 700 800 E-Ni0,10 100 E-Ni0,26 2,5 200 300 400 500 600 700 800 500 600 700 800 E-Ni0,65 3 CO 2 concentration (%) concentration (%) 0,6 1,5 1 0,5 H2 2,5 2 1,5 1 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 300 400 température (°C) température (°C) Figure V-42 : Influence de l’imprégnation de nickel sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de biomasse (ici l’eucalyptus). Lors de la conversion des échantillons imprégnés de nickel, une forte augmentation de la production de H2 débute dès 400 °C, voire 375 °C pour les échantillons dont la teneur en nickel est la plus forte. Une partie de cette production de H2 est formée par des réactions de reformage à la vapeur, notamment du CH4. La possibilité que cette réaction se produise, à la surface du nickel, est mise en évidence par les productions plus faibles de CH4 et plus fortes de CO, obtenues en conséquence de 231 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes l’imprégnation de nickel dans les biomasses. Lors de la pyrolyse de E-Ni0,65 entre 400 et 500 °C, par rapport aux quantités molaires produites lors de la conversion de E-pH6, la production de CH4 est réduite de 0,12 mmol/g, tandis que celles de CO et de H2 augmentent respectivement de 0,28 mmol/g et de 0,88 mmol/g. Dans la mesure où la réaction de reformage à la vapeur produit une mole de CO et 3 moles de H2 par mole de CH4 consommée, il est clair que d’autres réactions contribuent aux plus fortes productions de CO et H2. L’augmentation de la production de ces deux molécules, associée à la perte de masse relativement forte observée entre 400 °C et 500 °C, lors de la conversion des échantillons imprégnés de nickel, nous amène à la conclusion que des réactions de vapogazéification du char se produisent. Les productions de CO et de H2 augmentant dès 375 °C, alors que le reformage à la vapeur du CH4 ne semble débuter qu’à partir de 420 °C, il apparaît donc que la vapogazéification du char, catalysée par le nickel, serait possible dès 375 °C. Enfin, lors de la conversion des échantillons imprégnés de nickel, entre 400 °C et 600 °C, un pic de production de CO2 est observé à la même température que le pic de production de CO, ce qui indique que des réactions du gaz à l’eau sont également catalysées par le nickel, sur cette gamme de température. 4. Bilan et interprétations des résultats de l’étude à l’aide du couplage ATG/Micro-GC L’analyse simultanée de la perte de masse de l’échantillon et des gaz incondensables produits, permise par le couplage ATG/Micro-GC mis en œuvre dans cette étude, s’avère utile pour appréhender les mécanismes de conversion par pyrolyse de la biomasse. Les résultats obtenus ont permis de supporter plusieurs hypothèses, proposées dans le chapitre IV, pour expliquer l’influence des métaux imprégnés sur les mécanismes et rendements de pyrolyse des constituants de la biomasse. Nous avons pu mettre en évidence que les réactions catalysées par les métaux au sein des constituants, qu’ils soient convertis individuellement ou au sein de la biomasse, sont de même nature. Il en ressort qu’au niveau des mécanismes primaires : - le fer catalyse des réactions de réarrangement, lors des premières étapes de la conversion, avant que les réactions de dépolymérisation ne deviennent prépondérantes. Ces réactions provoquent le dégagement de molécules de faible masse molaire, notamment d’une grande quantité de CO2, formée à partir des polysaccharides. En conséquence des réactions de réarrangement qui stabilisent les constituants, nous avons montré que la formation des produits de dépolymérisation de la biomasse était limitée ; - le nickel imprégné dans la biomasse influe de la même manière que le fer sur les mécanismes de pyrolyse de la cellulose cristalline et de la lignine. De plus, des réactions de conversion, catalysées par le nickel et responsables d’une perte de masse significative, se produisent entre 200 et 280 °C. L’apparition d’un pic de perte de masse, détecté par ATG à une température inférieure à 300 °C, a également été observée par d’autres auteurs, lors de l’étude de la pyrolyse de la cellulose imprégnée de zinc, de cobalt et de potassium [34, 35], mais aucune hypothèse n’a été proposée pour expliquer ce phénomène. L’analyse de nos résultats indique qu’il est probable que des réactions de dépolymérisation de la cellulose amorphe, catalysées par le nickel, soient responsables de la perte de masse observée à 200 °C. En ce qui concerne la conversion des hémicelluloses, nous avons montré que le nickel favorise également les réactions de dépolymérisation (à environ 260 °C). Ces résultats amènent à la conclusion que le nickel imprégné catalyse la dépolymérisation de tous les polysaccharides amorphes, qui constituent la biomasse. 232 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes Notre étude a également permis de mettre en évidence que d’autres réactions, qui conduisent à une production supplémentaire de H2, sont également catalysées en surface des métaux imprégnés. Lors de la conversion des échantillons imprégnés de fer et de nickel, des réactions du gaz à l’eau, se produisent sur un intervalle de température, compris entre 400 °C et 600 °C. Ces réactions, connues pour être catalysées à la surface des métaux [43, 44, 53], ont également été identifiées par d’autres auteurs, au cours de la pyrolyse de biomasse imprégnée de calcium ou de potassium, à des températures inférieures à 450 °C [5, 27]. Des réactions de reformage à la vapeur, notamment du CH4, ont aussi été mises en évidence. Celles-ci sont respectivement identifiées à partir de 430 °C, en présence de fer, et à partir de 400 °C, en présence de nickel. Il est bien connu que l’activité catalytique des métaux dépend de leur degré d’oxydation [54, 55]. Nous avons analysé par DRX les chars obtenus par pyrolyse, à 600 °C dans le four tubulaire, des échantillons de biomasse imprégnés de métaux (expériences présentées au chapitre IV). Les diffractogrammes obtenus lors de l’analyse des chars, formés à partir des différentes biomasses imprégnées avec une teneur intermédiaire en nickel ou en fer (0,26 mmol/g), sont présentés sur la Figure V-43. intensité (unité arbitraire) B intensité (unité arbitraire) A char E-Ni0,26 char H-Ni0,26 char B-Ni0,26 0 10 20 30 2θ (°) 40 50 60 char E-Fe0,26 char H-Fe0,26 char B-Fe0,26 0 10 20 30 40 50 2θ (°) Figure V-43 : Analyse en DRX des chars obtenus par pyrolyse à 600 °C dans le four tubulaire des biomasses imprégnées avec une teneur en métal de 0,26 mmol/g ; A : cas de l’imprégnation de nickel ; B : cas de l’imprégnation de fer. Dans le cas des chars obtenus à partir des échantillons imprégnés de nickel, les diffractogrammes sont composés de deux pics principaux observés à des valeurs d’angle d’environ 44,4 ° et 51,6 °. Ces valeurs, caractéristiques des cristaux de nickel métallique, arrangés selon une structure cubique à faces centrées, indiquent que lors de la pyrolyse à 600 °C des différents échantillons de biomasse, une partie du nickel imprégné a été réduit en métal Ni0. Dans le cas des chars obtenus par pyrolyse des échantillons imprégnés de fer, l’intensité des signaux aux valeurs d’angle caractéristiques des phases cristallines de fer est trop faible pour mettre en évidence l’existence d’une de ces phases. Dans ses travaux de thèse, Richardson [56] a réalisé une étude précise de l’évolution des espèces métalliques, au cours de la pyrolyse de bois de hêtre imprégné de nickel ou de fer. A partir d’analyses en DRX et en microscopie électronique à balayage en transmission, il a démontré que des nanoparticules de nickel Ni0 se forment, dans le char, entre 400 °C et 500 °C. Dans le cas d’expériences réalisées en présence de fer, la spectroscopie Mossbaüer permet d’identifier, dans le char en fin de pyrolyse, des nanoparticules d’oxydes de fer Fe2O3, dont la taille serait trop petite pour 233 60 Chapitre V – Influence des métaux sur les mécanismes être détectées par DRX. De plus, l’interprétation de ces résultats amène l’auteur à suggérer que des oxydes Fe3O4 sont certainement formés au cours des cycles catalytiques impliquant le fer pendant la pyrolyse. Différents auteurs ont montré que les propriétés catalytiques de Ni0 et des oxydes de fer, notamment Fe3O4, rendaient possibles dès 400 °C, aussi bien les réactions du gaz à l’eau, que des réactions d’oxydation des matières volatiles comme le reformage à la vapeur [43, 53, 57, 58]. Ainsi, suite à la formation des nanoparticules de métal entre 400 et 500 °C, il n’est pas étonnant que des réactions du gaz à l’eau et de reformage à la vapeur se déroulent. Enfin, nos travaux ont permis de montrer que des réactions de vapogazéification du char sont également catalysées, lors de la conversion des biomasses imprégnés de métaux, à partir de 600 °C dans le cas du fer et de 375 °C dans le cas du nickel. L’activité catalytique des métaux par rapport à ces réactions est abordée dans le chapitre VII. 5. Références bibliographiques du Chapitre V 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. Yang, H., R. Yan, H. Chen, et al., Characteristics of hemicellulose, cellulose and lignin pyrolysis. Fuel, 2007. 86(12-13): p. 1781-1788. Jensen, A., K. Dam-Johansen, M.A. Wojtowicz, et al., TG-FTIR Study of the Influence of Potassium Chloride on Wheat Straw Pyrolysis. Energy & Fuels, 1998. 12(5): p. 929-938. Bassilakis, R., R.M. Carangelo, and M.A. Wójtowicz, TG-FTIR analysis of biomass pyrolysis. Fuel, 2001. 80(12): p. 1765-1786. Worasuwannarak, N., T. Sonobe, and W. 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Influence des métaux sur les mécanismes de conversion de la lignine ................................................. 246 3. Conclusion ........................................................................................................................................... 247 4. Références bibliographiques du Chapitre VI ......................................................................................... 247 239 Chapitre VI – Mécanismes catalysés CHAPITRE VI - MECANISMES DE CONVERSION PRIMAIRES CATALYSES PAR LES METAUX IMPREGNES L’objectif de ce chapitre est d’expliciter l’action des catalyseurs métalliques sur les mécanismes de conversion de la biomasse. En s’appuyant sur les travaux des auteurs qui ont essayé de décrire les mécanismes de conversion des principaux constituants, nous proposons des mécanismes, dans le but d’expliquer l’influence des catalyseurs sur les rendements de pyrolyse de biomasse imprégnée de métaux. Nous nous intéressons en particulier à l’influence des métaux sur les mécanismes de conversion primaires, qui se produisent au sein des polysaccharides et de la lignine. En ce qui concerne les réactions secondaires en surface des catalyseurs, les conditions opératoires de notre étude ont été sélectionnées de manière à limiter les réactions de craquage des matières volatiles. Par conséquent, les mécanismes de ces réactions, fréquemment étudiés dans la littérature [1-3], ne sont pas abordés dans ce chapitre. Il en est de même des autres réactions secondaires (reformage à la vapeur, réaction du gaz à l’eau, vapogazéification), pour lesquelles les équations bilans ont déjà été détaillées au cours de cette étude. Lors de l’imprégnation de chacun des constituants majeurs de la biomasse, les métaux sont susceptibles de se fixer au niveau de sites nucléophiles de différentes natures, notamment par des liaisons de coordination. Au sein des polysaccharides, les métaux sont essentiellement en interaction avec des fonctions oxygénées de type alcool, acide carboxylique ou éther [4, 5]. Au sein de la lignine, en plus des interactions avec les fonctions oxygénées, les métaux peuvent former des liaisons de coordination avec les noyaux benzéniques [6]. Ainsi, selon la nature et la position du site d’adsorption du métal, différents types de réactions et de mécanismes peuvent être catalysés. L’existence de sites d’adsorption de différentes natures justifie le fait que le fer et le nickel, utilisés dans cette étude, ne catalysent pas toujours les mêmes réactions. En effet, l’adsorption du métal est due à son caractère acide, suivant la définition de Lewis. Or, il est bien admis que le fer (III) est un acide dur, tandis que l’acidité du nickel (II) classe ce métal à la frontière entre les acides durs et les acides mous [7]. Dans le cas de liaisons de coordination, plus l’acide est dur, plus il aura d’affinités avec un ligand dur, ce qui explique que le fer et le nickel ne se fixent pas nécessairement au niveau des mêmes sites de la matrice lignocellulosique et, ainsi, ne catalysent pas forcément les mêmes réactions. Etant donné la complexité des mécanismes de conversion de chacun des constituants et la diversité des réactions qui peuvent être catalysées par les métaux imprégnés, il est difficile de répertorier toutes les réactions catalysées par les métaux au cours de la pyrolyse de la biomasse. Notre démarche consiste à se concentrer sur les principales évolutions qui se sont produites, lors de la pyrolyse des échantillons de biomasse, en conséquence de l’imprégnation de métaux. Ayant observé une augmentation significative des rendements de certains produits de pyrolyse, notre objectif est de déterminer par quels mécanismes catalytiques le métal a influencé la formation de ces produits. 1. Influence des métaux sur les mécanismes de conversion des polysaccharides Imprégnés au sein des polysaccharides, nous avons observé que les métaux peuvent catalyser des réactions de déshydratation, de conversion du noyau pyrane en noyau furane et de 240 Chapitre VI – Mécanismes catalysés décarboxylation ; ces trois types de réactions semblent fortement impliquées dans les mécanismes de formation du char. Dans le cas du nickel imprégné dans les phases amorphes des polysaccharides, nous avons aussi mis en évidence, un effet catalytique favorisant les réactions de dépolymérisation. Des mécanismes expliquant l’influence des métaux sur ces réactions sont proposés dans ce paragraphe. En général, ces mécanismes font intervenir des liaisons de coordination entre le polysaccharide et l’espèce métallique M+, qui supposent que le métal se trouve sous une forme où il présente un caractère acide, suivant la définition de Lewis. 1.1. Réactions de déshydratation L’imprégnation des espèces métalliques a été réalisée à partir de solutions dont le pH était acide. Au cours de cette étape, des ions H+ ont également été imprégnés dans la biomasse, notamment par des réactions d’échange cationique [8, 9]. Ces ions sont susceptibles de favoriser des réactions de déshydratation des polysaccharides par catalyse acide [10], suivant le mécanisme proposé sur la Figure VI-1. + Figure VI-1 : Mécanisme de déshydratation des polysaccharides catalysé par les ions H imprégnés dans la biomasse. Dans le cas de l’imprégnation d’espèces métalliques dans la biomasse, des complexes faisant intervenir les métaux et des atomes d’oxygène des polysaccharides se forment [8, 11]. Lorsque ce complexe implique l’atome d’oxygène d’une fonction alcool, la liaison entre le groupement hydroxyle et l’atome de carbone qui la porte est fragilisée, ce qui facilite les réactions de déshydratation suivant un mécanisme similaire à celui présenté sur la Figure VI-2. Figure VI-2 : Mécanisme de déshydratation des polysaccharides catalysé par les métaux imprégnés dans la biomasse. Plusieurs auteurs ont signalé que les métaux présentaient une activité catalytique par rapport aux réactions de déshydratation des fonctions alcools [10, 12]. Cependant, cette activité catalytique serait moins prononcée que celle des ions H+ [10], ce qui signifie que le pH de la solution d’imprégnation influe certainement sur la quantité de réactions de déshydratation, qui se déroulent lors de la conversion par pyrolyse des polysaccharides. Au sein des polysaccharides, les réactions de déshydratation peuvent être intermoléculaires ou intramoléculaires. Dans le cas d’une réaction intermoléculaire, celle-ci provoque une plus forte réticulation de la matrice obtenue (voir Figure I-19) [13], ce qui limite la formation de molécules volatiles. Dans le cas d’une réaction intramoléculaire (Figure VI-2), des doubles liaisons C=C se forment, ce qui constitue une étape indispensable à l’organisation du char sous la forme d’une structure aromatique. Il apparaît donc que les réactions de déshydratation, catalysées dans les polysaccharides imprégnés de métaux, favorisent les rendements en char. 241 Chapitre VI – Mécanismes catalysés 1.2. Dépolymérisation des polysaccharides dont la chaîne principale est constituée d’hexoses Nos résultats expérimentaux nous ont amené à conclure que le nickel catalyse la dépolymérisation de la cellulose amorphe et des hémicelluloses. Dans un premier temps, nous nous intéressons à l’effet catalytique du nickel sur la dépolymérisation de la cellulose amorphe et du glucomannane, c'est-à-dire de polysaccharides dont la chaîne principale est constituée d’hexoses. A partir du mécanisme de dépolymérisation de la cellulose en lévoglucosan, proposé par Lu et al. [14], nous avons apporté quelques compléments, pour justifier l’effet catalytique du nickel sur les réactions de dépolymérisation de la cellulose amorphe et du glucomannane, dont les produits sont le lévoglucosan et le lévomannosan. Dans le mécanisme adapté présenté sur la Figure VI-3, le nickel, en interaction avec l’atome d’oxygène situé entre les unités n et (n+1), fragilise la liaison glycosidique entre ces unités. La formation du lévoglucosan et du lévomannosan implique une réaction de cyclisation entre le carbone en C1 et l’atome d’oxygène, porté par le carbone en C6 d’une même molécule de glucopyranose. Dans le mécanisme proposé, la réaction de cyclisation de l’unité n est simultanée à la rupture de la liaison glycosidique entre les unités n et (n+1). Comme illustré sur la Figure VI-3, par son caractère électrophile, le métal facilite certainement, au sein de l’unité n, l’approche de l’atome d’oxygène porté par le carbone en C6 vers le carbone en C1. Ensuite, la rupture de l’autre liaison glycosidique, entre les unités (n-1) et n, qui peut également être catalysée par le nickel, conduit à la libération d’une molécule de lévoglucosan (ou lévomannosan), à partir de l’unité n, et à la formation, dans l’unité (n-1), d’un cycle entre le carbone en C1 et l’atome d’oxygène porté par le carbone C6. Une nouvelle molécule de lévoglucosan (ou lévomannosan) peut alors être formée à partir de l’unité (n-1) et ainsi de suite. Ni2+ Ni2+ unité (n-1) unité n unité (n+1) Ni2+ Ni2+ Ni2+ Ni2+ Ni2+ Si R3 = H et R4 = OH : lévoglucosan Si R3 = OH et R4 = H : lévomannosan Figure VI-3 : Mécanisme de dépolymérisation des polysaccharides, dont la chaîne principale est constituée d’hexoses, catalysé par le nickel. Ce mécanisme nécessite forcément que le métal soit relativement proche de l’atome d’oxygène impliqué dans la liaison glycosidique. Par conséquent, comme proposé lors de l’interprétation de nos résultats, l’activité catalytique du métal sur les réactions de dépolymérisation est très faible, lorsque 242 Chapitre VI – Mécanismes catalysés le métal est imprégné en surface de la cellulose cristalline, et bien plus marquée lorsque le métal est imprégné au sein des hémicelluloses ou de la cellulose amorphe. Dans le cas de la dépolymérisation d’une chaîne formée à partir de pentoses, le même type de réaction de réorganisation par cyclisation n’est pas possible. D’autres réactions de réorganisation, pouvant notamment conduire à la formation de noyau furane (voir paragraphe suivant), se produisent [3, 14]. 