Bic 150 novembre - décembre 2012
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JOUR 1
13h45 :
Le laboratoire réceptionne un prélèvement
envoyé par le Quartier opératoire. Il s’agit
d’une biopsie de valve cardiaque d’un patient
de chirurgie cardiovasculaire. “ Les prélève-
ments proviennent de tous les services où des
patients sont hospitalisés ou des consultations,
explique Alexia Verroken, microbiologiste. Le
Centre hospitalier Valida, le Centre Neurologique
William Lennox et certains médecins généralistes
nous en envoient également.
13h46 :
Béatrice, technicienne de laboratoire spécia-
lisée dans le secteur des pus et prélèvements
profonds, prend en charge la biopsie. Chaque
technicienne se consacre exclusivement à un
secteur précis : les hémocultures, les urines,
les voies respiratoires, les pus, les prélève-
ments respiratoires provenant des Soins
intensifs, etc. De cette manière, le suivi des
différents prélèvements envoyés au labora-
toire est plus efcace.
15h00 :
Béatrice procède à l’ensemencement. Elle
dépose le prélèvement dans plusieurs
boites de pétri (boites cylindriques avec
milieu de croissance solide défini) qui
seront elles-mêmes placées dans des
étuves maintenues à différentes atmos-
phères. Une étuve sera à 37°, une autre
contiendra du dioxyde de carbone, etc.
Certains prélèvements nécessitent jusqu’à huit
milieux différents ”, poursuit Alexia Verroken.
Cette opération vise à révéler les bactéries
spéciques à l’œuvre dans le prélèvement.
La sélection des milieux est liée au type de
prélèvement et à la bactérie recherchée.
Ici, Béatrice sera particulièrement attentive
à l’éventuelle présence d’un streptocoque,
germe le plus fréquemment à l’origine d’une
endocardite (infection de valve cardiaque).
15h15 :
Béatrice referme les étuves. Les prélève-
ments doivent y rester jusqu’au lendemain
pour permettre aux bactéries de pousser.
19h30 :
Un prélèvement de liquide céphalo-rachidien
(liquide dans lequel baignent le cerveau et la
moelle épinière) arrive au laboratoire. Pierre-
Alexandre, l’un des deux assistants de garde de
Biologie clinique pour la nuit, le prend en charge.
Les liquides céphalo-rachidiens, les liquides amnio-
tiques et les hémocultures sont ce qu’on appelle des
“ prélèvements précieux ”. Ce type de prélèvement
est pris en charge 24 heures sur 24 !
3h15 :
Une technicienne de laboratoire réveille Pierre-
Alexandre, l’assistant de garde polyvalente au
24 HEURES
Laboratoire de bactériologie
Derrière
icrobiologistes,
techniciens
de laboratoire,
MACCS
et PHACCS
œuvrent tous
les jours en Bactériologie,
au sein de la tour Rosalind
Franklin. Ils analysent
et interprètent un grand
nombre de prélèvements
de différentes natures
et provenant de tous les
services des Cliniques.
A travers ce 24 heures,
le Bic passe les activités
de ce laboratoire…
au microscope !
© CUSL / Hugues Depasse
© CUSL / Hugues Depasse
© CUSL / Hugues Depasse
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24 HEURES
laboratoire et passant dès lors la nuit à l’hôpital. Un liquide amniotique
vient d’être prélevé chez une patiente aux Urgences. L’assistant effectue
immédiatement une lecture directe du prélèvement au microscope suivi
d’une mise en culture. Ensuite, il prend contact avec l’assistant de garde
d’Obstétrique an de communiquer les premiers résultats.
JOUR 2
7h30 :
Les premiers techniciens, dont Béatrice, arrivent dans le laboratoire.
Béatrice s’installe au secteur des pus.
7h45 :
Béatrice débute la lecture de l’ensemble des boîtes ensemencées
les jours précédents pour l’ensemble des pus et des prélèvements
profonds dont la biopsie de valve cardiaque reçue la veille. La culture
pour ce prélèvement semble être positive. Dans une boite incubée
sous CO², elle observe des colonies bactériennes. Béatrice va pouvoir
identier le germe. Tous les prélèvements ensemencés bénécient au
minimum d’une lecture à 24 heures et à 48 heures.
10h00 :
Béatrice place la colonie bactérienne à identier dans un spectromètre
de masse. Cet appareil est utilisé dans notre laboratoire depuis deux
ans. C’est un système innovateur qui permet d’identifier une colonie bac-
térienne en dix minutes accélérant ainsi le processus
Anne Simon et Alexia Verroken sont microbiolo-
gistes mais également médecins hygiénistes aux
Cliniques. En effet, le Laboratoire de microbiologie
travaille en étroite collaboration avec les inr-
mières hygiénistes pour la prévention de la trans-
mission d’infections à l’intérieur de l’hôpital.