1.3. Conversion du noyau pyrane en noyau furane Il est assez bien admis dans la littérature qu’un noyau de type furane, formé au cours de la conversion par pyrolyse des polysaccharides, résulte généralement d’une réaction intramoléculaire, par réorganisation d’un noyau de type pyrane [13, 15]. Le plus souvent, cette réorganisation consiste en une contraction du cycle pour former un noyau furane impliquant les atomes de carbone de C2 à C5 [13, 15]. Nous proposons, sur la Figure VI-4, deux mécanismes pour expliquer la formation des noyaux furanes en présence de métal. A B M+ M+ M+ M+ - H2O - H2O M+ M+ OH M+ OH R = CH2-OH : 5-HMF R = H : furfural M+ Figure VI-4 : Mécanisme de conversion du noyau pyrane en un noyau furane, catalysé en présence de métal ; A : mécanisme faisant intervenir la rupture des deux liaisons glycosidiques entourant le noyau furane formé (5-HMF : 5hydroxyméthylfurfural); B : mécanisme faisant intervenir la rupture d’une seule liaison glycosidique. La contraction du cycle, initiée en présence de métal par la déstabilisation d’une liaison C-O (ici, celle impliquant le carbone en C2), se déroule dès la première étape. La différence entre les deux mécanismes est que, dans le mécanisme A, la contraction du cycle conduit à la rupture d’une liaison 243 Chapitre VI – Mécanismes catalysés glycosidique ; tandis que dans le mécanisme B, elle conduit à la formation d’une fonction hémiacétal entre deux unités. Ensuite, une réorganisation du cycle formé se fait par des étapes identiques pour les deux mécanismes : une réaction de déshydratation et la rupture d’une liaison glycosidique permettent la formation d’un cycle aromatique, qui stabilise la molécule. Dans ces mécanismes, nous n’avons fait intervenir le métal que pour la première étape, mais, comme montré précédemment, les réactions de déshydratation et de rupture de la liaison glycosidique sont également susceptibles d’être catalysées par le métal, par l’affaiblissement de liaisons C-O. Dans le mécanisme A, la rupture des deux liaisons glycosidiques, qui entourent le noyau furane formé, provoque la libération d’une molécule, volatile dans des conditions de pyrolyse. Ce mécanisme permet d’expliquer la production de 5-HMF, observée par différents auteurs lors de la pyrolyse de la cellulose [1, 16], et de furfural lors de la pyrolyse de xylane, comme observé dans notre étude et par d’autres auteurs [3, 17]. La très forte production de furfural, obtenue lors de nos expériences de conversion du xylane imprégné de nickel (X-Ni0,50, voir paragraphe IV.2.3), nous amène à proposer que le nickel, imprégné dans les phases amorphes des polysaccharides, catalyse la formation du noyau furane suivant un mécanisme, qui conduit à la rupture des deux liaisons glycosidiques (mécanisme A). Lors de la pyrolyse des échantillons de cellulose microcristalline imprégnée de métaux (C-Fe0,28 et C-Ni0,28) ou de xylane imprégné de fer (X-Fe0,50), nous avons également mis en évidence que les métaux catalysent la conversion du noyau pyrane en noyau furane (paragraphe IV.2 et IV.3). Cependant, l’augmentation des rendements de ces molécules dans l’huile de pyrolyse étant nettement plus faible que dans le cas de la conversion de X-Ni0,50, nous supposons que, comme proposé dans le mécanisme B, la formation du noyau furane n’implique pas nécessairement la rupture de deux liaisons glycosidiques. Ainsi, certains des noyaux furanes formés, liés de manière covalente à la matrice solide, demeurent dans cette matrice, où ils pourraient être impliqués dans les mécanismes de formation du char. 1.4. Du noyau furane vers la formation du char Il est bien admis que la formation du char, par pyrolyse de polysaccharides, consiste en une conversion des noyaux pyranes en noyaux benzéniques [18, 19]. Pastorova et al. [18] ont effectué une étude par RMN du C13 de chars de cellulose, préparés par des pyrolyses réalisées à différentes températures. L’analyse des résultats montre qu’au cours de la conversion, une proportion importante de noyaux furanes se forme au sein du char, puis diminue progressivement. Dans nos expériences de pyrolyse de C-Fe0,28, X-Fe0,50 et C-Ni0,28, nous avons mis en évidence un effet catalytique du métal favorisant la conversion du noyau pyrane en noyau furane et provoquant un rendement en char relativement élevé. L’ensemble de ces résultats nous a amené à l’hypothèse que les noyaux furanes peuvent constituer des intermédiaires entre les noyaux pyranes et les noyaux benzéniques. A partir d’un noyau furane, la formation d’un cycle composé de 6 atomes de carbone peut être réalisée par une réaction de Diels-Alder, faisant intervenir une molécule contenant une double liaison C=C. Cette liaison peut être formée par une réaction de déshydratation au sein d’un noyau pyrane ; réaction qui, comme nous l’avons vu précédemment, est catalysée en présence de métal. Nous proposons sur la Figure VI-5, un mécanisme impliquant la molécule contenant un noyau furane, obtenue sur la Figure VI-4B, et une molécule contenant un cycle pyrane ayant subi une réaction de déshydratation, qui a conduit à la formation d’une double liaison C=C. Nous avons pris l’exemple du cas où la déshydratation se fait par la perte de la fonction hydroxyle de l’atome de carbone en C3 et 244 Chapitre VI – Mécanismes catalysés la formation d’une double liaison entre les atomes C2 et C3, c’est à dire la réaction de déshydratation intramoléculaire la plus couramment observée dans les noyaux pyranes [13]. M+ M+ M+ (2) (1) - H2O (5) (4) M+ M+ - CO2 (3) M+ Figure VI-5 : Mécanisme de formation d’un noyau benzénique à partir d’un noyau furane au sein du char des polysaccharides. Comme illustré sur la Figure VI-5, la réaction de Diels-Alder peut être catalysée par des acides de Lewis, comme les métaux de transition, par la formation de liaisons de coordination entre le catalyseur et les doubles liaisons impliquées dans la réaction [20, 21]. Suite à la réaction de DielsAlder, une réaction de réorganisation conduisant à la formation de liaisons conjuguées (2), puis deux réactions de déshydratation permettent d’obtenir un noyau benzénique (4). Les fonctions esters étant thermiquement peu stables [18, 22], il est probable que la molécule (4) se réarrange par une réaction de décarboxylation. Le mécanisme proposé permet donc bien d’expliquer la formation de noyaux benzéniques à partir des noyaux pyranes des polysaccharides, avec comme intermédiaires, des noyaux furanes. De plus, ce mécanisme présente l’avantage d’associer la formation du char à un dégagement de CO2, ce qui est cohérent avec la forte production de CO2, observée lors de la pyrolyse des polysaccharides imprégnés de métaux. Ainsi, en considérant un mécanisme global faisant intervenir successivement les mécanismes de la Figure VI-4B et de la Figure VI-5, nous avons décrit une voie de formation de noyaux benzéniques à partir de noyaux pyranes. Lors de la pyrolyse des polysaccharides, la formation des noyaux benzéniques, qui composent le char, se fait certainement par de multiples voies. La voie que nous proposons fait intervenir la conversion des noyaux pyranes en noyaux furanes, ainsi que des réactions de déshydratation et de décarboxylation, c'est-à-dire des réactions qui ont toutes été catalysées lors de nos expériences de pyrolyse, réalisées à partir de polysaccharides imprégnés de métaux. Ainsi, cette voie pourrait être favorisée en présence de métaux et pourrait contribuer à expliquer les rendements en char élevés, obtenus à partir des échantillons de biomasses imprégnés de métaux. 245 Chapitre VI – Mécanismes catalysés 2. Influence des métaux sur les mécanismes de conversion de la lignine Les expériences de cette étude, réalisées à partir d’échantillons de lignine, ont permis de mettre en évidence que la principale influence des métaux imprégnés dans la lignine, est qu’ils favorisent les rendements en char. Plusieurs phénomènes peuvent expliquer cette évolution liée à la présence du métal. En début de pyrolyse (T < 300 °C), le métal, en interaction avec les atomes d’oxygène fragilise les liaisons C-O de la lignine. Cette déstabilisation favorise sans doute des réactions de fragmentation, qui se produisent à des températures plus faibles qu’en l’absence de métal [23]. A ces températures, les intermédiaires formés sont moins volatils et la probabilité de leur recombinaison, par la formation de liaisons thermiquement stables, est plus élevée. De plus, les interactions entre les électrons π des noyaux benzéniques et les orbitales d du métal, mises en évidence dans différents travaux [4, 24], limitent également la volatilité des molécules formées au cours des réactions de dépolymérisation. En conséquence, les réactions de recombinaison des noyaux benzéniques pour former une structure polycylique sont favorisées. Ces réactions sont d’autant plus favorisées qu’elles peuvent être catalysées par les métaux de transition. Plusieurs auteurs ont montré que le fer et le nickel catalysent la formation d’une liaison entre deux noyaux benzéniques, lorsqu’un des deux porte en substitution un atome très nucléophile, comme un halogène [25-27]. Il est probable que le même type de réaction se produise entre deux noyaux benzéniques, dont l’un forme une liaison covalente avec un atome d’oxygène, également très nucléophile. Cette réaction, présentée sur la Figure VI-6, favoriserait la désoxygénation du char et, en particulier, la formation d’eau à partir de motifs phénols. Figure VI-6 : Réaction de recombinaison de deux noyaux benzéniques, dont l’un forme une liaison covalente avec un atome d’oxygène, catalysée par le métal imprégné. Les réactions de recombinaisons des noyaux benzéniques, catalysées par les métaux, peuvent également conduire à la formation de molécules de H2 [28, 29], ce qui contribue à la production relativement élevée de H2, lors de la pyrolyse des échantillons de lignine imprégnés de métaux. Enfin, il convient de rappeler que les réactions de recombinaison des noyaux benzéniques, qui favorisent les rendements en char et en H2, peuvent également être catalysées, au cours de la pyrolyse des polysaccharides, suite à la formation de ces noyaux au sein de la matrice solide. Lors de nos expériences, nous avons remarqué que le nickel était plus efficace que le fer pour limiter la production des goudrons contenant un noyau benzénique. Ce résultat pourrait s’expliquer par une plus forte affinité des noyaux benzéniques avec le nickel qu’avec le fer. En effet, les électrons π du noyau aromatique, facilement polarisables, confèrent aux ligands contenant un noyau benzénique un caractère mou, ce qui pourrait justifier de la formation de complexes plus stables avec un acide comme le nickel qu’avec un acide dur comme le fer. 246 Chapitre VI – Mécanismes catalysés 3. Conclusion Les mécanismes, avancés dans ce chapitre, permettent de fournir des pistes pour expliquer la formation de noyaux benzéniques, lors de la conversion des polysaccharides, par des réactions de déshydratation, de conversion de noyaux pyranes en noyaux furanes, de Diels-Alder et de décarboxylation. Les rendements en char relativement élevés, obtenus lors de la pyrolyse des polysaccharides imprégnés de fer et de cellulose cristalline imprégnée de nickel, sont cohérents avec le fait que chacune de ces réactions peut être catalysée par des métaux de transition. Nous avons également pu proposer des mécanismes justifiant de l’activité catalytique du nickel par rapport aux réactions de dépolymérisation, qui favorise la production de lévoglucosan, lors de la conversion de la cellulose amorphe, et de furfural, lors de la conversion du xylane. Les métaux imprégnés dans la biomasse peuvent également former des interactions chimiques avec les noyaux benzéniques de la lignine, ainsi que ceux produits au cours de la conversion des polysaccharides. Ces interactions favorisent certainement les réactions de recombinaison des noyaux benzéniques, qui permettent la formation d’une structure aromatique polycyclique. Ce phénomène contribue donc certainement à une plus forte production de char, lors de la pyrolyse d’échantillons de lignine ou de biomasse, imprégnés de métaux. 4. Références bibliographiques du Chapitre VI 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. Shen, D.K. and S. Gu, The mechanism for thermal decomposition of cellulose and its main products. Bioresource Technology, 2009. 100(24): p. 6496-6504. Mihalcik, D.J., C.A. Mullen, and A.A. Boateng, Screening acidic zeolites for catalytic fast pyrolysis of biomass and its components. Journal of Analytical and Applied Pyrolysis, 2011. 92(1): p. 224-232. Shen, D.K., S. Gu, and A.V. 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Interprétation de l’influence des métaux sur la réactivité du char ....................................................... 258 4.1. Influence des métaux sur la texture poreuse du char........................................................................ 258 4.2. Effet catalytique des métaux ............................................................................................................. 259 5. Impact de la présence de métaux sur les réactions de gazéification ..................................................... 260 6. Références bibliographiques du Chapitre VII ........................................................................................ 261 250 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal CHAPITRE VII – ETUDE DE LA GAZEIFICATION DE CHAR DOPE EN METAL Dans le cadre de cette étude, focalisée sur la conversion thermochimique de la biomasse, avec pour étapes principales une phase de pyrolyse suivie de réactions de gazéification, nous avons démontré, dans les chapitres précédents, que les propriétés catalytiques du fer et du nickel, imprégnés dans la biomasse, apportaient des modifications au niveau des mécanismes de pyrolyse, qui se révèlent intéressantes, dans l’optique de limiter la production des goudrons. En conséquence de cette approche, le char à gazéifier obtenu en fin de pyrolyse, contient une quantité de métaux très élevée, par rapport à celle contenue généralement dans les chars issus de la pyrolyse de biomasses. Dans la mesure où l’étude bibliographique a mis en valeur que les métaux, contenus dans le char, affectaient la cinétique de sa conversion par gazéification, qui est une réaction très lente et énergivore, nous avons entrepris d’étudier l’influence de la présence de métaux sur la réactivité du char, au cours de sa gazéification à la vapeur d’eau ou au CO2. 1. Validation de la méthode expérimentale Les chars étudiés dans ce chapitre ont tous été préparés à partir de bois d’eucalyptus. Quatre échantillons sont à l’origine de toutes les expériences : un échantillon de bois non traité (E-brut), deux échantillons imprégnés dans des solutions de nitrate de nickel et de fer (respectivement E-Ni et E-Fe) et un échantillon imprégné dans une solution ayant un pH de 4,0 (E-pH4), qui constitue la référence pour étudier l’influence des métaux sur la réactivité du char. La composition élémentaire des chars utilisés pour nos tests, obtenus par pyrolyse à 450 °C (1ère pyrolyse) de ces quatre échantillons, est détaillée dans le Tableau VII-1. Lors de la description de la méthode de calcul du taux de conversion du char au cours de la gazéification (paragraphe II.3.3.3), nous avons considéré que l’essentiel de la matière organique des chars est constitué de carbone. Nous présentons cidessous une étude approfondie de la composition des chars, afin de préciser cette hypothèse. Dans le cas des chars, préparés sans imprégnation de métal, la teneur en oxygène (%) est calculée par différence suivant la formule : O (%) = 100 – C (%) – H (%) – N (%) – cendres (%). Tableau VII-1 : Composition élémentaire (% massique) des chars obtenus par pyrolyse à 450 °C des échantillons d’eucalyptus. métal imprégné cendres C H N Oa Char E-brut - 0,97 74,08 4,02 0,19 20,74 Char E-pH4 - 0,45 74,13 3,24 0,28 21,90 Char E-Ni 11,05 16,69 64,38 2,85 1,44 20,27 Char E-Fe 6,59 10,52 67,46 3,27 0,99 21,69 a : déterminé par différence. Comme nous l’avons montré dans le chapitre III, l’imprégnation en solution aqueuse conduit à une extraction partielle des matières inorganiques, naturellement présentes dans la biomasse, d’où le taux de cendres plus faibles du char E-pH4 par rapport à celui du char E-brut. Dans la mesure où l’imprégnation des métaux se déroule, notamment, par des réactions d’échange cationique avec les matières inorganiques, la contribution des matières inorganiques de la biomasse (présentes naturellement) au taux de cendres des échantillons dopés en métal est certainement très faible (< 0,45 % de la masse du char soit moins de 5 % de la masse de cendres), et peut être négligée. 251 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal L’essentiel des matières inorganiques, présentes dans les cendres obtenues par combustion des chars dopés en métal, est donc constitué du métal imprégné dans la biomasse. La différence entre les valeurs de la teneur en métal et du taux de cendres des chars dopés en métal s’explique par le fait que, dans les cendres, les métaux se retrouvent sous forme d’oxyde (certainement NiO et Fe2O3) [1, 2]. Ainsi, pour les échantillons de chars dopés en métal, il est plus précis de calculer la teneur en oxygène en considérant le taux de métal imprégné, plutôt que celui de cendres, suivant la formule : O (%) = 100 – C (%) – H (%) – N (%) – métal (%). A partir de cette observation, il apparaît que le calcul de la teneur en oxygène des chars, non dopés en métal, est entaché d’une erreur, car il ne tient pas compte de l’oxygène présent dans les cendres de biomasse. Cependant, cette erreur est faible (< 1 % de la masse de char), puisque la teneur en oxygène des cendres est nécessairement nettement inférieure au taux de cendres de l’échantillon. En se basant sur ces résultats, ainsi que ceux de l’étude par ATG de la perte de masse des chars et ceux de l’analyse de la fraction gazeuse produite en sortie du réacteur à lit fixe, au cours de la 2ème pyrolyse (phase de préchauffage du réacteur préalable à la gazéification), nous avons estimé la composition des chars de chacun des échantillons, obtenus à la fin de la 2ème pyrolyse. Avec le dispositif expérimental mis en œuvre, nous n’avons pas accès à la composition des matières volatiles condensables dégagées du char au cours de la 2ème pyrolyse. La masse totale de ces molécules peut être déterminée par différence suivant le calcul : avec mhuile, la masse des matières volatiles condensables dégagées du char, mMV la masse des matières volatiles dégagées (quantité de matière perdue déterminée par ATG) et mgaz la masse des gaz incondensables dégagées (déterminée à l’aide des analyses Micro-GC). Or, il est connu que la composition élémentaire de l’huile de pyrolyse est généralement très proche de celle de la biomasse dont elle est issue [3]. Ainsi, nous avons fait l’approximation que la composition élémentaire globale des matières volatiles condensables dégagées est identique à la composition élémentaire organique de l’échantillon, au début de la 2ème pyrolyse. Les estimations des compositions des chars, dans le cas où la 2ème pyrolyse est réalisée à une température maximale de 800 °C, qui est la température de référence de nos expériences de gazéification, sont détaillées dans le Tableau VII-2. Tableau VII-2 : Estimation de la composition élémentaire (en g) de la matière organique des chars d’eucalyptus obtenus ème suite à une 2 pyrolyse, réalisée à une température de 800 °C, à partir d’une quantité de 20 g d’échantillon de char. char après 1ère perte de pyrolyse a masse (450 °C) ème 2 composition pyrolyse C H O perte de masse due aux matières volatiles c condensables perte de masse due aux matières b volatiles incondensables H2 gaz produit composition CH4 CO CO2 C H O masse composition char après 2ème pyrolyse (800 °C) d composition c C H O C H O %C E-brut 14,8 0,80 4,1 7,21 0,14 0,19 2,1 1,9 1,6 0,19 2,6 2,84 2,1 0,11 0,6 13,2 0,62 1,5 86 E-pH4 14,8 0,65 4,4 6,99 0,16 0,28 2,1 1,6 1,5 0,23 2,4 2,84 2,1 0,09 0,6 13,3 0,41 2,0 85 E-Ni 12,9 0,57 4,1 7,11 0,27 0,14 1,7 2,6 1,5 0,30 2,9 2,41 1,6 0,07 0,5 11,3 0,27 1,2 89 13,5 0,65 4,3 7,17 0,31 0,17 2,3 3,0 1,9 0,35 3,5 1,37 0,9 0,04 0,3 11,6 0,30 E-Fe a : déterminée par ATG. b : calculée à partir des analyses Micro-GC de la fraction gazeuse en sortie du réacteur à lit fixe. c : déterminée par différence. d : estimée en considérant que la composition élémentaire des matières volatiles condensables est identique à celle de la ème matière organique de l’échantillon avant la 2 pyrolyse. 0,8 91 252 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal Pour tous les échantillons de char préparés par pyrolyse à 450 °C, la teneur en carbone représentait entre 72 % et 75 % de la matière organique. A partir des estimations présentées dans le Tableau VII-2 et de celles réalisées pour les autres températures de 2ème pyrolyse, il apparaît que la matière organique, qui constitue le char, au moment où les réactions de gazéification sont initiées, est composée d’une teneur en carbone comprise entre 85 % et 92 %. Lors des expériences de gazéification au CO2, la principale réaction responsable de la conversion du carbone contenu dans le char est la réaction de Boudouard : . L’état d’avancement de la réaction est déterminé, comme illustré sur la Figure VII-1, par le suivi de la quantité de CO produite, qui est calculée à partir des analyses Micro-GC de la concentration en CO de la fraction gazeuse en sortie de réacteur. L’azote, utilisé comme gaz traceur, est injecté dans le réacteur avec un débit de 8 NL/h. D’après les mesures effectuées à l’aide du débitmètre et de la Micro-GC, le débit de N2, qui arrive à la Micro-GC, est presque toujours compris entre 7,5 NL/h et 8,5 NL/h, et a une valeur moyenne de 8,1 NL/h, ce qui indique que le dispositif expérimental est bien étanche. D’après nos calculs, pour toutes les expériences de gazéification au CO2 menées à terme, le taux de conversion de la matière organique du char, en fin d’expérience, est compris entre 83 % et 90 %. Ces valeurs, proches des estimations de la teneur en carbone (85-92 %) de la matière organique des chars, au moment où les réactions de gazéification sont initiées, attestent de la précision de la méthode expérimentale. gazéification 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 0 50 temps (min) 100 N2 taux de conversion (%) concentration des gaz (%) 2ème pyrolyse CO CO2 H2 CH4 taux de conversion 150 Figure VII-1 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse en sortie du réacteur et du taux de conversion du char lors d’une expérience de gazéification au CO2. Lors des expériences de gazéification à la vapeur d’eau, la conversion du char se produit essentiellement suivant la réaction : . En plus des molécules de CO et de H2, la fraction gazeuse en sortie de réacteur, dont la composition est illustrée sur la Figure VII-2, contient également des quantités significatives de CO2 et de CH4. Des réactions secondaires, en phase gazeuse, du gaz à l’eau ( ) et de méthanation ( ) expliquent la formation de ces molécules. L’état d’avancement de la réaction est déterminé par le suivi des quantités de CO, CO2 et CH4 produites, qui sont calculées à partir des analyses Micro-GC de la concentration de ces molécules dans la fraction gazeuse en sortie de réacteur (Figure VII-2) ; l’azote, injecté dans le réacteur avec un débit constant, servant toujours de référence. Les résultats obtenus lors de ces expériences sont moins satisfaisants que lors des tests de gazéification au CO2. En effet, le calcul du taux de conversion du char, en fin de réaction, donne des valeurs qui atteignent le 253 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal plus souvent 95-100 % et même, pour une expérience, plus de 100 %. Nous attribuons ces résultats, qui semblent moins précis, à la différence de méthode d’approvisionnement du gaz oxydant. Lors des expériences de gazéification au CO2, le gaz oxydant alimente le réacteur avec un débit continu, tandis que dans le cas des expériences avec la vapeur d’eau, l’eau est injectée goutte par goutte dans le système de préchauffage des gaz. En conséquence, la vapeur d’eau arrive de manière discontinue dans le réacteur, tout comme les produits de réaction au niveau de l’injecteur de la Micro-GC. Ce problème de discontinuité est mis en évidence par le suivi du débit de N2, qui arrive au niveau de l’analyseur de gaz. Alors que l’alimentation de N2 à l’entrée du réacteur est constante (8 NL/h), d’après les mesures du débitmètre et les analyses Micro-GC, le débit de ce gaz qui arrive au niveau de l’analyseur varie généralement entre 6,5 et 10,5 NL/h. La quantité de gaz traceur en sortie du réacteur étant déterminée avec une précision plus faible, il en est certainement de même pour les autres gaz, d’où la plus forte incertitude sur les calculs de la quantité de gaz produits par la réaction. Il ressort de ces observations que les résultats obtenus lors des expériences de gazéification à la vapeur d’eau, du fait de leur plus faible précision, devront être interprétés avec plus de précaution, que ceux obtenus lors des expériences réalisées avec le CO2. gazéification 100 100 90 90 80 80 70 70 60 60 50 50 40 40 30 30 20 20 10 10 0 N2 taux de conversion (%) concentration des gaz (%) 2ème pyrolyse CO CO2 H2 CH4 taux de conversion 0 0 50 100 150 temps (min) Figure VII-2 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse en sortie de réacteur et du taux de conversion du char lors d’une expérience de gazéification à la vapeur d’eau. 2. Tests de gazéification au CO2 des chars dopés en métal Dans un premier temps, une étude de la gazéification au CO2 de l’échantillon de char de référence (EpH4) a été réalisée. Les taux de conversion du char, lors d’expériences effectuées à des températures classiques de gazéification (900 °C, 950 °C et 1000 °C) [4], sont présentés sur la Figure VII-3. Il est logique de constater, selon la loi d’Arrhénius, une amélioration de la réactivité du char avec l’augmentation de la température [5, 6]. A partir des résultats obtenus, nous avons déterminé, pour chaque température, la valeur de la constante cinétique de la réaction k (les coefficients de détermination sont tous supérieurs à 0,99), afin d’estimer ensuite l’énergie d’activation de la réaction. La valeur de 131 kJ/mol, obtenue pour la gazéification au CO2 du char E-pH4, s’inscrit bien dans la gamme de valeurs généralement observées pour les réactions de gazéification au CO2 de char d’origine végétale [4, 7]. 254 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal La gazéification au CO2 de l’échantillon de char dopé en nickel (E-Ni) a également été étudiée pour différentes températures de réaction et les courbes caractérisant l’évolution au cours du temps des taux de conversion sont aussi représentées, sur la Figure VII-3. Il apparaît que pour des températures supérieures à 850 °C, les courbes obtenues sont quasiment superposées, ce qui signifie que la réaction ne suit plus la loi d’Arrhénius et n’est donc plus sous contrôle cinétique ; c'est-à-dire que le paramètre qui limite la réaction n’est plus la température, mais la diffusion du gaz réactif [8]. Nous avons donc testé la possibilité de réaliser des conversions à des températures plus faibles, ce qui a permis de constater qu’en présence de nickel, les réactions de gazéification au CO2 sont possibles à des températures très faibles (600 °C). Il est intéressant de remarquer que les évolutions au cours du temps des taux de conversion du char E-Ni, aux températures de 600 °C et 700 °C, sont semblables, respectivement, à celles observées lors de la conversion du char E-pH4 à des températures de 900 °C et 1000 °C. Ces résultats mettent en évidence que la présence du nickel a fortement augmenté la réactivité du char. Nous avons également déterminé l’énergie d’activation de la conversion du char dopé en nickel, à partir des résultats des expériences effectuées aux températures de 600 °C, 700 °C et 800 °C. La valeur obtenue, de 49 kJ/mol, nettement plus faible que dans le cas de l’échantillon de char de référence, traduit bien l’effet catalytique du nickel. 100 taux de conversion (%) 90 80 E-pH4 900 °C 70 E-pH4 950 °C 60 E-pH4 1000 °C 50 E-Ni 600 °C E-Ni 700 °C 40 E-Ni 800 °C 30 E-Ni 900 °C 20 E-Ni 1000 °C 10 0 0 20 40 60 temps (min) 80 100 Figure VII-3 : Evolution au cours du temps du taux de conversion des chars E-pH4 et E-Ni en fonction de la température, lors des expériences de gazéification au CO2 En ce qui concerne l’influence du fer sur les réactions de gazéification au CO2, l’évolution au cours du temps du taux de conversion du char E-Fe est présentée sur la Figure VII-4, pour des températures de réaction de 700 °C et 800 °C. Dans le cas d’une gazéification à 800 °C, les évolutions des taux de conversion des chars E-Fe et E-Ni sont très similaires, ce qui indique que le fer peut également catalyser les réactions de gazéification au CO2. Ce résultat nous a amené à tester, comme dans le cas du nickel, l’influence du fer sur la réactivité du char à une température inférieure à 800 °C. Lors de la gazéification à 700 °C, au début de la réaction (t < 10 min), il apparaît que les taux de conversion du char E-Fe sont, comme ceux du char E-Ni, nettement supérieurs à ceux obtenus lors de la gazéification du char E-pH4 à 900 °C. Cependant, à partir de 10 min de réaction, la conversion du char dopé en fer est fortement ralentie, ce qui se traduit par une lente augmentation de son taux de 255 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal conversion, qui atteint à peine 25 % après 1 h de réaction, temps auquel la conversion du char dopé au nickel, à la même température, est quasiment achevée. Ce résultat indique que, lors de la gazéification au CO2 à 700 °C, l’effet catalytique du fer, constaté en début de réaction, devient de plus en plus faible, certainement en raison de l’oxydation de ce métal, qui se retrouve sous une forme dans laquelle son effet catalytique est réduit, voire nul [9]. Du fait de la mise en évidence de l’existence de deux régimes cinétiques différents en début de réaction, lors de la conversion du char E-Fe à 700 °C, il n’est pas possible de déterminer les paramètres cinétiques de la réaction de gazéification de cet échantillon. 100 90 taux de conversion (%) 80 70 E-Fe 700 °C 60 E-Fe 800 °C 50 E-pH4 900 °C 40 E-Ni 700 °C 30 E-Ni 800 °C 20 10 0 0 20 40 60 80 100 temps (min) Figure VII-4 : Evolution au cours du temps et en fonction de la température du taux de conversion du char E-Fe et d’autres échantillons de char (résultats représentés à titre comparatif), lors des expériences de gazéification au CO2. 3. Tests de gazéification à la vapeur d’eau des chars dopés en métal La réactivité des chars, lors de leur conversion par gazéification à la vapeur d’eau, étant généralement supérieure à celle observée lorsque l’agent oxydant est le CO2 [10], les expériences de gazéification à la vapeur d’eau de l’échantillon de char de référence (E-pH4) ont été réalisées à des températures légèrement inférieures (comprises entre 800 et 950 °C), à celles sélectionnées au paragraphe précédent. L’analyse des courbes de la Figure VII-5, représentant l’évolution du taux de conversion du char en fonction du temps, indique logiquement que plus la température est élevée, plus le taux de conversion croît rapidement. La détermination de l’énergie d’activation de la réaction de gazéification à la vapeur d’eau du char E-pH4 a conduit à une valeur de 131 kJ/mol, du même ordre de grandeur de celles généralement citées dans la littérature, pour les réactions de gazéification à la vapeur d’eau de char d’origine végétale [4, 5, 10]. Bien que la réactivité du char en gazéification à la vapeur d’eau soit généralement supérieure à celle en gazéification au CO2 [10], nous avons obtenu, pour la réaction de conversion du char E-pH4, une valeur identique d’énergie d’activation avec ces deux agents oxydants. Ce résultat s’explique par le fait que, lors des expériences réalisées avec le CO2, le débit molaire de gaz oxydant (4,0 mol/h), qui alimente le réacteur, est presque deux fois plus élevé que lors des expériences avec la vapeur d’eau (2,3 mol/h). 256 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal Les évolutions des taux de conversion, au cours des expériences de gazéification à la vapeur d’eau, de l’échantillon de char dopé en nickel (E-Ni), réalisées à différentes températures, sont également représentées, sur la Figure VII-5. Que la température de conversion de l’échantillon de référence soit de 800, 900 ou 950 °C, la conversion du char E-Ni à 800 °C est nettement plus rapide que celle du char E-pH4. Par conséquent, les autres expériences de gazéification du char E-Ni ont été réalisées à des températures inférieures à 800 °C. Ainsi, nous avons pu constater qu’en présence de nickel, les réactions de gazéification à la vapeur d’eau du char sont possibles dès 500 °C. En début d’expérience (t < 20 min), les taux de conversion du char E-Ni à 500 °C et 600 °C sont similaires à ceux obtenus lors de la gazéification du char E-pH4, respectivement, à des températures de 800 °C et 900 °C. Pour des temps de réaction plus élevés, ces mêmes taux de conversion deviennent même supérieurs dans le cas des échantillons dopés en nickel. D’après nos résultats, l’effet catalytique du nickel permet d’abaisser l’énergie d’activation de la gazéification à la vapeur d’eau du char d’eucalyptus à une valeur de 38 kJ/mol. 100 taux de conversion (%) 90 80 70 E-pH4 800 °C 60 E-pH4 900 °C 50 E-pH4 950 °C 40 E-Ni 500 °C 30 E-Ni 600 °C 20 E-Ni 800 °C 10 0 0 20 40 60 temps (min) 80 100 Figure VII-5 : Evolution au cours du temps du taux de conversion des chars E-pH4 et E-Ni en fonction de la température, lors des expériences de gazéification à la vapeur d’eau. Les résultats des expériences de gazéification du char d’eucalyptus dopé en fer sont comparés à ceux obtenus, lors de la conversion de l’échantillon de char de référence, sur la Figure VII-6. Pour des températures de réaction de 800 °C et de 900 °C, en début de test, la conversion du char E-Fe est légèrement plus rapide que celle du char E-pH4, ce qui pourrait être dû à un effet catalytique du fer favorisant cette réaction. A partir de temps d’expériences plus élevés (34 min à 800 °C et 5 min à 900 °C), les taux de conversion de l’échantillon de char de référence deviennent plus élevés que ceux du char E-Fe, ce qui indique que la présence de fer dans le char inhibe sa conversion par gazéification à la vapeur d’eau. En raison de la succession de deux régimes cinétiques différents, en début de conversion, il n’est pas possible de calculer l’énergie d’activation de la gazéification à la vapeur d’eau du char d’eucalyptus dopé en fer. 257 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal 100 taux de conversion (%) 90 80 70 60 E-pH4 800 °C 50 E-Fe 800 °C 40 E-pH4 900 °C 30 E-Fe 900 °C 20 10 0 0 20 40 60 temps (min) 80 100 Figure VII-6 : Evolution au cours du temps du taux de conversion des chars E-Fe et E-pH4 en fonction de la température, lors des expériences de gazéification à la vapeur d’eau. 4. Interprétation de l’influence des métaux sur la réactivité du char D’après l’étude bibliographique réalisée au chapitre I, les métaux présents dans le char peuvent affecter sa réactivité, soit par leur influence sur la texture poreuse du char formé au cours de la pyrolyse, soit par une activité catalytique par rapport aux réactions de gazéification. 4.1. Influence des métaux sur la texture poreuse du char Il est bien connu que la présence de métaux imprégnés dans la biomasse influe sur la porosité du char obtenu par pyrolyse [11, 12]. En effet, les métaux catalysent, comme nous l’avons montré lors de l’étude de la pyrolyse de biomasse imprégnée, des réactions de conversion, dont certaines modifient le degré de réticulation et, par conséquent, la structure du char. De plus, les métaux, présents dans le char sont également susceptibles d’encombrer des pores, limitant ainsi la surface active du char [13]. Une caractérisation de la texture poreuse des échantillons de char, ayant subi une 2ème pyrolyse jusqu’à 800 °C (dans le réacteur de l’analyseur thermogravimétrique), a été effectuée par analyse des isothermes d'adsorption-désorption d’azote à - 196 °C. Tableau VII-3 : Analyse de la texture poreuse des chars, préparés par pyrolyse à 800 °C, pour réaliser les expériences de gazéification. E-pH4 E-Ni E-Fe 460 438 355 Surface des micropores (m /g) 360 342 253 Surface extérieure (m2/g) 101 96 102 Volume total pores (cm /g) 0,220 0,208 0,191 Volume des micropores (cm3/g) 0,161 0,150 0,111 Volume des mésopores (cm3/g) 0,051 0,049 0,075 2 Surface BET (m /g) 2 3 A partir des résultats obtenus, qui sont présentés dans le Tableau VII-3, il apparaît que les caractéristiques poreuses des chars préparés à partir de E-pH4 et E-Ni sont très proches, ce qui 258 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal indique que la plus forte réactivité de l’échantillon dopé au nickel n’est pas due à une modification de sa structure poreuse. Par contre, par rapport au char de référence, celui obtenu à partir de E-Fe présente des différences assez marquées : les surfaces et volumes des micropores sont réduites de près de 30 %. Ce résultat pourrait signifier que les particules de fer obstruent certains pores. Par conséquent, lorsque le fer se trouve sous une forme ne présentant pas d’activité catalytique favorisant la réaction de gazéification, il est logique que la réactivité du char E-Fe soit inférieure à celle de l’échantillon du char de référence, comme observé lors des expériences de gazéification à la vapeur d’eau. 4.2. Effet catalytique des métaux Selon la littérature, la catalyse des réactions de gazéification par les métaux a pour première étape une oxydation du métal [14, 15], ce qui implique que ce dernier se trouve, dans le char, sous une forme réduite. D’après les travaux de Richardson [16], dans le cas de l’imprégnation de nickel dans la biomasse, le métal présent dans le char obtenu en fin de pyrolyse respecte bien cette condition. En effet, la formation de nanoparticules métalliques Ni0 a été mise en évidence entre 400 °C et 500 °C. Devi et al. [17] ont également identifié du nickel sous forme métallique dans les chars formés par des conversions par pyrolyse de cellulose imprégnée de nickel, réalisées à des températures supérieures à 500 °C. Ces mêmes auteurs ont étudié la gazéification à l’air des chars obtenus et ont montré que la présence de nickel augmentait fortement la réactivité du char. Il apparaît donc que l’augmentation de la réactivité du char, préparé à partir de l’échantillon d’eucalyptus imprégné de nickel, est due à un effet catalytique du nickel, présent sous forme métallique. L’existence de nickel sous forme métallique dans le char d’eucalyptus a effectivement été identifiée lors de l’analyse en DRX de char d’eucalyptus imprégné de nickel, obtenu par pyrolyse à 600 °C dans le four tubulaire (paragraphe V.3.5). La formation de la phase catalytique active Ni0, qui se produit, d’après la littérature [16, 17], avant 500 °C, est cohérente avec la possibilité que des réactions de conversion du char dopé en nickel puissent se produire à 600 °C en présence de CO2 et à 500 °C en présence de vapeur d’eau, comme observé dans cette étude. Lors des expériences de gazéification du char E-Ni, le fait que les taux de conversion augmentent de façon régulière, indique que l’activité catalytique du nickel se maintient tout au long de la réaction. Selon le potentiel oxydant de l’atmosphère et la température du réacteur, le fer peut se trouver sous différentes formes, qui sont par ordre d’oxydation croissante : Fe, FeO, Fe3O4 et Fe2O3 [18]. Richardson a étudié l’évolution du fer imprégné dans la biomasse au cours de la pyrolyse [16]. Il a pu mettre en évidence l’existence de nanoparticules de Fe2O3 dans les chars, résultant de conversions réalisées à des températures supérieures à 500 °C. A priori, cette phase, la plus oxydée du fer, n’a pas d’activité catalytique par rapport aux réactions de gazéification [14]. D’après le même auteur, il est probable que d’autres phases du fer, moins oxydées, se forment au cours de la pyrolyse. Lorsqu’en fin d’expérience, le char refroidi est sorti du dispositif expérimental sous atmosphère inerte, ces phases pourraient être instables et être oxydées par l’air, ce qui expliquerait que seul Fe2O3 soit détecté lors des analyses ex-situ du char. Cette hypothèse est confortée par une observation expérimentale : lorsqu’un char contenant une teneur élevée en fer est sorti du réacteur, avant d’être complètement refroidi, une combustion spontanée se produit. Ce phénomène pourrait être dû à l’oxydation par l’air du fer métallique [16]. Il apparaît donc que des formes du fer, moins oxydées que Fe2O3, sont certainement présentes dans le char en fin de pyrolyse. La présence de ces formes explique l’effet catalytique du fer, observé lors de nos expériences, qui a conduit, en début de 259 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal gazéification, à des taux de conversion du char E-Fe plus élevés que ceux du char de l’échantillon de référence. Un effet catalytique du fer sur la réaction de gazéification a également été observé par Huang et al. [19]. Dans leur étude en ATG de la gazéification au CO2, ces auteurs ont montré que la conversion d’un char, préparé par pyrolyse de bois imprégnée de fer, devenait significative dès 650 °C, contre 750 °C pour un char non traité. Lors de notre étude de la gazéification au CO2 du char E-Fe à 800 °C, l’activité catalytique du métal s’est maintenue tout au long de la conversion. Lors des autres expériences (au CO2 à 700 °C, à la vapeur d’eau à 800 °C et 900 °C), l’activité catalytique du métal a rapidement été limitée, ce qui signifie que dans ces conditions expérimentales, les phases du fer, autres que Fe2O3, ont sans doute été converties en l’espèce la plus oxydée. En conséquence de la formation de cette espèce du fer, inactive par rapport à la réaction de gazéification, la principale influence du fer présent dans le char est de réduire la surface active du char, donc sa réactivité [13, 15]. 5. Impact de la présence de métaux sur les réactions de gazéification La comparaison des cinétiques de conversion des échantillons de chars dopés en métal et du char de référence a permis de mettre en évidence, dans certaines conditions, un fort effet catalytique du métal, favorisant les réactions de gazéification. Lors de la préparation du char de référence, l’imprégnation en solution aqueuse a conduit à une extraction partielle des matières inorganiques naturellement présentes dans l’eucalyptus. Ces matières inorganiques ayant un effet catalytique sur les réactions de gazéification, il est bien admis que leur extraction a pour conséquence une réduction de la réactivité du char [5, 10, 15, 20]. D’un point de vue pratique, afin d’évaluer l’impact de l’imprégnation de métaux dans la biomasse sur les réactions de gazéification du char, il apparaît donc nécessaire de comparer les conversions des échantillons de chars dopés en métal à celle du char de l’échantillon non traité (E-brut). L’évolution des taux de conversion des chars E-brut, E-Fe et E-Ni, au cours des réactions de gazéification au CO2 et à la vapeur d’eau, réalisées à une même température de 800 °C, est présentée sur la Figure VII-7. taux de conversion (%) 100 75 E-brutCO2 CO2 E-brut E-Fe E-FeCO2 CO2 50 E-Ni E-NiCO2 CO2 E-brutH2O H2O E-brut E-Fe E-FeH2O H2O 25 E-Ni E-NiH2O H2O 0 0 20 40 60 80 temps (min) Figure VII-7 : Influence de l’imprégnation de fer et de nickel sur l’évolution au cours du temps du taux de conversion du char d’eucalyptus, lors de réactions de gazéification réalisées à 800 °C avec le CO 2 ou la vapeur d’eau comme agent oxydant. 260 Chapitre VII - Gazéification de char dopé en métal En ce qui concerne la gazéification au CO2 à 800 °C, la vitesse de conversion du char est bien plus élevée pour les échantillons, qui sont dopés en fer ou en nickel. Alors que près de 80 min sont nécessaires pour atteindre un taux de conversion de 50 % du char E-brut, ce temps est quasiment divisé par 4 dans le cas de la conversion des chars E-Fe et E-Ni. A titre comparatif, la cinétique de conversion du char E-brut à 800 °C se rapproche plutôt de celle du char E-Ni à une température de réaction de 600 °C. En ce qui concerne la gazéification à la vapeur d’eau à 800 °C, en début de réaction, la conversion du char E-Fe est légèrement plus rapide que celle du char E-brut, puis cette tendance s’inverse en conséquence de la désactivation du fer. Au contraire, tout au long de la conversion du char E-Ni, les taux de conversion sont nettement supérieurs à ceux du char E-brut. Alors que près de 117 min sont nécessaires pour atteindre un taux de conversion de 50 % du char E-brut, ce temps est divisé par 7 dans le cas de la conversion du char E-Ni. Même avec une température de réaction de 500 °C, 70 min suffisent pour que 50 % du char E-Ni soient convertis. En conclusion, lorsque les réactions de gazéification sont réalisées dans des conditions où les métaux, présents dans les chars, ont une activité catalytique, la cinétique de la réaction du char peut être fortement accélérée. Une réduction des temps de conversion d’un facteur 4 ou 7, comme observé lors de nos expériences en utilisant respectivement le CO2 et la vapeur d’eau comme agent oxydant, pourrait permettre une réduction importante de la consommation énergétique, liée à la mise en œuvre des réactions de gazéification. Dans le cas de la conversion de chars dopés en nickel, les réactions pourraient même être réalisées à des températures de 600 °C, voir 500 °C. En plus du gain énergétique, cette réduction de la température de réaction présenterait certainement l’avantage de limiter la production des goudrons tertiaires, qui sont les plus difficiles à traiter. 6. Références bibliographiques du Chapitre VII 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Fu, P., S. Hu, L. 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Effet sur la réaction de gazéification du char ..................................................................................... 