Par exemple, la découverte d’un Clostridium difcile
dans les selles d’un patient hospitalisé conduira à
la création d’une alerte informatique dans le dos-
sier du patient. Un contact téléphonique sera établi
avec les inrmières hygiénistes et les gouvernantes
an de nettoyer la chambre du patient à l’eau de
javel. Une communication efcace permet la mise
en place rapide des mesures de prévention.
f pus (frottis, biopsies, liquide pleural, ascite, etc.)
f expectorations
f expectorations des patients souffrant de muco-
viscidose
f prélèvements de la sphère ORL
f urine
f selles
f hémoculture (prélèvements de sang)
f liquide céphalo-rachidien
f prélèvements génitaux
f prélèvements respiratoires des Soins intensifs
Laboratoire
de bactériologie
et hygiène hospitalière
De nombreux types
de prélèvements
© CUSL / Hugues Depasse
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24 HEURES
f En parallèle du travail de routine, plusieurs assis-
tants et biologistes mènent des projets de recherche
et de thèse an de mettre au point des nouvelles
méthodes diagnostiques.
f Le Laboratoire de bactériologie fait partie d’une
entité appelée la microbiologie qui contient d’autres
disciplines telles que la virologie et la parasitologie.
f Les laboratoires des Cliniques universitaires Saint-
Luc sont Centre de référence pour le Borrelia (mala-
die de Lyme), le Clostridium difcile (colite pseudo-
membraneuse) et le HIV (virus du sida).
f Chaque jour, 500 prélèvements sont traités au
Laboratoire de bactériologie.
Le saviez-vous ?
d’identification de 24 heures par rapport aux anciennes techniques.
Ce résultat permet aux cliniciens d’adapter le traitement antibiotique plus
rapidement pour ainsi optimaliser la prise en charge du patient.
10h10 :
Le spectromètre livre son résultat : il s’agit d’une bactérie appelée
Enterococcus faecalis.
10h15 :
Béatrice réalise un antibiogramme an de déterminer les éventuelles
résistances de la bactérie, l’Enterococcus faecalis dans ce cas-ci, aux
antibiotiques. Les résultats permettront de choisir le traitement
le plus adéquat pour
le patient. “ La procé-
dure prend une douzaine
d’heures, explique Alexia
Verroken. Une fois les
résultats obtenus, il faut
les interpréter. Tous les
jours, près de quatre-vingt
antibiogrammes sont réa-
lisés dans le laboratoire.
Parfois, les interpré-
tations de l’antibio-
gramme entraînent
des mesures d’hygiène
supplémentaires pour
le patient. Pour cer-
taines bactéries, par-
ticulièrement résis-
tantes, le patient sera
placé en isolement.
10h30 :
Alexia Verroken
aide une assistante,
Mimouna, à interpréter un résultat.
En tant que microbiologiste, notre rôle est d’être sur le terrain et de super-
viser les assistants. Nous revoyons tous les résultats obtenus et validons ainsi
quatre cents analyses positives par jour. Pour de nombreux résultats, nous
consultons le dossier médical du patient concerné afin de mieux interpréter
le résultat. Ensuite, nous prenons contact avec le clinicien prescripteur afin
de discuter du cas clinique.
11h30 :
Leïla Belkhir et Dunja Wilmes, infectiologues, se rendent dans le
laboratoire pour leur réunion quotidienne avec les microbiologistes.
Nous discutons surtout des hémocultures (prélèvements de sang) posi-
tives, continue Alexia Verroken. Les patients hospitalisés ayant de la fièvre
peuvent présenter une septicémie (infection sévère de l’organisme avec
des germes dans le sang, NDLR). ” Il est important de rapidement déce-
ler une croissance bactérienne dans le sang et de la communiquer
au plus vite pour ainsi instaurer un traitement et prévenir des
complications sévères voire pouvant entrainer la mort.
13h00 :
Hector Rodriguez, collègue d’Alexia Verroken, se rend dans le Service
d’endocrinologie pour y rencontrer les cliniciens et discuter des pré-
lèvements des patients diabétiques. Pour ces prélèvements, nous allons
vers le prescripteur afin de mieux connaître la problématique du patient
et ainsi optimaliser la prise en charge des prélèvements bactériologiques.
14h00 :
Dans une salle en pression négative (l’air ne sort pas), Josiane, techno-
logue, analyse des prélèvements à la recherche de la tuberculose. Ce
germe très contagieux nécessite que Josiane travaille dans une pièce
séparée toute en prenant de nombreuses mesures de précautions.
SB
© CUSL / Hugues Depasse
© CUSL / Hugues Depasse
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