269 3. Influence de la composition de la biomasse sur les rendements de pyrolyse des échantillons imprégnés de métaux .................................................................................................................................................... 270 4. Conclusion ........................................................................................................................................... 271 5. Références bibliographiques du Chapitre VIII ....................................................................................... 272 264 Chapitre VIII - Intérêt de l’imprégnation d’espèces métalliques CHAPITRE VIII - INTERET DE L’IMPREGNATION D’ESPECES METALLIQUES DANS LA BIOMASSE EN VUE DE SA VALORISATION PAR CONVERSION THERMOCHIMIQUE A partir des principaux résultats obtenus au cours de cette étude, nous dressons, dans ce chapitre, un bilan des opportunités apportées par l’imprégnation de métaux comme le fer ou le nickel dans la biomasse, préalablement à sa conversion par voie thermochimique. Dans une première partie, nous précisons les contraintes associées à l’approche qui consiste à imprégner les métaux dans la biomasse. Dans la seconde partie, nous récapitulons les résultats qui concernent l’effet catalytique des métaux sur la conversion de la biomasse. Ce récapitulatif est ensuite exploité afin de comparer les avantages apportés par chaque métal imprégné, et d’évaluer l’influence de la composition de la matière première valorisée sur les rendements de conversion par voie catalytique. 1. Contraintes associées à l’imprégnation d’espèces métalliques dans la biomasse Avant de discuter des avantages apportés par l’imprégnation de métaux par rapport à la conversion thermochimique de la biomasse, il convient de préciser que cette approche est la source de quelques contraintes supplémentaires, que sont le traitement des solutions après imprégnation, le séchage de la biomasse imprégnée et le recyclage des métaux en fin de conversion. L’imprégnation est réalisée en immergeant la biomasse dans une solution contenant les espèces métalliques. L’insertion des métaux est facilitée par une agitation du mélange. Dans cette étude, le temps d’imprégnation a été fixé à 72 h pour optimiser l’insertion des métaux. Cependant, une autre étude réalisée dans les mêmes conditions [1] a permis de montrer qu’après un temps de 24 h, la quantité de métal imprégné dans la biomasse représente environ 80 % de celle imprégnée au bout de 72 h. Cela signifie que le temps d’imprégnation peut être réduit. Quel que soit le temps sélectionné, la quantité de métal imprégnée peut être contrôlée en ajustant la concentration en sels métalliques de la solution d’imprégnation. En général, moins de 20 % de la quantité de métal initiale de la solution d’imprégnation se retrouvent dans la biomasse en fin d’imprégnation [1]. Cette solution, après ajustement de sa concentration en métal, pourra être recyclée pour réaliser plusieurs imprégnations successives. Nous avons remarqué au chapitre III que l’imprégnation conduisait à l’extraction de différents composés, notamment des cations alcalins, ce qui constitue un avantage puisque ces cations sont des contaminants du gaz produit par gazéification. Dans le cas de la réutilisation de la solution d’imprégnation, les cations alcalins vont progressivement s’y concentrer. Si leur concentration est trop élevée, ces cations risquent de s’imprégner dans la biomasse, en compétition avec le fer ou le nickel. Il est donc nécessaire de déterminer le nombre maximal d’imprégnation réalisable avec la même solution ; nombre qui dépend de la teneur en cendres des biomasses valorisées. A partir des solutions dont la concentration en matières extraites de la biomasse est trop élevée pour réaliser une imprégnation supplémentaire, il serait possible de récupérer de manière sélective le fer ou nickel résiduel (non imprégné). Cette séparation peut être réalisée par l’ajout dans la solution d’un réactif, qui fait précipiter sélectivement certains métaux [2, 3]. Par exemple, dans le cas d’une solution contenant des sels de fer, un ajout d’ions hydroxydes pour remonter le pH de la solution peut faire précipiter le fer sous forme d’hydroxydes de fer. Dans 265 Chapitre VIII - Intérêt de l’imprégnation d’espèces métalliques la mesure où les hydroxydes de fer précipitent à un pH nettement plus faible que les hydroxydes formés à partir des métaux alcalins et alcalino-terreux compris dans les cendres [3], un ajout contrôlé d’hydroxydes peut permettre de faire précipiter sélectivement le fer. Des résines échangeuses d’ions peuvent également être utilisées pour extraire sélectivement certains métaux [4-6]. Dans la mesure où la conversion thermochimique de la biomasse nécessite une matière première relativement sèche, le principal inconvénient, associé à l’imprégnation de la biomasse, est que la matière obtenue, suite à la filtration de la solution d’imprégnation, doit être séchée. Or, une étape de séchage, pendant plusieurs heures à une température d’environ 100 °C, est coûteuse énergétiquement. Le développement d’un procédé de conversion thermochimique de biomasse imprégnée de métaux implique donc que les améliorations au niveau des caractéristiques de conversion de la biomasse, apportées par la présence de métal imprégné, justifient le surcoût énergétique dû à l’étape de séchage. Enfin, il est indispensable de considérer le problème du recyclage du métal après conversion thermochimique. D’après la littérature, au cours de la gazéification, le fer et le nickel se trouvent principalement sous forme métallique ou sous forme d’oxydes [7-9]. Le degré d’oxydation du métal dépend essentiellement de la température de réaction et du caractère oxydant de l’atmosphère imposée pendant la conversion. Ces espèces de fer et de nickel étant très peu volatiles, il est probable que, en fin de gazéification, l’essentiel du métal se retrouve dans les cendres. Une étude quantitative est tout de même nécessaire pour évaluer la quantité de métal entraînée dans le gaz produit. Le métal contenu dans les cendres peut être extrait sélectivement par rapport à ses propriétés magnétiques [2, 10]. En effet, avec le cobalt, le manganèse et le chrome, le fer et le nickel font partis des cinq principaux éléments à forte susceptibilité magnétique [10]. Ils peuvent donc être séparés des autres éléments inorganiques, compris dans les cendres de la biomasse, par l’action d’un champ magnétique. Ensuite, un traitement acide du métal récupéré, du même type que celui que nous avons réalisé lors de la détermination de la teneur en métaux dans les échantillons de biomasses imprégnés (paragraphe II.4.1.2), doit permettre de remettre les métaux en solution sous forme ionique. Une étude de la spéciation du fer et du nickel dans les cendres de gazéification serait utile, afin d’optimiser les conditions de séparation magnétique et de dissolution, en solution aqueuse, du métal. Après ajustement de sa concentration en métal, la solution obtenue peut être utilisée pour l’imprégnation de nouvelles biomasses. 2. Comparaison des effets catalytiques du fer et du nickel Les tests catalytiques de cette étude ont mis en évidence que les métaux imprégnés influaient sur les mécanismes de conversion primaires et secondaires de la biomasse lors de l’étape de pyrolyse, ainsi que sur la cinétique de conversion du char par gazéification. Nous comparons dans ce paragraphe l’influence du fer et du nickel sur ces différents types de réactions, impliquées lors de la conversion de la biomasse. 2.1. Effet sur les mécanismes de conversion primaires Malgré la diversité des réactions qui se produisent et qui sont catalysées au cours de la pyrolyse de biomasse imprégnée de métal, l’interprétation de nos résultats expérimentaux a permis d’identifier quel mécanisme primaire était le plus fortement catalysé, lors de la pyrolyse de chacun des constituants imprégnés de fer ou de nickel. Ces résultats sont récapitulés dans le Tableau VIII-1. 266 Chapitre VIII - Intérêt de l’imprégnation d’espèces métalliques Tableau VIII-1 : Mécanismes primaires principalement catalysés par le fer et le nickel lors de la pyrolyse des constituants majeurs de la biomasse. Constituant Hémicelluloses Cellulose amorphe Cellulose cristalline Lignine Fer Formation du char Formation du char Formation du char Formation du char Nickel Dépolymérisation Dépolymérisation Formation du char Formation du char Imprégnés dans les polysaccharides, le fer et le nickel catalysent des réactions de déshydratation et de conversion des noyaux pyranes en noyaux furanes. Ces réactions, impliquées dans les mécanismes de formation du char, favorisent les rendements en char, comme observé lors de la pyrolyse de cellulose cristalline, imprégnée de fer ou de nickel, et de xylane imprégné de fer. Dans le cas de la pyrolyse de polysaccharides amorphes, le nickel imprégné catalyse, en plus, des réactions de dépolymérisation, ce qui limite l’augmentation des rendements en char (voire les diminue comme lors de la conversion de xylane imprégné de nickel, paragraphe IV.2.3) et favorise ceux en molécules contenant un noyau pyrane ou furane. Imprégnés dans la lignine, le fer et le nickel catalysent principalement des réactions de recombinaisons des noyaux benzéniques, qui favorisent les rendements en char et limitent ceux des molécules de goudrons contenant un motif phénol, qui constituent les principaux produits de la dépolymérisation de la lignine. Dans chacun des constituants de la biomasse, le fer imprégné a pour effet principal de catalyser des mécanismes de formation du char, qui ont pour conséquence d’inhiber les réactions de dépolymérisation. Il est donc cohérent d’observer sur la Figure VIII-1, qui représente les taux de variation des rendements en char et en goudrons des échantillons imprégnés (tests de pyrolyse réalisés dans le four tubulaire à 600 °C), par rapport à ceux obtenus à partir des échantillons de référence respectifs, que plus la quantité de fer imprégnée est élevée, plus les rendements en char sont élevés et ceux en goudrons faibles. 0,65 0,26 0,10 0,65 0,26 0,10 0,65 0,26 0,10 70 0 60 50 teneur en métal (mmol/g) bagasse hêtre eucalyptus 40 30 20 10 0,65 0,26 0,10 0,65 0,26 0,10 0,65 0,26 0,10 0 variation du rendement (%) variation du rendement (%) Goudrons Char 80 -5 -10 -15 -20 -25 -30 -35 -40 teneur en métal (mmol/g) eucalyptus hêtre bagasse Figure VIII-1 : Taux de variation des rendements en char et en goudrons lors de la pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de fer (■) et de nickel (■), par rapport aux échantillons de référence respectifs (tests de pyrolyse réalisés dans le four tubulaire à 600 °C). En ce qui concerne les molécules de goudrons dosées, les taux de variation des rendements des molécules contenant un noyau pyrane (lévoglucosan) ou furane, et de celles contenant un motif 267 Chapitre VIII - Intérêt de l’imprégnation d’espèces métalliques phénol, sont précisées sur la Figure VIII-2. En présence de fer dans la biomasse, la production des molécules de ces deux groupes de goudrons est toujours réduite. Par rapport au fer, le nickel catalyse les mêmes mécanismes lors de la conversion de la cellulose cristalline et de la lignine. La principale différence concerne l’activité catalytique par rapport aux polysaccharides amorphes. Le fait que le nickel catalyse des réactions de dépolymérisation dans ces constituants explique que l’imprégnation de ce métal dans la biomasse conduise à de plus faibles augmentations des rendements en char et réductions des rendements en goudrons, que dans le cas de l’imprégnation de fer. Par rapport à la composition des goudrons, les réactions de dépolymérisation des polysaccharides amorphes conduisant à la formation de molécules contenant un noyau pyrane ou furane, il est logique d’observer que les productions de ces molécules sont nettement plus élevées à partir des échantillons imprégnés de nickel qu’à partir de ceux imprégnés de fer. Ce phénomène est responsable de la moins bonne efficacité du nickel par rapport au fer pour limiter la production totale de goudrons. En ce qui concerne les molécules contenant un motif phénol, particulièrement problématiques dans les procédés de gazéification, nous avions constaté que le nickel imprégné, notamment dans le xylane et la lignine, permettait une meilleure réduction de la production de ces molécules que le fer imprégné. Ce résultat pourrait s’expliquer par une plus forte affinité du noyau benzénique avec le nickel qu’avec le fer. Cette tendance est bien confirmée dans le cas de la pyrolyse des échantillons de bois (jusqu’à - 60 % de phénols pour les échantillons imprégnés de nickel contre - 50 % pour les échantillons imprégnés de fer), tandis que les résultats de conversion de la bagasse n’indiquent pas de tendance claire. Pyranes et furanes Phénols teneur en métal (mmol/g) 20 0,100,260,65 0,100,260,65 0,100,260,65 10 -20 -40 0,65 0,26 0,10 0,65 0,26 0,10 0,65 eucalyptus 0,10 -80 bagasse hêtre -60 variation d u rendement (%) 0 0,26 variation du rendement (%) 40 teneur en métal (mmol/g) 0 -10 -20 -30 -40 -50 bagasse -60 -70 eucalyptus hêtre Figure VIII-2 : Taux de variation des rendements des molécules contenant un cycle pyrane ou furane et des molécules contenant un motif phénol, lors de la pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de fer (■) et de nickel (■), par rapport aux échantillons de référence respectifs (tests de pyrolyse réalisés dans le four tubulaire à 600 °C). 2.2. Effet sur les réactions secondaires Les tests catalytiques, effectués dans le four tubulaire, ont mis en évidence que les métaux imprégnés dans la biomasse favorisaient les rendements en H2. Cette évolution a été attribuée à des réactions secondaires, notamment de craquage, à la surface des métaux imprégnés. Les expériences de pyrolyse, suivies à l’aide du couplage ATG/Micro-GC ont permis de constater, qu’en présence de métaux, des réactions du gaz à l’eau et de reformage à la vapeur sont également responsables d’une 268 Chapitre VIII - Intérêt de l’imprégnation d’espèces métalliques 0,9 0,8 0,7 0,6 0,5 0,4 0,3 0,2 0,1 0 Série2 H2 B-pH1,5 B-Fe0,10 B-Fe0,26 B-Fe0,65 B-pH6 B-Ni0,10 B-Ni0,26 B-Ni0,65 H-pH1,5 H-Fe0,10 H-Fe0,26 H-Fe0,65 H-pH6 H-Ni0,10 H-Ni0,26 H-Ni0,65 Série1 CH4 E-pH1,5 E-Fe0,10 E-Fe0,26 E-Fe0,65 E-pH6 E-Ni0,10 E-Ni0,26 E-Ni0,65 rendements en H (%) production de H2 supplémentaire. En présence de nickel, la formation de H2 débute à une température plus faible (300-350 °C selon la teneur en métal) qu’en présence de fer (400-450 °C), ce qui semble indiquer que le nickel présente une meilleure activité catalytique que le fer par rapport aux réactions secondaires. Les rendements massiques en atomes d’hydrogène, produits sous forme de CH4 et de H2, des expériences de pyrolyse dans le four tubulaire des biomasses imprégnées, sont présentés sur la Figure VIII-3. A partir de biomasses contenant environ 5,5 % d’hydrogène, entre 0,6 % et 0,9 % sont convertis sous forme de CH4 ou de H2. Avec les deux métaux, la réduction des rendements en hydrogène produit sous forme de CH4 est largement compensée par l’augmentation des rendements en hydrogène produit sous forme de H2, ce qui suggère qu’un grand nombre de molécules de CH4 a été converti par des réactions de reformage à la vapeur en H2. Pour une même teneur en métal imprégné, les rendements en H2 sont toujours plus élevés avec le nickel qu’avec le fer, ce qui confirme un effet catalytique plus intense du nickel par rapport aux réactions secondaires. Des nanoparticules de Ni0, dont la plupart sont formées à partir de 400 °C [9, 11], ont sans doute un rôle important dans cette activité catalytique. Dans le cas du fer, les nanoparticules qui se forment au cours de la pyrolyse seraient plutôt des oxydes [11], moins performants que les phases métalliques par rapport aux réactions secondaires [7, 12]. Figure VIII-3 : Influence du fer et du nickel sur les rendements en atomes d’hydrogène dans les molécules de CH 4 et H2 produites lors de la pyrolyse des différentes biomasses (tests de pyrolyse réalisés dans le four tubulaire à 600 °C). Dans le but de produire un gaz de synthèse riche en H2, l’augmentation des rendements de pyrolyse en H2, qui peuvent être quasiment multipliés par 4, en présence de nickel est avantageuse. Cependant, cette production supplémentaire, qui représente jusqu’à 0,5 % de la masse de biomasse, reste modeste par rapport aux rendements obtenus lors de la gazéification de la biomasse à la vapeur d’eau (environ 10 %) [13, 14]. 2.3. Effet sur la réaction de gazéification du char Le fer et le nickel, présents dans les chars de biomasse, affectent la cinétique de la réaction de gazéification du char de manières très différentes. Dans le cas du fer, seule l’expérience de gazéification au CO2 à 800 °C a permis d’améliorer la cinétique de conversion. Lors des autres expériences, il semble que le métal se soit rapidement retrouvé sous une forme trop oxydée pour catalyser la réaction de gazéification. D’autres essais, avec une atmosphère moins oxydante, pourraient être réalisés dans le but d’évaluer la possibilité de maintenir l’activité catalytique du fer tout au long de la conversion. Dans le cas du nickel, lors de toutes les expériences réalisées, le métal 269 Chapitre VIII - Intérêt de l’imprégnation d’espèces métalliques a permis d’accélérer considérablement la cinétique de conversion du char. L’activité catalytique du métal est tellement intense, que les réactions de gazéification du char sont possibles dès 500 °C à la vapeur d’eau et 600 °C au CO2. A partir de ces résultats, il apparaît qu’il serait intéressant de tester la gazéification d’échantillons de biomasses imprégnés de nickel à des températures aussi faibles que 500 ou 600 °C. Nous avons vu que la présence de nickel imprégné pouvait permettre de limiter les rendements en goudrons de plus de 25 % et surtout de ceux en phénols de plus de 60 %. Sous une atmosphère oxydante, il est probable que les réactions de craquage des goudrons se produisent en plus grand nombre [15, 16], limitant ainsi encore plus les rendements en ces molécules. De plus, dans la mesure où les chars de biomasse [17] et les métaux [18, 19] constituent des surfaces actives pour le craquage des goudrons, le char dopé en métal doit présenter une très bonne activité par rapport à ces réactions. Ainsi, dans le cas de conversion utilisant des technologies faisant intervenir des procédés à co-courant ou des lits fluidisés, dans lesquels les interactions entre le char et les matières volatiles sont nombreuses, une réduction encore plus forte des rendements en goudrons est attendue. Un intérêt de réaliser la conversion à des températures aussi faibles est que les réactions de recombinaisons des goudrons en phase gazeuse sont limitées [20]. Ainsi, les goudrons se trouvent à un stade de maturation peu avancé, où ils sont plus faciles à convertir. Les molécules contenant un noyau pyrane ou furane, formées en plus grand nombre à partir des échantillons imprégnés de nickel, qu’à partir de ceux imprégnés de fer, ne sont à priori pas très problématiques, car ces molécules (lévoglucosan, furfural), peu stables à des températures supérieures à 600 °C sous atmosphère inerte [21-23], sont certainement facilement craquées sous atmosphère oxydante, en présence de catalyseurs [24]. 3. Influence de la composition de la biomasse sur les rendements de pyrolyse des échantillons imprégnés de métaux En ce qui concerne l’effet catalytique du fer, qui favorise au cours de la pyrolyse les mécanismes de formation du char au sein de chacun des constituants, l’étude statistique des rendements de pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de fer (paragraphe IV.3.2) a révélé que la distribution des produits de pyrolyse est très fortement corrélée à la teneur en métal dans l’échantillon. Ce résultat signifie que plus la quantité de fer imprégné est élevée, plus les rendements de pyrolyse des différentes biomasses deviennent similaires et moins la composition initiale de la biomasse influe sur ces rendements. Par exemple, c’est avec la bagasse, qui est la biomasse à partir de laquelle les rendements en char et en goudrons sont respectivement les plus faibles et les plus forts, que l’imprégnation de fer a conduit aux plus fortes augmentations de production de char et limitations de production de goudrons (Figure VIII-1). Dans la mesure où le nickel catalyse des mécanismes qui diffèrent selon le constituant considéré, une plus grande influence de la composition de la biomasse, sur les rendements de pyrolyse des échantillons imprégnés de nickel, est attendue. Pour une faible teneur en métal (0,10 mmol/g), le nickel est majoritairement imprégné en interaction avec les atomes d’oxygène des polysaccharides amorphes [11, 25-27] et les réactions de dépolymérisation de ces constituants sont favorisées, d’où l’augmentation des rendements des molécules contenant un noyau pyrane ou furane (Figure VIII-2). Ce résultat est intéressant dans l’optique d’isoler, à partir de la biomasse et en quantités conséquentes, des molécules d’intérêt pour la chimie de synthèse. La conversion de bagasse, biomasse de l’étude ayant la teneur en hémicelluloses la plus élevée, imprégnée de nickel (B-Ni0,10) a permis d’obtenir un rendement massique en furfural de 1,1 %. En optimisant la teneur en métal 270 Chapitre VIII - Intérêt de l’imprégnation d’espèces métalliques dans l’échantillon, un rendement plus élevé, comme obtenu par d’autres auteurs lors de la pyrolyse de biomasse imprégnée de ZnCl2 [28, 29], peut certainement être atteint. Cette molécule présente l’intérêt d’être utilisée comme solvant dans l’industrie chimique, ainsi que comme réactif pour la synthèse de médicaments, de résines ou d’additifs pour l’alimentation ou les carburants [29, 30]. Nous avons également observé que la dépolymérisation de la cellulose amorphe, catalysée par le nickel, conduisait à une production supplémentaire de lévoglucosan. Du fait de la présence de carbones asymétriques dans sa composition, cette molécule est couramment utilisée pour la synthèse de produits pharmaceutiques, comme des polymères biocompatibles et des glycoconjugués. Elle peut également être utilisée pour produire des pesticides, des herbicides ou des tensioactifs [31, 32]. Les meilleurs rendements en lévoglucosan à partir de biomasse sont généralement obtenus par des réactions de pyrolyse réalisées à une température d’environ 500 °C [21, 33]. Lors du suivi de la pyrolyse d’échantillons de biomasse imprégnés de nickel par couplage ATG/Micro-GC (paragraphe V.2.2.2.2), le pic ayant été identifié comme caractéristique de la dépolymérisation de la cellulose amorphe correspond à une température d’environ 200 °C. Ainsi, suite à l’imprégnation d’une biomasse, ayant une teneur en cellulose élevée, dans une solution acide (pH < 1) pour réduire le taux de cristallinité de la cellulose, puis dans une solution de nickel, le lévoglucosan pourrait être obtenu avec des rendements élevés par un chauffage de la biomasse à seulement 200 °C. Pour la teneur en nickel la plus importante (0,65 mmol/g), des quantités significatives de métal sont imprégnées dans chaque constituant et l’effet catalytique prépondérant devient celui qui favorise les mécanismes de formation de char, ce qui se traduit par une nette augmentation des rendements en char (> 19 %) et une réduction des rendements de toutes les familles de goudrons (Figure VIII-1 et Figure VIII-2). Ainsi, plus les teneurs en nickel sont élevées, moins la composition de la biomasse semble influer sur les rendements de pyrolyse. 4. Conclusion L’activité catalytique du nickel imprégné dans la biomasse, par rapport aux réactions de dépolymérisation des polysaccharides amorphes, justifie le fait que ce métal permette une moins bonne réduction des rendements de pyrolyse en goudrons que le fer. Cependant, nos résultats montrent que le nickel est plus efficace que le fer pour la réduction des rendements en phénols et pour la conversion des matières volatiles produites au cours de la pyrolyse. Une différence majeure entre les deux métaux a été mise en évidence au niveau de leur influence sur la conversion du char par gazéification. Alors qu’une température d’au moins 800 °C semble nécessaire pour que le fer catalyse cette réaction, l’activité catalytique du nickel permet d’envisager d’effectuer des réactions de gazéification au CO2 à 600 °C et à la vapeur d’eau à 500 °C. En plus de limiter la production des molécules de goudrons les plus compliquées à convertir, ce qui pourrait simplifier l’étape d’épuration des gaz mise en œuvre dans les unités de gazéification industrielle , la réalisation d’une réaction de gazéification à des températures aussi faibles permettrait une forte économie énergétique, qui pourrait compenser la consommation d’énergie nécessaire au séchage de la biomasse, suite à l’étape d’imprégnation. 271 Chapitre VIII - Intérêt de l’imprégnation d’espèces métalliques 5. Références bibliographiques du Chapitre VIII 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. Kanabet, Y., Optimisation de l'insertion de précurseurs métalliques dans la biomasse en vue d'étudier leur effet catalytique par pyrolyse, 2010. Master, 2iE. De Boom, A., Contribution à l'élaboration d'un procédé de valorisation des cendres volantes et des résidus d'épuration des fumées d'incinération d'ordures ménagères, 2009. 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Des travaux antérieurs [1, 2] ont permis de mettre en évidence que, lors de l’étape de pyrolyse de la biomasse, la présence de métaux imprégnés réduisait considérablement la production des molécules organiques condensables (goudrons primaires), qui constituent les précurseurs des goudrons contenus dans le gaz produit par gazéification. Dans le cadre de cette étude de l’influence de l’imprégnation de métal sur la conversion thermochimique de la biomasse, l’objectif principal était de mieux appréhender l’influence des métaux imprégnés sur les mécanismes de pyrolyse de la biomasse. Notre stratégie a consisté à étudier, dans un premier temps, l’influence de métaux imprégnés (fer ou nickel) sur les mécanismes de conversion de chacun des constituants majeurs de la biomasse, puis, dans un second temps, sur les mécanismes de conversion de biomasses de différentes natures. Pour cela, trois constituants (cellulose, xylane et lignine) et trois biomasses (bois d’eucalyptus, bois de hêtre et bagasse de canne à sucre) ont été imprégnés de fer ou de nickel, et des échantillons de référence ont été préparés par imprégnation, dans les mêmes conditions, dans des solutions aqueuses sans métal. Ensuite, la conversion par pyrolyse de tous ces échantillons a été étudiée à l’aide de deux dispositifs complémentaires : un four tubulaire équipé pour isoler et recueillir les produits solides, liquides et gazeux ; et un analyseur thermogravimétrique couplé à une Micro-GC. Les expériences réalisées dans le four tubulaire ont permis de déterminer les rendements de pyrolyse en char, en eau, en goudrons et en gaz incondensables de chaque échantillon. A l’aide de ces résultats et des analyses des compositions des goudrons et de la fraction gazeuse (respectivement réalisées par GC/MS et Micro-GC), des hypothèses ont pu être émises pour expliquer l’influence du fer et du nickel imprégné sur les mécanismes de conversion de chacun des constituants de la biomasse. Plusieurs travaux ont déjà consisté à étudier la pyrolyse de la biomasse par ATG couplée avec un appareil pour analyser les matières volatiles produites. Les techniques exploitées pour l’analyse des matières volatiles sont soit la Spectroscopie Infrarouge à Transformée de Fourier (IRTF) [3-5], soit la Spectrométrie de Masse (MS) [6-8]. Ces techniques présentent l’avantage de pouvoir suivre l’évolution, au cours de la pyrolyse, des gaz incondensables, ainsi que de certains types de composés de l’huile de pyrolyse. Mais, que ce soit la spectroscopie IRTF (analyse de l’absorption en IR des molécules) ou la MS (analyse de la masse molaire des molécules et de leurs fragments), des problèmes, au niveau du détecteur, de superposition des signaux caractéristiques de différentes molécules rendent complexe une quantification individuelle et précise des molécules contenues dans la fraction analysée. Le dispositif que nous avons imaginé et mis au point consiste en un couplage ATG/Micro-GC, qui permet l’analyse des principaux gaz incondensables dégagés de l’échantillon. L’avantage de l’utilisation de la Micro-GC est de pouvoir déterminer la concentration de chacun de ces gaz dans les fractions gazeuses analysées. Ainsi, nous avons pu, pour chaque étape principale de la pyrolyse de nos échantillons, déterminer la quantité produite de chaque molécule de gaz et en déduire par différence (en utilisant les résultats de l’ATG) la quantité de matières volatiles 275 Conclusions et Recommandations condensables formées. Ces informations sont très utiles pour déterminer à quels types de réactions peuvent être associées les différentes pertes de masse observées. A notre connaissance, cette étude est la première qui concerne l’influence de l’imprégnation de métaux de transition, tels que le fer et le nickel, sur la conversion par pyrolyse de chacun des constituants majeurs isolés de la biomasse. Les résultats des expériences réalisées à partir des constituants imprégnés ont permis d’établir que les métaux influent sur des mécanismes de conversion primaires. Dans chacun des constituants, l’effet principal du fer imprégné est de catalyser les mécanismes de formation du char. Le nickel, imprégné dans la lignine et à la surface de la cellulose cristalline, catalyse les mêmes mécanismes. Par contre, imprégné dans le xylane, un fort effet catalytique du nickel favorisant les réactions de dépolymérisation a été mis en évidence. La teneur élevée en matières inorganiques du xylane utilisé limite sans doute l’effet catalytique des métaux imprégnés. Dans le but d’obtenir des résultats plus clairs, il serait intéressant d’analyser des échantillons de xylane ayant subi successivement des étapes de déminéralisation, possible dans un solvant organique [9], puis d’imprégnation de fer ou de nickel. Dans le cas de la conversion des polysaccharides, l’effet catalytique du métal sur les mécanismes de formation du char, est dû à des réactions de déshydratation et de réarrangement supplémentaires, ce qui se traduit par une augmentation des rendements en eau et en CO2. Imprégnés dans la lignine, le principal effet des métaux semble être dû aux interactions du métal avec les noyaux benzéniques, qui limitent la volatilité des intermédiaires formés et favorisent leur recombinaison en une structure aromatique polycyclique, à l’origine de la formation du char. Les résultats des expériences de pyrolyse réalisées à partir des biomasses imprégnées ont conduit aux mêmes conclusions par rapport à l’effet catalytique des deux métaux étudiés sur les mécanismes de conversion des constituants de la biomasse, et ont apporté des précisions par rapport à l’effet du nickel : ce métal ne catalyse pas seulement la dépolymérisation du xylane, mais aussi celle de la cellulose amorphe et, certainement, celle du glucomannane. Ces résultats expliquent que, lors de la pyrolyse de la biomasse, le fer imprégné permette une plus forte limitation de la production de goudrons que le nickel, comme observé dans cette étude et dans des travaux antérieurs [1, 2]. Par contre, l’analyse des huiles de pyrolyse indique que le nickel est plus efficace que le fer pour réduire les rendements en phénols. La teneur maximale en glucomannane des biomasses de notre étude est de 5 %, donc l’effet catalytique du métal sur ce constituant a certainement peut influer sur les rendements de pyrolyse. Dans l’optique de valoriser des bois tendres, dont la teneur en glucomannane peut atteindre près de 20 % [10], il serait utile d’étudier l’influence des métaux sur les mécanismes de conversion de ce constituant. La possibilité d’influer sur les mécanismes primaires de conversion des différents constituants montre que l’approche, qui consiste à imprégner des métaux dans la biomasse avant la pyrolyse, constitue également une option intéressante pour la synthèse de molécules cibles avec des rendements élevés [11, 12]. Les polysaccharides de la biomasse étant la plus grande source naturelle de molécules chirales, ces polymères constituent une ressource intéressante pour la synthèse de molécules à haute valeur ajoutée, notamment des molécules ayant une activité biologique [13]. Aussi, la biomasse pourrait se substituer aux ressources fossiles pour synthétiser un certain nombre de molécules et de polymères, produits actuellement essentiellement par la pétrochimie [14]. L’ensemble des résultats des expériences de pyrolyse nous a permis de proposer des mécanismes pour expliquer l’influence des métaux imprégnés sur les mécanismes de conversion des constituants 276 Conclusions et Recommandations de la biomasse. Nous proposons, pour la première fois, les différentes étapes d’un mécanisme permettant d’expliquer la conversion des noyaux pyranes des polysaccharides en noyaux benzéniques, qui sont les principaux composants des chars produits par pyrolyse d’hémicelluloses ou de cellulose. Ce mécanisme, qui semble possible dans des conditions classiques de pyrolyse, serait certainement catalysé en présence de fer ou de nickel, car la plupart des différentes étapes envisagées sont connues pour être catalysées par les métaux de transition. Nous proposons également un mécanisme simple pour expliquer les réactions de recombinaisons des noyaux benzéniques en une structure aromatique polycyclique. Ce mécanisme, qui permet d’expliquer la production des molécules de CH4, de CO et de H2 observée dans cette étude comme dans différents travaux [4-6], à des températures supérieures à 400 °C, peut également être catalysé par les métaux de transition, conduisant ainsi à des rendements en char plus élevés. L’analyse des gaz produits par la pyrolyse des échantillons imprégnés a logiquement montré que des réactions secondaires des matières volatiles sont catalysées à la surface des métaux. En plus de réactions de craquage, il est fort probable que des réactions du gaz à l’eau et de reformage à la vapeur, notamment du CH4, se produisent. Ces réactions semblent plus nombreuses à la surface du nickel qu’à celle du fer, ce qui explique que les plus fortes productions de H2 aient été obtenues dans le cas de la pyrolyse d’échantillons imprégnés de nickel. En conséquence de l’imprégnation de métaux dans la biomasse, le char obtenu en fin de pyrolyse est dopé en métal. La conversion du char par oxydation étant l’étape qui limite cinétiquement les procédés de gazéification, une autre préoccupation majeure de notre étude a consisté à investiguer l’influence de la présence de métaux dans le char sur sa réactivité, lors de réactions de gazéification au CO2 et à la vapeur d’eau. Les résultats ont montré que le fer présente un effet catalytique par rapport à ces réactions, mais, dans la plupart des cas, ce catalyseur se désactive très vite, ce qui a pour conséquence d’augmenter le temps de conversion du char. Lors d’une étude de la gazéification au CO2 et à l’air de char dopé en fer par ATG [15], la présence du fer a permis d’accélérer la conversion du char sans que des problèmes de désactivation ne soient observés. Ce résultat indique qu’un ajustement de la composition du gaz injecté dans le réacteur, pour optimiser son caractère oxydant, pourrait permettre d’empêcher la désactivation du catalyseur. De plus, dans cette même étude, les différentes étapes de la conversion de la biomasse imprégnée de fer ont été réalisées successivement dans le même réacteur ; alors que dans notre protocole, le char est préparé dans un four à moufle avant d’être refroidi puis placé dans le réacteur de gazéification. Il est possible qu’une oxydation du fer contenu dans le char, par l’oxygène de l’air, se soit produite lors du transfert du char entre les deux réacteurs [2]. Ainsi, un degré d’oxydation plus élevé du fer, en début de réaction de gazéification, pourrait expliquer une désactivation plus rapide de ce métal au cours de la réaction. Une conversion directe de biomasse imprégnée de fer par gazéification pourrait donc peut être éviter la désactivation du fer. En ce qui concerne l’effet catalytique du nickel sur la gazéification du char, celui-ci améliore considérablement la cinétique de la conversion, ce qui rend possible cette réaction pour des températures aussi faibles que 500 °C avec la vapeur d’eau et 600 °C avec le CO2. Dans le cadre de la catalyse de réactions chimiques par les métaux de transition, un des intérêts de l’exploitation du fer vient de la disponibilité et de la faible toxicité de ce métal. Les expériences de pyrolyse ont montré que l’effet catalytique du fer sur les mécanismes de conversion est assez similaire à celui des matières inorganiques, comme les métaux alcalins, présentes naturellement dans la biomasse. Par rapport à l’insertion de métaux alcalins supplémentaires dans la biomasse, par 277 Conclusions et Recommandations exemple par imprégnation dans une solution contenant des cendres de biomasse, les principaux intérêts de l’utilisation de fer sont donc de limiter fortement les problèmes liés à la contamination par les métaux alcalins du gaz produit par gazéification, et de pouvoir recycler facilement ce métal à partir des cendres de gazéification. Cependant, dans l’optique de convertir des biomasses imprégnées de fer, il est indispensable d’étudier la possibilité d’optimiser le protocole opératoire afin d’empêcher la désactivation de ce métal lors de la gazéification du char. Malgré sa toxicité et son coût plus élevé que le fer, dans l’optique d’imprégner la biomasse de métal pour limiter la concentration en goudrons dans les gaz produits par gazéification, nous préconisons plutôt l’utilisation du nickel. En effet, en plus de limiter particulièrement les rendements de pyrolyse en phénols et de craquer intensément les goudrons, les propriétés catalytiques de ce métal par rapport à la gazéification du char se révèlent très intéressantes. Nos travaux ont étudié séparément les réactions de pyrolyse de biomasse imprégnée et de gazéification de char dopé en métal, afin de mettre en évidence l’influence des métaux sur chacune de ces réactions. A ce stade de l’étude, il serait intéressant de tester directement la gazéification d’échantillons de biomasse imprégnés de nickel. Sous atmosphère oxydante, le craquage des matières volatiles à la surface du nickel devrait être encore plus intense. Ainsi, nous conseillons pour ces expériences la mise en œuvre d’un dispositif équipé d’un réacteur à co-courant, dans lequel les interactions entre les matières volatiles et les chars dopés en nickel sont favorisées. L’option de réduire la température de gazéification à des températures aussi faibles que 500 ou 600 °C doit également être testée. A cette température, les goudrons formés risquent d’être plus nombreux, mais les réactions secondaires de recombinaison des goudrons sont très rares [16], ce qui limite la formation de molécules très stables comme les HAP et favorise ainsi les réactions secondaires de craquage qui permettent de convertir les goudrons en gaz incondensables. Si les résultats de ces expériences confirment les avantages de la conversion de biomasse imprégnée de nickel, des essais à l’échelle du pilote pourront être entrepris. Une élimination suffisante des goudrons pour que la pureté du gaz produit atteigne les spécifications requises pour les applications envisagées est peu probable. Ainsi, une étude de la concentration et de la composition des goudrons résiduels devra être effectuée pour déterminer le type de technologie à mettre en œuvre pour une épuration plus fine. La possibilité d’effectuer des réactions de gazéification à des températures inférieures de 300 °C aux températures classiques ouvre des perspectives prometteuses. D’un point de vue énergétique, cette évolution permettrait une forte réduction de la consommation associée à la réaction de gazéification, qui compenserait la dépense liée au séchage de la biomasse après l’étape d’imprégnation, et contribuerait à rendre le procédé de gazéification de la biomasse plus efficace. Références bibliographiques des Conclusions et Recommandations 1. 2. 3. 4. Bru, K., J. Blin, A. 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Fuel, 2002. 81(7): p. 843-853. 279 Liste des Figures Figure IG1 : Contribution des différentes sources d’énergie primaire à la production énergétique de 2008. ..... 13 Figure I-1 : Coût et émission de gaz à effet de serre pour la production de carburants selon différentes technologies. ......................................................................................................................................................... 23 Figure I-2 : Composition de la molécule de cellulose ........................................................................................... 26 Figure I-3 : Liaisons hydrogènes intramoléculaires et intermoléculaires au sein d’une cellulose cristalline. ....... 26 Figure I-4 : Principaux sucres composant les hémicelluloses ................................................................................ 27 Figure I-5 : Exemple de structure chimique de xylane .......................................................................................... 28 Figure I-6 : Exemple de structure chimique de glucomannane............................................................................. 28 Figure I-7 : Structure du motif phénylpropane et des monolignols. ..................................................................... 29 Figure I-8 : Principales liaisons entre les unités monolignols de lignine de bois dur. ........................................... 29 Figure I-9 : Structure schématique de la paroi d’une cellule végétale ................................................................. 30 Figure I-10 : Principales étapes de la gazéification de la biomasse. ...................................................................... 36 Figure I-11 : Différentes étapes de la production de carburants liquides de synthèse à partir de la biomasse. .. 38 Figure I-12 : Principales voies de production de biocarburants pour la substitution des carburants fossiles. ..... 40 Figure I-13 : Effet de la température sur les rendements des produits de la pyrolyse de tiges de maïs. ............. 46 Figure I-14 : Ratios O/C et H/C pour le bois de pin et les chars obtenus lors de la pyrolyse à différentes températures de ce même bois. ........................................................................................................................... 46 Figure I-15 : Effet de la vitesse de chauffe sur les rendements des produits de la pyrolyse de tiges de maïs. .... 48 Figure I-16 : Mécanisme de conversion de la cellulose selon Shafizadeh ............................................................. 50 Figure I-17 : Mécanisme de Waterloo proposé pour décrire la conversion de la cellulose. ................................. 50 Figure I-18 : Mécanisme de conversion de la cellulose selon Mamleev. .............................................................. 51 Figure I-19 : Liaison éther formée par déshydratation intermoléculaire .............................................................. 52 Figure I-20 : Double liaison C=C entre C2 et C3 formée par déshydratation intramoléculaire .............................. 52 Figure I-21 : Proposition de mécanisme de conversion de la cellulose. ............................................................... 53 Figure I-22 : Mécanisme de formation du lévoglucosan lors de la pyrolyse de la cellulose. ................................ 55 Figure I-23 : Mécanisme de formation du 5-hydroxyméthylfurfural lors de la pyrolyse de la cellulose. ............. 55 Figure I-24 : Energie de liaison des principales liaisons chimiques présentes dans la structure de lignine. ......... 61 Figure I-25 : Analyse thermogravimétrique des constituants majeurs de la biomasse et de trois types de bois. 63 Figure I-26 : Influence de différentes méthodes de déminéralisation sur la conversion par pyrolyse de bois de peuplier ................................................................................................................................................................. 65 Figure I-27 : Influence de l’imprégnation de K2CO3 sur la conversion par pyrolyse de résidus de biomasse. ...... 66 Figure I-28 : Influence de l’imprégnation de métaux sur l’évolution de la masse et de la perte de masse (signal dTG) d’échantillons de cellulose ........................................................................................................................... 71 Figure I-29 : Point de rosée des différentes classes de goudrons en fonction de leur concentration. ................. 76 Figure I-30 : Principaux types de réacteurs utilisés pour les procédés de gazéification ....................................... 77 Figure I-31 : Influence de l’imprégnation de métaux sur la conversion de char de sapin au cours d’une montée en température de 10 °C/min en présence de CO2. ............................................................................................. 85 Figure II-1 : Schéma descriptif et photographie du dispositif mis en œuvre pour les tests de pyrolyse dans le réacteur tubulaire. .............................................................................................................................................. 109 Figure II-2 : Evolution de la température de l’échantillon au cours de la pyrolyse............................................. 110 Figure II-3 : Profil de température entre le milieu et la sortie du réacteur. ....................................................... 110 Figure II-4 : Système de condensation des liquides ........................................................................................... 111 280 Figure II-5 : Schéma descriptif du dispositif expérimental ; A : montage pour le suivi de la pyrolyse par ATG ; B : système de prélèvement des gaz pour le couplage avec la Micro-GC. ............................................................... 114 Figure II-6 : Détermination des températures Tonset et Toffset d’un pic dTG à l’aide du logiciel Setsoft 2000. ..... 115 Figure II-7 : Schéma du dispositif mis en œuvre pour l’étude de la conversion du char par gazéification en lit fixe. ...................................................................................................................................................................... 116 Figure II-8 : Détermination du taux de cristallinité d’un échantillon suivant la méthode de Segal .................... 123 Figure II-9 : Détermination du taux de cristallinité suivant la méthode de Ruland-Vonk ................................... 124 Figure III-1 : Compositions en constituants des biomasses après imprégnation à pH 6,0. ................................. 136 Figure III-2 : Evolution du taux de cristallinité (en %) du bois et de la cellulose dans le bois, après imprégnation dans une solution aqueuse à un pH de 6,0 et de 1,5. ......................................................................................... 137 Figure III-3 : Compositions en constituants des biomasses après imprégnation à pH 1,5 .................................. 139 Figure III-4 : Composition des cendres obtenues par combustion des différents échantillons bruts. ................ 140 Figure III-5 : Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur le taux de cendres des échantillons. .......... 141 Figure IV-1 : Etapes du calcul des rendements des principales fractions produites ........................................... 152 Figure IV-2 : Rendements massiques de pyrolyse de la cellulose, du xylane et de la lignine. ............................ 153 Figure IV-3 : Formules semi-développées des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse . 154 Figure IV-4 : Substitutions possibles du noyau benzénique des goudrons produits lors de la pyrolyse de la lignine à 600 °C.................................................................................................................................................... 157 Figure IV-5 : Rendements de pyrolyse des échantillons de cellulose imprégnés................................................ 157 Figure IV-6 : Influence de l’imprégnation de métaux sur la cristallinité de la cellulose, analysée par DRX. ....... 160 Figure IV-7 : Rendements de pyrolyse des échantillons de xylane imprégnés. ................................................. 161 Figure IV-8 : Rendements de pyrolyse des échantillons de lignine imprégnés. ................................................. 164 Figure IV-9 : Rendements des principales fractions, obtenus par pyrolyse des échantillons d’eucalyptus, de hêtre et de bagasse, sans métal imprégné. ........................................................................................................ 170 Figure IV-10 : Projection des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2) suite à l’ACP « à la française » réalisée à partir des rendements obtenus lors de la conversion des échantillons de bois, sans métal imprégné. ............................................................................................................................................................................ 173 Figure IV-11 : Rendements des principales fractions, obtenus par pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de fer. ................................................................................................................................................ 175 Figure IV-12 : Influence de l’imprégnation de fer sur la cristallinité de l’eucalyptus, analysée par DRX. ........... 178 Figure IV-13 : Projection des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2) suite à l’ACP « à la française » réalisée à partir des rendements obtenus lors de la conversion des échantillons de biomasse imprégnés de fer. ............................................................................................................................................................................ 178 Figure IV-14 : Rendements des principales fractions, obtenus par pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de nickel. ........................................................................................................................................... 180 Figure IV-15 : Influence de l’imprégnation de nickel sur la cristallinité du hêtre, analysée par DRX. ................. 184 Figure IV-16 : Projection des variables et des individus sur le plan factoriel (1X2) suite à l’ACP « à la française » réalisée à partir des rendements obtenus lors de la conversion des échantillons de biomasse imprégnés de nickel. .................................................................................................................................................................. 185 Figure V-1 : Evolution du signal (- dTG) et de la quantité totale de gaz produit en fonction de la température, lors de la pyrolyse de C-brut. .............................................................................................................................. 193 Figure V-2 : Evolution de la masse et de la perte de masse (- dTG) de la lignine en fonction de la température. ............................................................................................................................................................................ 194 Figure V-3 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG en fonction de la température, lors de la pyrolyse de la lignine..................................................................................................... 195 Figure V-4 : Rendements en matières volatiles obtenus lors de la conversion de la lignine selon la zone considérée .......................................................................................................................................................... 196 281 Figure V-5 : Structure des lignines à 500 °C ....................................................................................................... 196 Figure V-6 : Proposition de mécanisme de formation du CH4 lors des réactions de réarrangement du char entre 500 °C et 600 °C................................................................................................................................................... 197 Figure V-7 : Proposition de mécanisme de formation de CO, pour des températures supérieures à 500 °C, à partir de motifs de type phénol, d’après Egsgard et al.. ..................................................................................... 197 Figure V-8 : Proposition de mécanisme de formation de CO au sein du char pour des températures supérieures à 500 °C par des réactions de déshydratation et vapogazéification. .................................................................. 198 Figure V-9 : Proposition de mécanisme de la formation de H2 au sein du char pour des températures supérieures à 500 °C. .......................................................................................................................................... 198 Figure V-10 : Evolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de lignine, sans métal imprégné, en fonction de la température ........................................................................................................................... 199 Figure V-11 : Concentrations des principaux gaz incondensables dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse des échantillons de lignine, sans métal imprégné. .................................................... 200 Figure V-12 : Influence du fer imprégné sur l’évolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de lignine .................................................................................................................................................................. 201 Figure V-13 : Influence du fer imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de lignine. ................................................... 202 Figure V-14 : Influence du nickel imprégné sur l’évolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de lignine ............................................................................................................................................................ 203 Figure V-15 : Influence du nickel imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de lignine. ................................................... 204 Figure V-16 : Evolution de la masse et de la perte de masse (- dTG) de la cellulose en fonction de la température. ....................................................................................................................................................... 205 Figure V-17 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG en fonction de la température, lors de la pyrolyse de la cellulose ................................................................................................. 205 Figure V-18 : Rendements massiques (%) en matières volatiles dégagées, lors de la pyrolyse de la cellulose, selon la zone considérée . ................................................................................................................................... 206 Figure V-19 : Influence du fer imprégné sur l’évolution de la perte de masse de la cellulose au cours de la pyrolyse .............................................................................................................................................................. 207 Figure V-20 : Influence du fer imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de cellulose. ............................................... 209 Figure V-21 : Influence du nickel imprégné sur l’évolution de la perte de masse de la cellulose au cours de la pyrolyse ............................................................................................................................................................... 210 Figure V-22 : Influence du nickel imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de cellulose. ............................................... 211 Figure V-23 : Evolutions, en fonction de la température, de la masse et de la composition de la fraction gazeuse, en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de C-Ni(pH0,5). ...................................................................... 212 Figure V-24 : Evolution de la masse et de la perte de masse (- dTG) du xylane en fonction de la température. 213 Figure V-25 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG en fonction de la température, lors de la pyrolyse du xylane......................................................................................................... 214 Figure V-26 : Rendements massiques (%) en matières volatiles, obtenus lors de la conversion du xylane selon la zone considérée ................................................................................................................................................. 214 Figure V-27 : Evolution, au cours de la pyrolyse, de la masse des échantillons de xylane, sans métal imprégné ............................................................................................................................................................................ 215 Figure V-28 : Influence du fer imprégné sur l’évolution de la perte de masse du xylane au cours de la pyrolyse. ............................................................................................................................................................................ 217 Figure V-29 : Influence du fer imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de xylane. ................................................... 217 Figure V-30 : Influence du nickel imprégné sur l’évolution de la perte de masse du xylane au cours de la pyrolyse .............................................................................................................................................................. 218 282 Figure V-31 : Influence du nickel imprégné sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de xylane. ................................................... 219 Figure V-32 : Etude par ATG de la conversion des biomasses brutes ................................................................. 222 Figure V-33 : Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion de l’eucalyptus par pyrolyse. ............................................................................................................................................................................ 222 Figure V-34 : Caractéristiques de la conversion des constituants imprégnés de fer. ......................................... 223 Figure V-35 : Etude par ATG de l’influence de l’imprégnation de fer sur les caractéristiques de conversion par pyrolyse de la biomasse. ..................................................................................................................................... 224 Figure V-36 : Influence de l’imprégnation de fer sur la perte de masse des échantillons de biomasse au cours des différentes étapes de la conversion . ........................................................................................................... 225 Figure V-37 : Influence de l’imprégnation de fer sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de biomasse............................................ 226 Figure V-38 : Influence de l’imprégnation de fer sur la production de CO et de CO 2 sur l’ensemble des zones 1, 2 et 3, lors de la conversion des biomasses. .......................................................................................................... 227 Figure V-39 : Caractéristiques de la conversion des constituants imprégnés de nickel. .................................... 228 Figure V-40 : Etude par ATG de l’influence de l’imprégnation de nickel sur les caractéristiques de conversion par pyrolyse de la biomasse ...................................................................................................................................... 229 Figure V-41 : Influence de l’imprégnation de nickel sur la perte de masse des échantillons de biomasse au cours des différentes étapes de la conversion ............................................................................................................ 230 Figure V-42 : Influence de l’imprégnation de nickel sur les concentrations des principaux gaz incondensables, dans la fraction gazeuse en sortie de l’appareil d’ATG, lors de la pyrolyse de biomasse. .................................. 231 Figure V-43 : Analyse en DRX des chars obtenus par pyrolyse à 600 °C dans le four tubulaire des biomasses imprégnés avec une teneur en métal de 0,26 mmol/g ...................................................................................... 233 + Figure VI-1 : Mécanisme de déshydratation des polysaccharides catalysé par les ions H imprégnés dans la biomasse. ............................................................................................................................................................ 241 Figure VI-2 : Mécanisme de déshydratation des polysaccharides catalysé par les métaux imprégnés dans la biomasse. ............................................................................................................................................................ 241 Figure VI-3 : Mécanisme de dépolymérisation des polysaccharides, dont la chaîne principale est constituée d’hexoses, catalysé par le nickel. ........................................................................................................................ 242 Figure VI-4 : Mécanisme de conversion du noyau pyrane en un noyau furane, catalysé en présence de métal…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 242 Figure VI-5 : Mécanisme de formation d’un noyau benzénique à partir d’un noyau furane au sein du char des polysaccharides. .................................................................................................................................................. 245 Figure VI-6 : Réaction de recombinaison de deux noyaux benzéniques, dont l’un forme une liaison covalente avec un atome d’oxygène, catalysée par le métal imprégné. ............................................................................. 246 Figure VII-1 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse en sortie du réacteur et du taux de conversion du char lors d’une expérience de gazéification au CO2. ...................................................................................... 253 Figure VII-2 : Evolution de la composition de la fraction gazeuse en sortie de réacteur et du taux de conversion du char lors d’une expérience de gazéification à la vapeur d’eau. ..................................................................... 254 Figure VII-3 : Evolution au cours du temps du taux de conversion des chars E-pH4 et E-Ni en fonction de la température, lors des expériences de gazéification au CO 2 ............................................................................... 255 Figure VII-4 : Evolution au cours du temps et en fonction de la température du taux de conversion du char E-Fe et d’autres échantillons de char, lors des expériences de gazéification au CO2. ................................................ 256 Figure VII-5 : Evolution au cours du temps du taux de conversion des chars E-pH4 et E-Ni en fonction de la température, lors des expériences de gazéification à la vapeur d’eau. .............................................................. 257 Figure VII-6 : Evolution au cours du temps du taux de conversion des chars E-Fe et E-pH4 en fonction de la température, lors des expériences de gazéification à la vapeur d’eau............................................................... 258 283 Figure VII-7 : Influence de l’imprégnation de fer et de nickel sur l’évolution au cours du temps du taux de conversion du char d’eucalyptus, lors de réactions de gazéification réalisées à 800 °C avec le CO 2 ou la vapeur d’eau comme agent oxydant. ............................................................................................................................. 260 Figure VIII-1 : Taux de variation des rendements en char et en goudrons lors de la pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de fer et de nickel par rapport aux échantillons de référence respectifs....................... 267 Figure VIII-2 : Taux de variation des rendements des molécules contenant un cycle pyrane ou furane et des molécules contenant un motif phénol, lors de la pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de fer et de nickel par rapport aux échantillons de référence respectifs. ............................................................................. 268 Figure VIII-3 : Influence du fer et du nickel sur les rendements en atomes d’hydrogène dans les molécules de CH4 et H2 produites lors de la pyrolyse des différentes biomasses .................................................................... 269 Liste des Equations Équation I-1 : Réactions de photosynthèse. ......................................................................................................... 21 Équation I-2 : Mécanisme de gazéification du char au CO2 ou à la vapeur d’eau en présence de métal ayant une activité catalytique. ............................................................................................................................................... 86 Équation II-1 : Méthode de calcul du bilan massique de la réaction de pyrolyse. .............................................. 113 Équation II-2 : Méthode de calcul du taux de conversion du char par gazéification avec du CO 2. ..................... 118 Équation II-3 : Méthode de calcul du taux de conversion du char par gazéification avec de la vapeur d’eau. .. 118 Liste des Tableaux Tableau I-1 : Composition élémentaire et pouvoir calorifique inférieur (PCI) de biomasses de différentes natures. ................................................................................................................................................................. 25 Tableau I-2 : Rendements de pyrolyse des différentes fractions généralement obtenus lors de la conversion individuelle des principaux constituants de la biomasse. ..................................................................................... 63 Tableau I-3 : Principaux produits obtenus lors de la conversion individuelle des constituants majeurs de la biomasse, selon le mécanisme primaire considéré .............................................................................................. 63 Tableau I-4 : Classification des goudrons en fonction de leurs propriétés chimiques et de leur risque de condensation proposée par l’ECN. ........................................................................................................................ 75 Tableau II-1 : Liste des échantillons d’eucalyptus (E), de hêtre (H) et de bagasse (B) préparés pour l’étude de leur conversion par pyrolyse. .............................................................................................................................. 105 Tableau II-2 : Liste des échantillons de cellulose (C), xylane (X) et lignine (L) préparés pour l’étude de leur conversion par pyrolyse. ..................................................................................................................................... 107 Tableau III-1 : Analyse élémentaire et analyse immédiate des trois biomasses de l’étude................................ 133 Tableau III-2 : Evolution du taux de cristallinité de la cellulose en fonction du pH de la solution d’imprégnation. ............................................................................................................................................................................ 134 Tableau III-3 : Composition en constituants des biomasses brutes. ................................................................... 135 284 Tableau IV-1 : Ecarts-types sur les mesures des rendements des produits de pyrolyse .................................... 151 Tableau IV-2 : Rendements des molécules organiques dosées dans les huiles obtenues par pyrolyse de la cellulose, du xylane et de la lignine..................................................................................................................... 155 Tableau IV-3 : Rendements des principaux gaz incondensables obtenus par pyrolyse des échantillons de cellulose imprégnés. ........................................................................................................................................... 158 Tableau IV-4 : Rendements des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de cellulose imprégnés. ...................................................................................................................................... 159 Tableau IV-5 : Rendements des principaux gaz incondensables obtenus par pyrolyse des échantillons de xylane imprégnés. .......................................................................................................................................................... 162 Tableau IV-6 : Rendements des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de xylane imprégnés. .......................................................................................................................................... 163 Tableau IV-7 : Rendements des principaux gaz incondensables obtenus par pyrolyse des échantillons de lignine imprégnés. .......................................................................................................................................................... 165 Tableau IV-8 : Rendements des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de lignine imprégnés. .......................................................................................................................................... 166 Tableau IV-9 : Composition élémentaire (en %) des charbons de lignine........................................................... 166 Tableau IV-10 : Récapitulatif des effets du fer et du nickel sur les mécanismes de pyrolyse des constituants . 168 Tableau IV-11 : Rendements des principaux gaz incondensables produits par pyrolyse des échantillons de biomasse, sans métal imprégné. ......................................................................................................................... 171 Tableau IV-12 : Rendements des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de biomasse bruts et imprégné sans métal. ....................................................................................................... 172 Tableau IV-13 : Rendements des principaux gaz incondensables produits par pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de fer. .............................................................................................................................. 176 Tableau IV-14 : Rendements des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de fer. ........................................................................................................................... 177 Tableau IV-15 : Rendements des principaux gaz incondensables produits par pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de nickel. ......................................................................................................................... 181 Tableau IV-16 : Rendements des molécules organiques quantifiées dans les huiles de pyrolyse des échantillons de biomasse imprégnés de nickel. ...................................................................................................................... 182 Tableau V-1 : Caractéristiques du pic du signal (- dTG), observé lors de la conversion des différents échantillons de cellulose. ........................................................................................................................................................ 207 Tableau V-2 : Températures caractéristiques de la conversion des échantillons de xylane. .............................. 216 Tableau V-3 : Températures (en °C), auxquelles des réactions du gaz à l’eau, de reformage à la vapeur et de gazéification, ont été identifiées lors de la conversion des constituants imprégnés de fer ou de nickel. .......... 221 Tableau VII-1 : Composition élémentaire des chars obtenus par pyrolyse à 450 °C des échantillons d’eucalyptus. ....................................................................................................................................................... 251 Tableau VII-2 : Estimation de la composition élémentaire (en g) de la matière organique des chars d’eucalyptus ème obtenus suite à une 2 pyrolyse, réalisée à une température de 800 °C, à partir d’une quantité de 20 g d’échantillon de char. ......................................................................................................................................... 252 Tableau VII-3 : Analyse de la texture poreuse des chars, préparés par pyrolyse à 800 °C, pour réaliser les expériences de gazéification. .............................................................................................................................. 258 285 Liste des Annexes Annexe 1 : Liste des molécules quantifiables par la méthode GC-MS, regroupées par classe, selon leur risque de condensation, et par famille chimique. .............................................................................................................. 287 Annexe 2 : Diffractogrammes DRX obtenus par analyses des échantillons d’eucalyptus, de hêtre et de la bagasse de canne à sucre, exploités pour déterminer le taux de cristallinité de ces biomasses. ...................... 289 Annexe 3 : Mise en évidence de la condensation incomplète des goudrons par le système de récupération des liquides. ............................................................................................................................................................... 290 Annexe 4 : Chromatogrammes des analyses GC/MS des huiles obtenues lors de la pyrolyse de cellulose microcristalline (C-brut) et de lignine (L-brut) dans le four tubulaire à 600 °C. .................................................. 291 Annexe 5 : Comparaison des chromatogrammes des analyses GC/MS des huiles obtenues lors de la pyrolyse de X-pH6 et X-Ni0,50 dans le four tubulaire à 600 °C. ............................................................................................. 293 Annexe 6 : Analyse factorielle des rendements obtenus lors de la conversion par pyrolyse des constituants de la biomasse (non traités et imprégnés). ................................................................................................................. 294 Annexe 7 : Chromatogrammes des analyses GC/MS de l’huile obtenue lors de la pyrolyse de l’échantillon d’eucalyptus brut (E-brut) dans le four tubulaire à 600 °C ................................................................................. 295 Annexe 8 : Matrice de corrélation obtenue par ACP « à la française » réalisée à partir des rendements de pyrolyse des échantillons de bois, sans métal imprégné. ................................................................................... 296 Annexe 9 : Photographies, en fin d’expérience, du ballon du système de récupération des liquides, contenant les huiles de pyrolyse, lors des tests réalisées dans le four tubulaire. ................................................................ 297 Annexe 10 : Matrice de corrélation obtenue par ACP « à la française » réalisée à partir des rendements de pyrolyse des échantillons de bois imprégnés de fer. .......................................................................................... 298 Annexe 11 : Matrice de corrélation obtenue par ACP « à la française » réalisée à partir des rendements de pyrolyse des échantillons de bois imprégnés de nickel. ..................................................................................... 299 Annexe 12 : Répétabilité des analyses thermogravimétriques (ATG) – Exemples de la pyrolyse des échantillons de cellulose microcristalline (C-brut) et de hêtre (H-brut).................................................................................. 300 Annexe 13 : Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion, étudiée par ATG, du hêtre et de la bagasse de canne à sucre. ............................................................................................................................... 301 Annexe 14 : Influence de l’imprégnation de fer sur les caractéristiques de conversion des biomasses lors de l’étude par ATG. .................................................................................................................................................. 302 Annexe 15 : Températures caractéristiques associées au pic principal de perte de masse, obtenu lors de l’étude par ATG de la pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de métal. ..................................................... 303 Annexe 16 : Influence de l’imprégnation de fer sur les concentrations des principaux gaz incondensables, analysés en sortie de l’appareil, lors de l’étude par ATG de la pyrolyse de biomasse. ....................................... 304 Annexe 17 : Influence de l’imprégnation de nickel sur les caractéristiques de conversion des biomasses lors de l’étude par ATG. .................................................................................................................................................. 305 Annexe 18 : Influence de l’imprégnation de nickel sur les concentrations des principaux gaz incondensables, analysés en sortie de l’appareil, lors de l’étude par ATG de la pyrolyse de biomasse. ....................................... 306 286 Annexe 1 : Liste des molécules quantifiables par la méthode GC-MS, regroupées par classe, selon leur risque de condensation (voir paragraphe I.5.1), et par famille chimique. Temps de Gamme rétention étalonnage (min) (g/L) Formule brut n° CAS Méthode d'analyse a méthanol CH4O 67-56-1 1 3,60 500 - 10000 formaldéhyde acide formique CH2O CH2O2 50-00-0 992-98-3 1 1 3,25 7,37 10 - 10000 100 - 10000 acétaldéhyde glycoaldéhyde (hydroxyacétaldéhyde) C2H4O C2H4O2 75-07-0 141-46-8 1 1 3,45 6,81 10 - 200 20 - 200 acide acétique hydroxyacétone (1-hydroxy-2-propanone) C2H4O2 C3H6O2 9035-69-2 116-09-6 1 1 8,32 9,42 50 - 10000 50 - 10000 acide propionique (acide propanoïque) C3H6O2 79-09-4 1 12,86 50 - 10000 furfural (2-furaldéhyde) C5H4O2 98-01-1 2 17,19 1 - 200 alcool furfurylique 5-methyl-2-furfuraldehyde C5H6O2 C6H602 98-00-0 620-02-0 2 2 19,69 24,27 1 - 200 1 - 200 2,5-diméthylfurane benzofurane C6H8O C8H6O 625-86-5 271-89-6 2 2 7,57 23,02 1 - 200 0,2 - 200 C6H10O5 498-07-7 2 58,60 1000 - 20000 Nom courant (autre nom) Classe 2 Molécules à chaîne courte (C1-C3) Molécules avec motif furane Anhydrosaccharide lévoglucosan (1,6-anhydro-β-glucopyranose) Molécules avec motif cyclopentènone 2-cyclopentèn-1-one C5H6O 930-30-3 2 17,08 1 - 200 3-méthyl-2-cyclopentèn-1-one C6H8O 2758-18-1 2 24,96 1 - 200 C6H6O C6H6O2 C7H8O C7H8O C7H8O C7H8O2 C8H10O C8H10O C8H10O2 C8H10O3 C9H10O2 C10H8O C10H8O C10H12O2 C10H12O2 8002-07-1 8027-02-9 95-48-7 108-39-4 106-44-5 909-62-5 105-67-9 95-65-8 93-51-6 91-10-1 2825-15-2 90-15-3 135-19-3 97-53-0 97-54-1 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 29,67 48,12 31,94 33,71 33,62 30,30 35,77 38,74 35,12 43,65 38,90 53,72 54,50 42,42 46,84 0,2 - 200 1 - 200 0,2 - 200 1 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 1 - 200 0,2 - 200 1 - 200 1 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 1 - 200 1 - 200 Molécules avec motif phénol phénol hydroquinone (benzène-1,4-diol) o-crésol (2-méthylphénol) m-crésol (3-méthylphénol) p-crésol (4-méthylphénol) guaiacol (2-méthoxyphénol) 2,4-diméthylphénol 3,4-diméthylphénol 2-méthoxy-4-méthylphénol 2,6-diméthoxyphénol 4-éthyl-2-méthoxy-phénol 1-naphtol (1-naphtalénol) 2-naphtol (2-naphtalénol) Eugénol Isoeugénol 287 Nom courant (autre nom) Temps de Gamme rétention étalonnage (min) (g/L) Formule brut n° CAS Méthode d'analyse C5H5N C6H7N C6H7N C6H7N C9H7N C9H7N 85404-20-2 109-06-8 108-99-6 108-89-4 91-22-5 119-65-3 2 2 2 2 2 2 10,64 13,40 16,40 16,56 36,86 38,14 0,2 - 200 0,2 - 200 1 - 200 1 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 1 1 2 2 1 6,28 9,80 16,31 16,53 14,57 0,2 - 200 1 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 2 - 400 1 1 16,03 14,17 1 - 200 1 - 200 Classe 2 (suite) Molécules azotées pyridine 2-picoline (2-méthylpyridine) 3-picoline (3-méthylpyridine) 4-picoline (4-méthylpyridine) quinoline isoquinoline Classe 3 Molécules aromatiques désoxygénées (1 noyau aromatique) benzène toluène phényléthyne phénylethène (m+p)xylène C6H6 C7H8 C8H6 C8H8 C8H10 o-xylène éthylbenzène C8H10 C8H10 200-753-7 50646-98-5 536-74-3 9003-53-6 108-38-3 106-42-3 95-47-6 202-849-4 C9H8 C10H8 C10H10 C11H10 C11H10 C12H8 C12H10 C13H10 C14H10 C14H10 95-13-6 91-20-3 2177-47-1 90-12-0 91-57-6 208-96-8 83-32-9 86-73-7 120-12-7 85-01-8 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 25,07 32,93 30,83 37,99 38,81 45,73 46,43 50,71 59,04 58,71 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 C16H10 C16H10 C18H12 C18H12 C20H12 C20H12 C20H12 C22H12 C22H12 C22H14 76165-23-6 76774-50-0 8007-45-2 56-55-3 205-99-2 207-08-9 73467-76-2 191-24-2 193-39-5 56-56-4 2 2 2 2 2 2 2 2 2 2 70,03 68,43 79,05 78,77 89,05 89,42 93,03 114,68 120,59 116,07 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 200 0,2 - 100 0,2 - 100 0,2 - 100 0,2 - 100 0,2 - 100 1 - 100 Classe 4 HAP légers (2-3 noyaux aromatiques) indène naphtalène 2-méthylindène 1-méthyl-naphtalène 2-méthyl-naphtalène acénaphtylène acénaphtène fluorène anthracène phénanthrène Classe 5 HAP lourds (4-7 noyaux aromatiques) pyrène fluoranthène chrysène benzo(a)anthracène benzo(b)fluoranthène benzo(k)fluoranthène benzo(a)pyrène benzo(g,h,i)pérylène indéno(1,2,3-c,d)pyrène dibenzo(a,h)anthracène a : méthode 1 pour doser les molécules les plus volatiles et méthode 2 pour doser les molécules de volatilité plus faible, selon les protocoles décrits au paragraphe II.4.2.2. 288 Annexe 2 : Diffractogrammes DRX obtenus par analyses des échantillons d’eucalyptus (A), de hêtre (B) et de bagasse de canne à sucre (C), exploités pour déterminer le taux de cristallinité de ces biomasses. A eucalyptus 0,81.(lignine) 16000 14000 intensité 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 0 10 B 20 hêtre 30 2θ (°) 40 50 60 40 50 60 50 60 0,742.(lignin) 16000 14000 intensité 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 0 10 C 20 intensité bagasse 30 2θ (°) 0,465.(lignine) 9000 8000 7000 6000 5000 4000 3000 2000 1000 0 0 10 20 30 2θ (°) 289 40 Annexe 3 : Mise en évidence de la condensation incomplète des goudrons par le système de récupération des liquides. Une quantité pesée de silicagel est placée, dans un bulleur de manière à constituer un filtre, entre le système de récupération des liquides et le sac d’échantillonnage. Cet ajout au montage expérimental, illustré sur la photo ci-dessous, a pour but de piéger les éventuels goudrons non condensés dans le système de récupération. En fin d’expérience, le silicagel est pesé. L’augmentation de masse du silicagel est attribuée à la présence des goudrons qui ont été piégés. La coloration jaune du silicagel, observable sur la photo cidessous, confirme la condensation de goudrons dans le filtre. 290 Annexe 4 : Chromatogrammes des analyses GC/MS des huiles obtenues lors de la pyrolyse de cellulose microcristalline (C-brut) et de lignine (L-brut) dans le four tubulaire à 600 °C. 1.107 abondance A temps (min) 2.107 abondance B 1.107 0 20 40 temps (min) 60 80 100 120 Analyse de l’huile de pyrolyse de cellulose microcristalline ; A : selon la méthode 1 ; B : selon la méthode 2 (description des méthodes au paragraphe II.4.2.2). Les noms et temps de rétention des molécules quantifiées sont précisés dans l’Annexe 1. 291 1.107 abondance A temps (min) 2.107 abondance B 1.107 0 20 40 temps (min) 60 80 100 120 Analyse de l’huile de pyrolyse de lignine ; A : selon la méthode 1 ; B : selon la méthode 2 (description des méthodes au paragraphe II.4.2.2). Les noms et temps de rétention des molécules quantifiées sont précisés dans l’Annexe 1. 292 Annexe 5 : Comparaison des chromatogrammes des analyses GC/MS des huiles obtenues lors de la pyrolyse de X-pH6 et X-Ni0,50 dans le four tubulaire à 600 °C. Analyses réalisées selon la méthode 2 décrite au paragraphe II.4.2.2. 293 Annexe 6 : Analyse factorielle des rendements obtenus lors de la conversion par pyrolyse des constituants de la biomasse (non traités et imprégnés). L’analyse factorielle a été réalisée à l’aide du logiciel Statistica à partir des rendements de pyrolyse des constituants de la biomasse non traités et de tous les échantillons de constituants imprégnés. Les variables sélectionnées pour l’analyse sont les rendements en char, eau, goudron total, CO2, CO, CH4, H2, ainsi que les rendements des molécules de goudrons quantifiées. Pour une meilleure lisibilité, les molécules et familles de molécules de goudrons, dont les rendements sont toujours inférieurs à 0,1 %, ont été écartées de l’analyse. Les facteurs 1 et 2, définis par l’analyse factorielle, permettent d’expliquer respectivement 59 % et 23 % de la dispersion des échantillons. Les projections des échantillons (ou individus) et le poids factoriel des variables sur le plan 1-2 sont illustrés sur la figure ci-dessous. Projection des échantillons et du poids factoriel des variables sur les axes 1 et 2, suite à l’analyse factorielle réalisée à partir des rendements de pyrolyse des constituants. Les échantillons de chaque constituant sont nettement séparés dans des groupes bien distincts. Logiquement, l’analyse a conduit d’abord, sur l’axe 1, à une séparation de la lignine et des polysaccharides. Les échantillons de lignine, caractérisés par une valeur négative sur l’axe 1, ont pour points communs des rendements élevés en char, en CH4 et en molécules avec un motif phénol, mais faibles pour les autres goudrons, le CO, le CO2 et l’eau. Par la suite, la projection sur l’axe 2 permet de séparer les échantillons de cellulose et de xylane. Les variables qui permettent le mieux de différencier les deux constituants sont les rendements en goudrons, CO, lévoglucosan (contribution négative sur l’axe 2), qui sont élevés pour la cellulose, et en CO2 et méthanol (contribution positive sur l’axe 2) qui sont plus forts pour le xylane. Il est intéressant de constater que, sur la projection des individus, les échantillons de cellulose imprégnés de métal ont, sur l’axe 2, une valeur négative moins forte que les autres échantillons de cellulose. Ce résultat signifie, que les rendements obtenus avec ces échantillons, se rapprochent de ceux obtenus avec le polysaccharide amorphe qu’est le xylane. Cette évolution était effectivement attendue pour C-Fe0,28, puisque l’imprégnation du fer avait provoqué une réduction du taux de cristallinité de la cellulose. 294 Annexe 7 : Chromatogrammes des analyses GC/MS de l’huile obtenue lors de la pyrolyse de l’échantillon d’eucalyptus brut (E-brut) dans le four tubulaire à 600 °C 1.107 abondance A temps (min) abondance B 1,5.107 1.107 0,5.107 0 20 40 temps (min) 60 80 100 120 A : selon la méthode 1 ; B : selon la méthode 2 (description des méthodes au paragraphe II.4.2.2). Les noms et temps de rétention des molécules quantifiées sont précisés dans l’Annexe 1. 295 Annexe 8 : Matrice de corrélation obtenue par ACP « à la française » réalisée à partir des rendements de pyrolyse des échantillons de bois, sans métal imprégné. char char eau goudrons CO CO2 CH4 H2 méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde HAA acide acétique HA acide propionique LG alcool FF furfural 2-CPone phénol ocrésol pcrésol 2,4DMphénol cellulose * hémicelluloses * lignine * cendres * 1,00 0,58 -0,96 -0,52 0,36 -0,13 -0,93 0,63 -0,56 -0,28 -0,63 -0,06 -0,59 -0,41 -0,81 -0,31 0,42 -0,34 -0,39 0,95 0,97 0,82 0,78 -0,95 -0,25 0,64 0,01 eau 0,58 1,00 -0,67 -0,90 0,67 -0,69 -0,75 0,48 -0,63 -0,06 -0,30 -0,11 0,06 0,08 -0,34 -0,67 0,91 -0,57 0,39 0,38 0,54 0,43 0,39 -0,52 0,37 -0,07 0,53 goudrons -0,96 -0,67 1,00 0,53 -0,55 0,12 0,88 -0,53 0,63 0,08 0,74 0,07 0,51 0,34 0,82 0,39 -0,49 0,47 0,17 -0,86 -0,94 -0,69 -0,71 0,90 0,18 -0,58 -0,11 CO -0,52 -0,90 0,53 1,00 -0,67 0,74 0,64 -0,44 0,68 0,45 0,14 0,25 -0,30 -0,34 0,30 0,84 -0,98 0,69 -0,27 -0,27 -0,44 -0,56 -0,39 0,53 -0,63 0,28 -0,72 CO2 0,36 0,67 -0,55 -0,67 1,00 -0,29 -0,29 -0,06 -0,81 -0,05 -0,53 -0,40 0,35 0,45 -0,41 -0,82 0,77 -0,93 0,46 0,08 0,30 0,17 0,18 -0,38 0,58 -0,28 0,74 CH4 -0,13 -0,69 0,12 0,74 -0,29 1,00 0,39 -0,07 0,53 0,31 0,02 0,49 -0,27 -0,10 -0,35 0,37 -0,69 0,17 -0,17 0,05 0,01 -0,07 0,20 0,01 -0,48 0,46 -0,33 H2 -0,93 -0,75 0,88 0,64 -0,29 0,39 1,00 -0,74 0,49 0,22 0,47 -0,01 0,53 0,43 0,62 0,30 -0,54 0,23 0,24 -0,88 -0,90 -0,77 -0,71 0,85 0,19 -0,53 -0,03 méthanol 0,63 0,48 -0,53 -0,44 -0,06 -0,07 -0,74 1,00 0,11 -0,20 0,15 0,61 -0,34 -0,20 -0,62 -0,26 0,35 -0,09 -0,07 0,71 0,74 0,82 0,87 -0,71 -0,15 0,48 0,09 formaldéhyde -0,56 -0,63 0,63 0,68 -0,81 0,53 0,49 0,11 1,00 0,34 0,72 0,76 -0,07 -0,11 0,29 0,59 -0,68 0,68 0,04 -0,28 -0,39 -0,28 -0,10 0,47 -0,38 0,13 -0,44 acide formique -0,28 -0,06 0,08 0,45 -0,05 0,31 0,22 -0,20 0,34 1,00 -0,14 0,38 -0,22 -0,30 0,14 0,41 -0,31 0,28 0,49 -0,18 -0,18 -0,61 -0,29 0,40 -0,41 0,20 -0,33 acétaldéhyde -0,63 -0,30 0,74 0,14 -0,53 0,02 0,47 0,15 0,72 -0,14 1,00 0,51 0,51 0,44 0,44 0,04 -0,14 0,28 0,28 -0,52 -0,53 -0,13 -0,13 0,47 0,30 -0,45 0,16 HAA -0,06 -0,11 0,07 0,25 -0,40 0,49 -0,01 0,61 0,76 0,38 0,51 1,00 -0,18 -0,08 -0,28 0,16 -0,23 0,24 0,26 0,16 0,16 0,17 0,46 -0,07 -0,31 0,36 -0,13 acide acétique -0,59 0,06 0,51 -0,30 0,35 -0,27 0,53 -0,34 -0,07 -0,22 0,51 -0,18 1,00 0,95 0,38 -0,58 0,41 -0,49 0,63 -0,77 -0,61 -0,29 -0,36 0,43 0,92 -0,95 0,79 HA -0,41 0,08 0,34 -0,34 0,45 -0,10 0,43 -0,20 -0,11 -0,30 0,44 -0,08 0,95 1,00 0,10 -0,71 0,45 -0,65 0,59 -0,60 -0,41 -0,08 -0,11 0,20 0,92 -0,82 0,88 acide propionique -0,81 -0,34 0,82 0,30 -0,41 -0,35 0,62 -0,62 0,29 0,14 0,44 -0,28 0,38 0,10 1,00 0,42 -0,28 0,52 0,16 -0,78 -0,88 -0,78 -0,91 0,91 0,16 -0,60 -0,20 LG -0,31 -0,67 0,39 0,84 -0,82 0,37 0,30 -0,26 0,59 0,41 0,04 0,16 -0,58 -0,71 0,42 1,00 -0,89 0,94 -0,45 -0,04 -0,28 -0,46 -0,39 0,45 -0,81 0,44 -0,95 alcool FF 0,42 0,91 -0,49 -0,98 0,77 -0,69 -0,54 0,35 -0,68 -0,31 -0,14 -0,23 0,41 0,45 -0,28 -0,89 1,00 -0,78 0,45 0,15 0,35 0,43 0,32 -0,44 0,70 -0,37 0,81 furfural -0,34 -0,57 0,47 0,69 -0,93 0,17 0,23 -0,09 0,68 0,28 0,28 0,24 -0,49 -0,65 0,52 0,94 -0,78 1,00 -0,42 -0,07 -0,31 -0,36 -0,35 0,47 -0,70 0,33 -0,88 2-CPone -0,39 0,39 0,17 -0,27 0,46 -0,17 0,24 -0,07 0,04 0,49 0,28 0,26 0,63 0,59 0,16 -0,45 0,45 -0,42 1,00 -0,51 -0,32 -0,37 -0,19 0,33 0,56 -0,56 0,62 phénol 0,95 0,38 -0,86 -0,27 0,08 0,05 -0,88 0,71 -0,28 -0,18 -0,52 0,16 -0,77 -0,60 -0,78 -0,04 0,15 -0,07 -0,51 1,00 0,97 0,80 0,81 -0,90 -0,51 0,83 -0,25 o-crésol 0,97 0,54 -0,94 -0,44 0,30 0,01 -0,90 0,74 -0,39 -0,18 -0,53 0,16 -0,61 -0,41 -0,88 -0,28 0,35 -0,31 -0,32 0,97 1,00 0,84 0,88 -0,96 -0,31 0,72 -0,01 p-crésol 0,82 0,43 -0,69 -0,56 0,17 -0,07 -0,77 0,82 -0,28 -0,61 -0,13 0,17 -0,29 -0,08 -0,78 -0,46 0,43 -0,36 -0,37 0,80 0,84 1,00 0,92 -0,93 0,00 0,43 0,22 2,4-DMphénol 0,78 0,39 -0,71 -0,39 0,18 0,20 -0,71 0,87 -0,10 -0,29 -0,13 0,46 -0,36 -0,11 -0,91 -0,39 0,32 -0,35 -0,19 0,81 0,88 0,92 1,00 -0,91 -0,14 0,58 0,18 cellulose * -0,95 -0,52 0,90 0,53 -0,38 0,01 0,85 -0,71 0,47 0,40 0,47 -0,07 0,43 0,20 0,91 0,45 -0,44 0,47 0,33 -0,90 -0,96 -0,93 -0,91 1,00 0,11 -0,57 -0,18 hémicelluloses * -0,25 0,37 0,18 -0,63 0,58 -0,48 0,19 -0,15 -0,38 -0,41 0,30 -0,31 0,92 0,92 0,16 -0,81 0,70 -0,70 0,56 -0,51 -0,31 0,00 -0,14 0,11 1,00 -0,88 0,93 lignine * 0,64 -0,07 -0,58 0,28 -0,28 0,46 -0,53 0,48 0,13 0,20 -0,45 0,36 -0,95 -0,82 -0,60 0,44 -0,37 0,33 -0,56 0,83 0,72 0,43 0,58 -0,57 -0,88 1,00 -0,65 cendres * 0,01 0,53 -0,11 -0,72 0,74 -0,33 -0,03 0,09 -0,44 -0,33 0,16 -0,13 0,79 0,88 -0,20 -0,95 0,81 -0,88 0,62 -0,25 -0,01 0,22 0,18 -0,18 0,93 -0,65 1,00 HAA : hydroxyacétaldéhyde ; HA : hydroxyacétone ; LG : lévoglucosan ; alcool FF : alcool furfurylique ; 2-CPone : 2-cyclopentèn-1-one ; 2,4-DMphénol : 2,4-diméthylphénol * : variables supplémentaires non exploitées pour l’ACP, utilisées uniquement pour l’interprétation 296 Annexe 9 : Photographies, en fin d’expérience, du ballon du système de récupération des liquides, contenant les huiles de pyrolyse, lors des tests réalisées dans le four tubulaire. H-pH1,5 H-Fe0,10 H-Fe0,26 H-Fe0,65 Expériences de pyrolyse réalisées à partir des échantillons de hêtre imprégnés de fer. H-pH6 H-Ni0,10 H-Ni0,26 H-Ni0,65 Expériences de pyrolyse réalisées à partir des échantillons de hêtre imprégnés de nickel. 297 Annexe 10 : Matrice de corrélation obtenue par ACP « à la française » réalisée à partir des rendements de pyrolyse des échantillons de bois imprégnés de fer. méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde HAA acide acétique HA acide propionique LG alcool FF FF 5méthylFF 2-CPone phénol ocrésol pcrésol 2,4DMphénol fer * cellulose * hémicelluloses * 0,68 0,07 -0,89 -0,73 -0,66 -0,93 -0,45 -0,62 -0,94 -0,61 -0,61 -0,39 0,29 -0,51 -0,45 -0,43 -0,71 -0,44 0,71 0,32 -0,52 0,58 0,68 -0,16 -0,83 -0,53 -0,48 -0,83 -0,10 -0,27 -0,73 -0,59 -0,46 -0,26 0,46 -0,04 -0,37 -0,56 -0,65 -0,53 0,72 0,19 -0,12 -0,05 0,73 -0,83 0,16 0,96 0,57 0,76 0,90 0,51 0,58 0,96 0,58 0,65 0,34 -0,24 0,36 0,38 0,60 0,68 0,62 -0,87 -0,19 0,34 -0,43 0,81 -0,84 0,20 0,95 0,58 0,62 0,93 0,26 0,38 0,87 0,67 0,56 0,33 -0,34 0,19 0,40 0,69 0,68 0,69 -0,87 -0,23 0,24 -0,14 -0,89 0,93 -0,45 -0,91 -0,32 -0,76 -0,77 -0,47 -0,43 -0,85 -0,50 -0,61 -0,22 0,17 -0,11 -0,24 -0,80 -0,54 -0,81 0,97 0,02 -0,07 0,14 -0,89 1,00 -0,96 0,70 0,73 0,26 0,62 0,67 0,43 0,36 0,66 0,23 0,67 -0,13 -0,40 -0,15 0,00 0,92 0,37 0,94 -0,91 0,17 -0,21 0,14 0,93 -0,96 1,00 -0,62 -0,77 -0,35 -0,68 -0,72 -0,56 -0,51 -0,75 -0,24 -0,79 0,08 0,39 -0,03 -0,10 -0,92 -0,48 -0,94 0,95 -0,07 0,04 0,08 0,20 -0,45 0,70 -0,62 1,00 0,15 -0,34 0,46 0,00 0,41 0,03 0,14 -0,27 0,36 -0,45 -0,16 -0,58 -0,57 0,66 -0,25 0,73 -0,51 0,69 -0,74 0,38 0,96 0,95 -0,91 0,73 -0,77 0,15 1,00 0,47 0,75 0,87 0,33 0,39 0,93 0,71 0,46 0,47 -0,15 0,24 0,39 0,57 0,64 0,56 -0,85 -0,15 0,23 -0,24 -0,53 0,57 0,58 -0,32 0,26 -0,35 -0,34 0,47 1,00 0,07 0,78 0,15 0,47 0,55 0,42 0,50 0,16 -0,58 0,53 0,45 0,22 0,56 0,21 -0,30 -0,51 0,62 -0,46 -0,48 0,76 0,62 -0,76 0,62 -0,68 0,46 0,75 0,07 1,00 0,51 0,68 0,41 0,82 0,33 0,43 0,27 0,04 0,08 -0,12 0,42 0,20 0,50 -0,70 0,33 -0,09 -0,38 -0,93 -0,83 0,90 0,93 -0,77 0,67 -0,72 0,00 0,87 0,78 0,51 1,00 0,26 0,55 0,86 0,58 0,63 0,23 -0,52 0,35 0,50 0,56 0,78 0,55 -0,75 -0,40 0,45 -0,31 acide acétique -0,45 -0,10 0,51 0,26 -0,47 0,43 -0,56 0,41 0,33 0,15 0,68 0,26 1,00 0,74 0,54 -0,21 0,67 -0,21 -0,01 0,39 -0,19 0,38 0,03 0,45 -0,51 0,27 0,04 -0,60 HA -0,62 -0,27 0,58 0,38 -0,43 0,36 -0,51 0,03 0,39 0,47 0,41 0,55 0,74 1,00 0,54 -0,19 0,85 -0,30 -0,33 0,65 0,35 0,42 0,56 0,41 -0,52 -0,32 0,52 -0,63 acide propionique -0,94 -0,73 0,96 0,87 -0,85 0,66 -0,75 0,14 0,93 0,55 0,82 0,86 0,54 0,54 1,00 0,61 0,58 0,43 -0,19 0,37 0,30 0,49 0,57 0,52 -0,79 -0,13 0,32 -0,49 LG -0,61 -0,59 0,58 0,67 -0,50 0,23 -0,24 -0,27 0,71 0,42 0,33 0,58 -0,21 -0,19 0,61 1,00 -0,14 0,87 0,07 0,14 0,39 0,05 0,40 0,04 -0,35 -0,26 0,28 -0,12 alcool FF -0,61 -0,46 0,65 0,56 -0,61 0,67 -0,79 0,36 0,46 0,50 0,43 0,63 0,67 0,85 0,58 -0,14 1,00 -0,40 -0,59 0,33 0,22 0,75 0,56 0,76 -0,69 -0,21 0,29 -0,37 FF -0,39 -0,26 0,34 0,33 -0,22 -0,13 0,08 -0,45 0,47 0,16 0,27 0,23 -0,21 -0,30 0,43 0,87 -0,40 1,00 0,46 0,26 0,34 -0,28 0,18 -0,30 -0,06 -0,20 0,30 -0,24 5-méthylFF 0,29 0,46 -0,24 -0,34 0,17 -0,40 0,39 -0,16 -0,15 -0,58 0,04 -0,52 -0,01 -0,33 -0,19 0,07 -0,59 0,46 1,00 0,12 -0,08 -0,43 -0,39 -0,46 0,21 0,26 -0,16 -0,05 2-Cpone -0,51 -0,04 0,36 0,19 -0,11 -0,15 -0,03 -0,58 0,24 0,53 0,08 0,35 0,39 0,65 0,37 0,14 0,33 0,26 0,12 1,00 0,64 -0,06 0,48 -0,12 -0,12 -0,62 0,82 -0,71 phénol -0,45 -0,37 0,38 0,40 -0,24 0,00 -0,10 -0,57 0,39 0,45 -0,12 0,50 -0,19 0,35 0,30 0,39 0,22 0,34 -0,08 0,64 1,00 0,17 0,85 0,03 -0,27 -0,91 0,80 -0,17 o-crésol -0,43 -0,56 0,60 0,69 -0,80 0,92 -0,92 0,66 0,57 0,22 0,42 0,56 0,38 0,42 0,49 0,05 0,75 -0,28 -0,43 -0,06 0,17 1,00 0,46 0,98 -0,86 -0,04 -0,09 0,19 p-crésol -0,71 -0,65 0,68 0,68 -0,54 0,37 -0,48 -0,25 0,64 0,56 0,20 0,78 0,03 0,56 0,57 0,40 0,56 0,18 -0,39 0,48 0,85 0,46 1,00 0,37 -0,56 -0,73 0,67 -0,23 2,4-DMphénol -0,44 -0,53 0,62 0,69 -0,81 0,94 -0,94 0,73 0,56 0,21 0,50 0,55 0,45 0,41 0,52 0,04 0,76 -0,30 -0,46 -0,12 0,03 0,98 0,37 1,00 -0,85 0,08 -0,15 0,13 fer * 0,71 0,72 -0,87 -0,87 0,97 -0,91 0,95 -0,51 -0,85 -0,30 -0,70 -0,75 -0,51 -0,52 -0,79 -0,35 -0,69 -0,06 0,21 -0,12 -0,27 -0,86 -0,56 -0,85 1,00 0,03 -0,04 0,07 cellulose * 0,32 0,19 -0,19 -0,23 0,02 0,17 -0,07 0,69 -0,15 -0,51 0,33 -0,40 0,27 -0,32 -0,13 -0,26 -0,21 -0,20 0,26 -0,62 -0,91 -0,04 -0,73 0,08 0,03 1,00 -0,89 0,23 hémicelluloses * -0,52 -0,12 0,34 0,24 -0,07 -0,21 0,04 -0,74 0,23 0,62 -0,09 0,45 0,04 0,52 0,32 0,28 0,29 0,30 -0,16 0,82 0,80 -0,09 0,67 -0,15 -0,04 -0,89 1,00 -0,64 lignine * 0,58 -0,05 -0,43 -0,14 0,14 0,14 0,08 0,38 -0,24 -0,46 -0,38 -0,31 -0,60 -0,63 -0,49 -0,12 -0,37 -0,24 -0,05 -0,71 -0,17 0,19 -0,23 0,13 0,07 0,23 -0,64 1,00 char eau goudrons CO CO2 CH4 H2 char 1,00 0,73 -0,96 -0,87 0,78 -0,56 eau 0,73 1,00 -0,79 -0,86 0,72 -0,70 goudrons -0,96 -0,79 1,00 0,93 -0,91 CO -0,87 -0,86 0,93 1,00 -0,92 CO2 0,78 0,72 -0,91 -0,92 1,00 CH4 -0,56 -0,70 0,73 0,81 H2 0,68 0,68 -0,83 -0,84 méthanol 0,07 -0,16 0,16 formaldéhyde -0,89 -0,83 acide formique -0,73 acétaldéhyde -0,66 HAA HAA : hydroxyacétaldéhyde ; HA : hydroxyacétone ; LG : lévoglucosan ; alcool FF : alcool furfurylique ; FF : furfural ; 5-méthylFF : 5-méthylfurfural ; 2-CPone : 2-cyclopentèn-1-one ; 2,4-DMphénol : 2,4-diméthylphénol * : variables supplémentaires non exploitées pour l’ACP, utilisées uniquement pour l’interprétation 298 lignine * Annexe 11 : Matrice de corrélation obtenue par ACP « à la française » réalisée à partir des rendements de pyrolyse des échantillons de bois imprégnés de nickel. char eau goudrons CO CO2 CH4 H2 méthanol formaldéhyde acide formique acétaldéhyde HAA acide acétique HA acide propionique LG alcool FF FF 5méthylFF 2-CPone phénol ocrésol pcrésol 2,4DMphénol nickel * cellulose * hémicelluloses * char 1,00 0,45 -0,84 -0,73 0,48 -0,22 0,29 0,54 -0,72 -0,71 -0,46 -0,60 -0,46 -0,79 -0,88 -0,48 -0,40 -0,37 -0,19 -0,82 -0,62 -0,14 -0,67 -0,08 0,50 0,47 -0,73 0,73 eau 0,45 1,00 -0,64 -0,77 0,53 -0,33 0,18 0,21 -0,60 -0,32 -0,37 -0,41 0,04 -0,37 -0,51 -0,49 -0,06 -0,38 -0,30 -0,22 -0,30 -0,15 -0,40 -0,15 0,51 0,20 -0,13 -0,10 goudrons -0,84 -0,64 1,00 0,72 -0,87 0,66 -0,65 -0,12 0,93 0,83 0,74 0,76 0,44 0,84 0,90 0,37 0,64 0,21 0,32 0,74 0,51 0,57 0,67 0,53 -0,87 -0,24 0,38 -0,40 CO -0,73 -0,77 0,72 1,00 -0,55 0,15 -0,07 -0,50 0,67 0,48 0,41 0,53 0,02 0,41 0,73 0,81 0,06 0,69 0,34 0,51 0,60 0,09 0,58 0,06 -0,51 -0,53 0,56 -0,23 CO2 0,48 0,53 -0,87 -0,55 1,00 -0,86 0,80 -0,29 -0,88 -0,74 -0,82 -0,73 -0,29 -0,63 -0,69 -0,23 -0,69 -0,06 -0,36 -0,52 -0,32 -0,83 -0,51 -0,82 0,98 0,03 -0,01 0,02 CH4 -0,22 -0,33 0,66 0,15 -0,86 1,00 -0,95 0,57 0,74 0,67 0,75 0,67 0,31 0,63 0,37 -0,22 0,78 -0,41 0,12 0,36 0,06 0,92 0,32 0,95 -0,86 0,24 -0,27 0,13 H2 0,29 0,18 -0,65 -0,07 0,80 -0,95 1,00 -0,46 -0,72 -0,78 -0,64 -0,70 -0,27 -0,72 -0,37 0,31 -0,91 0,48 0,07 -0,49 -0,23 -0,94 -0,48 -0,93 0,82 -0,06 0,09 -0,01 lignine * méthanol 0,54 0,21 -0,12 -0,50 -0,29 0,57 -0,46 1,00 0,07 -0,10 0,42 0,10 0,17 -0,16 -0,31 -0,44 0,21 -0,47 0,27 -0,39 -0,62 0,51 -0,44 0,64 -0,25 0,78 -0,88 0,51 formaldéhyde -0,72 -0,60 0,93 0,67 -0,88 0,74 -0,72 0,07 1,00 0,84 0,80 0,92 0,32 0,77 0,77 0,34 0,62 0,16 0,32 0,65 0,44 0,64 0,64 0,65 -0,86 -0,19 0,24 -0,19 acide formique -0,71 -0,32 0,83 0,48 -0,74 0,67 -0,78 -0,10 0,84 1,00 0,53 0,85 0,20 0,88 0,65 0,04 0,85 -0,13 -0,11 0,87 0,65 0,70 0,80 0,63 -0,77 -0,43 0,47 -0,29 acétaldéhyde -0,46 -0,37 0,74 0,41 -0,82 0,75 -0,64 0,42 0,80 0,53 1,00 0,65 0,57 0,51 0,61 0,23 0,45 0,12 0,55 0,37 0,00 0,59 0,17 0,66 -0,76 0,28 -0,15 -0,17 HAA -0,60 -0,41 0,76 0,53 -0,73 0,67 -0,70 0,10 0,92 0,85 0,65 1,00 0,13 0,70 0,54 0,21 0,61 0,04 0,16 0,66 0,49 0,65 0,67 0,65 -0,71 -0,27 0,25 -0,05 acide acétique -0,46 0,04 0,44 0,02 -0,29 0,31 -0,27 0,17 0,32 0,20 0,57 0,13 1,00 0,49 0,56 -0,05 0,26 -0,08 0,45 0,27 -0,32 0,08 -0,19 0,15 -0,29 0,50 -0,07 -0,72 HA acide propionique -0,79 -0,37 0,84 0,41 -0,63 0,63 -0,72 -0,16 0,77 0,88 0,51 0,70 0,49 1,00 0,71 -0,05 0,76 -0,22 -0,10 0,80 0,45 0,53 0,65 0,49 -0,68 -0,24 0,43 -0,54 -0,88 -0,51 0,90 0,73 -0,69 0,37 -0,37 -0,31 0,77 0,65 0,61 0,54 0,56 0,71 1,00 0,52 0,45 0,42 0,43 0,71 0,46 0,29 0,55 0,24 -0,70 -0,26 0,50 -0,63 LG -0,48 -0,49 0,37 0,81 -0,23 -0,22 0,31 -0,44 0,34 0,04 0,23 0,21 -0,05 -0,05 0,52 1,00 -0,32 0,94 0,57 0,15 0,38 -0,22 0,27 -0,23 -0,17 -0,40 0,42 -0,17 alcool FF -0,40 -0,06 0,64 0,06 -0,69 0,78 -0,91 0,21 0,62 0,85 0,45 0,61 0,26 0,76 0,45 -0,32 1,00 -0,45 -0,16 0,71 0,44 0,86 0,62 0,78 -0,76 -0,16 0,18 -0,19 FF -0,37 -0,38 0,21 0,69 -0,06 -0,41 0,48 -0,47 0,16 -0,13 0,12 0,04 -0,08 -0,22 0,42 0,94 -0,45 1,00 0,57 0,07 0,32 -0,38 0,17 -0,40 0,00 -0,36 0,39 -0,16 5-méthylFF -0,19 -0,30 0,32 0,34 -0,36 0,12 0,07 0,27 0,32 -0,11 0,55 0,16 0,45 -0,10 0,43 0,57 -0,16 0,57 1,00 -0,07 -0,25 0,02 -0,21 0,09 -0,30 0,40 -0,27 -0,08 2-Cpone -0,82 -0,22 0,74 0,51 -0,52 0,36 -0,49 -0,39 0,65 0,87 0,37 0,66 0,27 0,80 0,71 0,15 0,71 0,07 -0,07 1,00 0,75 0,43 0,80 0,31 -0,59 -0,56 0,71 -0,57 phénol -0,62 -0,30 0,51 0,60 -0,32 0,06 -0,23 -0,62 0,44 0,65 0,00 0,49 -0,32 0,45 0,46 0,38 0,44 0,32 -0,25 0,75 1,00 0,28 0,94 0,11 -0,37 -0,93 0,84 -0,22 o-crésol -0,14 -0,15 0,57 0,09 -0,83 0,92 -0,94 0,51 0,64 0,70 0,59 0,65 0,08 0,53 0,29 -0,22 0,86 -0,38 0,02 0,43 0,28 1,00 0,48 0,98 -0,85 0,01 -0,14 0,20 p-crésol -0,67 -0,40 0,67 0,58 -0,51 0,32 -0,48 -0,44 0,64 0,80 0,17 0,67 -0,19 0,65 0,55 0,27 0,62 0,17 -0,21 0,80 0,94 0,48 1,00 0,33 -0,56 -0,80 0,72 -0,20 2,4-DMphénol -0,08 -0,15 0,53 0,06 -0,82 0,95 -0,93 0,64 0,65 0,63 0,66 0,65 0,15 0,49 0,24 -0,23 0,78 -0,40 0,09 0,31 0,11 0,98 0,33 1,00 -0,82 0,17 -0,29 0,25 nickel * 0,50 0,51 -0,87 -0,51 0,98 -0,86 0,82 -0,25 -0,86 -0,77 -0,76 -0,71 -0,29 -0,68 -0,70 -0,17 -0,76 0,00 -0,30 -0,59 -0,37 -0,85 -0,56 -0,82 1,00 0,07 -0,06 0,06 cellulose * 0,47 0,20 -0,24 -0,53 0,03 0,24 -0,06 0,78 -0,19 -0,43 0,28 -0,27 0,50 -0,24 -0,26 -0,40 -0,16 -0,36 0,40 -0,56 -0,93 0,01 -0,80 0,17 0,07 1,00 -0,88 0,17 hémicelluloses * -0,73 -0,13 0,38 0,56 -0,01 -0,27 0,09 -0,88 0,24 0,47 -0,15 0,25 -0,07 0,43 0,50 0,42 0,18 0,39 -0,27 0,71 0,84 -0,14 0,72 -0,29 -0,06 -0,88 1,00 -0,60 lignine * 0,73 -0,10 -0,40 -0,23 0,02 0,13 -0,01 0,51 -0,19 -0,29 -0,17 -0,05 -0,72 -0,54 -0,63 -0,17 -0,19 -0,16 -0,08 -0,57 -0,22 0,20 -0,20 0,25 0,06 0,17 -0,60 1,00 HAA : hydroxyacétaldéhyde ; HA : hydroxyacétone ; LG : lévoglucosan ; alcool FF : alcool furfurylique ; FF : furfural ; 5-méthylFF : 5-méthylfurfural ; 2-CPone : 2-cyclopentèn-1-one ; 2,4-DMphénol : 2,4-diméthylphénol * : variables supplémentaires non exploitées pour l’ACP, utilisées uniquement pour l’interprétation 299 Annexe 12 : Répétabilité des analyses thermogravimétriques (ATG) – Exemples de la pyrolyse des échantillons de cellulose microcristalline (C-brut) et de hêtre (H-brut). ATG A ATG B - dTG A - dTG B 100 25 80 20 70 60 15 50 40 10 - dTG (%/min) masse ATG de l'échantillon (%) 90 30 20 5 10 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Température (°C) Evolution de la masse de l’échantillon et du signal (- dTG) en fonction de la température lors de la pyrolyse de C-brut (A : 1ère expérience ; B : 2ème expérience). ATG A ATG B - dTG A - dTG B 100 12 10 80 70 8 60 50 6 40 - dTG (%/min) masse ATG de l'échantillon (%) 90 4 30 20 2 10 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 Température (°C) Evolution de la masse de l’échantillon et du signal (- dTG) en fonction de la température lors de la pyrolyse de H-brut (A : 1ère expérience ; B : 2ème expérience). 300 Annexe 13 : Influence de l’imprégnation en solution aqueuse sur la conversion, étudiée par ATG, du hêtre (A) et de la bagasse de canne à sucre (B). A 12 - dTG (%/min) 10 8 H-brut 6 H-pH6 4 H-pH1,5 2 0 100 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) B 14 12 - dTG (%/min) 10 8 B-brut 6 B-pH6 4 B-pH1,5 2 0 100 200 300 400 500 température (°C) 301 600 700 800 Annexe 14 : Influence de l’imprégnation de fer sur les caractéristiques de conversion des biomasses lors de l’étude par ATG. A B 12 100 90 10 70 H-pH1,5 60 H-Fe0,10 50 H-Fe0,26 40 - dTG (%/min) masse (%) 80 H-Fe0,65 30 8 6 4 2 20 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 température (°C) 300 400 500 600 700 800 température (°C) Etude par ATG de la pyrolyse des échantillons de hêtre imprégnés de fer ; A : évolution de la masse ; B : signal (- dTG). C 100 D 14 90 12 10 70 B-pH1,5 60 BFe0,10 50 B-Fe0,26 40 B-Fe0,65 30 20 - dTG (%/min) masse (%) 80 8 6 4 2 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 température (°C) 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) Etude par ATG de la pyrolyse des échantillons de bagasse imprégnés de fer ; C : évolution de la masse ; D : signal (- dTG). 302 Annexe 15 : Températures caractéristiques associées au pic principal de perte de masse, obtenu lors de l’étude par ATG de la pyrolyse des échantillons de biomasses imprégnés de métal. Températures caractéristiques obtenues lors de la pyrolyse des échantillons imprégnés de fer. E-pH1,5 E-Fe0,10 E-Fe0,26 E-Fe0,65 onset 336 320 312 302 Température (°C) pic 357 349 344 332 offset 388 372 365 347 H-pH1,5 H-Fe0,10 H-Fe0,26 H-Fe0,65 336 320 312 302 357 351 342 320 388 372 365 347 B-pH1,5 BFe0,10 B-Fe0,26 B-Fe0,65 324 310 299 296 352 342 337 332 369 364 361 355 Températures caractéristiques obtenues lors de la pyrolyse des échantillons imprégnés de nickel. E-pH6 E-Ni0,10 E-Ni0,26 E-Ni0,65 onset 334 329 323 307 Température (°C) pic 367 359 354 346 offset 391 381 378 369 H-pH6 H-Ni0,10 H-Ni0,26 H-Ni0,65 330 328 316 302 357 361 351 339 380 381 371 360 B-pH6 B-Ni0,10 B-Ni0,26 B-Ni0,65 332 318 318 310 361 345 347 340 382 368 368 362 303 Annexe 16 : Influence de l’imprégnation de fer sur les concentrations des principaux gaz incondensables, analysés en sortie de l’appareil, lors de l’étude par ATG de la pyrolyse de biomasse. 6 0,8 CO2 CH4 0,6 concentration (%) concentration (%) 5 4 3 2 0,4 0,2 1 0 0 100 200 300 400 500 600 H-pH1,5 700 100 800 H-Fe0,10 H-Fe0,26 2,5 200 300 400 600 700 800 500 600 700 800 H-Fe0,65 5 H2 CO 2 concentration (%) concentration (%) 500 1,5 1 0,5 4 3 2 1 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 300 température (°C) 400 température (°C) Influence de l’imprégnation de fer sur les concentrations des gaz incondensables lors de la conversion du hêtre. 6 0,6 CO2 concentration (%) concentration (%) CH4 0,5 5 4 3 2 0,4 0,3 0,2 0,1 1 0 0 100 200 300 400 500 600 B-pH1,5 700 100 800 B-Fe0,10 B-Fe0,26 3 200 300 400 600 700 800 500 600 700 800 B-Fe0,65 5 CO H2 2,5 4 concentration (%) concentration (%) 500 2 1,5 1 3 2 1 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 température (°C) 200 300 400 température (°C) Influence de l’imprégnation de fer sur les concentrations des gaz incondensables lors de la conversion de la bagasse. 304 Annexe 17 : Influence de l’imprégnation de nickel sur les caractéristiques de conversion des biomasses lors de l’étude par ATG. A 100 B 12 90 10 70 H-pH6 60 H-Ni0,10 50 H-Ni0,26 40 H-Ni0,65 - dTG (%/min) masse (%) 80 8 6 4 2 30 20 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) température (°C) Etude par ATG de la pyrolyse des échantillons de hêtre imprégnés de nickel ; A : évolution de la masse ; B : signal (- dTG). C 100 D 14 90 12 10 70 B-pH6 60 B-Ni0,10 50 B-Ni0,26 40 B-Ni0,65 - dTG (%/min) masse (%) 80 8 6 4 2 30 0 20 100 100 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) Etude par ATG de la pyrolyse des échantillons de bagasse imprégnés de nickel ; C : évolution de la masse ; D : signal (- dTG). 305 Annexe 18 : Influence de l’imprégnation de nickel sur les concentrations des principaux gaz incondensables, analysés en sortie de l’appareil, lors de l’étude par ATG de la pyrolyse de biomasse. 4 0,8 CH4 3 0,6 concentration (%) concentration (%) CO2 2 1 0,4 0,2 0 0 100 200 300 400 500 600 H-pH6 700 100 800 H-Ni0,10 H-Ni0,25 300 400 500 600 700 800 500 600 700 800 H-Ni0,65 3 3 H2 CO 2,5 concentration (%) 2,5 concentration (%) 200 2 1,5 1 2 1,5 1 0,5 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 100 200 température (°C) 300 400 température (°C) Influence de l’imprégnation de nickel sur les concentrations des gaz incondensables lors de la conversion du hêtre. 5 0,6 CO2 concentration (%) concentration (%) CH4 0,5 4 3 2 1 0,4 0,3 0,2 0,1 0 0 100 200 300 400 500 600 B-pH6 700 800 B-Ni0,10 100 B-Ni0,26 2,5 200 300 500 600 700 800 500 600 700 800 B-Ni0,65 3 H2 CO 2,5 concentration (%) 2 concentration (%) 400 1,5 1 0,5 2 1,5 1 0,5 0 0 100 200 300 400 500 600 700 800 température (°C) 100 200 300 400 température (°C) Influence de l’imprégnation de nickel sur les concentrations des gaz incondensables lors de la conversion de la bagasse. 306